La lettre et la presse : poétique de l’intime et culture médiatique

Correspondances professionnelles : Quand la lettre fait l’article (à partir du cas de George Sand)

Table des matières

MARIE-ÈVE THÉRENTY

Des travaux sur la presse, récents et anciens, ont montré l’origine épistolaire des gazettes, la proximité des nouvelles à la main avec les correspondances, la présence forte de la forme épistolaire dans le journal notamment au XIXe siècle, comme le prouvent l’article nommé correspondance, la chronique (parfois intitulée courrier de Paris), le reportage ou la lettre ouverte. Pour compléter ces travaux, il paraît judicieux de considérer les vraies lettres du monde journalistique, c’est-à-dire d’étudier les correspondances professionnelles entretenues entre les directeurs de journaux et les écrivains-journalistes et d’estimer leurs interactions avec l’écriture du journal. Dans quelle mesure les lettres professionnelles1 peuvent-elles être appréhendées comme des matrices d’articles ? Or ce projet se heurte à une difficulté matérielle immédiate. Où trouver une correspondance significative, de plusieurs années, entre un journaliste fécond et plusieurs directeurs de journaux ? Après réflexions et recherches dans diverses archives, nous avons choisi de prendre comme exemple la correspondance de George Sand. Elle remplit en effet tous les critères demandés.

D’abord George Sand fut une journaliste majeure de son époque, comme l’ont montré deux colloques tenus à Lyon et à Montpellier2. Sa production journalistique constitue une masse impressionnante. Polygraphe, elle a fréquenté tous les types possibles de journaux : quotidiens, grandes revues, magazines, petits journaux littéraires… Elle ne s’est pas restreinte non plus à un genre : elle a pratiqué la critique dramatique, la critique littéraire, la critique picturale, les grands articles politiques, le récit de voyage, les études de mœurs, les nécrologies, le billet d’humeur, le droit de réponse. Dans cette production, la lettre n’a pas une place mineure car George Sand construit souvent des séries épistolaires mi-fictives, mi-réelles : Lettres d’un voyageur3, Courriers de village4 ; parfois elle publie sa propre correspondance dans la presse. Elle joue alors du trouble introduit par l’insertion d’une lettre intime détournée à l’intérieur de l’organe public. Enfin, elle a une pratique assez originale de la lettre ouverte qu’elle développe dès les années quarante.

Elle fut aussi une épistolière assidue, comme le montrent les vingt-six volumes de la correspondance parus sous la direction de George Lubin dans la collection Garnier5. Du fait de sa résidence provinciale, George Sand a écrit beaucoup de lettres aux nombreux directeurs ou rédacteurs en chef des journaux auxquels elle a collaboré : Lamennais, Émile de Girardin, François Buloz, Édouard Charton, Véron, Auguste Nefftzer, Adolphe Guéroult, Charles-Edmond… Cependant l’exploitation de la seule correspondance éditée par Georges Lubin aurait sans doute créé des effets artificiels dus à la quasi disparition de l’interlocuteur, d’où un effet monologal qui gomme notamment l’importance de la négociation. Il fallait donc reconstituer sinon une correspondance complète, au moins des moments de dialogue épistolaire.

Or, dans le cas de Sand, la possibilité de consulter les lettres des directeurs de journaux existe, même si cette correspondance est disséminée entre plusieurs lieux d’archives, notamment à la bibliothèque de l’Institut, la bibliothèque historique de la ville de Paris (BHVP), les Archives nationales et la BNF. Cette recherche, très intéressante, permet d’apporter des éléments nouveaux à une correspondance déjà bien étudiée pour sa partie sandienne. En effet, l’analyse de ces correspondances inédites de directeurs de journaux ouvre de nombreuses perspectives sur le monde de la presse au XIXe siècle, donne notamment des réponses concrètes à des questions techniques et aussi dévoile la face privée de personnages construits par la légende médiatique, comme Émile de Girardin.

Cependant, l’interprétation de cette correspondance croisée est complexe parce que du fait même du statut de la lettre, elle met en scène des figures « stratifiées ». George Sand le dit explicitement dans une de ses toutes premières lettres d’affaires, en 1833, à Amédée Pichot, le directeur de la Revue de Paris :

J'entre dans toutes ces explications parce que je veux vous dire, Monsieur, que je reconnais les marques d'obligeance et de bonté que j'ai reçues de vous, individuellement. J'ai très bien su distinguer en vous l'homme de lettres, bienveillant et affable collaborateur, de l'homme d'affaires, n'agissant que d'après le consentement et les intérêts d'une société d'intéressés. Si j'ai quelques griefs contre le journal, c'est qu'il représente pour moi une chose, un fait, qui ne m'a pas été favorable, mais je n'ai qu'à me louer de Monsieur Pichot en particulier et c'est à lui seulement que je veux ôter tout motif de ressentiment ou de reproche6.

La lettre, en effet, s’adresse au directeur de journal, personnalité souvent divisée entre des considérations commerciales, politiques et littéraires mais elle met aussi en jeu la personne privée. En face, l’écrivain est pris dans la même ambiguïté : la femme d’affaires est concernée comme l’artiste ou comme l’individu dans son contexte familial et domestique. Ces données sont encore complexifiées par la proximité de la sphère médiatique. Les stratégies se mêlent, allant de la transaction à la joute en passant par la construction de scénarios et de scènes types propres à favoriser l’entente des deux parties. Chaque situation d’interlocution, selon le positionnement de l’écrivain dans sa carrière et selon le média auquel il s’adresse, diffère et nécessite la création d’une plateforme d’accord régie par des lois qui sont souvent celles d’une intimité médiatisée. Cette correspondance nous intéressera d’abord comme correspondance professionnelle. Mais nous verrons aussi que la familiarité apparente de ces échanges repose sur la construction d’une scénographie de l’intimité, une intimité médiatisée, voire même médiatique. Car il existe de nombreux cas d’hybridation et d’échanges entre cette correspondance au directeur de journal et l’article journalistique.

