Jules Verne : représentations médiatiques et imaginaire social

La topique linguistique du français canadien en France au XIXe siècle : le cas Jules Verne

Table des matières

HÉLÈNE LABELLE

Plusieurs recherches linguistiques franco-canadiennes menées ces dernières décennies ont permis de constituer un inventaire partiel de chroniques de langue et de récits de voyageurs canadiens ou européens portant sur le français canadien1. Ces recherches sont souvent faites dans le but d’articuler le discours épilinguistique2 franco-canadien. Elles visent l’étude de l’imaginaire linguistique3 canadien à travers les siècles, ou encore examinent l’évolution du français canadien à travers les régimes français et anglais4.

On en sait par contre peu sur la manière dont le français canadien était représenté et perçu auprès des populations francophones à l’extérieur du Canada, entre autres en France. Il y avait bien sûr une intelligentsia de la langue française qui se prononçait sur celle-ci, mais comment les Français du XIXe siècle, lisant des journaux et des romans sur le sujet, percevaient-il le français canadien? De quelle manière le discours romanesque et médiatique en France pouvait-il se représenter le français canadien en au XIXe siècle?

Outre certaines études examinant les relations culturelles entre la France et le Canada français au XIXe siècle5, il existe à ce jour deux études se rapportant partiellement au sujet. Il y a d’abord un ouvrage très complet de Sylvain Simard intitulé Mythe et reflet de la France : L’image du Canada en France, 1850-1914, publié en 19876, qui fait le point sur les « images mentales » canadiennes chez les Français de 1850 à 19147. Il aborde de manière pertinente les représentations générales qu’on se faisait du français canadien, mais en offrant des résultats plus uniformes que détaillés, le principal propos de son étude étant ailleurs. Plus récemment en 1998 est parue la thèse de doctorat de Marie-France Caron-Leclerc, « Les témoignages anciens sur le français du Canada (du XVIIe au XIXe siècle) : Édition critique et analyse », qui en plus de rassembler plusieurs témoignages français de relations épistolaires, brochures, récits de voyage et articles de périodiques venant de France, a tenté une interprétation épilinguistique de ces diverses remarques linguistiques8. Nous utiliserons à de nombreuses reprises dans notre propre étude le corpus de témoignages qu’elle a rassemblé.

En nous inscrivant dans le cadre d’une approche bidisciplinaire alliant une perspective sociocritique de la littérature et une description linguistique du français, nous proposons une brève étude sur l’imaginaire social linguistique franco-canadien circulant dans le discours social en France à la fin du XIXe siècle. Nous concevons le discours social comme « tout ce qui se dit et s’écrit dans un état de société9 », ou encore, à l’égard de Marc Angenot, comme « les systèmes génériques, les répertoires topiques, les règles d’enchaînement d’énoncés qui, dans une société donnée, organisent le dicible – le narrable et l’opinable – et assurent la division du travail discursif10 ». On peut cependant décortiquer ce tout chaotique que représente le discours social en s’arrêtant sur l’imprimable, forme fixée dans le temps et l’espace du discours social.

En effet, en sociocritique, le texte littéraire est avant tout considéré comme une matière langagière qui travaille sans cesse ce discours social. En retour, le discours social agit lui aussi sans cesse sur les textes11. Il y a alors un « continuum sémiotique unissant la mise en texte littéraire et le discours social12 ». De cette relation naît un imaginaire social, que nous définissons comme les « ensembles interactifs de représentations corrélées, organisées en fictions latentes, sans cesse recomposées par des propos, des textes, des chromos et des images, des discours ou des œuvres d’art13 » qui circulent entre la mise en écrit du texte littéraire et le discours social.  Nous avons donc choisi de sélectionner une infime partie de ce discours social afin d’examiner spécifiquement la linguistique franco-canadienne. Précisons finalement que l’imaginaire social ne correspond pas à la réalité. En sociocritique, les représentations circulant entre le discours social et le texte sont en décalage avec le réel et elles sont autosuffisantes. En effet, pour les besoins des romans ou pour répondre aux attentes de lecteurs, « certains auteurs [...] manipulent, voire déforment, certains stéréotypes et clichés indigènes afin de leur donner une saveur "exotique" 14 ». C’est entre autres le cas avec les représentations franco-canadiennes.

De ce fait, le concept d’imaginaire social linguistique franco-canadien, que nous utilisons dans cette étude, renvoie à l’ensemble des représentations linguistiques franco-canadiennes qui circulent dans ce va-et-vient incessant, entre le discours social et le texte, qu’il soit littéraire, scientifique ou d’une autre nature. Nous définissons d’abord, pour les besoins de cette étude, les représentations linguistiques franco-canadiennes comme tout fait ou manifestation de langue propre au Canada français. Nous intégrons aussi à ce concept tout fait identitaire franco-canadien lié au plan linguistique, c’est-à-dire toute attribution, perception, attitude sur la langue liées au statut franco-canadien d’un individu. En d’autres mots, les représentations linguistiques de cette étude prennent en compte ce qu’on écrit sur la langue, comment est écrite la langue et ce que l’on dit sur les individus pour qui cette langue est partie intégrante de leur identité culturelle.  

Méthodologie

Pour relever ces représentations linguistiques franco-canadiennes qui circulent dans le discours social, et forment de ce fait l’imaginaire social linguistique franco-canadien, nous avons examiné les écrits d’un auteur représentatif de son temps et que la postérité a retenu : Jules Verne.

Peu de gens le savent, mais Jules Verne, auteur des Voyages extraordinaires, s’est intéressé de près au Canada comme plusieurs de ses contemporains de la fin du XIXe siècle. Trois de ses romans se déroulent au Canada (Le Pays des fourrures, 1873; Famille-Sans-nom, 1889; Le Volcan d’or, 1906) tandis que plusieurs autres mettent en scène des personnages canadiens (Ned Land dans Vingt mille lieues sous les mers par exemple). Jules Verne n’est cependant jamais venu au Québec, et a passé moins de vingt-quatre heures aux chutes Niagara15. Son savoir canadien lui vient donc uniquement de sources écrites, qu’il aurait consultées à partir de chez lui, en France. Contrairement à d’autres romanciers s’étant intéressés au Canada, l’écriture de Jules Verne « commence par la lecture des autres. La gestation d’un texte se déroule dans le contexte d’une série de lectures préparatoires dont certaines données sont conservées sous la forme de fiches16 ». De son propre aveu, il prend « de nombreuses notes en lisant les livres, les journaux, les magazines ou les revues scientifiques. [S]es notes étaient et sont classifiées selon le sujet traité17 ». Attardons-nous un instant sur sa méthode de travail, telle que décrite par Verne lui-même, qui justifie l’utilisation de ses livres pour une analyse de l’imaginaire social linguistique franco-canadien:

Chaque jour après le repas de midi, je me mets immédiatement au travail et je lis d’un bout à l’autre quinze journaux différents, toujours les quinze mêmes, et je peux vous dire que très peu de choses échappent à mon attention. [...] Ensuite, je lis les revues, comme la Revue bleue, la Revue rose, la Revue des deux mondes, Cosmos, La Nature de Gaston Tissandier, L’Astronomie de Flammarion. Je lis aussi entièrement les bulletins des sociétés scientifiques et en particulier ceux de la Société de Géographie [...]. J’ai jusqu’à maintenant amassé plusieurs milliers de notes sur tous les sujets, et aujourd’hui, j’ai chez moi au moins vingt mille notes [...]18.

On sait que les journaux et les périodiques ont participé à la mondialisation médiatique des savoirs en France19, et que les récits de voyage ont « occupé une place considérable dans différents secteurs de l’imprimé périodique20 » entre 1800 et 1860, plus encore après 1860, où la presse de voyage devient très populaire, tout comme la presse colonialiste21.

Les textes canadiens de Verne se nourrissent directement de cette presse et de l’édition livresque et historique qui l’accompagne, c’est-à-dire qu’il puise son savoir dans le discours social médiatique et livresque. Sachant son intérêt pour les « langages parlés, lieux communs, clichés 22 », ses écrits se prête bien à une réflexion sur la notion d’imaginaire social linguistique23. Suivant le mouvement d’aller-retour entre le discours social et le texte, Jules Verne se nourrit du discours social linguistique, le met lui-même dans ses écrits pour participer à son tour à la construction de ce même discours social.

