1889. Un état du discours social

Chapitre 19. Les détraquements des esprits

Table des matières

La série des idéologèmes sur les dissolutions du moi, de la conscience, de l'identité morale dont nous allons analyser les formules et les avatars, est inséparablement liée aux complexes contigus des dégénérescences de la race et des décadences de la société. La société entière ne forme plus selon la doxa qu'une « gigantesque maladie mentale » ; « on dirait vraiment qu'un souffle de folie passe sur la face du monde »1. Le « déséquilibre » des esprits, les « détraquements » que l'on constate fonctionnent comme signes des temps ; ils trouvent leur étiologie dans les caractères malsains et épuisants de la vie moderne et présagent de l'à‑vau‑l'eau de la civilisation. La frontière autrefois étanche entre normalité et folie est occupée par des états intermédiaires où l'idée même de santé mentale se dissout : les demi‑fous, les « irresponsables », les « mattoïdes » prolifèrent et ces demi‑folies endémiques sont contagieuses, elles se propagent par « suggestion » morbide.

En ce secteur thématique encore, c'est la coopération des champs scientique, journalistique et littéraire et de leurs logiques propres qui engendre le sociogramme des « détraquements moraux » ; c'est la médicalisation du discours social qui procure cependant la dynamique de cette synthèse2. L'homologie entre décadence des mœurs, ruines, dissolutions sociales et névroses, suicides des individus est constamment marquée. La névrose, écrit le Dr Gérard est « la maladie de l'époque », elle est « un produit direct de la civilisation »3. Si les psychopathologies ont existé en tout temps, le siècle finissant est censé payer à la folie un tribut de plus en plus lourd. La civilisation raffinée, la « surchauffe » de la vie moderne, la surexcitation nerveuse de la ville, le « tourbillon incessant » des activités font proliférer les névropathes. « Paris ruine, déclasse et épuise beaucoup de gens », constate le Dr Joly4. L'image est celle de l'hyperesthésie, de l'excitation factice qui précède la prostration et l'agonie. Toute nouveauté est diagnostiquée comme une cause additionnelle d'accidents névropathiques : le téléphone, le vélo, l'Exposition universelle qui « a détraqué pas mal de cerveaux », les voyages d'agrément auxquels il faut attribuer « la notable quantité de troubles cérébraux » chez les femmes, la consommation croissante du tabac, de l'alcool, des drogues et autres « poisons » raffinés, les aberrations de l'instinct génésique dues aux « mœurs de bas Empire », l'enseignement public qui « surmène », la vogue des séances spirites qui a engendré une nouvelle catégorie de « toqués » et qui transforme les salons en « succursales de Charenton »...5. Après avoir professé pendant vingt ans « le culte des faits positifs », voici que « notre fin de siècle » désaxée fait des adeptes innombrables pour les occultismes et les nécromancies.

Avant de montrer comment la neurologie confirme par ses analyses et ses nouveaux concepts le sentiment d'une diffusion et d'une contagion des déséquilibres mentaux, nous nous arrêterons aux discours de la sphère publique. Premier sujet d'angoisse : la mentalité malsaine que l'on prête à la « jeunesse moderne », image inversée de cette « joie de vivre » qui semblait appartenir à l'essence de cet âge : c'est une jeunesse blasée, sceptique, pessimiste, « je m'en‑foutiste ». Jeunesse précoce, trop tôt éveillée, possédée d'une hâte effrénée de jouissances et pourtant revenus de tout, cynique, sans « enthousiasmes » ni « naïvetés ». L'image du mundus inversus est ici celle du « jeune vieillard ». Lecteur de Taine, de Schopenhauer et de Paul Bourget (lequel avec le Disciple se recycle dans la réaction morale), le jeune homme de 1889 doit se déclarer « pessimiste ». Dans ses Essais de psychologie contemporaine, Bourget avait diagnostiqué le nouveau « mal du siècle » et tous les doxographes avaient surenchéri : pessimisme, scepticisme, nihilisme, matérialisme, immoralisme. Il n'y a jamais eu tant de « poses » philosophiques et esthétiques pour qui voulait faire une doctrine de son taedium vitae. Le thème de l'époque incite les « jeunes poètes » à exhiber complaisamment leurs âmes en déréliction :

Lâcheté, lacheté ! – Tout est faux, rien n'est or,
Tout est pétri de fange et l'homme est fait de boue...6.

Le pessimisme de la nouvelle génération est dû, croit‑on, à une surabondance d'analyses, d'information, d'introspection morbide, de science desséchante. Les esprits responsables se sont émus de cette vogue morbide : Brunetière, Lemaître puis Bourget ont réclamé le retour à la « santé morale » : c'est Bourget qui trouvera la forte doctrine réactionnaire nécessaire à la médication des générations montantes. En attendant, on épie avec inquiétude les progrès du mal. Les étudiants parisiens ont résolu de porter une casquette distinctive, souvent ornée d'attributs macabres :

Cette mode nouvelle d'arborer un crâne brodé sur une toque pour se promener à travers les rues d'une ville est‑elle un nouvel accès du jeune pessimisme contemporain ? C'est possible7.

Dans la logique du paradoxisme crépusculaire, c'est du raffinement que provient la barbarie, de l'abus de connaissances que découle la perte du sens moral. Bourget le démontrera avec son Disciple : « tous les philosophes d'aujourd'hui aboutissent au pessimisme » et ce pessimisme menace la survie de la civilisation.

