La lettre et la presse : poétique de l’intime et culture médiatique

L’invention des magazines illustrés au XIXe siècle, d’après la Correspondance générale d’Édouard Charton (1824-1890)

Table des matières

MARIE-LAURE AURENCHE

La presse périodique illustrée est née en France sous la monarchie de Juillet à l’imitation des « magazines » anglais, le Penny Magazine créés en 1832 et l’Illustrated News en 1842. Jusque là, seules paraissaient des revues savantes à l’usage d’un public instruit et des publications élémentaires destinées au peuple. Les « magasins », publiés par livraisons hebdomadaires à un prix modique, parce qu’ils se proposent d’instruire « tout le monde » grâce aux gravures qui accompagnent les articles, comblent un vide éditorial et connaissent un succès immédiat et durable.

Dans l’histoire de la presse périodique illustrée au XIXe siècle, un homme a joué un rôle capital qu’il n’avait pas prévu lui-même et qui est resté mal connu aussi bien de son vivant qu’après sa mort jusqu’à la publication de sa correspondance. Édouard Charton, en effet, après avoir suivi les cours de l’École de Droit et s’être inscrit au Barreau n’est pas devenu avocat, mais s’est engagé dans l’aventure saint-simonienne jusqu’en 1831, puis a consacré sa carrière politique à l’établissement de la République, aussi bien en 1848 qu’après 1870. Cependant, pendant près de soixante ans, le but principal de sa vie a été le combat mené pour combattre l’ignorance des classes populaires grâce à des publications illustrées, aussi bien le Magasin pittoresque (1833) et l’Illustration (1843) que le Tour du monde (1860) et la Bibliothèque des merveilles (1864). Sur la création et la publication de ces différents recueils périodiques dont les archives ont totalement disparu, la Correspondance générale d’Édouard Charton apporte une documentation inédite particulièrement précieuse1.

Le Magasin pittoresque à deux sous (1833) et L’Illustration (1843)

Sur la fondation du premier recueil périodique illustré paru en France en 1833, leMagasin pittoresque à deux sous, les lettres d’Édouard Charton à Émile Souvestre2 corrigent la vision idéalisée des articles publiés après sa mort, qui font de lui l’initiateur du projet. Il révèle à son ami que ce n’est pas lui qui a découvert à Londres le Penny Magazine, mais Alexandre Lachevardière, l’imprimeur du Globe : après avoir acheté en Angleterre une presse hydraulique à grand tirage, ce dernier a voulu la rentabiliser en imprimant en France un recueil populaire sur le modèle du recueil anglais3. Il sait que Charton a appris le métier de rédacteur en chef au Journal de la Société pour l’Instruction élémentaire et il a apprécié ses talents pour l’avoir vu travailler à la rédaction du Globe saint-simonien avec Michel Chevalier. Aussi lorsque Charton écrit à son ami le 29 janvier 1833 : « on m’a embarqué dans la direction d’un petit journal à gravures hebdomadaire, le Magasin pittoresque à deux sous, qui doit paraître dans le courant de février »4, l’expression « on m’a embarqué » montre-t-elle clairement qu’il n’a pas été à l’origine du voyage et s’il ne nomme pas le capitaine du navire, c’est parce que Souvestre ne le connaît pas.  Lors de la fondation du recueil, un accord à l’amiable entre Lachevardière et les deux rédacteurs en chef du recueil (Édouard Charton et Euryale Cazeaux, à l’origine) a fixé le montant de leur rémunération dont aucune trace écrite n’a été conservée : c’est dans les lettres d’Edouard Charton à sa femme Hortense que l’on apprend par la suite que son indemnité de rédacteur en chef s’élève dans les premières années à 450 francs par mois et qu’il n’ose pas demander d’augmentation aux « spéculateurs du Magasin », lors des assemblées générales de la Société.

En revanche en 18435, lorsque Charton a proposé à Paulin et Dubochet (libraires et bailleurs de fonds) de créer un journal d’actualité sur le modèle de l’Illustrated London News, Lachevardière a manqué de flair et d’audace. La correspondance de Charton révèle la genèse de l’entreprise :

En souvenir d’un journal anglais que j’avais vu à Londres l’été dernier, j’avais proposé à Lachevardière de fonder un recueil pittoresque d’actualités. L’idée ne lui convint pas, mais il lui parut naturel que je fisse effort pour la réaliser avec un autre éditeur. J’avisai Dubochet et Paulin. Nous fûmes bientôt d’accord. Dubochet alla à Londres s’informer. On commença les frais, les travaux6.

Dans les lettres de l’année 1843 adressées à Jean Reynaud7, Charton demande conseil pour savoir quel titre, quels collaborateurs, quelle ligne politique donner à ce nouveau magazine d’actualité illustré, non sans redouter la concurrence qu’il crée au Magasin pittoresque. Mais les choses n’en restent pas là et il confie alors à un autre ami, Hippolyte Fortoul, nommé à la faculté de Toulouse :

Tout à coup Lachevardière se tourna contre moi, retira ses premières paroles, me contesta le droit de diriger un autre journal à gravures que le Magasin. Il s’en suivit des discussions fort pénibles et fort longues. Pour les terminer, je pris Reynaud comme arbitre. Il vint à Paris, entendit Lachevardière et décida que je devais passer outre8.

