Alexandre Dumas en Algérie médiatique : plagiat ou viralité ? Comprendre Sidi Brahim à partir du Véloce
Table des matières
LAURE DEMOUGIN
Introduction : le plagiat et la viralité dans la presse coloniale
Le Véloce, paru en recueil en 1846, relate le voyage fait par Alexandre Dumas (et son fils) sur le bateau du même nom : financée par le gouvernement, cette navigation a pour but d’aller chercher les prisonniers français qui ont survécu à la défaite de Sidi Brahim1. Dans ce texte, Alexandre Dumas commence l’un de ses chapitres par la mise en scène de l’origine des lignes – romancées – qu’il vient de produire en expliquant avoir pris des notes à partir de documents trouvés sur le bureau d’un officier2. L’auteur a en effet développé deux anecdotes concernant des spahis ; lesquelles anecdotes ressemblent fortement à un article paru dans le périodique La France algérienne en date du 10 septembre 1845. En guise de prologue, cette circulation avouée d’histoires coloniales interroge un emprunt qui se trouve éclairé par le concept de viralité : le texte de Dumas est l’écho et le complément d’un papier « fantôme », perdu depuis longtemps, duquel il a tiré des textes qui font écho au périodique algérien. Bien plus tard, Le Véloce et ses récits de guerre se trouvent au cœur d’un autre emprunt : la description que fait Dumas du combat de Sidi-Brahim (probablement à partir des récits d’anciens soldats avec lesquels il s’est trouvé) est publiée dans le supplément du Figaro le 22 juin 1879 sous la signature « un Chasseur d’Orléans3 » – signature démentie trois semaines plus tard par un entrefilet qui précise et reconnaît l’origine dumasienne du texte. Perdus dans la masse des textes périodiques, retrouvés à partir de numérisations, ces emprunts interrogent la notion de viralité médiatique dans ce cas particulier, tant esthétiquement qu’idéologiquement, que constitue l’écriture des guerres coloniales. Médiatisés par les publications périodiques dans un premier temps, les récits de ces guerres participent à la visibilité des journaux coloniaux dans la presse nationale ; la circulation de ces récits de propagande, de la presse au genre viatique, s’effectue avec des variations poétiques rendant compte à la fois d’une époque et d’un certain rapport aux sources des textes.
Dans ce cadre, Sidi Brahim résonne d’un ton particulier : cette défaite française face aux troupes d’Abd el-Kader se déroule du 16 au 23 septembre 1845 et donne lieu à plusieurs épisodes qui marquent les mémoires coloniales et nationales. La défaite elle-même se décompose en deux grands mouvements : l’échec du colonel Montagnac dans un premier temps, et le combat au marabout de Sidi-Brahim à proprement parler dans un deuxième temps4. Trois patronymes de soldats définissent la perspective choisie pour narrer ce combat : Courby de Cognord, le clairon Rolland, le caporal Lavayssière. Dumas est associé à Courby de Cognord – la mission dont il fait partie doit retrouver l’officier – et ce sera le centre de notre étude. Mais plus largement, ces noms et les images d’Épinal de la colonisation qui leur sont associées font la célébrité du 8e bataillon de chasseurs à pied et mènent à la création d’une chanson militaire emblématique5. L’événement est donc culturel autant que militaire, et les récits qui se développent autour de la bataille font partie de cette queue de comète : médiatiques et livresques, ils circulent sur plusieurs décennies pour construire une mémoire de l’événement à partir de peu de témoignages. On remarque à leur lecture qu’à une première viralité, horizontale et synchronique, se joint une seconde viralité, celle de la postérité, verticale et diachronique ; Dumas apparaît, dans ce cadre, en maillon conscient d’une chaîne de viralité dont il ignore cependant les aboutissants. D’autres textes, en effet, se rapportant à la même bataille, révèlent les échos et les réécritures que le rythme colonial et le rythme médiatique ajoutent aux faits de guerre.
