Entre réel et fiction, les médias de l’Antiquité à nos jours

Société pour l'histoire des médias

Congrès 2025, campus Condorcet (Aubervilliers), du 4 au 6 juin 2025

English version below

Appel à communications
« Entre réel et fiction, les médias de l’Antiquité à nos jours »

Avec les fake news et les deep fakes, la question de l’écart entre la fiction et la non-fiction est devenue centrale dans les débats contemporains. Au-delà de ces discours, on observe la prolifération de genres qui jouent un autre jeu : dire une vérité sous couvert de fiction, utiliser un habillage (un genre) fictionnel pour "mieux" dire la vérité : l’auto-fiction, le documentaire d'animation...

Le Congrès vise à explorer les rapports entre réel et fiction dans les productions médiatiques. La SPHM se propose de mettre cette question en perspective historique, dans la longue durée, au-delà d’un genre ou d’une technique donnée. La distinction n’a jamais eu l’évidence que paraissent assumer les débats qui opposent les deux termes. Nous proposons quatre axes qui invitent à penser les frontières entre la mise en scène du réel et celle de la fiction dans les organes médiatiques. Dispositifs techniques (axe 1), formats et genres narratifs (axe 2), politique et information (axe 3), publics et usages (axe 4) pourront être interrogés dans les communications. Ces approches ne sont pas exclusives les unes des autres et peuvent se croiser dans les communications présentées.

Tous les travaux analysant les phénomènes médiatiques dans une perspective diachronique sont bienvenus. L’ensemble des thématiques de recherche, mais aussi des méthodologies (travail en archives, enquêtes orales, analyses des contenus, analyses de données massives, économie des médias...) sont attendues pour ce congrès qui marque les 25 ans de la SPHM. Les recherches présentées peuvent se placer du point de vue des producteurs et/ou enquêter sur les phénomènes d’usage et de réception. On se limitera seulement aux médias du réel... ceux ayant été inventés par la (science-)fiction sont exclus.

1. Aux frontières des dispositifs techniques

Les analyses contribuant à historiciser la relation entre réel et fiction dans les médias au travers des dispositifs techniques sont attendues. Les montages photographiques, sonores et vidéos, les effets spéciaux (du trucage classique aux deep fakes créés par des outils d’intelligence artificielle) permettent de créer des images et des récits d’une vraisemblance de plus en plus saisissante. Ces techniques permettent non seulement de transformer le réel, mais aussi de produire des fictions si convaincantes qu’elles peuvent être perçues comme réelles. Le faux, le trucage, le montage, le collage, le remix, mais aussi toutes les évolutions technologiques liées aux médias permettant d’estomper les frontières entre fiction et réel pourront être interrogées sous l’angle des technologies utilisées, de leurs usages, de la production comme de la réception, et des imaginaires et controverses qu’ils produisent, et ce depuis les premiers pas de la presse, du cinéma ou encore de la radio. Il convient également d’interroger et de remettre en perspective le tournant numérique et celui des réseaux socionumériques notamment, pour penser leur impact sur la relation au réel et à la fiction, dans ce que certains ont pu qualifier d’ “ère post-vérité”.

Cette porosité accrue entre fiction et réel pose aussi des enjeux intellectuels, politiques, légaux, éthiques qui peuvent être remis en perspective. L’apparition des fact-checkers ou encore l’analyse des controverses liées à ces enjeux, que ce soient des débats grand public ou plus professionnels et l’histoire des dispositifs de régulation et de règlementation, sont également attendus.

2. Aux frontières des formats et des genres narratifs

La question des formats et des genres narratifs est au cœur de l’histoire des médias. Le format d’abord, car il est à l’intersection d’une approche économique des productions culturelles et médiatiques, et d’une approche sémiologique : quelle est la forme concrète, matérielle, esthétique de ce que l’on produit ? ses contraintes ? quelles attentes est-ce que cela induit pour le producteur, le diffuseur, les récepteurs ? Quel rapport au réel doit entretenir un programme pour être diffusé dans la case “documentaire” plutôt que “divertissement” d’une chaîne de télévision ?

