La revue Paris-Canada (1884-1909) et les relations franco-canadiennes à la fin du XIXe siècle

Chapitre 1. Historiographie et problématique

Table des matières

En 1977, l’historien Pierre Savard résumait ainsi l’histoire des liens établis entre la province de Québec et la France depuis la Conquête jusqu’aux années 1960 : « rapport politique nul ou fort réduit ; rapports économiques sans commune mesure avec ceux que l’ensemble du Canada entretient avec la Grande-Bretagne puis les États-Unis ; rapports culturels riches et continus dans les deux sens quoique empreints, dans de larges secteurs de l’opinion, de réticences durables1. » Ces liens culturels uniques prirent un certain temps avant de se concrétiser sur le plan économique et politique. Le Canada, en tant que colonie de l’Angleterre, devait absolument passer par le réseau des ambassades britanniques lors de ses négociations avec l’étranger. Ce n’est qu’à partir de 1931, lorsque le statut de Westminster abolit les derniers liens coloniaux, que le Canada obtint une souveraineté complète sur ses affaires extérieures. Aussi, les relations entre la France et le Canada, entravées par le statut colonial de celui-ci, durent pendant longtemps composer avec le bon vouloir de l’Angleterre.

Il faut attendre le néo-nationalisme québécois des années soixante pour que ces relations prennent un véritable virage politique. La création de la Maison du Québec à Paris en 1961, qui prit plus tard le nom de délégation générale, puis la signature en 1965 d’une entente sur l’éducation, constituent effectivement une étape novatrice dans l’histoire des relations du Québec avec la France2. Ces relations internationales du Québec, d’abord avec la France, puis avec le reste du monde, étaient alors motivées par une volonté politique réelle. Le Québec, s’affirmant comme une nation, souhaitait faire entendre sa voix au niveau international.

Au XIXe siècle, les liens du Canada avec la France n’ont jamais pu bénéficier d’une telle volonté politique. Ils étaient alors limités au recrutement d’immigrants et à l’établissement de liens commerciaux. Toutefois, des deux côtés de l’Atlantique, les motivations premières reposaient sur d’importantes bases patriotiques. La France d’alors, humiliée par sa défaite lors de la Guerre franco-prussienne de 1870, s’intéressait au Canada dans la mesure où l’importance de la population francophone de celui-ci pouvait la conforter dans son statut de puissance expansionniste. De leur côté, les élites francophiles canadiennes misaient sur le nationalisme et sur la solidarité culturelle afin d’attirer les investisseurs français. Comprendre les motivations qui animaient ces différents groupes implique de prendre en compte toute une série d’opinions divergentes et d’attentes mutuelles. Aussi, les historiens qui se sont intéressés aux relations entre la France et le Canada au XIXe siècle ont souvent insisté sur l’image et la perception du Canada par les voyageurs français du XIXe siècle.

Perceptions et liens intellectuels

L’abbé Armand Yon publia en 1965 dans la Revue d’histoire de l’Amérique française une série d’articles portant sur l’image du Canada français en France. Réunis en un volume en 1975 sous le titre Le Canada vu de France3, les travaux de Yon permettent de suivre l’évolution de l’opinion des Français sur le Canada au cours du XIXe siècle. L’auteur divise cette opinion en deux périodes bien distinctes. Les années 1830-1880, période de la redécouverte, forment « une ère de sentiment » alors que la période située entre 1880 et 1914, qui fut pourtant la plus fructueuse en termes de visites officielles, est qualifiée « d’ère de critique ». Ce changement dans l’opinion française envers le Canada est attribué à l’écart idéologique grandissant entre la France républicaine et le Canada français catholique et conservateur. L’essentiel de l’ouvrage de Yon est constitué des différentes impressions laissées par les voyageurs français ayant visité et écrit sur le Canada. Peu nombreux, les premiers voyageurs se heurtent aux autorités anglaises qui refusent de laisser des étrangers, à plus forte raison des voyageurs français, pénétrer jusqu’aux rives du Saint-Laurent4. Quelques-uns, dont le célèbre Alexis de Tocqueville, font un bref séjour dans l’ancienne colonie française lors de voyages aux États-Unis. D'une manière générale, le Canada était alors peu connu des Français. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, après le succès de la mission de la corvette La Capricieuse, que les contacts se multiplient entre les deux pays. Les décennies suivantes abondent en visiteurs français de toutes sortes ; colons, touristes, artistes, avocats, médecins, universitaires et gens de lettres.  Yon consacre un chapitre distinct à chacune de ces catégories. En 1882, sous l’impulsion du gouvernement de la province de Québec, le Canada se dote d’un commissariat dans la ville de Paris. Yon écrit que « Les rapports France-Canada se trouvèrent grandement facilités par cette institution, et le furent encore davantage peut-être par le choix du premier commissaire5 ». Son titulaire, Hector Fabre, s’avère en effet un candidat idéal pour ce poste. En 1884, celui-ci entreprit la publication d’un bimensuel, Paris-Canada, première revue spécialisée sur les relations franco-canadiennes6. Selon Yon, la revue du commissariat canadien est susceptible d’intéresser le chercheur par « la liste des Canadiens inscrits aux Commissariats, le rappel des succès remportés par les étudiants en arts et en lettres, la critique des livres relatifs au Canada, enfin les comptes rendus de fêtes canadiennes organisées dans la capitale et en province7 ». Le livre de Yon permet de se faire une bonne idée des rapports existant entre la France et le Canada à la veille de la Grande Guerre. Le nombre et la diversité des voyageurs cités démontrent que le Canada fut loin d’être oublié par son ancienne mère patrie. Malgré les dissensions d’ordre idéologique, des rapports durables ont pu être établis. Le commissaire Fabre, qui demeura en poste 28 ans, n’est pas étranger à la pérennité de ces liens culturels.

