1889. Un état du discours social

Chapitre 29. Meyerling en France

Table des matières

Si l'on peut dire que le « tournant du siècle » austro‑hongrois s'achève avec le meurtre de l'Archiduc François‑Ferdinand le 28 juin 1914 à Serajevo, on peut dater tout aussi précisément ce qui – dans une chronologie à la fois réelle et mythique – en marque le début, le 30 janvier 1889, à Meyerling, avec la mort tragique de l'Archiduc et prince héritier Rodolphe de Habsbourg1.

Depuis près d'un siècle, les événements censément mystérieux et opaques de la nuit du 29 au 30 janvier 1889 ont inspiré une séquelle de mythes et de conjectures où chaque génération a projeté ses lieux communs et ses fantasmes. Meyerling dépasse de loin en quantité les gloses produites par d'autres événements modernes. Si les années 1888‑1889 sont aussi celles de l'Affaire de Whitechapel, de l'interminable saga de Jack the Ripper, il s'en faut que l'Éventreur de Londres – lui aussi pourtant objet doxique de première grandeur – ait suscité une littérature qui atteigne le hauteur pyramidale de Meyerling.

Je ne cherche aucunement à faire ce qu'on fait les historiens, y compris quelques historiens « sérieux », qui consiste à démêler le vrai du faux. Je m'appuie cependant sur les résultats d'une critique historique serrée dont les travaux d'Émil Franzel et Fritz Judtmann forment la synthèse actuelle, satisfaisante et critique2.

Le premier choc journalistique, du 30 janvier au 5 février

La nouvelle de la mort du Prince héritier atteint Paris le 30 vers trois heures de l'après‑midi et figure dans les journaux datés du 31 ; le fâcheux pour la Cour de Vienne est qu'elle arrive sous deux versions incompatibles : celle de l'Agence Havas qui nuance la version officielle d'un adverbe :

...ce prince est mort subitement, probablement par suite d'une attaque d'apoplexie...3

Celle de l'Indépendance belge qui assure que le Prince « vient de mourir à Meyerlinden [sic] à la suite d'un accident de chasse » (31.1 ; éd. matin ; p. 1).

À partir d'ici la presse de Paris – qui ne redoute aucune censure, à la différence de celles de Berlin et de Vienne – va se lancer jusqu'au 5‑6 février dans une première explosion de conjectures, gloses hâtives, nécrologies affligées et insinuations à la fois tendancieuses et totalement incompatibles les unes avec les autres, ce qui n'empêche pas les journaux de se piller réciproquement et donc d'aligner toutes les versions à la fois. La presse parisienne parvient en moins d'une semaine à produire et à certifier exactes avec une abondance étonnante de détails quatorze versions incompatibles, toutes éminemment vraisemblables, de la mort du Prince, avant d'en arriver au « Pacte de suicide ». (Je dis : quatorze versions, on peut discuter de ce chiffre car elles s'entremêlent et les unes sont des variantes ou des avatars des autres.) On commence sur un concert unanime de regrets. Le Temps, cher à Monsieur de Norpois, parle du « coup de foudre qui a frappé hier la maison impériale d'Autriche » (1.2 ; 1), l'Indépendance belge signale « la profonde affliction du roi », Léopold II, beau‑père de Rodolphe (1.2 : p.1) et, – étant de gauche libérale, – assure que Rodolphe « promettait un règne libéral, une ère de progrès et de lumière ». Toute la presse s'afflige en proclamant que François‑Joseph II est tombé dans « un état de prostration navrant ». Le Journal des Débats, dans son zèle pour défendre l'ordre établi, profite de la circonstance pour s'indigner « des calomnieuses attaques » contre la vie privée du prince émises récemment (il pense au publiciste antisémite Édouard Drumont qui dans la Fin d'un monde a peint le prince en débauché fin‑de‑race, ami des Juifs et promis dès lors à une catastrophe imminente).

Il est vrai que Vienne passe à un aveu partiel en reconnaissant le suicide du Prince dès le 1er février, mais il est déjà trop tard pour brider l'imagination de la presse européenne : « Mystère », « bruits fabuleux », « des légendes se créent et se propagent ». Voici la séquence heurtée des premiers énoncés mythiques : – L'Empereur a dû télégraphier au Pape une dépêche de « 2000 mots » pour confier, à lui seul, un secret effrayant. – C'est un assassinat, diplomatiquement déguisé en suicide, assure‑t‑on dès le 1er février. C'est un meurtre politique, le Prince gênait Bismarck et quiconque gêne Bismarck, « le Jettatore », disparaît. Une « main mystérieuse » frappe ceux qui portent ombrage au Chancelier. « On a tiré sur lui [Rodolphe] du dehors ». « Le Prince a été tué d'un coup de feu derrière la tête ». Aucunement, disent les autres, il a été tué en duel : « c'est un drame d'ordre intime ayant pour origine une aventure galante ». Ce fut un « duel à mort », précise‑t‑on, avec un père de la plus haute noblesse dont la fille était grosse de lui. « Un duel au pistolet », assure La Lanterne. Vous n'y êtes pas : c'est plutôt un frère outragé qui a provoqué le Prince et l'a tué : on a retrouvé le cadavre de Rodolphe, « encore chaud » dans « les bois qui entourent Meyerling » (Journal des Débats). On cite les noms des témoins, le nom de son adversaire.