La description du réel entraîne aussi le recours à des formes narratives reconnaissables et codifiées : du poème épique au “style journalistique”, en passant bien sûr par toutes les genres semi-fictionnels (enquête, biographie, satire) voire fictionnels (romance, épopée, comédie, mélodrame), dont il s’agira de mesurer/d’expliquer les effets et/ou l’évolution dans le temps.

Ainsi, aux époques anciennes et médiévales, les épopées telles que L’Illiade ou La Chanson de Roland mêlaient éléments fictifs et réels, transmettant une vision du monde, des valeurs mais aussi des informations pour instruire et édifier. A l’inverse, la satire et la parodie grossissent certains aspects du réel ou de fictions célèbres pour provoquer le rire, la réflexion et parfois la contestation. D’autres genres sont essentiels ici : la lettre a été largement diffusée (disséminé) comme porteuse de nouvelles, en même temps elle a joué sans cesse des frontières entre la lettre littéraire (depuis les Héroïdes d’Ovide) et d’autres genres à prétention réaliste. La lettre produit un effet de réel, avec des contenus variés selon les époques (l’apparition de la catégorie de l’intime aux XVIIIe et XIXe siècles).

L’histoire de la presse montre en tout cas que cette porosité des formats et des genres narratifs est apparue très tôt. Elle est même au cœur des modèles éditoriaux de la presse d’Ancien Régime, période de tâtonnement mais aussi de grande liberté dans l’exploration des rapports entre réel et fiction. L’entrée dans la “civilisation du journal” a pu donner bien sûr l’impression d’une rationalisation et d’une stabilisation. Mais même l’émergence du roman-feuilleton n’a pas été synonyme de complète autonomisation de la fiction dans l’espace matériel du journal : le succès de la case-feuilleton a conduit à de “multiples effets de circulation entre le haut et le bas de page” (Thérenty, 2010) et donc à une fictionnalisation de l’ensemble des genres journalistiques.

Plus récemment, l’hybridation des narrations dans les médias, par exemple à travers les documentaires et films télévisés, les expositions ou le spectacle vivant dédiés à l’histoire... Ces projets qui font se croiser archives authentiques et reconstitutions témoignent de la (con)fusion des genres. On pourrait en dire de même de la télé-réalité, où “la réalité” est hautement scénarisée, depuis son origine. Ces formats invitent à une réflexion sur la manière dont le réel et la fiction sont présentés et perçus (et sur les évolutions des discours et perceptions).

On peut aussi se demander si l’hybridation des formats et le mélange des genres narratifs sont une production nouvelle de la (post-)modernité/de l’ère numérique ou bien le signe que les productions culturelles et médiatiques échappent souvent aux tentatives de définition et de codification qui font pourtant partie de leurs conditions mêmes d’existence ?

3. Aux frontières de la politique et de l’information

Si la fiction peut se concevoir comme une quête de vérité (et de véracité), une façon, pour un auteur, de dire et d’interpréter le monde, alors il n’est pas étonnant d’observer sa forte présence dans les médias d’information, des journaux du XVIIe siècle aux réseaux sociaux numériques du XXIe siècle. L’histoire des médias est riche de cas éclairant la façon dont les frontières entre réel et fiction ont transformé les pratiques journalistiques, et les codes de l’information. Plus encore, à chaque époque, les processus de fictionnalisation du réel, qu’il s’agisse d’événements historiques ou de thèmes d’actualité, ont en partie contribué à modeler l’espace du débat public. Ce faisant, ils ont agi sur les systèmes politiques eux-mêmes, ces structures étant fondées sur des acteurs et des institutions, tout autant que sur des valeurs, des croyances et des imaginaires.

