La presse en scène

Annexe 4. Lerminier

Table des matières

BARBARA T. COOPER

[Jean-Louis-Eugène] Lerminier1, « La Presse politique. Lettre à M. le directeur de la Revue des Deux Mondes », Revue des Deux Mondes, t. 16 (15 octobre 1838), p. 234-248.

Que vous semble, monsieur, du ton de la presse ? Êtes-vous bien édifié de la décence de sa polémique, de la bonne foi qu’elle y porte, des connaissances qu’elle y déploie ? Les chambres, en se séparant, lui ont laissé le champ libre ; elle est sur le premier plan de la scène politique ; elle y jase et discourt à son aise. Rien ne lui fait obstacle et ne se met entre elle et le publie. Pendant les vacances législatives, elle peut trôner en souveraine et croire plus que jamais à son infaillibilité.

La situation est magnifique, trop peut-être. Il y a des dangers dans cette carrière sans bornes, dans cette possession du premier rang. Quand les deux chambres sont assemblées et s’occupent des intérêts du pays, les journaux trouvent dans les délibérations parlementaires, non seulement une matière qui remplit leurs colonnes, mais une base, un terrain pour asseoir leurs débats. Dans cette position, la presse peut appuyer utilement la tribune, en rectifier ou compléter les travaux et les discours, se mouvoir dans un cercle tracé, doubler enfin ses forces par une concentration habile et modeste. Dans l’intervalle des chambres, elle a seule la parole, mais aussi elle s’adresse â un public fatigué, à un auditoire aux trois quarts éclairci par l’absence, par les voyages, par les fuites aux champs. Les ministres terminent les affaires et ne prononcent plus de harangues. Les événements deviennent plus rares, tout est au repos, et cependant la presse doit s’évertuer, ou du moins elle croit le devoir faire. Sous le coup de cette nécessité, la presse devra jeter un grand éclat, ou tomber dans de déplorables écarts ; pas de milieu : ou elle aura des idées et des théories d’une vérité assez triomphante pour réveiller l’attention du public, et conquérir l’assentiment général, ou bien elle s’aliénera l’opinion par l’injustice de ses attaques, la pauvreté de ses vues et le peu d’honnêteté de ses inventions. Voilà trois mois et demi que les deux tribunes se taisent et que les journaux parlent seuls ; qu’ont-ils fait ? Placés entre la société et le gouvernement, ont-ils apprécié sainement les tendances de l’une et les actes de l’autre ?

Avant d’approfondir cette question sérieuse, nous ne saurions trop insister sur l’importance de la presse politique, sur son rôle et sur ses droits. Dans nos sociétés modernes, la presse politique est une impérissable réalité : en Angleterre, en Amérique, en France, elle est plus qu’ailleurs l’organe aux cent voix des idées et des passions sociales ; c’est la tribune de Rome et d’Athènes, multipliée sur tous les points du territoire, mobile, inépuisable et toujours retentissante. La France, peut-être plus encore que l’Angleterre, aime cet exercice quotidien de la pensée s’appliquant aux intérêts généraux ; elle a connu la première les pamphlets politiques, et si la Grande-Bretagne nous a précédés dans la pratique constitutionnelle, la France a eu la priorité de l’opposition littéraire. Nous avons eu une presse politique dès le XVIe siècle, et depuis La Béotie jusqu’à Paul-Louis Courrier, nous avons le goût de la liberté de la presse. Ce goût est devenu une loi sociale, une condition nécessaire dans l’existence des gouvernements et des nations modernes ; la discussion envahira progressivement le monde ; déjà elle en a la moitié. La chute de la restauration a servi, chez nous, de démonstration définitive à ce fait inévitable. Chez nous, la liberté de la presse est désormais inviolable et n’a plus à craindre qu’elle-même. La liberté de la presse est une puissance reconnue, mais non pas irresponsable, et l’opinion dont elle se dit l’organe, même parfois l’arbitre, la réclame à son tour pour sa justiciable.

