Les Mystères urbains au XIXe siècle : Circulations, transferts, appropriations

Les Mystères et le feuilleton : aux sources de la culture médiatique francophone transatlantique

Table des matières

GUILLAUME PINSON

« En fait de nouveauté littéraire, rien de bien saillant à vous annoncer, sinon les Mystères de Paris, de M. Eugène Sue, ouvrage dont la vogue va toujours croissant, et qui classe l’auteur parmi les premiers écrivains du jour. »
Courrier de la Louisiane, 31 juillet 1843.

Les Mystères, entre circulation et modélisation

Cette présentation se situe dans le contexte d’une nouvelle recherche que je viens d’entreprendre sur la constitution de la première culture médiatique francophone nord-atlantique. La recherche ayant bien progressé dans l’étude et la compréhension des modèles nationaux de la presse, il me semble opportun désormais, dans la continuité de l’ouvrage collectif dirigé par Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant, Presse, nations et mondialisation au XIXe siècle, de réfléchir aux phénomènes de circulation et d’interactions internationales, en prenant pour cadre de référence les pays francophones d’Europe et d’Amérique du Nord, et pour période considérée les années 1830-1930. D’emblée, ce type d’enquête s’appuie sur une série de questions : qu’ont de commun, au point de vue journalistique, les différents espaces francophones, que ce soit ceux de la France, de la Belgique et de la Suisse d’un côté de l’Atlantique, ou du Québec, de la Louisiane, de l’Acadie et de certaines zones de forte immigration française, comme New York, de l’autre côté ? Quels textes circulent, quels sont les modèles journalistiques utilisés ? Et au contraire, quelles différences et particularités locales infléchissent ces modèles ?

Pour organiser le traitement d’une matière qui pourra sembler à bon droit surabondante, je fonde mon enquête sur une double considération, qui peut se résumer en deux termes, renvoyant chacun à des forces de développements complémentaires : circulation et modélisation. Le premier de ces deux termes – circulation – va relativement de soi : au XIXe siècle, les corpus, les journalistes et les objets médiatiques connaissent une accélération foudroyante de l’intensité et de la vitesse de leurs déplacements. Des semaines, voire des mois qu’il fallait naguère à un texte pour effectuer la traversée de l’Atlantique, on passe à quelques jours vers le milieu du siècle, et même à une minute à partir de 1866 avec la pose du câble sous-marin – réservé à quelques courts textes il est vrai. Pour le second terme – modélisation –, j’entends par là tout ce qui est à l’œuvre dans les dynamiques locales de la francophonie médiatique, qui voient se multiplier les actions d’appropriation et d’adaptation de modèles de presse étrangers, et par là d’inventions de manières particulières de faire du journalisme en fonction de considérations sociales, politiques, identitaires propres à une aire culturelle donnée. Cette dernière peut être délimitée par des frontières nationales – on pourra penser à un modèle dominant, celui de la France – mais peut aussi se situer à l’intérieur de frontières « régionales », comme en Acadie, au Québec ou en Louisiane, et même urbaines, comme à New York ; autant de lieux où une certaine presse francophone s’invente – se modélise –, diffuse des textes, des corpus et des manières médiatiques de traduire le monde.

Circulation et modélisation sont donc à entendre comme des principes interdépendants : la culture médiatique au XIXe siècle est un immense système interconnecté, dont l’étude devrait permettre de penser à la fois le « typiquement local » et le « mondialisé », et surtout de ne pas les opposer. Il en va ainsi également de l’unité linguistique qui est à la base de cette réflexion, la culture médiatique francophone, qui ne se construit pas dans l’autarcie mais au contraire, par l’usage d’une langue importante au sein de l’espace multilinguistique européen, ou encore en tant que sous-ensemble enclavé dans un espace linguistique dominant, dans le cas du continent américain. Ce système se déploie ainsi autour de quelques axes majeurs, tels que Bruxelles-Paris, Paris-Montréal, Montréal-New York-La Nouvelle-Orléans. Au début des années 1840, il s’appuie sur la vitalité des pratiques de la correspondance et de la revue de presse, qui sont les chevilles du système international de l’information tel qu’il existe depuis le XVIIIe siècle1, et sur de grandes références culturelles communes, notamment les corpus littéraires de grande ampleur, qui vont prendre une importance soudainement considérable avec le roman-feuilleton. Ainsi, ultimement, ce n’est qu’en étudiant l’ensemble des circulations et des échanges qui alimentent ce réseau francophone que peuvent s’appréhender correctement les discours, les imaginaires et les pratiques journalistiques, pour en retour mieux comprendre ce qui se modélise localement en terme de nouveautés et de différences.

