1889. Un état du discours social

Chapitre 20. Les à vau‑l'eau culturels

Table des matières

« Toute dégradation individuelle ou nationale est sur le champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage ». Cette thèse de Joseph de Maistre semble impliquée dans la manière dont un homme de la fin du siècle passé aborde l'« évolution » des belles lettres, réagit aux changements linguistiques, aux vulgarités de la presse, de la « blague », de la réclame, du « puffisme ». À société qui roule à vau‑l'eau, littérature « décadente »... Et c'est ce que les « jeunes » autour d'Anatole Baju ont voulu rétorquer aux bourgeois : « vous ne croyez pas si bien dire ! » C'est ce qui a guidé le choix comme pavillon littéraire du terme de « décadents » (et de « zutistes », de « déliquescents »), « Notre littérature de décadence », ce fut d'abord, un lieu commun des journalistes, avant d'être repris par provocation par quelques jeunes écrivains qui y mettaient une nuance : dans la Rome du IVe siècle, dans Byzance assiégée, tout s'en va, tout meurt, tout s'effondre, mais il arrive que des formes d'art, faisandées peut‑être, artificielles, étranges mais originales, viennent à naître.

Nous allons considérer la vision des décadences dans toute son extension : la langue se dégrade, la littérature est tombée dans la pornographie, la logorrhée, le commercialisme, le journal va remplacer le livre ; sa ration quotidienne de mensonges, de blagues, de sensation éphémère affole et détraque le public ; le « barnumisme » de la réclame moderne témoigne d'un mauvais goût croissant et préfigure une société « à l'américaine »...

La réforme de « l'ortografe »

Un certain Paul Passy, grammairien chimérique, lance en 1889 un bulletin, La nouvèle ortografe, journal enciclopédique. Il prône une réforme radicale de l'orthographe, obstacle insurmontable à l'éducation populaire. Ch. Lebaigne publie chez Belin une autre Réforme orthographique : « chevaus, filosofie, seur, analise, au‑desus »... Un Lausannois, J. Ferrette, se montre plus intrépide encore avec son Traité d'ékritur fonetik. Un nommé Mack propose, lui, une réforme de la grammaire : supprimons les subjonctifs imparfaits !1. On aurait pu laisser à leurs rêveries philanthropiques ces innocents philologues. L'opinion lettrée choisit de prendre l'affaire au tragique. Des pétitions se mettent à circuler. Michel Bréal, L. Havet, Jules Lemaître, Francisque Sarcey interviennent et poussent les hauts cris. « C'est à frémir [...] ânerie [...] aberration [...]. Ne méprisez pas ce beau français poli par les siècles [...] Ni le volapük, ni la liberté orthographique »2. Du volapük et autres projets de langues artificielles, nous parlerons plus loin. Les réformistes ont beau souligner qu'il n'y a rien de rationnel ni d'étymologique dans bien des « chinoiseries » orthographiques, il leur faut bientôt reculer devant la levée de boucliers. Leurs projets sont une atteinte au Code bien aimé : « notre belle langue française a des caprices d'orthographe [...], mais ces caprices ont pour beaucoup d'entre nous, un côté attrayant »3. L'opinion réagit volontiers par la blague supérieure à ce qui dérange ses valeurs et ses fétiches. La Revue générale se propose plaisamment d'« étudier les simplificacions racionèles a aporter a l'ortografe Fransaise »4. Cependant, les lettrés ne plaisantent pas et le raisonnement asymptotique entraîne les esprits vers l'angoisse d'une fin de la langue :

On commence par les mots, on finirait par la langue et ce serait le volapük !
Nous aimerions autant le volapük qui, lui, au moins, n'a pas la prétention d'être du français5.

Le volapük

Le volapük, justement : autre chimère qui figure pour la doxa l'image d'un avenir vidé de tout sens et de toute tradition. Une revue mensuelle fait la propagande pour cette langue artificielle (de pük, langue et vol, monde : langue du monde). Léopold Einstein se fait lui, le propagateur de l'« internacia » du Dr Espéranto (Examen critique du volapük. Paris : Ghio). Ces projets sont ensevelis sous la raillerie générale : « j'en ai encore les cheveux dressés sur le crâne »6. Les gens d'esprit trouvent que c'est la langue idéale pour traduire la poésie des décadents. Ici aussi cependant, la vision crépusculaire d'un avenir amnésique et barbare étreint les cœurs. Ernest Renan, recevant J. Claretie à l'Académie, se laisse aller à une sombre prédiction que la presse reprendra avec des commentaires affligés :

Dans mille ans il ne restera rien de nous, tout au plus quelques de‑mis‑pages accompagnées d'une traduction interlinéaire en volapük7.

Mort du latin

C'est un troisième signe de la fin d'une culture : le latin se meurt, le latin est mort (et le grec aussi). Voilà où a conduit « le besoin d'égalité » qui rabaisse « toutes les intelligences au même niveau ». Plus de latin, plus d'élite, plus d'aristocratie intellectuelle. La France disparaîtra avec les langues classiques. Négliger les langues et la pensée classiques, c'est le « péril », « une ruine d'où sortira l'inconnu ». « Le latin se meurt comme mourront notre langue et notre pays si nous ne savons pas les défendre ». C'est au nom de la patrie que les humanistes supplient de ne pas enlever à la France « ce qui lui reste de sa grandeur »8.