C’est sans doute, monsieur, une belle et noble chose que de prendre la parole sur les affaires de son pays, sans autre mandat que celui qu’on croit tenir de sa vocation et de  son talent. Quand le publiciste, vraiment digne de ce nom, contemple avec désintéressement les intérêts généraux, les étudie dans leurs détails, s’efforce d’en saisir l’esprit et la portée, il s’associe presque dans l’opinion publique aux mérites et au rôle des hommes d’État qui dirigent la pratique du gouvernement. S’il n’agit pas, il peut éclairer ; il instruit le public comme il avertit le pouvoir, et ce ministère moral de critique officieuse n’est pas moins avantageux pour la société, qu’honorable pour celui qui l’exerce. Mais aussi plus l’honneur est grand, plus il est imprudent d’y prétendre sans des forces suffisantes. Tous les citoyens, indistinctement, ne montaient pas à la tribune d’Athènes ; le droit de s’y faire entendre était absolu, mais la parole n’était revendiquée que par les orateurs qui, sous les yeux du peuple, avaient fait une longue étude des affaires de la république. Par la même raison, la société demande aujourd’hui à ceux qui s’emparent de la plume de publiciste, quelles préparations, quels travaux établissent leur compétence ; elle ne les empêche pas d’élever leurs voix et de produire leur ambition, mais elle se réserve d’examiner si la voix est grave et l’ambition légitime. La France a, d’ailleurs, d’autant plus le droit d’être difficile, que sa littérature politique est plus riche et plus féconde ; depuis un siècle, de nombreux talents y ont brillé ; ne serait-il pas triste de laisser se dégrader l’héritage que nous ont transmis nos maîtres ? La censure de l’opinion est aussi plus éveillée dans les jours tranquilles comme ceux où nous sommes parvenus : quand les temps sont orageux, chacun peut mêler impunément ses cris aux tempêtes publiques ; car alors les hurlements s’appellent de l’éloquence, le cynisme de l’énergie, la calomnie une noble audace. Mais lorsque les nuages n’obscurcissent plus l’horizon, la lumière, tombant d’aplomb sur l’insuffisance et la médiocrité, les dénonce sans pitié au mécontentement d’un public sévère. Je sais qu’il y a des degrés dans la presse politique, et qu’il serait injuste d’exiger de tous ceux qui veulent y occuper une place, les mêmes études et les mêmes aptitudes ; mais sans leur demander à tous originalité, science, profondeur, est-ce trop que d’exiger de tout bomme qui rédige un journal, du bon sens et de la loyauté ; du bon sens, pour apprécier les dispositions, l’état, les besoins de la société dont il veut se faire lire et qu’il se propose d’influencer ; de la loyauté dans les débats qu’il institue sur les choses et sur les hommes, dans les censures dont il poursuit les dépositaires du pouvoir, dans les polémiques qu’il dirige contre les opinions et les théories de ses adversaires ? Or, monsieur, je ne crains pas d’avancer que depuis trois mois et demi, ni le bon sens ni la loyauté n’ont caractérisé les discussions de la plupart des organes quotidiens de la presse opposante, et qu’il faut plutôt s’en alarmer pour elle que pour le pouvoir qu’elle attaque.

Quand on examine de bonne foi l’état des esprits et de la société, on reconnait que de plus en plus tout s’apaise et se consolide. Il est visible que la France, après cinquante années de mouvements révolutionnaires, veut goûter d’une vie plus paisible et plus régulière. Pourquoi ? Parce qu’à ses yeux la question du gouvernement est résolue. Ni la constitution de 91, ni la république, ni l’empire, ni la restauration, n’avaient pu lui inspirer cette confiance ; la constituante détruisait l’ancienne monarchie, et régénérait la société, mais ne pouvait fonder un gouvernement ; la république fut une crise sublime dans nos camps, hideuse dans nos villes ; l’empire, une époque qui trouva sa raison et ses commencements dans la nécessité de l’ordre, et sa fin dans les excès de la gloire ; la restauration, une gageure que le passé devait perdre contre le présent. Aujourd’hui le pays estime que les conditions nécessaires d’un gouvernement national sont remplies ; contrat synallagmatique, dynastie nouvelle et populaire, équilibre constitutionnel entre la royauté et la démocratie, voilà le prix de cinquante années de troubles et de labeurs. Le pays songe sérieusement à cultiver ces fruits achetés si cher, et il se prend à aimer son repos comme un héritage que les sueurs d’un père ont transmis. Or, le repos public consiste dans l’activité des particuliers, dans l’ardeur avec laquelle chaque citoyen vaque aux travaux de l’industrie, des arts, de la science, du commerce, de l’agriculture. Nous avons aujourd’hui ce consolant spectacle. L’industrie et l’agriculture sont fécondées par des efforts nouveaux qui doivent en doubler les résultats, parce que la confiance est revenue, parce que les capitaux, loin de craindre les entreprises, vont les chercher et les provoquer ; parce que les propriétaires, entièrement rassurés, ne se tiennent plus à l’écart, se mêlent aux affaires communes, aux élections municipales et politiques, et s’associent à tout ce qui peut améliorer la richesse agricole. Les beaux arts et les sciences sont redevenus l’objet du culte fervent d’adorateurs nombreux : jamais on n’a plus fait d’architecture, de tableaux, de statues, de voyages, de recherches érudites, d’explorations de tout genre. Tous les hommes jeunes cherchent à s’ouvrir une carrière, et s’éloignant de plus en plus de vieilles querelles qui ne sont pas leur cause, demandent à leur travail une place honorable dans la société qui les convie et les attend. La société appelle les générations nouvelles à l’activité de la vie avec une maternelle tendresse ; elle sait encourager les talents, oublier les erreurs, et n’a de sévérité que pour le crime et la folie. N’avons-nous pas vu, depuis huit ans, succomber tous ceux qui se sont entêtés à l’impossible ? Ils se sont perdus dans leurs violences et dans leurs chimères. Mais aujourd’hui il faut reconnaître que le sentiment de la réalité, de la pratique sociale, pénètre de plus en plus dans les esprits ; la raison publique s’affermit, et il devient plus difficile de la séduire ou de l’égarer.

