1889. Un état du discours social

Chapitre 6. Topologie : rôles et emplois

Table des matières

« La scène doxique »

Le discours social est comme une « pièce bien ficelée » à la Scribe. Il comporte des emplois fixes : pas seulement deux ou trois grands maîtres à penser (rôles qui peuvent être tenus par un personnel posthume), mais d'autres emplois de la scène doxique, jusqu'à des seconds et troisièmes rôles, des utilités et des doublures. On pourrait les nommer, à la façon de la tradition comique avec ses père noble, ingénue, jeune premier, coquette, valet, barbon... Il y aurait le Collimateur idéologique (qui met en parallèle les rayons divergents du prisme doxique), l'Énonciateur de paradoxes, le Pervers de service, le Cicerone de l'évasion programmée, l'Arbitre des élégances, le Bourru bienfaisant, les Promoteurs de mode intellectuelle et toutes sortes de propriétaires d'Idées fixes, – rôles plus sectoriels par essence : je m'intéresserai surtout aux grands rôles polyvalents. Ce qui définit ces « doxosophes » (ainsi que P. Bourdieu les a une fois nommés), c'est leur pouvoir symbolique, un charme qui opère et qui s'impose1. Ils se définissent par la capacité qu'ils ont de se faire citer, discuter, prendre en considération par leurs contemporains (et de disparaître, pour la plupart, dans le néant du rococo, du passé, de l'illisible une génération plus tard).

On pense ici aux réflexions de Gramsci sur le « Grand intellectuel » – Benedetto Croce en l'espèce –, et la position‑clé qu'il occupe dans la structure idéologique globale. Le Grand intellectuel en 1889, c'est Hippolyte Taine, qui vieillissant se tait, mais son silence est éloquent et son « influence » pèse sur tout le monde lettré et savant ; c'est aussi Renan, qui ne se tait pas, bien au contraire. Nous en reparlerons plus loin. Je ne prétends pas m'en tenir aux seuls Maîtres à penser. Je veux décrire généralement l'individuation des opinions toutes faites, le rapport qui s'établit entre un complexe doxique, l'éthos afférent et un individu déterminé avec son « ton », son style, y compris son style de vie, et sa « sensibilité ». Chaque rôle incarne une idiosyncrasie thématique et un style particulier. Chaque position est occupée par un seul individu, elle est faite pour lui, il se l'est appropriée. Il peut avoir d'éventuels challengers cependant, et des alter ego ou des ersatz subalternes (jouant le même rôle à un degré moins raffiné, moins prestigieux).

L'émergence de rôles doxiques résulte de la division du travail discursif et la question revient à ce « mystère » sociologique de l'harmonie établie entre les dispositions singulières d'un individu et une fonction sociale à remplir. Le tout est de ne point prendre l'effet (l'individu titulaire du rôle) pour la cause. La position qu'occupent ces individus représente un capital social et, plus ou moins consciemment, ils défendent celui‑ci des concurrences et contrefaçons. Leur « signature » a en outre une valeur commerciale, pour les rôles les plus publics, grands chroniqueurs, grands journalistes, grands critiques, grands écrivains. Il ne faut pas confondre – bien que l'un engendre les autres – le rôle, défini dans la topologie du discours social, et les positions institutionnelles occupées : Académie, Institut, chronique au Temps ou feuilleton au Journal des Débats. Le rôle est quelque chose de plus impalpable, de plus évanescent que ces positions de grand rapport et c'est, logiquement au moins, lui qui précède et explique les fonctions institutionnelles acquises. Du reste, comme on le verra dans le cas de Jules Simon, le républicain‑spiritualiste‑et‑pondéré, le rôle est tellement nécessaire, il correspond si bien à une attente du discours social que son heureux titulaire est partout : il n'est pas une société savante, une académie, une association philanthropique dont Jules Simon ne soit membre...

Dans les grands rôles, on peut voir une imposture légitimée :une plus‑value de prestige s'attache à leurs moindres propos : Aurélien Scholl est l'Homme‑d'esprit‑boulevardier donc tout ce qu'il dit est spirituel, Renan est le Grand Penseur, il n'a donc qu'à ouvrir la bouche pour que ce qu'il énonce soit profond, important, significatif, digne de gloses et de commentaires. Renan et Jules Simon font dans la bonhomie : ils n'ont plus besoin des marques de l'autorité et de la solennité : ils sont. Une autre métaphore vient à l'esprit : celle du Règne. Scholl règne sur le « Boulevard » ; Sarcey, sur la Platitude de sens commun et Renan, sur tout l'univers intellectuel. Quand ils sont morts, on a l'impression que quelque chose meurt avec eux, et d'une certaine manière c'est vrai, ils étaient irremplaçables : Léon Daudet ne remplacera pas Henri Rochefort ; il va occuper une position dans une topologie nouvelle. Bergson, maître à penser d'une nouvelle génération se substitue à Renan, mais l'économie interdiscursive entre la philosophie et la doxa globale a changé.