Une épidémie continentale

Il n’est évidemment pas possible de tout considérer de cette masse historique interdépendante, mais il est permis de l’envisager au travers de quelques cas bien circonscrits. Or, au cœur de ce processus de mondialisation médiatique francophone, la dissémination des Mystères – et plus généralement du feuilleton – dans la francophonie transatlantique au début des années 1840, est un événement clef. L’histoire en est connue de manière générale, mais pas dans ses détails. On sait que les romanciers français exercent alors une forme de domination culturelle absolument majeure, leurs textes – en version originale française, est-on tenté de dire – circulant abondamment en Amérique du Nord, du Québec à la Louisiane. On connaît mal pourtant l’histoire de cette diffusion, les supports qu’elle a mobilisés et les appropriations auxquelles elle a donné lieu. C’est ainsi par une série d’indices et de sources croisées que l’on peut avoir la certitude que les lecteurs du Québec et du Canada français ont lu Les Mystères de Paris dès leur arrivée sur le continent, alors que nul journal local n’en avait reproduit le feuilleton, et qu’aucun libraire ne s’était risqué à inscrire l’ouvrage dans son catalogue. Ce n’est pas plus tard qu’en 1844 que le romancier québécois Joseph Doutre, dans son roman intitulé Les Fiancés de 1812, se place sous le patronage d’Eugène Sue, en invoquant en préface le caractère exemplaire des Mystères de Paris : « Nous défions aucun homme public de produire autant de bien que le fait Eugène Sue par son admirable roman2. » Plus tôt encore, en mai 1843, le journal Le Canadien publie une série de trois articles qui critiquent de manière virulente Les Mystères de Paris3, non sans déplorer « le triomphe éclatant de M. Sue4 », et en imaginant une suite morale au roman. Et l’on sait bien sûr que rapidement, certains auteurs locaux se mettent à exploiter des formes dérivées de Mystères : c’est en anglais d’abord, dès 1846, que paraissent d’anonymes Mysteries of Montreal ; puis en 1855, les Mystères de Montréal de Chevalier. D’autres suivront : en 1879-1880 la version de Berthelot, en 1881 de nouveaux Mysteries of Montreal de Charlotte Furher, et enfin en 1893 les Mystères de Montréal d’Auguste Fortier, autant de projets qui, pour reprendre le terme que j’ai suggéré plus tôt, modélisent le genre des Mystères en des formes adaptées localement, au travers d’« un double processus d’imitation et de transposition5 », pour le dire cette fois avec les mots de Matthieu Letourneux.

Objet d’adaptation et de modélisations locales, objet manipulé, approprié, critiqué, le roman de Sue demeure pourtant en tant que tel un objet vaguement fantomatique, qui a pénétré profondément l’Amérique du Nord sous une forme et selon des circuits qui ne sont pas toujours très clairs. Il en va ainsi sans doute de tous ces pays du monde qui rapidement, dès l’hiver 1843, font de l’immense succès parisien un événement médiatique mondial, répercuté localement, engendrant d’innombrables reprises et imitations : comment un tel « événement littéraire » devient-il un événement médiatique dont les ondes de choc peuvent traverser les continents, les frontières culturelles et linguistiques ?

Pour tenter de répondre à cette question dans le cas nord-américain, il nous faut faire escale à New York : là se situe très certainement la plaque tournante américaine des Mystères. En effet, durant les mois d’hiver, le fleuve Saint-Laurent est gelé et fermé à la navigation. Les nouvelles qui proviennent d’Europe passent alors par la côte Est des États-Unis, à New York et Boston principalement, d’où elles sont redistribuées, notamment vers les journaux et les libraires du Québec et de la Louisiane, pour considérer les deux principales zones francophones du continent6. Or c’est bien en plein hiver de 1843 que le bruit du succès parisien du roman de Sue se dissémine sur le continent. À New York, le Courrier des États-Unis, tri-hebdomadaire francophone important sur lequel je vais m’attarder dans cette présentation, publie, dans son édition du 2 février 1843, ce qui est manifestement une forme de réponse à des demandes pressantes de la part de ses lecteurs : « Il nous a été demandé de tous côtés pourquoi le Courrier des États-Unis n'avait pas reproduit le roman de M. Eugène Sue, intitulé Les Mystères de Paris, qui obtient, en ce moment, en France, en Europe, un succès qui n'a pas eu d'égal, peut-être, depuis la publication de Clarisse Harlowe en Angleterre. »

