Presse, prostitution, bas-fonds (1830-1930)

La justice en rose : regards sur la prostitution à travers les petites chroniques judiciaires de Geo London

Table des matières

AMÉLIE CHABRIER

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Illustration 1 : Détail de couverture de Geo London, Les Jeux de l'amour et de la barre, illustrations de A.- G. Badert, Lyon, Roger Bonnefon, 1945.

Dès le XIXe siècle, avec le développement dans la presse de l’information judiciaire, est apparue la « petite chronique » en parallèle du grand compte rendu de cour d’assises, pour des affaires de justice civile ou de police correctionnelle. Son but, bien plus que de rapporter fidèlement une audience, est de faire rire les lecteurs, comme le fait remarquer Philibert Audebrand dans Un café de journalistes sous napoléon III en 1888:

Vous tous qui, pour vous distraire, lisez dans les feuilles du Palais de justice le compte rendu de la police correctionnelle, vous croyez naïvement suivre des yeux un travail de sténographie. Il n’en est rien, puisque ces scènes comiques, si semblables aux fantaisies d’Henri Monnier, reposent souvent sur un fait insignifiant ou tout au plus sur un nom baroque de délinquant et de témoin. Ces dialogues, ces faits si grotesques, ce fou rire qui court comme une étincelle électrique d’un bout d’une saynète à l’autre, ce n’est qu’une affaire d’imagination et l’enfantement d’un rédacteur had hoc1.

La petite chronique est plus affaire de réécriture fictionnalisante que de retranscription fidèle et exhaustive des débats, ce qui explique sans doute que l’on rencontre très tôt ces articles en recueils, telle La Correctionnelle, illustrée par Gavarni en 1840, les Causes gaies d’Émile Colombey en 1859, La Correctionnelle en province, en 1860 de Carro A., sans oublier les nombreuses rééditions entre 1881 et 1894 des Tribunaux comiques de Jules Moinaux, chroniqueur pour La Gazette des tribunaux. Au XXe siècle, Marréaux-Delavigne pour le Journal, Camille Dugas pour Le Matin ou encore Virgile Giffard au Petit Parisien s’inscrivent dans cette tradition, tout comme le célèbre chroniqueur judiciaire de l’entre-deux guerres Geo London et sa rubrique des « petits procès pittoresques » dans le Journal2.

Dans ces petites chroniques, parfois comparées au fabliau ou à la farce3, il n’est pas rare que le rire repose sur le bas corporel. L’un des recueils de Jules Moinaux s’intitule par exemple Causes grasses et causes salées4, et rassemble des affaires de mœurs, entre autres adultères et outrages à la pudeur. Si curieusement au XIXe siècle le monde de la prostitution semble tenu à l’écart de ces chroniques, Geo London en se faisant le spécialiste « des histoires en rose » selon les termes de Frédéric Chauvaud, lui accorde une place importante. En effet, plus d’un tiers des chroniques qu’il rassemble dans des recueils illustrés aux titres évocateurs, La justice en rose, L’amour corrigé, Vénus and Cie en correctionnelle, Embuscades de l’amour5,est consacré à l’exploration des bas‑fonds désormais appelés « milieu », mais qui suscitent toujours « curiosité et fascination6 ».

Dans ces articles, le chroniqueur met en scène le paradoxe de ces affaires d’alcôves qui tournent mal, à savoir l’exposition publique de scènes très … privées. Toute la difficulté réside alors dans le fait de maintenir cette atmosphère de mystère et de secret, tout en rendant compréhensible l’affaire pour les lecteurs. Pour se faire, Geo London privilégie la légèreté, propice aux sous-entendus complices et aux allusions égrillardes. Dans ce jeu des apparences, lui-même adopte une posture volontiers duelle pour rendre compte de cette dialectique autour de la révélation et du secret, du cacher/dévoiler, entre reporter apportant des informations concrètes sur ce monde et fabuliste contribuant à le déréaliser, entre critique du spectacle judiciaire faisant tomber les masques et dupe de la comédie à chaque fois renouvelée qui se joue dans le prétoire, enfin entre garant de la moralité de sa propre chronique et trublion participant de l’atmosphère grivoise qui semble régner à l’audience.

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Illustration 2 : Couverture de L'Amour corrigé, op. cit.

Reporter et fabuliste

C’est d’abord en cicerone fort de son expérience des tribunaux correctionnels et de son métier de « chroniqueur judiciaire, qui procure tant de jolies relations7 », que Geo London présente certains délits liés à la prostitution. Celle-ci, légale à condition d’être déclarée à la préfecture de police, c’est-à-dire d’être une « femme soumise » ou « encartée », ne conduit pas devant le tribunal. En revanche, un des délits fréquemment jugés est celui de proxénétisme, autrement appelé dans le langage juridique « vagabondage spécial8 ». Les schémas les plus courant sont un mari qui prostitue sa femme, ou un « macque » qui séduit une jeune femme et lui annonce ensuite, une fois l’acte consommé, qu’elle lui appartient, tant qu’elle n’aura pas réglé sa « dette d’honneur ». Par de petits récits introductifs, le chroniqueur nous donne à voir le quotidien de ces femmes, rendu dans l’exemple suivant par l’usage de l’imparfait : 

Vers minuit, Duvallois [le mari] fermait sa T.S.F et s’en allait voir « comment ça marchait ». Sa femme lui glissait la recette, et il rentrait chez lui, tandis que Madame restait en faction en vue des clients éventuels de la dernière « rame » qui sont toujours, d’après la rumeur…publique, les plus généreux9.

