Presse, prostitution, bas-fonds (1830-1930)

Comment se vendre : L’escroquerie et le marketing dans La vie publique et privée de Mossieu Réac (1848-1849) de Nadar

Table des matières

MELANIE CONROY

1848, ou la préhistoire de La vie publique et privée de mossieu Réac (1848‑1849)

En 1848, Gaspard-Félix Tournachon, dit Nadard, publie l’une des premières bandes dessinées françaises dans La Revue comique à l’usage des gens sérieux (1848-49), un journal de satire politique. Fondée par Hertzel, avec la participation de Quillenbois, de Bertall, de Johannot et de Nadard, la Revue comique a pour but unique la critique de Louis-Napoléon1. La Revue Comique fait concurrence au Charivari de Charles Philippon, le principal journal de satire sous la Monarchie de Juillet2. La Revue Comique se distingue par sa focalisation monomaniaque sur M. Bonaparte et ses « partisans ». Selon Nadar et les autres satiristes de la revue, Louis‑Napoléon n’est qu’une copie minable de son oncle. L’idée fixe du journal s’exprime par un grand nombre de métaphores du faible et du factice : entre autres, l’univers d’Hertzel est plein de statues de plâtre, de masques, de miroirs, et de bronzes3.

Truffée de caricatures et de courts textes satiriques, parfois volés à d’autres journaux, La Revue comique n’a que deux cibles principales : M. Bonaparte et Émile de Girardin, éditeur de La Presse. La politique éditoriale n’est pas discrète : il n’est point possible de feuilleter une livraison du journal sans se rendre compte de la haine intense des écrivains et de l’éditeur pour les « bonapartistes de 1848 » et les autres « réactionnaires4 ». C’est ici que figurait le Grand concours ouvert pour le portrait du prince pour rire, la première série de caricatures de Nadar, dessinées et jugées par Tournachon lui-même. « Le prince pour rire » se moque des ambitions du « prince », mais aussi des prétentions du caricaturiste qui se veut le juge de l’homme politique le plus puissant de son époque5. Malgré l’humeur maline et autoréflexive de cette série, la critique demeure vigoureuse. Louis Napoléon est sans cesse contrasté à son oncle et la comparaison ne flatte jamais le neveu, plus petit, moins sincère, et avide de se rendre agréable à tout le monde6.

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« La grenouille et le bœuf », extrait du Puppet Show (Londres)7.

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Nadar, « Mention honorable », Grand concours ouvert pour le portrait du prince pour rire8

La politique, art de conquête, art de séduction

L’homme politique est-il un conquérant légitime ou un séducteur ? Pour La Revue comique, la question n’est pas si facile à résoudre qu’elle peut paraître. L’admiration que le public français montre pour Louis Napoléon, neveu de l’empereur et candidat à la présidence, met les républicains en colère. Louis‑Napoléon est-il assez séducteur pour gagner la présidence ? La Revue Comique se pose la question. Dans l’article « Qu’est-ce qu’un prétendant ? » le journaliste anonyme avance qu’un prétendant n’est qu’un « conquérant en diminutif », mais insiste aussi sur la séduction de l’homme politique. Pour celui‑là, la politique exige que tout participant soit prêt à se vendre au public sans s’interroger sur les moyens qu’il emploie : « Aussi voyons-nous des hommes d’État, honnêtes gens d’ailleurs, mettre en œuvre la duplicité, la trahison, la violence, en un mot, recourir sans scrupule, à des moyens tels que ces mêmes principes, qui dirigent leur vie politique, appliqués à leur vie privée les feraient considérer comme des monstres9 ». En bref, l’homme le plus honnête de sa génération serait malhonnête en politique.

L’auteur d’un autre article dans la même livraison se plaint du pouvoir séducteur qu’exerce Louis Napoléon par sa nullité, son manque de définition. Puisqu’il ne représente rien, il est sujet à diverses interprétations et à diverses alliances. Il est l’ami de tout le monde. Le journaliste rapporte plusieurs conversations qu’il a eues avec des Parisiens au sujet de Louis-Napoléon.

Il y a un grand nombre d’individus en France qu’un motif singulier rend partisans décidés de Louis-Napoléon. L’autre jour, dans un estaminet, je demandai à cinq ou à six joueurs de dominos :

Pourquoi votez-vous pour Louis-Napoléon ?
— Parce que c’est un homme nul.
— Et vous ?
— Parce que c’est un niais.
— Et vous ?
— Parce que c’est un imbécile10.

