American Mysterymania

Mystères et Misères des petites villes : portée géographique de la fiction des mystères urbains dans l’Amérique d’avant la Guerre civile

Table des matières

PAUL ERICKSON

En 1845, dans le périodique londonien Bentley’s Miscellany, un auteur commente le succès des Mystères de Paris d’Eugène Sue et la publication récente des Mysteries of London [Mystères de Londres] de G. W. M. Reynolds, et annonce l’arrivée d’une fureur nouvelle : « mysterymania has crossed the Channel » [la mysterymania (fureur des mystères) a traversé la Manche].1  Au même moment, cette fureur pour les romans prétendant révéler les « mystères » de la vie urbaine traverse également l’Atlantique. C’est là une histoire que connaissent bien nombre de spécialistes de la littérature américaine du dix-neuvième siècle. Suite à la publication à New York, en 1843, d’une traduction des Mystères de Paris de Sue, des hordes d’imitateurs américains s’arment de leur plume pour tirer profit de la fureur des « mystères », imitant souvent Sue à la lettre. En 1846, un écrivain se nommant « Eugene Sue Junior », ouvre les Mysteries of Charleston avec les vers suivants :

All the Great Cities east and west,
‘LONDON’ and ‘PARIS,’ and the rest,
Mentioned in our school histories,
Each one has its own ‘mysteries;’
Why can’t we have, pray tell us, do,
Our ‘MYSTERIES OF CHARLESTON’ too?
[Toutes les Grandes Villes d’Est et d’Ouest / ‘LONDRES’ et ‘PARIS’, et le reste, / Nommées dans nos livres scolaires, / Chacune a ses propres ‘mystères’;/Pourquoi, dites-nous, je vous en prie, / Ne pas avoir nos ‘MYSTÈRES DE CHARLESTON’ aussi?]

On l’a souvent dit : l’énorme succès du roman de George Lippard sur Philadelphie, The Quaker City; or the Monks of Monk-Hall [La Ville Quaker; ou les Moines de Monk-Hall], publié en 1844–45, marquerait la véritable arrivée de la « mysterymania » en Amérique. Mais sa publication témoigne du souci partagé par bien d’autres écrivains qui s’inquiètent de la croissance des villes aux États-Unis avant la Guerre civile. Alors que l’auteur d’un guide de voyage sur les villes américaines, publié en 1839, admet que « Nous n’avons certes pas de villes qui puissent être comparées avec plusieurs grandes villes de l’Europe », il note les progrès de l’urbanisation dans la jeune république : « Mais tout en nous implantant dans un désert qui s’étend sur des centaines, voire des milliers de miles, de part et d’autre, nous avons édifié de petites et de grandes villes […] et avons dépassé sur ce plan toutes les attentes, et sommes sans pareil […] dans l’histoire des nations. »2

La prolifération soudaine de romans urbains au début des années 1840 répond au fait que, dans les décennies précédant la Guerre civile, l’Amérique s’est urbanisée au rythme le plus rapide que son histoire ait jamais connu. Rejetant le conseil d’Horace Greeley d’« Aller vers l’Ouest », la population a migré, en grand nombre, vers les villes; en 1840, la population urbaine aux États-Unis augmente de 63,7 % par rapport à 1830;  dans le recensement de 1850, l’accroissement décennal était de 92,1 %; et en 1860, il atteint 75,4 %. Des villes telles que Rochester, Chicago ou encore San Francisco semblent sortir de terre du jour au lendemain, ce qui leur vaut le titre de « villes champignons ».3 Entre 1830 et 1860, le nombre de « villes » en Amérique telles que les définit le recensement – des implantations de plus de 2 500 personnes – est passé de 90 à 362, et ces villes s’élargissent géographiquement, empiétant encore davantage sur le territoire rural. Contrairement aux villes européennes, les villes américaines se caractérisent par une croissance simultanée et rapide des centres urbains et des faubourgs, ce qui accroît considérablement leur impact sur le paysage.4

Pourtant ce taux drastique et soudain de croissance urbaine n’est pas réservé aux villes nouvelles des régions plus récemment peuplées; les villes qui étaient déjà de grands centres urbains le sont devenues davantage et bien plus rapidement. En 1800, dans une nation de plus de 5 millions de personnes, seuls 183 000 Américains vivaient dans l’une des six villes comptant une population de plus de 10 000 habitants. Entre 1820 et 1860, tandis que la population des États-Unis triple, suivant un taux de croissance six fois plus rapide que la moyenne mondiale, la population résidant en banlieue est multipliée par dix, et la proportion de la population vivant en ville passe de 6 à 20 % du total, ce qui constitue l’augmentation la plus importante de citadins que les États-Unis aient jamais connue.5

Avec une telle croissance, l’expérience de la vie urbaine connaît alors des changements importants. Les zones centrales des villes américaines appartiennent aux régions les plus densément peuplées de la planète; une proximité extrême s’installe entre des populations originaires de différents pays, vêtues différemment, parlant des langues différentes, consommant chacune une nourriture différente et priant dans différentes églises et lieux de culte. Une telle proximité représente un changement qualitatif dans la nature de la vie urbaine, faisant de la ville un environnement déroutant. Les nouvelles structures urbaines entraînent un volume sonore et une concentration d’odeurs faisant de la grande ville d’avant la Guerre civile un environnement presque totalement étranger à l’expérience de la vie rurale. Cherchant pour la plupart à expliquer ces lieux urbains déroutants, des auteurs de médiocre fiction se mettent en valeur en signant des romans modelés sur Les Mystères de Paris, donc autant de récits qui visent à montrer que la ville grouillante et bouleversante possédait une unité sous cette multiplicité apparente. Se penchant principalement sur les zones métropolitaines de la Côte Est – New York, Boston et Philadelphie – ces romans révèlent également les aspects cachés de la vie dans des lieux plus reculés, tels que San Francisco, Saint Louis, La Nouvelle-Orléans et Cincinnati, ainsi que de plus petites implantations qui n’étaient peut-être pas suffisamment à la hauteur pour mériter le titre de « ville », comme Nashua (New Hampshire), Troy (New York), Fitchburg (Massachusetts) et Pottsville (Pennsylvanie).

Une étude de mystères urbains écrits entre 1844 et 1865, basée sur ma lecture de plusieurs centaines d’entre eux6, montre qu’une écrasante majorité des mystères américains ont été écrits sur trois des quatre plus grandes villes du pays; le manque d’intérêt de la part des auteurs de mystères urbains pour Baltimore, qui est à l’époque troisième plus grande ville de la nation, est difficile à expliquer. Si un lecteur contemporain a lu ne serait-ce qu’une poignée de mystères urbains américains, il aura certainement lu les titres incontournables écrits par les auteurs les plus célèbres du genre : George Lippard, dont The Quaker City est la première imitation américaine du roman de Sue à connaître un large succès; George Thompson, dont les romans grivois et osés, tels que City Crimes [Crimes dans la ville] ou Venus in Boston [Vénus à Boston], lui apportent une vaste renommée (sinon la richesse); et Ned Buntline, dont les Mysteries and Miseries of New York [Mystères et Misères de New York], et ensuite son rôle à la tête d’un rassemblement de partisans du Nativisme lors de l’émeute d’Astor Place à New York en 1849, sont les premiers titres de gloire. Pourtant ces romans font figure d’exceptions. Bien que George Lippard ait déclaré que son exposition sensationnelle de Philadelphie « was planned and partly written before the author heard of the existence of Eugene Sue » [était prévue et partiellement rédigée avant que l’auteur n’entende parler de l’existence d’Eugène Sue], il est clair que Lippard et ses pairs étaient en premier lieu motivés par la popularité de leurs précurseurs européens7, comme l’étaient d’ailleurs certains auteurs d’esquisses urbaines non fictionnelles, qui jouissaient également d’une immense popularité à cette époque, et parmi eux, George Foster est le plus célèbre. Faisant référence à son livre New York in Slices [New York en tranches], Foster déclare que ses livres ont déclenché la popularité des tranches et esquisses urbaines, et qu’il a été « adopté et imité dans toutes les directions. Quelques semaines après le lancement de New York in Slices sortirent Hudson in Patches [Hudson en pièces], Wisconsin in Chunks, [Wisconsin en morceaux] et Mississippi in Gobs [Mississippi en tas]. »8 Foster n’ignore pas la similarité, du moins entre ces collections de vignettes journalistiques et des romans comme The Quaker City, et il associe son travail à l’immense popularité dont jouissent Sue et ses adeptes à l’époque; il affirme que la parution de New York by Gas Light [New York à la lueur du réverbère] « a rencontré dans certains milieux les mêmes espèces d’opposition rencontrées d’abord par Les Mystères de Paris, et d’autres ouvrages similaires. »9

L’influence de The Quaker City est un facteur crucial à considérer en ce que, d’une certaine manière, le roman est responsable de la confusion sur ce que je conçois comme l’une des caractéristiques les plus essentielles du genre : sa flexibilité. Le premier roman urbain de George Lippard a connu une popularité si extraordinaire, et il a été réédité tant de fois, qu’il est devenu le livre auquel pensent automatiquement la plupart des universitaires modernes quand ils pensent (ou s’ils y pensent) aux « mystères urbains »; cela a conduit à considérer Lippard comme un auteur de romans urbains, alors que ceux-ci constituent en fait moins de la moitié de ses écrits. Le fait que depuis de nombreuses années il est le seul exemple américain du genre facilement accessible dans une réédition moderne a aggravé son statut déjà étrange en en faisant un géant de la littérature « trash ». Mais à bien des égards le roman de Lippard n’est pas du tout caractéristique du genre dans son ensemble. Il était bien plus long (500 pages) et coûtait bien plus cher que la majeure partie des mystères urbains (la plupart des éditions coûtaient au moins un dollar); il fait davantage dans le sensationnalisme et la violence que bon nombre d’autres exemples. Lippard a aussi beaucoup plus clairement exprimé ses opinions politiques dans son roman que ne l’ont fait la plupart des autres auteurs, et celles-ci étaient bien plus radicales chez Lippard. En même temps, son roman a une tonalité moraliste plus stridente que bien d’autres du genre, particulièrement lorsqu’il est question du crime de séduction. Enfin, il est simplement meilleur que presque tous les autres mystères urbains d’avant la guerre civile. Il est plus compréhensible, plus drôle; il contient un plus grand éventail de personnages; son registre vernaculaire (dont son usage de l’argot) est supérieur; il est plus étrange et mieux écrit. De plus, il est fréquemment décrit comme le « premier » mystère urbain américain, mais il est plus exact de le décrire comme le premier mystère urbain américain réussi. Dans les œuvres comprises dans ma liste des romans de mystères urbains américains, neuf ont été publiés en 1843, et vingt-quatre autres en 1844, après la publication de la traduction des Mystères de Paris à New York en octobre 1843, mais bien avant la publication de la version complète de Quaker City en 1845. Parmi ces premiers titres figurent des mystères urbains se déroulant dans plusieurs plus petites villes américaines, y compris Springfield, Lowell (2), Fitchburg et Haverhill dans le Massachusetts, Nashua et Manchester dans le New Hampshire.

Contrairement à The Quaker City, les mystères urbains américains, dans leur grande majorité, sont produits à moindre coût; ce sont des romans courts recouverts de papier qui se vendent de dix à cinquante cents, et sont écrits par des hommes (presque toujours des hommes) qui, généralement, n’ont pas réussi à se construire une carrière d’auteurs professionnels. Pour la plupart, ces auteurs médiocres pratiquent tous les genres et mettent en œuvre une série de compétences dans le monde en plein essor de la culture imprimée à bas coût. Ces auteurs font usage d’un large éventail de points de vue politiques, religieux et sociaux, et ne suivent pas tous la position réformiste que l’on associe à Sue et Lippard. Certains romans, comme celui de Lippard, se préoccupent de l’oppression subie par les pauvres des villes aux mains de riches marchands et fabricants, tandis que d’autres sont plus préoccupés par l’infiltration de la société Knickerbocker de New York par les familles de nouveaux riches qui ont fait fortune dans le commerce et par la menace, contre la haute société, d’aventuriers se faisant passer pour des aristocrates européens dans le but d’épouser des héritières américaines. Certains livres conformes aux conventions du genre ont été publiés par des auteurs accusés de pornographie, et d’autres ont été publiés par des sociétés de tracts religieux. Ainsi, la position rhétorique des mystères urbains n’exprime pas seulement un radicalisme ou un antiurbanisme propre à la classe ouvrière, comme on l’imagine souvent. Il y eut autant de variations sur le thème de l’exposition urbaine qu’il y eut de réponses au processus d’urbanisation, et l’appel du genre ne fut pas restreint aux lecteurs sans le sou ou sans instruction. Les tropes d’exposition régissant le genre ne sont d’ailleurs pas seulement réduits au sujet urbain : dans la même période, des livres prétendaient révéler les « mystères » de la guerre américano-mexicaine, de la religion mormone, du catholicisme romain, de l’entretien ménager, des asiles d’aliénés, des couvents, du tabac, de Wall Street, des assurances sur la vie.