On trouve aussi des tenancières de maisons closes accusées « d’incitation à la débauche » sur des mineures, des cas de « prostitution clandestine », ou des filles et leurs clients arrêtés pour « outrage à la pudeur » sur la voie publique. Mais le délit qui revient le plus souvent est celui du vol à l’entôlage10 : le client, entraîné par une prostitué, est volé par des complices. Geo London en décrit ici en observateur aguerri le mécanisme bien huilé :

J’ai toujours constaté qu’il [l’entôlage] était pratiqué à Paris par d’expertes professionnelles et, la plupart du temps, dans des hôtels spéciaux où tout le personnel est complice, depuis la caissière, apparemment absorbée dans un roman-feuilleton, jusqu’à la femme enchifrenée qui vient, comme par hasard, en traînant les savates, apporter au milieu de la petite fête une serviette douteuse. Garnis truqués dont les portes sont soigneusement graissées pour pouvoir être ouvertes sans bruit tandis que les vestiaires, dans les chambres, sont agencés de manière à faciliter les tours de prestidigitation de mesdames les artistes…11

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Illustration 3 : Un entôlage, dans « Chute d’une honnête femme », L’Amour corrigé, op. cit., p. 27.

À travers l’exposition de ces délits, le lecteur est mis en présence d’un monde étranger, avec ses codes, ses us et coutumes, que le chroniqueur se fait un plaisir de déchiffrer et d’utiliser. Des lieux de la capitale sont associés à la prostitution, par exemple les « trottoirs du Sébasto », c’est-à-dire du boulevard Sébastopol, le quartier de Montmartre, ou le bois de Boulogne. Une terminologie technique et professionnelle entendue dans le prétoire est reprise pour pimenter les récits : « bobinard (maison close), garno (hôtel de passe), michet (client), poisson (souteneur), proposer la botte (proposer à quelqu’un de faire l’amour) … » Le pittoresque de ces scènes est renforcé par l’adjonction de surnoms pour les personnages du « milieu » : les filles se nomment Peau‑de‑pêche, Jaja, Nono, Marie la vache, la petite Belge ; les macques Jo‑le‑balafré, Jo‑le‑tatoué, Dédé‑belle‑gueule…enfin Geo London donne à voir les prostituées dans l’exercice de leur art, par exemple « l’invite rituelle : tu viens, chéri ?12 »

Mais comme l’écrit le chroniqueur, « ce qui fait le charme du palais de justice pour celui qui le hante régulièrement, c’est cette sensation de renouvellement perpétuel qu’on y éprouve dans un monde apparemment commandé par un rythme et des rites immuables13 ». La composition des différents recueils étudiés, loin d’être représentatifs des délits jugés14, tient de cette esthétique de la variation, et le journaliste se défend de proposer au lecteur des histoires répétitives : 

Ne vous récriez pas, sous prétexte que c’est une histoire que je vous ai déjà contée quelques pages plus haut, ce qui prouve que l’industrie de l’entôlage n’est pas de celles qui souffrent des circonstances économiques actuelles. Non, ne vous récriez pas, car l’histoire, cette fois, est beaucoup plus piquante que vous ne pouvez l’imaginer15.

Aussi prend-il soin de renouveler les cas présentés, en faisant variés les motifs, ou en recherchant les cas atypiques et inédits : dans « Le coup du chapeau », Geo London présente ainsi une technique de racolage particulière pratiquée dans la cité phocéenne :

Le « coup du chapeau » est classique à Marseille. le touriste ingénu qui s’aventure dans une rue du quartier réservé, singulièrement dans la plus célèbre : la rue Bouterie, voit soudain la main preste d’une fille rieuse lui enlever son couvre-chef et celui-ci disparaître. C’est une invite. Moins tendre que le : « viens-tu, chéri ? » de notre Chaussée-d’Antin, elle est souvent plus tentante : pour reconquérir son bien, le passant se résigne à une autre conquête. C’est moins coûteux et plus agréable que de retourner chez le chapelier16.

Le chroniqueur s’emploie aussi à souligner les inversions par rapport aux modèles les plus courants, par exemple les cas de prostitution masculine, les entôlages au masculin ou les entôleuses entôlées17. Enfin certaines affaires semblent choisies pour les pratiques sexuelles inattendues qu’elles révèlent, comme dans la lecture « d’étranges missives » adressées à la directrice d’une fausse « agence matrimoniale », qui propose en réalité des prostituées sur catalogue. Ainsi, un « vieillard » soi-disant en quête d’une épouse « désir[e] une conjointe sachant fouetter… » Et le Président d’ajouter, en interrogeant l’inculpée : « — Et ce colonial vous demandant de rencontrer un jeune garçon, rêvait-il, lui aussi, de mariage ?18 »

Mais c’est surtout par sa plume que Geo London transforme ces petits faits souvent sordides en anecdotes dignes d’intérêt. Le journaliste peut s’amuser avec l’onomastique, soulignant l’adéquation d’un nom avec la cause jugée, telle « Marguerite Fouillard – nom qu’on eût point inventé – accusée d’avoir fouillé les poches d’un client de rencontre19 ». Dans le cas de « Mlle Prudence », on se doute qu’au contraire c’est par antiphrase que « le prénom symbolique » a été retenu : « Subitement très rouge, Mlle Prudence interrompt son récit. Tout le monde comprend qu’en dépit de son prénom elle a poussé un peu loin son roman d’amour20. »