Pour examiner l’imaginaire social linguistique franco-canadien, nous avons d’abord sélectionné le personnage canadien de Ned Land dans Vingt mille lieues sous les mers24, roman qui a commencé à être publié sous forme de feuilleton du 20 mars 1869 au 20 juin 1870 dans le Magasin d’Éducation et de Récréation25. La parution du livre, le 16 novembre 187126, concorde avec un début d’intérêt significatif pour le Canada de la part des Français : Sylvain Simard constate une « augmentation constante et rapide du nombre des publications (portant sur le Canada), surtout après 187027 ». Il sera intéressant d’observer l’imaginaire social linguistique franco-canadien lorsque le Canada n’était pas si présent dans le discours social, c’est-à-dire avant 1870. Les résultats de notre analyse tendent à montrer que le personnage de Ned Land était représentatif de cet imaginaire linguistique. Comme deuxième élément de notre corpus, nous avons sélectionné le roman le plus « québécois » de Jules Verne, Famille-Sans-Nom28, roman publié en 1889 qui raconte une scène politique du combat des Patriotes de 1837 à 1838. Ce roman est publié, toujours selon Simard, au moment où les publications sur le Canada, sont les plus élevées29, et expose des détails précis et parfois étonnants de la linguistique canadienne.

L’objectif de cette étude est donc de dégager, à partir de ces deux romans de Jules Verne, la manière dont le discours romanesque et médiatique pouvait se représenter la langue franco-canadienne dans la dernière moitié du XIXe siècle. L’œuvre canadienne de Jules Verne constitue un point d’observation idéal pour cartographier l’imaginaire social linguistique, du moins dans Vingt mille lieues sous les mers et Famille-Sans-Nom. Notre analyse est principalement orientée autour de quatre questions : Qu’écrivait Jules Verne sur le français canadien? Ces représentations linguistiques franco-canadiennes sont-elles aussi présentes dans le savoir médiatique et romanesque de son temps? Que dit le discours social de la linguistique franco-canadienne? Quelle est l’évolution des représentations linguistiques canadiennes entre Vingt mille lieues sous les mers et Famille-Sans-Nom?

Pour pouvoir procéder à un dépouillement linguistique de ce corpus vernien, nous avons d’abord relevé systématiquement dans les deux ouvrages toutes les lexies canadiennes, c’est-à-dire toutes les unités du lexique (mots ou expressions)30 canadiennes ou reliées au Canada. Nous avons porté attention à toutes modifications (syntaxiques, morphologiques et phonétiques possibles) de ces lexies. Nous avons également relevé systématiquement tous les passages qui définissent ou commentent l’identité culturelle des Canadiens français, sans toutefois tomber dans une analyse ethnologique; nous n’avons relevé que les traits culturels liés à l’utilisation du français canadien.

Nous avons par la suite recherché les données relevées de notre corpus vernien dans un plus grand corpus constitué de récits de voyage, articles de périodiques et œuvres romanesques de la fin du XIXe siècle, entre autres trouvés chez Marie-France Caron-Leclerc (1998) et chez Sylvain Simard (1987), mais pas de manière exclusive. Nous y avons isolé des passages susceptibles de correspondre aux écrits verniens. Sans toutefois chercher à faire de la génétique textuelle, ni de relever tout ce qui se disait dans le discours social à l’époque des Voyages extraordinaires, nous avons tenté de rendre compte des différents imaginaires portant sur la linguistique franco-canadienne présents dans le discours social.

En terminant, soulignons que nous avions au départ l’intention d’intégrer le roman Le Volcan d’or à notre corpus vernien, puisque l’action se déroule au Canada, et en partie au Québec. Nous avons examiné la version originale de Jules Verne, c’est-à-dire celle que Gallimard31 a récemment publiée pour la première fois en 198932. Cependant, à la suite d’une lecture attentive, nous avançons que ce roman n’est manifestement pas terminé ; il y a des erreurs qui posent problème, stylistiques et orthographiques, et il s’agit d’irrégularités importantes. Par exemple, les mots « francs » et « dollars » s’interchangent sans cesse, parfois dans la même phrase. Du point de vue du lexique, le texte en lui-même ne contribue pas à notre réflexion. Nous avons donc décidé de l’exclure de notre corpus.

Le personnage de Ned Land, « Québécois bilingue protestant américanisé »

Ned Land est « le roi des harponneurs », un marin aguerri qui se retrouve retenu, tout comme les autres protagonistes de l’histoire de Vingt mille lieues sous les mers, le Professeur Aronnax et son domestique Conseil, par le Capitaine Nemo à bord du Nautilus. L’imaginaire social linguistique de Ned Land semble d’abord indissociable de sa nationalité. En effet, Ned Land est avant tout Canadien. Outre son nom, on le désigne à de nombreuses reprises comme « le Canadien ». En fait, la chaîne de référence du personnage de Ned Land, outre certaines anaphores pronominales33, est principalement reprise par le terme « Canadien ». Nous avons noté que cette anaphore pour le désigner se retrouvait à 225 reprises dans le texte. Son nom est quant à lui écrit 269 fois, ce qui rend presque son anaphore onomastique un synonyme de Ned Land. Le personnage et sa nationalité ne font qu’un.

D’abord, attardons-nous sur le nom anglais se traduisant par « terre », ce qui est quelque peu ironique puisqu’il est marin. Dans Jules Verne et le Québec, on rapporte que « beaucoup de lecteurs ont fait [de Land] un Canadien anglais, à cause de son nom34 ». Au Canada, on recense effectivement ce nom de famille au XIXe siècle chez des anglophones d’origine britannique en Nouvelle-Écosse35 et en Ontario36. Il semblerait donc que « Land » soit ici utilisé comme un nom de famille anglophone. Quant à son prénom, « Ned », il est connu comme étant communément le diminutif d’Edward, d’Édouard ou d’Edmund, qui pourrait être à ce moment autant un nom francophone qu’anglophone37. Bref, l’anthroponymie du nom « Ned Land » semble montrer une origine patronymique qui tende vers une identité avant tout anglophone canadienne38.

Son nom anglophone contraste cependant avec ville francophone dont il vient: on sait que Ned Land est Québécois : « La famille du harponneur était originaire de Québec. » (VM, 57) De plus, sa famille s’est établie en Amérique « à l’époque où cette ville appartenait à la France » (VM, 57). De plus, Jules Verne le décrit avant tout comme étant Canadien, mais aussi à moitié Français : « Qui dit Canadien, dit Français » (VM, 57) ou encore « Mais un Canadien est à demi-Français. » (VM, 110) Cependant, le français de Ned Land est un français du XVIe siècle, puisqu’il parle « la veille langue de Rabelais qui en encore en usage dans quelques provinces canadiennes » (VM, 57). Jules Verne sait que le français n’est pas uniquement parlé au Québec, mais également dans d’autres provinces. De plus, il sait qu’il s’agit d’un français en décalage avec celui contemporain de France.

Ned Land parle cependant aussi un anglais britannique. Lorsque le personnage d’Aronnax lui dit « À vous, maître Land, tirez de votre sac le meilleur anglais qu’ait jamais parlé un Anglo-Saxon » (VM, 101), Ned Land s’exécute sans problème. Nous pouvons donc nous interroger ici sur le sens d’« Anglo-saxon »; signifie-t-il britannique, américain ou anglophone? Le Littré de 1872-187339 le définit comme : « En parlant de la race à laquelle appartiennent les Anglais et les Américains des États-Unis, on dit souvent que ce sont des Anglo-Saxons.40» Un commentaire suit, confirmant qu’il parle en s’exprimant dans la langue de « Faraday » (VM, 101), qui est un chercheur britannique41. Il semble s’exprimer aussi dans une langue anglaise avant tout britannisée.

