Presse, prostitution, bas-fonds (1830-1930)

Condamner la prostitution, louanger la prostituée ?

Table des matières

NICOLAS GAUTHIER

Les Mystères de Paris d’Eugène Sue (1842-1843) et les romans qui prétendent comme lui dévoiler à leur lecteur les secrets de la cité1 ont façonné le mythe des bas-fonds des grandes villes. Au sein de leur personnel criminel, la prostituée cristallise un brouillage des classes sociales puisqu’elle est incarnée tant par des jeunes filles nobles vendant leur corps dans les quartiers louches que par des filles du peuple courbant sous leur volonté les hommes les plus puissants. Omniprésentes, prostitution et prostituées font toutefois l’objet de discours apparemment antinomiques : une condamnation moralisatrice et un portrait plus nuancé dans lequel on perçoit une certaine sympathie. Leur fictionnalisation constitue une occasion privilégiée d’étudier le rapport ambivalent des « mystères urbains2 » avec les comportements qui transgressent la morale de leur temps.

Le traitement équivoque du sexe tarifé qui nous intéresse ici relève du discours de la presse. Plusieurs des principaux mystères urbains sont publiés en feuilleton et leur scénographie narrative rappelle celle du reportage en brouillant la frontière entre faits et fiction et en incorporant une dimension documentaire à leur tableau de la ville. Après avoir précisé ce rapprochement, nous examinerons les trois déclinaisons dont fait l’objet la prostitution : la « classe sociale » des prostituées, qui est sévèrement condamnée, la prostituée « vertueuse », qui suscite l’empathie par un parcours pathétique, et la prostituée « rouée » qui inquiète parce qu’elle infiltre les classes « honnêtes ». Cet examen mettra en évidence une tension chez ces feuilletonistes entre l’intérêt pour les personnages transgressifs et la volonté de promouvoir les valeurs morales dominantes, notamment afin d’être publiés dans les grands journaux. Nous observerons comment ces écrivains s’efforcent de combiner ce qui est moralement accepté et ce qui fait vendre.

Mystères urbains et reportage

Affirmant initier le lecteur à des « mystères » de la ville qui sont bien réels, les romans qui nous occupent revendiquent une vocation documentaire. La volonté d’interroger le réel, qui est parfois occultée par leur composante mélodramatique, fait partie intégrante de leur architecture narrative. Pour assumer son rôle de « diable boiteux » dévoilant la cité, le narrateur adopte une posture analogue à celle du reporter3. On le sait, la presse française ne mise ouvertement sur ce type de journalisme qu’à partir de 18664 et Pascal Durand souligne qu’elle n’en fait un « genre journalistique […] au sens où nous l’entendons aujourd’hui [que vers] 1875-18805 ». Cependant, il est aussi vrai que le reporter, appellation employée par Stendhal dès 18286, peut être associé à des figures anciennes comme le « nouvelliste à la main7 ». Rapprocher, sur la base de ce projet de dévoilement du réel, le narrateur de mystères urbains et le reporter n’est donc pas anachronique et permet de souligner l’ambiguïté du projet fictionnel de ces romans.

« Incarnation d'un journalisme curieux et présent sur le terrain8 », le reporter rapporte une situation ou des événements dont il est témoin. Plusieurs narrateurs de nos romans proposent un pacte de lecture similaire et se présentent comme des témoins. Eugène-François Vidocq est le cas le plus explicite et le plus célèbre; il fonde son expertise criminelle sur son passé de brigand, de forçat et de policier : 

Les événements de sa vie ont donné à l’auteur de ce livre le triste avantage de pouvoir étudier sur les lieux mêmes les mœurs des prisonniers. Il croit donc pouvoir soumettre aux hommes éclairés et impartiaux le résultat de ses observations9.

Vidocq revendique son passé comme un véritable « travail sur le terrain » et affirme relater des carrières criminelles réelles en ne changeant que les dates. De façon plus localisée, le narrateur des Mohicans de Paris interrompt quant à lui son récit avec un reportage consacré au cadre dans lequel se dérouleront les péripéties à venir :

[S]achant que nous aurions à décrire les catacombes, nous avions manifesté le désir de les visiter. […] M. l’ingénieur en chef des mines nous envoya un permis de visite […]. Voici donc le rapport de Paul Bocage; nous le mettons textuellement sous les yeux de nos lecteurs10.

Ce « rapport », qui s’étend sur deux feuilletons, vise à certifier la véracité du décor mais aussi à associer l’écrivain à un explorateur. Ernest Legouvé raconte quant à lui qu’Eugène Sue se déguisait en ouvrier pour explorer les bas-fonds qu’il mettait en scène11. Bien que tardive (elle a été publiée en 1887), l’anecdote s’accorde avec la perception que plusieurs lecteurs avaient de Sue : celle d’un auteur dévoué à un projet dépassant l’écriture d’une œuvre fictionnelle12. Que Sue ait agi en 1842 comme ceux des journalistes qui faisaient du « reportage » ou que le récit de Legouvé, écrit sous la IIIe République, ait été influencé par le mythe naissant de cette figure journalistique13 importe moins que le fait que la posture de son narrateur permet de l’associer au reporter14.