Il faut ajouter que sur cette scène doxique, il y a des morts et des vivants : des morts encombrants parfois, de ceux qu'il faut qu'on tue ; Victor Hugo, Auguste Comte projettent encore leur ombre sur certains secteurs discursifs qui se sont détournés d'eux. Il y a enfin ceux qui se taisent, dont l'œuvre est derrière eux, qui n'occupent la scène que par la délégation de disciples et d'admirateurs. Au premier chef : Hippolyte Taine, positiviste pessimiste que je mentionnais plus haut.

La postérité dont ils attendent quelque chose, est cruelle pour ces gens dont le prestige a été énorme. Ce prestige est proportionnel à l'oubli qui les ensevelit, après quelques mois de regrets posthumes unanimes. Ils étaient de leur époque, de leur temps. Seul Renan fait exception, ce qui indique que sa pensée, quoique de son époque, était d'une autre qualité. Pour le lecteur des années 1980, disons que les Bernard Henri‑Levy, les Glucksmann, les Derrida, les Michel Serres, les Sollers, les J.‑F. Revel, les Hélène Cixous, se nomment en 1889, Louis‑Pilate de Brinn'gaubast, Jules Simon, Jules Lemaître, Francisque Sarcey, Édouard Drumont, Joséphin Péladan, Eugène‑Melchior de Vogue, Maurice Spronck, Aurélien Scholl...

Rôles sectoriels et hommes à idée fixe

Je ne m'attarderai qu'aux grands rôles, ceux dont la pensée « très personnelle » résume leur époque entière ou une facette de sa sensibilité. Mais il y a des rôles modestes et cependant « nécessaires ». Le Dr Bourneville incarne dans notre comédie le Médecin‑Anticlérical, – fonction hautement prévisible (Léon Daudet n'aura pas assez d'ironie pour caricaturer ce médecin un peu primaire qui ne cesse de rappeler en pontifiant qu'il n'a pas trouvé « l'âme au bout de son scalpel »). Bourneville est aussi, comme je l'indique plus haut, le titulaire de positions institutionnelles fortes résultant de son habilité sociodiscursive particulière : il dirige notamment le Progrès médical et l'Année médicale.

Dans le champ médical encore, il y a évidemment le Grand médecin, que l'esprit du temps veut un peu littérateur et philosophe : le Dr Charcot, propriétaire de cet objet doxique de première grandeur : l'hystérie.

Je distingue un rôle habilement occupé dans le champ politique : Andrieux (père naturel d'Aragon) dont la fonction est celle du Cavalier‑seul : sarcastique et pondéré, habile manœuvrier également, Andrieux, propriétaire de plusieurs journaux, est en dissidence avec tout le monde : il donne des gages aux boulangistes mais ne s'inféode pas, il est républicain mais critique tous les secteurs de la famille républicaine ; en somme il fait parler de lui et forme un parti à lui tout seul.

Un autre politicien, fort apprécié de la Revue des Deux Mondes celui‑ci, remplit une fonction moins picaresque, c'est l'Homme pondéré : républicain très « modéré » et sénateur, M. Challemel‑Lacour est le spécialiste des discours graves, gris, ennuyeux, montrant avec mesure et regrettant les « excès » des radicaux, suggérant, vox clamans in deserto, des compromis rationnels, des solutions prudentes... M. Challemel‑Lacour a l'oreille des gens raisonnables, étant lui‑même compassé et digne. Les revues « politiques et littéraires » de la grande bourgeoisie admirent cet homme prudent, avisé, jamais sectaire, qui leur figure l'image irréalisée d'une République idéalement conservatrice et immobiliste.

Il y a d'autre part les Titulaires d'idées fixes. Comment ne pas nommer ici Édouard Drumont, à ce point usufruitier de l'antisémitisme que les autres publicistes antijuifs (Chirac, Corneilhan, Kimon, Hamon, Lemann...) ne parviendront jamais à lui faire perdre la première place de ce secteur de bon rapport. L'abject Léo Taxil, ayant compris vers 1883 que le secteur de l'anticléricalisme vulgaire où il opérait était irrémédiablement encombré, a feint, avec une roublardise de sycophante, de retourner sa veste : il s'est jeté aux pieds de l'Église et a mis sa plume au service de la propagande antimaçonnique. Il a réussi en peu de temps à occuper ici la première place, avec les bénédictions paternelles de NN. SS. les Évêques : il est devenu le Dénonciateur‑des‑Crimes‑de‑la‑Franc‑maçonnerie, poste un peu sectoriel mais où Taxil est bien installé et qui lui procure la direction de revues multiples alimentées par les caisses cléricales.

Dans cette période de décomposition des attaches religieuses traditionnelles, il est fatal de voir apparaître un grand Syncrétiste mystique, découvrant au lettré et au mondain les arcanes de tous les ésotérismes à la fois : ce sera A. Schuré, l'auteur des Grands initiés.

Il y a enfin les notoriétés plus curieuses. Le Général Tcheng‑Ki‑Tong, ambassadeur de Chine, grand francophile et auteurs d'agréables compilations de littérature chinoise est une de ces « figures parisiennes » comme la chronique aime à en épingler. Il est le Chinois, un Chinois boulevardier, parisien, paradoxe vivant que les mondains et les gens de lettres exhibent volontiers.