De plus Geo London greffe au langage déjà haut en couleur du « milieu » tout un réseau d’images qui contribue à déréaliser cet univers. La trivialité de la prostitution est ainsi mise à distance par l’usage fréquent de périphrases : renvoyant à l’étymon grec de « péripatéticienne » ainsi qu’à l’appellation de « marcheuses », les filles sont tantôt des « passantes nocturnes et professionnelles », tantôt des « spécialistes évidentes de la marche à pied », ou encore des « fonctionnaires de l’amour, qui pour rien au monde ne changeraient de trottoir21 ». Le chroniqueur se sert aussi d’expressions figées et de proverbes, qu’il détourne : elle exerce « ses talons et ses talents22 », jouant de la paronomase ; « son métier est fatigant et les trottoirs sont durs...23 », remplaçant « temps » par « trottoirs », avec l’allitération en [T]. Ainsi, malgré cette précaution oratoire rencontrée dans une chronique, « d’ailleurs, quel besoin ai-je de recourir aux périphrases ?24 », cette figure de style est emblématique de ces recueils, tout comme celle de la métaphore : Geo London présente le « milieu » comme un véritable zoo. Le terme de « poisson », utilisé dans l’argot pour désigner un souteneur, donne lieu à de nombreux jeux de mots dans les titres, « cordon et poisson bleus », « poisson d’avril », « heureux comme un poisson dans l’eau ». Les clients sont des « cochons » ou des « pigeons » qu’on « fait roucouler » tandis qu’on les « plume ». La « cocotte », devient pour son proxénète une « poule aux œufs d’or » ; inversement un jeune homme qui se prostitue est soigné par la veuve qui l’emploie, « comme un coq en pâte » :

Seulement il paraît qu’il n’était pas coq du tout, ce qui fâcha fort la dame, inassouvie sans doute par un trop bref conjungo. Elle finit par en avoir assez d’offrir à son pensionnaire bon souper et bon gîte, alors qu’il dédaignait, par paresse ou incapacité, de lui donner en échange le reste…qu’elle souhaitait tant.

Le quinzième jour exactement, le coq toujours aphone l’irrita au point qu’elle lui signifia son congé25.

Enfin l’animalisation procède parfois par synecdoque : dans un portrait de tenancière de maison close, Geo London s’arrête sur « la note coquine […] donnée par une sauterelle d’argent piquée dans la tache d’encre du chapeau ». Outre le mot-valise26, la sauterelle sert à désigner les réactions de Mme D., « la sauterelle de Mme D. s’agite en signe d’assentiment », jusqu’à l’incarner : « Soubresaut indigné de la sauterelle d’argent27. »

C’est presque l’univers de la fable qui se déploie ici, et on ne s’étonnera pas de rencontrer une victime « honteuse et confuse comme un renard qu’une poule aurait pris28 ». Cette citation qui fait l’amalgame de deux textes de La Fontaine n’est pas une exception, et le jeu intertextuel avec la littérature, la mythologie, et la chanson contribue également à la déréalisation de ces chroniques. Marivaux apparaît derrière le titre du recueil Les Jeux de l’amour et de la barre ; les personnages de l’abbé Prévost servent à désigner un couple pratiquant la prostitution illégale, composé d’un « Des Grieux d’outre-Rhin et [de] sa Manon rhodanienne» ; enfin en 1941 dans une alerte à la bombe qui frappe Paris, « sans y avoir assisté, [Geo London se] représente fort bien [une] scène [dans une cave d’immeuble bourgeois], pendant de celle que Maupassant peignit dans Boule de Suif et qui se déroulait durant l’antépénultième guerre29. »

Geo London utilise aussi le registre héroï-comique pour dépeindre le milieu, désignant les filles des bas-fonds par les noms des habitantes de l’Olympe, « Vénus professionnelle », « Minerves peut-être locales et Junons sans expérience », ou encore « Andromède du Sébasto30 ». Si le chroniqueur procède le plus souvent par touches allusives, il peut parfois filer l’analogie, comme dans cet exemple où un « passeur de filles » est assimilé au nocher des Enfers « Charon » : 

SUR LA BARQUE A CARON
Le Caron qu’il [le président] a devant lui, se prénomme Maurice.
L’enfer vers lequel il transporte ses voyageurs (en l’espèce des voyageuses) est considéré par certains comme une manière de Paradis. Un paradis payant…un paradis où on ne fait que passer pour y goûter d’éphémères (et souvent artificielles) extases31.

L’humour peut même se faire sacrilège, par allusions à des personnages bibliques, comme « cet honorable vieillard [qui] se plaît à être entouré d’une joyeuse compagnie de Suzanne dont aucune n’est chaste. Hé ! Hé !32 » Enfin, les images appellent parfois le registre populaire de la chanson, comme cette « brunette piquante, aux yeux de feu, dont la vue évoque, dans [la mémoire du chroniqueur], de vieux couplets grivois du quartier latin célébrant les talents d’une jolie pécheresse qui lui ressemblait comme une sœur33. »

Ces petites chroniques judiciaires permettent donc de pénétrer le « milieu » et de le voir fonctionner, même s’il est mis à distance par le prisme littéraire et l’ironie qui caractérisent l’écriture de Geo London. Mais la publicité de ces débats permet également de mettre en lumière, le temps d’un procès, ces individus de l’ombre. Ce qui d’ordinaire est caché, secret, d’ordre privé, est dévoilé, révélé au grand jour, rendu public, l’un des plus grands plaisirs du chroniqueur étant de faire tomber les masques de ce petit théâtre de la correctionnelle.