Il n'y a pas eu de duel : Rodolphe a été en fait assassiné par les séides d'un « burgrave nonagénaire » dont il avait séduit la petite fille. C'est un père et non un grand‑père : il a tué Rodolphe de sa main, il a tué sa fille, il s'est enfin noyé. Ce n'est ni père, ni un frère, c'est un mari jaloux qui a assassiné cet homme à bonnes fortunes : c'est la version du Gil‑Blas, quotidien boulevardier (4.2). Il n'a pas été vraiment assassiné : il s'est laissé assassiner dans un duel où son honneur lui interdisait de se défendre :

L'Archiduc n'a dit qu'un mot « Tirez ! » et lui n'a pas tiré. En même temps, il tombait frappé d'une balle4.

Ni duel, ni grand seigneur : le malheureux archiduc a été abattu par un garde‑forestier dont « la femme est, dit‑on, très jolie ». Variante : il a été tué inopinément par un garde‑chasse alors qu'il pénétrait dans la chambre de sa fille ! Vous n'y êtes pas : il s'est en effet suicidé, mais c'était pour éviter de façon honorable un duel impossible étant donné sa haute position. C'est la version que retient Maurice Barrès au Courrier de l'Est : Rodolphe « avait séduit une orpheline de famille ducale » dont le frère l'a mis devant l'alternative du duel ou du suicide : le Prince s'est exécuté...

Eh non, admet‑on, il s'est en fin de compte suicidé seul, mais c'est au reçu d'une lettre mystérieuse de sa femme, la Princesse Stéphanie... Mieux, c'est une lettre de l'Empereur qui l'a poussé à ce geste fatal... Mieux encore, la lettre de l'Empereur est restée décachetée, tant il en devinait le contenu ! Non seulement, il s'est suicidé, mais on découvre que beaucoup de gens se sont suicidés autour de lui : son valet de chambre s'est suicidé (« Havas », 4.2), son garde‑chasse, la femme de celui‑ci, plusieurs de ses amis, le père et le frère de la jeune fille putative, un ou plusieurs gardes‑forestiers de la région. Après cette hécatombe, il y a toujours la version officielle du troisième jour : Rodolphe est devenu fou, il s'est détruit dans un moment de démence ; il avait d'ailleurs des migraines fréquentes, assure‑t‑on, étant tombé de cheval six mois plus tôt. Cet accès de folie était d'ailleurs « momentané », insiste la presse de Paris et de Bruxelles : s'il n'en était pas mort, il s'en serait remis rapidement à la façon de M. de la Palice.

« Cherchez la femme ! »

Selon le mot des Mohicans de Paris, les enquêteurs français ont une tendance nationale à « chercher la femme ». Ils en ont trouvé plusieurs déjà, comme on peut le voir. Mais n'y avait‑il pas une femme à Meyerling ? Oui, admet‑on, mais elle était partie avant le suicide – ou le meurtre ad libitum. Ce n'était d'ailleurs qu'une jeune comédienne. Progressivement, on se rapproche de la vérité : une jeune fille s'est suicidée, mais cela s'est passé ailleurs qu'à Meyerling quoique presque simultanément ; elle s'est empoisonnée au moment où le Prince se tirait une balle. Cette jeune fille commence à avoir un nom : « la Baronne V... » on en vient à suggérer que peut‑être tout cela s'est passé à Meyerling, mais comment ?...5.

Les dépêches du 5 février

En fin de compte, dans la journée du 5 février, trois variantes de la même version, qui deviendra canonique, se font jour presque simultanément : c'est l'histoire du pacte de suicide entre deux amants décadentistes, fin‑de‑siècle, le Prince « suicidant » sa maîtresse de dix‑sept ans, apparemment consentante, Mary von Vetsera, avant de se faire sauter le caisson. Le Figaro avait eu vent de la chose dès le 2 février, mais ce journal distingué hésitait à étaler ces rumeurs ; il annonçait cependant « la disparition depuis mardi de la baronne Marie V... » (3.2, sur dépêche particulière, 2.2, 8h l5) qui devient la « Baronne Wysiera » avec qui Rodolphe se serait tué (6.2 ; p. 2 en entrefilet). Georges Fillion, le correspondant d'Havas à Vienne, va avoir le « scoop » du siècle en révélant tout sur le pacte de suicide en une longue dépêche du 5 février, dépêche que l'historien d'aujourd'hui jugerait vraie dans l'ensemble et fausse dans tous les détails (liaison « depuis plus d'une année », désir de divorce, scènes avec l'Empereur, fleurs recouvrant le cadavre de la jeune baronne, etc...). Il y est dit cependant que c'est bien Rodolphe de Habsbourg qui a « concrètement » tué à coups de révolver la jeune fille, consentante ou effrayée6.