Ah ! Messieurs les psychologues, pessimistes, analystes à outrance [...], c'est à vous que nous devons ce déplorable état des esprits modernes8.

Deux conséquences du pessimisme, démontre la Revue bleue : le « Pradisme » et le « Chambigisme ». Prado avait assassiné une cocotte, Chambige avait conclu une pacte de suicide avec une mère de famille : voyez où mène le nihilisme philosophique ! Bourget n'a pas eu à chercher loin le scénario de son roman à thèse...

L'étiquette de « pessimiste » commence à s'user. Un néologisme vulgaire s'y est substitué et fait fureur : « le jemenfoutisme est à l'ordre du jour »9. On dit aussi le « j'm’en‑moquisme », le « zutisme », le « n'importequisme » et les cyniques de service déclarent par rodomontade adhérer à ces doctrines délétères :

Chaque époque a des thèmes philosophiques ; [...] la meilleure philosophie est à mon sens le j'menfoutisme, application pratique et raisonnée du scepticisme universel10.

Le nihilisme des jeunes blasés n'est qu'une des figures de « l'abaissement du niveau moral », de l'« affaiblissement de la moralité publique » que tous les idéologues constatent : regain de criminalité, inversions sexuelles, prostitution, « marée montante » de littérature pornographique, prévarications et scandales politiques : les symptômes n'en manquent pas. « De plus en plus, les caractères s'affaissent, le sens moral s'oblitère, les nobles passions s'évanouissent »11. Le pessimisme est construit comme un simulacre de philosophie qui serait aussi une névrose collective, comme un détraquement moral mué en doctrine.

La doxa classe les états morbides modernes en deux séquences d'images : celle de l'évidement intérieur avec les « zutistes », les « épuisés », les « anémiques », les « onanistes », les « nerfs affaiblis », les « cœurs flétris », les blasés, les vieillards précoces, et celle de la machine morale qui ne fonctionne plus, avec les « détraqués de corps et d'âme »12, les « déséquilibrés » (le mot s'écrit encore en italiques), les « sang‑pourris » affligés de toutes les tares13, les « irresponsables » (autre catégorie nouvelle), tous les individus qui sont à la frange de la pathologie mentale et que le Professeur Lasègue déclare atteint d'« incorrection » et Émile Zola, porteurs d'une « fêlure »14. Dans une « société rongée de névroses et fiancée aux épilepsies », ainsi que lugubrement le formule Léon Bloy, « quoi d'étonnant que le névrosisme, la folie et le suicide fassent tant de victimes ? »15.

L'actualité de presse révèle un à un au public cette armée grossissante de détraqués : Othon, le roi fou de Bavière, Jack l'Éventreur, Prado, Chambige « le détraqué de Sidi‑Mabrouk », Rodolphe de Habsbourg, Baudelaire, « un véritable détraqué celui‑là », l'anarchiste Pini, « cet esprit détraqué » et, – pour l'antisémite Kimon, – tous les Juifs en bloc, si bien adaptés à une société à leur mesure : « dans tout politicien israélite, il y a un commencement d'aliéné ». « La société israélite sue le nervosisme »...16.

Cette angoisse devant le détraquement envahissant, les aliénistes, les neurologistes la partagent et la renforcent : la psychiatrie ne cesse de découvrir qu'à côté des aliénés purs et simples que leur état sépare nettement de la normale, existe une immense zone d'anormaux, les « bizarres », la foule intermédiaire des « déséquilibrés », monomanes, cleptomanes, dispsomanes, hystériques, pervers sexuels, invertis, « nerveux », persécutés, exaltés, délinquants : de proche en proche, la catégorie des « mattoïdes » (le concept est de C. Lombroso), des « névrosés » (dans un sens large) inclut une bonne part de la population. Le médecin‑psychiatre suspecte des tares et des anomalies dans tous les types modernes. Le Dr Magnan, aliéniste de la Préfecture de police, a examiné le cas des végétariens et des antivivisectionnistes. Ce sont tout bonnement des « aliénés d'une nouvelle espèce », « des cerveaux mal équilibrés, des névropathes chez qui les sensations apitoyantes atteignent un paroxysme ». Ces névropathes héréditaires qui veulent le bien des animaux malheureux, se transformeront bientôt en « délirants chroniques »17. Les aliénistes, s'appuyant sur la statistique, démontrent que « le nombre des aliénés a notablement augmenté dans ce siècle » (du fait notamment que leur espérance de vie a été prolongée), mais plus généralement que, dans les grands centres, les « névropathes » sont en croissance marquée18. Non seulement, la folie croît, mais elle se communique, elle est contagieuse, elle devient même « épidémique » selon le Dr F. Battesti : « notre siècle semble appartenir tout entier aux névroses [...] et parmi elles la névrose à la mode, l'hystérie », dont je parlerai plus loin19.