D’ailleurs, comme plusieurs reportages de la seconde moitié du XIXe siècle, les mystères urbains s’ouvrent souvent sur une véritable « invitation au voyage » :

Le lecteur, prévenu de l’excursion que nous lui proposons d’entreprendre parmi les naturels de cette race infernale qui peuple les prisons, les bagnes, et dont le sang rougit les échafauds… le lecteur voudra peut-être bien nous suivre15.

Une telle « invitation » cadre parfaitement avec la scénographie narrative des mystères urbains qui veut faire du narrateur un guide de la spatialité (des lieux pittoresques) et de la socialité (du fonctionnement de la société derrière les portes closes). Pour s’établir dans ce rôle d’explorateur, le narrateur associe à chaque lieu qu’il décrit une atmosphère propre (par exemple dans les quartiers louches). Un reporter ne procèderait pas autrement pour compenser une proximité géographique par une distance sociale et culturelle.

Tous les narrateurs de mystères urbains, même ceux qui ne se posent pas explicitement en témoins, inscrivent leur propos dans la lignée des enquêtes sociales si populaires sous la Restauration et la monarchie de Juillet. Ils proposent un imposant appareil paratextuel, notamment constitué de notes en bas de page dans lesquelles ils certifient la « rigoureuse exactitude » de ce qu’ils décrivent16 et renvoient à des ouvrages savants ou à des travaux célèbres17. Ils affirment que leurs criminels et leurs péripéties fictifs sont tout à fait « vrais », appuyant parfois cette prétention sur le fait que certains personnages sont des transpositions d’individus réels (l’auteur des Vrais Mystères de Paris a ainsi été poursuivi en diffamation par certains d’entre eux18). Les narrateurs ancrent leur récit dans une temporalité généralement proche du moment de publication et dans une géographie urbaine connue ou accessible (par exemple en précisant l’adresse exacte des cabarets dans les bas-fonds19). Ces romans relèvent de ce que Marie-Ève Thérenty nomme la « fiction d’actualité » qui, en « tend[ant ainsi] la main au destinataire20 », « démontre l’existence d’une réflexion [en acte, à partir des années 1830] sur la caractéristique même du journal – le rendu de l’actualité21 ». Dans le cas qui nous occupe, les narrateurs abordent des sujets relevant de l’actualité journalistique et, en convoquant des sources vérifiables, cherchent à se doter de la légitimité de la grande presse. Ce faisant, ils se construisent une posture proche de celle du reporter et donnent à leur portrait de la ville un caractère concret et une immédiateté qui l’associent au discours médiatique. L’ambiguïté qu’ils cherchent ainsi à créer affecte le portrait inquiétant de la prostitution qui est présenté comme relevant de la fiction et de l’actualité.

Condamnation de la prostitution

Lorsqu’ils traitent de la prostitution comme d’un phénomène social, les narrateurs des mystères urbains en offrent un portrait impitoyable et la décrivent comme un « infâme commerce22 ». Ils emploient les termes les plus sévères pour décrire celles qui la pratiquent : les prostituées y sont des créatures « ignobles », « hideuses [,] toujours prêtes à se livrer […] pour quelques verres d’eau-de-vie, ou [même pour] un mauvais repas23 ». Loin d’être de séduisantes tentatrices, « [e]lles infestent le quartier de la Cité24 » et les bas-fonds. Les narrateurs craignent aussi qu’elles n’infectent la société en général. Si nos romans ne font pas de la syphilis un enjeu majeur de la fictionnalisation de la prostitution (elle ne le deviendra que quelques décennies plus tard), ils présentent les traces de l’inquiétude des moralistes et des hygiénistes du XIXe siècle face à une contamination sociale par la prostituée. Qu’elle soit maigre et souffreteuse ou, au contraire, « bonne fille » « grosse [et] grasse » comme la Nana de Zola25, la prostituée des mystères urbains présente une dimension infectieuse. D’ailleurs, affirmant l’existence d’une vaste population de prostituées moralement corrompues et corruptrices, ces romans peignent la ville comme un lieu de luxure envahi par des femmes qui transgressent impudemment la morale et qui menacent l’ordre établi. À cet égard, ils sont tout à fait dans le ton des articles consacrés à ce sujet que l’on retrouvait dans le haut des pages des journaux.