Que le dialogue soit inventé ou pas, le propos est clair : le marketing électoral que fait le neveu de l’empereur n’est ni légitime ni honnête. En revanche, le public parisien ne sort pas non plus de la logique du marketing électoral. Être conscient de la tromperie n’est pas forcément l’éviter. Le partisan de M. Bonaparte se contente de savoir qu’il est dupé par « L’homme de plâtre », mais il n’est pas pour le moins dupé. Pour dénoncer la complicité du public parisien, La Revue comique met en évidence la pensée tacite du futur empereur, c’est‑à‑dire qu’un second empire lui est voué :

Quoique je sois votre empereur
 Par le droit de naissance,
Je veux bien, de chaque électeur,
 Tenir la présidence.
Dam ! cela durera
 Tant que ça pourra.
Si la chose vous tente,
De mon oncle morbleu !
 Je suis le neveu ;
La Colonne est ma tante11.

Le vrai raisonnement du prétendant n’est pas très séduisant. Pour La Revue comique, Louis Napoléon n’est séducteur que par l’offuscation. Il est persuasif puisqu’il joue le rôle de signifiant sans signifié fixe, ouvert à beaucoup d’interprétations12. Comme tout prétendant qui cherche des partisans, il veut rester mystérieux, difficile à cerner13.

Vers la fin de 1848, le portrait politique satirique est interdit en France14. Les journaux n’ont plus le droit de s’attaquer à des individus identifiables en caricatures. La censure aurait pu mettre fin à La Revue Comique. En revanche, l’art du jeune Nadar est renouvelé par la contrainte. L’innovation de Nadar est un coup de foudre : au lieu de critiquer M. Bonaparte, il se met à dénoncer une classe entière, la bourgeoisie réactionnaire qui soutient le vrai prince pour rire, le soi-disant « parti crétin ». Nadar se moque des arrivistes de 1848 dans le personnage de Mossieu Réac, le Robert Macaire de la nouvelle génération.

Mossieu Réac, grand séducteur d’hommes

Mossieu Réac est, sans doute, un opportuniste politique et un charlatan. Au cours de sa vie, il exerce de nombreux métiers et exprime diverses opinions politiques : il est d’abord financier, puis journaliste, et puis homme politique. Son cœur est légitimiste, mais il se fait passer pour un républicain, pour un socialiste, ou pour un orléaniste. Dès sa première enfance, il est arrogant et égoïste : il passe trop de temps « dans le ventre de sa mère » et il « mord sa nourrice ». Même pendant son enfance, il est opportuniste, avare, et il vit sans principes moraux : « jaloux d’obtenir quelque palme et trop cancre pour la devoir à son mérite, il achète la composition d’un camarade15 ». Il n’y rien dans le caractère de Réac qui échappe à la logique économique.

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Chapitre II. – Éducation morale et philanthropique
« Puis, pour plaire à tout le monde, il cherche à se rendre utile à la
cuisinière,
Qui le remarque,
Et avec laquelle il goûte des voluptés pures et économiques16. »

Le jeune Réac n’a pas d’intimité en famille, dans son mariage, ou avec ses amis. En bref, il n’a pas de vie privée qui soit indépendante de ses ambitions publiques, c’est-à-dire « philanthropiques » et industrielles. Malgré la juxtaposition de la vie publique et de la vie privée dans le titre, La vie publique et privée de mossieu Réac se focalise sur la vie publique de Réac. Presque toute l’histoire se passe dans le monde des hommes : au marché, à la Bourse, à l’assemblé nationale, et Réac est toujours vainqueur dans ce monde. Mossieu Réac sait comment se rendre convenable et comment profiter des autres.

Même dans sa vie publique, en politique et en affaires, Réac opère par la séduction. Il séduit les hommes pour pouvoir les dominer, mais c’est enfin lui qui est dominé par l’opinion d’autrui et détruit par son désir d’être aimé. Au cours de sa carrière politique, il adopte les opinions politiques qui conviennent au plus grand nombre. Dans le monde politique, il peut ajuster ses convictions au contexte et aux préjugés de ses auditeurs.