Son bilinguisme est renforcé par le fait que, lorsqu’il jure, Ned Land utilise autant « les plus énergiques jurons de la langue anglaise » que des jurons français. Ses jurons français sont toujours associés au diable, et ce, à 16 reprises durant le roman. On mentionne cependant qu’il regrette de ne pas pouvoir fêter le « "Christmas", la véritable fête de la famille, dont les protestants sont fanatiques » (VM, 218). On utilise ici un anglicisme dans le texte pour définir une réalité canadienne.

Par contre, Ned Land est aussi américanisé, puisqu’il chante le « Yankee doodle » (VM, 457). Il semble alors y avoir un flou entre le pays des États-Unis et le Canada. Ce sentiment se confirme lorsque Ned Land utilise le mot « dollar » (VM, 92; VM, 314), alors qu’on avait précédemment mis de l’importance sur le dollar des Américains. Le dollar, aux yeux du lecteur, semble alors une devise commune au Canada et aux États-Unis. Le seul anglicisme qu’il utilise dans tous ses dialogues est le « bowie-knife » (VM, 95), qui est décrit en note de bas de page comme un « [c]outeau à large lame qu’un Américain porte toujours sur lui » (VM, 95). Mentionnons aussi que Conseil le désigne une fois comme un « Américain » (VM, 110).

Bref, il n’est pas dit clairement que Ned Land est un Québécois francophone ni qu’il est un Québécois anglophone, mais il semble appartenir à la fois à la France par ses origines familiales et son français, au Royaume-Uni par son anglais, et aux États-Unis par certaines habitudes. Nous verrons que ce portrait identitaire linguistique est représentatif du discours social de 1870 en France.

Le discours social linguistique sur les Canadiens

Sylvain Simard écrit qu’« il faut reconnaître que l’image d’un pays n’a pu se créer [...] que par l’intégration d’une information plus ou moins précise provenant d’un ensemble de sources diverses et multiples42 ». La réalité est qu’à l’époque de l’écriture de Vingt mille lieues sous les mers, on redécouvrait le Canada. En 1831, le Français Alexis de Tocqueville s’étonnait qu’on y parle encore français : « Il n’y a pas six mois, je croyais, comme tout le monde, que le Canada était devenu complètement anglais.43 » Sachant cependant que le roman a été écrit entre les années 1865 et 1870, et que Verne a pu prendre des notes sur le Canada dans une période précédant 1865, nous avons tenté d’observer ce que les périodiques et romans de l’époque rapportaient sur le Canada.

D’abord, tout comme Verne le fait pour Ned Land, on rapporte dans le discours social à de nombreuses reprises la prononciation vieillie des Canadiens français. Jean-Jacques Ampère, dans la Revue des deux mondes en 1853, écrit que « [p]our retrouver vivantes dans la langue les traditions du grand siècle, il faut aller au Canada44 ». On parle parfois négativement du français « qui semble arriér[é] d’une centaine d’années45 », qui est aussi « peu élégant46 ». Cependant, un élément très important du discours social que Verne n’a pas intégré aux paroles de Ned Land est le rapprochement de cette prononciation à celle des Normands. En effet, les écrivains de l’époque mentionnent, au côté de la description du français ancien, qu’il existe un phonétisme particulier qui se compare à l’« accent normand47 » ou encore « [b]as-Normands48 » et qui leur rappellent le français contemporain parlé dans certaines provinces en France.

On mentionne aussi à de nombreuses reprises l’attachement des Canadiens français à la France, comme le fait Verne, en déclarant que « l’esprit canadien est resté français49 » et en rappelant à de nombreuses reprises l’origine française du Canada : « Le peuple canadien [...] était resté Français de mœurs, de caractère, de langage [...].50 » On accueille les Français généralement à bras ouverts, particulièrement dans la ville très française de Québec, « la population cri[ant] vive la France! [démontrant] du patriotisme51 ».

Le caractère bilingue des Canadiens est cependant vanté par de nombreux voyageurs en visite au Canada, tandis que d’autres voyageurs, moins nombreux, rapportent le contraire. Une pluralité d’informations concernant la situation linguistique au Canada circule, ce qui pourrait, de prime abord, expliquer l’identité linguistique multiple de Ned Land.

De nombreux écrits constituant un éclat considérable du discours social rapportent en chœur que « les Canadiens ont deux langues à apprendre, et parfois l’une est négligée au profit de l’autre52 », et mélangent parfois même les deux langues, les commerces montréalais affichant « un comique mélange d’anglais francisé et de français anglicisé53 ». On rapporte aussi que dans certaines villes, tous les habitants sont bilingues : Oscar Commettant, dans un récit de voyage écrit en 1864, indique que « [t]ous les habitants d’origine française qui habitent Bytown54 connaissent les deux langues55 ». Les hommes acadiens, eux « savent en général l’anglais56 », et les pêcheurs « l’entendent à peu près, sans être en état de s’exprimer autrement que d’une manière très-imparfaite57 ». En contraste avec cela, on rapporte donc aussi souvent que les « paysans ignor[ent] même la langue du vainqueur58 »; les francophones et anglophones communiquent ainsi parfois difficilement entre eux.

Nous supposons cependant que Jules Verne a lu entre autres un témoignage d’Ernest Duvergier Hauranne, qui a publié à de nombreuses reprises dans une de ses revues fétiches, la Revue des Deux Mondes59. Le portrait qu’il fait du Canada contient de nombreux éléments retenus pour le personnage de Ned Land, tel l’idée du bilinguisme égalitaire entre les Français et les Anglais déjà évoqué plus haut : « Presque tout le monde se sert également des deux langues, et vous ne pouvez pas toujours savoir à quelle race appartient l’homme à qui vous parlez; mais l’anglais prédomine.60 » Cependant, il va plus loin en mentionnant que « les deux races s’unissent de plus en plus, qu’elles se confondent volontiers sous une même dénomination nationale61 ». Selon lui, la « saga politique [...] a mêlé les deux peuples en une même nation canadienne62 ».

Ned Land est un produit même de cette unicité, puisque, au regard de toutes ses caractéristiques, on ne peut déterminer son appartenance linguistique. Certaines analyses ont vu en lui un Anglo-Saxon, d’autres un Canadien français, mais il semblerait simplement qu’il est cette alliance identitaire linguistique parcourant le discours social canadien63. « Le Canadien », comme il est surnommé tout au long de l’histoire, n’a pas de race64 propre, si ce n’est que la race canadienne décrite par Duvergier : « Êtes-vous Français ou Anglais? demandais-je. – Monsieur, je suis Canadien.65 » Bref, l’imaginaire social linguistique du Canada n’est pas ici uniquement français, mais est un amalgame des deux langues, des deux nations présentes au Canada en ce temps-là.

Bien que ce ne soit pas le sujet principal ici, nous tenons à rapporter une explication probable au protestantisme évoqué dans le roman, qui vient confirmer la race canadienne de Ned Land avant d’être linguistique : « Ce jour-là, c’était Noël, et Ned Land me sembla regretter vivement la célébration du "Christmas", la véritable fête de la famille, dont les protestants sont fanatiques. » (VM, 218) Il n’est pas écrit ici clairement que Ned Land est protestant, comme certains critiques l’ont vu, mais bien qu’il célèbre cette fête. Plusieurs témoignages, indubitablement nombreux dans le discours social en France au XIXe siècle, n’admettaient pas qu’un Canadien français puisse être protestant66; la religion catholique, plus qu’une pratique religieuse, est vue comme une tradition française. Cependant, comme nous l’avons démontré plus haut, Ned Land n’est ni un Canadien français, ni un Canadien anglais : Il est Canadien. Une explication très plausible du protestantisme de Ned Land serait que circulent dans le discours social des observations quant à l’assimilation des Canadiens français, Duvergier déclarant par exemple que « le Bas-Canada, en souscrivant à l’union nouvelle, renonce à ses traditions67 », puisqu’ils deviennent peu à peu des « partisans dévoués de la couronne britannique68 ». Cependant, cela ne nous semblait pas suffisant pour faire de Ned Land un protestant.