En effet, la condamnation sévère de la prostitution « des rues » qu’offrent nos œuvres cadre parfaitement avec les discours sociaux majeurs de l’époque. Deux formules significatives résument bien ces discours : « l’abîme de la prostitution », qu’emploie Honoré-Antoine Frégier dans son célèbre ouvrage Des classes dangereuses de la population26, et « la lèpre de la civilisation », qu’utilise le journaliste Paulin Limayrac dans la Revue des Deux Mondes27. Les mystères urbains participent à ces discours lorsqu’ils associent les prostituées à une maladie. S’inspirant des travaux de Parent‑Duchâtelet, les narrateurs attribuent à la prostitution une « fonction sociale28 » mais lui reprochent de mettre en évidence une sexualité honteuse, révélatrice de la dépravation et de l’animalisation de l’individu. Les prostituées ne sont donc pas seulement « à l’extérieur » des lois29 et des bonnes mœurs : elles sont différentes des « honnêtes gens ». Les narrateurs donnent à penser qu’elles constituent une « contre-société souterraine, […] une menace tout à la fois morale, sociale, sanitaire et politique30 ». Ils exploitent ainsi une crainte très répandue dans la société bourgeoise sous la monarchie de Juillet.

« Discours officiel » des mystères urbains sur la prostitution, cette condamnation sans appel participe d’un désir de « moraliser » le lecteur en lui présentant des scènes décrites comme immorales. Ainsi, le narrateur des Mystères de Paris justifie ses tableaux de gestes criminels et de personnages aux mœurs dissolues par son désir d’ « inspir[er] le dégoût, l’aversion, l’horreur, la crainte salutaire de tout ce qui [est] absolument impur et criminel31 ». Ce faisant, les mystères urbains créent un écart entre leur « visée argumentative » et leur « dimension argumentative32 ». « Intention délibérée de mener à une conclusion », la visée argumentative est ici la condamnation de la prostitution. Consistant pour sa part à « orienter des façons de voir », la dimension argumentative apparaît par exemple dans la mise en scène de personnages secondaires aux comportements problématiques. Au sein de notre corpus, la dimension argumentative, qui est cristallisée dans le portrait des prostituées33 qui ne sont pas que des figurantes, se révèle bien plus ambivalente et ambiguë que la condamnation globale du phénomène.

Compatir aux malheurs de la prostituée vertueuse

La figure bien connue de la « prostituée vertueuse34 » (ou « prostituée au cœur d’or35 ») a marqué la littérature du XIXe siècle. Pensons à des personnages comme Marion de Lorme chez Hugo, Esther Gobseck chez Balzac ou Marguerite Gautier chez Dumas fils qui tentent de se racheter au moyen d’un noble sacrifice dicté par un amour admirable. Chacun de nos mystères urbains met en scène une telle prostituée vertueuse. Sans en faire l’héroïne principale, les narrateurs lui attribuent un rôle crucial dans l’intrigue et exploitent sa vulnérabilité en la plaçant à la merci des pires criminels. Elle s’avère très populaire auprès du public, comme en témoignent les stratégies publicitaires employées dans la presse par Charles Gosselin pour annoncer l’édition illustrée des Mystères de Paris (1843-1844). Elle est aussi omniprésente dans les témoignages des lecteurs et Eugène Sue reçoit des lettres le suppliant de protéger Fleur-de-Marie, la « prostituée-héroïne » : « [D]e grâce ne laissez pas posséder encore cette malheureuse enfant par ces misérables, ou votre roman sera immoral36 ».

Les œuvres que nous étudions font de la prostituée vertueuse une « victime » qui ne vend son corps qu’après avoir été persécutée par un individu sans scrupules ou avoir héroïquement résisté à une accumulation de malheurs. Avec ce portrait louangeur, qui excuse la prostituée en résumant son choix à se vendre ou à mourir de faim et de froid, les narrateurs reprennent un motif éculé. Dès 1831, dans La Coupe et les lèvres d’Alfred de Musset, lorsqu’une jeune femme dit que « le malheur [l]’a forcée à vivre aux dépens de l’honneur », son interlocuteur s’exclame : « Toujours la même histoire ! Voici peut-être ici la vingtième catin à qui je la demande; et toujours ce refrain ! Qui donc ont-elles vus d’assez sot pour y croire ?37 ». Cette explication convenue et banale, qui prétend rejeter l’idée d’un penchant inhérent pour la débauche, cadre toutefois parfaitement avec le projet des mystères urbains : dénoncer les iniquités sociales. Les précisions documentaires rapportant la déchéance progressive de la jeune fille, qui peuvent inclure la description du budget familial ou des conditions de travail éprouvantes38, servent à appuyer ce cliché et à éviter qu’il ne soit lu que comme une banalité souvent ressassée.