La Tigresse d’Arménie en affaires : la correspondance professionnelle

La correspondance permet d’élucider les rapports de force (monétaires, idéologiques et poétiques) notamment entre directeurs de journaux et écrivains journalistes, de localiser un certain nombre de points de friction et d’éclairer les différentes responsabilités d’énonciation éditoriale. Ces lettres permettent donc d’abord d’observer les coulisses de la cuisine journalistique et d’être sensibilisé à la manière dont la polyphonie du journal est régulée par la lettre privée.

La lettre, tout d’abord, est lettre d’affaires, comme l’a montré Annie Prassoloff7. George Sand y traite du prix de chaque article, renégocie périodiquement le montant de sa participation exclusive à tel journal ou à telle revue, prépare par ses courriers la mise au point juridique de ses contrats. Ces négociations montrent un envers de la scène littéraire assez amusant parfois, lorsque les demandes monétaires (« Je ne puis pas attendre moi, mon cher ami, vous le savez bien, et si votre caisse ne peut pas suivre ma plume, il faut que je cherche un éditeur plus riche que vous8 ») alternent avec les remerciements lyriques (« Je vais aller me promener sur les lagunes, et chanter un hymne à Buloz le grand, à Buloz le généreux, toutes les écrevisses répondront amen9 »).

Mais la lettre est aussi l’instrument de la gestion de l’énonciation éditoriale (selon l’expression d’Emmanuël Souchier10) et révèle chez Sand la conscience précoce d’une poétique du support. Par exemple, la correspondance montre tout au long de sa carrière une reconnaissance des effets induits par la scansion périodique. L’écriture feuilletonesque répond chez elle à des exigences arithmétiques et rythmiques qui ne se conforment pas à la coupe à suspense, comme le prouve cette lettre qu’elle adresse à Charles-Edmond en 1871 à propos de la publication de Nanon dans Le Temps :

Cher ami, je suis plongée dans le roman, ma première partie est faite. C'est la moitié de l'ouvrage. Il faut que vous me disiez dès à présent, si c'est trois ou quatre feuilletons que vous publierez chaque semaine afin que mon dernier feuilleton de chaque semaine ne tombe pas sur une absence de mouvement, ou qu'il y tombe franchement. Je tiens beaucoup à ce que cela me soit nettement tracé11.

L’étude de cette correspondance croisée permet de résoudre certaines « énigmes » comme celle de la publication, hors feuilleton, en pleine page du journal, de l’ensemble « Autour de ma table » dans La Presse de Girardin en 1856. Le geste promotionnel fort est confirmé par une lettre de Girardin du 29 juin 1856 :

Ce qui m’a décidé à vous faire passer en première page : c’est la difficulté d’interrompre un feuilleton en cours de publication, ce qui en ralentit l’intérêt et en diminue l’effet, deuxième la difficulté des coupures, souvent trop courtes ou trop longues pour la dimension de ces colonnes dont la hauteur est invariable. Attendez-vous donc à être toujours ainsi placé, très chère amie12.

Dans cette énonciation éditoriale à multiples pôles, l’ingérence des directeurs de journaux va parfois fort loin comme celle de Véron, directeur du Constitutionnel, qui entend tout contrôler, jusqu’aux titres même des romans. Ainsi, il propose, à propos du roman qui sera finalement intitulé Jeanne : « Le titre Claudie. Histoire d’une femme écrite par une femme par Mme George Sand est-il possible ? Cela m’irait à merveille13. » Sur le manuscrit de la lettre, Sand a écrit en marge ce commentaire impitoyable : « mais ce serait ridicule ». Pour Teverino, Girardin propose de changer le personnage du curé en médecin, ce qu’elle refuse aussi14. Selon les interlocuteurs, et quand les questions ne sont pas politiques, elle est parfois plus réceptive. Elle restera, jusqu’à bout de leur collaboration, sensible aux conseils de Buloz quand ils ne reposent pas sur l’idéologie et amendera souvent ses textes en fonction des nombreuses remarques rythmiques ou de vraisemblance de ce dernier.

Les questions idéologiques, effectivement, engendrent la majorité des frictions entre l’écrivain et le directeur du journal. La structure de la page du journal perce dans la correspondance : c’est le haut-de-page qui, par lettre, gourmande le feuilleton et lui demande de respecter les opinions de l’abonné, rejouant ainsi, sur le mode épistolaire, la querelle du roman-feuilleton décrite par Lise Dumasy15. C’est ce qu’écrit sèchement Girardin à Sand lors de la publication de Teverino :

À côté des droits de l’auteur qui sont absolus et que nul ne respecte plus que moi, il y a aussi les convenances du journal qui sont plus ou moins impérieuses. Si on peut considérer ces droits et ces convenances sans sacrifier d’aucune part pourquoi ne pas le faire ? Chaque journal a son public. Le même roman du même auteur pourrait n’avoir aucun succès dans Le Constitutionnel et dans Le Siècle et en avoir un très grand dans le Journal des débats et La Presse et réciproquement.

