Le journal comme support éditorial : l’exemple des extraits d’opéras de Gluck à Paris pendant la querelle des gluckistes et des piccinnistes
Table des matières
CHRISTINE KOULLAPI
Lors de la querelle des gluckistes et des piccinnistes, la dernière en date survenue dans le théâtre lyrique du xviiie siècle, la presse joue un rôle de premier plan dans la médiatisation des opéras. Cette presse, souvent partisane, participe activement à la querelle en publiant la majorité des écrits qui en constituent pour l’essentiel le corpus littéraire1. Aux commentaires élogieux des gluckistes faisant la promotion de l’œuvre réformiste du chevalier Gluck, publiés dans le Journal de Paris, s’opposent les réponses critiques des piccinnistes dans le Journal de politique et de littérature2. La partialité du premier quotidien français est même évoquée dans la Correspondance littéraire de La Harpe :
Si les stratégies de défense et de médiatisation des opéras gluckistes et piccinnistes sont plus ou moins éclairées par la ligne éditoriale du journal, la question de la publication des partitions détachées pendant la durée de la querelle est complexe. Tant dans la presse généraliste que dans les journaux spécialisés, la publication des partitions de Gluck présente des disparates, que cela concerne la ligne éditoriale du journal ou les extraits choisis pour la médiatisation de l’œuvre lyrique en question.
Nous proposons de mener un examen, autant quantitatif que critique, des partitions détachées de Gluck publiées dans la presse de l’époque pendant sa « bataille parisienne4 » de manière à définir d’éventuelles stratégies de défense gluckiste, notamment dans la presse partisane. Nous ne prétendons pas répondre ici de façon exhaustive au vaste sujet que constituent les stratégies de défense pendant la querelle des gluckistes et des piccinnistes dont les limites chronologiques s’étendent jusqu’à la veille de la Révolution. En effet, les contraintes matérielles imposées par les supports journalistiques examinés ne nous permettent d’évoquer qu’avec prudence la publication d’extraits musicaux qui semblent relever d’une stratégie de défense pendant la querelle, dans les années 1780. Notre propos sera de tenter d’apporter quelques éléments de réponse à deux questions : il s’agira d’envisager, d’une part, un lien éventuel entre la publication de partitions détachées et l’entreprise de médiatisation de l’œuvre gluckiste et d’étudier, d’autre part, la pertinence du choix des extraits publiés en vue d’une campagne de défense des œuvres lyriques du compositeur.
Contraintes méthodologiques
Avant de procéder à un examen quantitatif des partitions détachées tirées des opéras gluckistes, il serait judicieux de prendre en considération non seulement les contraintes matérielles que présentent les quatre supports dont sont tirés nos objets d’étude mais également leur hétérogénéité au niveau de leur périodicité et de leur genre éditorial.
Les journaux généralistes : le Journal de Paris et le Mercure de France
La création du Journal de Paris, le 1er janvier 1777, nous oblige de nous référer au mensuel Mercure de France pour l’examen des partitions détachées entre 1774 et 1776. Celui-ci n’aborde le répertoire de l’Opéra qu’en 1779 lorsque Jean-Baptiste-Antoine Suard prend en charge la rubrique « Académie royale de musique » du journal5. Ce changement est également observé au niveau du genre des extraits proposés. Alors que le périodique publie principalement des romances jusqu’en 1780, la nouvelle ligne éditoriale s’adonne à la reproduction d’extraits des nouveaux opéras représentés.
Par ailleurs, il semblerait a priori logique qu’en raison d’une publication quotidienne, le Journal de Paris propose un nombre annuel de partitions détachées plus élevé que le Mercure. Or, le premier quotidien français n’est pas assidu dans cette activité : la publication d’extraits musicaux est régulière pendant les trois années qui suivent sa création (1777-1779) et atteint même les trente extraits pour l’année 1778 ; mais la reproduction de partitions détachées se restreint considérablement dans les années 1780 pour disparaître en 17876. Le vide que laisse l’abandon de la rubrique sera complété par le Mercure de France qui, entre 1780 et 1784, publiera, en moyenne une partition détachée par mois, dont la moitié sera tirée des nouveautés représentées au théâtre de l’Opéra7.
Les journaux spécialisés : l’Almanach musical et le Journal de musique
Les deux journaux spécialisés dans lesquels se rencontrent des extraits musicaux de Gluck présentent une contrainte de publication qui ne nous permet pas de mener notre étude sur la totalité de la période chronologique évoquée précédemment. L’Almanach musical et le Journal de musique, journaux spécialisés proposent, respectivement, des rubriques intitulées « Choix d’ariettes notées » et « Morceaux choisis8 » dans lesquelles sont reproduites jusqu’à six partitions détachées. Mais l’année 1777 est marquée par l’arrêt de la publication du Journal de musique comme par l’abandon de la rubrique « Choix d’ariettes notées » dans l’Almanach musical9.