Critique et dupe

L’analogie entre le théâtre et le tribunal n’est pas nouvelle, et se retrouve régulièrement sous la plume de Geo London qui déclare que « le palais de justice est bien le plus varié des théâtres » ou que « le spectacle que vient […] d’offrir, dans le genre, la 17e chambre, fut vraiment inédit et sensationnel34 ». Alors que la cour d’assises donne à voir des tragédies à ses spectateurs, ici c’est le comique que l’on recherche et que la chronique s’emploie à retranscrire35. Ainsi, lorsqu’un avocat lâche un bon mot et pratique le comique de répétition, sur le mode de la gauloiserie puisqu’il s’agit d’une affaire de prostitution, le journaliste en rend compte en soulignant son effet :

Avocat — Monsieur, je ne veux pas m’étendre…
Le mot à du succès.
Au Palais comme au théâtre, la répétition d’un effet est irrésistible. On rit encore36.

Les inculpés, témoins ou victimes sont alors montrés comme des comédiens, conscients de la dimension spectaculaire du procès : telle prostituée est décrite fardée et habillée comme pour le soir d’une première, avec « tous ses bijoux pour le grand jour, évidemment attendu par elle, de cette audience37 ». Une autre « s’est faite très belle pour venir au Palais et, pour s’exprimer devant ces messieurs, soigne gentiment sa diction38 ». Le journaliste, qui se mue pour l’occasion en critique de théâtre, montre des inculpées habiles à jouer la comédie : une prostituée accusée d’outrage à la pudeur « pleure soudain. Puis, aussi subitement, ses larmes se tarissent, et d’une voix tranquille, elle murmure […] ». Il se montre même admiratif de la prestation : « Ah ! les yeux étonnés de Mlle Micheline Marnot ! C’est vraiment du beau travail, de l’imitation parfaite...39 » Mais Geo London relève surtout pour s’en moquer les actrices se trompant de registre et se présentant à la barre « avec la majesté [de] reine de tragédie offensée40 ». Il souligne alors la piètre qualité de la prestation, telle cette prostituée qui tente d’imiter la posture d’une tragédienne mais que son corps et son langage trahissent :

Mme Angélique Tanyre lève vers le plafond deux mains grasses aux doigts boudinés, tandis que son opulente poitrine se soulève en un soupir mélancolique.Angélique Tanyre – J’sais pas, moi, mais quand on cause tranquillement avec un homme, qu’on est en règle et tout et qu’on vient vous agrafer, on peut pas dire merci41.

Le défilé des inculpés, témoins et victimes à la barre peut ainsi prendre les allures d’une mascarade. Les prostituées sont souvent croquées par quelques traits caractéristiques, la couleur de leurs cheveux, leurs formes plantureuses, leurs paupières « lourdes de maquillage » ou le clinquant de leurs bijoux. Parfois le chroniqueur se contente juste de faire appel à l’imagination du lecteur, renvoyant aux images stéréotypées de ce « type » et aux illustrations qui accompagnent les chroniques, comme pour une fille [qui] « se dit vendeuse, et on devine tout de suite ce qu’elle vend42. »

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Illustration 4 : Des filles, dans Embuscades d'amour, op. cit., p. 225.

Dans cette galerie des portraits, une correspondance peut s’établir entre l’extériorité et l’intériorité d’un personnage : 

M. Léon est un blême et long vieillard aux yeux glauques. Sa barbe, qui dut être rousse, a pris un ton verdâtre, par endroits, marron sombre, ailleurs. On a l’impression qu’elle est parsemée de corps étrangers d’origine alimentaire.
Son corps maigre agité d’un tremblement continu s’enveloppe dans une jaquette aux pans aérodynamiques et au col abondamment saupoudré de pellicules43.

Or on apprend que cet individu qui inspire immédiatement le dégoût est accusé d’outrage à la pudeur et soupçonné de pédophilie, sur un enfant prostitué par sa mère. Nombre d’accusés aux figures patibulaires défilent donc à la barre, ayant pour ainsi dire, la tête de l’emploi, que le chroniqueur s’amuse à deviner :

Vous me direz que j’aurais pu facilement satisfaire ma curiosité en consultant le feuilleton de l’audience, ce programme officiel, complet et gratuit des spectacles de la correctionnelle. Mais aucun jeu n’est plus amusant pour un critique judiciaire que celui consistant à placer sur la figure d’un inculpé [le délit qu’il a commis]

Cependant à ce jeu de devinettes, le journaliste échoue souvent, mettant en scène sa propre surprise lorsque tombent les masques : il qualifie un témoin « d’étonnant », se représente volontiers comme étant la dupe du jeu des apparences trompeuses, et exprime parfois directement son étonnement : « Ah ! nous ne l’eussions jamais imaginé ainsi44. »

Au fil des chroniques, de multiples figures de Janus, duelles, sont dévoilées et le journaliste joue de ces contraires contenus dans une seule et même personne. Ainsi on croise « Un grave ingénieur, qui à certains moments, sait être folâtre » ; « un sexagénaire alourdi, couperosé, poussif, aux allures de grand‑père » accusé d’exercer le métier de souteneur ; un « dur » qui paraît « mou » ; « un vilain monsieur [qui] se présente sous les traits d’un assez joli garçon ». Un homme victime d’entôlage est d’abord décrit comme « austère », ce qui va contraster ensuite avec sa « verve naturaliste45 » : 

Cet étonnant témoin, qui occupe un certain rang social et est, à coup sûr, dans l’ordinaire de la vie un fort galant homme, paraît prendre une sorte de volupté sadique à la description des moindres détails de son entretien à trois. Un gars du milieu s’exprimerait avec plus de délicatesse.