Si la paix règne dans la société, pourquoi le feu est-il dans certains journaux ? Que conclure de ce contraste, si ce n’est qu’ils se trompent ou qu’ils veulent tromper ? Dans le premier cas, ils sont peu clairvoyants ; dans le second, peu véridiques. On pourrait concevoir que des écrivains, dans la sincérité de leurs opinions démocratiques, trouvassent des dangers dans ce calme universel, qu’ils craignissent que la sécurité devint de l’apathie, qu’ils voulussent empêcher l’activité pour les affaires particulières de dégénérer en abandon des intérêts publics. Il y a toujours des conseils utiles à donner à une société, dans quelque situation qu’elle se trouve, et il est toujours permis d’éveiller sa sollicitude sur elle-même et sur ses devoirs. Mais pour y réussir, pour s’en faire écouter, la véracité est nécessaire. Il faut que l’écrivain commence par reconnaitre les progrès accomplis, s’il veut en provoquer d’autres : qu’il ne calomnie ni les citoyens ni le gouvernement qu’il désire morigéner ; car sans cette bonne foi, loin de persuader, il révoltera, et la vérité même, si elle lui échappe, pourra devenir, dans sa bouche, un objet de dédain et de dégoût. Voilà pourtant, monsieur, les beaux résultats obtenus par certains organes de la presse opposante ; on dirait un parti pris de choquer le sens public, de s’inscrire en faux contre la réalité. Les colères de quelques journaux semblent croître avec la tranquillité générale ; et comme l’indifférence de tous les irrite encore davantage, elles montent à une exaltation vraiment pitoyable. On voit, dans son abandon, la presse opposante s’attaquer à tout, faire de toute chose un grief contre le gouvernement ; dernièrement une feuille reprochait au ministère les troubles qui avaient éclaté à Stockholm ; il n’arrive pas un accident en Europe dont les ministres ne doivent être responsables, et la presse leur crie comme Ariane délaissée dans l’Ile de Naxos :

Le roi, vous et les dieux, vous êtes tous complices.

Mettons un peu en regard la réalité et les allégations de la presse. Plusieurs de ses organes disent au pays : Vous croyez être dans une situation constitutionnelle, dans un état normal ; lourde erreur ! On vous asservit à votre insu ; vous n’êtes pas gouvernés suivant les règles de la charte : le roi exerce sur le gouvernement et les affaires une influence excessive, le ministère n’a ni indépendance ni personnalité. Il est vrai qu’à la surface tout est régulier, mais ces apparences sont menteuses ; au fond la constitution est éludée, et encore une fois vous ne vous apercevez pas qu’on vous trompe et qu’on vous opprime. Quelle est la valeur de ces assertions ? D’après notre charte, le roi règne par lui seul ; il gouverne avec le concours des chambres, par l’entremise et la responsabilité de ses ministres. Voilà notre loi politique. A-t-elle entendu par ses prescriptions que la personnalité du roi, ses talents, son caractère, n’auraient aucune action sur la marche des choses et des affaires, qu’il deviendrait indifférent pour la France d’avoir sur le trône un grand politique ou un homme médiocre, et que le roi constitutionnel était un être abstrait, toujours le même, parce qu’il serait toujours nui ? Si tel était le vœu de la charte, il serait une injure à l’esprit de notre pays, qui est plus sensible qu’aucun autre aux qualités personnelles ; mais il n’en est pas ainsi : le gouvernement représentatif ne compte pas parmi ses conditions l’abdication morale du roi ; quel publiciste consentirait à ériger en axiome un pareil contresens ? Voici ce qu’écrivait M. Guizot en 1828 : « Dans le système représentatif le mieux réglé, au milieu du déploiement des libertés publiques, en droit comme en fait, l’opinion du roi, la volonté du roi, la personne du roi tiendra toujours une grande place ; ses croyances, ses sentiments, ses habitudes, ses antipathies, ses goûts, seront autant de faits qu’il faudra prendre en considération... Deux faits sont également certains : l’un, que la pensée, la volonté du roi est une force avec laquelle il faut traiter ; l’autre, que cette force n’est point intraitable, et d’obstacle qu’elle était d’abord, peut fort bien devenir moyen. » Vous voyez, monsieur, que les journalistes qui se disent aujourd’hui les amis de M. Guizot, auraient dû interroger leur maître et prendre ses conseils avant de travailler à soulever une émeute morale contre le pouvoir constitutionnel de la royauté. S’il est dans la nature des choses que la personne du roi ait une part prévue d’influence dans les affaires d’un État constitutionnel, combien ce fait légitime est encore moins méconnaissable dans le premier règne d’une dynastie ! A ce propos, permettez-moi, monsieur, de vous rapporter les paroles d’un étranger qui, en me rendant visite, me communiquait ses impressions sur ce qu’il voyait en France : –Plusieurs de vos journaux, me disait-il, semblent ne pas comprendre la situation de la France, de son roi et de son gouvernement. La France, par l’unanimité de ses suffrages, a porté au trône un prince d’une habileté que reconnaissent ses ennemis les plus exaspérés ; elle trouve naturel que ce chef de dynastie veuille s’occuper lui-même de ses affaires ; elle pense qu’il les entend mieux, et qu’il en sait mieux que personne les difficultés et les solutions possibles. Elle ne veut pas sans doute que cette action personnelle du roi s’exerce aux dépens de la constitution : les ministres sont là qui répondent et doivent répondre de tout ; ils ne font pas tout, mais ils couvrent de leur responsabilité les actes de la royauté ; ils les acceptent. Joignez à cette acceptation la sanction parlementaire, et vous avez une situation normale, vous avez la réalité du gouvernement représentatif, qui ne provoque pas le talent dans la société pour l’exclure du trône.

