Chapitre 4. La chose imprimée : statistiques et données matérielles. Statut légal
Table des matières
Il ne saurait être question en ces quelques pages que de rassembler un certain nombre de données éparses et de statistiques (souvent incertaines et, du côté de tirages et de la diffusion, fort lacunaires) et de fixer ainsi un cadre bibliométrique et institutionnel à la production du discours social par la voie de l'imprimé.
Le nombre des écrivants
Si l'on choisit d'appeler « écrivant » quiconque a publié au moins un livre mis dans le commerce dans le laps de cinq années, – en l'espèce entre 1886‑1890 –, on peut, à partir des noms de vivants du Catalogue général de Jordell/Lorenz, évaluer leur nombre à 13 500 environ (ce chiffre exclut les auteurs décédés ; non francophones ; les pseudonymes non percés ; les compilateurs, les traducteurs). Grâce à la précision des notices du Jordell/Lorenz, le chiffre a un certain degré de certitude. Cependant sa valeur informative est limitée. D'une part, la catégorie de « faiseur de livres », qui va du romancier à succès au capitaine d'artillerie auteur d'une brochure de balistique, est passablement hétérogène. De l'autre, elle n'englobe pas tous les « écrivants » et « publiants », non seulement les auteurs occasionnels qui ne publient qu'un ou deux livres dans leur vie, mais surtout l'innombrable armée des journalistes et publicistes dont seuls les plus fameux voient leurs chroniques recueillies en volume. Combien y a‑t‑il de gens qui rédigent du texte journalistique dans le seul Paris avec ses 150 quotidiens et ses 2 000 périodiques ? Maurice du Seigneur affirme que « plus de cent mille personnes »1 travaillent dans le journalisme. C'est vague et hyperbolique. Cela indique cependant qu'aucune enquête même laborieuse ne pourrait chiffrer avec rigueur le nombre de gens qui noircissent du papier imprimé en 1889.
D'autres indications peuvent s'extraire des données du Catalogue général.
4 280 personnes ont publié un ou plusieurs livres en français en 1889 (chiffre comprenant lacunairement des francophones hors de France).
Environ 23‑24 % des auteurs dont le lieu de naissance est mentionné sont nés à Paris.
Environ un écrivant sur quatre est « dans la littérature », catégorie large et indécise dans sa périphérie avec le journalisme, la chronique, le récit de voyage, l'histoire anecdotique.
Le livre religieux (écrit par des clercs et traitant de questions religieuses), représente 15 à 16 % du total des titres. Il va de soi que ce pourcentage ne dit rien du tirage, de la diffusion, de l'influence sociale de cette abondante production de littérature édifiante et dévote notamment.
Les médecins forment à eux seuls 16‑17 % de la « population écrivante », maximum absolu pour un champ disciplinaire déterminé. Les gens de droit (magistrats, avocats, notaires, avoués) forment le second groupe en importance par origine professionnelle, avec près de 9 % des noms d'auteurs.
Les femmes qui publient des livres sont un peu plus de 4 %. Parmi elles, une bonne moitié est cantonnée dans la littérature pour l'enfance et l'adolescence. 75 % des « authoresses » produisent dans la littérature y compris les juvenilia. (Une légère incertitude subsiste du fait que nombre de femmes publient sous des pseudonymes masculins, lesquels ne sont pas toujours percés par Jordell.)
(D'après une statistique d'O. Uzanne pour 1894, citée par Aron & al, 1980, 84, il y avait 1 219 femmes inscrites à la Société des gens de lettres et 32 femmes à la Société des auteurs dramatiques. Ce chiffre n'est que vaguement indicatif puisqu'on pouvait être membre de ces sociétés sans avoir une activité soutenue de publication.)
L'incertitude relative des chiffrages ne doit pas cacher les évidences massives. L'écriture imprimée qui est de façon écrasante une affaire d'hommes, est aussi exclusivement l'apanage de gens appartenant à la bourgeoisie haute ou moyenne. Quatre ou cinq ouvrages seulement publiés en 1889 peuvent être attribués, avec une part de conjecture, à des ouvriers (je ne veux pas dire des militants des partis ouvriers ; du Dr Brousse à Jules Guesde, ils n'ont pas l'origine sociale de leur « apostolat » idéologique). Henri Mainguené est très probablement un ouvrier « véritable » qui parvint à faire publier son curieux roman, mélange de pastiche d'Eugène Sue et de « spontanéité » ouvriériste, Les Drames de la vie ouvrière chez Marpon & Flammarion.
Il faut donc souligner, même si l'évidence est banale, combien mince est la portion de la population qui se mêle de produire la chose imprimée. Ce petit nombre stable contraste avec la croissance très réelle des tirages. Tirages des livres à succès : 150 mille (et plus) garantis au cours d'une année pour un roman de Georges Ohnet. 85 mille en dix mois environ pour La fin d'un monde du pamphlétaire antisémite Édouard Drumont. Tirages des publications populaires en livraisons, mêlant des compilations patriotiques, de la pornographie et du gros comique : un premier tirage en moyenne de 60 000‑70 000 est souvent mentionné dans les registres du dépôt légal2. Tirage des grands journaux, des 300 000 exemplaires du très distingué Figaro au 1 000 000 atteints par le populaire Petit Journal. 200 000 exemplaires en premier tirage pour Le Guide bleu de l'Exposition universelle.