Cependant, sans tenir compte de l’avis de ses proches, Charton fait le choix du Magasin peu après le lancement du journal : « J’ai donné ma démission de rédacteur de L’Illustration, le 1er janvier dernier. D’une part, Lachevardière me harcelait : d’autre part le caractère et la direction du recueil me déplaisaient. Reynaud m’a conseillé de me retirer. C’est Paulin qui me remplace9. » Si Charton a abandonné au bout d’une année la direction du nouveau journal d’actualité au profit du « cher Magasin » qu’il dirigera pendant près de 60 ans, c’est parce qu’il ne cherchait pas à satisfaire un public mondain et fortuné, mais parce qu’il voulait éduquer et instruire les classes populaires.

Le Tour du monde (1860) et la Bibliothèque des merveilles (1864)

Plusieurs années ont été nécessaires à Louis Hachette et Édouard Charton pour mettre en œuvre un projet éditorial. Dès l’établissement du Second Empire, Charton, privé de l’indemnité qu’il touchait au Conseil d’État après sa démission, a dû rechercher une collaboration éditoriale rentable : plusieurs lettres à sa femme font allusion au projet du Nouvelliste du chemin de fer lancé avec Jules Simon et Louis Hachette en 1853-54, puis abandonné par ce dernier pour ne pas créer de concurrence à Napoléon Chaix10. En 1859, après avoir dirigé avec succès depuis plus de 25 ans le Magasin pittoresque, et auréolé du prix Montyon accordé en 1857 par l’Académie française à son ouvrage, Voyageurs anciens et modernes, Édouard Charton entre à la Librairie Hachette au titre de « directeur de collection » : pour fonder le Nouveau journal des voyages – dont le titre n’est pas encore trouvé – il signe avec Louis Hachette le 15 janvier 1860 un contrat qui fixe son traitement annuel à « douze mille francs payables par douzièmes de mois en mois » (c’est-à-dire deux fois plus élevée qu’au Magasin pittoresque) et, sur le conseil de son notaire11, un intéressement aux bénéfices de la publication12.

Le succès du Tour du monde (1860), qui procure désormais à Édouard Charton l’aisance matérielle et la notoriété sociale, lui permet de lancer, malgré la mort de Louis Hachette en 1862, une nouvelle collection avec le gendre de ce dernier, Émile Templier, la Bibliothèque des merveilles. On ne peut savoir si l’initiative du projet revient à Édouard Charton comme l’affirme son fils en 1892 dans une lettre à Jules Simon13, ou si la proposition est venue de la Librairie Hachette, comme le laisse entendre la formule du contrat signé avec Émile Templier : « MM. L. Hachette et Cie ont entrepris la publication d’une bibliothèque » et « M. Charton ayant consenti à se charger de la direction de cette bibliothèque14. » Ce qui est sûr, c’est que Charton ne s’est pas engagé à la légère : en plus de la rémunération versée pour la publication de chaque ouvrage (500 f.) à raison de six volumes par an, Charton touchait 200 francs pour chaque réédition. Au Tour du monde comme à la Bibliothèque des merveilles et à la différence du Magasin pittoresque, Charton bénéficiera des conditions avantageuses des contrats signés avec Hachette jusqu’à sa mort en 1890 – car Charton n’a jamais pris sa « retraite » de directeur de collection15.

Le succès immédiat et durable de toutes les publications périodiques (Magasin pittoresque et L’Illustration) ou éditoriales (Voyageurs anciens et modernes et Histoire de France par les monuments) qu’Édouard Charton a dirigées, est bien connu : il est dû à l’association indissociable de l’image et du texte, marque spécifique de sa ligne rédactionnelle, comme le révèle la correspondance de Charton échangée avec ses collaborateurs.

La ligne du directeur de publication

Parmi toutes les lettres d’Édouard Charton échangées pendant plus de cinquante ans avec près de trois cents correspondants, le petit nombre de celles qui nous sont parvenues suffit pour montrer avec quelle conscience morale il s’est consacré, au jour le jour, à ce métier que Jean Reynaud en 1833 aussi bien que Jules Simon en 1890, assimilaient à celui d’un « maître d’école ». Mais pour assurer l’instruction et l’éducation de ses lecteurs, il ne suffit pas à un rédacteur en chef d’« être toujours prêt à écrire », comme le recommande la notice du Guide pour le choix d’un état16, il apparaît comme une évidence que la ligne rédactionnelle de Charton se définit par une seule idée, la complémentarité du texte et de l’image, établie dès la fondation du Magasin pittoresque. En gratifiant le « petit journal à gravures » de l’épithète « pittoresque » qui a surpris à l’époque et qui ne figurait pas dans le titre de son modèle anglais, le Penny Magazine, Charton a marqué le recueil d’un sceau inaltérable et annoncé le caractère « illustré » de toutes ses entreprises éditoriales. Ce goût des images lui est venu dans son enfance des gravures que ses parents avaient fixées aux murs de sa chambre ; il l’a développé lorsqu’il était étudiant à Paris, en se rendant tous les dimanches au musée du Louvre et au cours de sa vie lors de ses voyages en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Italie surtout, pour y découvrir l’art européen.

Dès le premier tome du Magasin pittoresque, Édouard Charton affirme le rôle essentiel de l’image pour éduquer les classes populaires :

nos définitions seront en grande partie dans le dessin ; c’est lui qui répondra des lacunes du texte, et qui remplacera la lecture chez ceux que la lecture fatigue ; c’est lui qui mettra à la portée des petites bourses les choses que les descriptions ne sauraient rendre, ou dont l’explication demanderait trop de science17.