Notons, par ailleurs, que bien qu’au premier bord les quatre journaux paraissent hétéroclites, ils présentent des analogies au niveau de la publication des partitions détachées d’opéras entre 1774 et 1779. D’une part, la rubrique des partitions détachées est abandonnée dans les quatre journaux évoqués, qu’ils relèvent de la presse généraliste ou de la presse spécialisée. D’autre part, le corpus journalistique pris dans son ensemble couvre le cadre chronologique fixé par la présente étude, limitée par le fait qu’aucun journal ne présente de données complètes allant de 1774 à 1779. Nous sommes en présence de journaux qui, dans leur examen isolé, présentent des données parcellaires qu’il faut embrasser par une étude synthétique.
Les extraits d’opéras de Gluck dans la presse pendant la querelle10
Le nombre de partitions détachées des opéras gluckistes, publiées entre 1774 et 1779, s’élève à douze morceaux. Elles proviennent de cinq œuvres lyriques différentes du chevalier Gluck représentées à l’Académie royale de musique pendant la période examinée11. L’on compte six extraits de l’opéra Armide publiés dans le même numéro du Journal de musique, deux extraits d’Iphigénie en Tauride publiés dans le Journal de Paris à cinq jours d’intervalle l’un de l’autre, et un extrait pour les trois œuvres lyriques restantes12.
Ill. 1: Le premier extrait musical de Gluck dans le Mercure de France (juin 1774).
Ill. 2: Extrait de Cythère assiégée dans l'Almanach musical.
Nous observons, par ailleurs, l’absence d’extrait musical tiré des œuvres lyriques d’Orphée ou d’Alceste, représentées respectivement en 1774 et en 1776. Essayons de comprendre le contexte de publication des différents extraits musicaux du chevalier Gluck et commençons par le premier quotidien français, le Journal de Paris.
Tableau 1: Les extraits d'opéra de Gluck dans la presse.
Entre 1777 et 1779, des extraits musicaux issus des œuvres lyriques de Gluck13 et des Italiens Piccinni14 et Sacchini15 démontrent une médiatisation des œuvres lyriques en question par le biais de la publication de leurs airs détachés. La variété des airs proposés assidument pendant ces trois années semble s’inscrire dans une ligne éditoriale qui consisterait à rendre accessible au lecteur, par le biais de la partition détachée, l’œuvre lyrique représentée au théâtre de l’Opéra. Cette ligne éditoriale est confirmée par deux éléments complémentaires : l’agenda du journal et la date de parution de l’extrait musical.
Tout d’abord, le Journal de Paris informe quotidiennement ses lecteurs des spectacles représentés sur les trois théâtres institutionnels16. Concernant les programmations de l’Académie royale de musique, son agenda quotidien annonce les jours de spectacle (sous forme de calendrier) et offre des notices concernant non seulement la première d’un nouvel opéra17 mais également la reprise d’œuvres lyriques déjà représentées18. Des articles, sous forme de comptes rendus, sont également insérés dans la feuille du lendemain de la première d’une nouveauté lyrique. Nous remarquons, de fait, que la politique du journal (autant dans son agenda que dans les comptes rendus publiés) demeure liée à la médiatisation de l’œuvre lyrique auprès de son lectorat.
La publication d’extraits musicaux de Gluck se détache-t-elle de la ligne éditoriale de défense gluckiste ? Pendant les trois années où la publication d’extraits se fait de manière régulière, un extrait musical venant d’une nouveauté lyrique est publié le lundi suivant la première de l’œuvre lyrique en question19. Il s’avère que dans la campagne de publication de pièces détachées, le Journal de Paris, à l’instar des journaux spécialisés et du Mercure de France, se donne comme objectif principal d’informer son lectorat, par le biais d’une publication assidue, de l’actualité des programmations de l’Académie royale de musique. Toutefois, nous voudrions évoquer trois variantes qui semblent prouver que la publication des extraits de notre compositeur ferait partie de la stratégie de défense et de promotion de ses œuvres lyriques pendant la querelle des gluckistes et des piccinnistes. Nous voudrions également commenter le choix d’extraits musicaux et l’absence de partitions détachées issues de certaines tragédies-opéras du compositeur, par ailleurs couvertes d’éloges dans la presse partisane.
La publication d’extraits de Gluck dans le Journal de Paris : une stratégie de défense ?
Ill. 3: Extrait de l'opéra d'Armide dans le Journal de Paris, n° 272.
La première partition détachée publiée par le Journal de Paris est celle issue d’Armide de Gluck. Sans aucune explication de la part des rédacteurs concernant la création de la rubrique des partitions détachées, l’air détaché « On s’en étonnerait moins » apparaît à la dernière page du 272e numéro du journal, six jours après sa première représentation donnée à l’Académie royale de musique. On ne peut que constater la coïncidence entre le début de la publication d’extraits musicaux et le point culminant de la querelle – le moment où le compositeur allemand fait publier sa lettre adressée au piccinniste Jean-François de La Harpe après la première de sa tragédie lyrique20.