C’est donc toujours aux ministres qu’il faut revenir pour leur demander compte de leur existence et de leur conduite. Or, il est clair qu’un homme d’État ne peut être au pouvoir qu’en confondant ses propres idées avec les inspirations royales ; on n’est pas plus ministre malgré le roi que malgré les chambres. Il est donc insensé de faire un crime à un ministère de son accord intime avec la royauté ; mais l’opinion a toujours le droit d’examiner si les ministres ont raison de rester à leurs postes, s’ils n’achètent pas leur durée par des complaisances anti-constitutionnelles, s’ils remplissent les devoirs d’hommes d’État et de citoyens. Remarquons d’abord qu’à considérer les injures que depuis trois mois et demi certains organes de la presse ont accumulées sur la personne de MM. Molé et de Montalivet, elles égalent bien la somme de celles qui ont été versées sur la tête de MM. Thiers et Guizot ; le petit ministère a eu l’honneur d’essuyer le même feu que la grande administration du 11 octobre ; sous ce rapport, l’amour-propre des membres du cabinet du 15 avril est à couvert ; ils n’ont pas été moins assaillis que leurs prédécesseurs, et cette égalité d’injures peut servir à prouver que leur situation n’est pas moins constitutionnelle. Je ne saurais vous exprimer jusqu’à quel point, à mon sens, l’opposition de la presse a manqué de tenue et d’habileté dans ses agressions envers le ministère. L’an dernier, tout le monde tombait d’accord sur les faits qui constituaient une situation nouvelle et meilleure. L’amnistie, le mariage du prince royal, les dispositions conciliatrices du cabinet du 15 avril paraissaient au public autant d’éléments d’un heureux avenir que la dissolution vint encore rendre plus facile, puisqu’elle appelait une chambre nouvelle, sans aucun engagement avec le passé, soit pour le blâme, soit pour l’éloge. J’accorde que les événements aient pu tromper quelques espérances ou certaines ambitions ; mais ces contrariétés qu’éprouvaient les partis et les hommes devaient-elles les entrainer dans des exagérations sans profit comme sans excuse ? Qu’a gagné l’opposition à attaquer le ministère du 15 avril comme s’il eût été composé d’hommes violents, rebelles à l’esprit de leur époque et contre-révolutionnaires systématiques ? Elle n’a réussi qu’à mieux mettre en lumière les actes et la personne des hommes d’État contre lesquels elle se déchaînait. Le public s’est mis à comparer la réalité avec les invectives de la presse, et il a estimé davantage ceux qu’il trouvait dénigrés avec une si révoltante injustice.

Vous savez, monsieur, si ces clameurs ont empêché le public de reconnaître dans M. Molé un homme d’État consommé, qui, mêlé aux événements européens depuis 1806, a contracté par une longue expérience une pratique supérieure des hommes et des choses, une intelligence élevée, trouvant le calme et la sérénité dans les hautes régions où elle se complait, un cœur vraiment noble qui sait avoir de la chaleur pour ses amis, de l’indulgence pour ses adversaires, et de sympathiques inclinations pour tous les genres de talent et de mérite. Si un homme eût dû s’attendre aux ménagements et aux égards de la presse opposante, c’était certes M. Molé, auquel on ne saurait reprocher une élévation brusquement improvisée, que l’Europe reconnaît, depuis la mort du prince de Talleyrand, comme le véritable représentant de la diplomatie française. M. Molé est le premier diplomate du pays, comme le maréchal Soult est le premier soldat de notre armée. Mais nous avons, en France, la déplorable manie de dégrader nos propres illustrations, et d’insulter nous-mêmes ce qu’au sortir de nos frontières nous trouvons l’objet d’une vénération unanime. Avons-nous trop, cependant, de ces hommes glorieusement éprouvés au service de la France, dont les exemples et les traditions doivent être l’enseignement des générations arrivant aux affaires ? Quand les hommes publics sont animés d’un vrai patriotisme, ils ne cherchent pas à s’entredétruire, mais à s’enchaîner les uns aux autres, à se soutenir, a se compléter mutuellement. Ce respect pour les individualités éminentes est surtout un devoir chez les hommes plus jeunes qui doivent d’autant mieux rendre hommage aux prééminences naturelles de l’âge et de la gloire, qu’ils ont plus de confiance dans leur propre avenir.