Grands chroniqueurs et hommes d'esprit

Émile Vandervelde écrira un jour de Jean Jaurès :
Le cerveau de Jaurès est un poste de réception en même temps qu'un centre de coordination de toutes les idées qui sont en l'air à l'époque où il vit2.

Je ne sais trop si cela s'applique à Jaurès, mais cela définit bien la fonction de synthétiseur qui est celle des principaux doxosophes, de ceux qui règnent sur l'opinion et dont la force est dans « la connaissance instinctive qu'ils possèdent de la psychologie du public » (c'est le sociologue G. de Tarde qui définit en ces termes les publicistes de premier rang).

Le monde de la chronique, offre des emplois mineurs : l'apologiste de la Parisienne (Montjoyeux, Virmaître), le connaisseur des Femmes (Catulle Mendès et ses concurrents du Gil‑Blas), le Boulevardier, initiateur du Paris‑Secret (titre d'un ouvrage d'Ignotus [Félix Platel]), la Femme émancipée, avec « Renée » au Gaulois et « Jacqueline » au Gil‑Blas, c'est‑à‑dire Séverine dans les deux cas, le Vulgarisateur scientifique pour mondains ignorants (Henry Parville)... Léon Bloy est à l'aise dans la fonction roublarde d'Insulteur prophétique. Dans la presse de province, il y a toujours un avatar, qui ne trompe que les provinciaux, du grand chroniqueur parisien.

Paris a en revanche son Provincial. Alphonse Karr, retiré dans le Midi, occupe le rôle du Vieux républicain, moral et spirituel sans cynisme, sage de province, qui a la dent dure pour les folies parisiennes et qui dans une société qui s'avoue « détraquée », rappelle quelques vérités de bon sens (Les Bêtes à bon Dieu). Le Journal des Débats lui attribue « de la malice ». Karr est la voix, spirituelle, de la bonhomie ; il regrette toutes les nouveautés, vante les anciennes vertus, montre l'absurdité des temps ; en basse continue dans son discours, il faut entendre : cela passera, on en reviendra, allons donc ! Il faut cet emploi‑là, celui qui rassure et qui dans une société « anxieuse » rappelle de bonnes vérités éternelles sur l'ordre social, la religion, la famille, la bonne éducation, mais sans être sectaire ni trop bourru. Karr enveloppe d'une fine ironie et de trouvailles assez drôles les platitudes du conservatisme le plus obtus. Karr est l'antidote aux cassandres échevelées et criardes, de droite et de gauche, qui elles aussi annoncent qu'on roule à l'abîme, mais avec moins de pondération et d'esprit apaisant. Il radote, mais avec charme. Du reste Alphonse Karr a plus de quatre‑vingt ans, ce n'est pas un rôle de composition : il joue au naturel le laudator temporis acti.

Albert Wolff, au Figaro, très puissant journaliste, étonne un peu comme rôle de premier plan car il n'y a chez lui que de la platitude mondaine. Il sert de repoussoir aux esprits un peu plus subtils, comme Scholl, Bergerat ou encore Lemaître. Mais il plaît pour lui‑même : il est l'écho du néant mondain et son absence d'« originalité » est un mérite positif aux yeux de ses lecteurs.

Viennent ensuite les Hommes d'esprit : Aurélien Scholl, Grosclaude, Alfred Capus, Émile Bergerat (« Caliban ») et le « polémiste féroce », dont le nom est connu de toutes les classes sociales, Henri Rochefort, l'Intransigeant, qui a acclimaté le mot vaudevillesque dans les luttes politiques. Rochefort tient son rôle depuis vingt ans (depuis La Lanterne de 1868) et depuis vingt ansses pitreries diffamatoires amusent la galerie. Sans doute, il y forte concurrence parmi les polémistes politiques ; Paul de Cassagnac, folliculaire bonapartiste, surnommé à gauche « Crachagnac », est presque aussi fort que Rochefort dans l'injure et le salissage. Cependant le directeur de l'Intransigeant conserve l'avantage. Lui seul peut dévider des potées d'insultes routinières sur le personnel politique en place et continuer à passer pour un homme d'esprit. Du socialiste Jules Joffrin :

[...] ancien souteneur passé mouchard depuis que la syphilis a fait de son corps une lèpre3.

Ça, c'est du « pur » Rochefort. En voie de passer du radicalisme au boulangisme, à l'antisémitisme, à l'antidreyfusisme, à l'ultranationalisme, Rochefort, opposant sous tous les régimes, ne renouvelle guère son stock de procédés satiriques mais son succès, – celui d'une hystérie de bon mot –, ne se dément pas pendant une carrière journalistique de près de cinquante ans.