L'affaire Chambige et le drame de Meyerling ont donné une étonnante confirmation au concept psychiatrique de « folie à deux ». Le Dr Féré voit dans la grande presse un vecteur de « contagion » psychopathologique, de suggestion suicidaire et meurtrière20. L'idée de « folie collective » prépare les théories sur la psychologie des foules. Le Dr Gérard montre que « la grande névrose » menace dans la société moderne tous les hommes et toutes les femmes. Le concept de « folie morale » exprime lui aussi un paradoxe redoutable : cette entité clinique fait voir des fous apparemment équilibrés, monstres irresponsables sans délire ni affaiblissement physique, des êtres – comme les criminels, les pédérastes, les pervers, – à qui le « sens moral » fait défaut. Autres types morbides paradoxaux : 1. Les simulateurs, car n'est‑ce pas être fou que de simuler la folie et ne rencontre‑t‑on pas d'ailleurs des aliénés simulant une autre folie que la leur propre !21. 2. Les hommes de génie, longtemps admirés comme des esprits supérieurs, dont les Dr Lombroso et Richet démontrent qu'ils sont toujours des détraqués, sans être proprement des aliénés : Le Tasse, Cervantes, Schopenhauer trahissent tous « un grain de folie ». Baudelaire, Verlaine, Dostoïevsky sont des génies fous, de mêmes que bien des patients des asiles montrent quelque trace de génie. Le génie et la folie « se touchent » ; leur « voisinage » interdit plus que jamais de séparer moralement et physiquement l'aliéné du reste des anormaux, depuis les simples « toqués » jusqu'aux « dégénérés supérieurs »22.

Les aberrations de l'instinct sexuel

J'ai traité, dans Le Cru et le Faisandé (1986), du discours de médicalisation du sexe auquel le roman moderniste apporte d'ailleurs avec un zèle suspect l'appoint de ses « observations » réalistes. En cette année où Jack l'Éventreur, « monomane atteint d'érotisme aigu », et Rodolphe, le « fin‑de‑race » de Meyerling, défrayent la chronique, la folie sexuelle est largement illustrée par l'actualité23. La médecine, annexant les savoirs casuistiques de l'Église, fait la chasse aux aberrations sexuelles, aux « abus solitaires » qui conduisent au gâtisme, à la décrépitude morale, ces « pratiques immondes dont le saphisme et la sodomie sont le terme », qui ruinent le patrimoine de la famille et de la nation24, aux pédérastes et aux lesbiennes, aliénés inguérissables, qui semblent se multiplier. Pour Édouard Drumont, « les goûts de Lesbos » qu'on affiche sont un grand signe de « la fin d'un monde »25.

Un essayiste littéraire, Victor Joze dans ses Petites démascarades dresse un tableau des mœurs modernes qui l'amène à faire figurer parmi les traits qui sentent bien leur « fin de siècle », les « tapettes ». Il se lance dans une vaticination crépusculaire sur ce monde à l'envers ou monde inverti : « Les hommes cherchant d'autres hommes au lieu de faire des enfants, les femmes se vautrant avec d'autres femmes, – ce sont les parties les plus malades d'un corps social à demi pourri » (p. 77). C'est toujours le raisonnement asymptotique ; on n'a encore rien vu et il n'y a pas de raison que cela s'arrête :

Aujourd'hui déjà on parle de ces choses‑là de la façon la plus naturelle et, dans dix ans, où en serons nous ? » (p. 76).

L'hystérie

L'hystérie dont s'est emparé l'école de la Salpétrière laquelle, avec le Dr Charcot, occupe une position dominante, est une maladie‑clé. Clé pour la logique socio‑discursive puisque cet « ensemble protéiforme de troubles dynamiques originaux »26 dont l'étiologie sexuelle est à la fois suggérée et déniée, semble fonctionner comme la synecdoque de toutes les autres déterritorialisations, de toutes les dissolutions centrifuges des sociétés et des âmes. Dès la première moitié du XIXe siècle, la définition ancienne de l'hystérie comme trouble utéro‑ovarien a été abandonnée (par les médecins du moins ; le journaliste, le littérateur appellent toujours « hystérique » une femme folle de besoins sexuels refoulés). L'école de la Salpétrière a démontré que l'hystérie ne frappe pas seulement la femme, que les hommes hystériques ne sont pas rares. Charcot et ses élèves nient d'ailleurs que cette affection ait quelque rapport avec « la chose génitale », alors même que nombre d'études de cas font apparaître une étiologie sexuelle et des tics, « attitudes passionnelles », « automatismes obscènes » que le neurologue se borne à décrire sans chercher à les interpréter27. Les Leçons du mardi du Dr Charcot et diverses monographies de ses élèves, les Dr G. de la Tourette, Guinon et Thermes font le point sur la doctrine de la Salpétrière. L'hystérie est congénitale, on s'en doutait : « on naît hystérique », affirme le Dr Luys. La maladie n'est pas le propre des classes privilégiées, « amollies par la culture », elle s'observe chez le prolétaire, chez l'artisan, eux aussi tributaires de « l'hérédité nerveuse ». « Subissant l'influence de l'hérédité, de l'arthritisme, du nervosisme », le syndrome hystérique est provoqué par un « shock », un traumatisme physique ou psychique, une « émotion morale » qui activent les prédispositions héréditaires. L'hystérie se définit comme un renversement des relations fonctionnelles normales du système nerveux avec dominance des automatismes sur les volitions. On admet d'autre part que l'hystérie peut se « combiner » avec toutes sortes de troubles nerveux ou cérébro‑spinaux, épilepsie, maladie de Basedow, sclérose en plaque. En fait la « grande hystérie » – catégorie nosologique à quoi Charcot a donné « sa juste et immuable place » – regroupe en une entité faussement homogène toutes sortes de troubles « nerveux » et « psychiques » auxquels les suggestions involontaires des neurologues viennent ajouter la suite fatale des symptômes que Charcot a « prévus ». Le Dr Charcot décrit abondamment les étapes de la grande crise : « aura préliminaire » phase épileptoïde déployant des « attitudes passionnelles », interprétées comme hallucinations motrices, contractures, contorsions avec à la fin le fameux « arc de cercle ».28 Étrange récit toujours répété, d'autant plus étrange que la Salpétrière n'y cherche ni symbole ni fonction ; les phénomènes apparaissent dans un ordre prévisible avec leur intense théâtralité qui n'est censée exprimer rien et fascine d'autant mieux. La thérapeutique n'est pas moins paradoxale : « une compression un peu forte » sur l'ovaire gauche met fin à la crise comme au sommeil hystérique. « Hyperesthésie », déclare Charcot qui ne veut pas chercher plus avant29. Maladie de la suggestibilité, l'hystérie se soigne par la suggestion, par l'hypnotisme : l'identité des moyens curatifs avec l'essence même du trouble paraît satisfaire la raison savante.