Il y a des sujets qui dans tel journal provoqueraient des réclamations lorsque dans tel autre ils ne recueilleraient que des sympathies. Pourquoi l’auteur assez heureux pour n’avoir que l’embarras du choix ne se déterminerait-il pas par cette considération portée à sa connaissance ? Que l’auteur écrive dans toute l’importance de son talent, mais s’il s’agit d’un roman qui doive être publié dans un journal, qu’il laisse à son éditeur le choix du journal et au directeur du journal toute liberté de se déterminer par les considérations tirées de la connaissance que celui-ci doit avoir de l’esprit de ses lecteurs. Posée en ces termes la question entre les auteurs et les journaux n’offre aucune difficulté : chacun agit dans la plénitude de son indépendance, sans concessions ni de part, ni d’autres16.

Il est inutile de faire ici le répertoire un peu fastidieux des multiples sujets de litiges mais la question du statut propre de la lettre dans ces échanges est extrêmement intéressante. En quoi l’écrit épistolaire diffère-t-il d’une négociation orale ?

Effectivement, les échanges épistolaires injonctifs, très fréquents dans la correspondance notamment des années quarante, posent la question du statut de la lettre dans le cadre d’une relation fortement contractualisée. La valeur de la lettre est parfois interrogée. C’est le cas lors de l’affaire, très intéressante par la correspondance démultipliée qu’elle suscite, de la publication, ou plutôt de la non-publication, du Meunier d’Angibault par Véron dans Le Constitutionnel en 1844. George Sand n’étant pas présente à Paris, toute cette affaire se règle par lettres et par personnes interposées, notamment grâce à Henri de Latouche et Falempin, le chargé d’affaires de Sand. Malgré le contrat qui le lie, Véron refuse en effet à la livraison de publier Au jour d’aujourd’hui, premier titre du Meunier d’Angibault, pour des raisons explicitées dans une lettre de Falempin à Sand. La première raison, idéologique, est qu’il est entendu pour Véron que dans un contrat passé avec un journal, « l’auteur des romans destinés à satisfaire les goûts des abonnés ferait des efforts pour caresser les préférences littéraires de cette classe de lecteurs et éviterait d’y introduire aucune des hautes questions utilitaires, sociétaires ou mystiques que la masse du public se refuse à étudier et par conséquent à comprendre17. » La deuxième raison est de nature esthétique : Véron souhaite « une refonte des portions de votre manuscrit qui, par leur ressemblance avec des descriptions de mœurs provinciales existant déjà dans Jeanne n’offrent pas assez de variété aux lecteurs blasés du Constitutionnel et ne sont pas de nature à être publiés dans l’état où se trouve le manuscrit ». Véron, avant qu’Hachette ne systématise cette pratique, demande alors à Sand d’écrire un nouveau roman et de lui en soumettre préalablement le scénario : « Il serait ajouté à ce traité une clause aux termes de laquelle vous présenteriez, avant de l’écrire un scénario indicatif du sujet et des personnages à mettre en scène, ce scénario approuvé, les détails seraient laissés à votre libre arbitre18. » Le débat s’enlise jusqu’à ce que Sand envoie une assignation à Véron et une sommation à publier son roman. Cette « judiciarisation » du conflit entraîne la réapparition de la lettre directe. Véron écrit à Sand le 19 octobre 1844 : « Il m’en coûterait tellement de vous répondre par huissier, que je n’hésite pas avant tout à m’expliquer avec vous directement et sans intermédiaire19. » Et Sand, en lui répondant le 24 octobre 1844, explicite le non-dit autour de la lettre directe :

Il est d’usage dans les procès de prendre acte des concessions mutuelles qui ont été faites au commencement du désaccord avant que la guerre fut déclarée, et de s’en faire une arme contre son adversaire. C’est de bonne guerre, mais je n’y avais pas songé. Quant à moi, ne voulant alléguer d’autres motifs que ceux dont je vous ai fait connaître, il me serait indifférent que vous me missiez en présence de mon écriture. Mais vous semblez craindre de me faire des propositions dont je pourrais abuser contre vous. Je suis prête à m’engager à les considérer comme non avenues si elles n’amènent pas à un accommodement et à n’en faire aucun usage soit direct soit indirect dans le procès qui peut intervenir20.

On le voit, la lettre est toujours susceptible de devenir une pièce du débat judiciaire ou public, voire médiatique. Véron le reconnaît le 6 novembre 1844 : « J’accepte les propositions de votre dernière lettre et engage l’un et l’autre sur parole à ne pas livrer notre correspondance aux agréés, ni avoués, ni avocats, pour qu’elle soit commentée, critiquée, torturée par eux, je viens en toute confiance m’expliquer avec vous sur le présent et sur l’avenir relativement à votre traité21. » De compromis en compromis, il est finalement amené à capituler : il ne publiera pas Le Meunier d’Angibault mais versera des indemnités pour rupture de contrat. Cette affaire, qui mériterait une analyse plus poussée, éclaire en tout cas le statut potentiellement judiciaire de la correspondance professionnelle.