Si le début de la campagne de publication des extraits musicaux correspond au moment le plus fort de la querelle, la publication d’une somme de trois extraits musicaux durant l’année 1779 (après la profusion des trente partitions détachées publiées tout au long de 1778) relèverait davantage encore du parti pris du journal. En effet, la publication de ces trois extraits musicaux, venant des deux dernières œuvres du chevalier, démontre une volonté de mettre en avant les compositions du compositeur malgré un nombre important d’œuvres lyriques nouvellement représentées à l’Académie royale de musique au cours de l’année 1779. Les deux extraits issus d’Iphigénie en Tauride sont publiés à une semaine d’intervalle tandis que celui d’Écho et Narcisse paraît trois semaines après sa première.
Ill. 4: Le premier extrait détaché d'Iphigénie en Tauride dans le Journal de Paris, no 146.
Deux parmi les quatre extraits musicaux publiés dans le Journal de Paris font l’objet d’une allusion dans le compte rendu qui paraît le lendemain de la première de l’œuvre lyrique en question. En l’occurrence, tous les deux sont tirés de la tragédie d’Iphigénie en Tauride et l’auteur du compte rendu parle des « airs de Pylade [et de] ceux d’Iphigénie21 » qu’il a « admiré[s] particulièrement22 ». Aucun élément n’est donné pour l’extrait musical d’Armide ou celui d’Écho et Narcisse dans leurs comptes rendus respectifs, élément qui peut laisser supposer que le choix des extraits serait ici indépendant du compte rendu du rédacteur.
La stratégie de défense gluckiste devient plus évidente lorsqu’on aborde la seconde phase de la querelle pendant laquelle le journal restreint la fréquence des extraits musicaux. Bien que le quotidien continue à publier des extraits issus des nouveautés représentées au théâtre de l’Opéra, le répertoire de Piccinni est complètement négligé. Ses productions lyriques d’Atys (178023), d’Iphigénie en Tauride (178124) et de Didon (178325) sont seulement mentionnées dans l’agenda quotidien du journal. D’ailleurs, les comptes rendus publiés au lendemain de leur première privilégient un discours général et souvent une comparaison, au niveau du livret et de la musique, avec les œuvres lyriques de Gluck26. La publication des pièces détachées du compositeur italien est assurée dans le Mercure de France27 ; le journal publie deux extraits musicaux venant des deux opéras d’Atys et d’Iphigénie en Tauride tandis que l’opéra de Didon est également passé sous silence. Devant la négligence du Journal de Paris, le Mercure apparaît comme le journal qui prend le relais dans la publication « objective » d’extraits musicaux, en lien avec la programmation du théâtre de l’Opéra.
Un troisième indice qui validerait probablement notre point de vue est la publication d’une partition détachée dans le 124e numéro du Journal de Paris de 1784 qui s’écarte de la nouvelle ligne éditoriale. Alors que le quotidien ne publie que des extraits d’opéras de compositeurs français, la reproduction d’un extrait musical de la tragédie lyrique des Danaïdes dans la feuille du lundi 3 mai 1784 semble singulière. Tout d’abord, la légende de l’extrait ne donne aucune référence sur le nom du compositeur ; seul les noms du chanteur et du personnage qu’il interprète sur scène sont indiqués28. D’autre part, le choix de l’opéra dont l’extrait musical est détaché ne correspond plus aux critères éditoriaux du journal : en effet, depuis 1780, le journal semble privilégier les extraits issus d’œuvres lyriques relevant du genre de l’opéra-comique, écrits par des compositeurs français29. Par conséquent, la publication d’un extrait musical issu d’une tragédie-opéra semble étonnante, sinon à la replacer dans son contexte historique.
Ill. 5: La partition détachée des Danaïdes dans le Journal de Paris, no 124.
Alors que l’Académie royale de musique continue à donner l’Iphigénie en Tauride de Piccinni, une annonce du Journal de Paris laisse à entendre que Gluck, définitivement installé à Vienne depuis presque deux ans, serait de retour à Paris pour faire représenter une nouvelle œuvre lyrique30. L’annonce dans l’agenda quotidien aussi bien que le compte rendu dans la feuille du lendemain de la première des Danaïdes, se réfèrent à deux compositeurs pour cet opéra, Salieri et Gluck31 ; l’erreur n’est rectifiée que dans le numéro du 16 mai 1784, lorsque le journal publie une lettre de Gluck qui déclare que « la musique des Danaïdes est entièrement de M. Salieri32 ».
La volonté de citer le nom de leur favori semble devenir habituelle pendant cette seconde période de querelle, période pendant laquelle Gluck a pourtant définitivement quitté la capitale française. Les comptes rendus des reprises d’œuvres de Gluck, les articles sur les nouvelles œuvres lyriques représentées à l’Académie royale de musique et jusqu’à un certain point la persistance à associer le nom du compositeur allemand à la composition des Danaïdes démontrent que le quotidien ne sort pas de sa ligne éditoriale de promotion des œuvres du chevalier, et cela depuis sa création. Toutefois, si des indices gluckistes sont à trouver dans les exemples cités plus haut, il en est d’autres qui posent de vrais problèmes au niveau du choix des extraits musicaux issus des œuvres du chevalier.