Le Prince des Boulevardiers, c'est Aurélien Scholl qui est l'incarnation de l'esprit parisien, le spécialiste des « mots rosses » que l'on va répétant. Plus complexe est « Caliban », Émile Bergerat, qu'une revue satirique identifie pour moi comme le « Contempteur de l'humaine sottise »4. La formule est parfaite : Bergerat collabore au Figaro, au Gil‑Blas, journaux qui vous sacrent homme d'esprit, et ce « Protée littéraire » est encore critique d'art, dramaturge, poète, humoriste. Il est le casuiste des complexités de la vie bourgeoise, et très écouté en matière d'adultère :

C'est une grosse question, soyez‑en sûr et selon moi la plus grave du siècle, cette question de la maîtresse, beaucoup plus grave que celle de l'adultère5.

Il est celui qui montre, sur un ton bourru et ironique, toute l'hypocrisie sociale, toutes les absurdités de la « morale » sexuelle officielle avec une « franchise » et un allant louables. Dans l'Amour en République, il fait un plaidoyer, plein de délicatesses spirituelles et de drôleries calculées, pour la pleine liberté sexuelle, – avec au bout du compte l'acceptation entière de tous les préjugés en vigueur. Le rôle de Bergerat pourrait donc se nommer « l'Audace conformiste ».

D'autres chroniqueurs pratiquent cet art d'aller contre les préjugés, les inconséquences de la vie sociale, de manier le paradoxe et de se poser ainsi en esprits libres et clairvoyants. Le débat sur la peine de mort offre une excellente occasion de communier avec le lecteur dans une indépendance d'esprit qui ne tire pas à conséquence :

La société est‑elle plus avancée les jours où elle supprime une existence humaine ? Question.
Au reste le sort du criminel importe peu.
Ce qui demeure intéressant et précieux c'est la dignité de l'homme qui, ayant eu à rougir du crime, s'oblige à rougir une seconde fois le jour de l'expiation. Grâce pour le bourreau !6.

Un brillant Faiseur de paradoxes est Victor Joze, dans ses Petites démascarades, il réalise l'idéaltype de la critique « artiste », de l'audace et de l'amertume, de celui qui prend ses distances vis‑à‑vis des conventions sociales : oui, le mariage bourgeois est une « prostitution », oui, il faut favoriser l'adultère, correctif consolant à une monogamie immorale et contre‑nature. Oui encore, la Société est hypocrite face à la catin, qu'elle adore et méprise :

Si elle [la fille du peuple] est jolie et sensée, le métier de fille peut lui apporter des millions7.

Je fais grâce au lecteur de la suite de ces prévisibles audaces où Joze s'interroge sombrement sur une société en pleine « décadence ». De Bergerat à Joze, on peut voir que le discours social produit sans peine des Révoltés conformistes qui disent son fait à la société et qui dans quelques années, à l'instar de Tailhade, vont étaler un goût d'« esthète » pour la bombe des anarchistes.

Littérateurs et grands critiques

Ce n'est pas ici le lieu d'arpenter le champ littéraire où les emplois convenus ne manquent pas. Il y a les romanciers conservateurs de littérature académique, ultimes fabricants de Vraies jeunes filles (denrée qui se fait rare) : Cherbuliez, Feuillet, Rabusson. Il y a le pornographe galant homme, l'écrivain leste mais si grand styliste : Catulle Mendès, R. Maizeroy. Il y a ceux qui se font les porte‑parole de la génération montante, comme Charles Morice dans La littérature de tout à l'heure qui prend fait et cause pour une avant‑garde dont, assure‑t‑il, « les réalisations » suivront « de près ses théories » !8

Il y a les modernes, les Pessimistes (Bourget a tenu ce rôle jusqu'en 1888, mais il se recycle bien vite avec Le disciple), les Pervers (et les perverses : Rachilde qui, à vingt ans, publie Monsieur Vénus, fascine une société turlupinée par l'androgyne et les « aberrations » de l'instinct génésique). Il y a aussi Gyp (Comtesse de Riquetti-Mirabeau) qui joue à l'Insolente gamine-qui-dit-leur-fait-aux politiciens. Elle est en passe d'inventer un genre littéraire fort « original », l'antisémitisme humoristique.

Comme dans toute distribution théâtrale, les rôles s'opposent et se complètent. Pour ceux que les détraquements, les pessimismes et les décadentismes inquiètent, il y a encore de simples et émouvants écrivains classiques : François Coppée « de l'Académie française » a lui aussi son étiquette, il est « le poète des Humbles ». En effet, Coppée chante les résignés de naissance et leurs modestes sacrifices taciturnes. Contrepoison à la sensualité moderniste, Coppée narre dans Henriette le martyre de la grisette et nous fait sentir qu'entre grisettes et étudiants, il n'entre jamais d'autre considération que l'amour le plus candide. Coppée sait « émouvoir le lecteur avec une simple histoire »9. C'est bien, on l'avouera, une fonction socio‑esthétique d'autant plus méritoire qu'elle se fait rare.