Mais au début de la monarchie de Juillet, les documents iconographiques étant rares à Paris, le premier souci de Charton a été d’aller à Londres « y faire un choix de gravures ». Et il se rendra à Londres régulièrement chaque année, seul ou le plus souvent en compagnie des gérants successifs du Magasin pittoresque venus contrôler ses achats18.

Cependant il ne peut se contenter d’acheter des gravures à l’étranger : voyant la pénurie de graveurs français, les fondateurs du recueil ont pris la décision dès le mois d’août 1834 de créer un atelier de gravure dirigé par le graveur Jean Best. Lors de la création de l’Illustration, la demande d’images est telle que les graveurs de l’atelier Andrew, Best et Leloir font rapidement fortune : majoritaires à la société du Magasin pittoresque, ils déclenchent alors une véritable « guerre civile » (1846-1848) en accusant le gérant Lachevardière de malversation et parviennent à le mettre à la porte. Dans ses lettres à Jean Reynaud et à Hippolyte Fortoul, Charton livre tous les épisodes de l’affaire qui risque de mettre en péril l’avenir du recueil ; pris en étau entre les deux partis, Charton joue les conciliateurs, mais il ne peut sauver Lachevardière qui se voit contraint au départ. Jean Best, sorti vainqueur de l’affrontement, peut ensuite racheter l’imprimerie, créer la maison d’édition « Aux bureaux du Magasin pittoresque » et tenir toutes les commandes du recueil.

Les archives du Magasin pittoresque ayant totalement disparu, on pouvait espérer que les archives familiales posséderaient des traces de la collaboration entre Charton et Best jusqu’à la mort du graveur en 1879, puisque la plupart des illustrations du recueil ont été gravées par l’atelier de Best. Mais Charton n’a pas conservé la moindre lettre de toutes celles qui ont réglé leur vie professionnelle ; c’est encore au hasard des lettres à Hortense que l’on découvre la rancœur du « rédacteur en chef » à l’égard du graveur devenu gérant de la société du Magasin pittoresque. Seule une brève missive dépourvue de toute formule de politesse, restée dans les papiers de son fils, montre sur quel ton le rédacteur en chef s’adresse au directeur de l’atelier de gravures :

Monsieur Best

Nous utiliserons, pour l’Histoire de France, une partie des gravures du blason, t. 2, p. 111. Monsieur Bordier demande seulement que l’on refasse le n° 8 (hermine) dont la forme est trop bizarre et trop dissemblable des autres19.

En 1867, le Magasin pittoresque ayant obtenu une médaille d’argent à l’occasion de l’Exposition Universelle, Charton est très étonné d’apprendre qu’il a reçu « une médaille d’argent comme coopérateur de M. Best » et il confie à sa femme : « je réponds que je ne puis accepter d’autre titre que celui de rédacteur en chef du Magasin pittoresque : mais ma lettre parviendra-t-elle20 ? » Enfin, du vivant de Charton, aucun article nécrologique ne paraîtra dans le recueil sur celui que Charton appellera toujours « M. Best », mort en 1872. Mais après la mort d’Édouard Charton survenue en 1890, les rédacteurs du recueil les honoreront d’un hommage commun, en insérant dans la première livraison du Magasin de 1893, p. 6-8 un article illustré de leurs portraits respectifs21 (voir annexe en fin d’article, figure 1).

Si la correspondance ne dit rien de la co-direction initiale du Magasin avec le polytechnicien saint-simonien Euryale Cazeaux dans les années 1833-1836, elle révèle en revanche que Jean Reynaud, venu du saint-simonisme et républicain convaincu comme lui, a été la véritable éminence grise du recueil jusqu’à sa mort en 1863. Ainsi, après avoir feuilleté la première Table décennale du Magasin, Jean Reynaud avise le rédacteur en chef de l’insuffisance des articles sur l’astronomie :

j’y trouve la confirmation du sentiment que j’avais du faible rôle de l’Astronomie, science si caractéristique de notre siècle et si grande en conséquences […]. Tâche donc de découvrir quelque astronome que l’on pourrait stimuler. Je n’ose me proposer, car non seulement je suis trop occupé, mais je ne saurais me mettre à l’astronomie sans m’y mettre aussitôt tout entier. Je referais L’Astronomie populaire de M. Arago22.

Plus largement, Jean Reynaud partage la responsabilité rédactionnelle du recueil : sujets à traiter, rédacteurs à contacter ou éliminer, création d’un Almanach du Magasin (1850) et craintes de la censure sous le Second Empire. Sa mort prématurée constitue une perte irremplaçable aussi bien pour le recueil – où il publiait nombre d’articles scientifiques – que pour son rédacteur en chef qui le consultait à tout propos23.

Sans véritablement pouvoir le remplacer, Charton trouve alors un nouveau collaborateur en la personne de son gendre, Edmond Saglio qui, après avoir appris le métier de rédacteur en chef auprès de lui, dirigera bientôt la publication du Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines. Ainsi en 1863, Charton, qui séjourne en Normandie, s’inquiète de ne pas recevoir d’épreuves à corriger :

Mon cher Edmond, je ne reçois rien du Tour du monde et je m’inquiète. Ayez la bonté d’aller chez M. Lahure [l’imprimeur] et chez M. Templier [l’éditeur]. Il serait bon d’être à la librairie vers 4 heures : vous auriez encore le temps de me jeter à la poste avant 5 heures une lettre où vous me feriez connaître le résultat de votre conversation avec M. Templier24.