Statistique des livres
Nous l'avons indiqué plus haut : les 14 849 entrées de la Bibliographie de la France forment une masse trop hétérogène pour servir de base à la réflexion3. Le Catalogue de Jordell/Lorenz recense 5 260 livres parus en 1889. Vingt ans auparavant la même compilation donnait pour 1869, 4 450 entrées (augmentation modérée de 18 %).
De ces 5 260 « ouvrages », le tiers environ est composé de textes minces, petits livres à 1 F ou moins, plaquettes, brochures, tirés‑à‑part.
Conservons cependant la catégorie de livres au sens large, allant de la brochure au tome d'encyclopédie, et prenons pour base le chiffre de 5 260 ouvrages. 440 de ceux‑ci sont publiés hors de France, principalement en Belgique et en Suisse. Cependant ici le Jordell/Lorenz est tout à fait incomplet. La Bibliographie de Belgique relève à elle seule 1 348 titres, dont 880 environ en français et le reste en flamand. Après le décompte de livres hors de France, on aboutit aux chiffres suivants :
Livres publiés en France : 4 820 titres
Dont à Paris : 3 760 titres
en province : 1 060 titres
(Avec trois villes dominantes : Lyon, Nancy et Tours.)
La « littérature », au sens large qui est celui des bibliothécaires (comprenant tant les belles‑lettres canoniques que le roman pour la jeunesse, la fiction édifiante pour bibliothèque dévote, la pornographie ou la gaudriole pour voyageur de commerce), représente dans cet ensemble 1 280 titres (26,5 %).
On trouvera dans C. Charle, 1979, p. 30, une discussion sur la croissance du nombre de titres de romans de 1840 à 1899. Cette croissance est rapide jusqu'en 1890 puis un « krach » survient, qui correspond à la crise de l'édition littéraire à la fin du siècle :
Romans
1840‑1875 : 218/an
1876‑1885 : 514/an (+136 %)
1885‑1890 : 653/an (+ 27 %)
1891‑1899 : 402/an (- 38 %)
(Je ne conteste pas les chiffres de Charle, mais je pense que la catégorie « roman » telle qu'elle peut s'appréhender à travers le Catalogue de Jordell/Lorenz est trop hétérogène pour alimenter une réflexion sur le « champ littéraire » stricto sensu.)
Le domaine religieux (théologie, livre de piété, histoire religieuse) représente 680 titres (14 % du total). Les ouvrages d'histoire (grande historiographie, érudition locale, compilations romancées ou anecdotiques, ‑ la catégorie est bien floue) sont 480, sans les manuels scolaires. La médecine représente à elle seule 540 titres, maximum net pour une discipline ici encore. Le droit : 280 titres. Archéologie, philologie, folklore : 260. Les autres disciplines et techniques tournent autour de 40 à 60 titres chacune. Les manuels scolaires (du primaire et du lycée) sont au nombre de 160, comprenant les rééditions remises à jour.
Au bout de cette classification, il y a un reste énorme, à la frange du journalisme, de la littérature, de la politique et des sciences morales, qui relève de ce que nous appellerons la « publicistique », c'est‑à‑dire la lecture d'actualité, de débats publics et d'information générale (voir chapitre 23). Cette Publizistik (j'emprunte le terme à l'allemand) englobe :
Ouvrages d'actualité, débats, polémiques, chroniques :400 titres
Voyages, explorations, etc. :140 titres
Une bonne portion d'ouvrages d'histoire mentionnés ci‑dessus et un nombre d'ouvrages de sciences et techniques vulgarisées pour le grand public.
Livres en traduction
....publiés en France, Belgique et Suisse en langue française entre 1886 et 1890 : 1 280 titres (moyenne annuelle de 252)
La littérature (y compris grecque et latine) s'y taille la plus grande part avec : 800 titres.
Statistiques du livre français quatre‑vingt‑dix ans plus tard
Données pour 1979 (Cercle de Librairie) :
Nouveautés 12 215 titres (dont « Littérature », 4 994)
Plus les rééditions : 1 239 titres (dont « Littérature », 268)
Total avec rééditions et réimpressions : 26 687 titres.
Nombre d'exemplaires édités en français en 1979 : 381 millions(Tous ces chiffres sont en croissance très rapide depuis 1960 environ. Voir Cain, 1972, p. 103)4.
Les éditeurs
Presque tous les éditeurs de prestige littéraire, scientifique ou « publicistique » sont installés à Paris. À part quelques maisons religieuses, ‑ antiques et solennelles ‑, on ne voit en province que Berger‑Levrault à Nancy qui offre un catalogue abondant et « grand public »5.