Cependant, même après avoir vendu son corps, la prostituée vertueuse présente une délicatesse morale tout aussi inattendue que significative. Sa pudeur, qui contraste avec sa profession, est soulignée par son incapacité à raconter son histoire sans s’étourdir au préalable avec des boissons fortes. Les narrateurs reprennent la consommation d’alcool excessive des prostituées que mentionnent les travaux des hygiénistes, en particulier ceux d’Alexandre Parent‑Duchâtelet39. Cependant, ils font de ce trait non un symptôme supplémentaire de dépravation mais la conséquence de la vertu qui subsiste chez ces prostituées. Ce portrait s’avère problématique pour la morale bourgeoise de l’époque qui répugne à attribuer à une prostituée, caractérisée par une vie débauchée dans les bas‑fonds, les vertus typiques des grandes figures féminines héroïques comme la noblesse (de cœur et parfois de sang), la grâce, la dignité. Certains lecteurs, embarrassés par la « pureté » de Fleur-de-Marie, écrivent même à Sue pour lui demander si elle est toujours vierge40… De leur côté, plusieurs critiques littéraires dénoncent ce portrait élogieux. Dans les pages du journal La Nation, Alfred Nettement s’indigne de ce que le roman de Sue encourage le lecteur à associer Fleur-de-Marie aux héroïnes de Samuel Richardson, de Jean-Jacques Rousseau ou de Chateaubriand41. Sur un tout autre mode, un rédacteur du journal Le Charivari se moque de la composition du personnage et de sa popularité en annonçant que, sans s’arrêter à la profession de Fleur-de-Marie, « deux jeunes gentilshommes de [sa] connaissance ont déjà demandé la main de la [jeune fille]42 ». Ce ton ironique s’éloigne de l’indignation de Nettement mais les deux commentaires reposent sur le contraste entre les vertus et le statut de la prostituée mise en scène par Sue. Nous retrouvons cette même combinaison de caractéristiques, qui soulève l’ire ou l’ironie des critiques, chez les autres prostituées vertueuses de nos romans.

Différents auteurs avaient déjà réuni dans la prostituée vertueuse ces traits considérés – et parfois souhaités – incompatibles et certains hygiénistes avaient proposé un discours nuançant l’évaluation morale des prostituées43. Cependant, durant la décennie 1840, leur cohabitation choque toujours une part des lecteurs, en partie en raison de la publication en feuilleton. Ces portraits cadrent mal avec la respectabilité revendiquée par les quotidiens politiques de la monarchie de Juillet (rappelons qu’à la lecture des premiers feuilletons des Mystères de Paris, plusieurs critiques ont déploré que le Journal des débats soit tombé si bas). Le phénomène est accentué par l’ambiguïté que cherchent à créer les mystères urbains en brouillant les limites de la fiction, d’autant que la prostituée vertueuse semble échapper au rez-de-chaussée des journaux grâce aux critiques dont elle fait l’objet. Apparaissant dans une presse qui est « essentiellement un instrument de regroupement interne à la classe dominante44 », elle devrait, selon plusieurs lecteurs, être irrévocablement flétrie par sa souillure afin que sa description contribue à condamner ce phénomène social. Ce n’est pourtant pas le portrait que proposent nos romans avec la prostituée vertueuse, ni avec celle qui assume et qui profite de sa profession.

Saluer la lucidité de la prostituée rouée

Malgré leur statut secondaire dans les intrigues, les prostituées rouées remplissent un rôle fondamental dans la dramatisation de la ville criminelle. Elles acceptent presque sereinement leur situation et en font l’occasion de s’amuser et de s’enrichir. Les narrateurs insistent peu sur leur parcours banal vers ce métier45 ; ils se concentrent plutôt sur leur avancement et leur enrichissement. Profitant de ce qu’elles peuvent « établir des contacts tant en haut qu’en bas de l’échelle sociale46 », ils revisitent le cliché de leur mobilité en soulignant son caractère menaçant pour la société. Pour ce faire, ils insistent sur deux traits : l’absence de stigmates identifiant la profession de la prostituée rouée et sa vision lucide du fonctionnement de la société.

Bien que la prostituée rouée de nos romans ne présente pas nécessairement un air « aristocratique », elle évolue sans problème dans les classes sociales les plus hautes en dissimulant ses origines sous un vernis mondain. Il arrive toutefois qu’elle se trahisse. Par exemple, une ancienne courtisane, qui parvenait jusqu’à alors à passer pour une « femme comme il faut », se dresse sans réfléchir devant des policiers :

[J]our de Dieu ! Nous n’avons rien à craindre; la police n’a rien à voir à nos affaires, attendu que nous méprisons la voie publique… nous la méprisons souverainement ! Le pavé de Paris est au préfet; on sait ça; eh bien ! qu’il le mange ou bien qu’il prenne garde qu’on le lui fasse manger !47

Malgré l’élévation sociale de cette courtisane – qui a précisément réussi à ne plus faire le pavé –, son énergie, à saveur vaguement révolutionnaire, et son langage coloré éclairent les policiers sur son passé. Cependant, dans l’ensemble, la prostituée rouée réussit à cacher les traces de ses contacts avec les classes populaires et criminelles. Lorsqu’elle est entretenue par un homme riche, elle n’est distinguée des femmes « honnêtes » que par les observateurs perspicaces. Charles Bernheimer souligne que plusieurs hygiénistes et représentants des autorités étaient « terrifiés » à l’idée que les prostituées réussissent à dissimuler leur profession et leur corruption48. Alors que le motif de l’opacité sociale fait couler beaucoup d’encre, il devient impératif selon eux que la prostituée soit identifiée et identifiable. Les prostituées rouées difficilement décodables de nos romans apparaissent donc comme des personnages inquiétants selon la morale bourgeoise.