Lorsque Charton s’absente pour des cures thermales ou des voyages avec sa femme, il compose à distance la « mise en page » des livraisons :

J’envoye à Dorfeuil le bon à tirer de la 47e [livraison de Novembre] ; avec une indication de mise en page ainsi conçue [pour la 51e livraison, 3e de Décembre] :

Le fauconnier arabe (de Fromentin) ou La prière des mineurs

La fin de la nouvelle Michel Masson

Les marins cuirassés ou les costumes de l’histoire de France

La suite de La photographie.

Le fauconnier, m’écrit M. Best, est gravé et d’une page en hauteur, disposition qui est toujours la plus favorable ; Les maraudeurs et Le cortège de la fiancée sont en travers. On a gravé aussi Le piqueur de Courbet ; mais il faudrait voir l’épreuve pour s’assurer si cette gravure est assez remarquable. C’est le mois de Décembre, beaucoup plus encore que celui de Janvier qui décide des réabonnements. Vous ferez, je pense, l’article du Fauconnier25  (voir annexe, figure 2).

Les lettres montrent également que Charton prévoit trois mois à l’avance la composition des livraisons et qu’il mène de front la publication du Tour du Monde et du Magasin pittoresque.

Sous la Troisième République, en plus de ses charges de député (1871-1875), de sénateur de l’Yonne (1876-1890) et d’académicien des Sciences morales politiques (1876-1890), Charton dirige donc aussi bien la rédaction du Magasin que la publication du Tour du monde et de la Bibliothèque des merveilles. Dans les archives de son fils Jules, une liasse d’une vingtaine de lettres écrites entre 1877 et 1890 par Émile Templier, atteste de la collaboration amicale établie alors entre l’éditeur et le directeur des deux collections : adressées par Émile Templier au « Bien cher Monsieur » et signées d’un « votre bien affectionné », elles livrent des remarques sur le choix des rédacteurs, l’intérêt des sujets ou des relations, la qualité des dessins ou des photographies, la réédition des volumes de la Bibliothèque des merveilles, etc. Ainsi, en 1889 :

J’ai fait les suppressions nécessaires à la 2e [livraison] de « l’Australie » et indiqué la façon de disposer la musique.

Sur le titre de la nouvelle édition de La Céramique nous pourrons mentionner qu’elle a été revue par Mr Saglio.

Mr Vuillaume m’annonce qu’il me remettra le manuscrit du Bronze à la fin du mois.

Je reçois ce matin vos mandats pour MM. Thouar et Brosselard ; mais il me semble que vous ne m’avez pas encore adressé celui du Dr Hocquard dont « le Tonkin » a commencé notre année26.

Alors que la correspondance échangée avec les gérants du Magasin pittoresque (Alexandre Lachevardière et Jean Best) et avec les graveurs de l’atelier de Jean Best a disparu, les lettres d’Émile Templier adressées à Édouard Charton dans les dernières années de sa vie constituent un précieux témoignage sur la fabrication des livraisons du Tour du monde et des volumes de la Bibliothèque des Merveilles.

Cependant les lettres aux collaborateurs (rédacteurs et dessinateurs) dès 1833 au romancier Émile Souvestre27 et jusqu’à 1890 à l’agronome Ernest Menault28, donnent l’illusion d’être dans le bureau du rédacteur en chef et d’assister, au jour le jour et sur le vif, à la réalisation des livraisons.

La rédaction des articles

Les tables décennales du Magasin pittoresque et les catalogues de la Librairie Hachette donnent les listes des centaines de rédacteurs, de dessinateurs et de graveurs figurant dans les fichiers d’Édouard Charton et prêts à passer d’une publication à l’autre. Il est donc impossible de présenter ici les échanges épistolaires de Charton avec tous ceux qui gravitent autour de lui. Mais les lettres conservées illustrent les pratiques rédactionnelles qui n’ont guère changé d’un recueil à l’autre : style télégraphique pour les rappels à l’ordre, plans détaillés pour les rédacteurs inexpérimentés, lettres pleines de courtoisie pour les dames, le futur mari de sa petite fille, ou les membres de l’Institut, etc.  

En 1841, il fait appel à Hippolyte Fortoul, professeur à la faculté des Lettres de Toulouse : « Mon ami, si vous avez quelques instants, donnez-moi une ou deux colonnes sur la maison de Beethoven que m’a dessinée Vaudoyer29. » En 1853, il relance son ami saint-simonien le philosophe Gustave d’Eichthal : « On me demande une petite notice sur Gioberti, et je cherche en vain les éléments. Savez-vous où je les trouverai ? Il me suffirait de quelques dates, et des titres des principaux ouvrages30. » En 1855, il s’enquiert auprès du géographe Guillaume Lejean :

La Société littéraire et historique de Québec a fait dessiner un portrait de Jacques Cartier jusqu’au pied, d’après (dit-elle) un portrait original conservé à S[ain]t-Malo. Avez-vous quelques relations avec S[ain]t-Malo ou vous serait-il possible d’obtenir quelque renseignement sur ce portrait, son origine, et les probabilités de son authenticité31 ?