Enfin, une jeune femme « gantée de blanc, l’air très ému, baissant pudiquement les yeux », se révèle être en réalité une prostituée accusée pour la quatrième d’outrage à la pudeur. Le tribunal sert à « ce que nous découvrions tout de suite la véritable personnalité de cette jeune femme aux allures si suaves. » Le masque tombe, ou plutôt ici les gants blancs, révélant « de grasses mains aux doigts boudinés, des mains de travailleuse !46 »

Sur le petit théâtre de la correctionnelle, on retrouve donc les « marlous » et les « girls » du « milieu », mais aussi des personnages imprévus qui en société cachent bien leur jeu, qu’ils s’agissent de clients piégés, riches étrangers en goguette à Paris ou bons bourgeois mariés en quête d’une amourette, ou d’individus menant une double vie, vieillard proxénète ou dandy souteneur. Dans ses petites chroniques Geo London rend compte de cette duplicité généralisée et invite le lecteur à se méfier des apparences sous lesquelles se cachent les vices et délits de tout un chacun. Cependant le chroniqueur, très présent dans ses articles, ne semble pas condamner mais plutôt regarder « avec une objectivité affectueuse et narquoise, sévère aussi parfois47 », ceux qui s’agitent dans le prétoire : au rôle de censeur qu’il prétend tenir, il semble souvent préférer celui de trublion, maintenant toujours une distance ironique avec les affaires jugées.

Censeur et trublion

Le rire qui traverse ces recueils est un rire de connivence : il crée tout d’abord une complicité entre le chroniqueur et les hommes de loi, rire de classe aux dépens des gens du milieu. Ainsi les références juridiques et culturelles circulent de la bouche des avocats à la plume du chroniqueur, créant l’incompréhension ou l’admiration des inculpés, mais marquant nettement une séparation entre les deux mondes. Dans une affaire pour coups et blessures, un juge résume la situation : un proxénète a frappé sa maîtresse, après une « séparation à l’amiable. » L’inculpé confirme : « — C’est ça Monsieur le juge… à l’aimable… » Or Geo London, relevant le quiproquo, ne le commente pas mais joue d’un effet de traduction en paraphrasant le cas grâce au jargon juridique : « Pourquoi, ayant signé moralement cet accord synallagmatique, le rompit-il avec éclat ?48 » Dans une autre affaire, où le frère d’une prostituée mineure est allé venger sa sœur auprès de son souteneur, le président d’audience commente subtilement :

— Lescot chez Des Grieux ! (rires)

Jakob Waxmann, inquiet — De quoi ? Je lui ai f… mon poing dans la g…49

C’est donc la mise en scène de ce choc des classes qui suscite le rire. C’est aussi un rire de concert, entre les avocats et Geo London, puisqu’il porte sur les mêmes objets ou les mêmes victimes. Un client, décrit comme « doué d’un appendice nasal dont les proportions lui interdisent sans doute d’être jamais aimé pour lui-même », inspire également les quolibets du défenseur de la prostituée :

L’ingénieur au long nez — je ne suis pas venu chercher une femme légitime.
L’avocat — vous avez eu du nez. (rires)50

Mais c’est surtout l’humour grivois et misogyne suscité par les affaires jugées qui les rend complices. Journaliste comme hommes de loi semblent s’en donner à cœur joie. Tel substitut se hasarde à faire un jeu de mot sur la « position » d’une femme soumise qui entretient son mari : « Substitut — Votre femme est pensionnaire dans une maison de tolérance de la rue de l’échiquier. Elle a une position assise, et, j’oserai dire couchée. (Rires) » ; Un président d’audience fait de l’esprit au détour d’un jugement : « Le pdt Imbert — euh… à une heure et demie du matin ? … Ce n’est pas l’heure de l’embauche… c’est plutôt l’heure du contraire… » ; Tandis que le chroniqueur parsème ses chroniques de sous‑entendus graveleux : « Mme Amélie Pénétrat est une personne de cinquante ans et quelques petites années, encore fort avenante ma foi… l’aventure qui lui est advenue prouve, au reste, qu’elle en a encore de jolis (je parle de restes)51 ».

Plus qu’un rire de classe, il semble qu’on puisse également parler ici d’un rire de genre, car cette complicité masculine s’établit entre le chroniqueur et les hommes de loi, mais également avec les lecteurs, comme en atteste la mention systématique des « rires », et même parfois avec les hommes victimes des « Vénus du Sébasto » : souvent la « vigueur52 » des hommes mûrs succombant à la tentation est saluée. Un chef cantonnier, présenté comme un « petit homme alerte et vif comme un jouvenceau », a été victime d’un entôlage. Geo London ajoute : 

C’est cette vigueur, évidemment, qui avait induit ce gaillard en tentation, lors d’un passage à Paris.
En tout cas dans cet hôtel, M. François prouva à sa robuste conquête que, s’il était en retraite dans l’administration des Ponts et Chaussées, il était encore en pleine activité en tant qu’amoureux…
Malheureusement cette prouesse a coûté un peu cher à ce bon M. François53.