À l’absence de marques identificatoires, les narrateurs ajoutent un second trait : ils attribuent aux prostituées rouées une compréhension perspicace des rouages de la société. Contrairement à la majorité des personnages, elles voient derrière les apparences et les déguisements et ne sont pas dupes des belles paroles. Dans Les Vrais Mystères de Paris, l’une de ces prostituées refuse d’être condamnée pour sa profession. Elle constate que

dans [la] moderne Babylone [Paris], la moitié du monde vend l’autre moitié. […] Des ministres vendent leur pays, […] des députés vendent leur conscience, […] des électeurs vendent leur vote. […] Le pape [ce saint homme] vend des indulgences [et] des dispenses […] Des maris vendent leur femme. Des mères vendent leur fille49.

Devant ce constat, que le roman illustre éloquemment, cette prostituée refuse d’être vendue : elle choisit de se vendre elle-même pour faire partie de « la moitié du monde » qui profite de l’autre. « Transform[ant son] corps en instrument raffiné pour attirer [les fortunes tout en voulant] contrôler et limiter l’autorité masculine50 », la prostituée rouée contrevient à la hiérarchie sexuelle prônée par les représentants des bonnes mœurs dans nos romans. Si la prostituée vertueuse exemplifie en premier lieu les injustices sociales, la prostituée rouée se révèle subversive car elle incarne les bénéfices de l’immoralité.

En effet, s’il n’est pas explicitement valorisé, le parcours de la prostituée rouée n’est que timidement condamné par le récit qui insiste plutôt sur l’avancement social et la vie de plaisirs qui le caractérisent. Ce n’est qu’à la fin des romans que les narrateurs cherchent à réintégrer la prostituée dans le giron des conventions morales bourgeoises, généralement en évoquant sommairement sa mort émouvante dans la solitude (cette mort la conduit parfois sur la table de dissection pour servir d’exemple au médecin – et au lecteur51). Un tel châtiment providentiel n’est pas le lot de toutes les prostituées rouées : plusieurs échappent à toute forme de punition sociale. La mise en fiction ambiguë de ce type ne se résume donc pas à la dénonciation d’une conduite immorale.

Caractérisée par une nature énergique qui est valorisée dans les mystères urbains, la prostituée rouée « réussit » en décodant les autres tout en demeurant énigmatique. Elle pose un problème qui n’est donc pas que d’ordre social ou moral mais qui est aussi sémiotique52. Dans une société fictionnelle caractérisée par l’opacité, la prostituée rouée est ainsi parfaitement outillée pour affronter les défis de la grande ville moderne telle que la présentent ces œuvres. Elle connaît les secrets de l’espace social : comment déterminer la fortune d’un jeune homme brièvement aperçu ? comment trouver en quelques instants une tenue appropriée pour se « produire » efficacement au bal ? à qui s’adresser pour dépouiller un amoureux riche mais qui tient les cordons de sa bourse trop serrés ? Sa facilité à décoder les individus lui permet d’intégrer le groupe restreint des personnages d’exception – le plus souvent criminels – qui sont adaptés à la société moderne et qui parviennent à interagir avec toutes les classes sociales. Si la prostituée rouée n’est pas érigée en modèle, elle possède des caractéristiques qui font défaut à presque tous les personnages honnêtes tout en paraissant indispensables dans la société envahie par une criminalité omniprésente – et souvent impunie – que peignent ces romans. Assumant de façon cynique son caractère criminel et immoral, tournant en dérision les valeurs traditionnelles, la prostituée rouée rappelle Robert Macaire. Comme lui, elle est moins subversive par son comportement, tout criminel et débauché qu’il puisse être, que par ses discours qui minent l’ordre officiel du pouvoir. Le caractère de la prostituée rouée trouve ainsi un écho inattendu dans les journaux avec ce personnage théâtral devenu une figure très présente dans la presse (pensons au succès de la série de caricatures le mettant en vedette que publie le Charivari entre le 20 août 1835 et le 25 novembre 183853). Illustrant la corruption de la prostitution, la prostituée rouée incarne aussi, avec d’autres figures célèbres, un malaise face aux règles de la mobilité sociale et de l’enrichissement qui prévalent sous la monarchie de Juillet.