Fabriques de récits pour dire les faits et éclairer le jugement des publics, les médias reposent donc sur des processus de création qui, à divers degrés et plus ou moins intentionnellement, peuvent recourir à des procédés de fictionnalisation. Il ne faut en aucun cas y voir une dérive récente d’un système médiatique contemporain aux prises avec les fake news ou la post-vérité. Bien au contraire, si les premières gazettes tentent de créer une neutralité du discours en introduisant chaque nouvelle par des formules normées telles que “on rapporte de Paris...” ou “on dit à Vienne que...”, l’imprécision et les délais de transmission des informations tout autant que la nécessité de raconter l’actualité représentent des obstacles pour des gazetiers, alors souvent contraints de “pronostiquer”. Surtout, la presse qui s’invente alors ne pose aucune limite sur ce que seraient a priori les conditions requises pour dire le réel. Dès lors, postures idéales de journalistes, mises en scène de situations d’énonciation imaginaires, sources d’information parfaites... fleurissent pour produire des journaux qui rapportent l’actualité avec une diversité éditoriale et rédactionnelle riche de sens. Or, chacun de ces choix éditoriaux ou rédactionnels renseigne la manière dont les contemporains, selon les auteurs ou les publics ciblés, envisagent leur lien avec le réel et sa mise en signification mais aussi le rôle qu’ils attribuent aux médias dans cette construction. Au XIXe siècle, la fictionnalisation du réel est entrée dans un âge industriel avec l’essor de la presse d’information générale de masse et la conquête d’un public de plus en plus vaste. La presse populaire à grand tirage fictionnalise les faits divers. Bien sûr, depuis la deuxième moitié du XXe siècle, la télévision, en faisant entrer l’image animée dans les foyers, a bousculé les territoires de l’information et diversifié le lien entre réel et fiction, et utilise le matériau fictionnel - notamment cinématographique - pour aider le public à réfléchir aux questions de société, d’histoire ou d’actualité... Diffusées en préambule d’un débat en plateau, les œuvres de fiction prennent ainsi un sens et une portée renouvelés par ce contexte de réception. De L’Assiette au beurre aux Guignols de l’info, du détournement médiatique à des fins politiques à l’événement politique fictif, se pose alors la question du rôle de la satire et de l’humour dans les processus de fictionnalisation (jusqu’au canular) de l’information, qui renvoie à cette interrogation : que coûte-t-il de tordre le réel à des fins politiques? En effet, des fake news aux deep fake générées par l’intelligence artificielle, les trois campagnes électorales de Donald Trump (2016, 2020, 2024) montrent l’étendue des risques démocratiques qui pèsent aujourd’hui sur l’écosystème informationnel numérique, ouvert mais largement placé sous le contrôle d’acteurs et d’intérêts privés.

Dans cet axe, il s’agira d’explorer à la lumière du temps long, la diversité des rapports entre réel et fiction dans le domaine de l’information, de comprendre la portée politique et médiatique des processus de transformation entre le monde des “faits vrais” et celui des récits inventés ; enfin, il s’agira d’examiner la façon dont cette question des frontières entre fiction et information a pu elle-même intéresser les contemporains et faire l’objets de débats, voire de polémiques, au fil des siècles. Il s’agit aussi de travailler la médiatisation des discours et “storytellings” des communicants politiques.

4. Aux frontières des publics et des usages

Au cours de la longue histoire des médias, comment les publics dans leur diversité appréhendent-ils la frontière entre le réel et la fiction ? Le discours des professionnel·le·s des médias met en évidence des catégories bien identifiées dans les programmes, contenus fictionnels (cinéma, fiction télévisuelle, radiophonique, feuilleton etc) d’une part et contenus non fictionnels de l’autre (information, reportage, documentaire, télé-réalité, etc). Les professionnel·le·s ont longtemps mobilisé cette frontière pour délimiter et légitimer leur profession, se distinguer et

établir des hiérarchies entre eux. Cette frontière sert par ailleurs de repère pour que les publics interprètent les contenus médiatiques. Pourtant, ces catégories sont poreuses, et les contenus fictionnels sont autant porteurs d’objectivité que les contenus non-fictionnels de mises en récit; et il existe plusieurs hybridations présentées comme telles (publi-reportage, docu-fiction, etc). Il faut dire que certaines œuvres ouvertement fictionnelles produisent des effets de réel : les lecteurs lisent la fiction comme une grille d’accès au réel, y compris à leurs propres vies.