Une autre façon, perfide, de faire intervenir la question de la valeur de la lettre dans un conflit avec un directeur de journal, est d’interrogerla valeur littéraire de la lettre et de remettre en cause le statut d’épistolier de l’adversaire. Les directeurs de journaux ont parfois des prétentions à l’écriture et il arrive à George Sand d’ironiser : elle le fait en 1839 avec Buloz quand les deux parties traversent une grave crise idéologique. George Sand glisse alors facilement de la valeur judiciaire à la valeur littéraire de la lettre :

Si vous me cherchiez querelle pour cela, ce serait au moins un procès fort plaisant que celui où je produirais votre dernière lettre, et les juges se demanderaient qui de nous veut contraindre l’autre. Au reste, cette lettre vous ferait honneur, car c’est un petit chef-d’œuvre, et j’y vois que vous devenez trop profond pour qu’on puisse vous contenter par un travail digne de vous, c’est décourageant, prenez-y garde, n’en écrivez pas une pareille à Planche, car il briserait à jamais sa plume.

Bonjour, chez Buloz, vous m’appelez tigresse d’Arménie, c’est une faute d’impression sans doute car le mot classique est Hyrcanie, l’Arménie n’a jamais été que je sache renommée pour ses tigres, mais peut-être qu’on y trouve des éditeurs.

[…] Embrassez Christine pour moi, je la plains d’être l’épouse d’un chacal d’Étuvie, il y a autant de chacals en Étuvie que de tigresses en Arménie22.

Sand fait jouer ici la supériorité de la femme de plume sur l’homme d’affaire. Il n’en reste pas moins que la lettre a un côté piégeant parce que, instrument de négociation, elle peut aussi devenir une preuve dans un procès ou une pièce dans un débat public. Pour cette raison, sans doute, Sand très tôt privilégia en matière d’affaires les intermédiaires. Chargés d’affaires, amis zélés et puis finalement véritables agents littéraires puisqu’elle inventa avec Émile Aucante, la fonction. Autre problème de la lettre au directeur de journal : elle glisse facilement vers la correspondance intime.

« Mon article et mes huîtres » : la construction d’un espace intime

Car, à la différence de bien des typologies proposées par les spécialistes de l’épistolaire depuis Théodore H. Barrau dans Méthode de composition et de style (Hachette, 1882 pour la 14e édition) jusqu’à Jean-Michel Adam23 plus récemment, la différence entre lettre d’affaire et correspondance intime n’apparaît pas toujours nettement dans ces correspondances professionnelles. Il n’est pas sûr, par exemple, que Danièle Poublan, auteur d’un article intitulé « Affaires et passion, des lettres parisiennes au milieu du XIXe siècle » aurait retenu les lettres de Girardin ou de Buloz à Sand comme lettres d’affaires24. La figure du zeugme traduit parfois cette ambiguïté comme lorsque Sand écrit à Ricourt le directeur de L’Artiste : « Jules vous attend avec de bons cigares, et moi avec mon article et mes huîtres25. » Il semble pourtant que cette intimité soit fortement médiatisée par la proximité avec lemonde de la presse.

Beaucoup des interlocuteurs professionnels de Sand, comme elle-même aussi d’ailleurs, cherchent à établir la relation professionnelle sur de l’intime. Les nombreuses formules amicales d’ouverture des lettres, les embrassades au conjoint et à la famille, l’évocation de détails privés en témoignent tout comme les fréquentes déclarations d’amitié : « C’est un ami sincère qui vous parle et qui serait heureux que vous vissiez en lui autre chose que votre éditeur,c’est-à-dire un ami dévoué26. » On connaît le rôle de témoin, voire d’arbitre que Buloz a joué dans la relation de Sand avec Musset. La lettre professionnelle est alors parfois déportée hors de son champ comme l’indique cette injonction sur le mode de lecture en tête d’une lettre de Sand à Buloz en juin 1834 : « Lisez quand vous serez seul27. » La suite mêle habilement confidences, plaintes et demandes d’argent. Ces correspondances professionnelles favorisent aussi l’épanchement. Ainsi Émile de Girardin écrit à Sand après la mort de sa première femme, Delphine de Girardin : « Très chère et grande amie, vous m’appelez ingrat ! Je ne mérite même pas ce nom. Être ingrat, c’est vivre, c’est réagir ; je ne vis plus, je ne réagis plus. Je suis dans l’attitude du voyageur qui ayant cherché en tous sens sa route, sans la trouver s’accroupit dans l’inertie28. »

La lettre professionnelle est donc souvent marquée par des digressions par rapport à l’affaire qui lie les deux épistoliers. Outre les confidences, elle est aussi habitée par toute une série de commentaires sur le milieu professionnel où ils évoluent tous deux et charrie les derniers cancans du moment. Cet espace d’intimité sur lequel se construit la relation d’affaires est nourri par l’univers du journal, par ses sociabilités, son réseau. Elle dessine les coulisses de la scène journalistique avec des plumes peu amènes. Charles-Edmond, responsable du feuilleton au Temps, écrit ainsi de Taine qui tient, à ce moment-là, en 1871, le feuilleton du journal : « Taine a  du succès, mais ne vous semble-t-il pas un peu bourgeois et godiche ? Le style est sec, il tombe dur comme de la grêle sur un toit givré. On n’est pas impunément normalien29. » De même, Buloz laisse parler sa hargne au moment de la création de la Chronique de Paris par Balzac :

À propos j’oubliais de vous dire la merveilleuse, l’étonnante, l’effroyable nouvelle que voici, c’est l’alliance de Planche, Hugo et Balzac ! pour faire, dit-on, le journal que je vous ai nommé. Planche nous doit 2000 francs, il ne veut pas travailler, j’ai refusé de continuer le métier de dupe et il a embrassé Balzac qu’il aimait tant, vous savez, et il a adoré le postérieur d’Hugo, qu’il vénérait tant. Oh ! admirable alliance ! quels hommes faits pour s’entendre et s’aimer ? N’en riez-vous pas ? et comme cette coalition est redoutable pour moi. Dans trois mois Planche viendra à merci, Balzac aura rempli sa mission providentielle et Hugo aura fait un enfant à Juliette30.