Il est peu de dire que l'effet de cette dépêche est considérable, d'autant qu'elle est confirmée avec toutes sortes de variantes par la correspondance du Matin et par celle de l'Indépendance belge qui parle d'un « drame d'amour » et affirme avec une insistance suspecte le « suicide absolument volontaire de l'Archiduc et d'une jeune dame », à qui le journal bruxellois donne pudiquement 19 ans. Une partie de la presse va d'abord essayer de couvrir ces deux cadavres d'un discours proprement romanesque, celui de la grande passion selon le modèle du feuilleton, de Xavier de Montépin à Charles Mérouvel :

Les deux amants s'étaient donné la mort au lit et étaient restés étroitement enlacés...7.

À partir de cette mise en place du paradigme non démenti du pacte de suicide, on assiste au développement de trois grands vecteurs de concrétions narratives. L'un porté par la logique dominante du discours social, les deux autres constituant des conglomérats de récits mineurs, formant une alternative à l'acceptabilité forte du premier. J'appellerai le premier ensemble récit fin‑de‑siècle, avatar d'une historiosophie crépusculaire et décadentiste présentant des variantes significatives, notamment une version antisémite. On le voit coexister avec une version passionnelle‑romanesque (qui est celle où les avatars délirants sont les plus marqués, avec les diverses résurrections de Rodolphe et de Mary... et les enfants naturels qui pullulent) et une version nationaliste‑cocardière (qui maintient, contre toutes confirmations, la thèse du meurtre servant les intérêts de Bismarck, consentant à l'occasion de faire de la jeune Mary un agent occulte du Chancelier de fer).

La version fin‑de‑siècle

Si au premier choc, l'événement‑Meyerling avait tous les traits de l'inouï, de l'imprévisible, de l'impensable faisant irruption dans un monde soudain déstabilisé8, cet événement était au contraire (comme divers publicistes l'ont vu aussitôt) un récit entièrement préconstruit dans le discours social français, doté d'avance de mécanismes d'interprétation parfaitement en place. Meyerling représente la rencontre de la destinée individuelle et de la nécessité idéologique. Il faudrait étudier sur une longue durée ce que les opinions publiques successives perçoivent comme des « signes des temps », c'est‑à‑dire ce qui est justement cette rencontre de l'aléatoire apparent et de l'expectative idéologique. L'effet‑choc de Meyerling en serait alors le cas typique :

Il y a là le plus extraordinaire signe des temps. Semblable à l'Antoine de Shakespeare il peut dire à la Cléopâtre autrichienne : We have kissed away kingdoms. [...] Est‑ce que cela n'est pas véritablement anniversaire de [17]89 et fin de siècle9 ?

L'affaire Chambige

En France, mieux qu'ailleurs le discours social offrait pour Meyerling une préfiguration déjà toute construite, et récente. Les événements autrichiens correspondaient en effet trait pour trait au grand mystère criminel de l'année précédente. Lorsque Le Matin du 6 février révèle « la vérité », il titre : « Un Chambige impérial ». C'est qu'en effet, en montant de plusieurs crans dans l'échelle sociale jusqu'aux sommets impériaux, la mort de Rodolphe et de Mary transposait une affaire petite‑bourgeoise et confirmait, en première grandeur, le phénomène du Pacte de suicide comme le signe de temps détraqués, produisant une chaîne de causalités qui va de la poésie décadente et symboliste à l'effondrement moral de la dynastie austro‑hongroise. Car Meyerling, c'est littéralement l'affaire Chambige avec une distribution plus brillante et un changement de dénouement.

Henri Chambige, jeune pied‑noir de Constantine, féru de poésie et de littérature moderne, avait séjourné à Paris en 1886‑1887 ; il s'était lié à des poètes symbolistes et à Paul Bourget dont il admirait le roman André Cornélis. Chambige avait produit un recueil de textes poétiques, « Dispersion infinitésimale du cœur ». Rappelé par sa famille, il était retourné à Constantine, était devenu l'amant d'une mère de famille, protestante austère, Madeleine Grille ; il avait « suggéré » à cette épouse irréprochable un pacte de suicide et le 25 janvier 1888, s'était enfermé avec elle dans la maison de campagne de Sidi‑Mabrouk. Chambige y « suicida » sa maîtresse consentante, se tira plusieurs coups de feu et se blessa sans parvenir à se tuer. Dénouement aux Assises de Constantine ! Une des interprétations préférées des publicistes de 1888 fut que ce « crime » de détraqué – aggravé peut‑être par le recours à la « suggestion criminelle » (car une mère de famille ne se mue pas spontanément en nymphomane suicidaire) – était dû à la pratique de la poésie moderne. Nous avons signalé ce développement au Chapitre 20. L'accusation de « poète décadent » risquait à tel point de coûter la tête à son client qu'au procès son avocat avait dû le disculper à grand peine devant le jury de Constantine :

Quelle est la part de Chambige dans ce mouvement littéraire qui vous étonne et vous scandalise ? Est‑ce qu'il l'a provoqué ? Il a vingt‑deux ans !... Est‑il ou n'est‑il pas un décadent ?... Vous n'en savez rien10.