Les « failles » de la stratégie de défense gluckiste
L’absence d’extraits musicaux venant d’opéras qui, selon les comptes rendus du Journal de Paris, semblent s’inscrire dans la continuité des œuvres de Gluck en relevant d’une forme de théâtre déclamé demeure ambiguë. En effet, le quotidien est le premier qui établit un rapport d’analogie entre les œuvres du chevalier Gluck et la forme du théâtre dramatique33. Par ailleurs, certains commentaires élogieux concernant la conduite de l’action ou les effets produits par les passages chantés du chœur établissent même une correspondance avec la forme antique de la tragédie grecque34. Cette comparaison prendra de l’essor après le départ de Gluck de Paris à la faveur du grand nombre de tragédies lyriques représentées au théâtre de l’Opéra pendant la décennie 1780 tirant directement leur argument d’une tragédie grecque. Le Journal de Paris commente abondamment cette pratique dans ses comptes rendus et il publie, également des lettres de librettistes qui revendiquent cette filiation entre le texte poétique et la tragédie grecque35. Il semble alors inexplicable qu’une campagne de médiatisation n’ait pas été menée pour promouvoir des œuvres lyriques qui, selon le quotidien, sont influencées par l’opéra « réformé » du compositeur favori du quotidien.
Le second point concerne la manière dont la rédaction du journal choisit les extraits issus des opéras gluckistes. Plusieurs paramètres sont à prendre en considération, notamment l’absence de précisions concernant la place de l’extrait dans l’œuvre lyrique. Les légendes accompagnant les extraits musicaux ne donnent aucune indication sur l’acte ou la scène dont les airs détachés sont tirés. L’examen des airs de Gluck démontre une grande variété en termes de numéros : trois des quatre extraits publiés dans le Journal de Paris sont des airs solistes tandis que le dernier extrait musical reproduit la partie de dessus du dernier chœur du drame lyrique d’Écho et Narcisse.
Ill. 6: L'extrait musical d'Écho et Narcisse dans le Journal de Paris, n° 291.
Concernant les partitions détachées issues d’Armide publiées dans le Journal de musique, on note que trois des six airs sont des airs solistes. Toutefois, une vérification de la partition montre qu’il s’agit, en fait, d’airs avec une reprise faite par le chœur ; la partition détachée ne reproduit, elle, que l’air soliste.
Toutes ces données laissent à supposer que la reproduction de l’extrait a un caractère informatif. L’espace limité ne permet pas aux rédacteurs du journal de choisir des airs d’une longueur importante, ni de reproduire toutes les parties du chœur, employé comme prolongement de l’air soliste ou comme entité autonome au sein de l’opéra. Cette supposition pourrait, par ailleurs, expliquer l’absence d’airs issus de l’Alceste français dans les éditions du Journal de musique en 1777. La longueur importante des airs d’Alceste à la fin du premier acte aussi bien que l’omniprésence du chœur pendant tout l’opéra et notamment son emploi continuel ne facilitent pas l’extraction d’airs pour une éventuelle publication détachée. Néanmoins, le choix des extraits musicaux parus dans le Journal de Paris, nécessite, également, quelques éclaircissements. Les extraits d’Armide et d’Iphigénie en Tauride incitent à des questions précises : concernant la première, pourquoi privilégier la publication d’un air chanté par un personnage secondaire au lieu d’un air d’Armide ? De même, dans le second cas, comment expliquer la publication de l’air de Pylade plutôt que celui du personnage principal ?
Le manque de réponses de l’équipe de rédaction du journal ne nous permet que de proposer quelques hypothèses plus ou moins vraisemblables sous forme d’interrogations. Si c’est une question d’espace restreint, alors l’hypothèse selon laquelle les extraits sont choisis selon leur longueur pourrait être valable. Si le choix des airs était tributaire des réactions du public lors des représentations à l’Opéra, les différents commentaires et articles auraient sans doute rendu compte de l’accueil, plus ou moins favorable, réservé aux airs publiés. Or, les comptes rendus du Journal de Paris ne donnent aucune indication spécifique sur les réactions du public à l’écoute des airs ensuite publiés dans le journal. Notons, par ailleurs, une variante au niveau des légendes accompagnant les extraits publiés dans le premier quotidien français : certaines légendes font référence au nom du chanteur qui interprète l’air détaché en question.
Ill. 7: Légendes des extraits musicaux d'Iphigénie en Tauride dans le Journal de Paris.
Cette pratique, régulière d’ailleurs pendant la première année de publication des partitions détachées, se modifie à partir de 1778. On ne cite que les noms des chanteurs en vogue (comme Le Gros ou Mlle Levasseur36), notamment pour les tragédies lyriques de Gluck et de Piccinni, représentées sur la scène de l’Académie royale de musique. On pourrait, de fait, supposer que cette pratique s’inscrirait dans la campagne de promotion non seulement de l’œuvre lyrique en question mais également des sujets interprétant les premiers rôles. Néanmoins, force est de constater que, sans aucune information de la part des rédacteurs sur la ligne éditoriale présidant à la publication des pièces détachées, seules des hypothèses sont possibles.
