Chapitre 43. Les en‑dehors du discours social
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Il y a ceux que l'imprimé n'atteint pas ou n'atteint guère, ou que n'atteignent que des formes humbles et archaïques : l'almanach, le canard, la feuille de dévotion – et aussi dans une certaine mesure l'affiche publique. Ceux qui sont trop pauvres pour acheter, fût‑ce occasionnellement, le journal à un sou : c'est plus de la moitié de la France. Mais ce n'est pas avant tout affaire économique : ceux pour qui même le style « concierge » et les simples thèmes du Petit Parisien appartiennent à un autre monde dont la problématique et la rhétorique leur échappent ensemble et tout de go. Ceux qui sont donc en dehors du discours social total, ceux dont les discours, les idées et les mentalités ne sont pas encore pénétrés ni informés par ce discours social, c'est‑à‑dire ce grand dispositif producteur de sens, de représentations et de valeurs que nous identifions comme le discours social, avec sa division des tâches, ses thèmes et formes de connaissance dominants.
Chez ceux qui sont partiellement atteints par de l'imprimé – dans leur langage, leurs opinions, leurs intérêts – il subsiste, dans les classes dominées, des rémanences qui s'inscrivent sous la pellicule du discours social institué : du conversationnel, du gnomique, du mentalitaire avec leur espace de l'échange oral et leurs formes simples survivantes : sentences, proverbes, dictons, maximes, facéties, lieux communs, gloses de savoirs pratiques, phrases du savoir‑vivre « populaire ». Ces discours en dehors ont une autre aire de pertinence, plus restreinte que l'aire nationale du discours social : le faubourg parisien, les campagnes du Forez ou celles du Saintonge...
Illettrés
Les analphabètes totaux sont en nette régression depuis 1870 et vont bientôt en pratique disparaître :
Évolution du pourcentage d'analphabètes chez les hommes lors de leur passage au conseil de révision (Source : Annuaire statistique de la France 1939, 55e volume rétrospective, 18/19)
1869 | 26,90 | 1900 | 5,57 | ||
1835 | 50,09 | 1872 | 21,49 | 1905 | 5,42 |
1840 | 46,93 | 1875 | 18,03 | 1910 | 4,28 |
1845 | 42,65 | 1880 | 16,85 | 1914 | 3,731 |
1850 | 38,94 | 1885 | 13,82 | ||
1855 | 36,35 | 1890 | 9,87 | ||
1860 | 32,95 | 1895 | 6,86 |
On peut parler d'une régression radicale de l'analphabétisme dans la moyenne et la petite bourgeoisie et chez les ouvriers qualifiés ; dans les strates sociales inférieures, la régression n'est que tendancielle. L'œuvre scolaire de la République semble ici porter déjà ses fruits, si on fait la comparaison avec les chiffres pour la Belgique où l'instruction obligatoire n'existe pas. En Belgique en 1895, sur mille miliciens (dans un système de recrutement par tirage au sort et achat de remplaçant), on compte :
263 illettrés complets : | { | 156 Flamands |
Le nombre des femmes illettrées dépasse encore de cinquante pour cent celui des illettrés, mais ce nombre décroit proportionnellement :
Pourcentage des époux n'ayant pas signé le registre de mariage
Hommes | Femmes | |
1860 : | 30 | 46 |
1880 : | 16 | 25 |
1890 : | 8 | 14 |
On risque de donner un sens trop favorable aux statistiques militaires. Les exigences du conseil de révision ne sont pas bien hautes. Si l'on veut compter les citoyens français que l'imprimé sous toutes ses formes n'atteint que très peu dans leurs vies d'homme, toutes les évaluations amènent au chiffre d'un bon tiers... On ne peut considérer alphabétisés ceux qui peuvent seulement signer les actes notariés. Il faut évaluer les non‑lecteurs : ceux qui, adultes, ne pourraient déchiffrer une affiche ni lire le journal ou – à la frange – n'usent à grand peine que de quelques livres pour illettrés : livres de messe, almanachs et autres imprimés d'un statut plus infime que celui de la littérature populaire commerciale : feuilles d'indulgences, brochurettes comiques vendues dans les foires, images d'Épinal, « canards » de fabrication provinciale...