De cette déchéance culturelle, la menace du volapük et l'agonie du latin ne sont que les signes trop certains. Tout indique que les valeurs de culture ne sont plus sacrées : « C'est Ludovic Halévy choisissant les mythes immortels de la Grèce comme thèmes d'opérettes obscènes »9. Pour Drumont et ses pareils, c'est le « sémitisme » qu'il faut accuser en effet de la profanation des lettres et des arts : les sémites auront bientôt gagné et « les poèmes d'Homère comme l'Évangile, tout sera livré au mépris »10.

L'art véritable disparaît. La littérature saine et belle a cédé la place aux esthétiques monstres : Zola‑caca, Rimbaud‑voyelles, Mendès‑perversions sexuelles, Péladan, Mallarmé... « Un fameux brouillard passe sur la littérature en ce moment. Un tas de mufles des lettres « réussissent à détruire ce qu'on croyait nous être resté après nos malheurs : le bon goût »11. Les amateurs d'arts mineurs n'ont pas l'esprit moins crépusculaire : la vieille chanson française est morte, les inepties du café‑concert en ont eu raison. L'opérette même est « un genre qui s'en va, se dégrade »12. La peinture aussi « roule vers les débâcles ». Le sentiment d'angoisse crépusculaire devant un art à la dérive s'exprime même dans les revues d'avant‑garde :

Actuellement, un désarroi règne. Pas d'école. Pas de grande idée. La foule s'arrête aux Bonnat, aux Duran, aux Wauters, aux Giron – à tous les étrangleurs de l'art. Des artistes curieux, des rêveurs, tels Redon et Moreau, des mordants, tel le grand Rops qui effigie son temps d'un burin acerbe et brûlant, se tiennent à l'écart. Mais généralement, c'est un pillage éhonté des classiques, des romantiques, des réalistes, ou même, en d'autres siècles, des gothiques et des flamands. C'est, à chaque Salon, une salade de toutes les écoles. Période prostituée, truquant abominablement, pilleuse, banale, courant les trottoirs et raccrocheuse. L'ère nouvelle qui doit surgir ne se dessine pas encore de façon nette13.

L'aventure des « Arts incohérents » – dadaïsme aux canulars honteux d'une avant‑garde en désarroi – amuse un peu les chroniqueurs qui voient dans ces farces de rapin un rappel au bon sens14. Pour comprendre la récurrence de ces cris d'alarme et soupirs d'angoisse devant les signes multipliés d'une agonie culturelle, il convient de montrer dans quelle problématique s'inscrivent dénonciations et protestations. On s'attardera d'abord au discours sur les lettres.

Une littérature au kilogramme

D'abord, le sentiment d'une surproduction du livre, de l'imprimé ; la machine s'est emballée, on imprime de plus en plus, n'importe quoi ; on lit du reste de moins en moins, de plus en plus mal. « C'est par millions de kilogrammes que se débite annuellement le papier imprimé », écrit avec horreur Maurice Spronck dans son essai de théorie esthétique, Les Artistes littéraires. Le chroniqueur parisien Aurélien Scholl, lui fait écho : « Si l'agriculture manque de bras, on ne peut pas dire que la littérature manque de plumes. Dix volumes par jour... »15. Quelle est cette « littérature » dont l'abondance se mesure désormais en kilogrammes ? Qu'en est‑il de cette « américanisation » des lettres (le mot est de J.‑K. Huysmans) qui appelle la statistique ? Près de cent mille personnes à Paris travaillent, dit‑on, dans le journalisme, celui de la presse quotidienne (149 titres) ; de l'hebdomadaire satirique (35 titres) ; financier ; d'actualité illustrée ; d'opinion, de vie mondaine et boulevardière, etc. Cela forme, écrit M. Du Seigneur, « une armée immense, grossissant chaque jour et se recrutant un peu partout »16. Les éditeurs‑libraires en concurrence saturent le marché et de cette saturation, les contemporains sont bien conscients. L'« Année 1889 », en une prosopopée burlesque, déclare :

En littérature, je continuerai la tradition de stérile abondance [...] Les auteurs à succès auront leur roman annuel tiré à 40 000 exemplaires... sur la couverture17.

La « pléthore des romans », tel est le thème du jour pour les chroniqueurs parisiens qui n'en peuvent mais. Il est vrai que les tirages sont gonflées pour faire croire au succès ; que, même pour des signatures moyennement connues, l'écoulement peut être bien problématique ; le « four » menace toujours ; l'éditeur doit se défaire des invendus non plus par le « pilonnage », mais par le solde (déshonorant) des « bouillons » ou par le « bazardage » (par caisses vers l'Argentine ou le Paraguay). C'est la grande époque du bouquiniste chez qui aboutissent par centaines les livres à l'état neuf.