Si on exclut le Journal des Débats, dont certains exemplaires ont certainement circulé en Amérique, voire même, pourquoi pas, les éditions du roman de Sue publiées dans des journaux belges à partir d’aussi tôt que l’automne 1842, le Courrier des États-Unis propose à ses lecteurs ce qui constitue fort probablement la première édition francophone des Mystères de Paris à se diffuser sur le continent. Je reviendrai sur cette édition, livrée sous la forme de suppléments, mais disons un mot de ce qui se déclenche alors dans les quelques mois suivants, toujours en Amérique, pour prendre la mesure du véritable incendie médiatique qui vient d’être allumé par le Courrier. Rapidement, des éditeurs new-yorkais se lancent à la course de la première traduction anglaise. Les éditeurs Harper Brothers mettent sur le marché une édition incomplète en deux volumes, publiée en octobre et en décembre 1843 ; l’hebdomadaire New World démarre pour sa part la publication dans un « extra », c’est-à-dire une forme de supplément (vendu 12 cents ½ chacun), en 10 livraisons, du 17 octobre 1843 au 16 décembre de la même année (voir Illustration 1) ; le New World va aussi éditer une version française, une « première édition américaine » – ce qui n’est pas aimable pour le Courrier des États-Unis –, datée de janvier 1844, et sans doute qu’à cette même époque ou à peine plus tard il est possible de se procurer les volumes de l’édition Gosselin (1843-1844).

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Illustration 1. New World, 24 octobre 1843, annonce des Mystères de Paris

Dans cette même séquence temporelle très resserrée, émergent parallèlement à ces éditions de nombreux Mystères nord-américains, confirmant la plasticité du genre et sa capacité à modéliser les identités locales. En Nouvelle-Angleterre, région fortement industrialisée engendrant son lot de lecteurs dits populaires, pour l’année 1844 seulement, paraissent des Mysteries of Lowell ; …of Haverhill ; …of Springfield ; … of Nashua ; … of Manchester ; en 1845, des Mysteries of Rochester ; des Mysteries of Worcester en 1846 ; des Mysteries of Troy en 1847 ; et encore des Mysteries of Pottsville en 18497. En Louisiane, en novembre 1844 et janvier 1845, Charles de la Gracerie publie de longs extraits de ses Mystères des bords du Mississipi dans le Courrier de la Louisiane ; viendront en 1852-1853 les Mystères de la Nouvelle-Orléans de Charles Testut ; et c’est donc dans ce contexte que tout au nord, au Québec, s’écrivent en 1846 les premiers Mysteries of Montreal, puis leur première occurrence francophone, en 1855 ; tout cela sans oublier l’immense succès de Quaker City de Georges Lippard, dès 1844, variation qui se déroule à Philadelphie, mais en laissant de côté un contingent innombrable d’autres romans, dont ceux qui découlent de la vague de l’immigration allemande aux États-Unis, à la fin des années 18408.

Le feuilleton du feuilleton

Mais revenons à New York. Le Courrier des États-Unis y est publié depuis 1828, hebdomadaire à ses débuts il est publié trois fois par semaine en 1843 (voir Illustration 2). Une lecture croisée des principaux journaux de Louisiane et du Québec montre que le Courrier des États-Unis est l’une des sources les plus importantes de nouvelles internationales et américaines dans le système francophone de l’information des années 1840 : cela tient d’une part à sa situation new-yorkaise, et d’autre part au fait que le journal se conçoit comme français d’Amérique, et qu’à ce titre il alimente la communauté française américaine en nouvelles parisiennes. Le journal est bonapartiste dans ses premières années, il a été fondé par Joseph Bonaparte, frère aîné de Napoléon ; il est racheté en 1839 par Frédéric Gaillardet, écrivain parisien (il a rédigé La Tour de Nesle, en 1832, que s’approprie Alexandre Dumas, l’histoire se termine par un duel), et surtout ancien journaliste au Journal des Débats, pour lequel il a été correspondant à la Nouvelle-Orléans et au Texas, après son installation aux États-Unis en 1837 : on appréciera à quel point cette histoire confirme que derrière les phénomènes massifs de globalisation culturelle, il y a des réseaux concrets et des circulations internationales de journalistes9.

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Illustration 2. Le Courrier des Etats-Unis, édition du 2 février 1843

On trouve ainsi régulièrement dans les journaux tels que La Minerve et Le Canadien, au Québec, et dans Le Courrier de la Louisiane et L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, au sud, des extraits du Courrier des États-Unis10. Certes, la circulation des extraits et des correspondances n’est pas à sens unique, circulent aussi bien des nouvelles tirées des journaux québécois à la Nouvelle-Orléans, et inversement ; on sait aussi, comme l’a montré Yvan Lamonde, que le journal new-yorkais a couvert de manière importante les Rébellions canadiennes de 1837-1838 en s’abreuvant aux journaux Canadiens français11, et il suffit de feuilleter la collection du journal pour voir apparaître régulièrement des extraits tirés des périodiques de Montréal et de Québec. Le Courrier avait d’ailleurs un correspondant au Québec, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, avocat, écrivain-journaliste, futur premier ministre du Québec (1867-1873), qui envoie sa correspondance à New York entre 1841 et 1855, et qui a sans doute joué un rôle dans la diffusion des Mystères au Québec12. Mais la place du Courrier dans ce système interconnecté est prépondérante et les flux d’information nettement à son avantage ; dans les années 1840, par ses tirages, le nombre de ses abonnés et ses agents qui couvrent l’ensemble du continent, il s’agit probablement du plus important journal francophone nord-américain13, et il constitue le journal américain – toutes langues confondues – le plus cité par la presse canadienne française14. Il est fort probable enfin que ce soit par l’intermédiaire du Courrier que des journaux de Québec, Montréal ou la Nouvelle-Orléans, puissent prétendre « citer » des journaux français, en réalité après avoir lu ces mêmes extraits préalablement publiés dans le journal de New York15.