La thèse de doctorat de Sylvain Simard, publiée en 1987 sous le titre Mythe et reflet de la France8, s’inscrit dans la continuité des recherches menées par Yon. Elle constitue jusqu'à ce jour la tentative la plus aboutie pour cerner l’image du Canada véhiculée par les écrits français du XIXe siècle. Cette volumineuse étude repose sur un corpus à la diversité impressionnante : récits de voyage, périodiques spécialisés, brochures sur la colonisation, romans, études économiques et autres publications. En tout, c’est plus de 700 ouvrages et 643 articles de presse qui sont analysés par Simard. Il apparaît que, loin d’être complètement ignoré, le Canada a suscité un intérêt réel dans la France du XIXe siècle.  L’augmentation du nombre de ces publications avec les années permet de se faire une petite idée de l’intérêt porté au Canada. Si ce nombre demeure relativement stable avant 1870 il progresse régulièrement par la suite pour atteindre son sommet entre 1885 et 1895. Selon Simard le caractère régulier de ces publications permet d’affirmer que le Canada n’est pas qu’un simple objet de mode, mais bien « un mouvement soutenu d’intérêt9 ».

La constance de ce mouvement d’intérêt ne signifie d’aucune façon que l’opinion des Français sur le Canada forme un bloc monolithique. L’analyse de l’origine et des positions idéologiques des Français qui ont écrit sur le Canada démontre que ces écrits étaient loin d’être innocents. Les auteurs catholiques et monarchistes y admirent la survivance des anciennes traditions françaises alors que les républicains n’y voient habituellement que conservatisme et repli sur soi. Malgré ces divergences d’opinions, les motifs d’intérêt demeurent sensiblement les mêmes chez ces deux groupes. La survivance francophone, l’étendue du territoire, la vie traditionnelle et le rôle déterminant de l’Église demeurent au centre de l’intérêt de la France pour le Canada pendant toute la période étudiée par l’auteur. Tout comme Yon, Simard constate une augmentation de la proportion d’écrits critiques à partir de 1880. Il explique cela par le fait que le nationalisme et l’expansionnisme français ne parvenaient plus à masquer le fossé idéologique qui grandissait entre les deux pays. À partir de ce moment, « un constat d’incommunicabilité transparaît10 ».

Sylvain Simard cite quelquefois les revues spécialisées dans les relations franco-canadiennes, mais il n’en fait pas une analyse systématique. Cette tâche déborde du cadre de son étude. Ce sont principalement les comptes rendus que ces revues consacrent aux livres français ayant des sujets canadiens qui l’intéressent. Au début du XXe siècle, ces revues sont au nombre de trois : Paris-Canada fondé en 1884, La Canadienne fondée en 1904, puis la revue France-Canada dont le premier numéro paraît en 190911. En 1914, le déclenchement de la Première Guerre mondiale met un terme à ces publications. Selon Simard, la revue Paris-Canada se démarque en raison de son ancienneté, mais aussi par la qualité de ses articles : « le directeur de Paris-Canada, Hector Fabre, lui même auteur de chroniques d’une bonne tenue littéraire, s’est assuré la participation de nombreux auteurs Canadiens dont les historiens Benjamin Sulte et H.R Casgrain, le chroniqueur Arthur Buies et plusieurs autres12 ». Les articles de Paris-Canada sont d’ailleurs cités à de nombreuses reprises dans l’ouvrage de Simard.

Il est certain que la création d’un commissariat canadien, ainsi que la publication d’un journal spécialisé sur les relations franco-canadiennes à partir de 1884, ont contribué à la formation de l’image du Canada. Les travaux de Yon et de Simard mentionnent tous deux le rôle joué par le Commissariat et sa revue pour la promotion d’un rapprochement franco-canadien. Nous croyons que la revue Paris-Canada, par son point de vue canadien, peut être vue comme une juste contrepartie de l’image révélée par l’étude de Simard.