Les confidences sont effectivement souvent scatologiques ou sexuelles. Ainsi Charles-Edmond donne les derniers ragots sur la grossesse de madame de Girardin (la deuxième) qui ne serait pas due à son mari31. Le terreau de la nouvelle à la main, le matériau brut de la petite presse, non traité, non filtré, émergent. Cettelangue épistolaire se nourrit d’ailleurs de l’inspiration de l’épigramme et de la caricature comme le montrent certaines expressions sandiennes qui traite Buloz « d’épouvantable cerbère32 », la revue de « la chose des deux mondes33 » ou « d’espèce de panier où on lave tant la salade qu’il n’y a plus de goût34. »

Lire ces correspondances croisées sur un demi-siècle permet de voir s’élaborer des relations relativement scénarisées. Dans chaque cas, et selon des modalités qui différent, il est évident que les deux interlocuteurs cherchent à construire la collaboration littéraire la plus féconde à moindres coûts émotionnels et économiques. Ces relations fondées sur la recherche d’un mimétisme intime reposent sur des métaphores, des scénarios et des anecdotes qui croisent imaginaire et réel et qui sont fortement habités par une représentation stratégique du champ littéraire et médiatique. Reviennent de manière récurrente certaines métaphores intimistes comme la relation de vassalité ou encore la maison-journal qui deviennent des topoï de la correspondance professionnelle. Ces métaphores permettent de dessiner une forme de relation intime largement fantasmée. Cela peut se faire sur un mode semi-ironique :

À propos de la revue, n’écoutez donc pas tous les cancans que l’on fait. Je vous donne ma parole que tant que je l’aurai, elle ne sera aux pieds de personne, ni de M. Guizot, ni d’aucun autre ministre ; elle ne sera qu’aux vôtres, illustre reine de France et de Nohant35.

Ou sur un mode plus sérieux, notamment en fin de carrière. La correspondance de Charles-Edmond, représentant du quotidien Le Temps, et de George Sand, écrivain incontesté et dame d’un âge certain, est assez édifiante sur ce point. Le double scénario de la vassalisation et du journal-foyer se développe sans peur de l’hyperbole et l’exagération.

Madame,

Votre feuilleton excite une admiration générale. Depuis longtemps, dit-on, il n’a pas été donné d’entendre une note de cette élévation et de cette pureté de ton. Lundi soir, on s’arrachait le journal à la gare de Versailles. J’ai dû céder mon numéro à une dame. Lecture à haute voix en a été faite en wagon. On s’extasiait sur la forme aussi bien que sur le fond. Je jubilais dans mon coin. Voir la fable du rat encensé sur un autel. Votre roman avance. Bonne nouvelle. Nous tâcherons d’expédier vivement Malot afin de ne pas vous faire attendre. La question que vous me posez au sujet du nombre de feuilletons à insérer par semaine, ne saurait être résolu que d’une seule façon et cela en vertu du principe admis une fois pour toutes dans Le Temps en ce qui vous concerne : « Cela n’est pas à vous de vous plier aux exigences du journal, c’est au contraire au journal à se soumettre de grand cœur à toutes vos décisions ». Voyez donc ce qui vous sera le plus commode. Lorsque vous voudrez que l’on mette quatre feuilletons par semaine, on en mettra quatre. Si un autre jour, il vous plaît de n’en mettre que trois, on n’en mettra que trois. Mais à l’avenir veuillez nous adresser des ordres et non des questions. Cela nous est plus agréable de vivre sous votre doux sceptre. Nous tenons tant à ce que vous trouviez bien chez nous. Nous vous aimons et nous voudrions vous choyer36.

Cette relation de prédilection suscite en retour l’émission de lettres adressées à Charles-Edmond qui ne sont plus cantonnées à la sphère privée mais qui se retrouvent dans le feuilleton du Temps, comme la lettre sur la ponctuation. George Sand prend au sens premier la métaphore de la maison-journal et s’installe avec ses écrits intimes au rez-de-chaussée. Une expression heureuse de Charles-Edmond décrit le phénomène : « le journal se nohanise et cela lui portera bonheur37. » On peut parler dans ce cas d’intimité médiatisée, voire d’intimité médiatique.

« Le journal se nohanise »

Il existe en fait de nombreux cas d’échanges, d’interactions, d’hybridations entre la lettre adressée au directeur de journal et la production journalistique. J’en énumérerais trois cas emblématiques38 où la lettre au directeur finit par être aspirée par le journal : la lettre matrice, la lettre ouverte politique, la lettre ouverte contre-journal.

Dans les cas les plus extrêmes, la lettre privée adressée au directeur de journal comme celle à Thoré, responsable de La Vraie République, le 27 mai 1848, constitue la matrice d’un article de journal39. On a donc sur le même événement une lettre privée, embryonnaire, matricielle et une lettre publique, développée qui garde les traces de l’intimité de la première.  