Patoisants et allophones
Le discours social que nous avons cherché à décrire est le discours français. En 1863 – dernier relevé systématique – 8 381 communes de France sur 37 510 (près du quart) ne parlaient pas le français du tout. Près de la moitié des enfants d'âge scolaire n'avaient qu'une connaissance limitée, ou nulle, du français (Weber, 1976). Ces prétendus « patoisants » comportaient une majorité de non‑francophones d'ailleurs : occitans, catalans, basques, corses et italianisants, bretons, flamands et alsaciens.
Les historiens de l'école assurent que vers 1889 la « francisation » et le refoulement des patois sont presque accomplis ; ils le sont très peu pour la population adulte dont une partie se « redialectise » et la francisation est très variable selon les régions, notamment dans les départements qui ne sont pas d'oïl. Refouler les patois est, certes, à l'ordre du jour : cette œuvre civique permet aussi de refouler les doxa aberrantes de l'oralité traditionnelle. Conversement, les patois résistent parce que leurs usagers savent qu'ils servent à sauver ces doxa de Pays, de la pression de la Grande doxa nationale. Le « patois » dans la France rurale reste la langue de la maison et le français, la langue de l'école. Subsistent donc toutes ces populations aux identités ethniques et langagières étrangères au français officiel et qui – en attendant de resurgir dans la seconde moitié du XXe siècle – sont peu à peu réduites au silence de l'infériorité.
Un « pays de sauvages »
Ces populations hors du discours social sont essentiellement celles des classes rurales. L'analphabète ouvrier a trop d'occasions dans les villes – du meeting politique au café‑concert – d'être atteint par des bribes du discours social, en même temps qu'il l'est par les formes modernes des mœurs, des vêtements, de l'occupation de l'espace collectif. Les années 1880 correspondent au moment où les campagnes sont à leur apogée et où cependant les premiers signes du grand « ébranlement » se manifestent. L'accélération de l'exode rural est pour les années 1890 (Juillard, 1976). En certaines provinces, la France paysanne demeure « a Country of Savages »2 où se notent à peine quelques changements : ouverture d'un estaminet, « urbanisation » partielle de l'habillement féminin, arrivée occasionnelle d'un journal...
Nous parlons de la France paysanne ; il faut la distinguer de la France rurale, celle dont les figures sont le notaire, le médecin, le prêtre, quelques notables, quelques commerçants, des fonctionnaires, des rentiers : ceux‑ci sont parfaitement intégrés, informés, pourvus de lectures et de thèmes de discussion. La classe paysanne ne veut pas encore connaître les valeurs urbaines. Les coups et blessures, les femmes battues, les infanticides, les abus sexuels sur des mineurs y sont perçus selon des critères variables, mais toujours fort différents de ceux du Code pénal. Même dans le prolétariat urbain on trouve des « mentalités », des « attitudes » devant la sexualité, la violence et la mort en pleine discordance avec les valeurs reconnues, même comme « populaires », par les « classes éclairées » – des attitudes peut‑être soutenues par du gnomique, de l'oral. Mais il n'y a pas, dans tout ceci, que des faits de « mentalités ». Le campagnard, s'il ne connaît plus la faim, a souvenir des grandes famines, de 1815 à 1850 selon les régions. Il n'est englobé dans l'économie de marché que par la médiation de petits réseaux fondamentalement précapitalistes. L'argent comptant reste peu usité, peu vu dans certaines régions, bien que l'augmentation rapide des dépôts d'épargne soit aussi un trait de « socialisation » des terriens. Hors du discours social, le paysan est hors de l'hygiène moderne : partout on entend le commentaire affligé sur la « saleté immonde » de la France la plus retardataire3. Celui qui est hors du discours social risque d'être, du même coup, hors du patriotisme (sans aucun enthousiasme pour le service militaire), hors du paiement des taxes et des impôts (si possible), hors du respect des fonctionnaires et des gendarmes, – « hors du progrès », concluent les idéologues. Il y a tout un discours réprobateur sur ces « en‑dehors », discours unanime tant leur barbarie choque, autant l'ouvrier que le lettré. Les ruraux de la Campine belge sabotent la voie du tramway vicinal et finissent par tirer sur le machiniste. Les journaux expliquent que c'est « par haine du progrès » : quelle autre explication serait concevable ?