Loin d’émettre une condamnation morale, le chroniqueur porte donc un regard amusé et compréhensif sur les victimes, voire se fait le compagnon virtuel des excursions nocturnes, trouvant une inculpée « pas mal du tout » ou regrettant d’avoir connu telle femme « au tribunal et non lors d’une partie fine54 ». Mais il ne juge pas non plus les prostituées, conservant le plus souvent un ton bonhomme et débonnaire, même s’il revendique dans ses chroniques un rôle de censeur :

Je voudrais ici céder la place à M. Henri, vous rapporter les exactes paroles dont il se servit pour expliquer ce qui se passa dans la chambre d’hôtel.
Je ne saurais décemment le faire. Ah ! le président Roux ne prenait pas trop de précautions en l’invitant à la modération dans le récit de son aventure55.

Ainsi, comme le président à l’audience, gardien de la morale au tribunal, Geo London insiste sur la moralité de la chronique dont il est le garant. C’est au nom de cette dernière qu’il choisit souvent de taire les vrais noms des protagonistes d’un procès. Son utilisation des périphrases permet également d’atténuer la crudité de certaines scènes, à quoi il ajoute une rhétorique de l’indicible, refusant par exemple de transcrire « des détails intraduisibles en français décent », ou s’offusquant auprès de ses lecteurs : « Dépouillée et… Mon Dieu ! Je n’oserai pas vous expliquer ce qui lui advint de surcroît56 ». Cependant l’exhibition de cette autocensure peut être paradoxalement vue comme un moyen de mettre en relief des moments particulièrement scabreux, et ce n’est pas sans malice que le chroniqueur relève, à propos d’un procès anglais, les pouvoirs de suggestion d’une parole se voulant modérée :

Chacun de ceux qui prendront la parole dans cette affaire s’efforcera de le faire avec une pudeur et une retenue totales…ce qui n’empêchera pas (je dirais même presque : ce qui contribuera) à rendre bien plus évocateurs qu’ils ne le seraient devant un de nos tribunaux les spectacles qu’ils décriront…57

C’est ce qui se passe dans le procès de la victime d’entôlage à la « verve naturaliste » évoqué précédemment. L’homme explique que les voleuses s’y sont reprises à deux fois pour lui dérober son argent :

La première tentative eut lieu alors qu’il était empressé seulement auprès de Mme Solange Matré.
M. Henri — Elle était assise, mais pas sur une chaise.
Le président Roux — Sur vos genoux.
M. Henri — Pas sur mes genoux !
Qu’on m’épargne la précision que donne M. Henri sur la position de son interlocutrice, à la grande indignation du président Roux58.

À première vue, l’interruption du chroniqueur permet de soustraire un détail concret de nature pornographique aux oreilles chastes de ses lecteurs. Cependant, l’ellipse temporelle qui marque la reprise du récit révèle ouvertement ce que le journaliste prétendait cacher : 

Quand il y put voir quelque chose, M. Henri aperçut son portefeuille par terre.

Sous prétexte de bienséance, Geo London aiguillonne donc la curiosité de ses lecteurs. Cette dimension ludique est ouvertement revendiquée lorsqu’il propose un jeu de devinettes visant à retrouver le surnom obscène d’une fille soumise :

Elle s’appelle Marie Cottiau. Mais si j’en crois le dossier on la nomme plus volontiers Marie…
Eh bien ! non. La plume me tombe des mains. Je n’aurai pas le front de vous révéler de quel qualificatif font suivre le doux nom de Marie les familiers de Mlle Cottiau.
Si nous jouions aux mots croisés, voici quelle définition je vous en donnerais : « Nom que les soldats donnent à une qualité de tabac que leur octroie l’autorité militaire59 ».

Un autre indice sera livré lors de la déposition de la jeune femme : « Mlle Cottiau dépose. Face au tribunal, elle présente à l’assistance un côté Vénus Callipyge en harmonie avec son surnom60 ».

Cette soi-disant autocensure contribue donc à la tonalité générale de ces recueils, le chroniqueur n’hésitant pas parfois à souligner des sous-entendus passés inaperçus à l’audience. Ces commentaires sont particulièrement utilisés pour créer un effet de chute. Ainsi, à la fin d’un jugement, une victime d’entôlage « ajoute à mi-voix sur un ton admiratif : — Ah ! ces dames sont habiles ». Ces propos sont immédiatement détournés par le chroniqueur dans un sens grivois : « On veut croire qu’il ne rend hommage qu’à leurs dons de kleptomanes ». On retrouve cette surenchère à la suite d’une condamnation. Le coupable, « très agité dans le vestibule, en sortant, […] se murmurait à lui‑même : — C’est dur, c’est dur… » Et le chroniqueur de conclure : « À vrai dire, je ne sais pas à quoi il faisait allusion….61 »

Dans ces chroniques, le traitement comique de la cause est donc de rigueur, sans forcément chercher à corriger les mœurs par le rire. S’il permet une distanciation du narrateur, il apparaît aussi comme un gage d’objectivité, presque toutes les affaires autour de la prostitution étant traitées de la même façon. À de rares exceptions, le chroniqueur sort de cette posture ironique pour manifester son indignation, lorsque la prostitution touche des enfants, victimes de leurs proches. Dans « Rachel et les poissons », une jeune fille d’origine polonaise, livrée à elle-même, est abusée par ses voisins. Lors de sa comparution pour prostitution illégale, Geo London livre alors des réflexions personnelles sur ce qui a entraîné la déchéance précoce de cette enfant, mettant en cause « des raisons ataviques infiniment probables » mais surtout son « isolement » qu’il juge « douloureux ». Dans « La conquête de Poil de Carotte », le chroniqueur soupçonne une mère d’avoir fermé les yeux sur les actes pédophiles d’un voisin âgé sur son fils, en échange d’argent. Dans cette chronique, le ton léger a disparu, laissant place à l’indignation et à la pitié62 :