Au bout de cette évolution, une angoisse s'est fait jour : l'angoisse du déchet. L'artiste, qui attend de la postérité le verdict ultime, se demande ce qu'on lira un siècle plus tard de cette cohue d'œuvres littéraires. C'est encore la question que pose Renan, lors de la réception de Claretie à l'Académie française : que restera‑t‑il de tout ce qu'on imprime aujourd'hui ? (Il sous‑entend la réponse en prophète désabusé : rien.) « Je pense en effet que le déchet du siècle sera énorme », commente P. Desjardins et tous les chroniqueurs d'approuver18. Les contemporains devinent que la postérité sera cruelle à proportion même des efforts d'originalité des gens de lettres : « on voulait du nouveau à tout prix. Il s'établit une surenchère de paradoxes. Un grand affaiblissement moral fut la conséquence »19. Ce que Renan omet dans sa diatribe réactionnaire, c'est que les conditions d'une littérature d'élite, distinguée, reconnue, « fruit de rares efforts et de dons exquis », ces conditions ont simplement disparu. « Les lettres, c'est un fait, subissent actuellement une crise dont les effets vont du roman au théâtre », écrit P. de Lanc. Lui, qui pose au progressiste, applaudit aux efforts des jeunes, mais l'inquiétude se fait jour : cette « fièvre de nouveauté » avec tant de « lamentables élucubrations », est‑ce là être novateur ? Où ira‑t‑on dans l'inflation, la surenchère, la fuite en avant ?20.

La littérature ‑ marchandise

Rien n'a pu y faire : tout au long du siècle, la librairie et la presse s'inscrivent et se développent dans le marché commercial – et cependant le caractère vénal de l'édition littéraire demeure intolérable pour l'artiste. Quand bien même celui‑ci vit de sa plume, la contradiction entre valeur esthétique et valeur marchande ne cesse de l'indigner ; tout gros succès commercial est senti par les confrères comme un peu honteux (on l'a fait assez comprendre à Daudet ou à Zola). La « vénalité de la littérature » est perçue comme l'indice de la fin d'un monde. Si de moins en moins d'écrivains vivent de leurs rentes, mais beaucoup de traitements et émoluments divers, l'idée que toute préoccupation commerciale ne peut qu'entraîner la « corruption de l'art » reste un dogme indiscuté. Or, justement, « la littérature est devenue une affaire commerciale »21. C'est pourquoi le marché littéraire « flatte le mauvais goût » des masses au lieu de leur prêcher l'Idéal. Ce disant, Jules de Glouvet ne fait que répéter un topos qui traîne depuis le romantisme.

La littérature vénale a dû se plier au « goût démocratique », au goût des masses philistines. Ce qui est apparu avec la IIIe République, nous dit‑on, c'est cette chose paradoxale ; le livre vulgaire. L'ancienne brochure de colportage, le roman‑feuilleton en fascicules correspondaient à des réseaux à part ; les romans pour bonnes d'enfants et pour ouvriers ne menaçaient guère les belles lettres. Aujourd'hui, ce sont les mêmes éditeurs du champ littéraire qui publient une pacotille sans nom de grivoiserie, de sensationnalisme, de sentimentalité. Le digne‑d'être‑imprimé a subi une dévaluation effrayante. Le rite de passage du livre a perdu de son pouvoir légitimant. Quelle gloire tirer d'avoir son roman reçu chez Ollendorff, alors que chez cet éditeur, Georges Ohnet prospère avec ses 150 mille garantis, à coup d'effets de mélo, de charabia et de fautes de syntaxe ? Le seul effet de masse de cette production engendre « une sorte de lassitude d'esprit, un dégoût croissant pour les idées et les œuvres sérieuses », assure‑t‑on22.

Aujourd'hui plus de conteurs. Des psychologues, des pousse‑pousse de scalpels, des champignonnistes de vices nouveaux et de maladies de la décadence23.

La thèse implicite, qui a quelque relent économique, est que la mauvaise monnaie chasse la bonne. Les lecteurs ont changé ; un public inculte impose son mauvais goût à des écrivains qui se prostituent pour lui plaire. Le roman est un genre condamné parce qu'il « semble mis en tutelle par les femmes ». La lecture de romans « devient pour les femmes une véritable cause d'abaissement », note sententieusement Renan24. « Il n'y a presque plus que les femmes qui lisent le roman, c'est un fait : les hommes n'ont pas le temps », déclarera Anatole France un peu plus tard. C'est Georges Ohnet qui est devenu la cible de tous les « vrais » artistes. Ses romans ne visent qu'à « plaire aux mondaines bien pensantes » car « les femmes surtout lisent les romans »25. Tout le monde daube sur Georges Ohnet que Jules Lemaître a exécuté dans une chronique fameuse en 1886. La haine dont Georges Ohnet fut poursuivi sa carrière durant par les littérateurs distingués, qui firent de lui le parangon de l'infâmie esthétique, ne s'explique pas seulement par la bassesse de son succès ; Ohnet accomplit la suture entre littérature et paralittérature : il instaure ce « niveau moyen », cet arlequin‑ragoût esthético‑commercial que plus tard on nommera bestseller. C'est chez Ollendorff qu'Ohnet publie ses romans, « non seulement dépourvus d'originalité, mais même d'intérêt » et c'est le public bourgeois qui prend ces choses pour des livres :

Le Docteur Rameau est le grand, l'unique succès du jour. C'est par piles, par monceaux que les exemplaires de ce roman s'entassent à la devanture des librairies26.