Cependant, pour généraliser, au sein même de cette diversité, il est une qualité fondamentale que partagent les romans du genre : leurs récits présupposent qu’un mécanisme de dissimulation est à l’œuvre dans l’environnement urbain et qu’il a rendu la ville « mystérieuse ». Cette occultation peut être le résultat de nombreux facteurs – l’anonymat d’une grande population, l’invisibilité offerte par le dense tissu urbain, ou le fonctionnement des organisations conspiratrices secrètes. Quelle que soit la méthode employée, les forces cachées de la vie urbaine produisent des circonstances qui sont difficiles à expliquer – des « mystères » – et souvent, ces circonstances sont ou sensationnelles ou destructrices – des « misères ». Qu’un roman ait eu ou non les mots « mystères » ou « misères » dans son titre, ou tout simplement le nom d’une ville ou d’un terme générique tel que « métropole », les lecteurs s’attendent alors à ce que le roman fasse partie d’un genre soucieux de révéler les aspects cachés de la vie en ville.

Quel que soit le point de vue sur l’urbanisation qu’un roman de mystère urbain transmet à ses lecteurs, le simple fait qu’un mystère urbain soit publié est un événement civique important, une indication pour les lecteurs que leur ville recèle suffisamment de perversité pour « avoir gagné ses galons » [dans la corruption]. Un roué se vante ainsi à un visiteur de Lowell, dans le roman de 1844 intitulé Norton : or, The Lights and Shades of a Factory Village [Norton : ou, Lumières et Ombres d’un village ouvrier], que cette ville soi-disant vertueuse peut se targuer de compter de nombreux endroits où voir « des scènes obscures » comme nulle part ailleurs, y compris plus de 400 endroits pour acheter des boissons alcoolisées; la publication de nombreux romans décrivant les « mystères » de Lowell consolide le statut de la ville alors en pleine croissance. Une lettre datée du 15 juin 1908 attachée à une copie de Life in Rochester... Being Scenes of Misery, Vice, Shame and Oppression décrit fièrement le livre bas de gamme écrit par John Chumasero, politicien démocrate local, comme « Premier Roman de Rochester », et un récit urbain de 1844 se déroulant à Newport – Julia Glenroy, a Narrative of Crime [Julia Glenroy, le Récit d’un Crime] – fut le premier roman publié à Rhode Island.10

Les Mystères des Petites Villes

Gardant en mémoire ce phénomène d’élévation urbaine (et locale), je me pencherai plus spécifiquement sur les mystères des petites villes, donc sur des romans traitant d’endroits qui ne sont pas parmi les vingt plus grandes agglomérations urbaines aux É.-U. en 1850. Ces romans sont significatifs pour plusieurs raisons. D’abord, on l’a vu plus haut, plusieurs de ces textes font partie des premiers mystères urbains américains qui sont imprimés avec précipitation (et cela se voit) à la suite de la publication américaine des Mystères de Paris. Ces premiers spécimens essayent donc de saisir les contours du genre dans le contexte américain. Mais ils sont également significatifs à cause de leur décor – ils ont lieu dans des bourgades ou des petites villes où, pour être honnête, pas grand-chose n’arrive; ces lieux urbains n’étaient probablement pas très « mystérieux ». Mais ces villes avaient des ambitions et se considéraient comme ayant le potentiel de devenir, sinon des rivales de New York, tout au moins des centres urbains importants et passionnants. Comme l’écrit Wyn Kelley, « l’urbanisation en Amérique a condensé en quelques courtes décennies, ou dans certains cas, a pratiquement effacé, les longs siècles de préparation européenne », et si « des Américains pouvaient lire le destin de New York à Londres », de la même façon, des villes plus petites ont espéré (ou non) lire leur destin dans celui de New York, ou de Cincinnati.11 Ainsi ces livres montrent souvent quelles qualités, quels problèmes et quels personnages les auteurs considèrent comme plus « urbains », et ils aident à dévoiler quelques-uns des éléments constitutifs du genre des mystères urbains aux États-Unis au moment où celui-ci prend forme.

Le passage d’introduction aux Mysteries of Fitchburg [Mystères de Fitchburg] de 1844 reflète ces ambitions :

Gentle reader,–kind, courteous, affable, indulgent reader,–give us your dexter hand, and let us have the sublime pleasure of introducing you to the “Mysteries of Fitchburg.”  Mysteries there are of ‘Paris,’ mysteries there are of “New York,” “Boston,” and “Lowell.”  And mysteries enough, forsooth, every where, in abundance; and all over the world even, and why not “Mysteries of Fitchburg?” Mayhap you will think that Philip Penchant cannot write a book, or even if he can, you may say, “there is no material; no stirring incidents and thrilling events, which go to make up a volume.” But we shall see.  Dear reader, there are more things done here in Fitchburg, than is dreamt of in your philosophy. 12

[Gentil lecteur, – doux, courtois, affable et indulgent lecteur – donnez-nous votre main droite et laissez-nous avoir le plaisir sublime de vous faire découvrir « les Mystères de Fitchburg ». Des mystères, il en est de « Paris », des mystères, il en est de « New York », « Boston », et « Lowell ». Et de mystères, il en est assez, pour sûr, partout, en abondance; et dans le monde entier de manière égale, et pourquoi pas des « Mystères de Fitchburg »? Peut-être penserez-vous que Philip Penchant est incapable d’écrire un livre, ou même s’il le peut, vous pourriez dire, « il n’y a aucune matière; pas d’incidents exaltants ni d’événements palpitants, qui servent la composition d’un volume ». Mais nous verrons. Cher lecteur, il y a plus de choses faites ici, à Fitchburg, qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie.]

Des affirmations semblables sont faites à propos d’autres petites villes qui reçoivent le traitement de mystère urbain; comme l’annonce la couverture des Mysteries of Troy [Mystères de Troie], « Chaque endroit, grand ou petit, a ses mystères. »  De temps en temps, ces affirmations versent clairement dans la satire sur les prétentions à l’importance que peuvent avoir de petites villes. En 1845, dans Phasis of Life, or Mysteries of Catskill [Phase de Vie, ou Mystères de Catskill],  le narrateur demande:

Who can be ignorant of the location of Catskill–the “county seat” of Greene…?  Singular, indeed, would it be, if there were many.  … How much less then, the probability that Catskill will be forgotten by those who have enjoyed the infinitely greater luxury of clapping two mortal optics on the six ponderous columns that rise from the “Plaza de Van Bergen,” or the scarcely less stupendous Corinthian props of “the Franklin,” … or the immortally imposing yellow brick walls of the Court House and the Catskill Bank.  Ah! there are unrivalled and matchless wonders in some places as well as others!  Well, reader, it is here, … that we purpose to introduce to your notice certain mysterious characters, and certain mysterious transactions connected therewith.  But here fancy suggests that some querulous fellow exclaims– “Pooh, pooh, in a community so small as that of Catskill, it is impossible for any thing to transpire that could be of interest to the mass of readers–or in truth to almost any one of them.” “But my dear fellow,” we reply, “recollect that Catskill is a great place.”13

[Nul ne saurait ignorer l’emplacement de Catskill « le chef-lieu » de Greene...? Ce serait en effet singulier qu’il y ait beaucoup d’ignorants. ... Combien moins alors, la probabilité que Catskill soit oubliée par ceux qui ont joui du luxe infiniment plus grand de battre de leurs deux optiques mortelles face aux six lourdes colonnes qui jaillissent de « la Place de Van Bergen », ou devant les appuis verticaux Corinthiens à peine moins extraordinaires du ‘Franklin’, ... ou face aux murs de brique jaune immortellement imposant du Tribunal et de la Banque de Catskill. Ah! Il y a des miracles sans égal et incomparables dans certains endroits aussi bien que dans d’autres! Eh bien, lecteur, c’est ici, ...que nous tâchons de présenter à votre attention certains personnages mystérieux et certaines transactions mystérieuses qui s’y rattachent. Mais ici la fantaisie suggère qu’un certain camarade bougon s’exclame « Peuh, peuh, dans une communauté si petite que celle de Catskill, il est impossible que quelque chose se produise qui présenterait un quelconque intérêt pour la masse des lecteurs – ou en vérité pour presque n’importe lequel d’entre eux ». « Mais mon cher camarade », répondons-nous, « souvenez-vous que Catskill est un endroit formidable ».]

Cette parodie d’élévation se mélange souvent à un certain étonnement face à la croissance rapide de villes manufacturières dans l’arrière-pays de la Nouvelle-Angleterre, comme Manchester, New Hampshire, que Chandler Eastman Potter décrit dans Mysteries of Manchester [Mystères de Manchester] comme ayant poussé :

as if by magic, or the creation of fairy land, at the bidding of wealth and industry, the once useless, foaming, and dashing cataract has been made subservient to the extended wants of luxury, and a sterile, barren soil, as if touched by Aladdin’s lamp or the finger of Midas—has become invaluable, covered in its thousands of population…. Manchester, seven years since, a sterile pine barren, but one dilapidated hut in the place—now containing as many thousands of industrious people, and destined, such are its resources, in the lapse of a quarter of a century from its germ, to be one of the most beautiful and wealthy cities in America […]14

[comme par magie, ou par la création d’un terrain magique, à la demande de la richesse et de l’industrie, la cataracte autrefois inutile, écumante et fougueuse a servi les besoins croissants du luxe, et un sol stérile, incultivable, comme touché par la lampe d’Aladin ou le doigt de Midas, est devenu inestimable, couvert de ses milliers d’habitants. Voilà que Manchester – il y a sept ans, une lande de pin stérile, n’abritant qu’une cabane délabrée – contenant désormais des milliers de travailleurs industrieux, est destinée, ainsi que le sont ses ressources, dans l’intervalle d’un quart de siècle à compter de son germe, à devenir l’une des villes les plus belles et les plus riches d’Amérique…]

Que cela vienne de la croissance de l’industrie alimentée par les nombreux fleuves et rivières du couloir nord-est des États-Unis, ou de l’arrivée d’un chemin de fer ou d’un canal, les petites villes dépeintes dans ces romans sont universellement montrées en exemple pour leur aspiration à de plus grandes choses, même si elles étaient en fait de petits villages ruraux. Tandis que Lowell, dans le Massachusetts, et Manchester, dans le New Hampshire, deux villes aux usines de textiles assourdissantes, étaient clairement des implantations d’un autre ordre, beaucoup d’autres petits lieux dépeints dans ces mystères de petites villes ne pouvaient probablement pas revendiquer beaucoup de véritables attractions urbaines.

L’apparence physique de ces romans sert aussi à indiquer la carence culturelle de leurs sujets géographiques. Les mystères urbains portant sur de grandes villes (dans lesquelles ils y sont aussi publiés) ont une apparence typique, tout comme la majorité des livres de poche les moins chers de l’époque. La quatrième de couverture des Mysteries of Paris [Mystères de Paris] des Frères Harper en 1843, et celle d’une réédition postérieure du roman new-yorkais de George Lippard, The Empire City, sont toutes deux couvertes de publicités pour d’autres livres, ce qui situe ces romans dans le contexte plus large de la culture imprimée urbaine et les place mimétiquement en conversation avec ces autres textes. Les mystères urbains traitant de petites villes, au contraire, n’ont aucune culture imprimée locale à laquelle participer. Certains d’entre eux réussissent à ce que leur distribution se fasse dans de plus grandes villes, mais la plupart d’entre eux, quand ils peuvent présenter un minimum de publicité, se retrouvent placés dans le monde local des biens mercantiles, plutôt que dans le champ de la culture imprimée. The Mountain Village ; or, The Mysteries of the Coal Region[Le Village de Montagne; ou, Les Mystères de la Région de Charbon], de Ralph Rural, publié à Pottsville, dans l’État de Pennsylvanie, peut être acheté (selon la quatrième de couverture) dans les kiosques à journaux, les bureaux de poste, les librairies et les bureaux de presse à Minersville, Port Carbon, Tamaqua, Reading et Harrisburg – des villes qui ne répondent pas aux critères leur permettant de briguer leurs propres romans de mystère urbain et qui ne participent aucunement à une grande culture urbaine de l’imprimé et des périodiques. Plus typiques sont les publicités imprimées avec Mysteries of Springfield [Mystères de Springfield] de J. Wimpleton Wilkes, en 1844, pour des établissements locaux comme le Bacon and Cleland’s Dry Goods Store [magasin de nouveautés] ou le magasin de Lewis Blake à Springfield, où les clients peuvent trouver des chapeaux et des cheveux artificiels de toute sorte.

Qu’est-ce que ces romans prétendent donc voir comme véritablement mystérieux dans ces petites villes? Quels sont les maux urbains qui assaillent ces implantations de l’arrière-pays et ces villes manufacturières? S’il ne s’agit pas d’« un mystère » réel, l’incident déclencheur dans beaucoup de ces mystères de petites localités, comme dans les romans des métropoles, est l’intempérance, comme c’est le cas dans The Mysteries of Worcester [Les Mystères de Worcester], qui est un roman typique et stéréotypé sur le devoir de sobriété.