Ce n’est pas tout : les injustices de la polémique quotidienne, en tombant sur les personnes, portent une atteinte funeste à nos intérêts. Nous voyons des écrivains prendre parti pour l’étranger contre la France : je ne sais quelle cause certains hommes aimeraient mieux épouser que celle de leur pays ; ils seront tour à tour Mexicains, Belges ou Suisses, plutôt que de se montrer Français. Si notre gouvernement, se fondant sur les maximes les plus incontestables du droit public, demande à un pays ami et limitrophe l’expulsion d’un prétendant qui conspire sous le poids d’un pardon, plusieurs de nos journaux ne craindront pas d’envenimer les susceptibilités d’une nation qui se crut, à tort, un instant blessée dans ses droits, parce qu’on lui montrait quels étaient ses devoirs envers un allié. Dans le Nouveau-Monde, un intérêt différent, mais non moins grave, nous occupe. Il s’agit de fonder le droit des gens européen, de le faire respecter par l’ignorance et la barbarie de peuples nouveaux, légers, mutins et cruels comme des enfants. Certains organes de la presse approuvent à peine la légitimité de nos mesures énergiques, ils blâment le ministère d’exécuter a la fois les deux blocus du Mexique et de la République Argentine, comme si nous avions le choix du moment, comme si à deux outrages il ne fallait pas répondre par deux répressions. La question belge, dans laquelle l’Angleterre et la France agissent de concert, est aussi le thème de propositions singulières. À entendre quelques journalistes, tout est perdu pour la France si le territoire belge n’est pas augmenté et si la Hollande n’est pas encore amoindrie. Bon Dieu, monsieur, que cette politique extérieure est profonde ! Comme elle décèle un judicieux pressentiment des possibilités de l’avenir ! Heureusement, en dépit des erreurs, des contresens et des torts de la presse, notre politique extérieure poursuit avec calme et succès sa marche et ses développements. La paix européenne n’est plus aujourd’hui un accident heureux, mais un vaste système à la durée duquel les autres peuples sentent n’avoir pas moins d’intérêt que la France. En Orient tout s’apaise, et nous gardons nos alliés et notre influence tant à Constantinople qu’à Alexandrie.

Peut-on trouver aussi une raison plausible aux attaques passionnées que la presse a dirigées contre l’homme d’État qui siège à côté de M. Molé dans le conseil, et qui partage avec lui la responsabilité politique de l’administration ? D’où vient ce déraisonnable acharnement contre un homme jeune, qui depuis huit ans grandit en expérience et en talent, sous les yeux du public, dans la pratique du ministère et dans les débats de la tribune ; qui, par un tact heureux, une vive intelligence de l’esprit de notre époque, a su se concilier les suffrages des générations contemporaines dont il suit avec sympathie les travaux et les progrès ? Nous le savons mieux que personne, nous à qui M. de Montalivet a ouvert, en 1831, la carrière du haut enseignement, nous qui l’avons toujours vu considérant la révolution de 1830 et le gouvernement qu’elle a fondé comme devant être, pour le pays, pour les générations nouvelles, une source de prospérités et de brillants développements dans tout ce qui constitue la civilisation d’un grand peuple. Il y a dans M. de Montalivet une sève de jeunesse et d’avenir, une facilité à porter les affaires, un remarquable mélange de patience et de décision, qui peuvent faire la joie et l’orgueil de ses amis.