Naturellement, le Courrier est une source d’approvisionnement importante en corpus littéraires, qui sont repris d’un bout à l’autre de l’Amérique francophone. Dans les années 1830 et 1840, les contes et nouvelles des mêmes écrivains parisiens, Eugène Guinot, Marie Aycard ou encore Louis Lurine, peuvent en effet être lus à Québec, Montréal et la Nouvelle-Orléans, après avoir préalablement fait escale à New York. Et alors que la mysterymania s’est emparée du continent, on voit transiter par New York certains Mystères européens, ceux d’Eugène Sue bien sûr, mais d’autres encore, notamment les Mystères de Londres de Paul Féval, qui sont par exemple annoncés à Montréal dans La Minerve du 4 janvier 1844 par la publication d’un extrait du Courrier des États-Unis (voir Illustration 3). Incidemment, cette même page de La Minerve contient une publicité du libraire Fabre, qui était l’agent à Montréal du Courrier des États-Unis16.

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Illustration 3. La Minerve (Montréal), 4 janvier 1844 (extrait).

Pour autant, la présence de la nouvelle, du récit bref, dans la presse québécoise comme l’a montré Maurice Lemire17, mais aussi dans la presse de Louisiane, comme j’ai pu le constater dans mes propres dépouillements, va perdurer longtemps, et continuer de dominer alors même qu’à Paris, au milieu des années 1840, le roman-feuilleton triomphe. Si au Québec rapidement s’impose une réprobation générale pour le roman-feuilleton et ses effets pervers, qui en limite la diffusion, phénomène bien connu des historiens et des littéraires18, on a moins remarqué je crois qu’il y a aussi en jeu le fait que, pour des raisons démographiques et économiques (ils ont à couvrir de vastes territoires peu peuplés), les journaux francophones du continent américain ne sont généralement pas des journaux quotidiens ; le support et la périodicité jouent ici fortement dans la manière dont les corpus longs, tels les Mystères, vont circuler sur le continent. Au Canada français, le rythme quotidien n’est adopté progressivement qu’à partir des années 1860 ; La Minerve l’adopte en 1865 ; à Québec, Le Canadien fait le saut en 1875. En Louisiane, L’Abeille de la Nouvelle-Orléans adopte cette nouvelle périodicité en 1872 après l'avoir expérimentée pendant quelques années, plus tôt dans le siècle ; exception notable, le Courrier de la Louisiane est déjà un journal quotidien dans les années 1840, mais il est bilingue, publiant deux pages en français et deux pages en anglais, ce qui limite d’autant la taille des corpus. À New York enfin, le Courrier demeure trihebdomadaire jusqu’au mois de juin 1851, date de son passage au rythme quotidien. On le voit, par rapport à ses homologues européens, le modèle de l’information francophone nord-américain se trouve donc profondément infléchi dans ses rythmes temporels – plus distendus – et ses espaces rédactionnels – plus exigus –, ce qui n’est pas sans poser problème à partir du moment où, avec la vague des Mystères, la logique circulatoire de l’extrait, du morceau choisi ou encore de la brève correspondance, se trouve brutalement remise en question. Face non seulement au succès des grands corpus romanesques, mais aussi à une forme d’imaginaire mondialisé de ces succès, les lecteurs ne voulaient plus se contenter d’extraits de romans19.

On peut donc affirmer que si un roman comme celui de Sue – avec d’autres auteurs bien sûr – a pu contribuer à faire beaucoup évoluer la francophonie médiatique, et à la placer pendant un certain temps sous la domination des grands imaginaires romanesques, c’est que son succès atténue l’importance de cette unité poétique de base que Will Slauter a appelé le « paragraphe mobile » dans son étude sur la circulation de l’information dans le monde atlantique du XVIIIe siècle, et qui demeure présent dans la presse francophone nord-américaine de la première moitié du XIXe siècle. Le feuilleton provoque en effet une immense distorsion dans l’espace-temps médiatique, dans l’attente et les désirs des lecteurs, et dans la manière dont le système de l’information va se mettre rapidement à produire des représentations des déplacements transatlantiques des corpus romanesques.