Conclusion

Qu’il soit saleté, mélodrame ou escroquerie, le sexe tarifé des mystères urbains fait l’objet de deux discours distincts, voire antinomiques : une condamnation de la « profession » et un portrait presque élogieux de plusieurs de celles qui la pratiquent. Cependant, ces discours antithétiques visent un même but : séduire le public. D’une part, la condamnation de la prostitution veut assurer à nos romans une place dans la presse soumise à la censure et permettre à l’œuvre de rejoindre, matériellement et idéologiquement, un vaste public. D’autre part, l’éloge des prostituées, plus discret, vise à séduire en provoquant ce même public de façon mesurée, avec des personnages qui choquent mais qui ne sont ni condamnés ni condamnables de façon absolue. Il est d’ailleurs à noter que l’acte même de prostitution est systématiquement passé sous silence dans ces romans qui ne dédaignent pourtant pas le voyeurisme et regorgent de scènes horribles et immorales. Les narrateurs rendent ces prostituées ambivalentes plus aisément décodables et assimilables par les lecteurs en les associant à des figures connues, comme des grandes héroïnes ou Robert Macaire. Ils tentent ainsi de profiter de ce que ces figures sont familières au lecteur parce qu’elles semblent parfaitement intégrées à l’imaginaire collectif. Cependant, si on prend le temps de les examiner, elles s’avèrent idéologiquement ambiguës.

Si les prostituées vertueuses et rouées sont présentées comme des exceptions au sein de leur profession, elles n’ont pas pour autant un statut marginal dans les œuvres. Elles prennent un poids considérable dans l’univers fictionnel et mettent en place une dimension argumentative qui va à contre-courant de la visée argumentative de l’œuvre (condamner la prostitution). Contribuant, avec les commentaires du narrateur sur la prostitution en général, à faire de ce phénomène un mal qui touche toutes les classes sociales – et qui associe celles‑ci aux bas-fonds –, les prostituées illustrent les injustices, les crimes et l’immoralité qui règnent dans le fonctionnement de la société. Rappelons ici que la plupart des journaux qui publient ces mystères urbains défendent précisément les valeurs de cette société. De ce fait, la mise en scène de la prostitution et de ses actrices laisse voir les vives tensions qui animent en fait les romans‑feuilletons consacrés à la ville sous la monarchie de Juillet. Il faut affirmer clairement la morale bourgeoise pour assurer à ces œuvres une place dans la presse. Cependant, pour connaître le succès, les auteurs misent fréquemment sur des personnages transgressifs qui en viennent à exercer une réelle fascination – sur les lecteurs et les auteurs. Dans ces récits au conformisme parfois ostentatoire, la morale devient souvent fuyante.54

(Université de Waterloo)

Notes

1  Par exemple Les Vrais Mystères de Paris (1844) d’Eugène-François Vidocq et Les Mystères du Palais-Royal (1845-1846) de Louis-François Raban.

2  Nous définissons les « mystères urbains » publiés entre 1840 et 1860 comme « des cycles romanesques – souvent feuilletonesques – irrémédiablement issus de la prise de conscience des réalités de la grande ville, fondés sur la "rupture criminelle" et marqués par une prétention à documenter le social » (Nicolas Gauthier, « Les crimes de la police : mise en fiction des forces de l’ordre d’avant 1830 », Orages. Littérature et culture 1760-1830, nº 10 (mars 2011), pp. 107-108). L’expression « rupture criminelle » est empruntée à Dominique Kalifa (Crime et culture au XIXe siècle, Paris, Perrin, 2005, p. 132).

3  D’ailleurs, il n’est pas rare que le reporter soit associé à la figure du diable boiteux (Bernard Voyenne, Les Journalistes français : d’où viennent-ils ? qui sont-ils ? que font-ils ?, Paris, Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, 1985, p. 153).

4  Plus précisément dans Le Figaro d’Hippolyte de Villemessant et La Liberté d’Émile de Girardin (ibid., pp. 149-150). Voir aussi Denis Ruellan, Le Professionnalisme du flou : identité et savoir-faire des journalistes français, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1993, p. 104.

5  Pascal Durand, « Le reportage » dans Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant, La Civilisation du journal : histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Nouveau monde éditions, 2011, p. 1 011.

6  Stendhal, Promenades dans Rome, édition établie, préfacée et illustrée [de gravures d’époques] par Victor Del Litto, Grenoble, Éditions Jérôme Million, 1993, p. 181 (lettre du 5 avril 1828, publiée en 1829).

7  Bernard Voyenne, op. cit., p. 148; Denis Ruellan, op. cit., pp. 104-105. Ruellan associe les œuvres de plusieurs écrivains célèbres à des reportages : « [B]ien qu'ils ne fussent pas publiés dans la presse en raison principalement de la censure politique, les descriptions de leurs contemporains faites par Mme de Sévigné dans ses lettres (1626-1696), Montesquieu et ses Lettres persanes (1689-1755) ou encore Restif de La Bretonne dans ses tableaux de famille ou ses Nuits de Paris (1735-1806) sont d'authentiques reportages » (ibid., p. 105).