Jules Verne a vraisemblablement eu connaissance de l’existence des établissements protestants français en Nouvelle-France, établis par Coligny; il existait bel et bien une communauté protestante française sous les régimes français et anglais, formée entre autres par des marins69. De plus, cette réalité était rapportée, voire vantée, par François-Xavier Garneau dans les deux premières éditions de son Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours, c’est-à-dire celles de 1845-52 et de 185270. Cependant, il « se trouvait à exposer des idées qui allaient contre l’image d’une Nouvelle-France entièrement française et catholique; plusieurs passages traitant des protestants furent alors remaniés et même coupés dans certaines éditions postérieures71 ». Sachant les méthodes de travail et la lecture attentive de Jules Verne, il est fort probable qu’il ait lu l’ouvrage de Garneau, ou un quelconque article rapportant l’existence de protestants francophones au Canada. Ned Land découlerait donc de cette représentation protestante, probablement mineure, circulant dans le discours social avant une nouvelle réédition de l’ouvrage de Garneau, en 1859.

Concernant l’américanisation de Ned Land, le nom « Américain » par lequel on le désigne une fois ne signifie pas nécessairement qu’il le traite d’habitant des États-Unis. La définition d’ « américain », donné par le Littré : Dictionnaire de la langue française (1872-1877), montre que cet adjectif peut désigner tout ce « qui appartient à l’Amérique72 ». Cependant, Le Nouveau Petit Robert 2012 sur CD-ROM enregistre une occurrence utilisant l’adjectif « américain » afin de parler des États-Unis d’Amérique dès 178373. La signification d’ « Américain » reste donc incertaine.

Cependant, Ned Land sifflote bel et bien le Yankee doodle. Il s’agit d’un hymne reconnu à l’époque comme étant patriotique, voire même la « chanson-phare de la révolution américaine74 ». Certains auteurs du XIXe siècle, dont le romancier Émile Chevalier, ont démontré dans leurs écrits une certaine partisannerie envers les États-Unis75. Il est possible, mais nous formulons cette hypothèse avec réserve, que Jules Verne reprenne cette idée d’annexion du Canada aux États-Unis, qui circule dans le discours social français76, entre autres chez Duvergier77. Ce mouvement libéral pro-américaniste se retrouve également à plusieurs reprises dans ses romans canadiens, entre autres dans Famille-Sans-Nom. Ned Land est déjà quelque peu américanisé en chantant le Yankee doodle et en utilisant un anglicisme américain « bowie-knife », présent et représentatif des Américains dans le discours social, entre autres chez Gustave Aimard78.

Plusieurs éléments linguistiques, aussi présents dans le discours social contemporain de l’écriture de Vingt mille lieues sous les mers, ne se retrouvent pas dans le roman. Évidemment, ni Ned Land ni le Canada ne sont les sujets principaux de l’épopée du fameux Nautilus de Nemo, mais nous tenons à préciser que bien que Ned Land corresponde à un certain imaginaire linguistique, il n’est – évidemment – pas composé de tous les éléments circulant dans le discours social. Ceux-ci sont en effet nombreux et parfois contradictoires. Dans nos recherches, nous avons en effet croisé de nombreuses remarques sur la présence d’archaïsmes ou encore de lexique maritime dans le parler des Canadiens79.

Ned Land représente cependant bien une partie des imaginaires sociaux canadiens sur le plan linguistique, par son bilinguisme et son américanisation, tout comme son français vieilli : tout cela circulait bel et bien dans le discours social avant la multiplication des écrits canadiens (187080) et des récits de voyage (1880).

Famille-Sans-Nom : centralisation des imaginaires linguistiques

De 188781 à 1889, c’est-à-dire les années de la rédaction et de la publication de Famille-Sans-Nom82, sont des années charnières pour le Canada en France83, mais aussi pour tout texte moindrement exotique84. Cependant, Pierre Rajotte, dans son article « Le récit de voyage au XIXe siècle. Une pratique de l’intime », souligne qu’il y a de nombreuses répétitions dans tous ces écrits; on « retrouve des descriptions presque identiques, des anecdotes qui semblent toutes avoir été vécues par l’auteur mais qui réapparaissent dans une dizaine d’ouvrages différents85. » Il s’agit là d’une démonstration très convaincante de l’imaginaire social circulant entre le texte et le discours social; les écrivains puisent dans le « déjà-écrit » pour écrire à leur tour; ils confirment que « la réalité est conforme à l’érudition qu’on en a86 ». Cette pratique semble atteindre un paroxysme entre les années 1885 et 1889, puisque plusieurs auteurs, nous le verrons avec Jules Verne, mettent en action un imaginaire social linguistique franco-canadien peu original, puisant tous les mêmes représentations linguistiques circulant dans le discours social. Jules Verne ne fera pas exception avec son roman Famille-Sans-Nom, y compris dans la manière plutôt précise dont il présente son imaginaire social linguistique canadien, désormais beaucoup plus explicite que Vingt mille lieues sous les mers. Le courant médiatique tente en effet de s’éloigner des faux stéréotypes canadiens : la Revue Paris-Canada, fondée en 1884, est représentative de son temps lorsqu’elle exprime son souhait de rétablir la vérité sur le Canada en « apportant un correctif constant à ces exagérations malveillantes87 ». Bien que nous ayons vu que le discours social n’est pas la réalité, et que l’imaginaire social linguistique circulant dans une société est autonome par rapport à celle-ci, plusieurs auteurs, souhaitant se rapprocher de l’exactitude de cette réalité, tenteront un mouvement d’amorce ayant pour effet la centralisation des imaginaires sociaux linguistiques dans la même direction, ce qui semble expliquer le mouvement d’uniformisation de la fin du XIXe siècle des imaginaires linguistiques canadiens.

Aussi, bien que nous ayons relevé plusieurs syntagmes intéressants dans Famille-Sans-Nom, nous ne traiterons ici qu’un corpus réduit de nos données, qui montrent des exemples représentatifs de l’ensemble de la linguistique canadienne présente : nous avons tour à tour examiné la toponymie, les canadianismes et les particularités lexicales, la phonétique canadienne chez personnage de Tom Lacasse, les anglicismes et emprunts, et finalement une partie de l’identité culturelle et linguistique des Canadiens, c’est-à-dire le lien unissant les Canadiens français aux Français.

Mentionnons ici l’importance prépondérante des écrits de Réveillaud dans l’imaginaire social linguistique franco-canadien de Jules Verne. Eugène Réveillaud est un journaliste et écrivain qui dirigea plusieurs journaux républicains88. Il a écrit un ouvrage intitulé Histoire du Canada et des Canadiens français de la découverte jusqu’à nos jours, s’inspirant lui aussi de recherches personnelles et de plusieurs écrits avant lui, dont ceux d’Henri de Lamothe89. Il semble être à la fois un passeur hors pair d’imaginaire social linguistique, mais aussi un créateur actif du discours social, puisque les écrits verniens seront fortement influencés par ce dernier.

Nous savons en effet avec certitude que Verne a lu Réveillaud, puisqu’il le mentionne dans une correspondance avec Hetzel le 13 mai 1888 : « Je viens de parcourir l’ouvrage de Réveillaud [...].90 » De plus, Réveillaud a écrit des études dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, études qu’il reprend toutefois dans son livre « Le Canada et les Canadiens français »91, entre autres dans sa section « Appendice » nommée « La Langue et la littérature française au Canada ».

Toponymie

La toponymie canadienne traverse de nombreux romans du XIXe siècle, entre autres les écrits d’Émile Chevalier, Régis de Trobrilland et Gustave Aimard. Jules Verne n’est que représentatif de son temps lorsqu’il explique l’origine, ou encore l’étymologie de la formation des noms de différents lieux canadiens. Nous avons déterminé qu’il s’agissait d’une partie importante de l’imaginaire social linguistique franco-canadien, omniprésent dans le discours social et dans les écrits de (presque) tous les auteurs de la fin du XIXe siècle. Il est en effet habituel, lorsqu’on parle du Québec et du Canada, de mentionner l’origine autochtone de ces deux noms. Jules Verne le fait pour le mot Canada, « Le hardi Maloui [...] arriva devant un groupe de cabanes – Canada en langue indienne – [...] » (FSN, 168), et il le fait aussi pour Québec (FSN, 176). De nombreux auteurs, dont Réveillaud92, mentionnent l’étymologie de ces deux mots essentiels dans les textes parus au XIXe siècle, mais aussi d’autres noms de lieux à la morphologie entièrement française, par exemple « Lachine » (FSN, 274), ou « Notre-Dame-des-Éboulements » (FSN, 258).