En 1863, il reçoit une offre de collaboration du poète Auguste Barbier : « [Cher directeur et ami,] comptez toujours sur moi pour le Magasin : pensées, anecdotes, tout ce que je trouverai dans mes lectures de sain et de fortifiant sera pour lui32. » En revanche, il ne parvient pas à obtenir en 1866 de l’économiste Frédéric Passy un petit volume pour la Bibliothèque des merveilles : 

M. Templier me propose d’ajouter aux livres scientifiques de la Bibliothèque des merveilles qui réussissent très bien, quelque ouvrage sur les Merveilles de l’industrie ou sur quelque sujet analogue. Il est disposé à bien rémunérer ce travail de gré à gré, mais il voudrait qu’il fût signé d’un nom ayant de l’autorité. Est-ce que j’oserais vous solliciter ? J’imagine en effet qu’un tableau des merveilleux échanges que font entre eux les peuples, de l’activité prodigieuse de l’industrie, viendrait très à propos à la veille de l’Exposition universelle33.

En 1883, à propos des explorations en Perse de Marcel et Jane Dieulafoy, Charton reçoit une lettre d’un membre de la Société de géographie de Londres, qui met en cause le Tour du monde : « Permettez-moi de signaler une grande erreur contenue dans les « Faits divers » n° 1158 du Tour du monde par laquelle vous attribuez la priorité d’exploration de la rivière Karoun en Perse à Monsieur Dieulafoy34… » Enfin, en 1883, il rappelle à l’ordre son collègue et ami de l’Académie des sciences, Jean Louis Quatrefages de Bréau : 

Ne m’aviez-vous pas indiqué un jeune naturaliste qui pourrait m’aider dans une série que j’appellerais volontiers les curiosités des sciences naturelles [en bas : ou celles du Muséum ?] Ce secours me manque absolument. M. Oustalet ne me fait que des articles sur les oiseaux. Mr Cam met une année à faire un dessin. Il me faudrait quelqu’un de plus alerte. La Blanchère était fécond, mais peu sûr. ».

Et dans le post-scriptum, une dernière question l’inquiète : « Vous avez corrigé « L’Acclimatation35 ?

La lecture de ces lettres atteste des relations que le rédacteur entretient avec ses correspondants et de la position sociale qu’ils occupent.

L’illustration des articles

En ce qui concerne non plus la rédaction des articles, mais leur illustration, les échanges épistolaires permettent de découvrir aussi bien les étudiants des Beaux-Arts ou les artistes amateurs que les peintres, sculpteurs, architectes célèbres ou les illustrateurs professionnels désireux à des titres divers de figurer dans les recueils de Charton. Les lettres adressées au printemps 1837 au sculpteur républicain Pierre-Jean David qui vient d’achever la sculpture du Fronton du Panthéon révèlent la patience du rédacteur et la susceptibilité de l’artiste : 

Mon cher Monsieur David, Je reçois à l’instant l’épreuve de la gravure de MM. Andrew et Leloir. J’y trouve, à ma grande peine, beaucoup de petits défauts, la Patrie éborgnée, Manuel ricaneur, Voltaire un peu chargé, le bras de Bichat cassé, etc. etc. J’écris aux graveurs pour qu’ils modifient de leur mieux toutes ces choses. Je vous prie de leur adresser de votre côté vos observations sur ce qu’il serait encore possible d’améliorer. Nous n’avons plus de temps à perdre : à peine nous reste-t-il le nombre de jours nécessaires pour clicher et imprimer. Je suis désolé qu’on n’ait pas fait mieux ; croyez à mon regret et à la bonne volonté que j’y ai mise, à la fois comme ami de la liberté et comme votre admirateur36.

Avec Jean-Jacques Grandville, les relations sont plus amicales, mais soumises aux sautes d’humeur du dessinateur37. L’intérêt de cette correspondance réside dans le fait que Grandville adresse « au cher avocat pittoresque » des commentaires de ses dessins, pour que Charton en fasse la matière des articles accompagnant les gravures publiées dans le recueil. Ainsi pour Le Printemps :

La figure principale est une jeune fille d’une proportion plus forte que les autres personnages. Cette jeune fille personnifie le Printemps qui s’avance doucement, vêtue d’une robe de  printanière (rayée) d’une écharpe... dois-je lui laisser les bras nus [en marge : 1e embarras] avec des gants courts ?? D’une main, elle donne à manger de l’herbe nouvelle à un jeune agneau[,] de l’autre elle tient des branches de lilas, un nid contenant des œufs ; plusieurs personnes m’ont dit que ceci appartient à une saison plus avancée [en marge : 2e question], dois-je le retrancher38 ?(voir annexe, figure 3).

Autre exemple, une lettre de George Sand à Charton contient une proposition de la dame de Nohant en séjour à Gargilesse :

Cher ami, dans nos excursions au bord de la Creuse, j’ai rencontré Mr. Grandsire votre excellent paysagiste. Je l’ai trouvé faisant des chefs d’œuvre de dessins, du plus joli endroit du monde. Je l’ai revu ce matin chez moi et lui ai demandé si ces ravissants paysages seraient publiés dans le M[agasin] p[ittoresque]. Je n’en sais rien m’a-t-il dit. Il faudrait un petit article pour les motiver et dépeindre le pays. Sur ce, je lui ai offert, moi qui connais très bien les localités, de faire cet article si vous prenez ses dessins. Je viens donc vous dire que s’il vous rapporte le fait, il est très vrai que vous pouvez compter sur moi39.

Une seconde lettre apporte la preuve que George Sand a tenu sa promesse :

Mon cher ami, je profite de l’occasion pour vous serrer les mains et vous dire que j’ai envoyé à Mr Grandsire un article pour accompagner, dans le Magasin, ses charmants dessins de la Creuse. Il ne nous accuse pas réception de sorte que j’ignore s’il vous l’a remis et même s’il l’a reçu40 (voir annexe, figure 4).