Un procédé narratif plus fréquent dans le genre – et qui fait appel à des exemples dans Les Mystères de Paris comme dans Quaker City– est la séduction, qui est fréquemment provoquée par l’autre procédé narratif presque constant dans le genre en général, l’héritage détourné. De belles jeunes femmes illicitement démunies de leur patrimoine sont des cibles faciles pour les hommes riches et puissants qui orchestrent l’appauvrissement des filles, comme c’est le cas dans The Mysteries of Nashua (1844). Fréquemment, les filles séduites dans de petites villes fuient vers la ville, puisque leur réputation chez elles est ternie à jamais et l’environnement urbain, plus grand, leur donne une chance de repartir à zéro. Dans deux villes plus petites, en particulier – Manchester, dans l’État du New Hampshire, et Lowell, dans le Massachusetts – la grande concentration de jeunes femmes est présentée comme l’élément le plus fascinant de l’identité de la ville. Débordant de jeunes campagnardes de la Nouvelle-Angleterre venues pour travailler dans les usines de textile, Lowell est décrit comme un pays merveilleux dans Norton : or, The Lights and Shades of a Factory Village, en 1849 : « les filles des fermiers n’ont plus consenti à traire les vaches, ou à tourner le rouet, mais se sont hâtées au loin, vers Lowell; là, de leurs doigts agiles, elles transforment les minutes fuyantes en pièces de monnaie, […] Le bordel est rempli de beaucoup de victimes d’ici; – car où l’homme libidineux pourrait-il trouver un meilleur terrain pour sa lubricité cauchemardesque qu’ici […]15».  

Dans beaucoup de mystères de petites villes, cependant, le terrain pour la séduction se trame d’abord dans la plus petite commune, mais l’acte lui-même s’accomplit fréquemment dans une plus grande ville – Bangor, Boston ou New York – où le séducteur réussit à séduire sa victime. Ce déplacement souligne un fil conducteur cohérent qui se retrouve dans presque tous les mystères des bourgades que j’ai examinés. Malgré le ton exubérant qu’adoptent les auteurs, se dessine une nette tendance à faire en sorte que l’action se déroule dans de plus grandes villes. Une séduction occasionnelle ou une agression aura lieu dans une petite ville, mais le plus souvent ces choses ont lieu à New York, Philadelphie ou Boston, car les grandes villes sont les endroits où les choses arrivent.16 Cette tendance est soigneusement résumée dans une phrase des Mysteries of Salem [Mystères de Salem], au sujet du héros du roman, Charles Marion : « Rien de matériel ne lui est arrivé jusqu’à ce qu’il arrive à Philadelphie. »17

Les villes plus petites sont souvent représentées comme des « ligues mineures », vis-à-vis de l’immoralité des grandes villes; ce sont des endroits où les libertins apprennent leur métier jusqu’à ce qu’ils soient prêts à rôder dans les rues de Boston ou de New York. De même, ces sites modestes fournissent la matière première, à savoir la beauté féminine vierge, qui assure l’opération continue des industries d’exploitation sexuelle dans les plus grandes villes. Dans The Eastern Belle [La Belle de l’Est] d’Osgood Bradbury, un débauché vivant à Bangor, dans le Maine, espionne une belle, mais vaniteuse jeune fille dans un petit village et décide de la ruiner, enrôlant une maquerelle à Boston pour la cause. La femme en question, prénommée Kate, décrit ainsi la future victime à l’un de ses clients : « C’est une belle jeune femme, qui n’a guère plus de vingt ans, tout fraîchement arrivée de l’État du Maine, où tant de jolies filles sont élevées. »18 L’ami du séducteur, George Somerville, après avoir entendu conter la beauté d’Elizabeth, remarque : « Vous trouvez toujours une belle fleur dans le pays. Je crois qu’il me faut faire une excursion dans les villes reculées, et voir si je peux en trouver une dont la beauté et le parfum affecteront mes nerfs autant que cette fleur semble avoir affecté les vôtres. »

Si le crime de séduction fait de plus en plus partie de leur vie quotidienne, les petites villes mettent également en scène des conspirations criminelles organisées, qui sont des caractéristiques fréquentes des romans se déroulant dans les grands centres urbains. Dans les Mysteries of Catskill [Mystères de Catskill], l’organisation criminelle appelée « l’Ordre », et qui opère dans la ville, a « des bureaux » au moins à New York et à Montréal. De même, dans les Mysteries of Manchester [Mystères de Manchester] de Justin Grammont, « la Ligue du Merrimack » est une société secrète qui se concentre sur la contrefaçon le long de « la Grand Route du Canada à Boston. » La cérémonie d’initiation des membres, puisant dans plusieurs romans du genre, y compris The Quaker City, comprend le serment sur un squelette et la signature par le sang dans un livre d’adhésion.19 Tandis que la ligue opère à Manchester, elle est basée à Boston, où son quartier général se trouve dans un restaurant à la mode, bien que le narrateur confie qu’il a d’abord appris l’existence de la ligue dans une cabane dans les bois de l’Iowa.

The Mountain Village; or the Mysteries of the Coal Region [Le Village de Montagne; ou les Mystères de la Région de Charbon], de Ralph Rural, publié en 1849, et dont l’histoire se déroule à Pottsville, en Pennsylvanie, commence par la ville en plein état d’agitation à cause d’un article de presse récent alléguant l’existence d’une conspiration criminelle secrète en ville appelée « Black Spots », « les Points noirs. » Ce groupe est en fait bien réel, et beaucoup d’hommes importants dans la ville en font partie, bien que, comme l’un d’entre eux le déclare, « Eh bien, vraiment, on a peine à penser que les gens de ce village, situé comme il l’est au fin fond des montagnes, se laisseraient persuadés de prêter foi à de tels récits, alors que pour les initiés, une telle chose ne saurait exister dans ce petit endroit. »20 L’association exécute une variété de crimes – vol, contrebande et même un meurtre –, mais semble surtout exister comme une sorte de société d’entraide pour son club de criminels des plus variés : elle se compose d’Allemands, d’Irlandais, d’Écossais et au moins de deux Juifs. Le crime le plus commun que ces organisations secrètes semblent conduire est la contrefaçon. Dans The Mysteries of Manchester [Les Mystères de Manchester], Chandler Potter présente une étrange entreprise de contrefaçon, dont le cerveau érige un hôtel des monnaies sur une île juste au-dessous des chutes du fleuve Amoskeag, où le bruit de la ferronnerie ne sera pas audible. Mais la contrefaçon de par sa nature exige la participation à un réseau, puisque la fausse monnaie doit être distribuée largement pour éviter d’être détectée, ce qui relie ces petites villes à un plus grand réseau criminel d’économie clandestine.

À part ces entreprises criminelles tangibles – qui se trouvent toutes établies ailleurs que dans la ville qui est au centre de chacun de ces romans –, « le crime » patent qui a lieu dans ces villes est des plus honteusement petit en comparaison. Dans les Mysteries of Haverhill [Mystères de Haverhill], les voyous locaux ont pour activités criminelles nocturnes principales de renverser quelques boîtes de tissus, faire rouler une meule sur un trottoir en pente, sauter sur un auvent de magasin et mettre le feu à une écurie vide. S’il y a aussi une histoire de séduction, il suffit à Mary Watson de donner à son séducteur potentiel, Harry Clinton, une réprimande musclée lui enjoignant de bien se tenir, et il se ressaisit aussitôt. Une histoire de tentative de séduction, accompagnée d’une descente dans l’alcoolisme, a lieu dans The Mysteries of Nashua [Les Mystères de Nashua], mais quasiment toute la première moitié du roman est consacrée à l’exposition en détail de farces de pensionnat comme le vol de poulets et de tartes aux pommes, le renversement d’un bateau (en eau peu profonde) pendant une excursion estivale, et une brève anecdote relatant l’intimidation d’un garçon dont on maintient le visage dans le jet d’une pompe à eau.

The Mysteries of Papermill Village, qui se déroule dans un village du New Hampshire (un lieu réel), se concentre sur des infractions encore plus minimes. Un chapitre raconte comment des pères riches ne laisseront pas leurs filles épouser de pauvres hommes; un autre chapitre est consacré aux « Meddlers », les « fouineurs », des résidents locaux « dont l’amusement consiste à fureter dans les secrets d’autres personnes. Ils doivent connaître les détails de chaque affaire, jeter un regard furtif sur l’épaule d’un voisin pour lire une lettre privée, et se porter ensuite d’emblée chez une certaine commère avec les nouvelles21 ». Les autres « mystères “insignifiants” du petit et peu glorieux » (« petty’ mysteries of little, inglorious ») village de Papermill signés du même auteur incluent autant de « méprisables écarts hors du droit chemin et des règles de la convenance » (« contemptible deviations from the path of rectitude and the rules of propriety ») qu’une atmosphère surchauffée de sectarisme religieux ayant exigé la construction d’un deuxième temple; « l’abondance de conversations idiotes, de plaisanteries et de propos obscènes dans nos magasins et boutiques [Qui? Qui parle ainsi? Je ne peux m’arrêter pour le dire; mais visitez ces endroits régulièrement pendant six mois et vous pourrez répondre à votre propre question. Eh bien, si des choses inanimées pouvaient parler, une histoire serait contée qui viendrait recouvrir les pensées polluées – les pensées licencieuses des Sipsvilleites]22 »; et « la négligence parentale » (« parental neglect »), qui se manifeste en premier chef par le fait que les enfants locaux font trop de bruit23.

Peut-être le déploiement le plus étroit du genre de mystères urbains se produit-il dans The Mysteries of Rockville; or, Moral Reformation in 1846 [les Mystères de Rockville; ou, Réforme morale en 1846], une brochure de douze pages, d’impression bas de gamme, vendue pour six cents. L’auteur entre tout de suite dans le vif du sujet : « L’auteur, avec le plus grand respect, informe le public que des faits et gestes étranges ont dernièrement eu lieu dans cette partie de la Ville de Medway, appelée Rockville. Plus de scandale y a circulé pendant l’année passée que n’importe quelle communauté honnête ne serait encline à tolérer, quasiment personne de respectable n’y a échappé. »  L’auteur a apparemment été la cible d’un commérage diffamatoire dans Medway : « J’ai été informé que Mme Jasper Daniels, de Rockville, avait fait quelques déclarations me concernant, quand une autre personne lui a rendu visite, au sujet de quelques rapports calomnieux qui circulaient, elle lui a déclaré, à ce moment-là que j’avais une mauvaise réputation et que j’étais un personnage suspect, je lui ai demandé de parler avec elle de cela et elle m’a renvoyé vers la famille de Whiting Metcalf pour des informations sur ma personne. »  Quelle est donc la nature de la diffamation qui aboutit à la publication des Mysteries of Rockville [Mystères de Rockville]? L’auteur nous l’explique :

La déclaration que vous m’avez faite “que cela n’avait pas l’air très correct pour un jeune homme d’aller embrasser les femmes d’autres hommes” n’était pas une expression très élégante venant de l’ex-Présidente de la Société de la Réforme morale par rapport à la femme de son propre fils aussi bien que d’autres. Je ne nie pas les avoir embrassées, mais je dois dire que je n’ai jamais embrassé pour insulter, et je ne crois pas non plus qu’elles diraient elles-mêmes que je l’ai fait dans ce but, cela a été fait pour plaisanter et devant leurs maris, ou d’autres personnes présentes. 24

Le fait que de tels scandales mineurs, rapportés dans une prose à peine cohérente, soient regroupés sous la rubrique des Mystères… témoigne tant de la flexibilité du genre que de son rayonnement jusque dans les plus petites villes.

Malgré ces « mystères » d’un niveau parfois absurdement bas, les mystères urbains de petites villes font un véritable effort pour revendiquer un rapport avec des conditions urbaines. Beaucoup de romans incluent ce qui était une scène d’ouverture théâtrale dans le genre, en décrivant les foules se pressant sur le trottoir en fin de journée et en cataloguant les nombreux types qui se mélangent dans la scène : riches marchands, honnêtes mécaniciens, pauvres couturières; dandys, Bowery b’hoys [gars du Bowery] et pickpockets ; ouvrières, débauchés et mendiants. Comme le dit un exemple représentatif des Mysteries of Fitchburg [Mystères de Fitchburg], « Jetez un œil sur la foule affairée. Quelle carte avons-nous là, déployée pour l’étude de l’esprit! Pouvez-vous la lire? C’est une vaste énigme en soi. C’est la vie humaine vivante. »25 Des troupes de théâtre urbaines et des interprètes musicaux se produisaient dans ces villes, les résidents pouvaient commander des vêtements de tailleurs métropolitains afin d’être à la pointe de la mode. Cependant, ces mystères de petites villes montrent en fin de compte que ces endroits ne sont pas du tout des villes, malgré leurs aspirations. Soit de véritables malheurs urbains sont apportés dans ces petites villes par des étrangers, soit ils ont lieu dans les plus grandes villes. La revendication d’être « mystérieuses » n’était pas suffisante, finalement, pour transformer ces communes et bourgades en villes.