Les auteurs du XIXe siècle se délectent également de la toponymie amusante canadienne, par exemple la « Baie des Ha-Ha! », présente dans Les Derniers Iroquois de 1888 : «  "Ha! ha!" ce cri d’étonnement [...], telle fut, sans doute, l’exclamation poussée par les premiers navigateurs européens [...]. [E]lle est restée comme dénomination de la plus étrange des baies.93 » Jules Verne le reprendra également en 1889 : « [...] cette merveilleuse baie des Ha-Ha! Appelation onomatopique que lui a décernée l’admiration des touristes. » (FSN, 257)

Bref, la toponymie, française ou d’emprunt, est omniprésente dans le discours social linguistique franco-canadien, tout comme elle l’est dans l’œuvre de Jules Verne.

Lexique canadien français

Dans le discours social circulant en France à la fin du XIXe siècle, une grande place est accordée au caractère innovateur et original du lexique canadien français94. Certains canadianismes95 sont même des lieux communs en France lorsqu’on aborde le sujet canadien. Le plus populaire est sans nul doute « habitant », évidemment repris dans Famille-Sans-Nom: « C’était le type parfait du cultivateur canadien, de celui qui s’appelle, non le paysan mais "l’habitant" dans les campagnes du Nord-Amérique. » (FSN, 300) Plusieurs auteurs le mettent dans leurs écrits, en l’accompagnant toujours d’une glose métalinguistique : « En Canada, nous donnons le nom d’habitants aux gens de la campagne.96 » Le mot « habitant » est également présent chez Jean-Jacques Ampère dès 185397, dans Les Derniers Iroquois d’Émile Chevalier98, ou encore chez Lamy99. Chez Jules Verne, les gloses métalinguistiques, explications encyclopédiques voire lexicographiques, peuvent suivre dans la même phrase, ou encore apparaître dans une phrase suivante lorsque le mot est utilisé dans un dialogue. Il arrive aussi que cette glose apparaisse en note de bas de page, comme pour le mot « piastre », au sens de dollar : « - Quatre mille piastres. (1) » (FSN, 185) La note de bas de page indique: « La piastre, ou dollar, vaut 5fr. 25 en Canada, et elle se subdivise en 100 cents, le cent équivalent à peu près au sou de la monnaie française. » (FSN, 185) Réveillaud l’indique lui aussi en note de bas de page, sensiblement dans les mêmes termes : « La piastre américaine ou dollar, de la valeur de cinq francs environ, fut prise pour unité monétaire et divisée en cintins ou sous qui correspondent à cinq centimes de notre monnaie.100 » « Piastre » circule fortement dans le discours social, par exemple chez Léon de La Brière101, et dans les romans d’Émile Chevalier.

Nous supposons également que Jules Verne a lu Henri de Lamothe, puisqu’il reprend de manière presque identique sa définition du sauvage (lieu commun en France au XIXe siècle) tout comme il le fait à plusieurs reprises pour Réveillaud : « Un sauvage – c’est ainsi, en Canada, qu’on appelle encore les Indiens, mêmes dans les actes officiels [...]. » (FSN, 309) Henri de Lamothe écrit sur cela : « À propos de ce mot "sauvage", il n’est peut-être pas inutile de faire remarquer que si en France le mot "Indien" est aujourd’hui généralement employé pour désigner les indigènes américains, il n’en est pas de même au Canada.102 » Il écrit ensuite que ce terme est employé dans « les documents officiels canadiens écrits en langue française103 » et que le féminin de sauvage est « sauvagesse ». Cependant, chez plusieurs auteurs de romans, on préfèrera le nom de « squaw ».

Jules Verne reprend également des lexies populaires dans la littérature canadienne-française104, symptôme qu’en Europe on commence également à lire des œuvres canadiennes, en utilisant par exemple le mot péjoratif « canouache» : « Non, pas un de ces canouaches (1), sous votre respect! » (FSN, 306) La note de bas de page indique : « Nom de mépris que les Canadiens donnent à certains sauvages de l’Ouest. » (FSN, 306)

Finalement, tout comme il le faisait avec Ned Land, les Canadiens utilisent des expressions reliées au diable pour jurer : « [...] qu’il eût volontiers envoyés au diable » (FSN, 332).

Aspects phonétiques canadiens ou « Eugène Réveillaud réécrit »

Il est d’abord important de préciser que la plupart des personnages de bonne naissance de Famille-Sans-Nom parlent un français « dit de France », suivant ce que Réveillaud écrivait sur les Canadiens cultivés : « Il convient tout d’abord de distinguer, là-bas comme chez nous, entre la société cultivée et la masse des habitants. La langue de la première ne diffère pas de celle qu’on parle dans la société polie de notre pays.105 » Cependant, un personnage, Tom Lacasse, « habitant » canadien-français, classe sociale que l’on peut reconnaître entre autres par son nom plus familier que ceux des autres personnages, s’exprime en utilisant les particularités phonétiques rapportées dans chez Réveillaud, plus particulièrement dans son « Appendice ».  

Jules Verne écrit sur ce personnage qu’« [i]l était facile de reconnaître un Canadien d’origine française, rien qu’à son accent et à la façon très ouverte dont il prononçait la diphtongue "ai". Et il chantait ceci : En revenant des noces / J’étas bien fatigué, / À la clare fontaine, / J’allas me reposer. » (FSN, 268) Cela correspond presque mot pour mot ce que Réveillaud écrit : «L’accent canadien, c’est la façon généralement très ouverte dont est prononcé la diphtongue ai [...].106 » Il explique par la suite que lorsque les habitants canadiens chantent « [à] la claire fontaine / J’allais me promener... », cela résulte en : « À la clare fontaine / J’allas me promener.107 »

Cela se poursuit avec d’autre particularité phonétique mise en écrit dans les dialogues : « Une et "tret" avec! répondit Tom, qui suivant la coutume, imprima à cette syllabe la prononciation canadienne, comme il aurait dit "il fait fret" pour il fait froid. » (FSN, 210) Réveillaud commente qu’« en revanche, le mot froid a gardé tout à fait, au Canada, le son qu’il a dans les dialectes normand et saintongeais : freid ou fret108 ». Idem pour le phonème [oe] :« "-À vous rendre mes "devouers", monsieur Jean! [...] C’est comme si c’état enfermé dans une boète!" [...] Louis Lacasse prononçait le mot "boite" comme il avait dit "devouers", ainsi que cela se fait encore dans certaines provinces de France. » (FSN, 270) Réveillaud écrit que les habitants prononcent de manière « très fermée [...] la diphtongue oi109 ». Il explique par la suite que cette prononciation existe encore en France « dans les campagnes, [dans] presque toutes les provinces de notre pays. Les habitants du Canada continuent de prononcer boite [...] comme le faisaient la cour de Louis XIV110 ».

Cependant, ces remarques sur la prononciation canadienne traversent tout le discours social canadien de la fin du XIXe siècle. On les retrouve également chez plusieurs auteurs, soit Auguste Fowert111, Paul Champion112, ou encore James Roy113. On se plaît en effet à représenter le parler des « habitants » canadiens, dont certains se moquent alors que d’autres les célèbrent et certains les critiquent.

De plus, comme l’indique Marc Angenot dans 1889. État d’un discours social, il est dans l’usage du discours social de 1889 de faire parler les paysans français en modifiant le français écrit pour représenter leur patois : « Il faut noter que le paysan jargonneux occupe tout le spectre des degrés de pittoresque comique.114 » Angenot parle même d’une « complicité euphorique entre le scripteur et ses lecteurs115 ». Les lieux communs canadiens se multipliant, le lecteur s’attend donc, puisqu’il est familier avec le discours social linguistique canadien, à retrouver une quelconque remarque ou anecdote sur le dialecte, le lexique, la phonétique. En d’autres mots, il s’attend à lire des représentations de « l’accent » canadien. Jules Verne ne le fait que pour Tom Lacasse, qui est alors le stéréotype de l’ensemble des habitants canadiens. Ses autres personnages, de bonne naissance, ne sont pas, à son égard, représentatifs de l’habitant canadien.