Les historiens de la paysannerie, Eugen Weber et Alain Corbin notamment, ont cherché à décrire cette autre culture, ces autres discours dont les idéologèmes sont encore des proverbes et des dictons. On peut conjecturer sur ce qui se disait autrefois au café, chez le forgeron ou au lavoir. On peut montrer la subsistance de certains réseaux de transmission, de « gazettes locales » comme l'étaient le colporteur ou, en Bretagne, le tailleur, annonceur de nouvelles et conteur. Ces cultures locales ne peuvent se décrire que comme des résistances, de même que, bien que le système métrique soit seul légal depuis 1840, les anciennes mesures servent encore partout. Weber décrit en long la survie d'autarcies locales fortes, de méfiances têtues, de xénophobies obstinées pour ce qui n'est pas du canton. Les journalistes des grandes villes sont frappés par ces isolats culturels : on trouve là des gens qui n'ont « pas la moindre idée du monde extérieur ». On pensera aux paysans de la Nièvre observés, plus tard d'ailleurs, par Jules Renard. Ce qui frappe l'observateur ce sont les attitudes « retardataires », les superstitions, les rites magiques, les amulettes, les croyances aux signes, aux présages (et ici il y a des livres, conservés immémorialement : d'anciens exemplaires du Grand et du Petit Albert, des grimoires de colportage)4. Les instituteurs en savent quelque chose, le « positivisme » est loin de triompher dans les campagnes.
Une petite part de cette culture hors‑normes se nourrit dans les canards, almanachs, complaintes et brochures de colportage dont il est question plus loin. Cependant, elle est essentiellement orale et l'infime industrie du colportage est en voie de disparition.
Des cultures « populaires »
Quant à la survivance en 1889 de cultures populaires urbaines, elle ne fait pas de doute, même si l'on prétend donner à l'expression « populaire » un sens fort, exigeant que cette culture soit propre au prolétariat d'une ville, autonome, presque exclusive, porteuse de ses identités et de ses valeurs, sans dépendance face à une quelconque « industrie culturelle ». À Liège à la fin du siècle passé, la culture ouvrière qui s'exprime notamment dans le théâtre de marionnettes (avec une cinquantaine de théâtricules qui jouent chaque soir en Pierreuse, en Roture, à Saint‑Barthélemy sur un répertoire tiré de la Bibliothèque bleue, adapté à l'esprit local) en est un exemple authentique, qui disparaîtra vers 1914 quand le cinéma muet et le music‑hall auront raison de lui5. En effet, après 1914, on ne peut plus guère parler de « culture populaire » en Europe occidentale, sauf à confondre celle‑ci avec la culture‑quant‑au‑peuple produite par la petite presse, l'industrie culturelle, le sport professionnel, la chansonnette, le vêtement de confection et l'espace urbain faubourien.
On l'a constaté souvent : c'est vers 1880, alors que les travaux et fêtes, cérémoniaux et techniques traditionnels, formes de magie, chansons du vieux répertoire, comptines, légendes, exploits remémorés disparaissent de l'usage vivant des campagnes, que les folkloristes s'en emparent. Au moment où la société illettrée disparaît, les monographies et revues savantes qui l'étudient se multiplient. M. Wilmotte, à la Revue des langues romanes constate cette émergence (« l'étude des traditions populaires échappe à peine à la brumeuse période des tâtonnements ») et dresse des programmes6. De même si le patois régresse, c'est le moment où des érudits populistes se mettent à publier des romans en dialecte. Le premier roman en wallon, Li Houlo de Dieudonné Salm, paraît en 18887.