Les Vrais Mystères de la Ville

Comme nous l’avons vu, la définition de ce qui constitue un « mystère urbain » est extrêmement flexible. Pour l’auteur des Mysteries of Papermill Village [Mystères du Village de Papermill], la vie de la ville était « pleine de mystères, étant donné que les habitants sont opposés dans la foi politique et religieuse. » Pour Osgood Bradbury, dans les Mysteries of Lowell [Mystères de Lowell], « le mystère le plus grand est le cœur féminin. » Salem est caractérisée comme « mystérieuse » en raison de son image de « ville tranquille, une ville qui gagne et garde son argent. » Comme l’indique le sous-titre du roman New York de George Lippard, pour lui, les vrais mystères de la ville sont le produit du fossé entre « les dix supérieurs » et « le million inférieur ».26 Cependant, un fil conducteur surgit dans beaucoup de ces récits se déroulant dans des villes plus petites, fil qui aide plus sûrement à imaginer ce qu’était le vrai mystère de la ville – le mystère qui traverse presque tous les exemples américains du genre. À mon sens, c’est là le trait principal qui différencie les mystères urbains américains de ceux écrits en Europe. Deux leitmotive reviennent dans presque tous les mystères urbains américains, ou plutôt deux questions que les écrivains ont systématiquement soulevées : comment la ville en question a-t-elle pu croître si vite? Et comment certains sont-ils si riches et si puissants, tandis que d’autres sont si pauvres et sans défense? Mon hypothèse est que la spéculation immobilière sous-tend la réponse que ces romans apportent à ces deux questions.

L’intrigue centrée sur la séduction dans les Mysteries of Nashua [Mystères de Nashua] a ses racines dans le béguin, remontant à l’enfance, de Dennis Maynard pour Adeline Perkins et son désir de vengeance contre son fiancé, Percy Gardner. Ayant pris des dispositions pour que Percy soit envoyé dans une expédition en Amérique du Sud, Dennis décide que pour séduire Adeline, il doit jouer sur son souhait de soutenir ses parents vieillissants; il ruine donc son père en le convainquant de participer « à la spéculation éminente dans les terres de Nashua, qui est bien connue de toute personne familière de l’histoire de Nashua, » dans laquelle « des centaines, sinon des milliers, ont été gagnés en une journée. »27  Maynard vend plusieurs de ses propres parcelles au père d’Adeline à l’apogée de la frénésie; une fois son père ruiné, Adeline doit aller travailler dans les usines afin de soutenir ses parents. Dans ses Mysteries of Manchester [Mystères de Manchester], Chandler Eastman Potter fait une brève référence à la ville comme ayant émergé brusquement « à la demande de la fortune et de l’industrie. »28  Mais Potter a aussi publié une History of Manchester [Histoire de Manchester], en 1856. Dans ce livre, il présente la querelle politique au sujet de la croissance du « Nouveau Village », peuplé par des nouveaux venus, et du « Vieux Village », qui finalement viendraient à fusionner. Détaillant les luttes politiques du milieu des années 1840, qui se sont déroulées alors qu’il écrivait ses Mystères, Potter note que le plus gros de la discorde portait la disposition des parcelles et le transfert de terres – des terres qui étaient vendues par les entreprises Amoskeag et Stark, les grands fabricants de textiles qui avaient acheté tout le terrain.

Les romans de mystères urbains des quatre coins du pays décrivent la qualité anticipée du développement urbain. Dans ses Mysteries of St. Louis [Mystères de St-Louis], Henry Boernstein écrit au sujet de la partie sud de la ville, où

the streets are already laid out on all maps and numbered; but the houses are only yet single and scattered, and perhaps ten years more may elapse ere they are built compactly together, as in the city.  In 1849, when our narrative begins, the number of these houses was still much smaller, and some of them were situated in such solitary, out-of-the-way spots that they might have been taken rather for small farms than for houses in streets within the city limits. 29

[les rues sont déjà disposées et numérotées sur toutes les cartes; mais les maisons sont seulement encore individuelles et éparses et peut-être que dix années peuvent encore s’écouler avant qu’elles ne soient construites ensemble, de façon compacte, comme dans la ville. En 1849, quand notre récit commence, le nombre de ces maisons était toujours beaucoup plus petit, et certaines d’entre elles ont été placées dans de tels endroits solitaires et éloignés qu’elles pourraient être prises plutôt pour de petites fermes que pour des maisons dans des rues aux limites de la ville.]

Cette incessante avancée du développement est la plus prononcée à New York, où des auteurs, de James Fenimore Cooper à Horace Greeley en passant par Philip Hone, décrivent dans les moindres détails la hausse des prix de l’immobilier du centre-ville de Manhattan.30 Les personnages de mystères urbains retournent à St-Louis, San Francisco, New York, ou Pittsburgh – ou même Lowell, Massachusetts, ou encore Pottsville, en Pennsylvanie – après des années passées ailleurs, et sont abasourdis par la quantité des changements apportés à des villes qu’ils ne reconnaissent plus.31 Beaucoup d’auteurs de cette période ont écrit sur la croissance des villes américaines comme s’il s’agissait d’un processus naturel – les villes poussaient par « action capillaire », comme une éponge, et leur expansion continue est présentée comme inévitable, résultant tant des lois de la nature que de celles de l’économie politique. Invariablement, les villes « prospéraient », « florissaient », ou « étaient animées », autant de signes de vitalité dont on expose le contraste avec « la stagnation » de la petite commune, ainsi décrite dans un récit urbain : « Un distant et lointain extrême du monde en marche, qui est tellement séparé du “cœur de l’activité” que pas une seule goutte de son essence vitale n’atteint jamais ce membre mort et amputé. »32

Toutefois, ce que montrent les romans de mystères urbains américains est que ce processus n’était ni inévitable, ni naturel; et qu’il a plutôt été conduit selon un certain plan, dont les résultats expliquent une grande partie de l’inégalité sociale si visible dans les villes américaines. Un traité de 1865 sur The Growth of New York [La Croissance de New York] indique ainsi : « Si quelqu’un prenait la liste de nos vieux millionnaires marchands, et la comparait avec la liste de propriétaires fonciers de Broadway, il verrait une grande coïncidence et apprendrait un grand secret. »33 Ce secret consiste en ce que les mystères de la ville sont les mystères de l’immobilier; comprendre ces mystères, les romans du genre le disent clairement, est la clé de la réussite. Le texte de présentation, extrait d’une critique, figurant sur la page de titre du roman new-yorkais d’Emma Wellmont, Substance and Shadows; or, Phases of Every-day Life[Substance et ombres; ou, phases de vie quotidienne] stipule : « À cette époque des fortunes ont été faites pour des hommes tandis qu’ils dormaient, grâce à l’augmentation rapide de la valeur de l’immobilier; l’auteur fait d’une de ces énormes accumulations le fondement d’une intrigue hors du commun. »34 L’un des protagonistes du roman, en réponse au harcèlement que lui fait subir sa femme par rapport à ses mauvais investissements immobiliers, lui répond : « “Comment aurais-je pu savoir de quel côté la ville se dirigeait? … Elle fait un pas dans un sens et semble aller dans cette voie, et ensuite elle fait un autre pas dans une trajectoire tout à fait différente et va dans cette direction-là.” »35

Le rôle capital de la spéculation immobilière dans les mystères urbains disposait d’un modèle dans le monde réel, celui de la vie de Madame Restell, l’avorteuse la plus tristement célèbre dans le New York du dix-neuvième siècle, et figure que l’on rencontre fréquemment dans des romans new-yorkais contenant des intrigues de séduction. Eric Homberger écrit que le parcours professionnel de Restell reflète celui de la ville : elle déménage vers des quartiers chic quand la ville se développe, et gagne la majorité de son argent dans la spéculation immobilière, achetant dix lots sur la Cinquième Avenue entre la 52e et 53e Rue pour 36,000 $ dans les années 1850, et revendant ensuite certains des lots afin de se procurer de l’argent pour développer les autres; dans les années 1870, elle fait construire l’un des premiers immeubles d’habitation de New York dans ce quartier.36

L’importance majeure de la croissance urbaine en général, et de la spéculation immobilière en particulier comme une thématique obsédante des mystères urbains états-uniens, est soutenue par l’utilisation cohérente de l’héritage détourné comme procédé narratif. Contrairement aux Mystères de Paris de Sue, où, en retrouvant sa fille, Rodolphe cimente une transmission fondée sur le titre et la légitimité, dans les mystères urbains américains, l’héritage principal dont les personnages se trouvent démunis est la terre – les villes engloutissent littéralement les héritiers légitimes de propriété, tant comme une succession réelle venue des parents que comme l’héritage métaphorique de la nation venant de la génération révolutionnaire. Dans The Virtuous Wife, or the Libertine Detected  [La Femme Vertueuse, ou le Libertin Détecté] d’Emma Rosewood (1845), un jeune homme de Cambridge montre à une observatrice l’épée de son père, portée à la Bataille de Bunker Hill, ainsi qu’un sac de vieux papiers : « Les papiers contenus dans le sac, sont tout ce qu’il reste d’un patrimoine convenable, lequel nous a été injustement pris par des hommes mauvais et puissants. Je conserve ces papiers, madame, comme preuve saisissante de la méchanceté de l’humanité et pour me rappeler que je n’ai plus rien d’autre qu’une honnête industrie pour soutenir ma famille. »37

La fragmentation du tissu urbain par la spéculation immobilière, ajoutée aux dégâts subis par le tissu social et causés par l’inégalité croissante, sont des préoccupations majeures de beaucoup des romans de mystères urbains américains, qu’ils portent sur de grands centres urbains ou de petites villes pleines d’ambition. La nouveauté relative des villes américaines, combinée avec la disponibilité de terrains environnants pour en permettre l’expansion, offre une idée différente de ce que recouvre la vie urbaine, ainsi qu’une vision explicitement américaine de ce qui constitue le mystère urbain. Considérer les maux de la vie urbaine – de l’ivresse à la violence de la rue en passant par la séduction et par la pauvreté – comme corollaires de l’accumulation de capital telle que l’incarne la spéculation immobilière rend ces récits sensationnels un peu moins passionnants. Suggérer qu’il y ait un seul et unique « mystère » au cœur d’un ensemble de textes, aussi divers par leurs intérêts et leurs motivations que les mystères urbains, revient peut-être à chercher une solution trop loin. Mais c’est là une tâche que les mystères demandent à leurs lecteurs de poursuivre.

(American Academy of Arts and Sciences)

Traduit par Marion Labatut et Catherine Nesci

 (EN) The Mysteries and Miseries of Small Cities : The Geographic Reach of City-Mysteries Fiction in Antebellum America

In 1845, a writer for Bentley’s Miscellany in London, remarking on the success of Eugene Sue’s Mysteries of Paris and the more recent publication of G. W. M. Reynolds’s Mysteries of London, announced that, “mysterymania has crossed the Channel.”38  At that same moment, this mania for novels claiming to reveal the “mysteries” of city life was crossing the Atlantic as well. This is a story with which many scholars of nineteenth-century American literature are likely familiar. Following the 1843 publication of a translation of Sue’s Mysteries of Paris in New York, hordes of American imitators took up their pens to capitalize on the “Mysteries” craze, often in direct imitation of Sue. Indeed, a writer calling himself “Eugene Sue, Jr.,” opened the 1846 The Mysteries of Charleston with the following lines of poetry:

All the Great Cities east and west,
‘LONDON’ and ‘PARIS,’ and the rest,
Mentioned in our school histories,
Each one has its own ‘mysteries;’
Why can’t we have, pray tell us, do,
Our ‘MYSTERIES OF CHARLESTON’ too?39

The huge success of George Lippard’s 1844–45 Philadelphia novel The Quaker City; or, The Monks of Monk-Hall is usually said to mark the true arrival of “mystery-mania” in America. But its publication was part of a broader preoccupation on the part of writers with the growth of cities in the United States in the antebellum era. While one writer of an 1839 travel guide to American cities admitted that, “We have, indeed, no cities, which can compare with several in the eastern hemisphere,” he noted the remarkable progress that urbanization had made in the young republic:  “But in the settlements of a wilderness, stretching hundreds and even thousands of miles, on every side—in the erection of towns and cities ... we have exceeded all expectations, and are without parallel … in the history of nations.”40

The sudden profusion of city novels in the early 1840s represents a response to the fact that in the decades before the Civil War America was becoming urbanized at the most rapid rate in its history. Rejecting Horace Greeley’s advice to “Go West,” people moved to cities in droves; in 1840, the urban population of the United States had increased by 63.7 percent over that in 1830; in the 1850 census, the decennial increase was 92.1 percent; and in 1860, it was 75.4 percent. Cities like Rochester, Chicago, and San Francisco sprung up seemingly overnight, earning the label “mushroom cities.”41 Between 1830 and 1860, the number of “cities” in America as defined by the census—settlements of over 2500 people—went from 90 to 362, and these cities were growing physically larger, encroaching further into the countryside.  Unlike European cities, American cities were characterized by simultaneous rapid growth both in the core and the suburbs, so their impact on the landscape expanded dramatically.42

Yet this sudden and drastic rate of urban growth was not confined to new cities in more recently settled areas; cities that were already big got bigger at a much faster pace.  In 1800, in a nation of over 5 million people, only 183,000 Americans lived in one of the six cities with a population over 10,000.  Between 1820 and 1860, the population of the United States tripled (growing six times faster than the world average), but the urban population multiplied tenfold, and the proportion of the population living in cities grew from 6 percent to 20 percent of the total, the greatest proportional increase in city dwellers that the U.S. has ever seen.43  

With this growth, the experience of living in a city was changing in important ways. The core areas of American cities were some of the most densely populated areas on the planet, and the extreme physical proximity of different people from different countries, wearing different clothes and speaking different languages and eating different foods and worshipping in different churches, represented a qualitative change in the nature of urban life, and rendered cities frequently baffling environments. Man-made structures competed with man-made noise and a concentration of smells that today we can only imagine to make the antebellum city an environment almost wholly alien to the experience of rural life. In part to help explain these confusing urban places, authors of cheap fiction stepped to the fore with novels modeled on The Mysteries of Paris, narratives that purported to show how the teeming, overwhelming city was actually all connected underneath it all. Mostly focusing on the metropolitan areas of the East Coast—New York, Boston, and Philadelphia—these novels also revealed the hidden aspects of life in more far-flung locales, such as San Francisco, St. Louis, New Orleans, and Cincinnati, as well as in smaller settlements that may not have fully lived up to the title of “city,” like Nashua, NH; Troy, NY; Fitchburg, MA; and Pottsville, PA.