Anglicismes et emprunts

Vers la fin du XIXe siècle en France, ce n’est cependant pas la paysannerie qui était à la mode dans le discours social, bien que très présent, mais bien l’usage de l’anglais : « Les anglicismes [...] dominent les dialectes snobs de façon écrasante116. » Dans Famille-Sans-Nom, on peut retrouver deux sortes d’anglicismes qu’il est important de différencier : ceux qui étaient en usage avant tout en France, et ceux en usage au Canada. En France, comme au Canada, de nombreux anglicismes117 avaient investi le langage courant, en particulier dans les domaines de la politique et des activités économiques118. Cependant, ce ne sont pas les mêmes anglicismes qui ont investi la langue de ces deux pays au XIXe siècle. Mentionnons aussi que certains anglicismes de France de cette époque ont fini par envahir le français canadien, et pas le contraire.

Ainsi, des anglicismes comme  « meeting » (FSN, 172) ou encore « steamboats » (FSN, 220) ne sont pas des mots anglais particuliers au Canada. « Meeting » était en effet dénoncé par divers grammairiens dans des chroniques de langue ou articles de périodiques français contemporains aux Voyages extraordinaires : « Pourquoi – car l’anglomanie gagne même le peuple – pourquoi meeting plutôt que réunion?119 » « Meeting » est également rapporté dans le Dictionnaire des anglicismes; les mots anglais et américains en français, qui font l’inventaire de tous les anglicismes en usage en France120. « Meeting » y est répertorié comme anglicisme en France dès 1786121. « Steamboat » est également présent dans l’usage français dès 1829122. Cependant, on répertorie également « meeting » et « steamboat » dans Le parler populaire des Canadiens français,  mais ceux-ci semblent avoir intégré un certain usage canadien postérieur à l’écriture de Famille-Sans-Nom (1909).

Un indice textuel permet de déterminer alors avec certitude s’il s’agit un mot utilisé dans un contexte canadien ou non, qui différencie des anglicismes canadiens de ceux avant tout français. En général, aucune glose métalinguistique n’accompagne les anglicismes de France. On tient pour acquis que le lecteur comprend ces mots, le lectorat visé par Jules Verne étant avant tout français. Au contraire, les anglicismes canadiens seront toujours suivis d’une glose métalinguistique, sous la forme d’une traduction française ou encore sous celle d’un syntagme explicatif. Dans le cas de « meeting » et « steamboat », aucune explication n’est présente. Il s’agit donc d’anglicismes de France, qui semblent avoir par la suite intégré l’usage canadien123.

Dans d’autres cas, des anglicismes sont utilisés pour décrire une réalité typiquement nord-américaine; il s’agit d’anglicismes canadiens. L’été indien en est un exemple : « Et il avait raison de vanter les beautés de l’indiansummer du Canada, qui comprend plus particulièrement les mois de septembre et d’octobre. » (FSN, 252) La glose métalinguistique est ici ce qui suit l’ « indiansummer ». Encore une fois, Verne a probablement été lire Réveillaud : « Seuls, les mois de septembre et d’octobre, ce qu’on appelle aux États-Unis l’Indian summer (l’été indien) sont ordinairement très agréables.124 » Dans ce cas, il s’agit donc d’un anglicisme découlant d’un emprunt à l’anglo-américain.

Certains anglicismes canadiens sont à la fin du XIXe siècle des lieux communs dans la littérature française sur le Canada, par exemple l’anglicisme « lumberman » : « Les "lumbermen" les bûcherons, font là une fructueuse mais regrettable besogne, en jetant bas [...]. » (FSN, 298) « Lumberman », tel que l’écrit Henri Lamothe125  ou « lumberers », comme l’écrit Théodore Pavie, sont très présents dans le discours social canadien, mais n’apparaît pas chez Réveillaud.

Un autre anglicisme à l’orthographe inconstant est « buggie » : « Cette voiture était un de ces stages à deux chevaux qu’on appelle "buggies" en langage canadien. » (FSN, 209) Plusieurs auteurs le rapportent en effet dans leurs écrits, adoptant cependant des graphies différentes. Jules Verne, ou son réviseur, adoptera « buggie », comme Auguste Fowert, au profit de « bogueys », comme l’écrit Gustave de Molinari126.

Jules Verne est parfois lui-même aussi inconstant lors de l’utilisation des anglicismes. « Post-office » est un anglicisme utilisé à la page 205 de Famille-Sans-Nom, puis son équivalent français est utilisé quelques pages plus loin : « Bureau de poste » (FSN, 230).

Mentionnons brièvement que le vocabulaire amérindien est également très présent la représentation sociale nord-américaine qui circule en France. C’est surtout les romans de Chevalier et les traductions de Fenimore Cooper127 qui ont participé à la consécration de lexies tels « tomahawk » (FSN, 206) dans le discours social canadien, repris aussi par Jules Verne.

Bref, les anglicismes, français et canadiens, et emprunts amérindiens sont très présents dans le discours social du XIXe siècle. Jules Verne n’est que représentatif dans son temps lorsqu’il les insère dans son imaginaire linguistique.

Le Canada, cette France outre-mer

Finalement, tout comme l’ensemble des romans et diverses publications qui ont traversé le XIXe siècle, il existe un regret perpétuel de l’abandon du Canada de la part des colonies françaises : « Les Français [...] n’ont pu conserver cette magnifique colonie américaine; mais sa population, en grande majorité, n’en est pas moins restée française, et elle se rattache à l’ancienne Gaule par ces liens de sang, cette identité de race, ces instincts naturels. » (FSN, 168) À la fin du XIXe siècle, on souligne aussi le lien patriotique rattachant les Canadiens français à la France. Comme le souligne Sylvain Simard, c’est ce qui ressort le plus de tous les écrits, tant en France que dans les revues anglaises128. Jules Verne ne parle pas uniquement du Québec dans Famille-Sans-Nom, mais aussi des régions l’entourant, par exemple l’Acadie : « Mais, si l’Acadie est désormais possession britannique, elle est demeurée bien française par les tendances générales de sa population. » (FSN, 170) Ainsi, Jules Verne représente aussi bien l’Acadie que le Québec comme appartenant toujours symboliquement à la France.

Conclusion

L’objectif de cette étude était d’évaluer la manière dont le discours romanesque et médiatique pouvait se représenter le français canadien en France au XIXe siècle. Or, pour dégager ces représentations linguistiques que nous avons nommées l’imaginaire social linguistique franco-canadien, nous avions choisi un auteur représentatif de son temps, Jules Verne. Nous avons ainsi pu observer grâce à lui l’intérêt grandissant envers le Canada de la part des Français durant le XIXe siècle, ce qui a eu pour principales conséquences de resserrer les représentations linguistiques autour de quelques grandes topiques et d’amplifier la formulation d’imaginaires sociaux.

On retrouve ainsi dans Famille-Sans-Nom des informations linguistiques nombreuses sur le français canadien. Nous sommes bien loin du Canadien bilingue assimilé de Vingt mille lieues sous les mers. Les traits culturels liés au français canadien font en effet place à des lexies canadiennes authentiques, parfois modifiées de manière phonétique ou encore anglicisées lors de la mise en écrit dans un souci de réalisme. Rappelons cependant que ce souci de réalisme ne correspond pas nécessairement à la réalité, mais plutôt au discours social linguistique canadien circulant en France qui se voulait réaliste.

Bref, cette étude sur la manière dont le discours romanesque et médiatique pouvait alors se représenter le français canadien permet de tracer un portrait préliminaire de l’ethnologie canadienne vue de la France au XIXe siècle, la langue étant l’élément central de l’identité des individus et d’une société donnée129.

 (Université d’Ottawa)

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7. Ouvrage en ligne

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Notes

1  Voir W. Remysen 2009 & M.-F. Caron-Leclerc 1998.

2  L’épilinguistique peut être expliquée comme les « faits discursifs relatifs des jugements portés par les locuteurs sur [d]es […] pratiques [linguistiques]» (L.-F. Prudent 1980, dans T.Bulot 2005).