La publication de partitions détachées dans la presse soulève diverses questions. Relevant d’une campagne éditoriale de médiatisation des œuvres lyriques, la publication d’extraits d’opéras acquiert des fonctions particulières dans la presse partisane pendant la querelle des gluckistes et des piccinnistes37. Si les journaux spécialisés nous font défaut et ne fournissent que des données éparses, par l’effet des contraintes de publication, la presse généraliste s’avère un champ d’informations important malgré le manque de précisions de la part des rédacteurs des journaux. Bien que les rédacteurs du Journal de Paris affichent « la modération qui convient au caractère de notre journal38 », la publication d’extraits musicaux témoigne d’une tout autre réalité. Il s’avère alors que la défense gluckiste ne se trouve pas seulement dans les lettres et écrits insérés dans les différents journaux de l’époque. Le choix des extraits musicaux témoigne aussi de la volonté de promouvoir l’œuvre du chevalier Gluck malgré la difficulté à extraire, dans l’espace du périodique, des pièces représentatives de l’œuvre lyrique.
(Université de Lyon – Université Lumière Lyon 2 – UMR 5317 IHRIM)
Notes
1 Les Mémoires secrets attribués à Louis de Bachaumont attestent la virulence des joutes verbales entre les partisans de chaque camp : « Les querelles élevées entre les Gluckistes & les Lullistes ont dégénéré, suivant l’usage, en guerre très-vive, qui s’est faite à coups de plume. Il paroît journellement quelqu’écrit à cette occasion, où ces Messieurs ne s’épargnent pas les injures. Mrs. de la Harpe & Marmontel sont les coryphées du dernier parti ; Mrs. Arnaud & Suard sont à la tête du premier. » (Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des Lettres en France, depuis 1762 jusqu’à nos jours, ou Journal d’un observateur contenant les analyses des pièces de théâtre qui ont paru durant cet intervalle, les relations des assemblées littéraires ; les notices des livres nouveaux, clandestins, prohibés ; les pièces fugitives, rares ou manuscrites, en prose ou en vers ; les vaudevilles sur la cour ; les anecdotes et bons mots, les éloges des savants, des artistes, des hommes de lettres morts, etc. continué par Pidansat de Mairobert et Moufle d’Angeville, Londres, John Adamson, t. x, 1780-1789, p. 267). Parlant des « Lullistes » en 1777, leur parti embrassera la cause de Piccinni une fois que le compositeur italien aura présenté ses œuvres lyriques en France en 1778.
2 Le gluckiste Jean-Baptiste-Antoine Suard publie quotidiennement des lettres défendant l’œuvre lyrique de Gluck dans le Journal de Paris, sous le pseudonyme d’Anonyme de Vaugirard, Le piccinniste Jean-François de La Harpe, quant à lui, publie ses réponses ou attaques dans le Journal de politique et de littérature. Les deux écrivains engagent une discussion virulente par le biais de la presse interposée sur la représentation de la tragédie lyrique d’Armide du compositeur allemand. Il existe d’ailleurs le fameux jeu des mots de M. de Trois* publié aux 306e et 307e numéros du Journal de Paris qui met en avant la dispute entre les deux hommes : Aux « Vers à l’Anonyme de Vaugirard sur la Réponse à M. Gluck » : « Mais tout cela n’empêche pas ; que son Armide ne m’ennuie » (Journal de Paris, no 306, dimanche 2 novembre 1777) répondent les « Vers d’un homme qui aime la Musique et tous les Instrumens, excepté la Harpe » : « Et surtout, la Harpe m’ennuie » (Journal de Paris, no307, lundi 3 novembre 1777).
3 « Lettre LXXIII », écrite en 1777 dans Jean-François de La Harpe, Correspondance littéraire adressée à son A. I. Mgr le Grand-Duc, aujourd’hui empereur de Russie, et à M. le comte André Schowalow, chambellan de l’impératrice Catherine II depuis 1774 jusqu’à 1789, Genève, Slatkine Reprints, t. I, 1968, p. 481. Voir également l’article sur les « querelles musicales » de la Correspondance littéraire suscité par la publication du poème de Marmontel Polymnie. L’auteur de l’article déclare : « M. Suard a fait dire avec beaucoup de douceur à M. Marmontel que, s’il s’avisait jamais de faire paraître son poëme sur la guerre de musique, il lui couperait le visage. M. Marmontel n’en est pas moins empressé à lire le poëme à qui veut l’entendre. » (Correspondance littéraire, philosophique et critique par Grimm, Diderot, Raynal, Meister, éd. Maurice Tourneux, Paris, Garnier frères, t. 12, 1880, p. 393).