In American city-mysteries novels written from 1844 to 1865, and based on my reading of several hundred such titles,44 the overwhelming majority of American city-mysteries novels were written about three of the country’s four largest cities (the steadfast lack of interest on the part of city-mysteries authors in Baltimore, the nation’s third-largest city, is difficult to explain). And, if any contemporary reader has ever read any American city-mysteries at all, these are the titles that she will have read, written by the best-known authors in the genre: George Lippard, whose Quaker City was the first widely successful American imitator of Sue’s novel; George Thompson, whose risqué, ribald novels such as City Crimes or Venus in Boston made him widely known (if not wealthy); and Ned Buntline, whose Mysteries and Miseries of New York, and his subsequent role in leading a Nativist mob at the Astor Place Riot in New York in 1849 was his first claim to fame. Yet these novels are the exception. Although George Lippard claimed that his sensational expose of Philadelphia “was planned and partly written before the author heard of the existence of Eugene Sue,” it is clear that Lippard and his peers were motivated primarily by the popularity of their European forerunners,45 as were authors of the non-fictional urban sketches that also enjoyed tremendous popularity at this time, of which George Foster was the best-known practitioner. Referring to his book New York in Slices, Foster claimed that the popularity of the urban sketch was sparked by his books, and “was adopted and imitated in all directions.  In a few weeks after the commencement of ‘New York in Slices,’ we had ‘Hudson in Patches,’ ‘Wisconsin in Chunks,’ and ‘Mississippi in Gobs’…. ”46  Foster was aware of the similarity, at least in terms of subject matter, between these collections of journalistic vignettes and novels like Quaker City, and allied his work to the immense popularity enjoyed by Sue and his followers; he claimed that the appearance of New York by Gas-Light, “met from some quarters the same species of opposition encountered at first by the Mysteries of Paris, and some other similar works.”47

The influence of The Quaker City is crucial to consider, because in some ways it is responsible for obscuring what I take to be one of the most salient characteristics of the genre: its flexibility. George Lippard’s first urban novel was so tremendously popular, and was reprinted so many times, that it has come to be the book most modern scholars think of when (or if) we think of “city-mysteries” (and it has led us to think of Lippard as a writer of urban novels, when in fact they constitute less than half of his output).  The fact that for many years it was the only American example of the genre easily accessible in a reprint edition has compounded its odd stature as a towering achievement of trash literature. But in many ways Lippard’s novel is not at all characteristic of the genre as a whole.  It is much longer (500 pages) and was more expensive than most city-mysteries (most editions cost at least a dollar); it is more sensationalistic and violent than a great many examples.  Lippard also articulated his politics much more clearly in the novel than did most other authors, and his politics were far more radical than most; at the same time, it is more stridently moralistic than many novels in the genre, especially about the crime of seduction; and, lastly, it is simply better than almost all other antebellum city-mysteries.  It is more comprehensive, it is funnier, it contains a broader range of characters, its use of vernacular is superior, it is weirder, and it is better written.  It is also frequently described as the “first” American city-mystery, although it’s more accurate to describe it as the first successful American city-mystery. In the works included in my checklist of American city-mysteries novels, 9 were published in 1843, and another 24 in 1844—after the publication of the translation of the Mysteries of Paris in New York in October 1843, but well before the publication of the complete version of Quaker City in 1845. Among these early titles are urban mysteries set in several smaller U.S. cities, including Springfield, Lowell (2), Fitchburg, and Haverhill Massachusetts; and Nashua and Manchester New Hampshire.

By contrast to the Quaker City, the vast majority of American city-mysteries were cheaply produced, short paper-covered novels that sold for anywhere from ten to fifty cents, and were written by men (almost always men) who typically did not succeed in building careers as professional authors. For the most part, these undistinguished authors were flexible practitioners of a range of skills in the burgeoning world of cheap print culture. And these authors wrote from a wide range of political, religious, and social points of view—not all through the reformist stance that is associated with Sue and Lippard. Some novels, like Lippard’s, concern themselves with the oppression suffered by the urban poor at the hands of wealthy merchants and manufacturers, while others are more concerned with the infiltration of New York Knickerbocker society by nouveau riche families who made their money in trade and with the threat to high society from adventurers posing as European aristocrats in order to marry American heiresses.  Some books fitting the conventions of the genre were published by accused pornographers, and others were published by religious tract societies. Thus, the rhetorical stance of city-mysteries was not solely one of working-class radicalism or anti-urbanism, as it has so often been portrayed.  There were as many variations on the theme of urban exposure as there were responses to the process of urbanization, and the genre’s appeal was not confined to poor or uneducated readers. Nor were the genre’s governing tropes of exposure confined only to urban subject matter: books appeared in the period claiming to reveal the “mysteries” of the Mexican-American War, Mormonism, Roman Catholicism, housekeeping, insane asylums, convents, tobacco, Wall Street, and life insurance.

However, to generalize broadly, even within this diversity there is one key quality shared by novels in the genre: their narratives presume that some mechanism of concealment was at work in the urban environment that rendered the city “mysterious.” This concealment could be the result of many factors—the anonymity of a large population, the invisibility offered by the dense urban fabric, or the workings of conspiratorial secret organizations. Whichever method was at play, however, the concealed forces of urban life led to circumstances that were difficult to explain—“mysteries”—and often either sensational or destructive—“miseries.” Whether or not a novel had the words “mysteries” or “miseries” in its title, or simply the name of a city or a generic term such as “metropolis,” readers would have expected that it would be part of a genre concerned with revealing hidden aspects of city life.

Whatever view of urbanization a city-mystery novel conveyed to its readers, the simple fact of a city-mystery being published was an important civic event, an indication that one’s city was sufficiently wicked to have “made it.”  As one roué brags to a visitor to Lowell in the 1844 novel Norton: or, The Lights and Shades of a Factory Village, that supposedly virtuous city could boast as many places to view “low scenes” as anyplace else, including over 400 places to buy liquor; the publication of numerous novels detailing these “mysteries” of Lowell cemented the growing city’s status.  A letter dated June 15, 1908 bound in with a copy of Life in Rochester ... Being Scenes of Misery, Vice, Shame and Oppression proudly describes the cheap book written by John Chumasero, a local Democratic politician, as “Rochester’s First Novel,” and an 1844 urban narrative set in Newport—Julia Glenroy, a Narrative of Crime—was the first novel published in Rhode Island.48

The Mysteries of Small Cities

It is with this thought of “urban boosterism” in mind that I want to focus more specifically on the mysteries of small cities—novels written about places that were not in the twenty largest urban settlements in the U.S. in 1850. These novels are significant for several reasons. First, as is mentioned above, several of these texts were some of the earliest American city-mysteries to be rushed into print (and they show it) in the wake of the American publication of Mysteries of Paris. As such, they’re books that are still trying to figure out the contours of the genre in the American context. But they are also significant because of their setting—they take place in towns or cities where, to be frank, not much happened, and that probably weren’t very “mysterious.” But they were cities that had ambitions—they saw themselves as having the potential to grow, if not into a rival to New York, then into important and exciting urban centers. As Wyn Kelley has written, “urbanization in America condensed into a few short decades, or in some cases practically obliterated, the long centuries of European preparation,” and that  “Americans could read New York’s destiny in London”—in the same way, smaller cities hoped (or hoped not to) read their destiny in New York’s, or Cincinnati’s.49 Thus these books often reflect what qualities, problems, and characters the authors thought were the most “urban,” and they help lay bare some of the constitutive elements of the city-mysteries genre in the U.S. at the moment that it was taking shape.

The introductory passage to the 1844 Mysteries of Fitchburg reflects these ambitions:

Gentle reader,–kind, courteous, affable, indulgent reader,–give us your dexter hand, and let us have the sublime pleasure of introducing you to the ‘Mysteries of Fitchburg.’  Mysteries there are of “Paris”, mysteries there are of ‘New York,’ ‘Boston,’ and ‘Lowell.’  And mysteries enough, forsooth, every where, in abundance; and all over the world even, and why not ‘Mysteries of Fitchburg?’ Mayhap you will think that Philip Penchant cannot write a book, or even if he can, you may say, ‘there is no material; no stirring incidents and thrilling events, which go to make up a volume.’ But we shall see.  Dear reader, there are more things done here in Fitchburg, than is dreamt of in your philosophy.50

Similar claims are made for other small cities that received the urban mystery treatment; as the cover of The Mysteries of Troy announced, “Every place, large or small, has its mysteries.” At times, these claims could clearly cross over into satire on the pretensions of small towns to importance. In 1845’s Phasis of Life; or, Mysteries of Catskill, the narrator asks

Who can be ignorant of the location of Catskill–the ‘county seat’ of Greene…?  Singular, indeed, would it be, if there were many.  … How much less then, the probability that Catskill will be forgotten by those who have enjoyed the infinitely greater luxury of clapping two mortal optics on the six ponderous columns that rise from the ‘Plaza de Van Bergen,’ or the scarcely less stupendous Corinthian props of ‘the Franklin,’ … or the immortally imposing yellow brick walls of the Court House and the Catskill Bank.  Ah! there are unrivalled and matchless wonders in some places as well as others!  Well, reader, it is here, … that we purpose to introduce to your notice certain mysterious characters, and certain mysterious transactions connected therewith.  But here fancy suggests that some querulous fellow exclaims–‘Pooh, pooh, in a community so small as that of Catskill, it is impossible for any thing to transpire that could be of interest to the mass of readers–or in truth to almost any one of them.’ ‘But my dear fellow,’ we reply, ‘recollect that Catskill is a great place.’51

This mock boosterism was often mixed with wonder at the rapid growth of mill towns in the New England hinterland, such as Manchester, NH, which Chandler Eastman Potter described in The Mysteries of Manchester as having grown:

as if by magic, or the creation of fairy land, at the bidding of wealth and industry, the once useless, foaming, and dashing cataract has been made subservient to the extended wants of luxury, and a sterile, barren soil, as if touched by Aladdin’s lamp or the finger of Midas—has become invaluable, covered in its thousands of population…. Manchester, seven years since, a sterile pine barren, but one dilapidated hut in the place—now containing as many thousands of industrious people, and destined, such are its resources, in the lapse of a quarter of a century from its germ, to be one of the most beautiful and wealthy cities in America….52

Whether it was the growth of industry powered by the northeastern United States’ many rivers, or the arrival of a railroad or canal, small cities depicted in these novels are universally shown to be aspiring to greater things, even if they were in fact small rural villages. While Lowell, Massachusetts and Manchester, New Hampshire with their deafening textile mills were clearly settlements of a different order, many of the other small locales depicted in these small-city-mysteries likely could not claim many actual urban attractions.

The physical appearance of these novels also served to indicate the relative cultural privation of their subject locations. City-mysteries written about and published in large cities had a typical look (as did most cheap paper-covered literature of the day). The back covers of the Harper Brothers’ 1843 Mysteries of Paris and a later reprint edition of George Lippard’s New York novel The Empire City are both covered with ads for other books, thus situating these novels in the larger context of urban print culture, and mimetically placing them in conversation with these other texts. City-mysteries about small cities, in contrast, had no local print culture in which to participate. Some of them succeeded in finding distribution in larger cities, but most of them, when they were able to feature advertising at all, instead found themselves situated in the local world of mercantile goods, rather than the realm of print. Ralph Rural’s The Mountain Village; or, The Mysteries of the Coal Region, published in Pottsville, PA, could be bought (according to the back cover) from news stands, post offices, bookstores, and newspaper offices in Minersville, Port Carbon, Tamaqua, Reading, and Harrisburg—cities that did not qualify for their own novels of urban mystery, but also clearly did not participate in a larger urban print culture. More typical are the ads printed along with J. Wimpleton Wilkes’ 1844 Mysteries of Springfield for local establishments like Bacon and Cleland’s Dry Goods Store or Lewis Blake’s store in Springfield, where customers could find bonnets and artificial hair of every description.