Une marée pornographique

Signe plus certain encore de la décadence des lettres et de la délicatesse, la pornographie triomphante, la « marée montante de livres et de gravures obscènes » comme dit le Dr Reuss dans son livre sur la Prostitution (p. 44). À ses yeux comme à ceux de tous les commentateurs, la pornographie a envahi tout le champ artistique, depuis la littérature de vadrouille et les cartes transparentes qu'on vend sur les boulevards jusqu'à Zola, Maupassant et autres écrivains à prétentions novatrices. Ce qu'on appelle alors hyperboliquement « pornographie » forme un monstre à plusieurs têtes : la « petite presse » de gaudriole, la littérature boulevardière libertine, en symbiose avec le Courrier français et le Gil‑Blas, et le naturalisme avec ses « outrances ». « Ces ouvrages d'une obscénité révoltante [...] s'enlèvent comme des petits pâtés »27.

Le temps est aux livres pimentés [...] Quand dans un siècle, nos arrières petits‑fils liront nos productions, ils jugeront sévèrement notre roman moderne qui cherche son succès dans la pornographie et bat monnaie avec la fange et la boue28.

Sans doute, les romanciers de l'écurie Gil‑Blas indignent les gens de goût. Catulle Mendès surtout qui « avec son flair de juif » fait carrière dans la cochonnerie29. Mais aussi R. Maizeroy, A. Belot, Armand Silvestre, Richard O'Monroy, Dubut de Laforest qui « prostituent » leur talent en concoctant des aphrodisiaques pour boulevardiers et pour demi‑mondaines. Ce sont cependant Émile Zola et les naturalistes qui continuent surtout d'indigner et cette indignation n'est pas limitée à la presse conservatrice ou à la province. Dans les revues distinguées, et même dans la petite presse symboliste, on peut voir une ligne de partage entre une minorité qui proclame le talent « épique » de Zola, qui admire sa recherche de la « vie », de la « vérité » et une majorité qui a pour elle un retour de l'opinion : trop c'est trop, – trop de boue, trop de bassesses « physiologiques ».

Le naturalisme

« Nous vivons sous le règne du naturalisme »30. Il est temps que ce règne prenne fin : « Attention, vermine, le public regimbe. Il a assez de nausées et d'écœurement ». C'est une revue de gauche qui affiche cet avertissement31. Le dégoût qu'inspire Zola est un topos de la conversation mondaine32. L'œuvre de Zola demeure aussi un excellent sujet humoristique :

Si Zola a un jour sa statue, elle sera en m...33.

Quelques chroniqueurs de la presse mondaine savent que leur public, avide de snobisme, est prêt à abandonner aux gens moins à la page « la légende vieillie de grossier pornographe » qui accompagne Zola34. Cependant l'indignation demeure tenace. Sa candidature à l'Académie est un « scandale », mais hélas « tout est possible dans ce pays en pleine décomposition »35. Zola est à blâmer au nom du bon sens et du goût. Comme l'écrit de La Terre Léonce de Larmandie, « un homme respectable ne signe pas de pareilles horreurs »36. On s'accorde aisément sur la nature de « l'erreur esthétique » de Zola : il a choisi le « matérialisme » et a négligé l'Idéal sans lequel il n'est pas d'art véritable, comme le démontre J. de Glouvet dans un manifeste antizolien37. Reproduire la nature, est incompatible avec l'art, « c'est presque un non‑sens » puisque tout art est idéaliste38. On ne sort pas de là. Et Renan approuve sententieusement :

La réalité, hélas, on la rencontre à chaque pas. Elle n'a pas besoin d'être documentée ; nous ne la connaissons que trop bien39.

Une concession oratoire s'impose ici. Soit, qu'on cherche à peindre le réel tel qu'il est ! Mais pourquoi « l'outrance », « l'exclusivisme » de la vilénie ; d'où vient ce goût de la « malpropreté » ? C'est ici que H. Lavedan diagnostique « la dépravation littéraire » du naturalisme40. « Mon devoir est de faire entendre un cri d'indignation contre toutes les malpropretés plus ou moins littéraires ». Il ne mâche pas ses mots : « boueux de la plume... ignominies... fumier... encre putride... fange ». La devise du naturalisme devrait être : « Toujours plus bas ».