Il y a 170 éditeurs confirmés à Paris qui publient chacun au moins dix ouvrages par an ; 36 éditeurs de premier rang et le reste formé de librairies moins importantes mais ayant un catalogue étoffé et « pignon sur rue ». Les petites maisons d'édition sont de toutes natures. De grande spécialité érudite, orientaliste par exemple, comme Klincksieck. Orientée vers un milieu professionnel déterminé comme la « Librairie théâtrale ». Spécialisée dans le scandale politique ou littéraire comme Savine avec sa « Bibliothèque antisémitique ». Portée vers la gaudriole et la littérature faisandée comme Dalou. Militante de façon éclectique à l'extrême‑gauche comme Ghio...
Parmi les 20 éditeurs d'importance moyenne (autour de 60 titres par an), il y a surtout des maisons littéraires comme Marpon et Flammarion, des librairies scientifiques, des éditeurs catholiques (Poussielgue, Retaux-Bray...). Les 16 éditeurs les plus abondants quant au nombre des ouvrages publiés (il y a ici des maisons comme Alcan, Baillière, Doin, Steinheil qui, publiant du travail universitaire ou technique, ne recherchent pas les succès de vente) sont : Alcan, Baillière, Calmann‑Lévy, Champion, Charpentier, Doin, Giard, Hachette, Haton, Lemerre, Leroux, Marchai et Billard, Masson, Ollendorff, Steinheil. Une maison d'édition domine tant par le nombre de titres que par les tirages, car elle recherche le succès d'actualité ou de littérature facile, c'est Dentu qui sort au moins 260 titres par an6.
L'objet livre
Des livres il en vient de toutes sortes, de la brochure à dix sous à l'encyclopédie in‑quarto en percaline rouge ou en plein chagrin avec dorure à la feuille, mais il existe un type idéal qui est celui du livre littéraire et journalistique courant : un « livre » c'est un in‑16 (18 1/2 x 11 1/2) de 250 à 350 pages, à couverture jaune, au titre imprimé en noir avec liseré de fantaisie et monogramme ou marque d'éditeur. Le livre est vendu à un prix fixe, dont la tradition s'est établie sous le Second Empire : 3,50 francs.
Ce prix est un carcan que quelques éditeurs essayent de briser soit en proposant pour cette somme des ouvrages avec reliure « moderne » à l'anglaise – car le cartonnage commercial rouge et or fait vendre, mais n'est pas pratiqué pour l'ouvrage littéraire. Soit en essayant de casser les prix pour rechercher le public populaire : c'est lui que le prix fixe trop élevé détourne radicalement de l'édition bourgeoise. Ainsi J. Ducher qui fait dans la littérature facile, lance une « Nouvelle collection à un franc le volume ». La crise de l'édition après 1890 va faire s'effondrer le prix du livre. La création en 1892 du Syndicat des Éditeurs cherchera à protéger le prix fort contre l'avilissement.
L'édition, le commerce du livre
« Jamais à aucune époque il ne s'est produit autant de livres mais jamais aussi il ne s'en est autant vendu »7. Cela est vrai et cependant les premiers signes d'une crise de surproduction, d'encombrement concurrentiel, de mévente sont perceptibles. Le développement galopant de la revue et du journal a encombré la carrière écrivaine de plumitifs en surnombre. La librairie a accueilli n'importe quel recueil de chroniques, quelle compilation, quel roman « des mœurs parisiennes » et elle croule sous les invendus. « Trop d'éditeurs » et qui publient n'importe quoi, jugera H. Baillière en faisant le bilan de cette crise8. « Dentu publiait un volume en moyenne par jour. » Pour faire ses frais, on renonce à l'honorable « pilonnage » des livres de nulle défaite : on solde le « bouillon » ou on « bazarde » par caisses entières vers l'Argentine et le Paraguay. Obtenir un succès réel ne signifie pas du reste gagner assez d'argent pour vivre. « Un volume rapporte sept à huit cent francs et il faut six mois pour l'écrire », note Édouard Drumont, publiciste besogneux dont les factums antisémites ont cependant un rare succès9. Il est certain que 800 F pour vivre six mois, c'est le train de vie d'un tout petit bourgeois. Et qui peut sortir deux livres par an et se dire assuré d'un succès continu ? Le vieux E. de Goncourt qui a travaillé parfois des années durant sur un seul manuscrit, accueillerait avec un mépris aristocratique les calculs mesquins de Drumont. Celui‑ci suggère en fait que pour l'écrivain qui n'a pas de fortune, il n'y a que le journalisme qui permette de vivre, – le journalisme et la docilité que ce métier exige. Ou bien il y a la fonction publique, la sinécure offerte par une administration bienveillante. Ou enfin la vie de bohème et le diable tiré par la queue. L'histoire biographique montre qu'il est aisé de classer tous les écrivains de l'époque à quelques rares exceptions près (médecine, profession libérale), dans les quatre conditions de vie suivantes : 1. fortune personnelle (et hautain mépris pour les basses contingences) ; 2. journalisme à titre d'appoint ; 3. carrière dans la fonction publique, si possible point trop harassante ; 4. marginalité et vie de bohème, c'est‑à‑dire en cru, vie de misère. Le « milieu littéraire » au sens restreint est composé de gens dont les moyens d'existence et le style de vie, sous les apparences d'une certaine complicité « artiste », sont particulièrement divers et la logique des carrières et des styles s'en ressent de façon directe.