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Chapitre VII. – Les machiavélismes de mossieu Réac
« Il nous paraît convenable de terminer ce chapitre par un tableau synoptique des nuances politiques successives de mossieu Réac17. »

En affaires, son désir d’être puissant, riche, et aimé le pousse vers des plans insensés, tels que le chemin de fer de Cracovie à Monaco, « avec embranchement sur Madagascar ». Réac et ses conspirateurs créent un coup de marketing : « Pour l’accomplissement de cette entreprise gigantesque, réclamée impérieusement par le commerce dans deux mondes, et la plus admirable conception du XIXe siècle, les fondateurs font appel au patriotisme éclairé des capitalistes français et étrangers ».

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Chapitre III. – La fortune sourit à ses efforts industriels et philanthropiques
« Le digne Ravagroff et mossieu Réac rédigent la liste de leur conseil d’administration, composé d’hommes honorables mais connus18. »

Le conseil d’administration de son entreprise, « composé d’hommes honorables mais connus », vend des actions sans valeur à de petits actionnaires19. Les actionnaires sont séduits par les machiavélismes de Réac et achètent de nombreuses actions.

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Chapitre III. – La fortune sourit à ses efforts industriels et philanthropiques
« Les actionnaires ne tardent pas à se dire que ce qui est si fort recherché doit être bon.
— Oh ! que mossieu Réac connaît bien le cœur des hommes !20 »

Cette conception de l’escroquerie financière n’est guère nouvelle, c’est la même idéologie anticapitaliste que l’on trouve chez Balzac dans La Maison de Nucingen, dans les vaudevilles de Clairement et Fauqueville, et dans l’œuvre d’Honoré Daumier, surtout dans ses caricatures de Robert Macaire, escroc légendaire. Dans ce discours proto-marxiste, le capitalisme des grands industriels se réduit à l’escroquerie, à la vente d’abstractions et de rêves qui ne valent rien. Pour reprendre les termes de Nadar, la logique des actionnaires à la Bourse est que « ce qui est si fort recherché doit être bon ».

Ce qui est frappant chez Nadar c’est le rôle que joue la séduction dans la concurrence capitaliste et politique. Comme le « Prince pour rire », Réac se fait remarquer par son agréable physionomie et par sa faible intelligence. Réac opère par la séduction même parmi les hommes. Quand il veut gagner des clients ou des partisans, il les convainc de sa supériorité naturelle par son physique impressionnant. Selon le narrateur, Réac est digne et honorable grâce à sa beauté masculine et son « redingote de toute beauté », phrase qui est employée libéralement dans les scènes de persuasion. Toujours à la recherche de l’argent, Réac est prêt à tout faire. Chez Nadar, il n’y a guère de différence entre la persuasion du marketing et celle du prostitué qui se vend au premier venu. Il devient ce que veut l’électeur, l’actionnaire, ou le client. Dans tous les domaines de la vie publique, il se montre habile à se vendre et à dominer les hommes par le marketing et la manipulation du public.

La vie privée de mossieu Réac

Dans la vie publique, Réac est séducteur et, donc, assez puissant. Il paraît, donc, qu’il est tout puissant dans sa vie privée et qu’il connait le cœur des femmes aussi bien que « le cœur des hommes ». Il charme une série de femmes de plus en plus convoitées : d’abord la cuisinière, puis une jeune noble qui devient sa femme, et enfin une jeune danseuse qui devient sa maîtresse21. Il épouse la très aristocratique Mlle Aristo de Taupinois pour profiter de son nom noble et sa position sociale. Or, c’est dans la vie privée, dont on n’entend presque rien, que Réac est impuissant et sans charme. Dans le dernier chapitre de la série, « Déceptions », madame Réac, « née Aristo de Taupinois », le trompe avec un républicain22. En conséquence, ses enfants « viennent tous au monde avec des bonnets rouge. »

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Chapitre X. – Déceptions
« Ceci pour expliquer comme quoi mossieu et madame Réac (née Aristo de Taupinois) eurent beaucoup d’enfants, qui, par suite du regard, qu’a eu madame Réac, viennent tous au monde avec des bonnets rouge23. »

À cause de cette grande déception, Réac perd tout : son pouvoir politique, son argent, sa position sociale. Il est évident qu’il n’aura pas d’héritier pour continuer son ascension sociale et économique. L’infidélité de sa femme met fin à sa carrière d’ « homme politique » et d’ « agent provocateur ». Dupé par un intime, il ne peut plus aspirer à être supérieur à tous ses compatriotes. Au sommet de son pouvoir, c’est comme par hasard qu’il découvre sa faiblesse : il ne connaît pas le cœur des femmes, celles qu’il ne regardait même pas comme des adversaires. Nadar se réjouit de la chute de Réac. Celui qui sait duper les hommes est dupé par celle qui est censée se fier à son mari. Le roi du marketing est voué à vivre sans la fidélité d’autrui.