Dans la production journalistique de Sand, on trouve aussi une part importante de lettres adressées au directeur du journal et lui demandant une insertion dans le média. À un moment où le droit de réponse n’est pas légalisé, on trouve dans ces lettres des formules plus ou moins injonctives comme : « J’en appelle à votre honneur et à votre conscience pour faire immédiatement publier cette lettre dans votre journal40. »Ce sont, suivant les cas, des droits de réponse, des lettres réclames, en tout cas des lettres ouvertes qui jouent selon l’expression de Jean-Michel Adam sur la désignation prétexte ou postiche d’un interlocuteur unique41. Dans cet ensemble d’une quarantaine de lettres ouvertes, on peut distinguer grossièrement deux séries principales, celles qui ont pour enjeu la légitimation d’une parole politique et celles qui veulent défictionnaliser le moi.

Dans les années 1840 notamment, beaucoup d’interventions politiques de Sand sur la scène publique prennent la forme d’une lettre. Citons parmi de multiples autres exemples la lettre à Lamartine, fondateur du Bien public en 184342, la communication au rédacteur en chef de la Revue indépendante dans l’affaire Fanchette en 184343, l’adresse aux fondateurs deL’Éclaireur de l’Indre en septembre 184444 ou encore la lettre de décembre 1844 au rédacteur en chef du journal La Réforme45. Ces lettres fortement politiques militent pour les classes ouvrières, pour les provinces, pour le travail, pour le socialisme. Leur énonciation masculine, qui tranche avec la pratique sandienne de la lettre privée, prouve qu’elles sont complètement médiatisées. Ces lettres pour certaines extrêmement travaillées peuvent jouer sur les délégations de voix comme la lettre au rédacteur de la Réforme où Sand laisse la place à des paroles de paysans et à la voix du curé. Ce morceau, mosaïqué et polyphonique comme un journal, est aussi pensé comme une représentation de la parole démocratique. Ces lettres échappent largement à la dialectique entre affaires et intime décrite un peu plus haut. Quelle est la valeur ajoutée de la lettre au rédacteur dans ce cas ? Même si ces lettres visent parfois à vraisemblabiliser la situation épistolaire en faisant état de la cuisine du journal – « Mon cher Thoré, Je ne suis qu’à dix heures de Paris, et je vous enverrai mes articles comme à l’ordinaire46 –, en fait ici, la scène épistolaire chez Sand n’est pas une scène générique mais une scénographie construite par le texte, la scène de parole dont il prétend surgir, en reprenant le lexique de Dominique Maingueneau47. Ces déclarations politiques auraient pu se manifester à travers d’autres scénographies sans changer pour autant de scènes génériques. La fonction de la lettre est alors manifestement de faciliter une parole politique, dans une appréhension genrée du monde bien décrite par Christine Planté : « Les lettres ont souvent constitué pour les femmes le seul moyen – en tout cas le moins interdit – d’accéder à des espaces ou des activités où elles n’étaient guère admises autrement48. » Comme souvent chez Sand journaliste coexiste une double stratégie un peu contradictoire. D’un côté, elle attaque frontalement la sexuation des territoires dans le journal. Par exemple pour gagner ou conserver le droit à l’article politique dans la revue, elle délaisse la Revue des deux mondes et crée la Revue indépendante. Pour avoir la possibilité de parler en haut-de-page à la place du premier-Paris, elle participe à la fondation de L’Éclaireur de l’Indre, y rédige plusieurs premiers-Paris très politiques et notamment les 16, 23 et 30 novembre 1844 un article intitulé « La politique et le socialisme » où elle précise sans aucune médiation l’actualité de sa pensée politique, article précurseur à la campagne de 1848. Mais de l’autre côté, elle utilise longtemps le biais de la fiction parabolique, de la petite saynète dialoguée ou encore de la lettre, usant alors de genres traditionnellement tolérés pour les femmes pour exprimer une pensée trangressive. Cette subversion s’opère alors par le biais d’une écriture en apparence conventionnelle mais finalement très retorse. On en trouve un bel exemple dans la lettre à Théophile Thoré sur le Père communisme où des considérations de politique générale se mêlent à la volonté de déconstruire la rumeur urbaine qui fait d’elle une sorte de loup-garou communiste.  

Par exemple, ici, dans ce Berry si romantique, si doux, si bon, si calme, dans ce pays que j’aime si tendrement, et où j’ai assez prouvé aux pauvres et aux simples que je connaissais mes devoirs envers eux, je suis, moi particulièrement regardé comme l’ennemi du genre humain, et, si la République n’a pas tenu ses promesses, c’est évidemment moi qui en suis cause.

J’ai eu un peu de peine à comprendre comment je pouvais avoir joué un si grand rôle sans m’en douter. Mais enfin, on me l’a si bien expliqué que j’ai été forcé de me rendre à l’évidence. D’abord, je suis associé aux conspirations d’un abominable vieillard qu’on appelle à Paris, le Père communisme, et qui empêche la bourgeoisie de continuer à combler le peuple de tendresses et de bienfaits. Ce misérable ayant découvert que le peuple était fort affamé, s’est avisé d’un moyen pour diminuer les charges publiques : c’est de faire tuer tous les enfants au dessous de trois ans et tous les vieillards au dessus de soixante ans ; puis il ne veut point qu’on se marie, mais qu’on vive à la manière des bêtes. Voilà pour commencer.