L'édition de librairie a largement recours à la publicité : « les murs se couvrent d'affiches, la quatrième page des journaux se couvrent d'annonces », gémit le vieux critique L. Caro, nous rappelant que cette publicité choque l'ancienne mentalité pour qui le livre ne saurait avouer son caractère commercial10. La librairie a surtout recours à la « réclame », c'est‑à‑dire à la publicité travestie en échos et entrefilets de première page dans le Gaulois et autres journaux pour lettrés. La librairie est en forte concurrence dans les entreprises de grande diffusion et de rentabilité facile, du style de l'Histoire d'un siècle, en 12 volumes in‑80 à la « Librairie illustrée ». Marpon et Flammarion a une collection de classiques en « édition de poche »11. Ollendorff a un accord avec Baedeker pour l'édition de guides touristiques. Dentu, Hachette, Marchai et Billard font une large place dans leurs catalogues aux ouvrages de conseils pratiques et ouvrages administratifs. L'édition dite littéraire est très diverse. Elle va de Vanier, « éditeur des modernes », intégré au milieu littéraire avancé, éclectique mais exigeant (cependant une bonne part de son revenu doit provenir des comptes‑d'auteur) à Dentu, maison commerciale, « Librairie de la Société des gens de lettres », qui publie absolument n'importe quoi : Dentu a été l'éditeur de Michelet, de Daudet, mais il sort aussi avec un bel éclectisme de la gaudriole, du monologue comique, du roman populaire, de l'« osé » et du « scandaleux » vulgaires. Ce n'est pas la seule maison, – mais c'est le cas le plus net – où un bon livre est un livre qui va se vendre. Si tel naturaliste a du succès on le prendra avec autant de bienveillance que le « pornographe » Dubut de Laforest. Ce n'est même pas un parti pris de médiocrité, c'est l'édition pleinement soumise à des critères commerciaux.
Le livre d'enfant, de distribution de prix, d'étrennes se porte bien. La production de ces grands in‑40 ou in‑80, toilés rouge et dorés, est une manne pour quelques éditeurs, Hetzel, Didot, Dela‑grave, Quantin. L'édition scolaire forme un secteur important et particulièrement dépourvu de risques, de la Librairie Hachette. De 20 centimes à 6,50 F pour de « splendides volumes » illustrés, on trouve tous les prix. Hachette produit aussi abondamment des contes, de petites études illustrées pour les distributions de prix. La loi de 1881 sur la gratuité scolaire a fait doubler le nombre d'éditeurs dans ce secteur. Une Commission du Ministère de l'Instruction publique sélectionne les livres de prix. Les librairies dociles aux attentes de l'État républicain, acquièrent en œuvrant dans ces domaines un statut semi‑officiel.
L'édition scientifique et académique est monopolisée par des maisons d'importance moyenne très spécialisées, en médecine (avec Masson, Lecrosnier et Babé en premier lieu), en anthropologie et zoologie (Doin, Baillière, Alcan, Reinwald), en droit (Steinheil, Marchai et Billard, Chevalier-Marescq, Blond et Barrai, Thorin, Larose et Forcel, Pédone‑Lauriel), en politique et diplomatie (Plon notamment). Il faut rappeler que la thèse de doctorat est toujours un ouvrage imprimé par une librairie universitaire. Il s'imprime 808 thèses en 1889‑90 dont la plupart ne figurent pas au Catalogue de Jordell/Lorenz. Autre secteur enfin qui confine au commerce de luxe, l'édition artistique de grande qualité avec principalement Laurens et la Librairie de l'Art.
On ne peut quitter la description du commerce du livre sans indiquer que prospèrent dans l'obscurité quelques douzaines de maisons qui travaillent pour le public « populaire » (voir chapitre 44). Romans en fascicules ou en livraisons, où la tradition du feuilleton se combine désormais avec le sensationnalisme faisandé ; pornographie et gaudriole ; canards et almanachs. Tout en bas de l'échelle, on trouve l'héritier ultime de la littérature de colportage, Gabillaud qui joint à son catalogue le « Père‑le‑Colique » et le Pot de moutarde à surprise ; la Librairie B. Simon & Cie, avec une masse de brochures obscènes entrelardées de pamphlets anticléricaux ; et la « Librairie des Publications modernes », qui fait de l'« initiation sexuelle » minable et de la brochure antiboulangiste.
La diffusion du livre
C'est tout le présent ouvrage qui, chapitre après chapitre, cherche à circonscrire des publics‑cibles, sinon à quantifier des publics réels – opération irréalisable. Nous n'avons pas même l'embryon d'une histoire de la vente du livre. Malgré l'empire de diffusion que s'est taillé le monopole Hachette, le livre, accessible dans toute sa variété à Paris et dans quelques grandes villes, devient en province une chose rare, difficile à connaître et à se procurer. La plupart des départements sans grande ville ni université, n'ont pas une seule librairie d'approvisionnement général, mais quelques librairies‑papeteries, parfois merceries, avec un assortiment sommaire où dominent selon les cas le livre de piété ou les ouvrages scolaires. Alain Corbin travaillant sur la région limousine jusqu'en 1880 pense qu'à cette époque « les lecteurs désireux de lire des romans et des ouvrages d'actualité ou de se procurer quelque chose d'autre que les publications scolaires ou religieuses ne peuvent guère s'adresser qu'à de très rares librairies ; dans ces conditions, la lecture des œuvres littéraires ou scientifiques est réservée à une élite très restreinte »12.