So what did these novels claim was actually mysterious in these small cities? What were the urban ills that beset these inland settlements and factory towns? If not an actual “mystery,” the precipitating incident in many of these mysteries of small places, as in their metropolitan counterparts, is drunkenness, as is the case in The Mysteries of Worcester, which is a standard, formulaic temperance novel. A more frequent plot device in the genre—and one that draws on examples in both Mysteries of Paris and Quaker City—is seduction, which is frequently brought about through the other near-constant plot device in the genre overall, the diverted inheritance. Beautiful young women who have been illicitly duped of their patrimony provide easy targets for the wealthy and powerful men who have engineered the girls’ poverty, as happens in the 1844 Mysteries of Nashua. Frequently, girls seduced in small towns flee to the city, since their reputations at home have been ruined, and the larger urban setting gives them a chance to try to start over. In two particular smaller cities—Manchester, NH and Lowell, MA—the large concentration of young women is presented as being the most fascinating element of the cities’ identity. Packed with young women from the New England countryside who had come to work in the textile mills, Lowell is described as a wonderland in the 1849 Norton: or, The Lights and Shades of a Factory Village: “Farmers’ daughters no longer consented to milk the cows, or turn the spinning wheel, but hied away to Lowell; there, with nimble fingers, to turn the flying minutes into coin,… The brothel is filled with many a victim from here;--for where could lecherous man find a better field for his hellish lust than here....”53 In many of the small-city-mysteries, however, the groundwork for seduction is laid in the smaller city, but the act itself is frequently accomplished in a larger city—Bangor, or Boston, or New York—where the seducer has managed to lure his victim. This underscores a consistent thread that runs through almost all of the mysteries of small places that I have examined. Despite their boosterish tone, there is a distinct tendency for what action does take place to occur in larger cities. There will be an occasional seduction or assault in a small town, but in large part those things take place in New York or Philadelphia or Boston—big cities were the places where things happened.54  This is neatly summed up in one sentence from The Mysteries of Salem, regarding the hero of the novel, Charles Marion: “Nothing material occurred to him until he arrived at Philadelphia.”55

Smaller cities were often represented as the “minor leagues” for big-city immorality, places where libertines learned their craft until they were ready to prowl the streets of Boston or New York. Similarly, these sites were seen as providing the raw materials—unsullied female beauty—that were necessary for the continuing operation of industries of sexual exploitation in larger cities. In Osgood Bradbury’s The Eastern Belle, a rake living in Bangor, Maine spies a beautiful but vain young girl in a small village and determines to ruin her, enlisting a brothel-keeper in Boston in the cause. This woman, Kate, describes the soon-to-be victim to one of her customers: “She is a beautiful woman, and not over twenty years of age, all fresh from the State of Maine, where so many pretty girls are raised.”56 The seducer’s friend, George Somerville, after hearing tales of Elizabeth’s beauty, remarks, “You are always finding some beautiful flower in the country. I believe I must take an excursion in the back towns, and see if I can find one whose beauty and fragrance will affect my nerves as much as this appears to have yours.”

Along with the more everyday crime of seduction, small cities also featured the organized criminal conspiracies that were frequent features of novels set in larger urban centers. In the Mysteries of Catskill, a criminal gang called the “Order” that operates in the town has “offices” in at least New York and Montreal. Likewise, in Justin Grammont’s Mysteries of Manchester, the “League of the Merrimack” is a secret society focused on counterfeiting on the “Grand Route from Canada to Boston.” The members’ initiation ceremony, drawing on several novels in the genre, including Quaker City, involves swearing on a skeleton and signing a membership book in blood.57 While the league is active in Manchester, it is based in Boston, where its headquarters are in a fashionable restaurant (although the narrator says that he first learned of the league’s existence in a log cabin in the Iowa woods).

Ralph Rural’s 1849 The Mountain Village; or the Mysteries of the Coal Region, set in Pottsville, Pennsylvania, begins with the town in a state of agitation over a recent newspaper article alleging the existence of a secret criminal conspiracy in town called the “Black Spots.” This group is in fact real, and many of the leading men in the town belong, although, as one of them states, “Well, really, one can hardly think that the people of this village, situated as it is in the lap of the mountains, could be prevailed upon to give credence to such accounts, as it almost seems to the initiated that such could not exist in this small place.”58 The association carries out a variety of crimes—robbery, smuggling, and even a murder—but seems to primarily exist as a sort of mutual-aid society for its remarkably diverse membership of criminals (it features Germans, Irishmen, Scotsmen, and at least two Jews). The most common crime these secret organizations seem to conduct is counterfeiting. Chandler Potter’s Mysteries of Manchester features a bizarre counterfeiting enterprise, whose mastermind erects a mint on an island just below the falls of the Amoskeag River, where the noise of the metalwork will not be audible. But counterfeiting by its nature requires participation in a network, since counterfeit money must be distributed widely in order to avoid detection, which situates these small towns in a larger economic network of crime.

Aside from these actual criminal enterprises—which are all based someplace other than the city that is the focus of each of these novels—the actual “crime” that goes on in these cities is embarrassingly small in scale. In the Mysteries of Haverhill, the main nocturnal criminal activities of the local toughs consist of knocking some boxes of dry goods over, rolling a grindstone down the sidewalk, jumping on a store awning, and lighting an empty stable on fire (there is also a seduction plot, but all that is needed is a for Mary Watson to give her seducer, Harry Clinton a sharp talking-to about doing the right thing, and he shapes up). There is also an attempted seduction plot (along with a descent into drunkenness) in The Mysteries of Nashua, but much of the first half of the novel is preoccupied with detailing boarding school pranks such as stealing chickens and apple pies, tipping a boat over (in shallow water) during a summer excursion, and a brief anecdote of bullying a boy by holding his face in the stream of a water pump. The Mysteries of Papermill Village, set in a village in New Hampshire (an actual place), focuses on even smaller infractions. One chapter offers a tale about how rich fathers won’t let their daughters marry poor men; another chapter is dedicated to “The Meddlers,” local residents “whose amusement consists in prying into the secrets of other people. They must know the particulars of every bargain, peep over the shoulder of a neighbor to read a private letter, and then go straightaway to some tattler with the news.”59 The author’s other “‘petty’ mysteries of little, inglorious” Papermill Village include such “contemptible deviations from the path of rectitude and the rules of propriety” as a heightened atmosphere of religious sectarianism that has required the construction of a second meeting-house; “the abundance of foolish speaking, jesting, and lewd talk in our stores and shops [Who—who—talks so? I can’t stop to tell; but just visit these places regularly for six months, and you can answer your own question. Why, if inanimate things could speak, a tale would be told that would mantle over the polluted thoughts—the licentious thoughts of the Sipsvilleites]”; and “parental neglect,” mainly manifested in the fact that local children make too much noise.60

Perhaps the narrowest deployment of the city-mysteries genre comes in The Mysteries of Rockville; or, Moral Reformation in 1846, a cheaply printed 12-page pamphlet that sold for 6 cents. The author immediately gets down to business: “The Subscriber would respectfully inform the public, that there has been strange doings of late in that part of the Town of Medway, called Rockville. There has been more scandal afloat during the past year than any honest community should be willing to tolerate, scarcely any person of respectability has escaped.”  The author has apparently been the target of some scurrilous gossip in Medway: “I was informed that Mrs. Jasper Daniels, of Rockville, had made some statements respecting me, when she was called on by another person, concerning some slanderous reports which were in circulation, she stated to him, at that time that I had a bad reputation and was a suspicious character, I called on her, to talk with her about it and she referred me to Whiting Metcalf’s family for information about my character….’” What is the nature of this defamation that resulted in the publication of The Mysteries of Rockville? The author will explain it for you: “Your statement to me ‘that it did not look very well for a young man to go about kissing other mens wives’ was not a very handsome expression for the ex-presidentess of the Moral Reform Society to make in relation of her own son’s wife as well as others…. I do not deny that I have kissed them, but I must say that I never did kiss to insult, neither do I believe that they would say that I did so themselves, it was done in jest and before their husbands, or others who were present.”61 The fact that such minor scandals, rendered in barely coherent prose, would be bundled together under the rubric of The Mysteries… speaks to both the flexibility of the genre and its reach into even the smallest towns.

Despite these at times absurdly low-level “mysteries,” city-mysteries of small places do make an effort to claim a connection with urban conditions. Many of the novels include what was a stock opening scene in the genre, describing the crowds thronging the sidewalk at the end of the day, and cataloging the many types that mingle in the scene: rich merchants, honest mechanics, poor seamstresses; dandies, Bowery b’hoys, and pickpockets; factory girls, rakes, and beggars. As a representative example from The Mysteries of Fitchburg put it, “Cast your eye over the busy crowd.  What a map is there spread out for the study of the mind.  Can you read it? it is a vast enigma in itself.  It is living human life.”62 Urban theater troupes and musical performers traveled to these towns, residents could order clothes from metropolitan tailors so as to be in the height of fashion, yet these mysteries of small cities ultimately show these places to not really be cities at all, despite their aspirations. Genuine urban woes are either brought to these small cities by outsiders, or take place in those larger cities themselves. Claiming to be “mysterious” was not, in the end, enough to turn these towns into cities.

The Real Mysteries of the City

As we have seen, the definition of what constituted an “urban mystery” was extremely flexible.  To the author of The Mysteries of Papermill Village, the life of the town was “full of mysteries, inasmuch as the inhabitants are opposed in political and religious faith.” For Osgood Bradbury, in The Mysteries of Lowell, the “greatest mystery is the female heart.” Salem is characterized as “mysterious” due to its character as “a quiet city, a money-getting and a money-keeping city.” As the subtitle of George Lippard’s novel New York indicated, for him the real mysteries of the city were the product of the divide between the “upper ten” and the “lower million.”63 Yet there is one thread that arises in many of these narratives set in smaller towns that does help suggest what the real mystery of the city was—the mystery that cuts across almost all of the American examples of the genre. I would suggest that this is the primary factor that differentiates American city-mysteries from those written in Europe. There are two constant refrains across almost all American city mysteries, or rather two questions that authors consistently raised: How was the city in question growing so fast? And how are those people so rich and powerful, while these people are so poor and defenseless? I would like to suggest that the answer these novels provide to both of these questions is real estate speculation.

The seduction plot in The Mysteries of Nashua has its roots in Dennis Maynard’s childhood crush on Adeline Perkins, and his desire for revenge against her fiancée, Percy Gardner. Having arranged for Percy to be dispatched on a journey to South America, Dennis determines that in order to be able to seduce Adeline, he needs to play on her wish to support her aging parents, so he ruins her father by convincing him to participate in “the noted speculation in Nashua lands, which is well known to all who are conversant with the history of Nashua,” in which ‘hundreds, if not thousands, were gained in a day.”64 Maynard unloads several of his own lots on Adeline’s father at the height of the frenzy, he is ruined, and Adeline has to go work in the mills to support her parents. In his Mysteries of Manchester, Chandler Eastman Potter makes a passing reference to the city having sprung into existence “at the bidding of wealth and industry.”65 But Potter also published a History of Manchester, in 1856. In that book, he lays out the political wrangling over the growth of the “New Village,” peopled by newcomers, and the “Old Village,” which eventually would merge. Detailing the political struggles of the mid-1840s, which were going on at the moment he wrote his Mysteries, Potter notes that the bulk of the discord was over the laying out of lots and the transfer of land—land that was being sold by the Amoskeag and Stark companies, the major textile manufacturers who had purchased all available land when they began building their mills.

City-mysteries novels from around the country describe the anticipatory quality of urban development. In his Mysteries of St. Louis, Henry Boernstein writes of the southern part of the city, where “the streets are already laid out on all maps and numbered; but the houses are only yet single and scattered, and perhaps ten years more may elapse ere they are built compactly together, as in the city.  In 1849, when our narrative begins, the number of these houses was still much smaller, and some of them were situated in such solitary, out-of-the-way spots that they might have been taken rather for small farms than for houses in streets within the city limits.”66 This ceaseless march of development was most pronounced in New York City, where writers from James Fenimore Cooper to Philip Hone to Horace Greeley outlined in minute detail the rise in prices for downtown Manhattan real estate.67 Characters in city-mysteries return to St. Louis, or San Francisco, or New York, or Pittsburgh—or even Lowell, MA, or Pottsville, PA—after years away and are thunderstruck by the amount of change to cities that they no longer recognize.68 Many writers in the period wrote of the growth of American cities as a natural process—cities grew by “capillary action,” like a sponge, and their continued expansion was presented as inevitable, the result of the laws of both nature and political economy. Cities were invariably “thriving,” “flourishing,” or “bustling,” signs of vitality that were presented in contrast to the “stagnation” of the small town, described in one urban narrative as “A distant and remote extreme of the hurrying world, which is so separated from the ‘heart of business’ that no single drop of its vital life ever reaches this defunct and amputated member.”69

Yet what American city-mystery novels show is that this process was not inevitable, or natural; rather it was guided, and its results accounted for much of the social inequality that was so apparent in America’s cities. An 1865 treatise on The Growth of New York points out “If any one would take the list of our old merchant millionaires, and compare it with the list of Broadway property owners he would see a great coincidence, and learn a great secret.”70 This secret is that the mysteries of the city are mysteries of real estate; understanding those mysteries, novels in the genre make clear, is the key to success. A blurb from a review included on the title page of Emma Wellmont’s New York novel Substance and Shadows; or, Phases of Every-day Life notes “Fortunes were made for men in those days while they were sleeping, in the rapid increase of the value of real estate; and the author makes one of those vast accumulations the groundwork of a plot of no common order.”71 One of the protagonists of the novel, in response to badgering from his wife about his bad real estate investments, replies: “‘How could I tell which way the city was heading? … It puts out one foot in one direction, and seems to be going that way, and then it puts out another foot in quite a different course and goes that way.’”72