Nous avons également consulté des ouvrages traitant de problématique plus spécifique des relations entre la France et le Canada au XIXe siècle. Mentionnons d’abord les travaux importants menés par Pierre Savard sur le consulat français de Québec et de Montréal puis sur les liens de Jules-Paul Tardivel avec la France et les États-Unis. Publié en 1967, le livre Jules-Paul Tardivel, La France et les États-Unis 1815-190513 est consacré à la vie du grand journaliste ultramontain ainsi qu’à ses rapports intellectuels avec la France et les États-Unis. Émule canadien du journaliste français Louis Veuillot, croyant fermement à la thèse des deux France, Jules-Paul Tardivel se prononça à de nombreuses reprises contre toute forme de liens entre le Canada et la France officielle. En cela, Tardivel est représentatif du milieu ultramontain canadien pour qui seule la France catholique comptait vraiment. Publié en 1970, Le consulat général de France à Québec et à Montréal 1859-191414 retrace l’histoire du poste et de ses titulaires. Le consulat peut être considéré comme l’équivalent français et officiel du commissariat canadien en France. L’influence des consuls, plus ou moins importante selon les années, se fit directement sentir sur l’ensemble des relations franco-canadiennes. Il apparaît que le consulat connut d’abord une période de grandeur avec les deux premiers consuls, puis son activité devint plus effacée avec l’arrivée au pouvoir des républicains anticléricaux en France. Les travaux de Savard font clairement ressortir le constat d’incommunicabilité mentionné par Simard. Les consuls français durent composer avec une population qui, suivant en cela les recommandations de Jules-Paul Tardivel, se montrait souvent hostile à la France contemporaine.

Cette méfiance du Canada français envers la France contemporaine fut étudiée par l’historien Yvan Lamonde. Le chapitre « La France et nous : perceptions réciproques du Québec et de la France depuis deux siècles » de l’essai Allégeance et dépendance : l’histoire d’une ambivalence identitaire15 est consacrée à la perception de la France par le Québec. Lamonde souligne un aspect important lorsqu’il écrit « que l’histoire de cette relation est faite tout autant de raison que d’émotivité16 ». Il aborde les questions fondamentales de l’abandon du Québec par la France, de sa redécouverte dans le cadre britannique et de l’importance de la tradition contre révolutionnaire française chez les intellectuels québécois. La mémoire de l’abandon, puis du désintéressement de la France, serait à l’origine d’un certain ressentiment des Canadien français. Ce ressentiment fut plus tard encouragé par le pouvoir britannique, puis par l’Église catholique qui ne manqua pas de souligner le caractère régicide de la révolution de 1789. Lamonde précise que, jusqu’à la Révolution tranquille, la pensée canadienne française aura beaucoup plus de parenté avec la tradition contre révolutionnaire française qu’avec la France républicaine. Toutefois, il ajoute que cette pensée, bien que majoritaire, ne fut jamais consensuelle.

Mentionnons également, sous la direction de Yvan Lamonde et Didier Poton, le volume La Capricieuse (1855) : poupe et proue Les relations France-Québec (1760-1914)17 qui rassemble les diverses communications prononcées à Québec en octobre 2005 lors d’un colloque commémorant le 150e anniversaire de la venu de La Capricieuse. Les recherches présentées à cette occasion, qui portaient sur des sujets historiques en amont et en aval de la visite du navire français, nous ont permis de connaître les derniers travaux portant sur les relations entre le Québec et la France au XIXe siècle.  

Comme nous pouvons le constater, les ouvrages qui traitent des relations intellectuelles entre la France et le Canada au XIXe siècle insistent tous sur la distance idéologique qui sépare la France républicaine du Québec conservateur et catholique. Les recherches de Yon et de Simard sur l’image du Canada mentionnent l’apparition de points de vue critiques, polarisés autour de la question religieuse, à partir du dernier quart du XIXe siècle. La prise du pouvoir par les anticléricaux en France à partir de 1879 ainsi que la série de réformes scolaires qui suivit creusèrent un fossé idéologique durable entre la France et son ancienne colonie. Celui-ci ne fit qu’accentuer une rupture qui, sur le plan de la pensée, avait été initiée lors de la Conquête et accentuée par la Révolution française. Le cas de Tardivel, étudié par Savard, constitue un exemple extrême de la méfiance des Canadiens français pour la France républicaine. Comme l’écrit Lamonde, la pensée contre révolutionnaire française fut prédominante chez les intellectuels du Canada français. Elle contribua à éloigner la population de la France républicaine. Les études que nous venons de citer, bien qu’elles insistent sur l’aspect culturel et intellectuel de ces relations, mentionnent également l’importance des structures, le consulat français en 1858 et le commissariat canadien en 1882, dans l’établissement de liens durables entre les deux pays. Cela prouve que, en dépit de la crainte qu’inspire la troisième république, les gouvernements Canadien et Québécois pouvaient avoir avantage à favoriser les contacts entre les deux pays.