Ce qui émerge de l'étude de l'hystérie, c'est l'idée qu'il y a dans l'« âme » de l'homme des forces obscures et cachées, bien autre chose que la seule volonté consciente et les seules activités « supérieures » de l'esprit. Le phénomène du moi y est « obnubilé » ; l'hystérique est « un être changeant et versatile, un protée aux multiples formes »30, un individu qui a perdu son identité et ce pouvoir d'inhibition qui fait normalement résister aux suggestions et aux influences étrangères. Le spectacle de l'hystérie est celui d'apparences, de « simulacres » d'états affectifs, de « simulations » de maladies, sans cause physiologique. Le public cultivé qui lit les Leçons du mardi reçoit avec une sorte d'émotion « esthétique » la narration brillante, très « littéraire » de ces crises histrioniques auxquelles répond la théâtralité même du « flair » médical, le brio du grand médecin qui « improvise », prévoit, suggère avec autorité face à un malade inconnu de lui, aboutit à un pronostic et établit l'ordonnance d'un traitement - rencontre d'une inconscience versatile et fantastique et d'une conscience médicale souveraine, toute puissante sur les symptômes qu'elle engendre, enregistre et fait cesser à son gré. Autour de la Salpétrière, les publicistes ont créé une aura mythique. « Tous les Parisiens lettrés et artistes ont fait le pélerinage de la Salpétrière dans le service du Dr Charcot »31. Ils y ont vu des « cas étranges » et ont pu méditer sur la « dépossession périodique de soi‑même » qui afflige les patients, sur la dilution de leur « responsabilité »32. Ils se sont fait montrer la « femme‑chatte » et ont pu assister aux exhibitions d'« automatismes ambulatoires », bâillements compulsifs, dyspnées, grandes crises. La science écarte les voiles d'un mystère qu'on commence à nommer l'« Inconscient », mystère qu'elle croit connaître parce qu'elle en décrit positivement les phénomènes et qu'elle tire de la suggestion hypnotique les moyens spectaculaires de supprimer les symptômes... ou d'en induire de nouveaux et de plus déroutants. L'objet hystérie apparaît dans le discours lettré comme une énigme menaçante et une fois encore comme une affection qui se diffuse et se répand : « ... les cas de ce genre semblent se montrer chaque jour plus nombreux »33.

La suggestion

Les neurologues ont cru trouver dans la suggestion hypnotique une sorte de panacée susceptible de leur donner le contrôle de nombreux désordres psychiques. Le « bon sens » des doxographes n'a pas été long à voir dans cette thérapeutique « dangereuse » quelque chose d'au moins aussi angoissant que les troubles que l'hypnose prétend combattre ; l'image de l'apprenti‑sorcier se devine dans les commentaires inquiets des zélateurs du sens commun :

Qu'y a‑t‑il de vrai dans tout ce qu'en content les initiés ? Je n'en sais trop rien et n'éprouve aucun désir de le savoir34.

Les spécialistes mêmes s'inquiètent du « déluge de livres sur l'hypnotisme » où on peut trouver « un salmigondis extraordinaire sur les questions de l'âme, du système nerveux, de la physiologie, des sensations, de la pensée, de l'idée, du magnétisme, du spiritisme, de la suggestion, de l'intelligence, de la mémoire, de la volonté, etc. »35. Enjeu d'une âpre concurrence entre écoles et doctrines, l'hypnose se théorise en systèmes contradictoires, soutenus mordicus, en comptes rendus triomphaux auxquels répondent les mises en garde et les dénonciations indignées. Entre l'école de la Salpétrière (Charcot, Gilles de la Tourette) et celle de Nancy (Bernheim, Liébault, Liégeois, Luys, Delbœuf), c'est la guerre ouverte. Charcot assimile l'hypnose à l'hystérie alors que l'hypnose est pour le groupe de Nancy un moyen curatif qui peut être appliqué à tous les individus, bien loin de se développer chez les hystériques seuls. En outre, Nancy soutient qu'une bonne partie des désordres que Charcot attribue à l'hystérie sont en fait le produit de la suggestion même exercée par le grand médecin ! Charcot relève avec satisfaction des phénomènes auxquels il s'attend... sans se douter « qu'il les provoqu[e] lui‑même ». Loin de maîtriser l'hystérie, Charcot et ses élèves sont « illusionnés et, se dupant eux‑mêmes », induisent inconsciemment la névrose qu'ils se font fort de combattre36 ! Cependant, l'école de Nancy utilise abondamment de son côté la suggestion pour engendrer l'hypnose chez des sujets « sains », hypnose qui permet au médecin d'agir par suggestion sur la volonté du patient. « On assure ainsi au malade sa liberté et son indépendance. » Voire37 ! Que l'état hypnotique soit une sorte de « névrose artificielle » qui augmente immensément la suggestibilité et qui ouvre sur une « psycho‑thérapie » d'application universelle, cette thèse de Nancy est loin de rassurer. Paris la rejette avec mépris. Charcot répond avec acrimonie aux Dr Bernheim et Delbœuf que lui seul sait pratiquer le « grand hypnotisme » alors que les médecins de Nancy n'ont affaire qu'à des « somnambules vulgaires ». Indignation des Nancéiens, qui réitèrent que Charcot est victime de son propre inconscient et que le concept d'hystérie, maladie de la simulation, est lui même un simulacre, une hallucination savante. Tout en prétendant saper ainsi radicalement la neurologie inventée par Charcot, Bernheim et ses collègues développent avec audace leur réflexion sur le potentiel souverain de la suggestion : « tout peut réussir chez un sujet pour peu qu'il soit prévenu »38. La doxa ne va pas recevoir sans inquiétude cette doctrine qui veut que tout le monde à tout moment peut être dépossédé de son moi, soumis à des volontés occultes et toutes puissantes. Le Dr Luys a d'ailleurs le triomphe imprudent :