La grande erreur de la presse est de croire que le public la suit dans ses rancunes ou dans la routine de ses préjugés. Ne voyons-nous pas le gouvernement oser des choses nouvelles conformes aux goûts de notre siècle, utiles à ses tendances, et la presse opposante se faire l’organe des réclamations chagrines du vieil esprit ? Pour vous en donner un exemple, monsieur, que pouvait exécuter de plus avantageux aux fortes études le ministre de l’instruction publique, M. de Salvandy, que d’appeler dans des chaires nouvelles des hommes jeunes et cependant déjà célèbres? Est-ce montrer du mauvais vouloir pour les travaux et les idées des générations nouvelles que d’élever à l’enseignement supérieur MM. Bergman, Gustave Planche, Ravaisson, Quinet et Marmier ? Je puis vous affirmer que depuis longtemps aucun acte du gouvernement ne m’a paru plus heureux et causé une satisfaction plus complète. L’université a ses traditions et ses disciplines, sa marche sûre, mais parfois un peu lente. Cette grande institution, que nous devons au génie de l’empereur, sera d’autant plus puissante qu’elle recevra dans son sein plus d’hommes d’élite et de sages novateurs. De cette façon, elle pourra présenter au pays le double avantage de la tradition et de l’esprit progressif. Voilà ce qu’a compris le gouvernement, qui, depuis son origine, a eu l’admirable instinct de ne pas craindre les développements de la pensée, parce qu’il a senti qu’à la différence de l’empire et de la restauration, il avait son point d’appui dans l’opinion et dans la publicité. La presse s’est-elle montrée aussi libérale que le gouvernement ? a-t-elle loué avec empressement et franchise les mesures du ministre de l’instruction publique ? a-t-elle applaudi à la création judicieuse de centres d’instruction et de lumières dans plusieurs de nos grandes cités ? Non, monsieur, on n’a pas eu un éloge, ni pour l’administration, ni pour les jeunes et brillants professeurs qu’elle instituait ; on a même accusé le pouvoir de tendre à multiplier les demi-savants et, par une conséquence naturelle, les fausses vocations, en ouvrant de nouveaux cours, en offrant un nouvel aliment à l’activité de la jeunesse française. L’argument est original, surtout sous la plume d’écrivains qui se donnent pour les champions exclusifs du progrès et de la liberté. Que certains journaux y prennent garde : ils marchent, à leur insu sans doute, à un divorce complet avec les générations nouvelles ; à force de labourer toujours les mêmes ornières, de se prélasser dans les mêmes redites, de fermer leur esprit et leurs colonnes à tout ce qui occupe la pensée et l’imagination des hommes jeunes, ils finiront par tomber dans un véritable isolement, et, tout journaux qu’ils sont, à ne plus se trouver de leur époque.

Est-ce à dire, monsieur, qu’il n’y ait pas lieu à une critique raisonnée des actes du ministère ? Vous ne me prêterez pas cette étrange pensée. L’opposition est à la fois dans la charte et dans la nature humaine ; ce n’est pas, d’ailleurs, en notre pays qu’on court risque de la laisser chômer et dormir. Mais il ne suffit pas que son existence soit légale et que parfois le public lui prête volontiers l’oreille, pour que son triomphe soit assuré. Loin de là ; plus elle est libre, plus elle parle avec impunité, plus à son tour elle est l’objet d’un examen sévère ; alors si elle ne tient pas compte de la différence des temps et des hommes, si elle tonne au milieu du calme universel, comme si elle avait à résister à des créations furieuses ; si elle s’adresse à des hommes d’État d’une probité politique au-dessus de tout soupçon, comme MM. Molé, Montalivet et Barthe, du même ton qu’elle pourrait prendre pour attaquer des ministres prévaricateurs et coupables, elle se déconsidère et se détruit elle-même par les excès et l’injustice de ses déclamations. Je ne crains pas de mettre au nombre des bonnes fortunes du ministère, qui en a déjà trouvé plusieurs dans sa route, l’exagération de ses adversaires. Comme dans notre siècle il n’y a ni position si haute, ni mérite si vrai qui puisse espérer de n’être point attaqué, que doivent désirer tous ceux qui sont exposés au jugement du monde, rois, ministres, écrivains, orateurs, artistes, savants et poètes, si ce n’est d’être mal attaqués ? N’avoir pas d’ennemis est impossible, et d’ailleurs, serait humiliant. Mais combien vous devez vous estimer heureux, si vos ennemis sont aveuglés, si leur fureur les égare jusqu’à vous servir, parce qu’elle provoque dans le public une résistance de justice et un retour d’impartialité. Le public lit les libelles, mais il les juge ; il reconnaît que telle assertion est un mensonge, telle phrase une perfidie ; il permet, il accueille l’attaque, mais il se réserve de la mépriser et de la flétrir, si bien qu’il arrive souvent que, par l’hyperbole de l’invective et de la calomnie, vos ennemis ont amené votre éloge sur les lèvres du lecteur. Voilà le service dont les ministres du 15 avril ont pu souvent remercier leurs adversaires, non pour l’intention sans doute, mais pour le résultat. Il y a trois mois et demi, le ministère avait pour lui la force que donne une session traversée avec le concours parlementaire ; il a de plus aujourd’hui les fautes de la presse et la réaction du public contre tant d’excès.