La création et le rôle du commissariat

L’histoire des relations du Canada avec la France pour la période allant de 1880 à 1930 doit beaucoup aux recherches menées par l’historien français Bernard Pénisson. Celui-ci consacra plusieurs de ses travaux à l’immigration française, aux relations commerciales ainsi qu’à la représentation canadienne en France. Deux de ses articles sont directement consacrés à ce dernier point. Le premier, intitulé « Le commissariat canadien à Paris »18 retrace l’évolution du poste en se basant sur la correspondance échangée entre les commissaires et les premiers ministres canadiens. Il apparaît que, de sa création en 1882 à sa transformation en légation en 1928, le commissariat passa par quatre phases successives dictées par les changements parlementaires à Ottawa. Lors de la première phase, sous les conservateurs, le rôle du commissariat fut strictement limité au commerce et à l’immigration. Pénisson souligne que les conservateurs ne semblaient pas avoir de politique à long terme concernant le développement des relations internationales. Aussi, cette période fut marquée par une plus grande présence de la province de Québec alors considérée comme « un interlocuteur presque à l’égal du Canada »19. Celle-ci va perdre de son importance avec l’élection du gouvernement libéral de Laurier en 1896. Les libéraux souhaitent que le Canada se dote d’une véritable personnalité internationale. La représentation du Canada en France gagne en importance par la création d’une agence commerciale en 1896 puis d’une agence d’immigration en 1902. Selon Pénisson, ces transformations doivent être intégrées dans un plan plus vaste qui vise à créer un embryon de réseau diplomatique. La défaite de Laurier au profit des conservateurs en 1911 confine de nouveau le commissariat à son rôle économique. En 1913, le successeur de Fabre, Philippe Roy, dut abandonner le poste d’agent du Québec sous prétexte qu’une même personne ne pouvait être à la fois représentant du pays et de la province20. Ce fut la fin de la représentation du Québec en France. L’agence commerciale fut attachée au commissariat en 1911 et l’agence d’immigration fut fermée en 1914. Le commissaire devenait alors le seul représentant officiellement mandaté par le Canada en France. Il ne manquait que l’accréditation de la république pour que le poste soit reconnu comme officiel. La participation du Canada a la Première Guerre mondiale, puis son admission au sein de la Société des Nations ouvrirent la voie à cette reconnaissance. Le 10 janvier 1928, le commissariat fut officiellement transformé en légation.

Le second article est consacré à l’histoire des agences d’immigration et de commerce ainsi qu’à leurs relations avec le commissariat.21 Il apparaît que la décision de créer ces agences fut directement liée à l’inefficacité du commissariat dans ces domaines.  À partir de 1901, l’opposition conservatrice se mit à critiquer l’inaction de Fabre qualifié par certains de « personnage décoratif »22. Les deux nouvelles agences furent confiées à des Français connaissant bien le Canada. L’agence commerciale fut confiée à Anatole Poindron en 1902 et l’agence d’immigration a Paul Wiallard en 1903. Théoriquement placées sous l’autorité du commissariat, ces agences s’en éloignèrent au point de concurrencer le commissaire et de limiter son champ de compétence. Ainsi, au début du XXe siècle, le Canada disposait d’une triple représentation dans la ville de Paris : « le commissariat, au rôle surtout représentatif et culturel, l’agence commerciale et l’agence d’immigration, indépendante en fait, sinon en droit, du commissariat »23. L’efficacité de cette représentation est abordée dans les études que Pénisson consacre au commerce et à l’émigration.

Bernard Pénisson aborde le sujet de l’émigration française dans sa contribution à l’ouvrage L’émigration française étude de cas Algérie-Canada-Etats-Unis24. Les mouvements de population entre la France et le Canada de cette époque sont avant tout le reflet de profondes divergences dans leurs politiques de migration. D'un côté, le Canada fait tout ce qui est possible pour attirer des agriculteurs dans les nouvelles provinces de l’Ouest. De l’autre, la France, qui veut développer ses propres colonies, tient à tout prix à conserver ses nationaux. Aussi, le gouvernement français sera toujours réticent à l’idée de voir des agents canadiens faire du recrutement sur son territoire. Pénisson cite à de nombreuses reprises les mises en garde des consuls de France à Montréal qui s’inquiètent de voir débarquer leurs compatriotes en trop grand nombre. Pourtant, les chiffres cités par Pénisson montrent clairement que l'immigration française au Canada demeura toujours un phénomène marginal.  Elle ne dépassa que rarement le seuil de 1 % du total des immigrants reçus par le Canada chaque année25. Ce chiffre ne signifie pas que les efforts de recrutement furent sans résultat. En s’établissant dans l’Ouest canadien, les Français viennent grossir les rangs de la minorité francophone de façon non négligeable. Ainsi en 1911, c’est 11 % de la population francophone de l’Ouest qui provient de l’immigration française26. Pénisson consacre quelques pages au rôle joué par le commissariat canadien dans la promotion de l’émigration française. Il mentionne les nombreux articles sur la colonisation, ainsi que la publicité concernant l’octroi de terres gratuites que le commissaire Fabre faisait paraître dans le bimensuel Paris-Canada. Mais, selon Pénisson, ce sont les lettres de pionniers publiées dans la revue qui s’avèrent le moyen de propagande le plus efficace27. Il mentionne toutefois que l’authenticité de ces lettres peut toutefois être mise en doute. Quoi qu'il en soit, il démontre que le travail du commissaire canadien en matière d’immigration se limitait essentiellement à un rôle de propagandiste. Le recrutement proprement dit était le rôle des employés aux ordres de l’agence d’immigration. Ceux-ci dirigeaient les candidats vers les agences maritimes qui étaient alors les seules structures autorisées légalement à recruter des immigrants.