Voilà donc un être humain, que vous voyez devant vous, qui s'est présenté alerte, dispos, vivant, et qui, sous l'influence d'un geste imperceptible, a devant vos yeux subi une transformation subite. – Il a disparu en tant qu'individualité sociale, pour devenir, quoi ? – un instrument inerte, un simple automate, qui n'a plus de l'humanité que la forme extérieure, et qui, comme un appareil mécanique bien réglé, va subir toutes les suggestions quelconques que je vais lui donner, même celles qui vont constituer pour lui un moyen de suicide39.

La médecine se flatte ainsi de produire à son gré des « irresponsables ». Chargée de soigner les aliénés, elle se vante maintenant d'« induire la folie » chez des sujets normaux, de manière « fictive » mais « intégrale » : « les éléments essentiels de la folie peuvent être provoqués à la volonté de l'expérimentateur chez tous les hypnotiques ». Nancy n'accuse pas seulement Charcot d'avoir fabriqué l'hystérie avec sa propre « inconsciente » volition de savant. Les Nancéiens prétendent, en toute volonté consciente, aller plus loin. Le Dr Coste, l'auteur d'un des premiers ouvrages français de synthèse sur l'Inconscient voit un champ immense ouvert à l'hypnotisme thérapeutique : régulariser les menstruations, supprimer les névralgies, empêcher la chorée, dissuader les masturbateurs. D'autres médecins suggestionnent « avec succès » les pédérastes. « Une prostituée [...] renonça à son dégradant métier [...] sur l'injonction qui lui en fut faite dans l'état de sommeil artificiel »40. Guyau envisage de transformer par suggestion une mégère en une épouse « douce, affectueuse avec son mari... »41. Tout cela est bel et bon, mais ce pouvoir de la suggestion pour le « bien » (aux dépens de la liberté et de la conscience des individus) n'implique‑t‑il pas un pouvoir équivalent pour le mal ? Certes, et les médecins l'avouent : la suggestion peut être mise au service du vice et du crime. Au reste, si l'on en croit les partisans de l'hypnotisme, il n'est aucunement besoin d'être médecin pour agir avec succès sur quiconque se rend réceptif. Les neurologues commencent à s'en douter : ils ont ouvert une singulière boîte de Pandore. Ils se disculpent en montrant que tout le monde fait de la suggestion ou en subit « sans le savoir ». L'autonomie de la conscience est une illusion dont la science nouvelle montre la vanité :

Est‑ce que le professeur qui vous parle, l'orateur qui suscite chez son auditoire des émotions sympathisant avec les siennes, – est‑ce que l'ami qui vous écoute et vous donne des conseils n'opèrent pas sur vous de véritables suggestions ? – Ne sont‑ce pas là en réalité, dans le sens strict du mot, de véritables incitations irradiées du cerveau d'autrui qui s'implantent dans notre esprit et s'imposent à notre personnalité ?42.

À partir des années 1890, la notion de suggestion va servir au journaliste, au sociologue, au philosophe pour expliquer un nombre extraordinaire d'événements et de phénomènes43. Dans l'affaire Chambige, la partie civile a soutenu que le jeune homme avait paralysé par suggestion la volonté de sa maîtresse, Madame Grille. Le verdict affirmatif sur la question du meurtre implique que le jury a retenu cette thèse comme vraisemblable et prouvée44. La suggestion a déjà échappé à la médecine puisque les Dicksonn, Donato, et autres « magnétiseurs » de music‑hall font leur fortune avec elle et selon les médecins, soucieux de conserver le monopole de la technique, rendent fous certains spectateurs au « système nerveux susceptible »45. Sur le passage des magnétiseurs, « les accidents se succèdent les uns aux autres ; la névrose provoquée et propagée étend ses ravages »46. Dans une société où on soupçonne un grand nombre de gens d'avoir une « fêlure », il suffît d'un hypnotiste de passage pour provoquer dans une ville des « accidents hystériques graves »47. Lorsque les docteurs Charcot ou Ladame dénoncent les « épidémies mentales sous forme de manie hypnotique » après le passage de Donato ou d'Onofroff et réclament l'interdiction de ces spectacles funestes, on sent que l'intérêt de la médecine est en jeu puisqu'il s'agit d'empêcher de nuire des individus « habiles mais peu scrupuleux » qui concurrencent sur la scène des théâtres le grand spectacle médical de l'hypnotisme48.