Le naturalisme réalise dans l'art le mundus inversus : haine du beau, du noble, de l'idéal. À leur place, goût du bas, du laid, de l'ignoble. L'école naturaliste étale « sans aucune recherche d'art les tableaux les plus répugnants »41. C'est l'« apologie des bas instincts », « la peinture complaisante de nos platitudes sociales »42. Les naturalistes ont mis dans cette perversion l'exagération d'un système. Choix des sujets pour leur abjection même : « l'histoire des amours d'un innommable drôle pour une bonne à tout faire tombée à la prostitution et à l'ivrognerie », voilà Germinie Lacerteux43. Le naturalisme est « partial » dans la dépravation. On peut vouloir peindre une fois un fumier, mais ne faire que cela !... Prétendre n'étudier que « le physiologique » et omettre « l'âme », n'est‑ce pas un parti‑pris inacceptable ? Le but évident des naturalistes est de « fausser l'esprit public » et « détruire les principes moraux » et ne peut s'expliquer que par la recherche éhontée du « succès d'argent »44. L'étude du « physiologique » c'est peu dire : ils n'ont somme toute peint que le vice ; ils sont tombés dans « un exclusivisme absolu au profit des vices les plus honteux, des perversions souvent contre nature »45. Une poignée d'images polémiques accompagne la dénonciation des bassesses naturalistes : air malsain, boue, ordure, puanteur - ce ne sont que des litotes : Zola est « le Marchand de m... », sa littérature est une obsessionnelle « coprologie », une « fureur scatologique »46. Même coprolalie pour caractériser l'œuvre de Camille Lemonnier, « ce Welche [...] dont le style a un perpétuel relent de purin »47. Le recueil de celui‑ci, Ceux de la Glèbe, recherche d'obscénité, « délectation dans la puanteur », relève de la psychopathologie :

Les lecteurs qui bravent la nausée et ne craignent pas les virus putrides pourront faire dans ce livre typique une étude assez curieuse de pathologie littéraire48.

C'est la limite ad quem de la dénonciation crépusculaire, les naturalistes sont des malades mentaux : « chefs‑d'œuvres pathologiques », « cervelle fêlée et malade », « folie humaine, folie bestiale »...49. Que cette littérature malade soit le témoignage du goût démocratique ne surprend pas. Le naturalisme est « au niveau du goût, des habitudes, des vilenies de cette basse couche qui arrive non décrassée au soleil de la littérature ». Le wagnéro‑décadent Joséphin Péladan confirmera ce rapprochement : « je vois dans le naturalisme un synchronisme du Suffrage universel et le protagonisme anti‑esthétique de la canaille »50. La réaction contre le naturalisme qu'expriment en 1889, France, Barrès, Loti, la Plume, la Revue blanche, la Wallonie, le Décadent, la Revue libre, la Pléiade, la Vogue, me semble conditionnée par le désaveu de cette alliance dégradante avec les basses classes.

La conviction s'est faite que la formule fausse et sommaire du naturalisme a fait long feu : on en revient à « l'âme », au « fait significatif ». Le naturalisme a « fait faillite », « banqueroute » vont répétant Renan, Brunetière, France et bientôt Huysmans. Il n'était pas viable. C'était un « avorton » esthétique. « En peinture comme en littérature, une réaction se fait en faveur des œuvres simples et idéales »51. La critique applaudit à la parution du Disciple de Paul Bourget ; on sort de ce « bas naturalisme » où « le roman est embourbé ». C'est le moment de prophétiser rétroactivement : la formule de Zola « était condamnée d'avance » : « on passa des années à croquer tous les singes, tous les magots, tous les hébétés, tous les détraqués de ce bas monde ». Voici enfin revenu le « roman psychologique » (Bourget, Barrés, Rod, Rodenbach) : « au lieu d'observer la fange, il sonde les âmes ». Quel soulagement ! L'espoir d'une justice immanente anime le commentaire, le naturalisme a été une perversion, mais la parenthèse est refermée et la postérité lui sera sévère : « après eux [les Naturalistes], il n'y aura rien d'eux. Et ce sera justice »52.

Les décadents

L'identification du naturalisme comme dépravation et pathologie se heurte dans les secteurs avancés à d'occasionnels jugements favorables : Zola est un lyrique de la vie et de la vérité. Pour la poésie d'avant‑garde au contraire, l'indignation ébahie occupe tout le terrain ; seules les « petites revues » font, en un style obscur, l'apologie du « symbolisme ». La consternation irritée s'exprime partout ailleurs. Cette avant‑garde, la presse et les lettrés l'appellent les « décadents » : l'étiquette choisie par Baju a fait florès et pour le public cultivé les « décadents », c'est à peu près tout ce qui n'est pas « naturaliste » : il y a deux dépravations concomitantes de la littérature. « Modernistes », « symbolistes », « décadents » sont synonymes jusque chez les critiques informés, mais c'est l'étiquette de « décadents » qui prime. Dans ce groupe, il y a un peu tout le monde : Verlaine53, Mallarmé qui est « le grand prêtre » du décadentisme54, Aristide Bruant55, Barrès, les wagnériens comme Péladan, les baudelairiens comme Rollinat, les romanciers des « dégénérescences » comme Rachilde ou Huysmans. Le choix même du mot « décadents » trahit la dépravation des « jeunes esprits »56. Dans décadent, il faut lire : dépravé, pervers (« les chapelles poétiques de la Gomorrhe décadente »)57, « les baraques foraines qui sont tenues par les Impressionnistes, les Intentionnistes, les Funambulesques, les Décadents, les Hydropathes et autres impuissants »58.