Quant à Paul Bourget, mentor de Chambige à Paris, embarrassé par ce disciple encombrant, il décide d'écrire un roman là‑dessus, roman où un jeune boursier de formation positiviste, féru de psychologie moderniste, mais déclassé et détraqué, Robert Greslou, propose à une pure jeune fille de l'aristocratie, Charlotte de Jussat‑Haudout, un pacte de suicide : lâchement il se dérobe au dernier moment et la jeune aristocrate se suicidera seule. Ce roman c'est Le Disciple qui commence à paraître en feuilleton dans La Nouvelle Revue en janvier 1889, et qui sera le grand succès de la carrière littéraire de Bourget.

Tandis que Bourget sauve ainsi sa mise, l'opinion courante s'établit que la littérature moderne conduit à l'adultère et au crime sexuel ! Mais cet idéologème est de ceux qui s'imposent aussi dans le champ scientifique, lequel développe alors une série d'entités nosographiques qui seraient propres à la société moderne et comme le signe d'une maladie sociale pernicieuse, d'une morbidité générale. Ces entités s'appliquent remarquablement à Chambige comme à l'Archiduc Rodolphe, son émule. Il y a d'abord le concept de folie à deux, développé par les docteurs Lazique et Falret ; il y a aussi le concept de décadentisme proposé par G. de Tarde11 pour rendre raison justement de l'Affaire Chambige. Chambige, dès sa jeunesse, a montré des « prédispositions au décadentisme », qui, héréditaires, l'ont porté vers la littérature moderniste et vers la passion sexuelle anormale ; c'est alors qu'il a rencontré une autre « demi‑aliénée » – cette protestante un peu prude qui a voulu mourir nue, Madeleine Grille. Ceux des psychiatres qui croient au contraire Chambige coupable et non « irresponsable » (autre néologisme du temps), s'appuyent sur la thèse de la suggestion criminelle, extrapolée des théories de l'école de Nancy : tout le monde est suggestionnable, hypnotisable, tout individu normal sous l'influence de la suggestion peut être contraint aux pires indécences et à commettre des crimes. Les juristes, les journalistes, les médecins sont atterrés par cette possibilité de faire de quelqu'un son instrument sous « suggestion criminelle ». C'est exactement ce qui a fait condamner Chambige : il aurait hypnotisé Mme Grille12. C'est encore la thèse qui reviendra obséder l'opinion en 1889 : Rodolphe fut‑il un amant malheureux ou un assassin hypnotiste, un échantillon de décadentisme, un Chambige qui ne se rate pas ? Autre catégorie scientifique en vogue, fort applicable à l'héritier des Habsbourg : la dégénérescence ! Rodolphe n'est‑il pas le type même du dégénéré supérieur ? La dégénérescence n'est‑ce pas la catégorie‑clé de l'époque ? Les grandes familles aristocratiques payent un tribut de plus en plus lourd à ce processus de « fin de race ». Le rapprochement entre Meyerling et le récit de la folie de Louis II de Bavière s'impose hégémoniquement :

Il était de la même race que Rodolphe qui paraît avoir vécu dans le désordre des passions et trouvé la mort dans le trouble d’une âme épuisée par la toute puissance des jouissances humaines.13

Meyerling devient ainsi une image‑mythe d'une vision crépusculaire de la société entière, « rongée de névroses et fiancée aux épilepsies » (dit Léon Bloy). La folie du Prince héritier est la synecdoque du détraquement du macrocosme : « on dirait vraiment qu'un souffle de folie passe sur la face du monde »14. Les journaux républicains qui épiloguent politiquement sur la dégénérescence des aristocrates ne font qu'offrir une variante orientée de ce thème savant :

Les races royales, épuisées par les unions consanguines, semblent emportée dans une effrayante course macabre vers la folie ou vers la mort15.

J'en reviens à Rodolphe de Habsbourg, ce Chambige-qui-ne-se-rate-pas ainsi que le voit la presse française. Cette presse affirme – non sans vraisemblance – que Chambige et son pacte de suicide (largement couverts par la presse viennoise) occupaient beaucoup l'esprit de Mary von Vetsera. Rapprochement intolérable pour les esprits mondains et conservateurs : ayant condamné Chambige, il leur faut, en renâclant, blâmer l'archiduc :

Vous ne me convertirez pas à cette religion nouvelle du « Chambigisme » qui compte déjà un archiduc parmi ses apôtres16.