Comment se construisent les processus de réception des publics dans le cadre de ces régimes de croyances ? Si les producteur.trice.s des médias adressent des contenus spécifiques, oscillant entre réel et fiction, en fonction de ce qu’ils anticipent des publics, comment les publics segmentés (publics “féminins”, “enfantins”, “jeunes” etc) reçoivent-ils et interprètent-ils ces contenus ? Comment leurs représentations peuvent-elles participer à leur adhésion ou à leur rejet des formules proposées par les médias, par exemple autour d’enjeux sociaux, culturels et politiques, dans des contenus qu’ils considèrent comme davantage fictionnels ou au contraire davantage documentaires ? Par exemple, le développement de témoignages, dans la presse dès le XIXe siècle, à la radio dans les années 1960, à la télévision dans les années 1980 et la naissance de la télé-réalité, dans les années 2000 participent-ils à une plus grande identification des publics aux récits et aux acteur·ice·s qu’elles mettent en lumière ?

Par ailleurs, que ce soit en régime médiatique traditionnel ou numérique, les publics participent eux-mêmes à la création des contenus (courrier des lecteurs, questions des auditeurs, commentaires, etc), brouillant de fait la frontière de l’énonciation, et questionnant les limites entre témoignages spontanés et fabrique médiatique. Dans quelles mesures ces participations, qu’elles soient suscitées ou spontanées, contribuent-elles à nourrir des effets de réel légitimant notamment le rôle social et démocratique des médias ? Dans cet axe, nous attendons des communications portant sur les publics et sur les usages médiatiques, à la fois dans la construction des catégories du réel et de la fiction, et dans leur réception. Les recherches peuvent être menées dans une variété de perspectives allant de l'ethnographie des publics et des pratiques médiatiques à l’analyse des contenus médiatiques prévus pour des publics segmentés.

Informations pratiques :

Les propositions de communications sont à envoyer en format .docx avant le 12 novembre 2024 à: CongresSPHM2025@gmail.com

Elles ne doivent pas dépasser 300 mots, et présenter à la fois la problématique de la recherche et sa méthodologie : sources exploitées, terrains explorés. Une bibliographie de cette recherche est attendue en fin de proposition, ainsi que 5 mots clefs. Les autrices et auteurs seront prévenu·e·s le 17 décembre 2024 si leur projet est retenu pour le congrès de juin.

Frais d’inscription (communicants et public) :

- pour les adhérent-e-s à la SPHM (individuels ou par leur laboratoire) à jour de leur cotisation avant le 30 mars 2024, le congrès est gratuit,
- à partir du 1er avril et sur place (4, 5 et 6 juin), l’inscription au congrès sera de 50 euros ; les étudiant·e·s sont exempté·e·s de ces frais.

Le colloque prendra en charge les pauses café, ainsi que les frais de déjeuner pour les personnes présentant une communication.
Les frais d’hébergement et de déplacement sont à la charge des intervenant-e-s. Des financements sont prévus pour les jeunes chercheuses et chercheurs non financés. Des hébergements à tarif préférentiel sont disponibles sur demande au Campus Condorcet.

D’une durée de 20 minutes, les communications pourront être faites en français ou en anglais. La SPHM souhaite privilégier le présentiel pour permettre les échanges et rencontres ; le Congrès sera filmé et disponible par la suite en ligne (selon l’autorisation des intervenants).

Composition du comité d’organisation

Claire BLANDIN, Université Sorbonne Paris Nord

Alexandre BORRELL, Université Paris Est Créteil

Marjolaine BOUTET, Université Sorbonne Paris Nord

Marion BRETECHE, Université d’Orléans

Alexie GEERS, Université Sorbonne Paris Nord

Alexis LEVRIER, Université de Reims Champagne-Ardenne

Claire SECAIL, CNRS

Anna TIBLE, Université Paris 8

Isabelle VEYRAT-MASSON, CNRS

Composition du comité scientifique

Anne-Claude AMBROISE-RENDU, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Maxime AUDINET, Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire

Marine BECCARELLI, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Claire BLANDIN, Université Sorbonne Paris Nord

Alexandre BORRELL, Université Paris Est Créteil

Jérôme BOURDON, Université de Tel Aviv

Marjolaine BOUTET, Université Sorbonne Paris Nord

Marion BRETECHE, Université d’Orléans

Delphine CHEDALEUX, Université de Technologie de Compiègne

Frédéric CLAVERT, Université du Luxembourg

Sébastien DENIS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Pascal FROISSART, CELSA Sorbonne Université