Bien souvent, comme dans ce dernier exemple, les dessins arrivent avant les articles sur le bureau de Charton qui doit solliciter alors des rédacteurs pour écrire les textes qui devront accompagner les images. Et si tel rédacteur lui fait finalement défaut, il prend lui-même la plume pour rédiger l’article à sa place : en septembre 1862, comme les dessins de la relation sur Nuremberg attendent en vain le texte du voyageur, Charton parti faire une cure en Suisse, va lui-même jusqu’à Nuremberg, visiter la ville pour en écrire la description dans le Tour du monde41.

Dans l’histoire de la presse illustrée, on peut donc considérer que les publications parues sous la direction d’Édouard Charton sont les prototypes des magazines de vulgarisation du XXe siècle. À ce titre, grâce à la place accordée à l’image « à la une » des livraisons, à la qualité des reproductions et des compositions originales, séduisent les lecteurs d’aujourd’hui comme ceux d’hier.

Les relations personnelles

La correspondance permet enfin de découvrir le caractère plus personnel de ses relations avec tel ou tel de ses collaborateurs : l’amitié avec Fortoul a été brisée par sa trahison après le Coup d’État et, à l’annonce de sa mort subite en 1856, Charton écrit à Jean Reynaud : 

Si ma conscience me défendait de le voir, je ne pouvais cependant cesser de me sentir de l’affection pour lui. Tant d’années de confiance et d’épanchements ! Tant de sympathies communes sur tant de choses ! Et, par sa faute, il m’a fait perdre huit années de cette amitié presque fraternelle, car, en dépit de quelques dissentiments plus profonds que je ne croyais, je suis persuadé qu’il m’aimait aussi42.

Quelques années plus tard, comme le géographe Guillaume Lejean, collaborateur du Tour du monde, est prisonnier des rebelles en Éthiopie et suscite la compassion de tous ceux qui le connaissent à Paris, Charton adresse des mots encourageants au « cher Monsieur Lejean » :

Tous nos amis de la Société de géographie font de vifs souhaits pour votre santé et pour la réussite de vos projets. Il n’est point de séance où l’on ne s’entretienne de vous. Pour ma part, j’ai la conviction que vous nous reviendrez avec de précieux documents, et je serai heureux de mettre le Tour du monde à votre disposition pour contribuer à faire connaître et apprécier vos travaux. Vous êtes courageux, éclairé, vous écrivez bien, vous avez une ambition généreuse : ce sont des chances de succès et des titres à l’estime de tout ce qui pense et sent avec droiture. Prudence seulement. Défendez votre vie, et tout ira bien43.

Pendant la Commune, après l’arrestation d’Élisée Reclus, Charton — nommé préfet de Versailles par Gambetta, puis élu député de la Troisième République— ne ménage pas ses efforts pour éviter le bagne à son collaborateur et ami. Il adresse la promesse suivante à sa sœur Louise : « J’attends, pour faire les dernières démarches près de M. Thiers, l’assurance que notre éminent collaborateur veuille bien affirmer que désormais il restera étranger à la lutte qui lui a été si fatale44. »

C’est dire que les lettres conservées aussi bien dans les archives publiques que familiales permettent de découvrir les qualités de l’homme privé au-delà des contraintes et des impératifs de sa vie professionnelle.

« Le choix d’un état45 »

De « rédacteur en chef » au Magasin pittoresque et à L’Illustration sous la monarchie de Juillet, Charton est devenu « directeur de collection » à la Librairie Hachette sous le Second Empire. Dès lors sa situation sociale est plus prestigieuse (l’homme du Tour du monde jouit d’une reconnaissance publique) et ses revenus financiers sont plus satisfaisants (fixés par un contrat établi devant notaire). Cependant sa correspondance permet d’affirmer que Charton a exercé pendant près de soixante ans la même profession aussi bien dans les bureaux du Magasin pittoresque que dans ceux de la Librairie Hachette.

Mais quelle profession ? Dans le Guide pour le choix d’un état publié sous la direction d’Édouard Charton en 1842, aucune rubrique n’est consacrée au « Journaliste », mais dans celle de l’« Homme de lettres », sont énumérées toutes les qualités requises pour devenir rédacteur en chef d’un journal46. Comme l’auteur de la notice est Hippolyte Fortoul (d’après une lettre du 9 mars 1840), l’un des rédacteurs les plus fidèles du Magasin pittoresque, on ne peut s’empêcher de penser que cette définition fait référence à Édouard Charton.

Dans la 3e édition du même Guide publié par Charton en 1880 après cinquante ans d’activité éditoriale sous le titre Dictionnaire des professions, la notice « Homme de lettres », plus développée que dans la première édition, renvoie pour ce qui concerne les activités de « rédacteur » à une notice « Journaliste » qui livre le point de vue de Charton sur sa propre carrière. La notice débute par une affirmation péremptoire :

Le journalisme est-il une profession ? Non, à notre avis parce qu’il ne comporte pas d’études spécialisées ni de diplôme reconnu, à la différence de l’avocat, du professeur ou du médecin. Le journaliste ou le rédacteur d’un journal exerce donc une activité secondaire, ponctuelle, et se recrute dans les autres professions. Quant à la fonction de rédacteur en chef, elle a disparu au profit du directeur de publication qui fait écrire des articles, sans en rédiger lui-même47.