La « religion chambigiste » se met dès février 1889 à faire d'autres adeptes : une « épidémie » de suicides à deux s'empare de l'Europe. En Autriche d'abord, le Prince ne manquera pas d'imitateurs. C'est le « suicide‑morbus », l'« École du suicide à deux », « l'exemple parti de la Cour impériale d'Autriche », « la contagion de la folie »... Le plus fameux événement de cette séquelle est l'affaire Elvira Madigan, elle aussi promise à des avatars littéraires et filmiques, qui secoue la Suède en juillet 1889. Elvira et le Comte de Sparre s'étaient donné le mandat exprès d'imiter les événements de Meyerling17.

On voit ainsi le pacte de suicide entre amants détraqués prendre les proportions d'une épidémie qui se propage ; le feuilleton journalistique comme « éternel retour du même » (W. Benjamin) confirme le topos du détraquement universel, de la prolifération des signes de la décadence, et généralise à l'échelle du macrocosme social l'idée d'une « suggestion criminelle » incontrôlable où Paul Bourget et son roman d'André Cornelis suggestionnent Chambige qui suggestionne Madeleine Grille, lesquels à leur tour suggestionnent un prince dégénérés et une jeune fille romanesque, lesquels font des émules, du prolétaire Soularue (dont je n'ai pas parlé) à Elvira Madigan et son noble amant Scandinave, répandant dans toute l'Europe l'épidémie suicidaire.

Deuxième concrétion

La version romanesque‑passionnelle sert d'obstacle objectif à la projection du fait divers Chambige sur Meyerling ; le suicide de Rodolphe est construit comme tragédie passionnelle sublime appartenant à un plan de vérité hors du monde commun, plaçant dans les hauteurs olympiennes un drame bricolé avec tous les mythes littéraires disponibles : Roméo et Juliette, Antoine et Cléopâtre, Tristan et Isolde, Hamlet et Ophélie, Werther, Antony, la Liebestod romantique... Ce n'est pas un discours de la presse pour midinettes : le goût kitsch du sublime hors du commun a, au siècle passé, une fonction doxique plus haute, qui concerne la presse mondaine et distinguée, la littérature bourgeoise, le roman sentimental académique, la chronique et l'essai ; contre l'invasion des vulgarités démocratiques et plébéiennes, la doxa distinguée cherche à maintenir de façon crispée un ethos de l'aristocratisme des mœurs qui va du Gaulois et du Figaro à son avatar trivial dans le roman‑feuilleton à la Jules de Gastyne, exposant la frénésie passionnelle dont brûlent les gens du Grand Monde. La version romanesque de Meyerling impose une double gnoséologie : une herméneutique sociale vaut pour le commun des mortels, une autre accommode les grands de ce monde (voir chapitre 8). Il s'agit ici de transposer le signe des temps en drame cornélien, c'est‑à‑dire de prendre au pied de la lettre la lettre d'adieu de Mary v. Vetsera : « Chère Mère, je meurs avec Rodolphe ; nous nous aimons trop. Pardonne‑moi et adieu »18. Cette version suppose de sérieux coups de pouce aux données généralement acceptées. L'hétérodoxie distinguée prend le ton de cette chronique de Paul Foucher au Gil‑Blas, qui en institue les destinataires comme « âmes d'élite » :

Si dans l'exaltation passionnelle, des êtres jeunes, aimants et troublés, un Prince Rodolphe, une Comtesse [sic !] Vetsera demandent à la mort le repos suprême, c'est une poétique exception dont le charme délicieux ne peut être compris que par les âmes d'élite19.

Il convient pour construire ce second récit d'inscrire dans la narration les topoï suivants. Narrèmes préliminaires : longue liaison entre Rodolphe et Mary, « passion amoureuse », chaste d'abord « pure inclinaison sentimentale », puis prenant à l'été 1888 un « caractère plus passionné et plus réaliste »20. (L'ennui est que s'il faut remonter de plus d'un an en arrière, il faut donner à Mary v. Vetsera 15 ans environ au début de cette liaison, ce qui est un peu dur à avaler ; c'est pourquoi l'âge de l'héroïne est largement scotomisé dans la presse mondaine.) Le récit tragique déploie ses topoï : Amour impossible – Mésentente avec la Princesse Stéphanie – Désir de divorce de Rodolphe – Affrontement avec l'Empereur, son père – Conflit du cœur et du devoir – Issue tragique et fatale. Dans le cadre de cette version sublime, il convient de hausser le rang social de Mary ; on l'a vue devenir « comtesse » ci‑dessus, on n'hésitera pas à relever « la princesse Vercsera » au niveau de son impérial amant21. Dernier nœud narratif de cette version : il faut que l'archiduc n'ait pas abattu sa maîtresse d'un coup de révolver : elle s'est donc empoisonnée motu proprio. Rodolphe, fou de douleur après le suicide de sa bien‑aimée n'a pu consentir à lui survivre22. C'est ici qu'on trouve la variante « Romeo », qui est celle du Daily News : le Prince est blessé dans une attaque mystérieuse, la Baronne qui le croit mort, s'empoisonne ; Rodolphe revient à lui, la voit morte et se tue !