3  L’imaginaire linguistique est « l’ensemble des rapports complexes que les locuteurs entretiennent avec leur langue et avec les usages qu’ils en font, notamment sur les plans normatif et identitaire » (W. Remysen 2012, se référant à A.-M. Houdebine 2002 et W.Remysen 2011).

4  C. Bouchard 2011, A. Boudreau 2009, C. Bouchard 2002.

5  Voir entre autres P. Garneau 2008 & A. Yon 1975.

6  Sylvain Simard, Mythe et reflet de la France : l’image du Canada en France, 1850-1914, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, Cahiers du Centre de recherche en civilisation canadienne-française, 1987.

7  Cette étude consiste plus précisément en l’inventaire détaillé de 700 livres et brochures et de 643 articles de presse portant sur le Canada publiés en France.

8  Marie-France Caron-Leclerc, « Les témoignages anciens sur le français du Canada (du XVII au XIXe  siècle) : Édition critique et analyse », Thèse de doctorat, Université Laval, 1998.

9  Marc Angenot, « Chapitre 1, Le discours social; problématique d’ensemble », Médias 19 [En ligne], A. Préliminaires heuristiques, Publications, 1889 état du discours social, mis à jour le 29/07/2013, URL: http://www.medias19.org/index.php?id=11796

10  Ibid.

11  Pierre Popovic, « La sociocritique. Définition, histoire, concepts, voies d’avenir », Pratiques, n°151/152, décembre 2011, p. 24-29.

12  Ibid., p. 30.

13  Ibid., p. 29.

14  Joseph Chartier, « La Rébellion de 1837-1838 dans trois romans français du XIXe siècle », thèse de maîtrise, Université d’Ottawa, 1994, p. 110.

15  Gilbert Poutreau, Le grand roman de Jules Verne, sa vie, Paris, Stock, 1979, p. 47.

16  Daniel Compère, Jules Verne; écrivain, Genève, Librairie Droz, 1991, p. 42.

17  Marie A. Belloc, « Jules Verne at Home », The Strand Magazine, vol. IX, février 1985. Nous traduisons.

18  Cité dans Daniel Compère et Jean-Michel Margot, Entretiens avec Jules Verne 1873-1905, Genève, Slatkine, 1998, p. 91-92.

19  Voir sur le sujet Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant (dir.), Presses et plumes : Journalisme et littérature au XIXe siècle, Paris, Nouveau Monde Éd., coll. « Histoire contemporaine », 2004.

20  Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant (dir.), La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Nouveau Monde Éditions, coll. « Opus Magnum », 2011, p. 479.

21  Ibid.

22  D. Compère, op. cit, p. 61.

23  Il a entre autres mis en écrit plusieurs mots de nombreuses langues: le picard, le swahili, ...

24  Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Jules Verne »,  1990. Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle VM, suivi du folio, et placées entre parenthèses dans le texte.

25  Jules Verne, Voyages extraordinaires : Les Enfants du capitaine Grant – Vingt mille lieues sous les mers, édition sous la direction de Jean-Luc Steinmetz, collaboration de Jacques-Remi Dahan, Henri Scepi, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2012, p. LXIV.

26  Ibid., p.LXV.

27  S. Simard, op. cit., p. 13.

28  Jules Verne, Le chemin de France; Famille-sans-nom, Ed. Lausanne Rencontre, 1966.  Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle FSN, suivi du folio, et placées entre parenthèses dans le texte.

29  S. Simard, op. cit., p. 15.

30  Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (2012), Nouv. éd. Du Petit Robert de Paul Robert), texte rem. et ampl. sous la dir. De Josette Rey-Debove et Alain Rey, « lexie », Paris, Dictionnaires Le Robert informatisé/VUEF.

31  Jules Verne, Le volcan d’or, Gallimard, coll. « Folio », 1995 [1989].

32  Il circulait une version modifiée par son fils, Michel Verne, depuis 1906. Il serait cependant intéressant d’analyser les changements effectués par ce dernier dans le Volcan d’or, puisqu’il s’agit une version fortement anglicisée, par la présence d’anglicismes, mais aussi par la présence de phrases entièrement anglophones. On pourrait donc vérifier si la version de Michel Verne est représentative de son temps.

33  C’est à dire la reprise de « Ned Land » par des pronoms comme« il » ou « celui-ci ».

34  Bruno-André Lahalle, Jules Verne et le Québec  (1837-1838); Famille-Sans-Nom, Sherbrooke, Édition Naaman,1979, p. 46.

35  Leonard H. Smith, Nova Scotia Immigrants to 1867, Vol. 2, Baltimore, Genealogical Publishing Com, 1992.

36  Norman Kenneth Crowder, Early Ontario Settlers: A Source Book, Baltimore, Genealogical Pub. Co, 1993. 

37  Sachant que Land est possiblement un nom de famille du Royaume-Uni, le mot « ned » signifie dans anglais écossait informel « a hooligan or petty criminal, a stupid or loutish boy or man » (Oxford Dictionnary).

38  Nous avons cependant trouvé, dans des relevés généalogiques non officiels, la présence d’une famille Land en France au XIXe siècle. Il y avait également de nombreux Land aux États-Unis qui ont émigré au Canada après la révolte contre l’Empire britannique. Il serait intéressant de pousser cette piste plus loin lors d’une analyse anthroponymique des personnages verniens.

39  Nous avons conscience que ce dictionnaire a été édité après l’écriture de Vingt mille lieues sous les mers, mais nous ne trouvons pas cette occurrence dans le Dictionnaire de l’Académie française de 1832-1835.

40  The ARTLF project : Dictionnaires d’autrefois, Émile Littré : Dictionnaire de la langue française 1872-1877, [en ligne], « anglo-saxon ».

41  Oxford Dictionary of National Biography, « Faraday, Michael (1791-1867) », [en ligne], janvier 2011.

42  S. Simard, op. cit, p. 12.

43  Alexis de Tocqueville, Oeuvres complètes, t. XIV : Correspondances familiales, Paris, Gallimard, 1998[1831], p. 105.

44  Jean-Jacques Ampère, « Promenade en Amérique. La Nouvelle Angleterre et la Nouvelle France », Revue des Deux Mondes, vol. 17, 15 janvier, 1853, p. 306.

45  Jean-François-Maurice Arnault Dudevant (Maurice Sand), Six mille lieues à toute vapeur, Paris, Michel Lévy Frères libraires-éditeurs, « Bibliothèque contemporaine », 1862, p. 327.

46  Théodore Pavie, « L’Amérique anglaise en 1850 », Revue des Deux mondes, vol. 8, 15 décembre 1850, p. 988.

47  J.-J. Ampère, loc. cit.,  p. 306.

48  T. Pavie, loc. cit., p. 992.

49  J.-F.-M. Arnault Dudevant, loc. cit., p. 327.

50  Régis de Trobrilland, Le Rebelle; Histoire canadienne, Québec, N. Aubin et W.H. Rowen Imprimeurs, 1968 [1842],  p.5.

51  J.-F.-M. Arnault Dudevant, loc. cit., p. 344.

52  Emmanuel Blain de Saint-Aubin, « Passé. Présent et Avenir probable de la "Langue française au Canada" », Journal de l’Instruction publique, vol. 11, février-mars 1867, p. 18.

53  J.-F.-M. Arnault Dudevant, loc. cit., p. 328.

54  Bytown deviendra la ville d’Ottawa.

55  Oscar Comettant, L’Amérique telle qu’elle est. Voyage anecdotique de Marcel Bonneau dans le Nord et le Sud des États-Unis. Excursion au Canada, Paris, Achille Faure libraire-éditeur, 1864, p. 175.

56  Francois-Edme Rameau de Saint-Père, La France aux colonies. Études sur le développement de la race française hors de l’Europe. Les Français en Amérique, Acadiens et Canadiens, Paris, A. Jouby libraire-éditeur, 1859, p. 53

57  Charles-Henri-Philippe Gauldrée-Boilleau, « Le paysan de Saint-Irénée », dans Paysans et ouvriers québécois d’autrefois, Québec, PUL, 1968 [1861-1862], p. 25.