Les étapes de la reprise virale : 1845-1846
La bataille de Sidi Brahim (avec des variations initiales dans le choix du toponyme, car la viralité va également fixer ces premières hésitations) se transforme, par les étapes d’une mise en mémoire principalement médiatique, en un mot évocateur du passé colonial français. Le 10 octobre 1845, au milieu des informations régulières publiées en une, « la catastrophe de Djemâ-Ghazaouat6 » est connue grâce à une chaîne d’informations que les journaux retracent comme preuve de leur véracité. Le général Lamoricière écrit d’abord « en rade de Tenez » à la date du 29 septembre, ayant trouvé le bateau La Chimère chargé du courrier d’Oran, et donc du rapport du commandant Martimprey écrit deux jours plus tôt : c’est ce rapport, publié par les journaux, qui constitue le premier récit. Lamoricière annonce déjà la tonalité de l’événement : « La manière vraiment sublime dont s’est conduite cette petite troupe jusqu’au dernier moment est un fait digne de l’histoire. À peine quelques-uns de ces braves ont pu s’échapper pour nous raconter la glorieuse fin de leurs frères d’armes7 ». Martimprey a écrit son rapport initial « sous [la] dictée et d’après [le] journal » du capitaine du génie Coffyn, à qui le colonel Montagnac avait laissé le camp. Martimprey a ensuite compilé les récits « contradictoires, quelle que soit leur origine », pour rendre compte d’un fait d’armes qui reste alors quelque peu mystérieux. Le récit est sommaire : on en tire cependant les grands traits de ce qui constituera le tissu du souvenir.
À trois quarts de lieue du camp, des cavaliers arabes assez nombreux paraissant sur un plateau, les deux premiers pelotons de l’escadron chargèrent avec le commandant Cognord en tête. Immédiatement ils furent écrasés sur leur gauche par une masse de cavalerie qui se démasqua.
Le colonel Montagnac se lança de suite avec les deux pelotons de réserve, qui éprouvèrent le même sort. 20 cavaliers, débris de ces escadrons, viennent se rallier autour de l’infanterie. Le colonel, mortellement blessé, fait former le carré, envoie le maréchal-des-logis Barbu ordonner au commandant Froment-Coste de l’appuyer, et expire presque aussitôt.
Pendant près d’une heure, le carré lutte contre les charges ardentes et répétées de toute la cavalerie qu’Abd el-Kader conduisait lui-même, et qui s’élevait à près de 3, 000 chevaux. Les cartouches s’épuisent, et enfin, suivant l’expression d’un carabinier, les Arabes resserrant le cercle autour de ce groupe immobile et devenu silencieux, le font tomber sous leur feu comme un vieux mur.
Le commandant Froment-Coste approchait en toute hâte avec la 2e compagnie et une section de carabiniers de son bataillon. Devenu l’objet des efforts de l’ennemi, il est aussi frappé par les premières balles, et bientôt sa troupe succombe sous le nombre8.
Suit le récit de la retraite du capitaine de Géraud au marabout. Quelques traits anecdotiques apparaissent en germe dans ce rapport qui va devenir le noyau de nombreux récits, et permettent de repérer des divergences dans la fortune de telle ou telle expression. Ainsi de la comparaison reportée par Martimprey, attribuée à un carabinier survivant : « comme un vieux mur » se retrouvera de part en part, notamment dans les publications d’histoires de l’Algérie, et nous a servi de segment d’identification dans nos recherches – elle n’apparaît pas chez Dumas, traçant déjà une première division dans la généalogie du récit9. Le 17 octobre, la une de La Presse contient le passage suivant :
L’Écho d’Oran publie la relation suivante du siège soutenu dans le marabout de Sidi Brahim par les 77 hommes qui avaient échappé au désastre du colonel Montagnac. Cette relation a été écrite sous la dictée du caporal Lavessière, l'un des 14 qui ont été recueillis par la division de Djamma10.
Après le récit, un paragraphe précise que La France algérienne raconte le même épisode : différents foyers médiatiques propagent donc les informations premières dont le journal L’Écho d’Oran semble être le premier relai. À partir du 28 octobre, le récit gagne en précision et en authenticité par l’ajout de la lettre que Lamoricière a reçue du prisonnier Courby de Cognord – auquel Abd el-Kader a autorisé l’écriture d’une première missive, perdue, puis d’une deuxième11. La Démocratie pacifique publie d’abord le rapport du lieutenant-général Lamoricière, puis le mot introductif que ce dernier a joint à la lettre de Courby de Cognord12. Ces premiers textes, rapports, lettres et témoignages circonstanciés, constituent donc le socle de l’événement narré et se répandent en quelques mois. Les nouvelles provenant d’Algérie mettent en moyenne une dizaine de jours à parvenir à Paris et transitent par les journaux algériens, premiers à publier les rapports militaires ; à titre de comparaison, en Martinique, la nouvelle de Sidi Brahim ne sera publiée qu’en décembre. Le recueil de Dumas, quant à lui, paraît en 1855, dix ans après les faits : rétrospectivement, une chronologie du rayonnement viral de la nouvelle se met en place.