La version nationaliste-chauvine

Cette dernière version persiste à nier ironiquement le suicide :

Rodolphe se suicidait avec sa bonne amie en se tirant, avec une adresse extraordinaire, un coup de revolver derrière la tête...23.

Il y a eu assassinat, maintient‑on, et c'est Bismarck le coupable (on ne le dit pas ; on l'insinue très lourdement) ! « De son goût excessif pour les femmes, on a trouvé le dérivatif »24. La presse cocardière est obsédée : elle voit la main de la Prusse dans tous les événements un peu déplaisants pour la France. Le secteur républicain de la presse chauvine nie indéfiniment le suicide : « fou, ce Prince libéral, allons donc ! »... Rodolphe demeure à jamais « un Prince martyr de la démocratie », victime de Guillaume II et de ses sympathies pour la France et la Russie. Si la paranoïa idéologique est toujours à l'affût de précédents, il y en a autant sur cette ligne narrative‑ci que sur le récit Chambige‑Meyerling :

Notre grand Gambetta effrayait Bismarck : en quelques jours le tribun français mourut. Skobeleff [...] disparut en quelques heures. Frédéric III est mort. Et d'autres encore [...] Non décidément, M. de Bismarck a de la chance ! beaucoup, beaucoup de chance !25.

Catholiques et antisémites

La presse catholique – d'abord émue – lâche le « suicidé » dès que la nouvelle se confirme et en fait aussitôt un contre‑exemple édifiant : Rodolphe « était l'idole des libéraux et des Juifs ». « Ce prince incrédule et débauché s'est tué honteusement avec une demoiselle Vercera [sic] »26. On démontre qu'à part ses amitiés « juives et franc‑maçonnes », la cause première de sa mort honteuse est dans « la perte de la foi » et dans ses recherches scientifiques dénommées de façon bien dévote « l'égarement de sa raison à la recherche d'une fausse science »27. Quant au pamphlétaire Édouard Drumont, il a prophétisé en 1888 à « ce pauvre archiduc Rodolphe qui chérissait si tendrement les Juifs »28, que de telles relations, pour un fils d'empereur, le conduiraient au désastre. Le « sociologue » impartial que se croit Drumont triomphe donc dans la Dernière Bataille (1890), ayant prévu Meyerling :

Non, nous ne sommes ni des prophètes, ni des vaticinateurs, nous sommes des médecins sociaux et en regardant les gens nous leur disons : « Vous suivez un régime qui vous mène au tombeau et si vous continuez, vous n'en avez plus pour longtemps » (p. 143).

Le roman et les belles-lettres

Que les gens de lettres fussent aux aguets de la vulgaire actualité de presse pour la sublimer en romans âpres et méditatifs ne fait guère de doute : telle est la logique même du champ romanesque vers 1880. C'est pourquoi – alors que Zola s'empare de Jack l'Éventreur pour construire le Jacques Lantier de la Bête humaine (1890) – Paul Bourget, sans vergogne, s'inspire de son Chambige pour son grand roman « engagé », Le Disciple. Un autre romancier mineur, Jean Honcey, publie simultanément un Künstlerroman satirique, Jean Bise (la clé n'est pas difficile à trouver) : c'est une jeune littérateur égocentrique, lisant « surtout Taine et Renan », immoraliste moderne (« Une morale, une obligation ! Et de quel droit ? » [p. 60]). Séducteur méthodique d'une femme mariée, il tuera Suzanne dans un accès de délire érotique et aura la lâcheté de déshonorer sa victime en parlant d'un pacte de suicide...

Dans ces années d'engouement pour le roman russe, qui des littérateurs ne rapproche Chambige (et Rodolphe) du « criminel gratuit » raskolnikovien ? Alphonse Daudet, roublard, met sur la scène La Lutte pour la vie :

Rappelez‑vous les Chambige : ils frappent, rien que parce qu'ils ont dit je frapperai...29.