Allodoxies
La véritable alphabétisation, la « literacy » au sens large consiste non seulement à savoir déchiffrer la langue officielle, mais à produire, du discours social et de ses styles sectoriels, une lecture « correcte », à en faire une référence normale et optimale. On peut appeler « allodoxie » l'incapacité de lire convenablement – c'est‑à‑dire selon ses propres règles – le discours social qui s'adresse à vous, soit par pure ignorance, soit en référant à un vécu familier mais incompatible. Les destinataires sociaux dans l'usage qu'ils peuvent faire des éléments cognitifs de la presse ou du livre peuvent leur conférer des significations qui sont divorcées de leur codage originel et des intentions qui y présidaient. Ce serait toute une étude que de rechercher les témoignages de ces « mauvais » décodages. Ils inquiètent les producteurs culturels, notamment ceux du champ politique, qui voient encore fleurir dans les campagnes cette allodoxie civique faite de souvenirs (de dîmes et de corvées) et de bribes mystifiées. On disait dans les villages en 1848 que le pouvoir à Paris était aux mains de deux personnages de légende : le Duc Rollin et la Martine ! Les choses ont changé, mais moins peut‑être que les politiciens, des réactionnaires aux socialistes, ne veulent l'espérer. La politique des campagnes demeure lutte de clans et Paris, bien lointain.
Quant aux lettrés, il leur arrive d'entrer en contact sidérant avec l'allodoxie plébéienne, l'ignorance des élémentaires viatiques culturels. E. de Goncourt rapporte dans son Journal :
Aujourd'hui un homme du peuple au pied de la tour Eiffel lisait tout haut les noms de Lavoisier, Cuvier, Lalande, Laplace : « Oui, ce sont eux qui ont monté la tour ! » jeta un camarade à ses côtés (17.X).
Un autre lettré, Alphonse Karr, rapporte une « expérience », classique et angoissante : le peuple révolté ne comprend pas les « grands mots », ceux de la subversion socialiste ; cela ne l'empêche pas d'y croire !
– Mais, anarchiste, possibiliste, qu'est‑ce que cela veut dire ? [demande le bourgeois].
– Je ne sais pas, mais je le suis, je le suis à mort8.
Les âmes pédagogiques vont essayer, dans de touchantes brochures de faire parler le peuple comme il devrait parler, correction linguistique et correction doxique confondues :
– Que l'on trouve parmi les ouvriers des paresseux, des vagabonds, des gens qui excitent au désordre, sans doute. On y voit même de mauvaises figures, comme tu dis ; dans le tas il est toujours quelques fruits de gâtés [etc.]9.
Pas plus que les prolétaires, les femmes du monde n'inspirent une grande confiance, au moins comme destinatrices du discours auquel elles sont le moins aptes : le politique. Un chroniqueur se pose la question de savoir « pourquoi les femmes sont boulangistes ? »
Car elles le sont, cela n'est pas niable, sinon toutes, du moins en grande partie. Ceux qui professent le dédain du sexe dit beau, attribuent ce fait à la légèreté et à la frivolité des filles d'Ève, prises aux séductions personnelles du Général Boulanger, sa galanterie bien connue, son noir coursier légendaire, sa non moins célèbre barbe blonde et soyeuse. Et ils y voient une preuve de leur inaptitude à toutes autres fonctions sociales que chiffonner, faire des enfants et être jolies – autant qu'elles le peuvent. Quant aux hommes frottés de tendresse et de bon vouloir à l'égard de celles qui les mènent par le nez, ils en concluent tout simplement au succès du candidat des belles dames, en vertu de l'axiome : « Ce que femme veut, Dieu le veut »10.
À ce type d'inquiétude dû à la malencontreuse découverte que le bon usage de la doxa n'appartient pas à tout le monde, correspond un topos sur le roman et ses dangers, roman populaire ou roman pour dames. Dans les deux cas, l'homme cultivé soupçonne une « allodoxie » fâcheuse et répandue. L'ouvrier comme la femme liraient des romans en y cherchant une application casuistique immédiate. Incapable de distanciation esthétique, leur lecture anomique de la basse littérature romanesque ferait de celle‑ci une « école d'immoralité », enseignant à l'ouvrier le ressentiment, la révolte ou la délinquance, à la femme l'adultère sans remords et les désordres sensuels. Ainsi ceux qui sont dans le discours social redoutent les incompétences et fausses lectures de ceux qui sont dehors ou à la frange. La discordance entre leur capacité de lecture et la pauvreté ou le caractère biscornu de leur capital doxique, culturel et esthétique, a entraîné le développement de trois secteurs ou trois ghettos de production imprimée non canonique.