Alexie GEERS, Université Sorbonne Paris Nord

Alexis LEVRIER, Université de Reims Champagne-Ardenne

Marine MALET, Université de Bergen

Yasmine MARCIL, Université Sorbonne Nouvelle

Cécile MEADEL, Université Paris Panthéon Assas

Katharina NIEMEYER, Université du Québec à Montréal

Bibia PAVARD, Université Paris Panthéon Assas

Guillaume PINSON, Université Laval

Dinah RIBARD, EHESS

François ROBINET, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Valérie SCHAFER, Université du Luxembourg

Claire SECAIL, CNRS

Céline SEGUR, Université de Lorraine

Marie-Eve THERENTY, Université de Montpellier

Anna TIBLE, Université Paris 8

François VALLOTTON, Université de Lausanne

Isabelle VEYRAT-MASSON, CNRS

Adeline WRONA, CELSA Sorbonne Université

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English version

CALL FOR PROPOSALS

25th Annual Conference of the French Society for Media History (SPHM) : Media at the crossroads between reality and fiction (from Ancient Times till present) Campus Condorcet (Aubervilliers, France), June 4-6, 2024

With the growing contemporary concerns about fake news and deep fakes, the question of the decreasing space between fiction and non-fiction has become central. But at the same time, new genres and hybrids that play a different game are also proliferating: telling the truth under the guise of fiction, using a fictional guise (the conventions of specific narrative genre) to ‘better’ tell the truth as in self-fiction, animated documentaries, etc.

The 25th Annual Conference of the French Society for Media History (Société pour l’Histoire des Médias, SPHM) is intended to explore the ambiguous connections and interrelations between reality and fiction in media productions of any kind, any time period and any country. The SPHM wishes to put this question into historical perspective, adopting a long-term view, beyond a given genre, technique or medium. The distinction between reality and fiction has never been as clear-cut as the debates that pit the two terms against each other seem to assume.

We suggest 4 axes of reflection to consider the boundaries – understood as limits but also as contact or friction zones – between the staging of reality and the one of fiction in the media: Technical aspects (axis 1), narrative dimensions (axis 2), political approaches (axis 3) and reception studies (axis 4). These approaches are not mutually exclusive and may intersect in the proposals submitted. Strictly descriptive or “debunking” endeavors do not fall within the scope of this conference.

Any attempt at analyzing media over a long period of time (diachronic approach), or analyzing “old media” from this renewed perspective is welcomed. A wide range of research themes and methodologies (archive-based history, oral history, content analysis, mass data analysis, media economics, etc.) are expected at this conference, which marks the 25th anniversary of the SPHM. The research presented may take the point of view of producers and/or investigate uses, appropriation and reception. The focus will be limited to existing media, excluding those invented by (science-)fiction.

1. Media at the technical cross roads between reality and fiction

We are looking for analyses historicizing the technical connections and frictions between reality and fiction. Photoshopping, sound or video editing, and special effects (from classic photomontages to deep fakes created by artificial intelligence tools) make it possible to create images, sounds and narratives that are increasingly convincing in their verisimilitude. These techniques make it possible not only to transform reality, but also to produce fictions so convincing that they can be perceived as real. Fakes, trickery, editing, collage and remix, as well as all the technological developments of the media world that help to blur the boundaries between fiction and reality, will be examined from the angle of the technologies used, their uses, production and reception, and the imaginary worlds and controversies they have generated, from the earliest days of “old media” (notably but not restricted to press, cinema and radio). We also need to look closely at and put into perspective the digital revolution, and digital social networks in particular, to consider their impact on the limits between reality and fiction, in what some have described as the ‘post-truth era’.

This increased porosity between fiction and reality also raises intellectual, political, legal and ethical issues that can be put into historical perspective. The emergence of fact-checkers, debunking videos and the analysis of public, professional or legal controversies linked to these issues, as well as the history of regulatory mechanisms, are also expected.

2. Aux frontières des formats et des genres narratifs

The birth, definition, delimitation, study and appreciation of formats and narrative genres lies at the heart of media history. Format, first and foremost, is at the crossroads of an economic approach to cultural and media production and a semiological approach: what is the concrete, material and aesthetic form of what is being produced? For example, which elements makes a program be broadcast in the ‘documentary’ rather than ‘entertainment’ time slot on a television channel?