L'anti‑esthétique des décadents est une recherche de la forme artificielle (alors que la poésie doit être spontanéité lyrique) et de l'obscurité (alors qu'elle doit être émotion limpide). « Style amphigourique plein d'inversions et de mots baroques [...], j'aimerais autant le volapük », « élucubrations absconsement géniales », comprenne qui pourra !59. Tous ces décadents sont des fumistes, d'aimables farceurs, des déséquilibrés, des fantoches avec une « fêlure »60. Les patriotes expliquent le décadentisme, poésie de névrosés qui « se pâment » sans éprouver de sensation, par « l'accablement général » de la France vaincue en 1870. Le décadentisme disparaîtra sous le rire « quand nos drapeaux troués reviendront de là‑bas, nous rapportant le coin de terre sous lequel git notre gaîté »61.

L'actualité judiciaire vient d'apporter la preuve que le décadentisme conduit à la folie et à la mort. Un jeune Oranais, Henry Chambige, venu faire ses études à Paris, avait fréquenté Bourget et les « cercles décadents ». Retourné en Algérie, il séduit une mère de famille et fait avec elle un pacte de suicide. Elle meurt, il se rate. Voilà où mène la poésie décadente, ainsi que le prouvera l'avocat général aux Assises de Constantine. Chambige est condamné comme coupable de « suggestion criminelle » et de poésie d'avant‑garde. C'est trop peu : quand il sortira de prison, il ne sera peut‑être pas perdu pour « l'art décadent et la psychologie documentaire ». Anatole Baju avait nié que Chambige fût un vrai décadent : beaucoup trop romantique pour cela ! Mais C. de Larivière insiste sur son diagnostic : Chambige est un « moderniste » donc un « décadent » : il conçoit l'amour à la façon des « symbolistes‑décadents », en matérialiste et pessimiste qui « réclame des satiétés étranges ».

Que tous les décadents pris dans l'engrenage amoureux d'une femme en puissance de mari, soient prêts à faire comme le pauvre garçon de Châteaudun‑du‑Rhummel, cela est très loin de ma pensée ; – car, je l'ai dit, il y a les esprits faits et ceux en éclosion ; – mais, nul mieux que lui, n'a mis en pratique l'évangile des décadents, alors que d'autres se bornaient à le prêcher62.

Les polémistes républicains expliquent par le même mal décadentiste le passage de l'esthète « déliquescent » Maurice Barrès au boulangisme, équivalent politique de la pathologie littéraire :

Le boulangisme est un décadentisme politique, et le décadentisme un boulangisme littéraire63.

De toutes parts, le jugement sur le crépuscule des lettres confirme les angoisses. L'innovation est devenu synonyme d'inversion, de perversion esthétiques (et bientôt de criminalité pure et simple), de culte de l'inintelligible : déterritorialisation est ici perte du sens, du sensible et du sensé. L'art nouveau est une pathologie.

Ceci tuera cela : le Journal contre le Livre

Tandis que la littérature se suicide, la montée de la presse de masse forme un autre processus délétère : l'actualité se substitue au durable, le hâtif à l'achevé, l'éphémère à l'éternel, le « tirage » à la qualité. En l'année 1889, le « ceci tuera cela », – le Journal tuera le Livre, la publicistique triviale étouffera l'écriture littéraire, – ces thèses se trouvent exacerbées en une atmosphère de crise, de « déstabilisation » de la forme‑livre par le périodique. L'imprimé‑qui‑se‑jette et se consomme à un rythme accéléré étant devenu la forme dominante est perçu comme une menace, à la fois dans l'ordre matériel et dans l'ordre du statut symbolique, pour l'écriture littéraire et pour le livre. Le journalisme, dans son foisonnement, dans son abondance et dans sa « vulgarité », met en question le prestige et la légitimité du labeur littéraire. L'homme de lettres subit avec angoisse le côtoiement de son double « dégradé », le journaliste, le publiciste. Il faut rappeler que l'interférence du journalisme et des belles‑lettres, les dangers pour l'homme de lettres de « tomber » dans le journalisme constituent un problème qui émerge et qui fait l'objet de toutes sortes de stratégies réactives depuis l'orée du XIXe siècle. Dès la Monarchie de Juillet, avec la naissance de la grande presse (Émile de Girardin) et du feuilleton‑roman, des cris d'alarmes sont lancés dans le monde littéraire contre la « littérature industrielle » et contre les tentations du « journalisme », de l'écriture de consommation accélérée. De Sainte‑Beuve à Alfred Nettement, on connaît toutes sortes de textes qui, – alors que la presse moderne et la littérature de masse sont à peine dans l'enfance, – montrent les caractères redoutables de ces nouveautés et cherchent à préserver une certaine image désintéressée de l'activité littéraire, du livre, et de l'homme de lettres. « Le journal écrase tout, supprime tout ce qui n'est pas lui », écrivait J. Fremy dès 1878. Pourtant l'apogée du journal vient après 1881 sous le régime juridique nouveau « donnant même à la diffamation et l'outrage une liberté à peine réprimée »64. Tous les contemporains, réactionnaires ou progressistes, assistent avec une angoisse et un dégoût toujours perceptibles dans leurs propos, à cette aurore de la société « médiatique » où le sensationnel et l'« information à outrance » altèrent radicalement l'économie de la circulation discursive et les lois de la doxa. Vers 1830, on redoutait la naissance du journalisme ; on regrette aujourd'hui cet ancien et respectable « journalisme littéraire » qui va céder la place au « reportage », au « journalisme télégraphique »... Charles Morice, grand critique de l'avant‑garde, affirme la frontière absolue entre les deux langages comme un axiome du credo des esthètes symbolistes :