8  Denis Ruellan, op. cit., p. 100.

9  Eugène-François Vidocq, Les Vrais Mystères de Paris, Paris, Cadot, 1844, t. III, p. 207.

10  Alexandre Dumas, Les Mohicans de Paris, Paris, Gallimard, « Quarto », pp. 1 016-1 017 (publié le 15 novembre 1854 dans le journal Le Mousquetaire).

11  Ernest Legouvé, Soixante ans de souvenirs, Paris, J. Hetzel, 1886-1887, t. I, p. 370.

12  De nombreuses lettres reçues par Eugène Sue témoignent du sérieux avec lequel l’œuvre fut lue : plusieurs correspondants sollicitent le romancier pour une aide quelconque en l’amalgamant complètement au narrateur des Mystères de Paris et à ses prises de position socialisantes.

13  Pascal Durand, loc. cit., p. 1 012.

14  Le récit de Legouvé sur la genèse des Mystères de Paris s’éloigne parfois des faits (voir à ce sujet René Guise, « Les Mystères de Paris. Histoire d’un texte : légende et vérité », Bulletin des amis du roman populaire, n° 17 (« 150e anniversaire des Mystères de Paris »), 1992, p. 10).

15  Eugène Sue, Les Mystères de Paris, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1989, p. 32. On trouve des invitations similaires dans plusieurs autres mystères urbains, par exemple chez Alexandre Dumas : « Si le lecteur veut risquer, avec moi, un pèlerinage vers les jours de ma jeunesse » (op. cit., p. 9).

16  « Tout cela est de la plus rigoureuse exactitude; on peut s’en assurer en consultant les journaux du temps » (Louis-François Raban, Les Mystères du Palais-Royal, Au journal La Nation, 1846, t. I, p. 110).

17  Par exemple, une note des Mystères de Paris est ainsi rédigée : « Voir le précieux ouvrage du Dr Parent-Duchâtelet, œuvre d’un philosophe et d’un grand homme de bien » (Eugène Sue, op. cit., p. 88).

18  L’historien Jean Savant évoque deux cas dont celui d’un limonadier nommé Caron qui poursuivit avec succès Vidocq pour diffamation après s’être reconnu dans un propriétaire de café aux relations criminelles (Jean Savant, « Commentaire » dans Eugène-François Vidocq, Les Vrais Mystères de Paris, Paris, Le Club français du Livre, 1950, pp. 422-423).

19  Selon le narrateur des Vrais Mystères de Paris, dans « la maison qui porte le n° 31, sur la rue de la Tannerie », se réunissent prostituées et voleurs recherchés par la police (Eugène‑François Vidocq (1844), op. cit., t. I, p. 30). De façon analogue, le Trou-à-Vin des Mendiants de Paris de Clémence Robert (1848) se trouve « [s]ur le boulevard d’Enfer, au coin de l’étroite et solitaire rue Lacaille » (Paris, G. Roux, 1856, p. 5).

20  Marie-Ève Thérenty, « L’invention de la fiction d’actualité » dans Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant (dir.), Presse et plumes. Journalisme et littérature au XIXe siècle, Paris, Nouveau monde éditions, « Études de presse », 2004, p. 424.

21  Ibid., p. 415.

22  Texte publicitaire annonçant Les Vrais Mystères de Paris de Vidocq et accompagnant le tome I de l’édition Cadot, p. 2.

23  Eugène-François Vidocq (1844), op. cit., t. III, p. 241.

24  Ibid., t. III, p. 245.

25  Émile Zola, Nana, Paris, Gallimard, « Folio classique», 2002, p. 457.

26  Honoré-Antoine Frégier, Des classes dangereuses de la population dans les grandes villes, Genève, Slatkine, 1977, p. 96. Fac-similé de l’édition Paris, J.-B. Baillière, 1840.

27  Paulin Limayrac, « Simples essais d'histoire littéraire IV. Le roman philanthrope et moraliste : Les Mystères de Paris », Revue des Deux Mondes, XIVe année, 1er janvier 1844, p. 83.

28  Alexandre Parent-Duchâtelet, La Prostitution à Paris au XIXe siècle, texte présenté et annoté par Alain Corbin, édition abrégée, Paris, Seuil, « L'Univers historique », 1981, p. 13.

29  Jill Harsin, Policing Prostitution in Nineteenth-Century Paris, Princeton, Princeton University Press, 1985, pp. 6-7.

30  Alain Corbin, Les Filles de noce : misère sexuelle et prostitution (XIXe et XXe siècles), Paris, Aubier Montaigne, « Historique », 1978, pp. 17-18.