L’aspect commercial des relations franco-canadiennes fut également étudié par Pénisson. Il aborde le sujet pour la période allant de 1880 à 1914 dans sa contribution à l’ouvrage Le fait français et l’histoire du Canada XIXe-XXe siècle28 écrit sous la direction de Jacques Portes. En se basant sur des articles de Paris-Canada, la correspondance du commissaire, celle de l’agent commercial ainsi que celle des consuls de France, Pénisson retrace les grandes lignes des relations commerciales établies entre le Canada et la France lors de cette période. Ces relations, suivant en cela l’émigration française, n’eurent que peu d’importance. Loin derrière l’Angleterre et les États-Unis, la France se disputait avec l’Allemagne la troisième place comme partenaire commercial du Canada. Néanmoins, deux traités de commerce furent conclus entre la France et le Canada. Le premier en 1893 et le second en 1907. Ces traités eurent pour conséquence immédiate d’encourager un projet cher aux groupes de pression franco-canadiens : la création d’une ligne de navigation directe. À de nombreuses reprises, Pénisson cite les articles que Fabre publia dans Paris-Canada en faveur de la mise en place d’une telle ligne de navigation. Il apparaît que ces articles, en jouant sur l’argument sentimental, cherchaient à faire du commerce avec le Canada une cause patriotique.

Quelques recherches académiques consacrées à l’histoire des relations internationales du Canada et de la province de Québec peuvent également nous être utiles dans la recherche que nous entreprenons. Mentionnons d’abord le mémoire de maîtrise de Louise Beaudoin qui, s’il aborde surtout les relations France-Québec de 1960 à 1974, consacre son premier chapitre aux relations établies entre 1855 et 1910.29 Sans être une étude comparative des deux périodes, ce mémoire souligne le fait que le nationalisme et le néo-nationalisme québécois, lorsqu’ils décidèrent de se doter d’une représentation à l’étranger, se tournèrent d’abord du côté de la France. Deux autres travaux nous semblent particulièrement pertinents. Le premier est une thèse de Maurice Dupasquier30 consacrée à la réception par la presse québécoise des voyages de Laurier en France de 1897 et de 1902. La seconde étude est un mémoire de maîtrise de Philippe Prévost31 sur les relations entre la France et de Canada de 1896 à 1911. Ces deux études insistent sur le rôle décisif joué par le premier ministre Laurier, premier francophone à la tête du pays, dans l’établissement des relations commerciales et culturelles du Canada avec la France. Laurier sut habilement tirer parti de l’Entente cordiale entre l’Angleterre et la France afin de rapprocher le Canada de cette dernière. Le Canada, pays anglophone ayant un francophone à sa tête, fut présenté comme un exemple réussi de cet idéal de concorde et de bonne entente entre les nations.

Comme le démontrent les recherches de Pénisson, le commissaire canadien fut pendant longtemps une figure centrale des relations entre le Canada et la France. Malgré cela, il n’existe aucune étude directement consacrée au rôle du commissariat dans les relations entre la France et le Canada à la fin du XIXe siècle. Cela peut être attribué à un manque d’intérêt de la part des historiens pour un poste ne bénéficiant d’aucune reconnaissance officielle. La revue Paris-Canada, pourtant utilisée comme source dans les recherches précédemment citées, ne semble pas davantage attirer l’attention. Pourtant, il est acquis que Fabre eut une influence déterminante sur les relations du Canada avec la France. Dans le second tome de son Histoire sociale des idées au Québec, l’historien Yvan Lamonde mentionne pourtant cette influence en des termes évocateurs : « Si le retour officiel de la France en 1855 avait été symbolisé par La capricieuse et son commandant, M. Belvèze, le premier quart du XXe siècle des relations franco-québécoises est à mettre à l’enseigne de l’effet Fabre »32.