C’est exactement le sens de ce qu’explique le Courrier des États-Unis à ses lecteurs, dans cette édition du 2 février 1843, que j’ai déjà citée. « Nous n’avons pas donné cet ouvrage à nos lecteurs, parce qu’il doit former 6 volumes, et que par conséquent sa publication, qui a commencé il y a six mois dans les colonnes du Journal des Débats, en aurait duré sept dans les nôtres. Le Courrier des États-Unis ne paraissant que trois fois par semaine, nous ne croyons devoir y admettre que des ouvrages dont l’étendue ne va pas au-delà de huit ou dix de nos numéros. » Et dès lors, sous la demande pressante des lecteurs qui réclament les Mystères de Paris, et aussi sans doute pour profiter plus généralement du triomphe du genre du roman-feuilleton, le Courrier décide de lancer un supplément hebdomadaire :

Pour remédier à cet inconvénient, et pour être à même de donner aux amateurs de littérature française ses productions les plus remarquables, quelle qu’en soit l’étendue, nous allons ajouter au Courrier des États-Unis un appendice hebdomadaire dans lequel nous publierons les œuvres choisies de Victor Hugo, Balzac, Chateaubriand, Eugène Sue, George Sand, Frédéric Soulié, Alexandre Dumas, Charles Nodier, et tous nos auteurs les plus populaires. Les premiers numéros de ce supplément, auquel nous avons donné le nom de Semaine Littéraire du Courrier des États-Unis, paraîtront à la fin de cette semaine, ou au commencement de l’autre. Ils contiendront Les Mystères de Paris ».

Voici donc la toute première livraison de La Semaine littéraire et le début du roman d’Eugène Sue, tel qu’il a été lu en Amérique du Nord à ce « moment zéro » de la diffusion continentale des Mystères (voir Illustration 4).

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Illustration 4. La Semaine littéraire du Courrier des Etats-Unis, vol. 1, no 1, début des Mystères de Paris. Ce supplément n’est pas daté ; il est probablement distribué vers la mi-février 1843.

Il s’agit d’un fascicule de quatre pages de deux colonnes. Pour se le procurer, il faut être préalablement abonné au Courrier des États-Unis, et verser 2 $ de plus ; évidente stratégie commerciale qui permet d’attirer des lecteurs vers le journal en tablant sur le succès du roman, mais à laquelle le Courrier renonce dès la fin mars de 1843, sous la pression des lecteurs qui ne sont intéressés que par le roman de Sue ; il faut alors payer 6 $, somme importante, pour s’abonner uniquement à La Semaine littéraire20. La Semaine profite du solide réseau de distribution du journal new-yorkais, qui permet une diffusion continentale assez rapide pour chacune des livraisons, de Québec à la Nouvelle-Orléans, et même jusqu’aux Antilles et en Amérique du Sud21. Le 4 février, deux jours après l’annonce de la création de La Semaine littéraire, le Courrier des États-Unis indique à ses lecteurs qu’il a mobilisé l’ensemble de ce réseau de distribution : « Il sera fait des dépôts de cette dernière feuille [La Semaine] chez nos agents de la Nouvelle-Orléans, des Antilles et du continent de l’Amérique du Sud, chez lesquels nos abonnés de ces pays peuvent se faire inscrire immédiatement. Mais nos abonnés des autres villes des États-Unis et du Canada voudront bien s’adresser à nous directement par lettres et remises affranchies, ou par l’entremise de nos agents. »

Le supplément du Courrier connaît immédiatement un très grand succès et il fait entrer le roman de Sue sur le continent sous une forme typiquement anglo-saxonne, c’est-à-dire sur un rythme hebdomadaire, qui est alors le temps périodique dominant de la fiction en Angleterre et aux États-Unis22. Il y a là aussi un écart avec le modèle français qui recoupe partiellement ce que j’évoquais plus tôt sur la naissance tardive de la périodicité quotidienne dans la presse francophone nord-américaine : sous l’influence du modèle anglo-saxon probablement, la presse francophone n’a presque jamais, tout au long du XIXe siècle, adopté la formule de la « case feuilleton », de ce bas-de-page si important pour la presse française. L’histoire littéraire québécoise a beau parler de « feuilleton » – et elle le fait à bon droit puisque le terme est employé par la presse elle-même – elle s’est peu arrêté au fait qu’il n’y avait pas dans les journaux du Québec, ni ailleurs sur le continent, sauf de rares exceptions, de bas-de-page. Les grands romanciers – Sue, Sand, Dumas, et les autres – y ont été diffusés dès l’origine à grands coups de suppléments hebdomadaires et de magazines spécialisés.