Le texte dumasien et ses concurrents : le statut du témoignage dans la viralité, 1860-1880
Chez Dumas, le récit de la bataille est orienté par les retrouvailles avec les prisonniers, dont le fameux Courby, et s’épanouit à partir d’une visite sur la tombe du capitaine Géreaux en attendant que le dîner de retrouvailles soit prêt13. La tombe du capitaine enclenche un souvenir qui romanise et anticise le combat, selon un filtre colonial bien établi qui ressuscite régulièrement l’Antiquité latine en Algérie : à partir de cet embrayeur temporel, le chapitre sur la bataille peut commencer.
Tout à coup nous aperçûmes une grande place découverte au milieu de laquelle s’élevait une espèce de tumulus romain, ombragé par des touffes de figuiers, et vers lequel on pouvait s’avancer par un chemin dont le pavé formait encadrement.
C’était le tombeau du capitaine Géreaux.
Hélas ! au milieu de nos préoccupations journalières, au milieu de nos luttes de la tribune, au milieu de nos procès scandaleux, les choses, les événements, et même les hommes, passent si vite, qu’un jour on oubliera, s’ils ne sont déjà oubliés, les détails de ce magnifique combat, que nous pouvons opposer à tout ce que l’Antiquité nous a légué d’héroïque et de grand.
Jetons donc une page de plus à ce vent qui roulait les feuilles de la sibylle de Cumes, et qui emporte toute chose humaine vers l’obscurité, le néant et l’oubli.
SIDI-BRAHIM.
On avait signalé la présence d’Abd-el-Kader sur la frontière du Maroc.
Au nombre des tribus qui paraissaient s’être franchement ralliées à nous, était la tribu des Souhalias. Cette tribu était puissante, et des ordres avaient été donnés pour qu’on la maintînt par tous les moyens possibles dans notre amitié.
Dumas enchaîne, par le titre de chapitre contenant le seul nom de la bataille, la visite de la tombe et l’anamnèse fantasmée du combat, embellie à partir des témoignages. L’hypallage du « on » est à cet égard révélateur d’un glissement narratif autant que temporel : Dumas devient à part entière un narrateur en situation de la bataille et le tombeau un embrayeur du récit par le biais de la sibylle de Cumes, dans une forme de syncrétisme. Non paru dans la presse à l’origine (alors qu’il en était question), Le Véloce paraît en recueil en 1855 et en 1866 (le 4 et le 11 février) dans le Grand journal, pour les extraits concernant Sidi Brahim. Dans les années 1860, il fait donc partie d’un ensemble de textes dont on peut trouver les traces dans un ouvrage comme celui de Maurice de Bongrain, intitulé Les Captifs de la deïra d’Abd-el-Kader. Sidi-Brahim et Sidi-Moussa. 1845-1846. Souvenirs de la vie militaire en Afrique14. Ce dernier ouvrage porte comme épitaphe la première remarque du général de Lamoricière parue dans la presse : « La manière vraiment sublime dont s’est conduite cette petite troupe est un fait digne de l’histoire » ; l’auteur y raconte ses promenades faites à Tlemcen en 1860 : il rencontre dans la campagne avoisinante une famille dont le père un ancien soldat de Sidi-Brahim.
Le jardinier était un des héros restés obscurs de nos immortelles guerres d’Afrique. Il avait assisté à la fameuse affaire de Sidi-Brahim, il avait été plus d’un an prisonnier d’Abd-el-Kader, il avait vu massacrer autour de lui plus de deux cent cinquante de ses camarades : tous, faut-il dire, moins deux ou trois qu’un hasard miraculeux avait sauvés. Il me racontait toutes les circonstances de ce drame lugubre avec une simplicité touchante, recommençant les passages obscurs du récit des historiens, rectifiant leurs erreurs, et appuyant les moindres détails par des pièces officielles ou des relations originales écrites par ses camarades et par des officiers qu’on avait épargnés dans les massacres.