Les bibliothèques scolaires sont, à l'échelle nationale, en croissance rapide. Le nombre de prêts passe de moins d'un million en 1869 à plus de cinq millions en 188713. Les bibliothèques publiques offrent une fois encore un contraste radical entre les grandes villes et la province. Le cas de Limoges, étudié par Alain Corbin, montre des bibliothèques peu riches, peu au courant du mouvement culturel et d'ailleurs peu accessibles sauf à des publics avertis.
Il subsiste en province comme à Paris, des « cabinets » ou « salons de lecture » où, pour 30 centimes la séance, on peut consulter les nouveautés, les journaux et des périodiques (le « Salon littéraire », passage à l'Opéra, offre 600 périodiques courants ; mais il est le seul dans son genre dans tout le pays).
Activité éminemment « sociale » mais aussi éminemment individuelle, variable et évanescente, inscrite dans un « contextual framing » qui échappe à l'analyse, la lecture est un « fait social » à faire désespérer le sociologue. Nous essayerons cependant aux chapitres 43 à 47 de cerner la lecture des « en‑dehors » de l'hégémonie lettrée : les dames, l'enfance et la jeunesse, les plèbes paysanne et ouvrière.
Le journal quotidien
S'il y a eu une révolution du système de la chose imprimée à la fin du siècle, elle n'est pas passée par le livre qui poursuit un développement lent aboutissant à la crise dont nous venons de parler, mais par le journal quotidien et par l'ensemble de la presse périodique qui subissent après 1870 un accroissement brutal de nombre de titres, de « formules », du tirage et de la diffusion, avec au bout du compte une mutation radicale.
Nous analysons ailleurs l'expansion de la presse quotidienne, la « modernisation » de ses genres et styles (voir chapitres 24 et 25) et la typologie des organes périodiques (voir chapitre 26). Nous nous bornons à donner ici des chiffres bruts.
Nombre de quotidiens à Paris : 158
En excluant les journaux éphémères (qui meurent après quelques jours ou semaines) et les feuilles spéciales, correspondances de presse, feuilles d'annonce, mercuriales, listes de décès pour ne conserver que les « vrais » journaux stables : 135
*En 1824, il y avait à Paris 12 quotidiens (dont 6 ministériels) avec un tirage total d'environ 55 000 (Albert, 1977). En 1870, il y avait 36 quotidiens à Paris selon P. Albert (1980, I : p. 65) avec un tirage global estimé de près d'un million deux cent mille. La forte croissance des titres part de là et ne s'achèvera que vers 1895 où Avenel recense 152 quotidiens à Paris (et 40 bi/poly‑hebdomadaires). Le nombre de titres, à mesure que s'opère la concentration, va tomber régulièrement jusqu'en 1914 (57 journaux paraissent avant le début de la Grande guerre).
Pour la province, il est opportun d'appeler « journaux » l'ensemble des feuilles d'opinion et d'information, quotidiennes dans les grandes villes, polyhebdomadaires ou hebdomadaires dans les petites.
Journaux d'opinion et d'information hors Paris selon la Revue de la presse hebdomadaire, janvier 1890 : 923
Nombre de villes de France où se publient trois feuilles ou plus :134
(On trouvera au chapitre 43 une analyse de la presse de l'Ariège.)
Journaux belges selon l'Association de la presse belge : liste alphabétique (1890) : 37, dont 15 à Bruxelles. Le plus prestigieux est L'Indépendance belge.
En Suisse romande, on a la Tribune de Genève, – souvent citée par la presse parisienne –, le Journal de Genève, et la Gazette de Lausanne. Au Grand‑Duché, L'Indépendance luxembourgeoise. Il faut signaler l'existence d'une presse coloniale : 38 feuilles d'information prospèrent en Algérie par exemple. Il y a enfin une presse française hors de l'aire francophone historique, dont l'étude n'a jamais seulement été abordée. Le Courrier de Londres, le Stamboul et la Turquie à Constantinople, le Bosphore égyptien à Alexandrie, le Journal de Saint‑Petersbourg, l'Indépendance roumaine... La presse canadienne (la Vérité, le Canadien, l'Union libérale) et la pressse haïtienne (le Peuple, le Clairon, la Justice, la Tribune politique) ne parviennent guère en France.
Les périodiques
Voir la typologie des périodiques au chapitre 26.
Titres périodiques publiés à Paris, selon Avenel, 1890 pour 1889 (le chiffre paraît fiable) :1 961.
Nouvelles publications périodiques lancées en France au cours de l'année 1889 (selon la Bibl. de la France) : 926.
(Les trois quarts disparaissent après quelques numéros.)