Describing/recording/decoding reality also requires the use of recognizable and codified narrative forms: from the epic poem to the ‘journalistic style’, including of course all the semi-fictional genres (investigation, biography, satire) or even fictional genres (romance, heroic journeys, comedy, melodrama), whose effects and/or evolution over time will need to be measured/explained.

In ancient and medieval times, epic tales such as The Illiad and La Chanson de Roland combined fictional and real-life elements, conveying a vision of the world, values and information to educate and edify. Conversely, satire and parody magnify certain aspects of reality or famous fictions to provoke laughter, reflection and sometimes protest. Letters have also been widely distributed (disseminated) as bearers of news, albeit in literary forms such as Ovid's Heroides. The letter as media format produces an effect of reality, with content varying according to the period, for example with the emergence of the concept of privacy in the eighteenth and nineteenth centuries.

Media history shows that the porosity of formats and narrative genres appeared very early on. It was already at the core of the editorial models of the 16th to 18th centuries press, a period of trial and error but also of great freedom in exploring the relationship between reality and fiction, with the rise of political pamphleteering and satiric engravings. The arrival of the ‘newspaper age’ in the 19th century may have given an impression of rationalization and stabilization under the guidance of industrial capitalism. But the success of serialized novels (feuilletons) was not synonymous with the complete separation of fiction in the material space of the newspaper: on the contrary, it led to ‘multiple circulation effects between the top and bottom of the page’ and therefore to a fictionalization of all journalistic genres, esp. the “faits divers” (miscellaneous news).

More recently, the hybridization of narratives in the media, for example through docu-fiction, serialized documentaries, museum exhibitions using clips from fictional films or live historical shows or reconstitutions... These projects that bring together authentic archives and reconstructions manifest the (con)fusion of genres. The same could be said of reality TV, where ‘reality’ has been highly scripted since its inception. These formats must be investigated to understand the way in which reality and fiction are presented and perceived throughout time.

We might also ask whether form and formats’ hybridization and the mixing of narrative genres are a new production of (post-)modernity/digital age or a sign that cultural and media productions often escape the attempts at definition and codification that are part of their very conditions of existence?

3. Aux frontières de la politique et de l’information

If fiction can be conceived of as a quest for truth (and veracity), a way for an author to tell and interpret the world, then it is not surprising to observe its strong presence in the news media, from 17th-century newspapers to the digital social networks of the 21st century. Media history is full of cases that shed light on the way in which the boundaries between reality and fiction have transformed journalistic practices and news conventions. What's more, at every period in history, the process of fictionalizing reality, whether in relation to historical events or current affairs, has helped to shape public debate. In so doing, they have had an impact on the political systems themselves, since these structures are based on actors and institutions, as much as on values, beliefs and imaginaries.

As manufacturers of narratives to tell the facts and enlighten public judgment, the media rely on creative processes which, to varying degrees and more or less intentionally, may resort to fictionalization processes. This is by no means a recent development in a contemporary media

system at grips with fake news or post-truth. On the contrary, while the first gazettes attempted to create a neutrality of discourse by introducing each piece of news with standard formulas such as “it is heard in Paris that...” or “they say in Vienna that...”, the imprecision and delays in transmitting information, as well as the need to tell the news, represented obstacles for gazetiers, who were then often forced to draw “prognostics”. Above all, the press that was being invented at the time set no limits on the a priori conditions required to tell a real story. From then on, ideal journalistic postures, the staging of imaginary situations of enunciation, perfect sources of information, and so on, flourished to produce newspapers that reported the news with meaningful editorial and stylistic diversity. Yet each of these editorial choices informs the way in which contemporaries, depending on the authors or target audiences, conceive the relationship of their professional ethos with reality and its meaning, as well as the role they attribute to the media in the building of “what’s real” and what’s happening.