4 L’expression est attribuée à Jacques-Gabriel Prod’homme qui l’utilise pour caractériser les années parisiennes de Gluck, lorsque celui-ci s’y installe entre 1774 et 1779. Voir Jacques-Gabriel Prod’homme, Christoph-Willibald Gluck, éd. Joël-Marie Fauquet, Paris, Fayard, 1985, p. 189-290.
5 Nous renvoyons le lecteur à l’article de Michael O’Dea, dans les présents actes, « Une nouvelle critique d’opéra ? Le Mercure de France sous Pancoucke » où il est question de la manière dont Jean-Baptiste-Antoine Suard assure la rubrique « Académie royale de musique » de 1779 à 1784.
6 Nous renvoyons le lecteur à l’article de Joann Élart reproduit dans les présents actes, « Chanter à “périodique ouvert” : les partitions imprimées dans le Journal de Paris et le Journal de Normandie à la fin de l’Ancien Régime » où la reproduction des partitions détachées dans le premier quotidien français est abordée plus analytiquement.
7 Dans le Mercure de France, les partitions détachées publiée sont placées avant la rubrique des « Nouvelles Littéraires », que l’on se réfère aux éditions avant ou après Panckoucke. Il n’en reste que l’on en trouve parfois au début du journal, après la rubrique des « Pièces fugitives ». Au contraire, dans le Journal de Paris, la partition détachée est toujours placée à la quatrième (et dernière) page.
8 À partir du second numéro du Journal de musique, publié en 1777, la rubrique « Morceaux choisis » est également appelée « Musique gravée ».
9 Journal annuel paru entre 1775 et 1783, l’Almanach musical propose une rubrique « Choix d’ariettes notées » pendant les deux premières années de sa publication. La rubrique est supprimée dans le troisième numéro du journal, publié en 1777.
10 Les illustrations utilisées tout au long de cette présentation sont tirées des journaux numérisés, mis en ligne et en consultation libre dans le Gazetier universel, ressources numériques sur la presse ancienne : Almanach musical, Journal de musique, Journal de Paris, Mercure de France.
11 Plus précisément, et suivant l’ordre de représentation à l’Académie royale de musique, il s’agit des œuvres suivantes : Iphigénie en Aulide (tragédie-opéra en trois actes, livret de Bailly du Roullet et musique de Gluck représentée pour la première fois le mardi 19 avril 1774) ; Cythère assiégée (opéra-ballet en trois actes, livret de Favart, musique de Gluck, représenté pour la première fois le mardi 1er août 1775) ; Armide (drame héroïque en cinq actes, livret de Quinault, musique de Gluck, représentée pour la première fois le mardi 23 septembre 1777) ; Iphigénie en Tauride (tragédie en quatre actes, livret de Guillard, musique de Gluck représentée pour la première fois le mardi 18 mai 1779) ; et Écho et Narcisse (drame lyrique en trois actes, livret de Tschudi, musique de Gluck, représenté pour la première fois le vendredi 24 septembre 1779).
12 Nous renvoyons le lecteur au tableau (voir infra) qui recense les douze extraits musicaux issus des œuvres de Gluck ; leur présentation suit l’ordre chronologique de publication dans la presse. Le premier extrait musical d’une œuvre gluckiste (l’air d’Achille dans Iphigénie en Aulide) apparaît au numéro du mois de juin 1774 du Mercure de France tandis que le dernier extrait, issu d’Écho et Narcisse, est publié dans le 291e numéro du Journal de Paris.
13 Nous renvoyons le lecteur au tableau.
14 Il s’agit de quatre morceaux détachés de l’opéra Roland : Journal de Paris (JP), no33, lundi 2 février 1777, « Air chanté par M. Le Gros dans l’Opéra de Roland, Musique de Piccinni » (incipit musical : « Je vivrai si c’est votre envie ») ; JP, no40, lundi 9 février 1777, « Air chanté par M. Le Gros dans l’Opéra de Roland, Musique de Piccinni » (incipit musical : « Vous servir est ma seule envie ») ; JP, no75, lundi 16 mars 1777, « Air de l’Opéra de Roland, Musique de M. Piccinni » (Air d’Angélique, incipit musical : « C’est l’Amour qui prend soin lui-même ») ; et JP, no85, jeudi 26 mars 1777, « Duo de l’Opéra de Roland, Musique de Piccinni » (duo d’Angélique et Médor, incipit musical : « Allons dans une paix profonde »). Nous trouvons, par ailleurs, un morceau détaché de l’opéra bouffon Le finte gemelle du compositeur italien (« Air de Finte Gemelle, Opéra bouffon, Musique de M. Piccinni »), les vers présentés en français et en italien inséré au Journal de Paris, no166, lundi 15 juin 1777.