Je m'attarderai un peu aux grands critiques littéraires : Brunetière, Sarcey, Faguet, Lemaître, France. Leur office et leur rôle excèdent, et de loin, la glose technique de la production littéraire ou dramatique. Le grand critique est alors un Arbitre de l'opinion distinguée, du goût, du raffinement social ; il ne dit pas seulement ce qu'il faut lire, il dit comment doit s'exercer en toutes choses le jugement du lettré. Commençons avec Francisque Sarcey. Il n'est personne dans le champ littéraire « restreint », de Bloy aux décadents et à Alphonse Allais, qui ne tienne Sarcey pour un parfait imbécile. D'où vient alors le règne despotique de Sarcey qui officie depuis trente ans et qui ne manque pas d'admirateurs ? Sarcey tient la chronique théâtrale du Temps. Il collabore au XIXe siècle, à la France, à l'Estafette, au Parti national. Il tartine un papier dans chaque numéro des Annales politiques et littéraires. Depuis trente ans, il va à toutes les premières et y réclame le respect tâtillon des rites de la « pièce bien faite ». Il honnit toute avant‑garde, toute idée nouvelle, ironise lourdement sur les féministes et tance les socialistes sur un ton prudhommesque et grondeur. Sarcey est insupportable aux gens de lettres. Bergerat l'a surnommé « Père le Goût » et Salis, « Notre bon Oncle ». Alphonse Allais au Chat noir le pastiche avec talent :

J'ai vu des choses raides dans ma vie ; j'en vois même encore quelquefois ; mais, je l'avoue, jamais je n'ai été aussi à même de constater que le toupet humain pouvait reculer si loin ses limites et ses bornes.

Léon Bloy le prend moins légèrement :

Il faudrait – je le sens bien – pouvoir s'abstenir de prononcer le mot littérature, quand on parle du copieux Sarcey.

Jules Lemaître dont le prestige est au zénith s'amuse de cet homme qui vient « rendre pieusement compte de tout, fût‑ce du plus sot vaudeville ou du mélodrame le plus saugrenu »10. Le capital spirituel de Sarcey ne lui vient pas en effet des littérateurs mais justement des « bourgeois », des philistins qui l'aiment d'autant mieux qu'il pense comme eux. Sarcey, c'est « le bon sens et la loyauté incarnés », c'est « le meilleur critique théâtral de son temps »11. Ce qu'il faut apprécier chez Sarcey ce n'est pas sa compétence de vieux routier du théâtre ; ce sont ses ignorances, recuites, proclamées avec aplomb. Sarcey tient au naturel le rôle de Joseph Prudhomme. Dans une société en mutation, devant un art dramatique en crise, Sarcey entonne des hymnes à l'ignorance satisfaite. Il est seul à pouvoir conclure, dans une revue de prestige bourgeois, sa chronique par le sentencieux épiphonème :

Ah ! l'avenir n'est pas rose !

On trouve mieux sans peine :

Ah ! Si j'avais toujours, depuis que je peux faire des économies, acheté du trois pour cent !12

Tout est dit. Celui qui impavide parvient à coucher par écrit cette sentence dans une chronique littéraire a bien mérité de la sagesse bourgeoise. Il est le dernier à oser la vraie platitude ; les autres grands critiques sont « profonds », « subtils » ; Sarcey est plat et il l'est congénitalement, sans effort : harmonie encore entre l'habitus et une fonction sociale où il ne sera pas remplacé.

Les Grands critiques, une fois Sarcey éliminé, sont quatre : deux « doctrinaires », deux parfaits dilettantes, Faguet et Brunetière, Lemaître et France. Tous quatre hommes de goût et d'esprit, mandatés par les gens distingués pour « exprimer [leur] jugement personnel » [Faguet], « raconter les aventures de leur âme au milieu des chefs d'œuvre » [France]. Tous ont à cœur de mettre à nu leurs sensations face aux œuvres nouvelles, les rapprochements, les digressions qui leur viennent à l'esprit. Leur ton les distingue suffisamment cependant. Faguet est l'ironiste réactionnaire. Brunetière, fermement hostile à tous les extrémismes, ayant horreur de la littérature démocratique, est le plus « grave » des quatre. « Préfet de police de la littérature », dira Coppée. Jules Lemaître est le plus léger. Il a comme France l'art de parler de ses flâneries, de ses rencontres, de ses autres lectures. Mais il est surtout l'« ironiste narquois » qu'admirent les contemporains en le jugeant inimitable. Il déteste d'instinct ce qui juge et argumente. Il « sent » avec une finesse inégalée. Il est de ceux qui repèrent finement le détail où tel dramaturge montre qu'il n'a peut‑être pas la connaissance voulue du « meilleur monde ». Primesautier, subjectif, Lemaître est le spécialiste des rapprochements hasardés et pourtant subtils : Polyeucte et Kropotkine... Talent à rapprocher de celui de Renan. Il est donc l'anti‑Sarcey :

Il a horreur du banal, du commun, du bourgeois, des phrases et des situations qui ont traîné partout13.