Le paradigme Meyerling devient pour les vingt années qui suivent un ingrédient de la littérature du Dekadentismus : qu'on songe à Evelyn Innes de Moore, au Trionfo della Morte de d'Annunzio, à Tod in Venediq de T. Mann...30. Il n'est pas jusqu'à la chanson montmartroise qui ne trouve à rimailler le suicide‑à‑deux :

Mourons ensemble
Pour être heureux
La mort rassemble
Les amoureux !31

Le discours social comme totalité du dicible, du narrable, de l'argumentable d'une société donnée et comme réseau complexe de relations interdiscursives enserre tout énoncé, tout récit et leur donne du sens. C'est seulement dans cette totalité que les thèmes, les sujets d'opinion, les idées d'époque (dominantes, émergentes) se mettent à signifier. Tout événement « réel » (au même degré que les conjectures et les fictions) se trouve ainsi préconstruit et préinterprété, la fonction doxique étant de transformer la contingence du réel en nécessité. Le discours social n'est cependant pas statique, stable ou monovalent : il est fait d'un affrontement réglé de sociolectes, de modèles cognitifs, de maximes, d'images, de doctrines partiellement antagonistes, mais aussi soumis au principe « caché » d'une hégémonie : à la fois épistémè, topique, narratologie, distribution de rôles, régulation disséminatrice pour un état de société donné. L'examen de l'irruption de « Meyerling » dans le discours social français illustre de façon suggestive ces hypothèses fondamentales et indique certaines voies d'analyse dont le principe est l'aperception globale des champs journalistique, politique, scientifique, littéraire avec leurs logiques propres.

Notes

1  Travaux et documentation historiographiques de bon aloi : Franzel, Emil. Kronprinzen-Mythos und Mayerling-Legenden. Wien : Herold, 1973.[Crown Prince Rudolph : Fact and Fiction. Vienna : Herold, 1974],
Judtmann, Fritz. Mayerling : The Facts behind the Legend. London : Harrap, 1971 (original allemand : 1968).
Lloyd, Wilson. The False Archdukes. An Exposé of the Fictitions Tales about the Love Children of Crown Prince Rudolf of Austria and about the Impersonators of Archduke Johann-Salvator of Tuscany. Wash. : Microfilm Recordak, 1954.
---The Mayerling Mystery : An Exposé of the Fictitious Tales about the
Suicide, Murder, and Resurrection of Crown Prince Rudolf of Austria. Wash. : Microfilm Recordak, 1954.
Mayerling Lloyd-Davis Collection. Wash. : Recordak, 1952.
Morton, Frederic. A Nervous Splendor : Vienna 1888/1889. Harmondsworth, etc. : Penguin, 1981 (original : 1979).

2  Leurs conclusions (et les miennes) se trouvent formulées déjà pour l'essentiel chez Wilson Lloyd (1953 ; voir note précédente) ; p. 5 (pagination des clichés irrégulière) : « To me the Mayerling tragedy can be answered simply and clearly -the Crown Prince shot Mary Vetsera, then himself (...) However it is questionable whether love played any part in the tragedy. The cause of the tragedy will have to be found out in the psychological make-up of the Crown Prince. » Franzel, 1973 se dit d'accord en substance avec Judtmann, 1968 et accepte le pacte de suicide entre R. et M., motivant en gros le suicide de l'Archiduc par : maladie vénérienne, crise morale, cul-de-sac politique (Rodolphe en 88-89 inspire directement le Schwarzgelb, journal hostile à l'alliance austro-italo-allemande qui tend à se solidifier [cf. Le Drapeau,13.1 : p. 11] et d'autre part il est en coquetterie avec les leaders séparatistes hongrois). Franzel et Judtmann excluent, avec des arguments aussi solides que possible, tous les mythes annexes dont je parlerai (notamment celui de la grossesse de Mary v. Vetsera - si les premières relations sexuelles ne peuvent être placées antérieurement au 13.1.1889 !).

3  Radical, 5.2 citant Gaulois, dépêche du 2.2.

4  5.2, p. 2.

5  [Selon le Daily News du 4.2 :] « La jeune victime a bu du poison [...] à Meyerling où l'Archiduc Rodolphe s'est suicidé. Les deux morts semblent avoir eu lieu presque simultanément. »

6  « [Havas] Vienne, le 5 février, soir : Nous pouvons donner d'une source absolument authentique les détails suivants sur les circonstances qui ont entouré la mort du prince impérial :
L'archiduc Rodolphe avait, depuis plus d'une année, une liaison avec la baronne Verscera, jeune personne d'une grande beauté, très connue à Vienne. Cette liaison était connue seulement dans un cercle d'intimes et remarquée à cause de la coïncidence de l'absence de la baronne et des voyages du prince à certaines époques.
Ils se retrouvèrent incognito à l'étranger à plusieurs reprises en divers lieux, notamment à Londres.
L'archiduc s'était épris de cette jeune personne. De plus, ayant peu d'espoir, par suite de la santé de la princesse Stéphanie, d'avoir un jour un héritier, il s'était ouvert à son père et à quelques personnes d'un projet de divorce avec la princesse.
[...]
[À Meyerling, le 29 janvier,] Le dîner fut gai. Le couple se retira dans la chambre du prince. On n'entendit rien pendant la nuit. Mais Loschek, le valet de chambre, vers six heures du matin, entendit un bruit de voix, puis, quelques temps après, un premier et second coup de révolver. Effrayé, il n'osait bouger.
Il se décida enfin à aller chercher le comte Hoyos et le prince de Cobourg.
Deux cadavres se trouvaient sur le lit du prince ; quelques fleurs recouvraient celui de la baronne. Le prince s'était donc suicidé après la mort de Mlle de Verscera.
Il y a cependant un indice que la baronne ne s'est pas tuée elle-même ; sa blessure en effet était dans le dos.
On ne s'explique cette particularité que de deux façons : Ou le prince a dit à la baronne : « Je vais me tuer ! » et celle-ci effrayée, voulant appeler au secours et se précipitant pour chercher un aide, aurait, en gagnant la porte, reçu la balle que l'archiduc se destinait, ou bien, au dernier moment, après avoir décidé de mourir ensemble, Mlle de Verscera, prise frayeur, aurait essayé de fuir, et le prince Rodolphe l'aurait frappée par derrière.
Est-ce un cas de folie subite ? Est-ce un acte de désespoir préconçu ? Il est vrai, toutefois, qu'il y a eu dimanche, entre l'empereur et le prince impérial, une scène violente au cours de laquelle François-Joseph reprocha vivement à son fils la légèreté de sa conduite, et lui déclara qu'il s'opposerait toujours à son divorce. »