15 Le Journal de Paris publie trois airs de l’opéra Olympiade de Sacchini dans trois numéros du mois d’octobre 1777 : JP, no283, vendredi 10 octobre 1777, « Air de l’Olympiade de M. Sacchini, chanté par Mlle Colombe, jouant le rôle d’Astérie » (incipit musical : « Ô, sort affreux ») ; JP, no293, lundi 20 octobre 1777, « Ariette de l’Olympiade de M. Sacchini, chantée par Madame Trial, jouant le rôle d’Argène » (incipit musical : « Dans ce bocage, l’oiseau volage ») ; et JP, no300, lundi 27 octobre 1777, « Ariette en rondeau de l’Olympiade de M. Sacchini, chantée par Madame Trial, jouant le rôle d’Argène » (incipit musical : « Non, mon cœur souffre »).
16 La Comédie-Française, la Comédie-Italienne et l’Académie royale de musique constituent les trois « lieux officiels de spectacles » à Paris selon André Blanc, Le Théâtre français du xviiie siècle, Paris, Ellipses, « Thèmes & études », 1998, p. 4. S’y ajoutent les nouvelles scènes du théâtre de la Foire et du théâtre du Boulevard pendant la seconde moitié du xviiie siècle. Le Journal de Paris informe quotidiennement son lectorat des programmations des nouvelles scènes, ce qui n’est pas le cas du Mercure de France qui commente les spectacles représentés sur les trois grandes scènes.
17 L’opéra de Gluck, Iphigénie en Tauride, représenté pour la première fois le mardi 18 mai 1779, est annoncé deux mois avant sa première, dès le 102e numéro du Journal de Paris (lundi 12 avril 1779): « Vendredi Roland. – En attendant le Devin du village, musique nouvelle, par J. J. Rousseau & Iphigénie en Tauride, de M. le Chevalier Gluck. »
18 Nous notons, par exemple, que dans son 35e numéro paru le vendredi 4 février 1780, le Journal de Paris nous informe que : « L’Académie royale de musique donnera aujourd’hui la 39e représentation d’Iphigénie en Tauride, Tragédie en quatre Actes, paroles de M. Guillard, musique de M. le Chevalier Gluck ; suivie de Mirsa, Ballet-Pantomime de M. Gardel l’aîné. »
19 Nous donnons, pour cela, un exemple démonstratif : la première d’Armide est programmée pour le mardi 23 septembre 1777 et la pièce détachée paraît au 272e numéro du Journal de Paris (lundi 29 septembre 1777). De même, l’opéra Roland de Piccinni est représenté pour la première fois le mardi 27 janvier 1778 tandis que sa première pièce détachée se trouve dans le numéro du lundi suivant : Journal de Paris, no33, lundi 2 février 1777.
20 Gluck répond aux critiques de La Harpe insérées dans le numéro du 5 octobre 1777 du Journal de politique et de littérature, dont une reproduite dans le Journal de Paris (no285, mercredi 12 octobre 1777). Le dernier paragraphe s’adresse directement au piccinniste en question : « Vous me prouvez, Monsieur, qu’il suffit d’être Homme de Lettres pour parler de tout. »
21 Journal de Paris, no139, mercredi 19 mai 1779.
22 Ibid.
23 Livret de Quinault, musique de Piccinni, représenté pour la première fois le mardi 22 février 1780.
24 Livret de Dubreuil, musique de Piccinni, représenté pour la première fois le mardi 23 janvier 1781.
25 Livret de Marmontel, musique de Piccinni, représenté pour la première fois le lundi 1er décembre 1783.
26 Voir l’article insérée au lendemain de la première d’Iphigénie en Tauride de Piccinni (Journal de Paris, no 24, mercredi 24 janvier 1781) où l’auteur ne procède qu’à une comparaison avec l’œuvre homonyme du chevalier. D’ailleurs, l’on rencontre le même type de comparaison dans les Mémoires secrets. Dans ces derniers, l’on procède à une mise en comparaison de Gluck avec Piccinni dès les représentations de leurs œuvres respectives d’Armide et de Roland : « On a senti dès cette première représentation, très-imparfaite, les charmes d’une mélodie qu’on regrettoit dans Armide » (Mémoires secrets, op. cit., t. xi, p. 78).
27 Mercure de France, avril 1780, « Air d’Atys, chanté par Le Gros » (incipit musical : « Brûlé d’une flamme qui fait mon bonheur ») ; Mercure de France, février 1781, « Air d’Iphigénie de Piccinni, chanté par M. Le Gros » (incipit musical : « Oreste au nom de la Patrie »).
28 Journal de Paris, no 124, lundi, 3 mai 1784, « Air des Danaïdes, chanté par M. Lainez, jouant le rôle de Lyncée » (incipit musical : « Rends-moi ton cœur »).