Législation, censures, poursuites judiciaires
En principe la presse et le livre sont libres, la censure n'existe pas. Cependant ni les journaux ni les livres ne sont à l'abri de tracasseries judiciaires. Nul, hors des milieux catholiques ne semble réclamer la censure instituée...sinon les fouriéristes qui veulent que l'ordre sociétaire futur dispose d'un « corps de publicistes pour propager la vérité » !14
Dans la pratique, la liberté de l'imprimé est chose très précaire. Pour ce qui touche à la feuille volante, à la brochure vendue sur la voie publique, l'arbitraire administratif est tout puissant ; le Ministère de l'Intérieur invite de façon pressante les préfets et commissaires de police à faire saisir tout pamphlet boulangiste, toute feuille socialiste, tout portrait du Comte de Paris, à arrêter les camelots, à faire arracher les affiches « séditieuses ». Les receveurs des postes ont également reçu l'ordre de saisir tout factum favorable au Général Boulanger. Les amendes pleuvent. La saisie sur voie publique n'exige aucune procédure ou justification judiciaires. Les archives nationales sont gonflées d'une correspondance interminable sur ces questions entre Paris et les préfets ; les commissaires locaux font savoir avec zèle que des placards anarchistes ou boulangistes ont été « lacérés par les agents et gardiens de surveillance nocturne ».
La presse est libre, mais... le ministre de l'Intérieur, Constans, fait saisir hebdomadairement une demi‑douzaine de feuilles boulangistes à Paris et fait accabler leurs rédacteurs de peines de prison et d'amendes15. La presse anarchiste est anéantie par des condamnations sévères pour « apologie d'actes qualifiés crimes ». Baudelot, rédacteur du Ça Ira est condamné à 6 mois de prison et 1 000 francs d'amende : « Merde alors ! C'est rien cher la liberté de la presse »16.
La presse est libre, mais... pas le théâtre : le texte dramatique doit être autorisé par un bureau ad hoc, l'« Inspection des Théâtres », qui passe également rigoureusement au crible la chanson de café‑concert. Edmond de Goncourt a tenté de faire représenter sa version pour la scène de Germinie Lacerteux. La censure a dressé une longue liste d'expressions à supprimer dont quelques « Cochon ! » et quelques « Nom de Dieu ! ». Il est difficile de faire parler des traînées et des marlous avec une « pudeur absolument britannique ». Goncourt proteste avec amertume contre « une censure qui, au milieu du labeur de cette fin de siècle vers la reproduction de la vérité, de la réalité dans tous les arts, cherche à assassiner les tentatives nouvelles »17. La pièce d'Augé, La Conspiration du Général Mallet est simplement interdite le 2 octobre. Elle ne comporte rien de subversif, mais il y a le rapprochement « Conspiration » et « Général » : on craint des troubles !18.
Venons‑en à la répression judiciaire. Il y a d'abord ce qui relève dans le code des « Attentats à l'honneur » : diffamation, injures, outrages19. Le Cri du travailleur, guesdiste lillois, est condamné en janvier pour avoir « diffamé » les patrons d'industrie locaux : la preuve des allégations n'est pas permise, on le sait20. « Les Procès en diffamation » forment une colonne quotidienne du Journal des Débats. Quand on ne saisit pas la presse boulangiste sans autre forme de procès, on la poursuit, pour « injure » ou pour « diffamation ». Le Député Baïhaut, « chéquard » de Panama, gagne sans peine contre Le Réveil de la Haute‑Saône, boulangiste, qui l'avait accusé de corruption. La presse boulangiste insulte la justice en publiant des « dessins outrageants » contre la Haute Cour : le Garde des Sceaux requiert des poursuites. Le procureur de la Haute Cour, Quesnay de Beaurepaire finira par porter plainte à peu près simultanément contre 45 périodiques ; ni la correctionnelle ni les Assises ne lui rendront raison cependant.
L'éditeur antisémite Albert Savine s'était risqué à publier Mes dossiers, compilation de Numa Gilly, maire de Nîmes, aidé d'Auguste Chirac, qui dénonçait les « corrompus » de la Commission du budget (c'est l'affaire de Panama qui prélude). Trois procès l'accablent aussitôt ; il sera condamné dans l'un deux, pour diffamation contre Salis, député de l'Hérault21. Savine s'était défendu en argüant que, sous le prétexte de poursuivre Mes dossiers, c'était l'activiste antisémite que le régime parlementaire « enjuivé » voulait atteindre :
Oui il s'en glorifie [...], il réprouve les empiètements sans vergogne d'une race qui nous envahit, nous opprime, nous vole notre part de lumière22.