Lemaître officie aux Débats, Anatole France au Temps. C'est entre eux un assaut de dilettantisme érudit. « Bénédictin narquois » dit de France, Adrien Hébrard. « Bouddhiste amusé et curieux », « sceptique sensible », « épicurien intellectuel », note de son côté Jules Lemaître14. Anatole France pratique l'ironie pateline avec bonne grâce. Du Rêve de Zola :

À M. Zola ailé, je préférerais encore M. Zola à quatre pattes. Le naturel, voyez‑vous, a un charme inimitable. Quand il ne force pas son talent, M. Zola est excellent15.

Il semble que la société lettrée était disposée à encourager cette concurrence et ce dialogue entre critiques méchamment spirituels : ils se retrouveront tous deux à l'Académie et il faudra l'affaire Dreyfus pour les opposer, – de même que s'opposeront les salons de Mme de Loynes et de Mme Arman de Caillavet, leurs égéries...

Deux maîtres à penser

Ils sont deux, bien différents de nature et de clientèle, mais tous deux « représentant(s) de la haute culture intellectuelle », comme disent les Débats du premier d'entre eux, bien oublié, Jules Simon16. La consécration comme « maître à penser » ne s'accomplit pas dans le champ de la philosophie académique. Renouvier, Fouillée, Guyau ne sont des maîtres que pour leurs disciples universitaires. Le « maître à penser » est acclamé par tous les secteurs légitimants à la fois, par les « Jeunes », par la grande presse, par des secteurs du monde politique aussi si possible, autant que par les « intellectuels » (ce substantif dont on date d'ordinaire l'apparition de quelques années plus tard est abondamment attesté en 1889). Le « grand intellectuel » est un homme-orchestre. Il est invité à se prononcer sur toutes les questions de l'heure. Il est partout par procuration, car partout on le cite, on le commente et il s'impose même à ses ennemis, à ceux qu'il exaspère : fût‑ce pour moquer son prestige et son pouvoir, il faut qu'ils en parlent. Ainsi, les catholiques ne peuvent passer Renan sous silence encore qu'ils le tiennent pour un esprit faux et renégat et l'extrême‑gauche qui déteste le modérantisme bénisseur de Jules Simon, est cependant forcée de le citer pour en dire tout le mal possible.

Pourquoi deux maîtres à penser, qui éclipsent tous les autres, moins répandus, plus « sectoriels », d'un prestige moins universel ? C'est que Jules Simon et Ernest Renan ne naviguent pas dans les mêmes eaux. C'est affaire de degré de sophistication. Ils règnent simultanément mais à des niveaux de prestige bien différenciés. « Représentant de la haute culture intellectuelle », Jules Simon n'en est pas moins un grand penseur pour ceux qui « ne pensent pas », un philosophe pour les masses bourgeoises et petites‑bourgeoises, – le Renan des moins dotés en capital intellectuel. Le règne de Jules Simon est de ceux devant quoi les « purs » intellectuels ne s'inclinent qu'avec un peu de condescendance. Jules Simon (François‑Jules Suisse), né à Lorient en 1814 – il a donc 75 ans – d'un milieu catholique un peu chouan, fut un brillant élève, surdoué, républicain de toujours, quarante‑huitard, opposant à l'Empire, destitué, correspondant de Victor Hugo pendant l'exil, membre du gouvernement du quatre‑septembre. Professeur à la Sorbonne, recteur d'Académie, ministre de l'Instruction publique, président du Conseil, sénateur, membre de l'Académie française, publiciste, essayiste, orateur parlementaire, philosophe pour grand public, philanthrope actif, conférencier omniprésent, Jules Simon se résume en une formule qui fixe son rôle : « profondément conservateur et profondément républicain ». Il n'a qu'à ouvrir la bouche au Sénat pour qu'on l'approuve : « (Très bien ! Très bien ! Applaudissements prolongés) ». Il publie ses mémoires, toutes les instances de consécration se mettent en branle : « un livre de Jules Simon est toujours un événement littéraire », « jamais sa plume ne fut plus alerte, ni son talent plus souple... »17. Même les royalistes, même les cléricaux, comme on le voit... La Revue bleue, sous la plume de G. Filon ne tarit pas : « un grand artiste », « virtuose de la parole », « un magicien », « une puissance surnaturelle », « ces rares intelligences n'ont pas de vieillesse »18. Le Matin exalte en lui « le vétéran de la philosophie, de la philanthropie, de l'éloquence, de la politique, de la presse ». La même feuille admire dévotieusement « une philosophie douce et sereine, la droiture des sentiments et les séductions d'une langue accomplie »19.

Jules Simon, directeur de l'Académie française, accueille Meilhac en avril ; il est secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales, il est président d'honneur de tous les congrès tenus pendant la période de l'Exposition :

Pour faire un congrès, prenez un discours de Jules Simon, une subvention du président de la République...20

Il inaugure la statue de Jean‑Jacques en février. Il fait des conférences en province sur l'éducation : spiritualisme et progressisme, modération et sens commun. Président de la Ligue nationale de l'éducation physique, il est aussi président de la Société des gens de lettres, président d'honneur de la Ligue contre l'athéisme, actif avec Frédéric Passy dans la revue Le Désarmement, –humanitarisme de grand bourgeois. C'est l'homme de la République athénienne, le repoussoir du tripotage opportuniste. « Notre dernier homme d'État, un grand orateur et un polémiste de premier ordre », dit Le Petit Marseillais qui ajoute qu'il « n'a aucune responsabilité dans les fautes qui pèsent si lourdement sur la République et menacent d'entraver ses destinées »21.