La suggestion criminelle

Peut‑on suggérer un crime, le faire commettre par un autre et s'assurer l'impunité ? Peut‑on commettre un crime en obtenant la complicité passive de sa victime et même (viols, attentats à la pudeur) en lui ordonnant l'oubli ? À ces deux questions tous les médecins hypnotistes répondent absolument et sans réserve : oui ! « On peut suggérer à [une créature humaine] l'idée d'un crime qui éclatera à un moment donné »49. Le Dr Simonin, perspicace quant au flou artistique dont s'entourent les neurologues de Nancy, réclame une législation. C'est que les hypnotistes doctrinaires envisagent le cas avec un enthousiasme positiviste dont l'opinion publique est atterrée. Le Dr Delbœuf montre que l'expérience du crime suggéré (qu'il arrête à temps) marche à tout coup. S'il conclut que la suggestion criminelle « n'est vraiment un auxiliaire dangereux que dans les attentats à la pudeur et dans les captations de testaments », il n'est pas trop convaincant et la restriction n'est rien moins que rassurante50. Le Dr Luys n'est pas moins formel :

Je n'hésite pas à penser qu'un sujet hypnotisé, suggestionné comme est celui que je vous présente, pourrait, à un moment donné, tombant à la merci de mains criminelles, devenir l'instrument d'un crime ponctuellement accompli, dont il serait bien difficile de pouvoir dépister les véritables incitateurs51.

Qu'ils s'étonnent après cela que d'autres savants redoutent que la suggestion serve à des médecins peu scrupuleux pour des attentats à la pudeur assurés de l'impunité ! 52

La presse narre abondamment de tortueuses affaires de crimes sous suggestion et il semble que les milieux judiciaires se soient laissé convaincre de la fréquence du fait53. Peu à peu, la vie publique, l'histoire des nations vont se trouver expliquées par des conspirations d'hypnotiseurs, expression romanesque parfaite du topos de la manipulation occulte qui, en redoublant l'angoisse, sert à rendre raison des étrangetés de l'actualité. Le Roi Milan de Serbie « était hypnotisé quand il a abdiqué », dénonce la presse. « Tout indiquait en lui un tempérament hystérique ». La Lanterne traite cette révélation en éditorial :

Cette nouvelle est intéressante en plus haut degré [...] Désormais la suggestion a conquis droit de cité dans le domaine de la politique et est appelée à jouer son rôle dans le gouvernement des nations54.

L'inconscient

Ce terme‑là – que l'on rencontre au détour d'une phrase, en corrélation avec « suggestion », « hypnose », « automatisme » – peu de penseurs s'aventurent à en développer le potentiel. On a fait l'histoire de l'émergence de cette notion avant Freud en remontant à Maine de Biran (Mémoires sur les perceptions obscures, 1807) et en passant par E. von Hartmann, Wundt, W.B. Carpenter (Principles of Mental Physiology) pour arriver à Charcot et puis Liébault et Bernheim. Ce qui me semble se produire en 1880‑1890, date à laquelle la notion dans son imprécision devient « à la mode » chez les savants55, c'est que « l'inconscient » va se séparer de l'« instinct », de l'activité végétative (dont il est encore proche chez von Hartmann) de ce qui chez l'individu relève de l'espèce dont il est membre, ou encore du « moi d'habitude » (Condillac), pour se mettre à désigner cette chose que révèlent l'hypnose, la suggestion, « un monde d'affections purement vitales » dont « nous ne percevons que le retentissement » car elles sont « hors du moi, mais le moi sympathise avec elles » (pour reprendre les termes de Maine de Biran dont les Français, par chauvinisme, font un « précurseur »56). Hors des faits de sensations musculaires et « esthésiques », « sens de l'orientation », « sens de la durée », la psychologie et la médecine ont l'intuition de « forces affectives » agissant sur le moi en dehors de lui, formant un dispositif psychique occulté, impressionnable et passif. Le Dr Coste dans son essai sur l'Inconscient pose qu'il y en nous « deux êtres » ou deux manières d'être. L'« être inconscient » se révèle dans l'hystérie, l'hallucination, la suggestion, le rêve, sous l'influence de la morphine ; il fait une sélection sur les impressions pour transmettre à la conscience « les plus puissantes ». Il ne peut repousser les impressions, il les subit et les conserve. Chez les enfants, il domine et la suggestion s'adresse directement à lui : « la perception [y] a généralement lieu inconsciemment (sit venia verbo !) ou subconsciemment ou pour la seconde conscience si on veut »57. Les neurologues hypnotistes s'aventurent à explorer ces « recoins inconnus » de l'âme humaine qui forment un « moi inconscient » – redoutable oxymoron où vient se briser la conception unitaire cartésienne de la conscience et de l'individu. Cette conception de l'homme comme volonté lucide autonome est ce qui commence à paraître illusoire : pour les uns il y a des atavismes, des résidus d'instinct, des automatismes d'habitude : ceci n'est rien encore. Pour les théoriciens de la suggestion, il y a derrière le moi, cela qui forme un substrat irrationnel, influençable, impulsif, permanent et formidable. Déjà les esprits en mal d'ésotérisme et d'irrationalisme rêvent d'un vaste inconscient collectif où l'individu se perd entièrement : « L'inconscient (Unbewüste [sic]) est l'être unique dont les individus ne sont que des manifestations phénoménales »58.