Je ne cacherai pas qu’elle [la mère] me produit une singulière impression, cette femme aux cheveux teints, aux airs provocants. Certains détails qu’elle donnera contribuent à aggraver les soupçons que son attitude a fait naître dans mon esprit quant au rôle, peut-être infâme, qu’elle a pu jouer dans cette désolante affaire. […] Elle dépose sur un ton joyeux qui n’est vraiment pas de mise…

Le pauvre gosse ! c’est « Poil de carotte » tel que jadis l’admirable Suzanne Desprès l’avait compris et réalisé : une tignasse rousse, mal plantée, un chétif visage pâle, taché de son. Mais Poil de Carotte n’avait pas ces yeux cernés, indices de fatigues particulières… […] ah oui ! le pauvre gosse !63

Mais ce changement de registre reste exceptionnel, le rire garantissant l’absence d’empathie du chroniqueur dans la majorité des affaires, y compris pour des audiences dans lesquels il semble malvenu et ouvertement misogyne, comme des procès de viols de prostituées, traités avec la même légèreté que les autres affaires.

(Université Montpellier III, RIRRA 21.)

Notes

1  Philibert Audebrand, Un café de journalistes sous Napoléon III, Paris, Dentu, 1888, p. 88, cité dans Marie-Ève Thérenty, La Littérature au quotidien, poétiques journalistiques au xixe siècle, Paris, Seuil, coll. « Poétiques », 2007, p. 135.

2  Pour cette généalogie des chroniqueurs judiciaires au XXe siècle, voir Frédéric Chauvaud, « Petites affaires et procès pittoresques, Les tribunaliers et “la correctionnelle” de 1880 à 1940 », dans Le Temps des médias, 2010/2 - n° 15, Nouveau Monde éditions, p. 57-71.

3  Frédéric Chauvaud, « La petite délinquance et la Gazette des Tribunaux : le fait-chronique entre la fable et la farce », dans B. Garnot (dir.), La Petite délinquance du Moyen Age à l’époque contemporaine, Éditions universitaires de Dijon, 1998, p. 79-89.

4  Jules Moinaux, Les tribunaux du bon vieux temps, causes grasses et causes salées. 5ème et dernière série des Tribunaux comiques, Dessins de E. Cottin, Paris, E. Flammarion, 1894, 380 p.

5  Geo London, La Justice en rose, Illustrations de Mme Favrot-Houllevigue. [IIe édition.], Paris, Éditions de France, 1935, 237 p. 

Geo London, L'Amour corrigé, Illustrations de G. Pavis, Paris, Les Éditions de France, 1937, 227 p.

Geo London, Vénus et Cie en correctionnelle, Illustrations de G. Pavis. [27e édition.], Paris, Éditions de France, 1937, 240 p.

Geo London, Embuscades d'amour, Illustrations de G. Pavis, [S. l. ?] Les Éditions de France, 1941, 247 p.

6 Frédéric Chauvaud, « Petites affaires et procès pittoresques, Les tribunaliers et “la correctionnelle” de 1880 à 1940 », art. cit.

7  Geo London, « M. Jo, juge de paix » dans L’Amour corrigé, op. cit., p. 19.

8  Vagabondage spécial. Délit qui consiste à aider, assister ou protéger habituellement le racolage public en vue de la prostitution d'autrui pour en partager les profits. Synon. proxénétisme. Le vagabondage spécial est aujourd'hui plus volontiers désigné sous l'expression de métier de souteneur ou encore assistance à la prostitution d'autrui (Cap.1936),http://www.cnrtl.fr/

9  Geo London, « Poisson d’avril », Quand la justice s’occupe d’amour, op. cit., p. 196.

10  Entaulage n. m. < entôlage ; entaulage (vol à l'-) ; entôlage (vol à l'-) > Vol commis par la prostituée qui vole son client (portefeuille...), action de voler le client (prostituée), vol des clients dans la « tôle » (pièce, chambre), http://www.cnrtl.fr/

11  Geo London, « Chute d’une honnête femme », L’Amour Corrigé, op. cit., p. 25.

12  Geo London, « Alerte et bombe », Embuscades d’amour, op. cit., p. 26.

13  Geo London, « À bientôt, mon loup », La Justice en rose, op. cit., p. 199.

14  Frédéric Chauvaud, « Petites affaires et procès pittoresques, Les tribunaliers et “la correctionnelle” de 1880 à 1940 », art.. cit., p. 69.

15  Geo London, « Les Vénus détectives », Embuscades d’amour, op. cit, p. 50.

16  Geo London, « Le Coup du chapeau », L’Amour corrigé, op. cit.

17  Dans « La dame du manège et le manège de ces messieurs », L’Amour corrigé, op. cit., deux hommes séduisent une femme, abusent d’elle et la dévalisent ; dans une autre chronique, c’est une prostituée qui est volée par son client.