Son ubiquité commence à s'expliquer. Parlant sur un ton bénisseur (il s'adresse à ses lecteurs du Matin avec un « Mes Amis... »), il distribue blâmes et récompenses au tribunal de la modération. Dans son rôle de vieux sage généreux et progressiste, son succès est universel. Déiste, il est cependant plus que toléré par les catholiques : « Toute la philosophie est pleine de Dieu, a dit Jules Simon, et toutes les sciences sont pleines de philosophie ». Il parle et il dit : « Je suis républicain, conservateur et libéral », puis il ajoute : « Il serait utile de revenir au bon sens et au calme »22. C'est l'essentiel de son message et de sa pensée. Face à Boulanger, il publie non un pamphlet – ce n'est pas dans son tempérament – mais des admonestations pleines de fine ironie et de sang froid : Souviens‑toi du Deux‑décembre ! Politicien‑philosophe, il sauve par son prestige le parlement discrédité. Seule l'extrême‑gauche l'exècre : c'est « le Cardinal Simon », « Simon le jésuite », « l'orléano‑macmahonien »... Il ne doit pas s'inquiéter beaucoup de leurs vociférations. Dans une société, inquiète, pessimiste, on peut voir que les grands rôles transdiscursifs, d'Alphonse Karr à Jules Simon, sont tenus par des Nestors férus de tradition et d'idéalisme. Ils ne sont guère écoutés, mais ils rassurent.

Renan, ou l'exercice du pouvoir spirituel. Jules Simon n'était qu'un maître de second ordre, Renan est le grand intellectuel, – plus que Taine dont l'heure est déjà passée. Un homme s'érige en producteur unique d'un Weltanschauung éponyme, qui est une variante marquée de la vision du monde et de la gnoséologie générale de son temps. Renan est depuis trente ans le penseur le plus commenté par les savants et les béotiens. C'est le saint laïc du monde officiel républicain (Renan ne l'est guère, républicain) et de la haute culture. La Troisième république l'a comblé d'honneurs. Académie française, 1878. Administrateur du Collège de France, 1883. Partisan d'une savantocratie, élitiste et aristocrate par tempérament, mais honni de l'Église, il est – un peu comme J. Simon – en porte‑à‑faux, entre les spiritualistes et les matérialistes, entre la droite et la gauche, position que seul un « grand rôle » peut tenir car pour tout autre elle serait trop menacée et instable. Il a influencé de son pyrrhonisme toute une génération. Bourget est, dit‑on, son « disciple » ; Jules Lemaître est « imbu de renanisme jusqu'aux moelles ». Hors quelques esprits murés dans le ressentiment clérical, Renan suscite une admiration éperdue, fascinée par ses côtés insaisissables : « l'esprit le plus ouvert et le plus pénétrant de son temps », « le doux philosophe », « l'indulgence universelle », « être d'exception », « une pure intelligence », « le maître de ce temps », « guide de l'esprit » avec « un sens divinateur des choses très anciennes ».

Grand penseur mais aussi styliste inimitable ; on vante « le charme de son style chantant et poétique – régal des lettrés ». Il « scandalise » les uns, « ensorcelle » les autres ; les Débats concluent que « ce merveilleux esprit est une énigme délicieuse et troublante », lieu commun qui met tout le monde d'accord23. Ce n'est pas d'analyser la pensée de Renan qu'il s'agit ici. Il suffit de montrer comment Renan offre au discours social, sous ses versions les plus distinguées, une conciliation ironique et ambiguë de toutes les contradictions qui « déchirent les esprits ». Il a quitté l'Église, mais respecte la religion tout en niant la divinité du Christ : annexé par les démocrates, il est favorable à une oligarchie de lettrés et de savants ; progressiste par sa démarche critique, il est bénignement raciste, chauvin, antiplébéien. Le « grand penseur » voltairien –mais c'est un Voltaire dilettante et inactif –, n'hésite pas à formuler fréquemment des idées courtes et banales ; son grand morceau d'éloquence en 1889, le Discours de réception de J. Claretie, est une enfilade de lieux communs sur la décadence de la France, de ses mœurs et de ses lettres. Négateur de la foi, Renan demeure plein d'onction cléricale. Toute sa pensée va de la critique radicale à un scepticisme rassurant. Ainsi sur Dieu : 1. il est certain qu'aucune intervention surnaturelle ne se produit dans le cours du monde ; 2. Peut‑être Dieu existe‑t‑il ‑ ou non ; 3. il vaut mieux agir comme si Dieu existait : c'est une hypothèse esthétique et socialement utile, une idée pas neuve mais consolante. Pour la science aussi, le doute est un doute qualifié : Renan doute qu'on puisse aboutir à des jugements certains sur l'être du monde, mais il admet un progrès relatif des connaissances et même se dit assez satisfait de sa propre contribution personnelle à ce progrès. Ajoutons que pour ceux qui ne suivent pas aisément cette pensée sinuante, il reste la séduction de l'expression que les mondains jugent « délicieuse » : très pince‑sans‑rire, plein de sous‑entendus ironiques, Renan combine avec bonhomie l'érudition académique et l'esprit boulevardier. « Ah ! Monsieur, s'exclame‑t‑il en recevant Claretie, qu'il est difficile à un temps de se passer d'aristocratie ». Et cet oracle des progressistes et des rationalistes, commémore le centenaire de 1789 en ces termes sibyllins :