À New York, en consultant le Courrier, on peut remarquer qu’il y avait en fait, autour des Mystères de Paris, diverses temporalités enchevêtrées, ce qui est aussi caractéristique de cette grande phase d’expansion de la francophonie médiatique dans les années 1840. Il y avait bien sûr le temps du supplément : temps hebdomadaire, pourtant pas toujours bien régulier car les lecteurs devaient subir les défaillances de la poste américaine, contre lesquelles le Courrier peste régulièrement. Le Courrier parle ainsi le 13 mai 1843 du « préjudice abominable que les postes américaines nous ont causé », « chaque jour nous recevons de nouvelles plaintes » de livraisons non effectuées… Le 27 juin 1843 : « Nous venons encore d’éprouver une perte monstrueuse due au service des postes. Les sacs, contenant le no 33 de la Semaine littéraire, adressés à tous nos abonnés de la Nouvelle-Orléans, ont été perdus. » Ces diverses notes du Courrier, qui paraissent régulièrement, montrent à quel point La Semaine littéraire était lue et attendue dans de nombreuses villes du continent23. Il y avait donc une sorte de feuilleton du feuilleton qui se dessinait, – autre temporalité à l’œuvre orchestrée par le Courrier lui-même –, illustrant les tribulations du supplément à travers le continent, « l’impatience curiosité » des lecteurs24, ou encore les arrivées de bateau en provenance d’Europe, chargées de promesse de nouvelles livraisons. Parfois, c’est la déception ! Ainsi du 6 mai 1843 : « Le Journal des Débats du 2 au 16 avril, que nous avons reçu par le steamer Hibernia, ne contient pas la suite des Mystères de Paris ; nous sommes donc obligés d'interrompre cette publication jusqu'à l'arrivée du Great Western, qui est parti de Liverpool le 29 avril, ou jusqu'à celle du Columbia parti le 4 mai. » Ou encore le 4 août :

Nous jouons de malheur avec Les Mystères de Paris. Au lieu de recevoir par l’Acadia, ainsi que nous l’avait fait espérer le Journal des Débats, la majeure portion de la huitième et dernière partie, nous n’avons trouvé dans ce journal qu’un avis par lequel il est dit qu’une grave indisposition de M. Eugène Sue n’a pas permis de reprendre la publication de son ouvrage, pendant la première quinzaine de juillet. Force nous est donc encore de faire attendre les lecteurs de La Semaine littéraire.

De manière assez convenue et non sans arrière-pensées commerciales25, ce « méta-feuilleton » va donc courir dans le Courrier des États-Unis dès l’annonce de la création de la Semaine littéraire, en février 1843, jusqu’à celle de la fin de la publication du roman de Sue, le 9 novembre 1843. Ce « dénouement si longtemps, si impatiemment attendu26 » était régulièrement annoncé en forme de climax (« le succès de ce dramatique ouvrage s’accroît en Europe à mesure qu’il s’approche de sa fin27 »), et le feuilleton tardant à se terminer, le Courrier des États-Unis avait été contraint de demander à ses lecteurs de prolonger leur abonnement de six mois à La Semaine littéraire28 : « Nous pensons qu’il n’est personne qui veuille, pour un dollar, se priver de la fin des Mystères de Paris29. »

Identités locales, francophonie mondialisée ?

Telle est donc l’histoire de la toute première diffusion des Mystères de Paris, en français, dans l’espace francophone nord-américain. L’événement est majeur, il modifie considérablement l’espace-temps médiatique continental ainsi que les grands imaginaires qui circulent dans ses principaux axes. Cela dit, sur d’autres aspects, il ne faut pas non plus en exagérer la portée. La lecture de la presse francophone d’Amérique d’avant le déferlement des Mystères de Paris confirme que la structure de cette culture médiatique transatlantique est déjà largement en place. C’est précisément en raison de la maturité du système atlantique de l’information qu’aussi rapidement que le début février de 1843, le Courrier des États-Unis peut avoir pris acte du succès du roman de Sue à Paris, conçu et mis sur le marché son supplément littéraire, pour aussitôt le diffuser dans la plupart des grandes villes d’Amérique du Nord et du Sud, grâce à un réseau d’agents bien développé. À l’aube des années 1840, du Québec à la Louisiane, et de New York au Midwest, se dessine un grand réseau médiatique francophone, d’une très grande vitalité, interconnecté à l’Europe grâce aux premières lignes maritimes régulières. Jusqu’à la fin du siècle, ce système francophone de l’information ne va cesser de croître, vers l’Est en Nouvelle-Angleterre et en Acadie, vers l’Ouest à Chicago, San Francisco et au Manitoba, se moquant allégrement des distances et des frontières, invitant les chercheurs à ne pas céder aux mirages rétrospectifs des cloisonnements nationaux. De New York, le Courrier des États-Unis est véritablement un journal français, recopiant les journaux parisiens et poétiquement organisé comme tout confrère de la capitale française, avec ses fait divers – français –, sa « Chronique des tribunaux » parisiens, ses fictions d’écrivains français, sa « correspondance politique », sa « correspondance de salon », livrant l’actualité mondaine et culturelle, sa « Chronique parisienne », etc. De même,  tout au long du siècle, les corpus et les journalistes voyagent sans cesse en Amérique du Nord francophone, et la plupart des écrivains-journalistes que l’histoire littéraire québécoise a retenu – Napoléon Aubin, Louis Fréchette, Arthur Buies, Honoré Beaugrand, pour ne nommer qu’eux, – ont évolué dans cet espace continental, fondant des journaux francophones aussi bien au Canada qu’aux États-Unis, inventant des imaginaires littéraires dont le creuset fut cette expérience journalistique déployée à la mesure du continent.