Sur cette période importante de sa vie, presque rien n’avait été publié qu’il ne l’eût acheté, lu et annoté avec un soin minutieux. Il y avait là les feuilles du Moniteur, les articles de nombreuses revues, la relation si curieuse du docteur Cabasse, les belles pages d’A. Dumas, et, entre autres pièces manuscrites d’un intérêt puissant, le journal du maréchal des logis Barbut, qui forme plus de soixante-dix feuillets in-folio.
En lisant ces vivantes pages, écrites de la main même des héros, et pour ainsi dire avec leur sang, j’ai pensé que je ferais une œuvre agréable aux parents, aux amis, aux contemporains de tant de braves soldats morts pour la patrie commune, en ramassant un à un ces détails et en coordonnant ces notes de manière à en faire un livre, un livre vrai, exact, écrit sans passion et sans esprit de parti, où chacun pût retrouver la trace de ceux qu’il a aimés, et où l’histoire impartiale puisse un jour puiser comme dans une source pure15.
La problématique est donc claire dès ces années 1860 : des récits concurrents (historiques, romanesques, testimoniaux) construisent la mémoire écrite de Sidi Brahim et ses variations. Commence donc un art de la rhapsodie dans ces années 1860 qui prolongent le souvenir de la bataille : l’obsession de la « source » historique, la réécriture de l’humble soldat rencontré par hasard font partie d’une nouvelle perception du territoire colonial liée aux guerres de conquête. Ici, l’ancien soldat devenu colon semble trouver sa place comme métaphore de la situation coloniale et écho antique bien plus que comme témoin authentique. Sa parole, mise sur le même plan que les textes qu’il a collectés, indique une mémorialisation en train de se faire. Dans les années 1860, le témoignage de ce soldat devenu colon n’est certes pas le seul à nourrir la mémoire de l’événement. À défaut de témoins directs, Dumas peut apparaître comme une source fiable – on l’a vu dans l’extrait supra – et cela interroge le statut du romancier et de ses récits viatiques.
Dans La Revue de Sedan de 1866 – une brochure consacrée au colonel Montagnac, originaire de Sedan – Émile Lefèvre16 raconte lui aussi les événements de Sidi Brahim, citant comme source non le recueil Le Véloce, mais la publication par extraits qu’en a fait le Grand journal ; d’autres sources (rapports officiels et biographie) complètent sa présentation.
Il n’y avait debout que le capitaine de Géraux et ses carabiniers laissés à la garde du camp. Dirons-nous comment moururent ces derniers survivants à l’horrible boucherie ? Non, laissons tomber le rideau sur ce sombre spectacle.
***
Nous n’avons pu résister à la tentation de citer presque en entier, le palpitant récit de notre grand romancier17.
En effet, l’auteur a remanié le récit de Dumas – pris dans le chapitre intitulé « Le Marabout » – en ajoutant ces remarques métadiégètiques. L’auteur du Véloce, passé par le journal, devient la référence de cet unique numéro d’une brochure qui relit l’histoire de Sidi-Brahim à la lumière de l’histoire spartiate et dans laquelle le « grand romancier » a valeur de témoin18. De manière intéressante pour le statut générique de ces récits de guerre, Dumas est bien signalé ici comme un grand « romancier », marquant une tradition concurrente à celle des rapports militaires parus dans la presse. Le sublime est la catégorie esthétique à l’aune de laquelle ces récits testimoniaux subissent leurs mutations : Dumas introduit sa version de Sidi-Brahim à partir d’une promenade vespérale et d’une référence antique à la sibylle, Émile Lefèvre utilise une comparaison avec Léonidas.