Le suicide

De détraquements en déliquescences, cette société qui agonise apparaît aussi comme une société de suicidaires. La statistique, à qui on peut faire dire ce que l'on veut, répond aux angoisses par ses oracles :

Moyenne annuelle de suicides
De 1827 à 1830 .............1739
De 1876 à 1880 ............. 6259
[...]
[Les suicides] croissent sensiblement vingt fois plus vite que la population59.

« Calamité sociale » et « exemple funeste », le suicide « constate l'état de démoralisation d'une société, [...] son degré de décomposition ». Il couronne la série cumulative des preuves de décadence60. La presse boulevardière épilogue avec un cynisme de bon ton sur cette « mode » macabre : « on se suicide beaucoup à Paris depuis quelque temps ». Les socialistes y diagnostiquent l'agonie de la société capitaliste : le suicide « tend à devenir l'une des opérations les plus banales de cette fin de siècle. Le mal de vivre sévit parmi toutes les classes de la société »61. Les faits divers de la grande presse regorgent de récits de suicide. Même dans un journal aussi peu sensationnaliste que Le Matin, on accumule les détails. Les noyés et autres cadavres à identifier forment un élément de la chronique populaire, avec les « Drames de la misère ». Les journaux titrent sans effort de variation : « Un(e) Désespéré(e) ».

LES DÉSESPÉRÉS. Les suicides continuent : La seule journée d'hier compte à son actif deux suicides et deux tentatives émouvantes...62.

Il n'y a pas que les suicides des meurt‑de‑faim : il y a les suicides des viveurs, des fin‑de‑race, des blasés : « les suicides à Monte‑Carlo »63 – (on en parle peu car ici le silence se paie), les suicides joyeux (le mort a laissé une lettre mystificatrice), les suicides cocasses (dans un châlet de nécessité)... La Lanterne lance une grande enquête : « les Suicidés », et publie avec un goût morbide un dossier de lettres bouleversantes ou bizarres64. Il y a les suicides de gens connus : celui de la jeune comédienne Julia Feghine en 1888 a eu bien des échos (Champsaur y fait allusion dans son roman La Gommé), celui du fils d'Henri Rochefort qui est « dû à un chagrin d'amour ». Il y a, montés en épingle par l'opinion troublée, les suicides précoces, « ces suicides navrants qui se multiplient dès l'âge le plus tendre »65, nouvelle formulation de l'impensable angoissant dont l'époque est friande. Barrès dédie de façon provocatrice Un Homme libre aux collégiens suicidés.

Il y a enfin les amants décadentistes et « la fatale manie du suicide à deux »66. De Chambige à Rodolphe de Habsbourg, le scandale du taedium vitae croît : « Quelle épreuve ! Quel signe des temps ! »67. Du suicide à deux, on passe à l'épidémie suicidaire, au « suicide‑morbus » : « après les événements de Vienne, les suicides n'ont pas manqué »68. Tout au long de 1889, Rodolphe et Mary font des émules et la presse recense par dizaine les adeptes de « l'École du suicide à deux » tandis que, subjugués, philosophes et romanciers méditent (voir chapitre 29).

Le roman fin‑de‑siècle : picaresque de la déchéance

« À sentir autour de soi [...] le simulacre de l'universelle nausée, il faut une grande puissance isolante pour n'y point succomber »69. Simulacre, dit bien Rosny aîné en parlant du « pessimisme » littéraire. Le roman de la fin du siècle, si imbu d'observation et de réalisme, apparaît dans ses expressions les plus canoniques et ambitieusement novatrices comme la transposition en une formule d'intrigue et une typologie caricaturales de la grande thématique des à vau‑l'eau, des détraquements, des pertes d'identité et de stabilité du monde « moderne » dont la doxa lui impose les évidences. Le roman littéraire a recours à un modèle dominant d'intrigue et de narration que je propose de nommer picaresque fin‑de‑siècle. À ce modèle correspond la masse des romans qui ont attiré l'attention de la critique ; je ferai voir au chapitre 37 à quel point le grand roman canonique de 1889 peut être lu comme un simple avatar esthétique de la doxa des détraquements et des déchéances.

Notes

1  Radical, 14.2 : p. 1.

2  V. R.A Nye, Crime, Madness, and Politics in Modem France : The Médical Concept of National Decline. (Princeton, 1984).

3  Dr Gérard, Grande névrose, p. 141 et p. 124. V. Dr A. Galopin, Les Névropathes et les fous de Paris.

4  Joly, France criminelle, p. 96.

5  Exposition : Radical de Marseille, 3.11 : p. 1. Voyages : Illustration, 12.1 : p. 26. Spiritisme : Figaro, 19.7 : p. 1 ; Dr Guénon, Hystérie, p. 14 -, Dr Gérard, Grande névrose, p. 189 et (« culte des faits positif ») Rod, Revue bleue, 2 : p. 295.

6  Jehan, Sarcasmes, p. 51.

7  Illustration, 17.8 : p. 126.

8  L'Initiation, 2 : p. 1 et Revue littéraire moderne, p. 38.

9  Constitutionnel, 27.1 : p. 1.

10  C. français, 27.1 : p. 3.

11  L. Pemjean, Cent ans après, p. 144.

12  Revue générale, p. 5.

13  Joze, Démascarade, p. 32.

14  Étendard, 12.1 : p. 2.