29 Nous pouvons citer, à titre indicatif, quelques œuvres lyriques du répertoire de l’opéra-comique dont l’extrait musical est publié par le Journal de Paris entre 1780 et 1785 : Rosanie (comédie en trois actes, musique de Rigel, incipit musical : « Cher amant, sois constant », extrait inséré dans le JP, no 213, lundi 31 juillet 1780) ; Blanche et Vermeille (comédie-pastorale en trois actes, musique de Rigel, incipit musical : « Ici pour la première fois », extrait inséré dans le JP, no 155, lundi 4 juin 1781) ; La Double Épreuve ou Colinette à la Cour (comédie lyrique en trois actes, musique de Grétry, incipit musical : « On trouve un objet charmant », extrait inséré dans le JP, no 28, lundi 28 janvier 1782) ; Blaise et Babet (comédie en deux actes, musique de Dezède, extrait inséré dans le JP, no 209, lundi 28 juillet 1783) ; Richard Cœur-de-lion (opéra-comique, musique de Grétry, incipit musical : « La danse n’est pas ce que j’aime », extrait inséré dans le JP, no 299, lundi 25 octobre 1784) ; Panurge dans l’isle des Lanternes (comédie-opéra, musique de Grétry, incipit musical : « Chacun soupire dans ce séjour », extrait inséré dans le JP, no 27, lundi 27 janvier 1785).
30 « le retour de M. le Cher Gluck est sollicité, & que c’est d’après les représentations des Sujets eux-mêmes, que le Ministre, qui s’occupe de tous les moyens propres à faire fleurir ce Spectacle, s’est déterminé à les autoriser à faire à ce fameux Compositeur des propositions aussi honorables qu’avantageuses. » (JP, no 61, vendredi 2 mars 1781).
31 Le compte rendu du lendemain de la première représentation mentionne : « La Musique est de la composition de M. le Chevalier Gluck, et de M. Salieri, Maître de la Musique de Chambre de l’Empereur. Nous ignorons jusqu’à quel degré le sublime Auteur des deux Iphigénies, d’Alceste, d’Armide &c. a influé sur cette composition ; mais il ne paroît pas que le public y ait remarqué aucune disparate, ce qui doit faire supposer que M. Salieri est digne de s’associer à ce grand homme. » (JP, no 118, mardi 27 avril 1784).
32 JP, no 137, dimanche 16 mai 1784. Le Journal de Paris continue à publier les noms des deux compositeurs jusqu’à la sixième représentation de l’œuvre lyrique : « Aujourd’hui, 18 [i.e. mai] les Danaïdes, Tragédie en cinq actes, paroles de M.***, musique de M. Salieri, Maître de musique de S. M. l’Empereur & des Spectacles de la Cour de Vienne. » (JP, no 139, mardi 18 mai 1784).
33 Le début du compte rendu publié au lendemain d’Iphigénie en Tauride de Gluck est significatif : « L’Auteur a eu en vue de ne point s’écarter du genre Tragique, & nous croyons devoir le louer de n’avoir introduit dans son sujet aucun épisode étranger. » (JP, no 139, mercredi 19 mai 1779).
34 Nous citons le début du compte rendu de Jean-Baptiste-Antoine Suard, paru dans le Mercure de France du 25 mai 1779. Parlant du livret, Suard note que « M. Guillard a conservé à son sujet toute la sévérité de la Tragédie antique, & il nous a donné le premier Opéra sans amour qui existe sur aucun théâtre ». De même, lorsqu’il est question de la musique, il mentionne que « l’Iphigénie en Tauride nous présente un Spectacle peut-être encore plus étonnant, parce qu’avec un sujet moins riche & moins heureux, il produit encore de plus grands effets. Tout ce que la Tragédie antique a de plus auguste & de plus touchant, y est paré de toutes les richesses de la musique moderne. »
35 Nicolas-François Guillard, librettiste d’Iphigénie en Tauride de Gluck et d’une Électre de Lemoine, fait publier une lettre dans le Journal de Paris où il explique la manière dont il en compose le livret : « J’ai cru pouvoir conserver Électre telle que Sophocle nous l’a peinte, en ôtant seulement les choses trop fortes qui, non seulement ne sont pas dans nos mœurs, mais sont horribles en elles-mêmes. » (JP, no 196, lundi 15 juillet 1782).
36 Rosalie Levasseur (son vrai prénom fut Marie-Claude-Josèphe) et Joseph Legros sont les deux chanteurs qui tiennent les rôles protagonistes dans les œuvres lyriques de Gluck et de Piccinni pendant la période entre 1774 et 1779. Mademoiselle Levasseur aurait été formée par Gluck lui-même. Voir Émile Campardon, L’Académie royale de musique au xviiie siècle, Genève, Slatkine Reprints, t. II, 1970, p. 130.
37 Le développement de la presse pendant le xviiie siècle permet de rendre compte des débats surgis au théâtre lyrique. Comme le note Béatrice Didier, la presse « permet la vulgarisation des idées et la polémique. Les journaux, qu’ils soient pour ou contre le parti des Philosophes, contiennent en général des comptes rendus de livres, éventuellement de spectacles, et orientent donc l’opinion publique de façon efficace. » Voir Béatrice Didier, Histoire de la littérature française du xviiie siècle, Paris, Nathan, coll. « Nathan Université », série « Études linguistiques et littéraires », 1992, p. 201.
38 JP, no 82, vendredi 23 mars 1781.