Le commissaire Hector Fabre

Nous n’avons trouvé qu’un seul article, assez court, traitant spécifiquement du rôle du commissariat et de la revue Paris-Canada dans l’établissement d’échanges culturels entre la France et le Québec à la fin du XIXe siècle. Publié dans le numéro d’automne 1996 de la revue Études françaises, l’article « Hector Fabre et le Paris-Canada au cœur de la rencontre culturelle France-Québec de la fin du XIXe siècle »33 de Daniel Chartier fait un rapide survol du rôle culturel du commissaire Fabre et de sa revue. Essentiellement préoccupé par l’impact littéraire de cette rencontre, l’auteur précise l’intérêt qu’il peut y avoir à étudier la revue du commissariat : « Paris-Canada est une source documentaire unique dont l’examen permet de repérer quelques-unes des rares traces de la richesse des réseaux interpersonnels, des groupes d’amitiés et des relations qui se sont créées à la fin du XIXe siècle entre la France et le Québec ».34

L’article de Chartier repose sur la thèse suivante : le commissariat du Canada aurait largement favorisé la formation de réseaux culturels entre la France et le Québec en fournissant un moyen de contourner le cadre officiel de l’empire britannique. Ainsi, malgré son statut non officiel, Hector Fabre doit être placé au centre de ce rapprochement : « Le caractère exceptionnel du rôle du commissaire tient pour beaucoup à sa personnalité et à l’habileté avec laquelle il a su créer autour de lui et en faveur du Canada français un réseau de relation et d’influence »35.

La famille Fabre est bien connue puisqu’elle a fait l’objet de deux monographies dans les années 1970, Édouard-Raymond Fabre : libraire et patriote canadien (1799-1854)36 de l’historien Jean-Louis Roy et La chronique des Fabre37 de l’écrivain Gérard Parizeau. Le premier ouvrage est une biographie de Édouard Raymond Fabre, le père de Hector, qui fut libraire à Montréal puis maire de cette ville de 1849 à 185l. Sa lecture nous informe sur la famille Fabre et son milieu, l’élite montréalaise cultivée, nationaliste et francophile, ainsi que sur ses liens avec le mouvement patriote. Les nombreux voyages en France ainsi que les liens de la famille Fabre avec la librairie Bossange de Paris retiennent particulièrement notre attention.

Le livre de Gérard Parizeau trace un portrait des membres importants de la famille Fabre : le libraire Édouard Raymond, ses fils Édouard-Charles et Hector, ainsi que sa fille Hortense. C’est le livre à lire pour quiconque s’intéresse aux rôles joués par cette grande famille canadienne française du XIXe siècle. Le chapitre sur Hector constitue la biographie la plus complète que nous possédons du personnage. L’auteur y rapporte de nombreuses anecdotes sur le caractère et la personnalité du commissaire canadien. Il décrit Fabre comme un « homme d’esprit, élégant et disert, français de formation et de goût »38. Libéral modéré, il admet l’autorité de l’Église en matière de religion, mais il lui refuse toute prépondérance sur la politique. Parizeau aborde le commissariat sous son aspect le plus pratique. La revue Paris-Canada est essentiellement mentionnée en tant qu’outil d’une œuvre de propagande. Toutefois, Parizeau précise que Fabre ne s’est pas limité à faire la promotion de la colonisation. À de nombreuses reprises, il prit la plume afin d’expliquer à ses lecteurs les subtilités du statut politique de la colonie.

Si le nom de Hector Fabre ne nous est pas totalement inconnu aujourd’hui, c’est essentiellement en raison de sa carrière d’écrivain et de journaliste. Outre ses nombreux articles et chroniques qu’il écrivait dans L’Événement, Hector Fabre a également publié quelques brochures ainsi qu’un recueil de chroniques réédité en 198039. Sylvain Simard, dans sa contribution à l’ouvrage L’essai et la prose d’idée au Québec40, s’est penché sur la carrière littéraire de Fabre. Il souligne le caractère éclectique d’une œuvre qui comprend des éditoriaux, des chroniques, des conférences, des critiques ainsi que quelques écrits polémiques. Cette diversité, le style, ainsi que l’originalité des écrits de Fabre amènent Simard à inscrire celui-ci du côté des essayistes canadiens français.