Un mot maintenant, monsieur, sur la manière dont certains organes de la presse répondent aux écrivains dont ils veulent combattre les opinions. Certes, rien ne serait plus utile qu’une polémique raisonnée entre des publicistes sur des points importants ; c’est ainsi que se formeraient les convictions publiques, et qu’on pourrait préparer d’importantes solutions. Voilà un de ces avantages incontestables que présente la liberté de la presse, et qui pourrait racheter bien des inconvénients. Eh bien ! monsieur, nous ne pouvons en jouir ; nous en sommes frustrés par la mauvaise foi des assaillants. Quelle polémique est possible, quand le journal qui blâme une opinion ne s’attache pas à la réfuter, mais a la falsifier ; quand les bases de la discussion sont altérées ou détruites, et quand un faux, un faux bien caractérisé, vient prendre la place du raisonnement ? Vous savez combien les appréciations des faits politiques sont délicates, combien elles comportent de nuances, combien leur vérité se compose d’éléments divers ; pour les discuter, la plus scrupuleuse exactitude dans les mots est nécessaire ; et le premier devoir de l’écrivain qui veut en réfuter un autre, est de citer loyalement ce qu’il veut combattre. Mais tels ne sont pas aujourd’hui les procédés de certaine presse ; à la lire on reconnaît clairement qu’elle s’attache moins à éclairer le public qu’à lui donner le change, qu’elle désire moins ramener au vrai ses adversaires que les compromettre dans l’opinion : si un moment elle a pu faire croire aux lecteurs que tel publiciste a dit ce qu’il n’a pas dit, elle estime avoir remporté un beau triomphe. Aussi l’honnête homme qui eût accepté une discussion franche et profitable à tous s’éloigne avec dédain d’une arène souillée par le mensonge ; et sans répondre, il poursuit ses travaux avec une tranquille confiance dans l’impartialité publique.

Vous peindrai-je les mêmes journaux qui ne peuvent supporter les contradictions d’un esprit indépendant, adoptant sur-le-champ avec enthousiasme d’anciens adversaires, objets connus de leurs plus vives colères, parce que ces adversaires ont fait éclater leur dépit contre le cabinet du 15 avril ? Dès lors tout est mis en oubli, et les hommes pour lesquels autrefois on n’avait pas assez d’anathèmes sont enrôlés parmi les soutiens des libertés publiques. Ces caprices et ces inconséquences ne sont pas acceptés par l’opinion. Vous parlerai-je aussi des fausses nouvelles envoyées en province et à l’étranger pour que de l’étranger et de la province elles reviennent à Paris ? Vous montrerai-je la presse servant d’instrument aux inimitiés particulières, aux basses jalousies, permettant à l’envieux anonyme de jeter quelques lignes dans ses colonnes pour injurier une réputation ? Hélas ! monsieur, ces misères, vous les connaissez mieux que moi ; vous avez sondé l’abîme ; vous avez vu de près ces folliculaires impurs mordant la main qu’on leur avait tendue, et qu’ils avaient serrée souvent avec reconnaissance.

Le résultat de cette mauvaise conduite est, pour me servir d’une expression douce, l’indifférence publique. La presse quotidienne, en général, est descendue de la haute importance qui l’avait soutenue pendant longtemps au milieu des épreuves les plus difficiles ; elle en est venue à ce degré d’impuissance, qu’elle ne peut plus aujourd’hui, ni imprimer un mouvement, ni élever ou défaire une réputation. Elle a blasé le goût public ; on la lit sans y croire ; souvent on ne la lit plus, et ses divagations ont amené je ne sais quel engourdissement du sens moral.

Cela est un grand mal, monsieur, car à vos yeux, sans doute, comme aux miens, la presse est un des éléments nécessaires de notre civilisation politique ; et cependant ses fautes lui ont tellement aliéné les esprits, que ses droits sont mis en doute, et les services qu’elle peut rendre, méconnus et niés. Dans la même nation qui, il y a dix ans, ne supportait qu’en frémissant le joug de la censure, beaucoup en sont venus à se demander avec effroi si tout ce dévergondage d’écriture est l’état normal d’un pays. Cette disposition d’un grand nombre d’esprits est fâcheuse, car un ne saurait trop se convaincre qu’il nous faut vivre tous avec les avantages et les inconvénients de la liberté de la presse ; tous, gouvernement et citoyens, pouvoir et société. En vérité, nous conjurerions presque les écrivains qui peuvent nous être les plus opposés, de se réprimer un peu, d’exercer sur leurs passions une censure intérieure. Nous les engagerions encore à faire de leurs journaux, non pas la contradiction, mais le reflet de leur époque ; à suivre les progrès du temps, à ne pas reproduire en 1838 les articles de 1833 et de 1834, à tenter de regagner la faveur publique par des travaux opportuns et sérieux. Il ne suffit pas de répéter tous les matins les mots qu’au rapport d’Aristophane, dans les Guêpes, les démagogues avaient sans cesse à la bouche : « Je ne trahirai pas la démocratie, je combattrai toujours pour le peuple. » La démocratie moderne veut être servie par d’intelligents efforts, et le peuple a besoin non pas d’adulations, mais de conseils et de lumières.