15  Bloy, Brelan d'excommuniés, p. 102 et Philosophie de l'avenir, p. 206.

16  Chambige : Radical de Marseille, 4.1 : p. 1. Baudelaire : Guyau, Éducation et hérédité, p. 114. Pini : Laurent, Année criminelle, p. 85. Juifs : Kimon, Politique Israélite, p. 8 et p. 11.

17  Cité Radical, 5.11 (et cf. Lanterne, 28.10 : p. 2).

18  Dr Féré, Aliénés, II et Congrès international de la médecine mentale 1889, append. I.

19  Revue générale (Paris), p. 381.

20  Discuté par Guyau, Éducation et hérédité, p. 11.

21  Annales médico-psycholique, p. 406.

22  Richet, « Préface » à Lombroso, L'Homme de génie et Richet, Revue rose, 1 : p. 83.

23  Jack : Figaro, 5.10 : p. 1.

24  Dr Garnier, Onanisme (9e édition), p. 157.

25  Fin, p. 395.

26  Dr Collineau, Ann. anthrop. criminelle, p. 340.

27  Sur le rejet de tout rapport avec une « maladie du système génital », cf. Guénon, Hystérie, p. 206.

28  Guénon, Hystérie, p. 3.

29  Charcot, Leçons du mardi, p. 276.

30  Laurent, Premier Congr. Hypnotisme exp., p. 139.

31  Gil-Blas, 7.6 : p. 3.

32  J. Frollo, Pl. Parisien, 18.2 : p. 1.

33  Charcot, Leçons, p. 258 à propos de « l'hystéro-neurasthénie ».

34  Sarcey, Annales politiques & littéraires, 12 : p. 34.

35  Dr Simonin, Suggestion, p. 15.

36  Delbœuf, Magnétisme, p. 11.

37  1er Congr. hypnot. exp., p. 62.

38  Bernheim, Journal de médecine de Paris, 22.9.

39  Luys, Hypnotisme, p. 205-206.

40  Revue de l'hypnotisme, p. 195.

41  Guyau, Éducation, p. 8.

42  Luys, op. cit., p. 135.

43  « We can hardly realize today to what extent hypnotism and suggestion were invoked in the 1880's to explain countless historical, anthropological, and sociological facts » (Ellenberger, Discovery ofthe Unconscious, 1970, p. 29).

44  Cf. Viemoderne, p. 253 ; R. grand procès contemporains, p. 94-100.

45  Le Paris, 2-3.1 : p. 2.

46  Pt. Parisien, 8.4 : p. 1.

47  « Accidents hystériques graves survenus chez une femme à la suite d'hypnotisations pratiquées par un magnétiseur dans une baraque de fête publique » (Charcot, Leçons, p. 247).
« Nous avons observé plusieurs cas de maladies nerveuses chez des personnes qui avaient assisté à ces spectacles » (Dr Ladame, 1er Congrès hypnotisme exp., p. 35).

48  Simonin, Solution du problème de la suggestion, p. 124.

49  Id.

50  Luys, Hypnotisme, p. 206. Même démonstration chez Coste, Inconscient, p. 70 et 1er Congr. hypnot. exp., p. 245 -. Réserves embarrassées du Dr Liégeois, France judiciaire, p. 21 - et Nouvelle Revue, 1 : p. 151.

51  Id.

52  Moniteur de l'hygiène publiques, 1.1 : p. 1.

53  Ce sera la base de la condamnation de Plot et de la femme Boges dans l'affaire de l'infanticide de Saumur, Laurent, Année criminelle, p. 235 ; voir aussi Indépendant belge, 27.10 : suppl. ; Blanc, L'Hypnotisme et l'éducation, p. 5.

54  Lanterne, 21.4 : p. 1 et éditorial, ibid., 22.4.

55  Voir les ouvrages de John C. Burnham, The Discovery of the Unconscious (New York, 1970) et de Lancelot L. White, The Unconscious before Freud (New York, 1960) ; « à la mode » : White, p. 169.

56  Bertrand, Psychologie de l'effort, p. 34.

57  Dr Forel, 1er Congr. hypn. exp., p. 123.

58  W***, L'Initiation, 2 : p. 10.

59  Annales médico-psycholique, 2 : p. 43-51. Mêmes conclusions in Revue sanitaire de Bordeaux, vol. 1888 et Science pour tous, p. 247.

60  Sarty, Suicide, p. 19, qui parle encore de « ce cancer qui ronge sourdement la société ».

61  Mode etc. : Nouvelle lune, 10.3 : p. 2. Socialistes : Parti ouvrier, 25.8 : p. 2.

62  Constitutionnel, 16.2 : p. 3.

63  Le Parisien, 14.4 : p. 1 ; cf. L'Égalité, 16.4 : p. 1.

64  Lanterne, 19.10 : p. 2. Comique : Indépendant belge, 11.9 : p. 2 Cocasse : Matin, 4.10.

65  Femmes électeurs, p. 11. Cf. Le Parisien, 5.1 : p. 1, Indépendant belge, 11.9 : p. 2, Bouctot, Histoire du socialisme, p. 297.

66  Le Voltaire, 15.2 : p. 1.

67  Association catholique, 1 : p. 199.

68  « Suicide-morbus, » Radical, 22.8 : p. 1, « après ... » Revue-magasin, p. 136.

69  Rosny, Revue Indépendante, 11 : p. 157.

Pour citer ce document

, « Chapitre 19. Les détraquements des esprits», 1889. Un état du discours social, ouvrage de Marc Angenot Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/1889-un-etat-du-discours-social/chapitre-19-les-detraquements-des-esprits