C’est la situation professionnelle à laquelle est parvenu Charton au Tour du monde et à la Bibliothèque des Merveilles.

Cependant l’expérience acquise à son bureau du Magasin pittoresque comme à celui de la Librairie Hachette, il l’a enseignée au fil des années à Gaston Tissandier qui reprendra la maquette du Magasin pittoresque pour fonder La Nature en 1873, à Camille Flammarion dont les Mémoires évoquent ses années d’apprentissage dans le bureau du Magasin pittoresque48, à Edmond Saglio qui dirigera la publication du Dictionnaire des Antiquités grecques et latines paru de 1877 à 1919 et peut-être à bien d’autres dont la Correspondance n’a pas gardé le nom.

Alors qu’Édouard Charton a publié dès 1831 son expérience saint-simonienne dans les Mémoires d’un prédicateur saint-simonien49 et qu’il a dévoilé à la fin de sa vie son enfance à Sens et ses débuts à Paris dans Le Tableau de Cébès50, il n’a pas raconté sa carrière d’homme de presse en dépit de l’insistance de ses amis qui l’encourageaient à écrire la suite du Tableau de Cébès. Comme ni les Préfaces de ses recueils périodiques ni les articles parus dans le Magasin pittoresque ne sont signés, comme enfin il n’a pas laissé un journal intime de sa vie professionnelle, alors même qu’il en tenait un pendant ses années d’étudiant, la lecture de sa correspondance éclaire singulièrement non seulement la vie d’un individu particulier, mais l’histoire de la presse illustrée au XIXe siècle51 (voir annexe, figure 5).

(Membre associée – Université Lyon 2 – LIRE – UMR 5611)

Annexes

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Fig. 1. Les hommes du Magasin pittoresque : 1.
Édouard Charton et Jean Best (
Magasin pittoresque, 1893, p. 6-8).

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Fig. 2. Maquettes de livraisons du Magasin pittoresque pour les mois d’octobre et de novembre 1867 (lettre à Édouard Saglio, 21 juillet 1867).

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Fig. 3. Grandville, « Le Printemps » (Magasin pittoresque, 1842, p. 153).

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Fig.4. Les bords de la Creuse (Magasin pittoresque, 1858, p. 67).

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Notes

Fig. 5. L’emploi du temps d’Édouard Charton (lettre à Hortense, 17 juin 1853, sur papier à en tête du Magasin pittoresque).

1  Dans la Correspondance générale d’Edouard Charton (1807-1890), publiée par Marie-Laure Aurenche, Champion, 2008-2009, figurent 1 600 lettres. L’ouvrage sera cité désormais sous la forme Cor. gén.

2  Charton a rencontré Souvestre en 1831 lorsqu’il est venu prêcher la religion saint-simonienne en Bretagne.

3  Marie-Laure Aurenche, Édouard Charton et l’invention du Magasin pittoresque (1833-1870), Paris, Champion, 1999. L’ouvrage sera désormais cité M.-L. Aurenche, 2002.

4  Cor. gén., t. I, p. 127, à E. Souvestre 29 janvier 1833. Voir également Magasin pittoresque, 1888, « «Éphémérides… » : « M. Lachevardière se propose de publier à l’imitation du Penny Magazine, un recueil hebdomadaire illustré à 10 centimes ».

5  Voir Jean-Noël Marchandiau, L’Illustration (1843-1944). Vie et mort d’un journal, Bibliothèque historique Privat, 1987.

6  Cor. gén., t. I, p. 433, à Fortoul, 17 mai 1843.

7  Le polytechnicien Jean Reynaud s’est engagé dans le saint-simonisme dès 1828 et, comme Édouard Charton, a rompu avec Enfantin lors du schisme de novembre 1831.

8  Cor. gén., t. I, p. 433, à Fortoul, 17 mai 1843.

9  Cor. gén., t. I, p. 452, à Fortoul, 30 janvier 1844. J.-B. Paulin sera rédacteur en chef de L’Illustration jusqu’à sa mort en 1859.

10  Sur le Nouvelliste des chemins de fer, voir M.-L. Aurenche, 2002, p. 377-379.

11  Les lettres à Hortense font état des contacts pris dès 1853 avec son ami, le notaire de Sens Alphonse Leroux pour signer un contrat avec Louis Hachette (voir Cor. Gén., I, p. 830).

12  Archives Hachette, t. 2 f° 86. Le contrat précise qu’il « aura droit à un bénéfice éventuel et progressif en sus des quatre cent seize mille numéros nécessaires pour former une moyenne de huit mille numéros par semaine ».

13  Archives familiales, lettre à Jules Simon, 1e août 1892.

14  Archives Hachette, t. 2 f° 322.

15  Sur la fondation du Tour du monde, voir M.-L. Aurenche, 2002, p. 379- 382 et sur celle de la Bibliothèque des merveilles, p. 423-425.

16  Guide pour le choix d’un état ou Dictionnaire des professions, « rédigé sous la direction de M. Édouard Charton, rédacteur en chef du Magasin pittoresque », 1e éd. Veuve Lenormat, 1842 ; 2e éd. Chamerot, 1851 ; 3e éd. Hachette, 1880.

17  Magasin pittoresque, 1833, p. 11, « Marine. Ce que nous voulons faire. Détails du navire ».

18  La correspondance fait état de ses voyages avec Lachevardière (Cor. gén., t. I, p. 291, à sa mère, 27 avril 1840), puis avec Best (Cor. gén., t. I, p. 763, à Hortense, 17 avril 1852).