7  Courrier du soir, 6.2 : p. l.

8  « Vienne, 7 février. - Vous connaissez maintenant toute la vérité, et cette vérité dépasse tout ce que l'on pouvait imaginer ; les conséquences dynastiques et politiques d'un tel événement, accompli dans de telles circonstances, seront incalculables. [...] On ressent partout, dans le monde politique, une sorte d'effroi de l'avenir » (Le Matin, 7.2).

9  L. Millot, La Justice (de Clemenceau), 7.2 : p. 1.

10  Cour d'Assises de Constantine - Plaidoirie de Me Durier (1889), p. 77.

11  Archives d'anthropologie criminelle, vol. 1888, p. 92 et suivantes.

12  Voir Dr Delbœuf, Le Magnétisme, p. 112.

13  Revue-magasin, conservatrice, 10.2.

14  M. Veillaume, Le Radical, 14.2 : p. 1.

15  Petit Parisien, 22.4 : p. 1.

16  E. Bergerat, L'Amour en République, p. 312.

17  Le Radical, 4.8.

18  Sur les lettres des suicidés, voir : Figaro, 8.2 ; Temps, 9.1 ; L'Illustration, nº 2399, p. 133 ; Radical, 10.2 ; Petit Parisien, 10.2.

19  Gil-Blas, 30.8 ; p. 1. Voir encore le Radical de Marseille, 9.2 ; p. 1 : « Il y a dans la mort volontaire de ces deux amants un côté de grandeur presque sublime. »

20  Petit Parisien, 19.2.

21  La Science spéculative, 11.2 ; p. 3 ; même ligne d'interprétation aux Annales politiques et littéraires, v. 12, p. 101.

22  « À Meyerling, le matin au réveil, elle prit le poison. Le médecin accourut trop tard.
Le Prince, en face de cette morte, était déjà a moitié fou.
Le prince de Cobourg partit pour Vienne pour faire connaître à l'Empereur ce qui s'était passé à Meyerling ; il revint avec une lettre où le père accablait son fils des reproches les plus sanglants.
Le malheureux prince comprit que le suicide de la baronne, dans le château de Meyerling, ne pouvait pas rester secret. Un scandale public était inévitable. La seule jeune fille, la seule qu'il avait sincèrement aimée, était morte.
Le suicide semble dans ces conditions-là explicable » (Petit Parisien, 16.2).

23  Le Troupier, satellite militaire, III, n° 73 (fin février), p. 2.

24  Le Constitutionnel, 6.2 ; p. 1.

25  La Baïonnette, n° 45, p. 4.

26  Cité respectivement de La Croix, 8.2 : p. 2 et de La Croix du Dimanche, 10.2 : p. 2.

27  L'Univers, 8.2.

28  Drumont, préf. à Pontigny, Le Juif selon le Talmud, p. xiii.

29  A. Daudet dans Le Gaulois, 31.10, supplément.

30  Parmi les « mises en littérature » immédiates de Meyerling, citons en français : Mme B. de Bury, L'Archiduc Rodolphe (Paris, s.e. 1889), biographie adulatrice ; André Huré, L'Achiduc Rodolphe (P. : Libr. des bibliophiles, 1889), long poème élégiaque ; Alexandre de Bertha, L'Archiduc Rodolphe (P. : Westhaussen, 1889) : « l'espoir, l'orgueil, l'idole d'un puissant empire... » ; Jean Lorrain, La vérité sur la mort de l'Archiduc Rodolphe, feuilleton de L'Égalité, roman faisandé et délirant.

31  Chanson de Macnab, Le Pierrot, 12.4 : p. 2.

Pour citer ce document

, « Chapitre 29. Meyerling en France», 1889. Un état du discours social, ouvrage de Marc Angenot Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/1889-un-etat-du-discours-social/chapitre-29-meyerling-en-france