58  F.-E. Rameau de Saint-Père, op. cit., p. 142.

59  Cette hypothèse est renforcée par le fait que cet auteur parle de la domination des femmes américaines sur les hommes et exprime son souhait de voir le Canada s’annexer aux États-Unis, deux éléments absents de Vingt mille lieues sous les mers, mais présents dans Famille-Sans-Nom.

60  Ernest Duvergier de Hauranne, « Huit mois en Amérique. Lettres et notes de voyage », Revue des Deux Mondes, vol.59, 1866, p. 113-114.

61  Ernest Duvergier de Hauranne, Huit mois en Amérique. Lettres et notes de voyage 1864-1865; Vol. 1, Paris, Librairie internationale, 1866, p. 397.

62  E. Duvergier, « Huit mois en Amérique. Lettres et notes de voyage », loc. cit., p.113-114.

63  Nous nous opposons donc clairement à l’hypothèse que le Canada= États-Unis = France dans l’ouvrage de B.-A. Lahalle, op cit, p. 45.

64  À entendre dans le sens courant au XIXe siècle.

65  E. Duvergier, Huit mois en Amérique. Lettres et notes de voyage 1864-1865; Vol. 1, op. cit., p. 396.

66  S. Simard, op. cit, p. 50.

67  Duvergier, Huit mois en Amérique. Lettres et notes de voyage 1864-1865; Vol. 1, op. cit., p. 378.

68  Ibid., p. 379.

69  Marc-André Bédard, « La présence protestante en Nouvelle-France », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 31, n°3, 1977, p. 329.

70  Marc-André Bédard, Les protestants en Nouvelle-France, Québec, La Société historique de Québec, 1978,  p. 9.

71  Ibid, p. 9.

72  The ARTLF project : Dictionnaires d’autrefois, Émile Littré : Dictionnaire de la langue française 1872-1877, [en ligne], « americain ».

73  Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, op. cit, « américain ».

74  Micheline Cambron, « Les récits du Canadien : politique, fiction et nation », Tangence, n°63, 2000, p. 123.

75  S. Simard, op. cit., p. 74.

76  B.-A. Lahalle, op. cit., p. 33.

77 E. Duvergier, op. cit., p. 386-394 & 397-405.

78  Gustave Aimard, La belle rivière, Paris, H. Geffroy Libraire-Éditeur, 1894.

79  M.-F. Caron-Leclerc, op. cit., p. 811-812.

80  S. Simard, op. cit., p.13.

81  B.-A. Lahalle, op. cit, p. 57.

82  Olivier Dumas, Volker Dehs et Piero Gondolo della Riva, Correspondance inédite de Jules et Michel Verne avec l’éditeur Louis-Jules Hetzel (1886-1914); Tome I (1886-1896), Genève, Slatkine, 2004, p. 57, 59 & 79.

83  S. Simard, op. cit., p. 16.

84  Marc Angenot, « Chapitre 13. Gallocentrisme et imagologie des peuples étrangers», Médias 19 [En ligne], 1889. Un état du discours social, Publications, D. Ethnocentrisme, classocentrsimes, mis à jour le : 07/05/2013, URL : http://www.medias19.org/index.php?id=12289.

85  Pierre Rajotte, « Le récit de voyage au XIXe siècle. Une pratique de l’intime », Globe; revue internationale d’études québécoises, vol. 3, n°1, 2000, p. 15-16.

86  Francois Moureau, « L’imaginaire vrai »,  Métamorphoses du récit de voyage, Actes du colloque de la Sorbonne et du Sénat, 12 mars 1985, Paris, Champion et Genève, Slatkine, 1986, p. 166.

87  Paris-Canada, vol 7, n°1, 29 novembre 1890, p. 1.

88  M.-F. Caron-Leclerc, op. cit., p. 295.

89  Ibid.

90  Bibliothèque nationale, Tome II, n°52, cité dans B.-A. Lahalle, op. cit., p.69.

91  Eugène Réveillaud, Histoire du Canada et des Canadiens Français, Paris, Grassart, p.433.

92  Ibid., p.56.

93  Émile Chevalier, Les Derniers Iroquois, Paris, Calmann Lévy Éditeur, 1888,p.257.

94  M.-F. Caron-Leclerc, op. cit., p. 462-483.

95  Un canadianisme est un fait de langue particulier au français canadien.

96  Benjamin Sulte, Le Canada en Europe, Montréal, E. Sénécal, 1873, p.36.

97  J.-J. Ampère, op. cit., p.309.

98  E. Chevalier, op. cit.

99  George Lamy, Voyage du novice Jean-Paul à travers la France d’Amérique, 4e éd., Paris, Armand Colin et Cie éditeurs, 1898 [1890].

100  E. Réveillaud, op. cit., p.398.

101  Léon de La Brière, L’autre France. Voyage au Canada, Paris, E.Dentu éditeur, 1886, p.66.

102  Henri de Lamothe, Cinq mois chez les Français d’Amérique. Voyage au Canada et à la Rivière Rouge du Nord, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1879, p.112.

103  Ibid.

104  Société du parler français au Canada, Bulletin du parler français au Canada, Vol. IV, Québec, Imprimeur-Éditeur Édouard Marcotte, septembre 1905-septembre 1906, Université Laval, p.188.

105  E. Réveillaud, op. cit., p.523.

106  Ibid., p.524.

107  Ibid.

108  Ibid.

109  Ibid.

110  Ibid., p.524-525

111  Auguste Fower, La vie d’émigrant en Amérique (République d’Argentine, États-Unis et Canada), Paris, Imprimerie Paul Dupont, 1875, p.209-211.

112  Paul Champion, Le Canada, Paris, Librairie de la société bibliographique, 1886, p. v-vii.

113  James Roy, « The French language in Canada », Canadian Illustrated News, Montréal, vol. 16, n°17, 27 octobre 1877, p.259.

114  Marc Angenot, « Chapitre 7. Français littéraire, français national », Médias 19 [En ligne], 1889. Un état du discours social, Publications, C. Hégémonie, mis à jour le : 29/07/2013, URL : http://www.medias19.rog/index.php?id=12290.

115  Ibid.

116  M. Angenot, « Chapitre 7. Français littéraire, français national », op. cit.

117  Un anglicisme est un emprunt de nature quelconque à l’anglais, ici britannique ou nord-américain, qui se voit intégrer le lexique ou la structure de la langue française.

118  M.-F. Caron, op. cit., p. 664.

119  Revue de famille, I-III 1889, p. 82-32, cité dans Marc Angenot, « Chapitre 7. Français littéraire, français national », op. cit.

120  Dictionnaire des anglicismes : les mots anglais et américains en français, Josette Rey Debove et Gilberte Gagnon (dir.), Paris, Les usuels du Robert, 1980.

121  Ibid., p. 570.

122  Ibid., p. 989.

123  « Meeting » est en effet en usage au Canada aujourd’hui.

124  E. Réveillaud, op. cit., p. 437.

125  H. de Lamothe, op. cit., p. 134.

126  Gustave de Molinari, Lettres sur les États-Unis et le Canada. Adressées au Journal des Débats à l’occasion de l’exposition universelle de Philadelphie, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1876, p. 131-133.

127  Jules Verne en parle à plusieurs reprises. Vu le propos de notre brève étude, nous avons mis de côté Fenimore Cooper, pour y revenir possiblement dans une étude exclusive à ce dernier.

128  J. Roy, loc. cit., p. 258.

129  Chantal Bouchard, La langue et le nombril. Histoire d’une obsession québécoise, St-Laurent, Fides, p. 8.

Pour citer ce document

Hélène Labelle, « La topique linguistique du français canadien en France au XIXe siècle : le cas Jules Verne », Jules Verne : représentations médiatiques et imaginaire social, projet dirigé par Maxime Prévost et Guillaume Pinson Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/jules-verne-representations-mediatiques-et-imaginaire-social/la-topique-linguistique-du-francais-canadien-en-france-au-xixe-siecle-le-cas-jules-verne