Un principe qui, dans l'espace de cent ans, épuise une nation, ne saurait être le véritable.

Ce qui caractérise les « grands rôles », c'est que même ceux qui les haïssent sont contraints d'en parler. L'Univers qui évoque sa « répugnance à parler de M. Renan », en parle sans cesse24.

Les Études le traitent de « répugnant personnage » qui « fait involontairement songer à Judas »25. Ce ton grondeur commence à passer de mode. La Réponse à Claretie plaît beaucoup à la droite : « elle a dépassé notre attente », avoue le Correspondant26. Je ne vois guère que J.‑H. Rosny (qui représente la gauche intellectuelle) pour lui reprocher « un nihilisme infécond sacrifiant les virilités nécessaires à un amour excessif de la paix »27, ce qui ne l'empêche pas de trouver « profond » le très conservateur Discours à Claretie. Au fond, même ce mouvement critique atteste, comme les honneurs officiels et les commentaires dévotieux, de l'emprise de Renan sur la France intellectuelle.

Pourtant le « renanisme » se démodera vite ; Bergson, qui publie son premier ouvrage, l'Essai sur les données immédiates en 1889, servira de jeune challenger spiritualiste et contribuera à la mise au rencart intellectuelle de Renan. Un chercheur contemporain, M. Gore, conclut que Renan a rapidement vieilli parce que sa pensée « a correspondu de trop près au climat intellectuel de son époque [...] La pensée de Renan était donc destinée à devenir très vite démodée ». Il cite Thibaudet qui voyait bien que le prestige intellectuel de Renan a tenu autant à la force intrinsèque de sa critique qu'à « son ignorance d'une grande partie de la pensée de son époque », à un heureux égocentrisme qui le mit « à l'abri des vraies influences de l'époque »28.

Notes

1  P. Bourdieu, « Les doxosophes », Minuit (1973), p. 26‑45.

2  É. Vandervelde, Jean Jaurès, p. 8.

3  Intran., 26.9 : p. 1.

4 Le Grincheux (sat. républ.), 13.1 : p. 3.

5  L'amour en République, p. 48.

6  J. de Marthold, Paris-Croquis, 8.6 : p. 3.

7  Joze, op. cit., p. 66.

8  Op. cit., p. 6.

9 Journal des Débats, 10.7 : p. 3.

10  Chat noir, 13.4 : p. 1 (aussi ibid., 9.2 : p. 1) ; Bloy, Gil‑Blas, 28.1 ; Lemaître, Temps, 14.11 : p. 2.

11  Le Soudier, Les livres en 1889, II : p. 269 ; Bergerat, Gil‑Blas, 5.5 : p. 1.

12  Annales politiques & littéraires, 12 : p. 50 et 12 : p. 179.

13  Renard, Nouvelle Revue, 1, p. 113.

14  Figaro, 24.7 : p. 1.

15  France, La Vie littéraire, II, p. 286.

16  Journal des Débats, 8.7, p. 1.

17  Gaulois, 23.11 : p. 1 et Questions littéraires & politiques, p. 445.

18  Revue bleue, II p. 792.

19  Matin, 29.5 : p. 1 et 22.12 : p. 3.

20  Éclat de rire, 23.6 : p. 1.

21  Petit Marseillais, 29.1.

22  Matin, 11.9 : p. 1 et 25.9 : p. 1. Cf. L. Séché, Jules Simon (Paris, Dupret, 1887).

23  Temps, 30.8 : p. 2 ; Gil‑Blas, 6.11 : p.‑2 ; Le Roux, Temps, 22.2 : p. 2 ; Deschanel, Figures littéraires, passim ; Desjardins, Revue bleue, I, 280‑281 ; France, Vie littéraire, II, 317‑318 ; Marx, Silhouettes de mon temps, p. 294 ; Débats, 19.7 : p. 1.

24  Univers, 19.10 : p. 2.

25  Les Études, p. 62.

26  Correspondant, 154 : p. 764.

27  Revue indépendante, X, p. 474.

28  Gore, Ernest Renan, p. 297 et (pour la citation de Thibaudet) p. 295.

Pour citer ce document

, « Chapitre 6. Topologie : rôles et emplois», 1889. Un état du discours social, ouvrage de Marc Angenot Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/1889-un-etat-du-discours-social/chapitre-6-topologie-roles-et-emplois