Le propos de Nadar est clair. Comme les arrivistes de 1848, Réac cherche à plaire à tout le monde pour se vendre au plus grand nombre : il est ouvrier pour les paysans, marchand pour les bourgeois, et réactionnaire pour les nobles. L’utilité de cette hypocrisie est évidente dans la vie économique et dans la politique moderne, mais l’hypocrisie ne protège pas l’hypocrite de l’hypocrisie d’autrui. Réac est habile dans le monde de Nadar puisque les autres sont naïfs et sans hypocrisie. Dans un monde où tous savent se vendre l’ambitieux n’a aucun avantage.

(Université de Stanford)

Notes

1  Hatin, Eugène. Bibliographie historique et critique delapressepériodiquefrançaise, Paris, Firmin Didot, 1866, p. 495. « La Revue comique était surtout dirigée contre Louis-Napoléon, et avait pour objet de soutenir la candidature du général Cavaignac. »

2  La politique d’édition du journal n’est pas entièrement licite. La majorité des grandes planches sont volées à d’autres revues, notamment du Charivari et du Puppet Show.

3  La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 1-22.

4  La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 12.

5  La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 16-26, 32-36, 44-54.

6  Voir « L’oncle et le neveu », La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 ‑ avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 14.

7  La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 27.

8  La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 48.

9  Voir « Ce que c’est un prétendant », La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 16.

10  La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 29.

11  La Revue Comique à usage des gens sérieux, « Le neveu de la Colonne », novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 15.

12  Cet article s’inspire largement de l’analyse de la démocratie au XIXe siècle que fait Ernesto Laclau dans La raison populiste, Paris, éditions du Seuil, 2008.

13  Si Louis-Napoléon est trop séducteur, ses alliés, notamment Émile de Girardin, sont le contraire : des ingrats détestés par tout le monde. Voir « Portrait d’un contemporain », La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 44‑45. « Il est un homme dont l’intelligence, chose rare, n’est contestée par personne ; cet homme, un des esprits les plus actifs, les plus persévérants, les plus opiniâtres, les plus laborieux de ce temps-ci, est parvenu […] à créer un des journaux les plus considérables de France ; il est roi de ce journal, il en est le maître absolu […] cet homme pourtant n’a pas un ami, que dis-je, il n’a pas même un envieux ».

14  Le portrait et la caricature politiques sont soumis à des lois de plus en plus strictes en 1849. A cause de sa politique éditoriale, La Revue Comique est particulièrement menacée par le nouveau régime. Voir Robert Justin Goldstein, Censorship of Political Caricature in Nineteenth-Century France, Kent, Kent State University Press, 1989, p. 171-174.

15  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 267.

16  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 263.

17  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 353.

18  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 277.

19  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 276.

20  La vie publique et privée de mossieu Réac. La Revue Comique à usage des gens sérieux, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 279.

21  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, novembre 1848 - avril 1849, t. 1, 2e édition, p. 280, 350.

22  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, mai 1849 - avril 1849, t. 2, 2e édition, p. 67.

23  La Revue Comique à usage des gens sérieux, La vie publique et privée de mossieu Réac, mai 1849 - avril 1849, t. 2, 2e édition, p. 67.

Pour citer ce document

Melanie Conroy, « Comment se vendre : L’escroquerie et le marketing dans La vie publique et privée de Mossieu Réac (1848-1849) de Nadar », Presse, prostitution, bas-fonds (1830-1930), sous la direction de Guillaume Pinson Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/presse-prostitution-bas-fonds-1830-1930/comment-se-vendre-lescroquerie-et-le-marketing-dans-la-vie-publique-et-privee-de-mossieu-reac-1848-1849-de-nadar