The centrality of real estate speculation to the mysteries of the city had a real-world exemplar in the life of Madame Restell, nineteenth-century New York’s most notorious abortionist, and a frequently occurring figure in New York novels with seduction plots. Eric Homberger writes that Restell’s career path mirrored that of the city—she moved uptown as the city grew, and made most of her money in real estate speculation, having purchased ten lots on Fifth Avenue between 52nd and 53rd Street for $36,000 in the 1850s, and then selling some of the lots to raise money to develop the others; in the 1870s she built what is thought to be one of New York City’s first apartment buildings on the site.73

The centrality of urban growth in general, and real estate speculation in particular, as a concern of the city-mysteries novel in America is borne out by the consistent use of the diverted inheritance as a plot device. Unlike in Sue’s Mysteries of Paris, where Rodolphe’s discovery of his daughter cements an inheritance that is primarily concerned with title and legitimacy, in American city-mysteries the primary inheritance of which characters might be deprived is land—cities literally swallow up the rightful heirs of property, both as an actual inheritance from one’s parents and as the metaphorical inheritance of the nation from the Revolutionary generation. In Emma Rosewood’s The Virtuous Wife, or the Libertine Detected (1845), a young man in Cambridge shows an observer his father’s sword, worn at the Battle of Bunker Hill, as well as a bag of old papers: “The papers contained in the sack, are all that remains of a decent patrimony, which has been unjustly taken from us by wicked and powerful men.  I preserve these papers, madam, as a striking proof of the wickedness of mankind, and to remind me that I have nothing left but honest industry to support my family.”74

The fragmentation of the urban fabric through real estate speculation, combined with the damage to the social fabric caused by growing inequality, were the chief concerns of many American city-mysteries novels, whether written about major urban centers or small cities on the make. The relative newness of American cities, combined with the availability of surrounding land to permit expansion, offered a different sense of what urban life could be, as well as a distinctly American vision of what constituted urban mystery. Viewing the ills of urban life—from drunkenness to seduction to poverty to street violence—as by-products of the process of the accumulation of capital as embodied in real estate speculation may render these sensational narratives somewhat less exciting. And to suggest that there is one single “mystery” at the core of a set of texts that is as diverse in interests and motivations as city-mysteries is perhaps to reach too far for a solution. But that is what mysteries ask readers to do.

(American Academy of Arts and Sciences)

Œuvres Citées/Works Cited

Sources Imprimées/Primary Sources

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Bibliographie critique/Secondary Sources

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MELOSI, Martin V., The Sanitary City: Urban Infrastructure in America from Colonial Times to the Present, Baltimore, Johns Hopkins UP, 2000.

Notes

1 Alfred Crowquill [Alfred Forrester], May 1845, “Outlines of Mysteries,” Bentley’s Miscellany, XVII, p. 529.

2 “We have, indeed, no cities, which can compare with several in the eastern hemisphere”; “But in the settlements of a wilderness, stretching hundreds and even thousands of miles, on every side—in the erection of towns and cities ... we have exceeded all expectations, and are without parallel … in the history of nations.” Charles A. Goodrich, The Family Tourist: or, A Visit to the Principal Cities of the Western Continent [Le Touriste en famille: ou, une visite dans les villes principales du continent américain (Hartford: Philemon Canfield, 1839), p. vi-viii.

3 San Francisco est peut-être l’exemple le plus extrême de ce phénomène de croissance rapide. Après 1849, année de la découverte de l’or, San Francisco voit sa population passer de seulement quelques milliers de personnes en 1847 à 50 000 six ans plus tard, augmentation que Philadelphie a mis 120 ans à atteindre, et Boston, 200.

4 Au cours des années 1840, le centre de New York a cru au taux approximatif de 65 %, mais la croissance des faubourgs a dépassé les 130 %; les mêmes taux à Boston étaient de 61 % et de près de 85 %, et à Philadelphie environ 30 % contre 75 %. En dépit de cette expansion physique, les villes de l’avant-guerre civile sont restées assez denses en leur centre; un nombre très restreint d’immeubles avait plus de quatre étages (cinq niveaux). Sur ce point, voir Martin V. Melosi, The Sanitary City : Urban Infrastructure in America from Colonial Times to the Present [La Ville saine : L’infrastructure urbaine en Amérique, de l’époque coloniale à nos jours] (Baltimore : Johns Hopkins UP, 2000), p. 58–59.

5 Thomas Bender, Toward an Urban Vision: Ideas and Institutions in Nineteenth-Century America [Vers une vision urbaine : Idées et institutions dans l’Amérique du dix-neuvième siècle] (Baltimore : Johns Hopkins UP, 1975), p. 3; Richard Lehan, The City in Literature: An Intellectual and Cultural History [La Ville dans la littérature: Une histoire intellectuelle et culturelle] (Berkeley, UC Press, 1998), p. 227.

6 Dans le cadre de cette étude, j’ai choisi d’interpréter la classification de « mystères urbains » au sens large. En partant du fait que ce qui reliait les romans urbains était leur thème citadin, j’ai examiné, parallèlement aux livres habituels du type « Mystères de… », tout roman contenant le nom d’une ville, ou le mot « mystère » ou « mystères » ou « misères », « ville » ou « métropole », « secrets » ou « révélé », ou encore d’autres termes d’accroche dans le titre, écrit entre 1844 et 1865. J’ai également inclus des récits urbains d’auteurs qui étaient bien connus pour avoir écrit des mystères urbains, mais dont les titres ne correspondent pas à la formule ci-dessus.

7 Quaker City Weekly, 17 mars 1849. Le complot sur l’héritage dans les deux romans de Lippard sur New York, The Empire City [La Ville empire] et New York : Its Upper Ten and Lower Million [New York : Ses Dix supérieurs et son million inférieur], qui présente un complot jésuite contre les héritiers, est directement tiré du Juif errant d’Eugène Sue.

8 “was adopted and imitated in all directions.  In a few weeks after the commencement of ‘New York in Slices,’ we had ‘Hudson in Patches,’ ‘Wisconsin in Chunks,’ and ‘Mississippi in Gobs’ […]”. George Foster, New York Naked [New York à nu] (New York : R. M. Dewitt, 185?), p. 16. Cependant Foster a aussi soutenu que ses esquisses journalistiques – faisant partie de ce qu’il appelait « les préoccupations légitimes du Journal du Matin et du Journal du Soir » – étaient qualitativement différentes de la fiction populaire qui suivait le modèle des « romans français grivois, » certainement ce qu’un réformiste Whig comme Foster concevait comme les provocateurs européens, ancêtres de la fiction urbaine américaine.

9 “met from some quarters the same species of opposition encountered at first by the Mysteries of Paris, and some other similar works.” Foster, New York Naked, op. cit., p. 1.

10 John Chumasero, Life in Rochester, or Sketches from Life; Being Scenes of Misery, Vice, Shame and Oppression, In the City of the Genesee, [La Vie à Rochester, ou Ebauches de la vie; faites de scènes de misère, de vice, de honte et d’oppression] par un citoyen résident (Rochester : D. M. Dewey, 1848).

11 Texte anglais : “urbanization in America condensed into a few short decades, or in some cases practically obliterated, the long centuries of European preparation”; “Americans could read New York’s destiny in London.”  Wyn Kelley, Melville’s City : Literary and Urban Form in Nineteenth-Century New York [La Ville de Melville : forme littéraire et urbaine dans le New York du dix-neuvième siècle] (Cambridge: Cambridge UP, 1996), p. 7.

12 Philip Penchant, Mysteries of Fitchburg (Fitchburg, NY: Charles Shepley 1844), p. 5.

13 Phasis of Life; or, Mysteries of Catskill. A Romance of Real Life [Phase de Vie; ou, Mystères de Catskill. Un Roman d’Amour de la Vie Réelle] (Catskill: J.H. Van Gorden, 1845), p. 3-5.

14 Chandler Eastman Potter, Mysteries of Manchester (Manchester: J.P. Emery, 1844), p. 3.

15 “Farmers’ daughters no longer consented to milk the cows, or turn the spinning wheel, but hied away to Lowell; there, with nimble fingers, to turn the flying minutes into coin, […] The brothel is filled with many a victim from here; – for where could lecherous man find a better field for his hellish lust than here.” A Tale of Lowell.  Norton: or, The Lights and Shades of a Factory Village : Wherein are developed some of the Secret Incidents in the History of Lowell, by “Argus” [Un conte de Lowell. Norton : ou, les lumières et les ombres d’un village ouvrier : où sont développés certains des incidents secrets de l’histoire de Lowell] écrit par “Argus” (Lowell : Vox Populi Office, 1849), p. 3–4.

16 Tandis que les critiques s’inquiètent surtout de constater que les choses qui « se passaient » dans les villes étaient sexuelles par nature, une enquête sur la question conduirait les lecteurs à penser que la violence est probablement plus fréquente. Les personnages ont la gorge tranchée par des rasoirs, des couteaux de chasse et du verre brisé; ils sont torturés à l’eau et au feu; ils sont mangés par des rats, des chiens, et les uns par les autres; leurs crânes sont écrasés à coups de pieds-de-biche, de pelles, par des pierres tombales, des portes, et des effondrements d’immeubles. Les critiques du genre remarquent cette tendance à l’excès rhétorique dans le genre du roman noir (le gothique), le mélange sulfureux de « couleurs incandescentes et impies », et se mettent à définir le genre d’après le style de sa prose, l’appelant « l’école de la tête crue et des os saignants ». Voir « Immoral Works. The Saturday Courier—George Lippard—Thomas Paine, &c.” Philadelphia Saturday Evening Post, 26 septembre 1846.

17 Caroline Hargrave, the Merchant’s Daughter: Being the First Series of the Mysteries of Salem! [Caroline Hargrave, la fille du marchand : Première série des Mystères de Salem] (Salem : Varney, Parsons & Co., 1845), p. 15.

18 Osgood Bradbury, The Eastern Belle; or, The Betrayed One! A Tale of Boston and Bangor [La Belle de l’Est; ou La Femme trompée! Un conte de Boston et Bangor] (Boston : H. L. Williams, 1845), p. 41.

19 Justin Grammont, The League of the Merrimack: Mysteries of Manchester, No. 2. Founded on Facts [La Ligue du Merrimack : Mystères de Manchester, no 2. Récit fondé sur des faits] (Manchester, NH, 1848), p. 16, p. 9.

20 “Well, really, one can hardly think that the people of this village, situated as it is in the lap of the mountains, could be prevailed upon to give credence to such accounts, as it almost seems to the initiated that such could not exist in this small place.” Ralph Rural, The Mountain Village; or Mysteries of the Coal Region. A Romance Founded on Fact, Illustrating Life, Mystery and Crime, in the Coal Region [Le Village de Montagne; ou Mystères de la région de Charbon. Un roman d’amour fondé sur des faits, illustrant la vie, le mystère et le crime, dans la région de Charbon] (Pottsville, PA, G. L. Vliet, Printer, 1849), p. 6.

21 En anglais, « whose amusement consists in prying into the secrets of other people. They must know the particulars of every bargain, peep over the shoulder of a neighbor to read a private letter, and then go straightaway to some tattler with the news », Theodore Bang, The Mysteries of Papermill Village [Les Mystères du village de Papermill], (Papermill Village, NH: Walter Tufts, Jr., 1845), p. 9.

22 En anglais, « the abundance of foolish speaking, jesting, and lewd talk in our stores and shops [Who—who—talks so? I can’t stop to tell; but just visit these places regularly for six months, and you can answer your own question. Why, if inanimate things could speak, a tale would be told that would mantle over the polluted thoughts—the licentious thoughts of the Sipsvilleites] », Id., Ibid., p. 13.

23 Ibid., p. 26.

24 Original anglais des trois passages traduits : « The Subscriber would respectfully inform the public, that there has been strange doings of late in that part of the Town of Medway, called Rockville. There has been more scandal afloat during the past year than any honest community should be willing to tolerate, scarcely any person of respectability has escaped »; « I was informed that Mrs. Jasper Daniels, of Rockville, had made some statements respecting me, when she was called on by another person, concerning some slanderous reports which were in circulation, she stated to him, at that time that I had a bad reputation and was a suspicious character, I called on her, to talk with her about it and she referred me to Whiting Metcalf’s family for information about my character […] »; « Your statement to me “that it did not look very well for a young man to go about kissing other mens wives” was not a very handsome expression for the ex-presidentess of the Moral Reform Society to make in relation of her own son’s wife as well as others…. I do not deny that I have kissed them, but I must say that I never did kiss to insult, neither do I believe that they would say that I did so themselves, it was done in jest and before their husbands, or others who were present ». Didimus Dozey, The Mysteries of Rockville: or, Moral Reformation in 1846 (Published for the author) [Les Mystères de Rockville : ou, Réforme morale en 1846 (publié pour l’auteur)], respectivement p. 3, 5, 7.

25 “Cast your eye over the busy crowd.  What a map is there spread out for the study of the mind.  Can you read it? it is a vast enigma in itself.  It is living human life.” Penchant, Mysteries of Fitchburg, p. 24.

26 Wilfred Montressor: or, The Secret Order of the Seven [Wilfred Montressor: ou, L’Ordre secret des sept] (New York: Charles G. Graham & Co., 1844), 22; Theodore Bang, The Mysteries of Papermill Village, p. 3 ; Osgood Bradbury, Mysteries of Lowell (Boston : E. P. Williams, 1844), p. 10; Caroline Hargrave, p. 3.