Ensuite, comme je suis le disciple du Père Communisme, j’ai obtenu de M. Rollin que toutes les vignes, toutes les terres, toutes les prairies de mon canton me seraient données, et je vais en être propriétaire au premier jour. J’y établirai le citoyen Communisme, et, quand nous aurons fait tuer les enfants et les vieillards, quand nous aurons établi dans toutes les familles le régime des bêtes, nous donnerons à chaque cultivateur six sous par jour, et peut-être moins : moyennant quoi, ils vivront comme ils pourront, pendant que nous ferons chère lie à leurs dépens49.

Cet exemple montre aussi la capacité de la lettre sandienne à se produire comme contre-journal. La lettre est une forme propice à apporter la vérité – ou disons, pour ne pas sombrer dans l’angélisme –, la vérité sandienne dans un univers corrompu par la rumeur, le canard et le mensonge. La lettre publique est alors machine à « décanardiser » en mode mineur, voire à défictionnaliser le monde, dans les cas graves. Il s’agit de prendre le contre-pied du journal, de faire un contre-journal. Elle écrit donc, à partir des années quarante et sous le Second Empire, de nombreuses lettres de démentis à des fausses rumeurs : elle nie que le préfet lui ait ordonné de quitter la capitale en 185050, elle dément recevoir une subvention du gouvernement français en 185251 ou encore elle désavoue la naissance d’un nouveau petit-fils en 186852. La lettre au rédacteur permet alors un peu paradoxalement de réguler l’excès d’intime dans le journal ou du faux-intime. Elle a pour but de défictionnaliser le je et d’interroger le rapport à la sincérité des médias alors que le journal, selon Sand elle-même, ferait le contraire : il fictionnaliserait les acteurs de la scène publique en donnant un statut de vérité au support périodique. Cette idée maîtresse d’un partage entre la lettre et la presse au nom de deux rapports contradictoires à la vérité hante la correspondance de Sand au directeur de journal aussi bien dans la lettre privée que dans la lettre ouverte et lui sert notamment à justifier l’insertion de correspondances intimes dans la presse, par exemple au moment de sa rupture avec Musset ou de son procès en séparation. Il s’agit cependant de postulats de principe et de détournements de modes énonciatifs primaires, car ces correspondances sont évidemment retouchées. Elles dessinent cependant l’idéal de la lettre comme contre-média.

Ce parcours montre toute l’ambiguïté de la lettre de Sand au directeur du journal, rarement absolument lettre d’affaires, jamais seulement lettre privée. Elle se situe dans un lieu habité par l’imaginaire du journal et peut à tout instant glisser dans la sphère médiatique. En conséquence, on repère dans la production journalistique sandienne de nombreuses lettres au directeur du journal : lettres tombées de la correspondance dans la presse au prix d’une légère réécriture, lettres ouvertes souvent politiques, lettres de démentis… toutes formes qui jouent à la fois d’effets de réel et de scénographies énonciatives. Sans doute, George Sand, épistolière forcenée, constitue un cas extrême. Mais son exemple ouvre quelques perspectives pour l’étude des correspondances professionnelles de journalistes et attire l’attention sur un exercice paradoxal à la croisée entre sphère professionnelle, privée et médiatique.

(Université de Montpellier 3 - Rirra 21- Institut universitaire de France)

Notes

1  Pour une étude de la distinction entre lettres d’affaires et lettres personnelles, voir Roger Chartier (dir.), La Correspondance. Les usages de la lettre au XIXe siècle, Paris, Fayard, 1991, et notamment le chapitre écrit par Danièle Poublan, « Affaires et passions : Des lettres parisiennes au milieu du XIXe siècle ».

2  Olivier Bara et Christine Planté (dir.), George Sand critique, Saint-Étienne, Presses de l’Université de Saint-Étienne, 2011 et Marie-Ève Thérenty (dir.), George Sand journaliste, Saint-Étienne, Presses de l’Université de Saint-Étienne, 2011.

3  Série parue entre le 15 mai 1834 et 15 novembre 1836 dans la Revue des deux mondes et la Revue de Paris.

4  Série parue entre le 1er septembre et le 20 octobre 1857 dans Le Courrier de Paris.

5  Cette correspondance a été étudiée dans de nombreux ouvrages. Voir par exemple Anne McCall, L’Être en lettres : l’autobiographie épistolaire de George Sand, Amsterdam et New York, Rodopi, 1996 ; Brigitte Diaz, L’Épistolaire ou la pensée nomade, Paris, PUF, 2002 ; Nicole Mozet (dir.), George Sand, une correspondance, Paris, Christian Pirot, 1994.

6  À Amédée Pichot, Paris, 19 janvier 1833, Correspondance éditée par Georges Lubin (dorénavant Corr.), Garnier, tome II, p. 255.

7  Annie Prassoloff, « De la confidence au contrat », dans Mozet (dir.), George Sand, op. cit., p. 71.

8  À François Buloz, le 19 juillet 1834, Corr., t. II, p. 665.

9  À François Buloz, 4 juillet 1834,  Corr., t. II, p. 653.

10  Voir notamment L’Énonciation éditoriale en question, Communication et langages, n° 154, Armand Colin, 2007.

11  À Charles-Edmond, Nohant, 2 octobre 1871, Corr., t. XX, p. 569.