Le second et aussi fréquent chef d'accusation est celui de l'« outrage aux bonnes mœurs », sous le régime de la loi de juillet 1881, lequel confie aux Assises les causes d'« outrage » par le livre mais est complété par la loi du 2 août 1882, qui fait de l'outrage par le périodique ou la feuille volante un délit de correctionnelle. Une poussée champignonnante de feuilles pornographiques en 1881 avait conduit à cet amendement et à cette distinction bizarre. Car la correctionnelle a le bras lourd, mais – si on a un bon avocat – les Assises acquittent presque à tout coup. En correctionnelle, il y a d'ailleurs possibilité de saisie et des amendes élevées. « Outrage aux bonnes mœurs » veut dire en pratique obscénité, mais celle‑ci est indéfinissable et les procureurs ne font état que d'un sentiment évident d'offense et de dégoût qu'ils se refusent et pour cause à analyser. L'axiome est que l'État peut et doit dire quels spectacles et quels plaisirs de lecture sont mauvais pour l'ordre social. Certaines représentations du désir et du charnel menacent la Société23. Le délit d'outrage est d'autant plus mal circonscrit que, dans les affaires correctionnelles, ce sont surtout des images, des dessins libertins, parus dans la presse satirique et artistique, qui ont été poursuivis. Or ces dessins n'étaient obscènes que dans la mesure où ils étaient « suggestifs » (néologisme daté de 1889). Il fallait donc que le Procureur dise ce qu'à ses yeux ils suggéraient... ce qui invitait les avocats du journal à s'écrier de manière pateline : « Tiens ! nous n'y voyons pas cela du tout ! » Là‑dessus, d'après la réputation de la revue en fait, la cour condamnait ou non. Le journal le plus fréquemment poursuivi fut le Courrier français, affaire commerciale passablement cynique, mais auquel beaucoup d'artistes et de littérateurs reconnus ont collaboré. Le Courrier français est poursuivi à peu près tous les mois. Un dessin représente une femme nue, couverte par une grande feuille de vigne... rongée en son centre par le phylloxéra. Poursuites, mais acquittement24. Condamnation par contre pour deux dessins, « Les Parques » et « la Prostitution », « manifestement calculés dans l'intention d'éveiller des idées de lubricité », l'« esprit de lucre » caractérisant le mobile (Cassation, 14 mars 1889 ; Bull. Cass., n° 107, p. 159)25. Les confrères de la presse se mettent alors à crier au scandale dans l'autre sens :
Il a fallu avoir l'esprit joliment égrillard pour découvrir dans les dessins incriminés la moindre légèreté...26
Le Courrier français est également poursuivi pour du texte « audacieux ». Une nouvelle de F. Clerget, « Douce amie », monologue d'un amant à une femme un peu froide qu'il éveille au désir par de « savants baisers »27, indigne le Parquet : le tribunal condamnera. La IXe Chambre a condamné aussi le naturaliste belge Camille Lemonnier et le Gil‑Blas en novembre 1888 pour une nouvelle, celle‑ci jugée « trop » réaliste (Clerget avait été « trop » lyrique), L'Enfant du Crapaud28.
Les poursuites aux Assises contre des livres sont relativement fréquentes, mais leur succès est bien rare. Les jurés d'Assises veulent faire preuve d'esprit et de largeur de vue et ne peuvent qu'être convaincus par l'argument‑massue des avocats : on poursuit des œuvres qui ont quelque qualité littéraire et jamais les véritables et vénales « cochonneries ». Le roman de Descaves Sous‑offs fait scandale. Il trace un tableau odieux des mœurs militaires. Il est poursuivi pour injure envers l'armée et outrage aux mœurs, aux applaudissements de la presse cocardière. Le milieu littéraire fait front et pétitionne en faveur du jeune naturaliste :
Depuis vingt ans, nous avons pris l'habitude de la liberté. Nous avons conquis nos franchises. Au nom de l'indépendance de l'écrivain, nous nous élevons énergiquement contre toutes poursuites attentatoires à la libre expression de la pensée écrite.
Solidaires, lorsque l'Art est en cause, nous prions le gouvernement de réfléchir.
Lucien Descaves sera acquitté en mars 1890. Finalement un seul livre de 1889 sera condamné et recondamné jusqu'en Cassation : la Grande Névrose du Dr J. Gérard, amusant ouvrage de vulgarisation médicale avec quelques passages d'une bonhomie un peu leste. La littérature, dans la mentalité de 1889, a ses immunités : elle est le fou du roi d'une société austère, on lui passe quelques indécences. Chez le Dr Gérard, la coprésence de la Science et de la Gaudriole a paru attentatoire à l'ordre des choses. On le lui fit comprendre...29
Censure ecclésiastique
On ne doit pas négliger celle‑ci puisqu'elle continue à imposer son influence sur beaucoup de Français. L'Église se reconnaît le droit et le devoir de condamner l'erreur et le mal répandus par les livres hérétiques, apostats, les livres défendus sous peine d'excommunication, les œuvres condamnées par la congrégation de l'Index30 en détail ou en bloc (ex. Aemilius Zola, opera omnia), les livres non condamnés nommément, mais peccamineux, impies, anticléricaux, produits par les sociétés secrètes, prônant les erreurs condamnées par le Syllabus, obscènes ex professo, c'est‑à‑dire de façon directe et explicite.
En 1889, on trouve à l'index Balzac, Constant, Dumas père et fils, Flaubert, Hugo, Lamartine, Michelet, Sand, Stendhal, Sue, Zola. Bien d'autres les rejoindront dans les vingt prochaines années, de Bergson à Anatole France31.