Vous avez compris, monsieur, cette noble mission de la presse politique, et vous travaillez à y faire face. Vous vous employez, vous, vos amis, vos collaborateurs, à rassembler sur des questions graves des éléments de conviction et de vérité. Si, en France, en Europe, on lit avec estime les pages de votre recueil, c’est qu’on y trouve les résultats d’études politiques consciencieuses et fortes ; vous ne déclamez pas, vous instruisez ; vous vous proposez d’être pour ainsi dire, le rapporteur officieux des problèmes politiques qui se partagent les soins du gouvernement et l’attention de la société. Cette ambition n’est pas médiocre, mais elle ne vous messied pas, à vous, monsieur, qui depuis sept ans avez ouvert aux talents les plus divers de notre époque un centre commun, une tribune. Le lendemain d’une révolution, quand quelques passions, plutôt excitées que satisfaites, tentaient encore de nouveaux appels à la force, vous n’avez pas désespéré de la pensée, vous avez voulu la dégager et la sauver de ce conflit violent où elle se trouvait opprimée et comme ensevelie. Vous vous êtes adressé aux hommes de votre temps aux plus illustres comme aux plus jeunes ; vous avez obtenu des premiers de ne pas jeter la plume, vous avez mis aux autres les armes à la main. Plusieurs de nos gloires les plus récemment écloses vous doivent beaucoup. Vous étiez animé, soutenu par vos sympathies pour le talent partout où vous le découvriez, ainsi que par un goût heureux et sûr pour juger les œuvres de l’esprit. Quand, il y a deux ans, les derniers cris de nos troubles civils ont expiré, vous avez porté dans l’examen de la situation politique la même justesse que dans la direction des travaux littéraires ; vous avez reconnu qu’une époque nouvelle commençait, et que les vieux partis, devenus la proie d’une décomposition irrésistible, tombaient sous l’action du temps : alors vous vous êtes demandé avec vos amis, si dans cette position neuve des bommes et des choses, il n’y avait pas à commencer des travaux d’une application plus immédiate, à tenter d’associer à la littérature et à la philosophie une politique pratique à la laquelle vos habitudes de périodicité vous permettraient de donner a la fois consistance et opportunité. L’an dernier, un cabinet conciliateur et libéral a pris la direction des affaires ; vous n’avez pas mis votre patriotisme à accueillir son avènement et ses débuts par le dénigrement : vous n’avez pas demandé la règle de votre conduite aux différentes injures jetées successivement à la nouvelle administration. Pendant qu’on l’accusait d’être un petit ministère, vous reconnaissiez dans ses membres des bommes d’État considérables, d’une habileté qui depuis a pu défier tous les dédains. Si l’on disait ensuite que c’était un ministère de cour, vous touchiez au doigt le mensonge de cette imputation, en voyant avec quelle religion le cabinet du 15 avril cherchait en toute matière à s’assurer le concours parlementaire, avec quelle persévérance les chambres lui avaient prêté leur appui. Si enfin les opposants aux abois risquaient cet absurde cri de  ministère corrupteur et corrompu, vous constatiez la bonne foi des partis qui avaient d’abord reconnu les ministres du 15 avril pour d’honnêtes gens, et qui ne leur retiraient aujourd’hui la probité que parce que leurs succès les exaspéraient ; mais il est trop tard, et l’opinion publique ne se prête pas à ces volte-face de la calomnie. D’ailleurs un intérêt même supérieur à l’existence du cabinet actuel vous a frappé : vous avez pensé, monsieur, que le mouvement révolutionnaire était consommé pour la France du XIXe  siècle ; que notre pays, pour organiser ses prospérités intérieures et sa grandeur vis-à-vis du inonde, sentait le besoin de renoncer aux convulsions stériles, aux agitations sans dénouement, et de trouver son équilibre dans le système de la monarchie constitutionnelle. Voilà une conviction suprême qui montre que vous n’entamez pas l’œuvre d’un jour ; mais pour être laborieuse, cette tâche n’en veut pas moins être poursuivie, car là sont aujourd’hui la vérité, le patriotisme et l’intelligence.

Agréez, monsieur, etc.

Lerminier.

12 octobre, 1838.

Notes

1  Sur Lerminier, voir Georges Navet, « Eugène Lerminier (1803-1857) : la science du droit comme synthèse de l’histoire et de la philosophie », p. 33-56 et Frédéric Audren et Georges Navet, « Note sur la carrière d’Eugène Lerminier au Collège de France (1831-1849) », p. 57-67 dans le numéro spécial  La Science juridique entre politique et sciences humaines (XIXe-XXe siècles) de la Revue d’histoire des Sciences humaines, t. 4 (2001).

Pour citer ce document

Barbara T. Cooper, « Annexe 4. Lerminier », Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/textes-du-19e-siecle/anthologies/la-presse-en-scene/annexe-4-lerminier