12  Fonds Lovenjoul, E. 884, lettre du 29 juin 1856.

13  Fonds Lovenjoul, E. 862, lettre du 18 mars 1844.

14  Fonds Sand à BHVP, G. 4136, lettre du 31 août 1845.

15  Lise Dumasy, La Querelle du roman-feuilleton, Grenoble, Ellug, 1999.

16  Fonds Sand à BHVP, G. 4136, lettre du 31 août 1845.

17  Fonds Lovenjoul, E. 862, Lettre de Falempin à George Sand, 7 septembre 1844.

18  Fonds Lovenjoul, E. 862, Lettre de Véron du 25 septembre 1844.

19  Fonds Lovenjoul, E. 862, Lettre de Véron, le 19 octobre 1844.

20  Fonds Lovenjoul, E. 862, Lettre de George Sand, le 24 octobre 1844.

21  Fonds Lovenjoul, E. 862, Lettre du 6 novembre 1844.

22  À François Buloz, Nohant,  23 juin 1839, Corr., t. IV,  p. 691.

23  Jean-Michel Adam, « Les genres du discours épistolaire », dans Jurgen Siess (dir.), La Lettre entre réel et fiction, Paris, SEDES, 1998, p. 47-49.

24  Rappelons qu’elle identifie les lettres personnelles comme celles qui s’adressent de personne à personne et non à une fonction. Ces lettres composent 12 % du courrier entre 1830 et 1864. Voir Chartier (dir.), La Correspondance, op. cit.,p. 378.

25  À Achille Ricourt, Paris, 11 février 1833, Corr.,  t. II, p. 255-256.

26  Fonds Lovenjoul, E 859, Lettre de François Buloz, 15 mai 1834.

27  À François Buloz, Venise, 4 et 5 février 1834, Corr., t. II, p. 490.

28  Fonds Lovenjoul, E. 884, Lettre d’Émile de Girardin, 24 septembre 1856.

29  Fonds BHVP, G. 3675, Lettre de Charles-Edmond, Paris, 25 septembre 1871.

30  Fonds Lovenjoul, Paris, le 29 décembre 1835, E 859.

31  Fonds BHVP, G. 3694, Paris, 19 mars 1872.

32  Lettre à Emile Paultre, Venise, Corr. t. II, p. 639, 25 juin 1834.

33  Lettre à Alexandre Dumas fils, Corr., t. XXII, 14 juillet 1871, p. 463.

34  Lettre à Alexandre Dumas fils, Corr., t. XX, 30 mai 1867, p. 419.

35  Fonds Lovenjoul, E. 859, tome II, Lettre de Buloz, 29 décembre 1835.

36  Fonds BHVP, G. 2677, lettre de Charles-Edmond, 5 octobre 1871.

37  Fonds BHVP, G. 3685, lettre de Charles-Edmond, Paris, 6 janvier 1872.

38  Ces trois catégories peuvent se recouper.

39  On pourra donc comparer la lettre adressée à Thoré, Corr, tome VIII, 18 mai 1848, p. 460 et son pendant journalistique, « Lettre à Thoré. Le père communisme » dans La Vraie République, 27 mai 1848.

40  Lettre à Karl Marx, Corr., tome XXV, 20 juillet 1848, p. 347.

41  Adam, « Les genres du discours épistolaire », dans Siess (dir.), La Lettre, entre réel et fiction, op. cit., p. 50.

42  Lettre publiée dans la Revue indépendante le 10 décembre 1843.

43  Lettres insérées les 25 octobre et 25 novembre 1843 dans la Revue indépendante.

44  Lettre éditée dans L’Éclaireur de l’Indre, le 14 septembre 1844.

45  Lettre insérée le 10 décembre 1844 dans La Réforme.

46  Lettre à Théophile Thoré, La Vraie république, 27 mai 1848, repris dans Michèle Perrot, George Sand. Politique et polémique (1843-1850), Paris, Imprimerie nationale, p. 470.

47  Voir Dominique Maingueneau, « Scénographie épistolaire et débat public », dans Siess (dir.), La lettre, entre réel et fiction, op. cit., p. 56.

48  Christine Planté (dir.), L’Épistolaire, un genre féminin, Paris, Champion, 1998, p. 17. Voir aussi dans le même recueil l’article de José-Luis Diaz, « La féminité de la lettre dans l’imaginaire critique au XIXe siècle » et celui de Michèle Riot-Sarcey, « La lettre publique : les pétitions de femmes sous les monarchies constitutionnelles ». Voir aussi Brigitte Diaz et Jürgen Siess, L’épistolaire au féminin. Correspondances de femmes, XVIIIe-XIXe siècle, Presses universitaires de Caen, 2006.

49  « Lettre à Thoré. Le Père Communisme », La Vraie République, 27 mai 1848.

50  Lettre parue dans La Presse le 17 janvier 1850et dans Le National le 21 janvier 1850 pour démentir une rumeur selon laquelle le préfet de police lui aurait demandé de quitter la capitale.

51  Lettre de George Sand à L'Indépendance belge qui l'accuse de recevoir une subvention du gouvernement français. Lettre parue dans La Presse, le 25 juillet 1852.

52  « Lettre au directeur », parue dans Le Temps, le 20 décembre 1868.

Pour citer ce document

Marie-Ève Thérenty, « Correspondances professionnelles : Quand la lettre fait l’article (à partir du cas de George Sand)», La lettre et la presse : poétique de l’intime et culture médiatique, sous la direction de Guillaume Pinson Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/la-lettre-et-la-presse-poetique-de-lintime-et-culture-mediatique/correspondances-professionnelles-quand-la-lettre-fait-larticle-partir-du-cas-de-george-sand