Si, grâce aux travaux de Yon et de Sylvain Simard, la perception française du Canada est un objet relativement bien connu, les efforts déployés par le Canada pour se faire connaître en France demeurent peu étudiés. Comme nous avons pu le constater, la plupart des études concernant cette période insistent sur la distance qui, du moins sur le plan des idées, sépare le Canada français catholique et conservateur de la France républicaine. Les travaux de Savard sur Tardivel, ainsi que ceux de Lamonde, illustrent parfaitement la méfiance des Canadiens français envers la France contemporaine. Le fossé qui existait sur le plan des idées ne doit toutefois pas faire oublier les efforts concrets qui furent déployés par le gouvernement canadien et celui de la province de Québec pour établir des liens durables avec la France réelle. Pendant le dernier quart du XIXe siècle, le commissariat et son titulaire furent au centre de tout ce qui toucha au rapprochement entre les deux pays. Pourtant, en dehors des travaux de Pénisson, peu d’études sont consacrées à la contribution du commissariat au rapprochement franco-canadien de la fin du XIXe siècle. Bien qu’il se limite officiellement à l’immigration et aux relations commerciales, le rôle du commissaire du Canada fut, pour une large part, celui d’un représentant culturel. L’étude de la revue Paris-Canada que nous entreprenons vise à contribuer à une meilleure compréhension des liens complexes qui existaient alors entre la portion francophone de la colonie britannique et son ancienne mère patrie.

Problématique et hypothèse

Au cours de notre recherche, nous souhaitons montrer comment la revue Paris-Canada s’y est prise afin de faire la promotion du Canada en France. En tant qu’organe officiel du commissariat, la revue a pour objectif d’encourager l’émigration et les investissements français au pays. Elle est donc, à l’instar du commissariat canadien, avant tout investie d’une mission pragmatique. Cependant, comme le mentionne Daniel Chartier, le commissariat canadien et sa revue ont également joué un rôle essentiel dans la rencontre culturelle entre le Canada et la France de la fin du XIXe siècle. C’est cette interrelation complexe entre la rencontre culturelle et les aspects plus pragmatiques des relations franco-canadiennes que nous voulons faire ressortir. La thèse de Chartier, qui considère que le commissariat et sa revue ont permis de contourner le cadre de l’Empire britannique, mérite que l’on s’y attarde. La revue et le commissariat constituent en effet une sorte de lien direct entre les deux pays. Une analyse exhaustive du contenu de la revue Paris-Canada, souvent citée comme un instrument important dans l’établissement de relations durables entre la France et le Canada au tournant du XXe siècle, est essentielle pour mieux comprendre la nature du travail de promotion de Hector Fabre.

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Paris-Canada, le 1er avril 1898, sous la direction de Paul Fabre. On aperçoit les armoiries de la ville de Paris et du Canada

Le bilan historiographique présenté plus avant a démontré que les auteurs ont fréquemment utilisé la revue pour alimenter leur réflexion, mais une étude approfondie de son contenu révèlerait les différentes stratégies utilisées par le commissaire pour consolider les liens franco-canadiens. Comment le commissaire Fabre concevait-il les relations entre le Canada, la France et l’Empire britannique ? Quelle place accordait-il au commerce, à la politique, à la culture dans sa revue ? Cette dernière aurait-elle servi à promouvoir une certaine autonomie du Canada face à l’Empire britannique ? Quelle place est accordée à la vie française dans la revue puisqu’un de ses objectifs est aussi de faire connaître la France aux Canadiens ? Autant de questions,  autant de réponses qui, tout en nous permettant de mieux définir la pensée d’Hector Fabre, apporterons un éclairage nouveau sur cet instrument de promotion du Canada qu’a été la revue Paris-Canada durant 25 années.

Nous émettons l’hypothèse que Fabre, ami du premier ministre Laurier, a voulu, dans sa revue, livrer à la France l’image d’une nouvelle nation ou régnait la bonne entente entre francophones et anglophones. La nécessité d’attirer des immigrants vers les nouvelles provinces de l’Ouest l’aurait aussi incité à faire la promotion des grands espaces canadiens. Par contre, le caractère francophone du pays représentant le meilleur argument du commissaire pour promouvoir le Canada en France, il aurait fortement insisté sur les multiples liens culturels unissant les deux pays.

La principale difficulté de notre recherche tient à l’étendue de la période prise en compte. Vingt-cinq ans, à raison de vingt-quatre numéros par année, cela fait six cents numéros faisant chacun de quatre à huit pages. Nous ne pouvons procéder par une sélection d’articles puisque c’est la revue elle-même, dans sa totalité, qui sert les intérêts canadiens en France. Nous avons donc procédé à un échantillon. En sélectionnant deux numéros par année, soit un numéro tous les six mois, et en tenant compte des interruptions de parutions et des numéros manquants, nous avons obtenu un corpus de quarante-quatre numéros. Ce chiffre nous apparaît suffisamment consistant pour mener à bien l’étude que nous entreprenons.41 Notre corpus contient un total de 325 articles que nous avons répartis selon les thèmes principaux suivants : économie, politique, immigration, culture, vie sociale, amitié franco-canadienne et histoire. À ces thèmes principaux s’ajoutent un certain nombre de thèmes secondaires qui permettent d’obtenir un portrait plus juste de la diversité des sujets traités par la revue.