On voit donc subsister en 1889 deux principes de censure : le catholique, fondé en doctrine, et le laïc‑républicain, nié dans son principe bien qu'il s'exerce fréquemment. Les catholiques haïssent l'idée jacobine de liberté d'expression :
La liberté de parole et la liberté de la presse sont opposées au droit chrétien [...] Elle produit la ruine morale de l'individu [...], la ruine des sociétés. Elle favorise la ruine de toute religion32.
Tous les autres secteurs de la société se réclament du libre examen et l'État le garantit, mais cette garantie n'est pas sans limite, ‑ non seulement de façon contingente parce que l'État a des ennemis encombrants, mais dans l'absolu pour qui touche à ses fétiches (l'Armée, la Patrie) et à ses tabous (le Sexe exhibé).
Notes
1 Du Seigneur, Paris voici Paris, p. 270.
2 Arch. nat., F. 18* IV 39. Dans la littérature canonique, seuls L'assommoir et Tartarin de Tarascon ont dépassé les 100 000.
3 23 111 unités en 1889 en englobant les musiques, gravures et nouvelles publications périodiques, de la Bibl. de la France (gravures = 2 354 ; musiques = 5 574).
4 Une fois encore les chiffres produits par la Bibl. de la France, le Syndicat national de l'Édition, L'Annuaire statistique des Nations‑Unies, Biblio pour les mêmes années, ne s'appuyant pas sur les mêmes critères, varient incontrôlablement.
5 Les principaux éditeurs provinciaux sont : Georg, Storck, Vitte & Pérussel, Mégret, Picard, Lechevalier (Lyon) ; Mame (Tours) ; Desclée (Lille) ; Privat, Lagarde (Toulouse) ; Roumanille, Aubanel (Avignon) ; Ardant (Limoges) ; Gratier (Grenoble) ; Jourdan, Challamel (Alger) ; Lestringant (Rouen) ; Féret (Bordeaux).
6 Réf, bibl. sur l'édition du livre : Humblot, Alfred, L'édition littéraire au dix-neuvième siècle, Evreux, Impr. Hérissey, 1911 ; Néret, Jean, Alexis, Histoire illustrée de la librairie, Paris, Lamarre, 1953.
7 Du Seigneur, Paris, p. 286.
8 Cf. H. Baillière, La crise du livre, Flammarion, 1904.
9 Drumont, Dernière bataille, 1890, p. 400.
10 Caro, Variétés littéraires, p. 302.
11 Ce sont les termes du Temps, 9.4 : p. 1.
12 Corbin, 1975, p. 393.
13 Cf. Darmon, 1972, p. 229 et p. 271.
14 La Rénovation, p. 103.
15 Voir La Charge, 14.4 : p. 1 ; revue encore saisie le 4.8 (voir n° 11.8). Idem pour le n° 15.9 de La Bombe.
16 P. Peinard, 7.4 : p. 1.
17 Goncourt, Lacerteux, VIII.
18 Pt. Parisien, 3.10 : p. 1. On trouvera l'enregistrement des « avis après examen des ouvrages dramatiques » aux Arch. nat. F 18* I 47.
19 Voir Worms, Émile, Les attentats à l'honneur : diffamation, injures, outrages, Paris, Perrin, 1890.
20 Cri, 12-19.1 : p. 1.
21 Lanterne, 7.11 : p. 4.
22 Saint-Auban, Plaidoiries pour M. Savine, Evreux, 1890, p. 10.
23 Références : Ameline de la Briselaine, Henri, Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse..., Paris, Paul Dupont, 1881 ; Clunet, Édouard, Cas de poursuites judiciaires pour outrages aux bonnes mœurs par la voie de la presse, dans les relations internationales, Paris, Marchai et Billard, 1889 ; Lapeire, Paul, Essai juridique et historique sur l'outrage aux bonnes mœurs par le livre, l'écrit et l'imprimé, Lille, Douriez‑Bataille, 1931.
24 Courrier français, p. 3 ; acquitté 14.4.
25 Plaidoiries in Courrier français, 20.1 : p. 2-3.
26 Pl. Caporal, 21.1.
27 Courrier français, 8.9 : p. 4.
28 Plaidoiries in ext. n° janvier de La Vie moderne ; analysé par Angenot, 1986, p. 60‑63. On verra sur cette affaire et d'autres, le pamphlet curieux de Pillard d'Arkaï, Pélagie la Sainte, Paris, s.e.
29 Voir Angenot, 1986, p. 60. Il y a une façon d'échapper aux poursuites, la publication « sous le manteau ». Il paraît en 1889 Les amours d'un gentleman (Enfer 137), Jupes troussées (Enfer 1361), Lèvres de velours (Enfer 1358)...
30 Cf. Index Librorum Prohibitorum, Acta Sanctae Sedi, Leone XIII, P.M., Roma, 1891.
31 Louis, Évêque d'Annecy condamne les Principes de philosophie morale de J. Thomas « et nous en interdisons la lecture ». Cf. Crit.philos., 5 : p. 439.
32 Abbé Berseaux, Liberté et libéralisme, p. 258‑260.