Dumas s’est informé de la bouche de Courby de Cognord après son retour sur Le Véloce mais il n’est pas le seul à avoir écouté l’illustre prisonnier ; peu de temps après sa libération, le même Courby de Cognord va gagner sa place au « panthéon captif » de la « littérature de geôle », pour reprendre les mots du Charivari qui présente ainsi l’auteur des récits de prisonniers le plus connu des années 1840, Ernest Alby :
Dès que les Bédouins ont fait un prisonnier, homme ou femme, civil ou militaire, ce prisonnier revient à M. Alby : il lui donne pour prison le cul de basse-fosse d’un feuilleton quelconque, puis le préau d’un in-octavo. Du reste, il le soumet à un assez doux régime ; son pain biographique est nourrissant et son eau anecdotique est saine. Il lui passe même quelquefois le tabac du petit mot pour rire.
[…]
Cette spécialité de M. Alby a son bon côté ; elle le met en rapport avec une foule de braves soldats qui, prisonniers pendant un temps plus ou moins long des Arabes, ont droit à figurer dans son panthéon captif : ainsi le trompette Escoffier, M. de Cognord et beaucoup d’autres19.
Reprenant les histoires des prisonniers d’Algérie, Alby traite de Sidi-Brahim dans son Histoire des prisonniers français en Afrique depuis 184720. Le récit qu’il en fait n’utilise aucun segment propre à Dumas ; il semble écrit à partir des rapports officiels publiés dans les journaux. On voit donc que, hésitant entre le récit romancé et le rapport militaire, la défaite de Sidi Brahim, médiatisée par Courby de Cognord, va subir après les années 1840 des évolutions qui replacent le récit de Dumas au sein d’une constellation d’écritures dont il marque cependant un sommet ambigu, à la fois romanesque et testimonial. En 1879, comme nous l’avons signalé, le supplément littéraire du Figaro reprend mot pour mot le récit de Dumas avec la signature « Un chasseur d’Orléans » : cette hésitation sur la signature témoigne d’un basculement vers une nécessité testimoniale21. Le journal corrige ce plagiat quelques numéros après la parution ; mais la publication initiale signale que l’on s’achemine vers les années 1890 et l’importance renouvelée du témoignage, en lien avec les commémorations officielles de la bataille22.
Plasticité et viralité dans la monumentalisation du combat : 1845-1910
Si l’on reprend cette chaîne de textes (non exhaustive : Sidi-Brahim a essaimé dans des directions bien différentes), l’on se rend compte que quelques éléments focalisent ce type particulier de récit médiatique. On a vu que la distinction générique s’affaiblit face à cet événement, et qu’il en ressort une dimension médiatique au premier chef, support idéal d’une viralité forte. Idéologiquement, les récits des guerres coloniales doivent passer par différents textes dont le support (périodique ou non) importe peut-être moins que la transmission comme idée première. Cette transmission devenue commémoration donne forme à la guerre par des biais proprement littéraires dont on peut isoler quelques cas.
Les paroles historiques marquent une première mutation de cette viralité, ainsi que les faits d’armes remarquables, l’un n’allant pas sans l’autre. Les récits de guerre sont habituellement connus par quelques paroles historiques : du panache blanc d’Henri IV célébré par Agrippa d’Aubigné au « Messieurs les Anglais, tirez les premiers » de Voltaire, ces paroles constituent les repères du récit mémoriel. Dumas en est conscient, particulièrement par son activité de dramaturge ; c’est ainsi qu’il fait dire au colonel Montagnac, avant le combat : « Je prendrai l’émir ou je me ferai tuer », phrase inconnue ailleurs et vraisemblablement inventée. Dans un autre genre, Louise Colet participe également à ces inventions dans un poème où l’alexandrin force l’ultime parole du colonel à entrer dans un cadre restreint :
Le brave colonel Montagnac tombe en tête.
Il mourut en disant : « Que rien ne vous arrête ;
Combattez, mes amis, et laissez là mon corps ».
Il fut enseveli sous trois cents Français morts23 !