Le fait que notre mémoire porte sur une revue dont l’objectif est de faire connaître le Canada ne signifie pas que l’on doive se limiter à décrire l’image qu’elle donne du pays. C’est la revue en elle-même, en tant que source privilégiée du rapprochement franco-canadien, qui est notre objet d’étude. C’est parce que Paris-Canada est le journal français d’une population d’origine française vivant dans une colonie britannique qu’il mérite notre attention. Son contenu est nécessairement marqué par les attentes des Canadiens français envers la France. Le prochain chapitre, consacré à la naissance du commissariat canadien et de la revue Paris-Canada, va nous permettre de définir certaines de ces attentes.

Notes

1  Pierre Savard, « Les Canadiens français et la France de la cession à la révolution tranquille », dans Paul Painchaud (dir.), Le Canada et le Québec sur la scène internationale, Montréal, PUQ, 1977, p. 471.

2  André Patry, Le Québec dans le monde, Ottawa, Lemeac, 1980, p. 63.

3  Armand Yon, Le Canada français vu de France (1830-1914), Québec, PUL, 1975.

4  Ibid., p. 14.

5  Ibid., p. 187.

6  Ibid., p. 188.

7  Ibid., p. 189.

8  Sylvain Simard, Mythe et reflet de la France, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 1987.

9  Ibid., p. 14.

10  Ibid., p. 307.

11  Ibid., p. 16.

12  Ibid., p. 258.

13  Pierre Savard, Jules-Paul Tardivel, La France et les États-Unis 1815-1905, Québec, PUL, 1967.

14  Pierre Savard, Le consulat général de France à Québec et à Montréal 1859-1914, Québec, PUL, 1970.

15  Yvan Lamonde, Allégeance et dépendance : l’histoire d’une ambivalence identitaire, Québec, Édition du Nota Bene, 2001.

16  Ibid., p. 138.

17  Yvan Lamonde et Didier Poton (dir.), La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), Québec, PUL, 2006.

18  Bernard Pénisson, « Le commissariat canadien à Paris (1882-1828) », RHAF, 34, 3, (décembre 1980), p. 357-376.

19  Ibid., p. 357.

20  Ibid., p. 369.

21  Bernard Pénisson, « La représentation du Canada en France au début du XXe siècle », Études canadiennes, no 33, 1992, p. 61-71.

22  Ibid., p. 60.

23  Ibid.

24 Bernard Pénisson, « L’Émigration française au Canada 1882-1929 », dans L’émigration française : étude de cas Algérie-Canada-États-Unis, Paris, Société française d’histoire d’outre mer, Publication de la Sorbonne, 1985, p. 52-106.

25  Ibid., p. 86.

26  Ibid., p .97.

27  Ibid., p. 60.

28  Bernard Pénisson, « Les relations commerciales franco-canadiennes 1880-1914 », dans Jacques Portes (dir.) Le fait français et l’histoire du Canada XIX-XXe siècle, Paris, Société française d’histoire d’outre mer, 1990, p. 35-73.

29  Louise Beaudoin, « Les relations France-Québec : deux époques 1855-1910, 1960-1972 », mémoire de maîtrise, Université Laval, 1974.

30  Maurice Dupasquier, Les répercussions des voyages de Laurier en France, 1897 et 1902, dans la presse québécoise, Thèse de doctorat,Québec, Université Laval, 1967.

31  Philippe Prévost, « Les relations franco-canadiennes de 1886 à 1911 », Mémoire de maîtrise, Paris,Université de Paris-Sorbonne, 1984.

32 Yvan Lamonde, Histoire sociale des idées au Québec : 1896-1929, Montréal,Fides, 2004, p. 230.

33  Daniel Chartier, « Hector Fabre et le Paris-Canada au cœur de la rencontre culturelle France-Québec de la fin du XIXe siècle », Études françaises, vol. 32, no 3, 1996, p. 51-60.

34  Ibid., p. 52.

35  Ibid., p. 55.

36  Jean-Louis Roy, Édouard-Raymond Fabre, libraire et patriote canadien (1799-1854), Montréal, Hurtubise HMH, 1974.

37  Gérard Parizeau, La chronique des Fabre, Montréal, Fides, 1978.

38  Ibid., p. 143.

39  Hector Fabre, Chroniques, Montréal, Guérin, 1980.

40  Sylvain Simard, « Hector Fabre : essayiste et homme de lettre », dans Paul Wyczynski, François Gallays et Sylvain Simard (dir.), L'Essai et la prose d'idées au Québec, Montréal, Fides, 1985, p. 281-293.

41  Nos résultats doivent toutefois êtres relativisés par le fait que notre échantillon ne couvre que 7 % des numéros publiés.

Pour citer ce document

, « Chapitre 1. Historiographie et problématique », La revue Paris-Canada (1884-1909) et les relations franco-canadiennes à la fin du XIXe siècle, ouvrage de Philippe Garneau Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/la-revue-paris-canada-1884-1909-et-les-relations-franco-canadiennes-la-fin-du-xixe-siecle/chapitre-1-historiographie-et-problematique