In the 19th century, the fictionalization of reality entered an industrial age with the widely circulating national newspapers and the conquest of an ever-wider audience with “yellow journalism”. This popular press fictionalized news stories. Later, television, by bringing the moving image into the home, has also shaken up the territories of information and diversified the links between reality and fiction, and uses fictional material - particularly cinematographic - to help the public “reflect” on questions of society, history or current affairs... Broadcast as a preamble to an on-set debate, works of fiction thus take on a new meaning and scope in this specific context of reception. From The Daily Telegraph to Spitting Image, from media hijacking for political ends to fictitious political events, the question arises as to the role of satire and humor in the process of fictionalizing (to the point of hoaxing) information, which raises the question: what does it cost to twist reality for political ends? Indeed, from fake news to deep fakes generated by artificial intelligence, Donald Trump's three election campaigns (2016, 2020, 2024) show the extent of the democratic risks now hanging over the digital informational ecosystem, which is open but largely under the control of private actors and interests.

The aim here is to explore the diversity of the relationships between reality and fiction in the field of news media, and to understand the political and media implications of the processes of transformation between the world of “true facts” and that of made-up or twisted narratives. We are also interested in the way in which this question of the boundaries between fiction and information has itself interested contemporaries and been the subject of debate, even polemics, over the centuries. We will also look for analysis of the mediatization of political speeches and spin doctors’ storytelling.

4. Aux frontières des publics et des usages

Over the long history of the media, how have audiences in all their diversity apprehended the boundary between reality and fiction? The discourse of media professionals highlights clearly identified categories in programming: fictional content (cinema, TV and radio fiction, soap operas, etc.) on the one hand, and non-fictional content (news, features, documentaries, reality TV, etc.) on the other. Professionals have long mobilized this boundary to delimit and legitimize their profession, as well as establishing hierarchies among themselves. This boundary also serves as a reference point for how audiences interpret media content. However, these categories are

porous, and fictional content is as much a bearer of objectivity as non-fictional storytelling; and there are several hybrids presented as such (advertorial, docu-drama, etc.). It has to be said that some overtly fictional works produce real-life effects: readers read fiction as a gateway to better understand reality, including their own life experience.

How are audiences' receptions processed within the framework of these belief systems? If media producers address specific content, oscillating between reality and fiction, according to what they anticipate from audiences’ responses, how do segmented audiences (“female”, “children”, “young adults”, etc.) receive and interpret this content? How can their mindsets contribute to their acceptance or rejection of the formulas offered by the media, for example about social, cultural and political issues, in contents that they consider to be more fictional or, on the contrary, more documentary ? For example, do the development of testimonials in the press since the 19th century, on radio in the 1960s, on television in the 1980s and the birth of reality TV in the 2000s contribute to greater public identification with the stories and people they highlight ?

Moreover, in both traditional and digital media, audiences themselves participate in the creation of content (readers' letters, listeners' questions, comments, etc.), blurring the boundaries of enunciation, and questioning the limits between spontaneous testimony and media fabrication. To what extent do these participations, whether prompted or spontaneous, contribute to the creation of real effects that legitimize the social and democratic role of the media ? We are looking here for papers on audiences and media use, both in the construction of categories of reality and fiction, and in their reception. Research can be carried out from a variety of perspectives, ranging from the ethnography of audiences and media practices to the analysis of media content intended for segmented audiences.

 

Practical information :

300-word proposal in .docx format have to be send at CongresSPHM2025@gmail.com before November 12, 2024.

The proposals must detail the main research question(s) and method(s) followed, as well as the sources used. A selected bibliography must be added at the end of the proposal, as well as 5 keywords. A short academic biography of the author of the proposal is also expected but proposal will be evaluated anonymously. Selected authors will be notified by December 17, 2024.

Oral presentations will have to last 20 minutes, and can be delivered in French or English, preferably accompanied by a Powerpoint-like diaporama. There will be no live broadcast of the event, since it is foremost a networking opportunity, but with the participants’ authorization, presentations will be filmed and later made available online.

Conference fee :
- SPHM membership completed before March 30, 2024 : 25 € (13 € for students) - Non-SPHM members : 50 €

The conference fees cover coffee breaks and lunch.

Travel and hotel costs must be covered by the participants or their academic institution. A limited number of travel stipends will be available for students or independent scholars upon request. Only those presenting a paper are eligible.

 

BIBLIOGRAPHIE

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