27 Mysteries of Nashua, or, Revenge Punished and Constancy Rewarded [Mystères de Nashua, ou, l’esprit de revanche puni et la fidélité récompensée] (Nashua, NH : C. T. Gill, 1844), p. 18.

28 Potter, Mysteries of Manchester, op. cit., p. 3

29 Henry Boernstein, Mysteries of St. Louis, 1852, trad. Friedrich Munch, éd. Steven W. Rowan et Elizabeth Sims (Chicago : Charles H. Kerr, 1990), p. 13.

30 James Fenimore Cooper, dans Home as Found, fait raconter par un commissaire-priseur et expert foncier l’histoire d’une parcelle sur les terres de Manhattan, depuis son démarrage comme exploitation laitière du « vieux Volkert Van Brunt », dont la famille occupait les lieux depuis plus d’un siècle, jusqu’à sa montée en flèche, en l’espace de quatre ventes en deux années; la valeur du terrain passe alors de 5 000 $ à 112 000 $, une fois opérés le levé du terrain et sa division en lopins. James Fenimore Cooper, Home as Found (New York : Stringer and Townsend, 1849), p. 115.  

31 Ceci n’est pas surprenant. David Henkin note que dans les années 1840, une moyenne de près de 1500 nouveaux immeubles étaient construits chaque année à Manhattan. Henkin, City Reading : Written Words and Public Spaces in Antebellum New York (New York: Columbia UP, 1998), p. 35.

32 “A distant and remote extreme of the hurrying world, which is so separated from the ‘heart of business’ that no single drop of its vital life ever reaches this defunct and amputated member.” Doesticks [Mortimer Thompson], What He Says, by Q.K. Philander Doesticks P.B. (New York : Rudd and Carleton, 1859), p. 296. Effectivement, George Curtis dans Harper’s déclare que les statistiques des asiles d’aliénés montraient qu’un nombre disproportionné des patients venaient de la campagne, rendus fous par « le silence, l’isolement, la dure besogne, la longue monotonie de l’année, le désœuvrement mental… » Curtis, “Editor’s Easy Chair”, p. 272.

33 Anonyme, The Growth of New York (NY : George Wood, 1865), p. 43.

34 “Fortunes were made for men in those days while they were sleeping, in the rapid increase of the value of real estate; and the author makes one of those vast accumulations the groundwork of a plot of no common order.” Emma Wellmont, Substance and Shadows; or, Phases of Every-day Life (Boston: John P. Jewett, 1854).

35 “How could I tell which way the city was heading? … It puts out one foot in one direction, and seems to be going that way, and then it puts out another foot in quite a different course and goes that way.” Ibid., p. 11. Le protagoniste du roman urbain de 1853 de Joseph Scoville, The Adventures of Clarence Bolton [Les Aventures de Clarence Bolton] le résume parfaitement : « “L’augmentation progressive, mais certaine de l’immobilier dans cette ville en quelques années rendra n’importe quel homme immensément riche. C’est le véritable secret de la grande fortune acquise par Astor, et ni lui ni aucun autre homme immensément riche ne l’est devenu par les seuls profits de son entreprise.” » (New York : Garrett & Co., 1853), p. 58.

36 Eric Homberger, Scenes from the Life of a City: Corruption and Conscience in Old New York [Scènes de la vie d’une ville : Corruption et conscience dans la vieille ville de New York] (New Haven : Yale UP, 1994), p. 118.

37 “The papers contained in the sack, are all that remains of a decent patrimony, which has been unjustly taken from us by wicked and powerful men.  I preserve these papers, madam, as a striking proof of the wickedness of mankind, and to remind me that I have nothing left but honest industry to support my family.” Miss Emma Rosewood, The Virtuous Wife, or the Libertine Detected.  A Tale of Boston and Vicinity.  Containing a Warning to Girls from the Country, and an Example for City Ladies. A Narrative of Facts. [La Femme vertueuse, ou Le Libertin détecté. Un conte de Boston et de ses alentours, contenant une mise en garde pour les filles du pays, et un exemple pour les dames de la ville. Un récit de faits] (Boston : Dow and Jackson, 1845), p. 7.

38 Alfred Crowquill [Alfred Forrester], May 1845, “Outlines of Mysteries,” Bentley’s Miscellany, XVII, p. 529.

39 The Mysteries of Charleston, by Eugene Sue, Jr. (Charleston: Printed at the Typographical Depository Down Town, 1846), p. 4.

40 Charles A. Goodrich, The Family Tourist: or, A Visit to the Principal Cities of the Western Continent (Hartford: Philemon Canfield, 1839), p. vi-viii.

41 San Francisco is perhaps the most extreme example of this phenomenon. Its growth spurred by the discovery of gold in 1849, San Francisco grew from only a few thousand people in 1847 to 50,000 only six years later—an increase that had taken Philadelphia 120 years to accomplish, and Boston 200.

42 During the 1840s, New York’s core grew at a rate of roughly 65 percent, but suburban growth exceeded 130 percent; the comparable rates in Boston were 61 percent and nearly 85 percent, and in Philadelphia roughly 30 percent versus 75 percent. Despite this physical expansion, antebellum cities remained quite dense at their core, as almost no buildings were taller than five floors.  See Martin V. Melosi, The Sanitary City: Urban Infrastructure in America from Colonial Times to the Present (Baltimore: Johns Hopkins UP, 2000), p. 58–59.

43 Thomas Bender, Toward an Urban Vision: Ideas and Institutions in Nineteenth-Century America (Baltimore: Johns Hopkins UP, 1975), p. 3; Richard Lehan, The City in Literature: An Intellectual and Cultural History (Berkeley: UC Press, 1998), p. 227.

44 For the purposes of this study, I chose to interpret the classification “city-mysteries” broadly. Proceeding from the assumption that what connected city novels was their urban subject matter, I examined, along with the usual “Mysteries of...” books, any novels that contained the name of a city, or the words “mystery” or “mysteries” or “miseries,”  “city” or “metropolis,” “secrets” or “revealed,” or other similar catchwords in their titles.  I also included urban narratives by authors who were well-known for writing city-mysteries but whose titles do not fit the formula above.

45 Quaker City Weekly, March 17, 1849. The inheritance plot of Lippard’s pair of New York novels, The Empire City and New York: Its Upper Ten and Lower Million, including a Jesuit plot against the heirs, is taken directly from Sue’s The Wandering Jew.

46 George Foster, New York Naked (New York: R. M. Dewitt, 185?), p. 16. Yet Foster also argued that his journalistic sketches—part of what he called the “legitimate business of the Morning and Evening Newspapers”—were qualitatively different from popular fiction on the model of “dirty French Novels,” by which a reformist Whig like Foster would have almost certainly meant the racy European forebears of American urban fiction.

47 Foster, New York Naked, p. 1.

48 John Chumasero, Life in Rochester, or Sketches from Life; Being Scenes of Misery, Vice, Shame and Oppression, In the City of the Genesee, by a Resident Citizen (Rochester: D. M. Dewey, 1848).

49 Wyn Kelley, Melville’s City: Literary and Urban Form in Nineteenth-Century New York (Cambridge: Cambridge UP, 1996), p. 7.

50 Philip Penchant, Mysteries of Fitchburg (Fitchburg, NY: Charles Shepley 1844), p. 5.

51 Phasis of Life; or, Mysteries of Catskill. A Romance of Real Life (Catskill: J.H. Van Gorden, 1845), p. 3-5.

52 Chandler Eastman Potter, Mysteries of Manchester (Manchester: J.P. Emery, 1844), p. 3.

53 A Tale of Lowell.  Norton: or, The Lights and Shades of a Factory Village: Wherein are developed some of the Secret Incidents in the History of Lowell, by “Argus” (Lowell: Vox Populi Office, 1849), p. 3, p. 4.

54 While critics were more concerned that these things that were “happening” in cities were sexual in nature, a survey of the genre would lead readers to believe that violence would be a more likely occurrence. Characters have their throats cut with razors, Bowie knives, and broken glass; they are tortured with water and fire; they are eaten by rats, dogs, and each other; their skulls are crushed by crowbars, shovels, gravestones, doors, and collapsing buildings. Critics noticed this tendency toward Gothic rhetorical excess, the overheated mixture of “glowing and sinful colors,” and began to define the genre based on its prose style, calling it the “raw head and bloody bones school.” “Immoral Works. The Saturday Courier—George Lippard—Thomas Paine, &c.” Philadelphia Saturday Evening Post, 26 September 1846.

55 Caroline Hargrave the Merchant’s Daughter: Being the First Series of the Mysteries of Salem! (Salem: Varney, Parsons & Co., 1845), p. 15.

56 Osgood Bradbury, The Eastern Belle; or, The Betrayed One! A Tale of Boston and Bangor (Boston: H. L. Williams, 1845), p. 41.

57 Justin Grammont, The League of the Merrimack Mysteries of Manchester, No. 2.  Founded on Facts (Manchester, NH, 1848), p. 16, p. 9.

58 Ralph Rural, The Mountain Village; or Mysteries of the Coal Region.  A Romance Founded on Fact, Illustrating Life, Mystery and Crime, in the Coal Region (Pottsville, PA, G. L. Vliet, Printer, 1849), p. 6.

59 Theodore Bang, The Mysteries of Papermill Village (Papermill Village, NH: Walter Tufts, Jr., 1845), p. 9.

60 Id., Ibid., p. 13, p. 26.

61 Didimus Dozey, The Mysteries of Rockville: or, Moral Reformation in 1846 (Published for the author), p. 3, p. 5, p. 7.

62 Penchant, Mysteries of Fitchburg, p. 24.

63 Wilfred Montressor: or, The Secret Order of the Seven (New York: Charles G. Graham & Co., 1844), p. 22; Theodore Bang, The Mysteries of Papermill Village, p. , 3; Osgood Bradbury, Mysteries of Lowell (Boston: E. P. Williams, 1844), p. 10; Caroline Hargrave, the Merchant’s Daughter: Being the First Series of the Mysteries of Salem! (Salem: Varney, Parsons & Co., 1845), p. 3.

64 Mysteries of Nashua, or, Revenge Punished and Constancy Rewarded (Nashua, NH: C. T. Gill, 1844), p. 18.

65 Potter, Mysteries of Manchester, p.  3.

66 Henry Boernstein, Mysteries of St. Louis, trans. Friedrich Munch, ed. Steven W. Rowan & Elizabeth Sims (Chicago: Charles H. Kerr, 1990), p. 13.

67 James Fenimore Cooper, in Home as Found, has a land auctioneer discuss the history of a parcel of Manhattan land, from its beginning as the dairy farm of “old Volkert Van Brunt,” whose family had occupied it for more than a century, to its escalation over the course of four sales in the previous two years from a value of $5,000 to $112,000, once it had been surveyed and split into lots. James Fenimore Cooper, Home as Found (New York: Stringer and Townsend, 1849), p. 115.

68 This is not at all surprising. David Henkin notes that in the 1840s, an average of almost 1500 new buildings were constructed each year in Manhattan. Henkin, City Reading: Written Words and Public Spaces in Antebellum New York (New York: Columbia UP, 1998), p. 35.

69 Doesticks [Mortimer Thompson], What He Says, by Q.K. Philander Doesticks P.B. (New York: Rudd and Carleton, 1859), p. 296. Indeed, George Curtis in Harper’s claimed that the statistics of insane asylums showed that a disproportionate number of the insane came from the country, driven mad by “the silence, the seclusion, the drudging toil, the long monotony of the year, the mental idleness....” Curtis, “Editor’s Easy Chair,” p. 272.

70 Anonymous, The Growth of New York (NY: George Wood, 1865), p. 43.

71 Emma Wellmont, Substance and Shadows; or, Phases of Every-day Life (Boston: John P. Jewett, 1854).

72 Ibid., p. 11. The protagonist of Joseph Scoville’s 1853 city novel The Adventures of Clarence Bolton sums it up perfectly: “‘The gradual but sure rise of real estate in this city during a very few years, will make any man immensely rich. This is the true secret of the great wealth acquired by Astor, and he nor no other man who is immensely rich, ever became so from the profits of his legitimate business alone.’” (New York: Garrett & Co., 1853), p. 58.

73 Eric Homberger, Scenes from the Life of a City: Corruption and Conscience in Old New York (New Haven: Yale University Press, 1994), p. 118.

74 Miss Emma Rosewood, The Virtuous Wife, or the Libertine Detected. A Tale of Boston and Vicinity.  Containing a Warning to Girls from the Country, and an Example for City Ladies. A Narrative of Facts. (Boston: Dow and Jackson, 1845), p. 7.

Pour citer ce document

Paul Erickson, « Mystères et Misères des petites villes : portée géographique de la fiction des mystères urbains dans l’Amérique d’avant la Guerre civile », American Mysterymania, sous la direction de Catherine Nesci, avec la collaboration de Devin Fromm Médias 19 [En ligne], Dossier publié en 2018, Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/american-mysterymania/mysteres-et-miseres-des-petites-villes-portee-geographique-de-la-fiction-des-mysteres-urbains-dans-lamerique-davant-la-guerre-civile