18  Geo London, « Agence matrimoniale », La Justice en rose, p. 65.

19  Geo London, « Constantinople », L’Amour corrigé, op. cit.

20  Geo London, « Sur la barque à Caron », Embuscades d’amour, op. cit., p. 91-92.

21  Geo London, « Alerte et bombe », art. cit. ; « M. Joe le tatoué, juge de paix », art. cit. ; « Les Jumelles de Bordeaux », Quand la justice s’occupe d’amour, p. 32.

22  Geo London, « Rédemption », La Justice en rose, op. cit., p. 164.

23  Geo London, « Permission de détente », Embuscades de l’amour, op. cit., p. 1

24  Geo London, « Le Placeur », L’Amour corrigé, op. cit.

25  Geo London, « Une villégiature », Quand la justice s’occupe d’amour, op. cit., p. 190.

26  Merci à Marie-Astrid Charlier de l’avoir remarqué…

27  Geo London, « Agence matrimoniale », art. cit.

28  Geo London, « L’Alibi du Balajo », Embuscades d’amour, op. cit. ; La Fontaine, Fables, « Le Corbeau et le renard » et « Le Renard et la cigogne ».

29  Geo London, « Un de la Wehrmacht », Les Jeux de l’amour et de la barre, op. cit. ; « Alerte et bombe », art. cit.

30  Geo London, « Permission de détente », art. cit. 

31  Geo London, « Sur la barque à Caron », art. cit.

32  Geo London, « Permission de détente », art. cit.

33  Ibid.

34  Geo London, « L’Alibi du Balajo », art. cit.

35  Déjà en 1881 Jules Moinaux écrit à ce sujet : « La réputation de la police correctionnelle est si bien établie que ceux qui assistent pour la première fois à l’une de ses audience esquissent, de confiance, dès leur entrée dans le prétoire, un rire qui n’attend qu’un prétexte pour éclater bruyamment. » (Les Tribunaux comiques, Paris, A. Chevalier-Marescq, 1881, p. XVII.)

36  Geo London, « Constantinople », art. cit.

37  Geo London, « Le Coup de Charlemagne », L’Amour corrigé, op. cit.

38  Geo London, « M. Joe le tatoué, juge de paix », art. cit.

39  Geo London, « Le Placeur », art. cit.

40  Geo London, « On assassine Jaja », Quand la justice s’occupe d’amour, op. cit., p. 201.

41  Geo London, « L’Homme à la rose », Embuscades d’amour, op.cit., p. 160.

42  Geo London, « Le Placeur », art. cit.

43  Geo London, « La Conquête de Poil de Carotte », L’Amour corrigé, op. cit.

44  Geo London, « L’homme à la rose », art. cit., p. 162

45  Geo London, « Agence matrimoniale », art. cit. ; « Monsieur le doyen », Les Jeux de l’amour et de la barre, op. cit. ; « Jo le tatoué, juge de paix », art. cit. ; « Enlèvement au clair de lune », Quand la justice s’occupe d’amour, op. cit. ; « Alerte et bombe », art. cit.

46  Geo London, « Derrière le tir aux pigeons », La Justice en rose, op. cit. p. 160.

47  Charles Pichon, « notice Geo London (1885-1951) », Dictionnaire national des contemporains, 1954.

48  Geo London, « Séparation à l’amiable », art. cit. (Je souligne)

49  Geo London, « Rachel et les poissons », Embuscades d’amour, op. cit., p. 128.

50  Geo London, « Agence matrimoniale », art.cit.

51  Geo London, « Cordon et poisson bleus », Embuscades d’amour, op. cit. ; « La dame du manège et le manège de ces messieurs », L’Amour corrigé, op. cit., ; « Le Placeur », art. cit.

52  Terme que l’on peut comprendre au sens figuré « d’appétit, capacité sexuelle ».

53  Geo London, « L’Alibi du Balajo », art. cit.

54  Geo London, « Permission de détente », art. cit.

55  Geo London, « Alerte et bombe », art. cit.

56  Geo London, « Le Coup de Charlemagne », art. cit ; « La Dame du manège et le manège de ces messieurs », art. cit.

57  Geo London, « Des hommes « at home » », L’Amour corrigé, op. cit.

58  Geo London, « Alerte et bombe », art. cit.

59  Le surnom est « Marie-Gros-Cul ». L’expression « Gros cul » appliquée à du tabac signifie « Tabac de troupe, tabac de soldat, grossier tabac de cantine, tabac régimentaire ». Selon un dictionnaire d’argot, « cul » est un synonyme argotique de « trèfle » qui signifie aussi «tabac»

60  Geo London, « Séparation à l’amiable », L’amour corrigé, op. cit.

61  Geo London, « Alerte et bombe », art. cit.

62  Frédéric Chauvaud, « D’Albert Bataille à Geo London, la chronique judiciaire et l’indignation, 1880-1939 », dans, Anne-Claude Ambroise-Rendu et Christian Delporte, L’indignation. Histoire d’une émotion politique et morale (XIXe-XXe siècles), Paris, Nouveau monde éditions, 2008, p. 79-104.

63  Geo London, « La Conquête de Poil de Carotte », L’Amour corrigé, op. cit.

Pour citer ce document

Amélie Chabrier, « La justice en rose : regards sur la prostitution à travers les petites chroniques judiciaires de Geo London», Presse, prostitution, bas-fonds (1830-1930), sous la direction de Guillaume Pinson Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/presse-prostitution-bas-fonds-1830-1930/la-justice-en-rose-regards-sur-la-prostitution-travers-les-petites-chroniques-judiciaires-de-geo-london