En somme, lorsqu’ils viennent faire escale à New York, les Mystères de Paris y sont immédiatement absorbés puis injectés dans ce réseau déjà mature. Comme on le sait, bien qu’ils soient accueillis d’abord dans un système médiatique francophone et francophile, très vite les Mystères vont se déployer à travers cette dynamique de transposition et d’adaptation/appropriation qui va leur permettre d’accompagner la modélisation romanesque des identités locales, d’où les multiples reprises et déclinaisons, qui se répandent de manière stupéfiante en Nouvelle-Angleterre, mais aussi bientôt dans les grandes villes d’Amérique. Et alors même que la Semaine littéraire poursuivait la publication du roman de Sue, le Courrier des États-Unis pouvait imaginer, dès le 3 octobre 1843, que les Mystères contenaient virtuellement cette plasticité, cette adaptabilité aux réalités locales. Il était alors question d’un voyage d’Eugène Sue à New York, rumeur qui s’avéra infondée mais qui permit au Courrier de formuler cette hypothèse qui, avec le recul, paraît saisissante de prescience : « Le célèbre écrivain aurait-il conçu l’idée de retracer les Mystères du Nouveau-Monde à l’ancien ? Voudrait-il esquisser les chourineurs, les Bras-Rouge ou les Goualeuses de New York ?... Qu’il vienne, et il trouvera ample matière pour ses observations. »

(Université Laval)

Notes

1  Will Slauter, « Le paragraphe mobile : circulation et transformation des informations dans le monde atlantique du 18e siècle », Annales. Histoire, sciences sociales, vol. 76, no 2 (2012), p. 363-389.

2  Joseph Doutre, La fiancée de 1812, Bibliothèque électronique du Québec, vol. 223, p. 12-13 (http://beq.ebooksgratuits.com/pdf/Doutre-fiances.pdf).

3  Articles signalés et brièvement analysés dans Micheline Cambron (dir.), Le Canadien, p. 286-287.

4  Dangla, « Les Nouveaux Mystères de Paris », Le Canadien, 23 mai 1843.

5  Matthieu Letourneux, «Un genre médiatique international, des séries culturelles locales. Le mystère urbain québécois», Médias 19 [En ligne], Marie-Ève Thérenty (dir.), Les mystères urbains au prisme de l'identité nationale, Québec, Publications, mis à jour le : 18/05/2013, URL : http://www.medias19.org/index.php?id=13405, paragraphe 11.

6  Voir Denis Brunn, « L’information des Canadiens français au milieu du XIXe siècle : transmission et transcription des nouvelles européennes », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 27 (oct.-déc. 1980), p. 647-657 ; Pierre-Louis Lapointe, « La nouvelle européenne et la presse québécoise d’expression française (1866-1871) », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 28, no 4 (1975), p. 517-537 ; Kenneth Landry, « Le commerce du livre à Québec et à Montréal avant l’arrivée de La Capricieuse, 1815-1854 », dans Maurice Lemire (dir.), Le Romantisme au Canada, Québec, Nuit blanche, 1993, p. 101-117.

7  Sur les Mystères de Nouvelle-Angleterre, voir Ronald J. Zboray et Mary Saracino Zboray « The Mysteries of new England : Eugene Sue's American “imitators,” 1844 », Nineteenth-Century Contexts : An Interdisciplinary Journal, vol. 22, no 3 (2000), p. 457-492. De manière plus générale, voir aussi Michael Denning, Mechanic Accents : Dime Novels and Working-Classe Culture in America, New York, Verso, 1987.

8  Voir Marie-Ève Thérenty, « Mysterymania. Essor et limites de la globalisation culturelle au XIXe siècle », Romantisme, vol. 2, no 160 (2013), p. 59. Sur le genre des Mystères aux États-Unis, voir Paul Erickson, Welcome to Sodom : The Cultural Work of City-Mysteries, thèse de doctorat, University of Texas, 2005.

9  Sur l’histoire du Courrier des États-Unis, voir la thèse d’Anthony Grolleau-Fricard, Le Courrier des États-Unis, entre France, États-Unis et Canada (1828-1851), thèse de doctorat, Paris 1, 2009, 643 f ; sur Gaillardet, voir p. 100 et suiv.

10  Sur la présence des journaux étrangers dans la presse québécoise, voir Gilles Gallichan, « La page avant la voile. Le livre et l’imprimé dans les relations France-Québec (1840-1855) », dans Yvan Lamonde et Didier Poton (dir.), La Capricieuse (1855) : Poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), Québec, Presses de l’Université Laval, 2006,p. 177-189.