Les trois secteurs ad usum
On a proposé il y a une vingtaine d'années le terme de « paralittérature » pour regrouper l'ensemble de la production non canonique, non légitimée. Ce terme était commode, mais il doit être abandonné. « Paralittérature » fait en effet une opposition binaire de ce qui est à voir comme une superposition complexe de strates culturelles. S'il était opératoire d'opposer seulement Mallarmé ou Joséphin Péladan à Charles Mérouvel ou Jules Lermina, la notion ne ferait pas problème. Mais comment parler alors de Theuriet et de Cherbuliez, académiciens et romanciers académiques mais tenus pour indigents par les légitimations littéraires du circuit restreint ? Que faire de Georges Ohnet, ce précurseur du « bestseller » dont Lemaître a bien dit qu'il n'appartenait « pas à la littérature », mais d'une autre manière cependant – ambiguë et menaçante – que Mérouvel et Lermina dont les « romans populaires » n'auraient pu susciter de la part du critique des Débats la moindre acrimonie, tant en effet ils étaient, eux, réellement étrangers à la littérature ? Que faire des spécialistes des « genres mineurs » : Armand Silvestre, poète pour musique de salon et conteur de gaudrioles ; Jules Moinaux, nouvelliste et dialoguiste des « tribunaux comiques » et des facéties militaires ? Que faire, bien sûr, de Jules Verne, qui songea à la fin du siècle à se présenter à l'Académie et dont tout le monde loue la moralité et le talent ad hoc (sous‑estimant la richesse créatrice d'une œuvre qu'on ne comprendra que soixante‑dix ans plus tard) ? Le mot de paralittérature masque cette complexe topologie de légitimités et d'illégitimités qui ne se confondent pas. Nous ne parcourrons pas ici les strates et cloisonnements de la distinction littéraire ; nous traiterons de l'imprimé de forme littéraire et publicistique, qui est en dehors de toutes canonicités, sans discussion ni réserve. Cette infra‑littérature s'offre à l'examen en trois secteurs déterminés par leur public‑cible. Ces secteurs se sont développés, institués au cours du XIXe siècle ; dans l'ordre chronologique : la littérature et la presse pour les dames ; celles pour l'enfance et la jeunesse ; celles pour le peuple ouvrier et paysan. Sur l'expression ad usum delphini, on pourrait décalquer : ad usum mulicris et ad usum plebis... Il s'agit bien, dans les trois cas, non pas d'une sous‑littérature seulement, mais d'un succédané de toute la topologie du discours social : il y a une publicistique, une politique, une philosophie « pour les dames », de même que le populo a ses romans, ses journaux, ses brochures politiques, sa poésie (la romance de café‑concert). Cette topologie qui oppose aux secteurs de légitimité trois ghettos discursifs et trois publics‑cibles infra‑légitimes, est déjà travaillée cependant par une autre logique, celle dont émergera la « production de masse », la culture industrielle, le catch‑all – de la presse à un sou à la chanson de caf'conc'.
Notes
1 Chiffres cités et commentés par Albert, 1977,1, p. 176 ; voir aussi Bellanger, 1969, III, 142 ; Thuillier, 1977, p. 189 ; Gontard, L'œuvre scolaire de la IIIe République, p. 88. Pour la petite bourgeoisie, voir Dupeux, 1962, p. 425. Pour la scolarisation, Furet et Ozouf, 1977, vol. 2.
2 Weber, 1976, p. 34 et p. 35.
3 Corbin, 1975 et le Miasme et la Jonquille (1982).
4 Sur la sorcellerie, voir Marcelle Bouteiller, Sorcières et jeteurs de sorts.
5 Ce théâtre est bien documenté ; voir un des premiers travaux d'ensemble : Rodolphe de Warsage, Histoire du célèbre théâtre liégeois de marionnettes. (Bruxelles : Vanoest, 1905). Sut Guignol vers 1890 à Lyon, on verra : Maffesoli, 1976, p. 118.
6 Revue des langues romanes, p. 609.
7 Liège : Vaillant-Carmanne, 1888.
8 Karr, Bêtes à bon dieu, p. 111.
9 Bonnefoy, Le culte de la Patrie, p. 42.
10 Grande Revue, II, p. 187.