Je ne pense pas avoir à spécifier en quoi la Littérature et le Journalisme, bien qu'ils emploient le même alphabet, constituent deux arts absolument étrangers l'un à l'autre65.

Or, dit la doxa, la littérature, la philosophie reculent. La presse « règne », elle est devenue « toute puissante » sur l'opinion66. Ce que l'on condamne dans le journal, ce sont trois caractères axiomatiques : la surabondance, – « l'information à outrance », – l'obsolescence immédiate, la déstabilisation du langage sensé par la « sensation », « l'ineptie », la « blague », le mensonge. C'est Zola qui trace le tableau le plus apocalyptique de l'invasion, du déluge journalistique, de l'effet déterritorialisant de la nouvelle presse :

De plus en plus nous sommes accablés sous le monceau de papier noirci qui croule chaque matin. Où s'en vont donc tous les vieux journaux ? Cela est terrible à penser, ces millions de numéros qui disparaissent, inutiles, vieillis en deux heures.
[...]
Le virus de l'information à outrance nous a pénétrés jusqu'aux os, et nous sommes comme ces alcooliques qui dépérissent dès qu'on leur supprime le poison qui les tue. Il serait si bon de ne pas porter dans le crâne tout le tapage du siècle67.

L'horreur devant les « débordements » de la presse nouvelle n'est pas qu'un lieu commun des réactionnaires (« la licence effrénée d'une presse immonde.... »), ni qu'une attitude hautaine d'esthètes. Tout progressiste et démocrate qu'il se veuille, Zola regimbe devant le développement de la presse, cette « course folle à l'information » dont il ne voit pas les mobiles ni la raison. Le diagnostic de pathologie est bien marqué dans la diatribe de Zola. Le journalisme, comme il l'indique, est un autre langage : langage de la « nouvelle à sensation », de l'émotion brutale, du « commérage », de la « blague » devant laquelle rien n'est sacré, du grossissement, de l'exagération, de l'hyperbole, du « tohu bohu des polémiques », de l'outrage, de la diffamation68. La France s'américanise (rappelons‑nous la force de cet idéologème).

En devenant américains, nous nous condamnions à une presse américaine. De là des exagérations de polémique, des violences, des épithètes énormes, l'habitude de grossir tous les faits.
Que de bêtises et de mensonges lancés à la pelle dans la circulation ! Qu'importent la logique et la vérité, pourvu que le numéro du matin ait sa nouvelle à sensation, note Zola de son côté69.

La pente de cette doxa conduit toujours au même sème : folie. La presse est devenue folle et elle rend fou. Elle « ruine et désagrège la raison publique », elle tient la nation dans un « état de surexcitation nerveuse »70. La presse est un instrument de « suggestion sociale » aux dépravations, au meurtre, au suicide. Elle est « contagieuse », elle « intoxique »...71.

Notes

1  Gaulois, 18.10 : p. 1.

2  Pl. Provençal, 13.10 : p. 1. Voir Bréal, Revue des Deux mondes, 96 : p. 492, Magasin pittoresque, p. 283-284 ; Sarcey, Pt. Marseillais, 9.7 : p. 1.

3  Gazette anecdotique, 2 : p. 189-190.

4  I,  p. 37-41. Idem. Radical, 27.1 : p. 1.

5  Lemaître, Contemporains, 5 : p. 278 et Gazette anecdotique, p. 190.

6  Don Quichote, 9.11 : p. 2.

7  Débats, 7.6 : p. 6.

8  Indépendance belge, 10-11.6.

9  Drumont, Fin d'un monde, XVI.

10  Kimon, Politique israélite, p. 21.

11  Le Grincheux, 5.1 : p. 2.

12  Progrès artistique, 2.3 : p. 1.

13  E. Demolder ; Société nouvelle, p. 40.

14  Voir Daniel Grojnowski. « Une avant‑garde sans avancée : les 'Arts in cohérents', 1882-1889 », Actes de la Recherche,  p. 40 : 1982.73.