31  Eugène Sue, op. cit., pp. 606-607.

32  Ruth Amossy, « Les récits médiatiques de grande diffusion au prisme de l'argumentation dans le discours : le cas du roman feuilleton », Belphégor. Littérature populaire et culture médiatique, vol. IX, n° 1, « Roman populaire et idéologie » (février 2010). Disponible à l’adresse suivante :
http://etc.dal.ca/belphegor/vol9_no1/articles/09_01_amossy_recits_fr.html
(dernière consultation : le 24 septembre 2012). Les définitions des deux notions sont également tirées de cet article.

33  Précisons que nous employons le terme de « prostituée » au sens le plus large : des filles à numéro, identifiées par la police et arpentant les rues, aux femmes entretenues bénéficiant d’une bonne réputation. Il s’agit ici d’observer la catégorie de celles qui pratiquent le sexe tarifé d’un point de vue global dans nos mystères urbains. D’ailleurs, dans ces romans, les prostituées passent généralement par différents statuts selon les caprices de la fortune.

34  Voir notamment Marc Angenot, Le Roman populaire. Recherches en paralittérature, Montréal, Presses Universitaires du Québec, 1975, p. 11.

35  Voir notamment Charles Bernheimer, Figures of Ill Repute : Representing Prostitution in Nineteenth-Century France, Cambridge (Massachussetts) / London, Harvard University Presss, 1989, p. 34.

36  Jean-Pierre Galvan, Les Mystères de Paris. Eugène Sue et ses lecteurs, Paris, L’Harmattan, « Critiques Littéraires », 1998, t. 2, p. 321 (lettre 395).

37  Alfred de Musset, La Coupe et les lèvres, dans Premières poésies : 1829-1835, Paris, Charpentier, 1852, p. 205 (acte II, scène 3; publication originale de la pièce : 1831).

38  Voir l’histoire de Fleur-de-Marie chez Sue (op. cit., pp. 47-59) ou de Félicité chez Vidocq (1844, op. cit., t. I, pp. 320-339).

39  Il évoque « leur amour pour le vin et les liqueurs fortes » (Alexandre Parent-Duchâtelet, op. cit., p. 104).

40  Jean-Pierre Galvan, op. cit., t. 2, pp. 171-172 (lettre 296) et pp. 223-223 (lettre 324).

41  Alfred Nettement, Études sur le feuilleton-roman, Paris, Perrodil, 1845-1846, t. I, p. 252. Voir aussi t. I, p. 301 (publication originale : « Lettres à une femme du monde sur Les Mystères de Paris », La Nation, 15 mars 1844, p. 2, col. 3) et t. I, p. 312 (publication originale : « Lettres à une femme du monde sur Les Mystères de Paris », La Nation, 8 et 9 avril 1844, p. 1, col. 2).

42  « Ce qu’il y a un dans un roman de M. Sue », Le Charivari, jeudi 11 août 1842, p. 1, col. 3.

43  Alain Corbin souligne par exemple qu’Alexandre Parent-Duchâtelet repère chez des prostituées dépravées les « qualités qui sont celles d’épouses honnêtes et de mères pieuses » (Alain Corbin, Les Filles de noce, op. cit., pp. 22-23).

44  Christophe Charle, Le Siècle de la presse (1830-1939), Paris, Seuil, 2004, p. 34.

45  Se révoltant contre la conduite morale et travailleuse que préconisaient leurs parents, elles ont choisi de s’en remettre à leurs charmes pour s’extraire de la pauvreté.

46  Charles Bernheimer, op. cit., p. 34; nous traduisons.

47  Louis-François Raban, op. cit., t. I, p. 116.

48  Charles Bernheimer, op. cit., p. 34; nous traduisons.

49  Eugène-François Vidocq (1844), op. cit., t. II, pp. 31-32.

50  Charles Bernheimer, op. cit., p. 27; nous traduisons.

51  Eugène-François Vidocq (1844), op. cit., t. VII, p. 338. Une telle fin n’est pas inédite comme le montre le chapitre XXX qu’ajoute Balzac à L’Âne mort et la femme guillotinée de Jules Janin (1829-1830).

52  Charles Bernheimer, op. cit., p. 27.

53  Les dessins ont ensuite été publiés en volume sous le titre Les Cent-et-un Robert Macaire (Aubert, 1839). Les caricatures étaient dessinées par Honoré Daumier d’après les idées de Charles Philipon, de Louis Huart et de Maurice Alhoy.

54  Nous tenons à remercier chaleureusement le département de Français, d’Italien et d’Espagnol de l’Université de Calgary. Le support exceptionnel que nous y avons trouvé durant notre stage postdoctoral en 2011-2012 a rendu possible la réalisation de cet article.

Pour citer ce document

Nicolas Gauthier, « Condamner la prostitution, louanger la prostituée ?», Presse, prostitution, bas-fonds (1830-1930), sous la direction de Guillaume Pinson Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/presse-prostitution-bas-fonds-1830-1930/condamner-la-prostitution-louanger-la-prostituee