11  Yvan Lamonde, « Le Bas-Canada et le Courrier des États-Unis de New York », Les Cahiers des dix, no 56 (2002), p. 217-233.

12  C’est ce que laisse entendre Yvan Lamonde encore : « L’écrivant polygraphe : terra incognita de la littérature québécoise du XIXe siècle », dans Julien Goyette et Claude La Charité (dir.), Joseph-Charles Taché polygraphe, Québec, Presses de l’Université Laval, 2013, p. 19-37, voir notamment p. 27.

13  Grolleau-Fricard, Le Courrier des États-Unis, op. cit., p. 13.

14  Ibid., p. 325.

15  Hypothèse défendue de manière convaincante par Grolleau-Fricard, ibid., p. 328.

16  Ibid., p. 275. À Québec, c’était le libraire Neilson qui remplissait cette fonction.

17  Maurice Lemire, « Romans-feuilletons et extraits littéraires dans les journaux canadiens de 1830 à 1850 », dans Maurice Lemire et Claude Galarneau (dir.), Livre et lecture au Québec (1800-1850), Québec, Institut québécois de la recherche sur la culture, 1988, p. 183-194 ; Lemire confirme dans cet article (p. 186) qu’aucun journal québécois n’a publié les Mystères de Paris.

18  Ibid., p. 187.

19  Comme à Montréal, alors que La Minerve, les 3, 7 10 et 14 novembre 1842, avait publié quatre extraits du roman Arthur d’Eugène Sue (roman publié à Paris en 1839).

20  Voir le Courrier des États-Unis du 30 mars 1843.

21  Sur la distribution du Courrier, voir Grolleau-Fricard, Le Courrier des États-Unis, op. cit., p. 265 et suiv.

22  Voir entre autres Graham Law, Serializing Fiction in the Victorian Press, New York, Palgrave, 2000 ; Patricia Okker, Social Stories : The Magazine Novel in Nineteenth-Century America, Charlottesville, University Press of Virgina, 2003.

23  Voir par exemple cette annonce, du 27 avril 1843 : « Nous avons reçu, de plusieurs endroits, notamment de Mobile et des paroisses de la Louisiane, des réclamations relatives aux 15 premiers numéros de la Semaine littéraire, qui auraient été perdus en bloc par la poste. Nous espérons que ces paquets, expédiés par nous depuis longtemps, arriveront, après quelques détours, à leur adresse, car nos abonnés de Philadelphie ont reçu, la semaine dernière, des numéros égarés depuis vingt jours ».

24  Courrier des États-Unis, 4 mars 1843.

25  Le Courrier multiplie les mises en scène du succès de son supplément, la ruée sur les abonnements, les annonces de réimpressions, etc. Le 7 mars 1843 par exemple : « Heureux malheur arrivé à la Semaine littéraire » ; « Le nombre des abonnements qui nous sont venus de toutes parts, pour la Semaine littéraire, a tellement dépassé nos attentes que notre tirage des 15 premières livraisons, montant à 3500 copies, s’est TROUVÉ ÉPUISÉ, samedi dernier, c’est-à-dire avant que nous ayons reçu aucune demande de l’intérieur de la Louisiane, de l’Amérique du Sud et des Antilles ! / Nous n’avons pu servir, à deux cents copies près, les demandes reçues, depuis avant-hier, de la Nouvelle-Orléans seulement ! »

26  Courrier des États-Unis, 22 août 1843.

27  Courrier des États-Unis, 22 juin 1843.

28  Le 25 mai, le Courrier avait même suspendu la publication, même s’il possédait une petite portion inédite du roman, trop courte toutefois pour remplir les quatre pages du supplément ; il espérait encore que la conclusion viendrait à l’intérieur des 52 livraisons prévues dans la première phase d’abonnements (2$ pour l’année). Certains lecteurs soupçonnaient le journal de rallonger indûment le temps en intercalant d’autres romans que celui de Sue entre certaines livraisons... Un roman de Frédéric Soulié est ainsi publié en mars et avril 1843. Voir le Courrier du 6 avril, qui admet que des lecteurs se sont plaints de cette publication, car c’était le roman de Sue qu’ils réclamaient !

29  Courrier des États-Unis, 18 avril 1843.

Pour citer ce document

Guillaume Pinson, « Les Mystères et le feuilleton : aux sources de la culture médiatique francophone transatlantique », Les Mystères urbains au XIXe siècle : Circulations, transferts, appropriations, sous la direction de Dominique Kalifa et Marie-Eve Thérenty Médias 19 [En ligne], Dossier publié en 2015, Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/les-mysteres-urbains-au-xixe-siecle-circulations-transferts-appropriations/les-mysteres-et-le-feuilleton-aux-sources-de-la-culture-mediatique-francophone-transatlantique