19  La lettre (Cor. gén., t. I, p. 1016), doit être datée du 2 août 1858, alors que s’achève la rédaction de l’Histoire de France.

20  Cor. gén.,  t. II, p. 1508, à Hortense, 30 juillet 1867.

21  L’article consacré à M. Édouard Charton reproduit une partie de la notice de Jules Simon, lue à l’Académie des Sciences morales et politiques le 3 décembre 1892 ; et l’article concernant M. Jean Best est signé N. D. L. R., (Mag. Pitt. , 1893, p. 6-8).

22  Cor. gén., t. I, p. 502, de J. Reynaud, 1845.

23  Voir ses lettres à George Sand, G. d’Eichthal et H. Carnot en 1863.

24  Cor. gén., t. II, p. 1396, à Edmond Saglio, 24 septembre 1863.

25  Cor. Gén., t. II, p. 1495, à Hortense, 21 juillet 1867.

26  Cor. Gén., t. II, p. 2105, d’Émile Templier, 9 avril 1889.

27  Dès la création du recueil le 9 février 1833, Charton fait appel à plume de son ami breton « Vos Moralités sont charmantes et nous vont à merveille » (Cor. gén., t. I, p. 143).

28  L’auteur de L’Intelligence des animaux dans la Bibliothèque des merveilles a envoyé à Charton à la date du 19 février 1890 la dernière lettre reproduite dans la Cor. gén., t. II, p. 2131.

29  Cor. gén., t. I, p. 364, à H. Fortoul, 1841. 

30  Cor. gén., t. I, p. 798, à Gustave d’Eichthal, 21 mai 1853.  

31  Cor. gén., t. I, p. 925, à Guillaume Lejean, 7 novembre 1855. 

32  Cor. gén., t. II, p. 1390, d’Auguste Barbier, 15 août 1863. 

33  Cor. gén., t. II, p. 1459, à Frédéric Passy, 10 octobre 1866.

34  Cor. gén., t. II, p. 1906, de Russell Shaw, 20 avril 1883.

35  Cor. gén., t. II, p.  1924, à J.-L. Qutrefages de Bréau, 27 novembre 1883.  Magasin pittoresque, p. 1884, p. 26.

36  Cor. gén., t. I, p. 211, à David d’Angers, juillet 1837. 

37  Une soixantaine de dessins de Granville paraîtront dans le recueil, dont certains après sa mort. Douze lettres de l’artiste au rédacteur en chef du Magasin ont été conservées aux Archives nationales : la plupart déjà publiées par Ph. Kaenel, les autres dans le Magasin pittoresque.

38  Cor. gén., t. I, p. 392, de J.-J. Granville, avril 1842.

39  Cor. gén., t. I, p. 989, de George Sand, 1e septembre 1857. Charton a conservé le manuscrit de l’article (sans y porter la moindre correction) qui se trouve encore dans les archives familiales.

L’article « Les bords de la Creuse » paraîtra dans le Magasin pittoresque, en 1858, p. 67.

40  Cor. gén., t. I, p. 993, de George Sand, 11 décembre 1857.

41  Tour du monde, 1864, t. I, p. 17-34 et 35-48.

42  Cor. gén., t. I, p. 936, à Jean Reynaud, 9 juillet 1856.

43  Cor. gén., t. II, p. 1099, à Guillaume Lejean, 30 janvier 1861.

44  Cor. gén., t. II, p. 1591, à Louise Reclus, 15 avril 1871.

45  « Le choix d’une profession a été l’une des plus grandes difficultés de ma vie », avouera Édouard Charton dans ses dernières années, en préparant la publication du Tableau de Cébès. Souvenirs de mon arrivée à Paris, Hachette, 1882.

46  Guide pour le choix d’un état, 2e éd. 1851, p. 314-319 : « avoir la confiance des hommes qui disposent de l’argent de l’entreprise, avoir l’expérience de la presse, une notabilité de parti et presque toujours du talent, être toujours prêt à écrire, et surtout avoir le tact de se tenir toujours dans les limites de l’opinion que l’on soutient, la puissance de la diriger, et la perspicacité de prévoir les événements qui peuvent la favoriser ou la contrarier. »

47  « Journaliste », Dictionnaire des professions, Hachette, 1880, p. 305-307.

48  Camille Flammarion, Mémoires biographiques et philosophiques d’un astronome, Hachette, 1912, p. 299.

49  « Mémoires d’un prédicateur saint-simonien », Revue encyclopédique, décembre 1831, p. 655-669.

50  Le Tableau de Cébès. Souvenirs de mon arrivée à Paris, Hachette, 1882.

51  Voir M.-L. Aurenche, « Publications encyclopédiques et presse périodique de vulgarisation au XIXe siècle », dans La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant (dir.), Paris, Nouveau monde Éditions, à paraître en 2012.

Pour citer ce document

Marie-Laure Aurenche, « L’invention des magazines illustrés au XIXe siècle, d’après la Correspondance générale d’Édouard Charton (1824-1890)», La lettre et la presse : poétique de l’intime et culture médiatique, sous la direction de Guillaume Pinson Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/la-lettre-et-la-presse-poetique-de-lintime-et-culture-mediatique/linvention-des-magazines-illustres-au-xixe-siecle-dapres-la-correspondance-generale-dedouard-charton-1824-1890