15  Spronck, Artistes, p. 5 et Scholl, Matin, 26.6 : p. 1.

16  Du Seigneur, Paris, voici Paris, p. 270.

17  Figaro, 1.1.

18  Revue bleue, 1 : p. 281.

19  Renan, Réception de M. J. Claretie.

20  P. de Lanc, L'Événement, 1.4 : p. 1.

21  J. de Glouvet, Marie Fougère, p. 15.

22  E. Caro, Variétés littéraires, p. 303.

23  Scholl, Matin, 29.6 : p. 1.

24  Goudeau, Feuille libre, 1 : p. 2 et Renan, op. cit.

25  Radical, 10.2 : p. 3.

26  Ibid.

27  Pemjean, Cent ans après, p. 147.

28  Virmaître, préf. à Bousquet, La Dominicaine, VIII-IX.

29  « ... Une Justine ornée comme une Hérodiade et dansant la danse obscène dans un rythme lent... » (Drumont, Fin d'un monde, p. 96).

30  Samedi-revue, IV, 1 : p. 4.

31  Le Grincheux, 5.1 : p. 2.

32  Cf. Morel, L'ignorance acquise, p. 79.

33  Pt. Journal pour rire, n°108.

34  Supplément littéraire du Figaro, 26.10 : p. 1.

35  Journal du Peuple (bonap.), 9.11 : p. 1.

36  Faubourg St-Germain, p. 27.

37  Préface à Marie Fougère.

38  Lenoir, Histoire du réalisme, p. 341.

39  Renan, Réponse à Claretie.

40  Parisis (H. Lavedan), Grande Revue, 1 : p. 386.

41  Du Seigneur, Paris voici Paris, p. 287.

42  Schuré, Grands initiés, Introd.

43  R. de famille, 1 : p. 121.

44  Chaudordy, France en 1889, p. 19.

45  Lenoir, op. cit. 710.

46  Air malsain : Indépendant littéraire, p. 78 ; plumes trempées dans la boue et l'ordure : Europe artiste, 24 : p. 2 ; ordure pestilentielle : Chadourne, Café‑concert, p.350 ; toute puanteur le délecte : Revue générale, 1 : p. 57 ; marchand de merde : Glavet, Vie parisienne, p. 74 ; coprologie : Dnimont, Fin d'un monde, p. 94.

47  Corsaire, 30.3.

48  Revue générale, I, revue bibliographique, p. 57.

49  Respectivement cité de : Bergerat, Amour en République, p. 91 ; Europe artiste, 24.2 ; Pt. Provençal, 10.3 : p. 1.

50  Héricault, France révolutionnaire, p. 743 et Péladan, dans Enquête sur l'évolution littéraire de J. Huret (1891).

51  D'Hailly, Livres en 1889, II, p. 27.

52  Sur le Disciple : Brunetière, Revue des Deux Mondes, 94 : p. 226 ; G. Sarrazin, Nouvelle Revue, 2 : p. 299-301 ; « au lieu d'observer... » : Revue générale, p. 405 ; « Après eux » : Lano, Après l'amour, 18.4.

53  L'Univers, 9.4 : p. 3 cite in extenso l'« Art poétique » de Verlaine : ce n'est pas tout à fait du « décadentisme » : « cela au fond est grotesque mais reste lisible ».

54  Du Seigneur, Paris voici Paris, p. 291.

55  Laurent, L'Année criminelle, p. 190.

56  Scholl, Martin, 29.6 : p. 1.

57  Coup de feu (socialiste), 64 : p. 253.

58  Le Monde, 21.1 : p. 2.

59  D'Aigenay, Le Parisien, 20.4 : p. 1 et Du Seigneur, op.cit., p. 291.

60  Fumistes : Nestor, Figaro, 29.4 ; farceurs : Progrès Social, 12.1 : p. 4 ; déséquilibrés : Temps, 31.10 ; fantoches, fêlure : Dr Gérard, Grande névrose, p. 340.

61  Petite Revue maritime, p. 52 et Univers, 8.1 : p. 1.

62  Revue générale, p. 5.

63  Sybil, Revue bleue, 2 : p. 645.

64  A. Lajeune-Vilar, 1845, p. 9.

65  Morice, Littérature de tout à l'heure, p. 292.

66  « Il n'y a plus que deux puissances dans le monde : la Papauté et la Presse » (Renan, Figaro, 21.8 : p. 1). « Depuis 50 ans c'est la presse qui règne et qui gouverne. C'est elle qui fait et défait les souverains, les ministres les lois et les fonctionnaires. La presse fait l'opinion et maintenant tout cède, tout obéit à l'opinion publique » (Le Vrai patriote, 3.6).

67  Zola, préface à Chincholle, Mémoires, VI-VIII.

68  Sarcey ; R. journaux & des livres, p. 248.

69  Bonhomme français, 27.10.

70  Kimon, Politique israélite, p. 84 et Zola, loc. cit.

71  Guyau, Éducation et hérédité, p. 11.

Pour citer ce document

, « Chapitre 20. Les à vau‑l'eau culturels», 1889. Un état du discours social, ouvrage de Marc Angenot Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/1889-un-etat-du-discours-social/chapitre-20-les-vau-leau-culturels