D’autres passages témoignent de ce goût pour les paroles appelées à devenir historiques24. Il tient à la nature des personnages de soldats dans les récits de propagande : leur mémorialisation se fait à grande vitesse, et ils deviennent personnages historiques avec une rapidité qui est celle que vante leur siècle. Ces personnages ne sont certes pas utilisés dans un cadre romanesque : la référentialité est toujours première dans les rapports militaires, les récits de voyage, les articles ou les publications testimoniales. Mais on y retrouve la même tension autour de la parole historique, particulièrement quand elle est prononcée sur un champ de bataille : les militaires sont au centre d’un récit qui les dote d’une portée nouvelle par le biais de la parole. On peut adapter ici ce qu’Aude Déruelle dit du personnage historique dans les romans : « En effet, pour ces figures centrales de l’intrigue, le nom propre ne se suffit plus à lui-même, puisque le but est de faire émerger de nouvelles significations25 ». Ainsi, la dernière volonté du colonel Montagnac en fait d’abord un nouveau Roland, sur le mode épique, puis une incarnation du patriotisme. Les variations de cet épisode transmettent également, parfois, les réticences à faire du colonel Montagnac un héros : la mention finale d’un « affreux massacre26 » dans un récit de 1912 résume ce qui n’était pas dit dans les premières publications et qu’un témoin tardif avait qualifié de « carnage », tout en modérant le terme par ceux de « résistance » et de « sublime27 ». L’héroïsme du colonel cède le pas à un héroïsme plus collectif, héroïsme de soldats non dénué de pathos : c’est ce que confirme également un autre passage sur lequel nous allons nous pencher.
Dumas a écrit une anecdote appelée à marquer le récit du combat. En effet, un épisode revient qui marque d’autant plus les lecteurs qu’il concerne un jeune soldat, et qu’il semble emprunter davantage à l’imagination du romancier qu’à un récit attesté par les premiers rapports ou les témoins de l’événement. Dumas semble être le premier à relater ce trait, qui n’est mentionné dans aucun des rapports officiels.
De tous ces hommes un seul donna, non pas un signe de crainte, mais une marque de regret.
C’était un jeune chasseur de vingt ans, nommé Ismaël, il s’écria :
- Ô mon commandant ! nous sommes perdus.
Le commandant sourit au pauvre enfant, il comprit qu’à vingt ans on connaissait si peu la vie qu’on avait bien le droit de la regretter.
- Quel âge as-tu ? demanda le commandant.
- Vingt-et-un ans, répondit-il
- Eh bien ! tu auras donc à souffrir dix-huit ans de moins que je n’ai souffert ; regarde-moi, et tu vas voir comment on tombe le cœur ferme et la tête haute.
Il n’avait pas achevé qu’une balle le frappait au front, et qu’il tombait comme il avait promis de tomber.
Cinq minutes après, le capitaine Burgaud était tombé.
- Allons ! mes amis, dit l’adjudant Thomas, un pas en avant, mourons sur le corps de nos officiers28 ».
Le romanesque du passage se lit à la narration devenant omnisciente et à l’enchaînement du discours direct : Dumas, narrateur devenu personnage en quelque sorte supplémentaire de ce témoignage de guerre, en rend le pathétique pour montrer un soldat ordinaire. Dans La Revue de Sedan, l’auteur coupe le personnage d’Ismaël et condense le récit de Dumas :
Une balle frappa au front le commandant ; cinq minutes après, le capitaine Burgaud tombait aussi.
- Allons, mes amis, dit l’adjudant Thomas, à notre tour. En avant ! et mourons sur le corps de nos officiers.
Ce furent les dernières paroles distinctes que l’on entendit. Le râle de l’agonie leur succéda, et au râle de l’agonie, succéda le silence de la mort29.
En 1887, dans L’Indépendant de Mascara, un feuilleton résume Sidi Brahim en quatre colonnes et donne ainsi beaucoup de relief à cet épisode repris de Dumas et modifié alors par quelques petits segments :
Cependant, le commandant Froment-Coste a entendu la fusillade, il arrive à la rescousse ! Mais comme une marée montante, des flots d’ennemis l’enveloppent de toutes parts. Un jeune chasseur, ému par ce spectacle, s’écrit : « Nous sommes morts ! » « Quel âge as-tu ? » lui demande le commandant. « J’ai vingt-deux ans » « Hé bien ! J’ai souffert dix-huit ans de plus que toi ; c’est ici que nous devons mourir. Je vais te montrer à tomber, le cœur ferme et la tête haute ! » Il tombe, en effet presqu’aussitôt, frappé à mort. Dans un effort désespéré, les débris des deux détachements se réunissent.
Ils sont là, quatre-vingt-trois hommes, commandés par le capitaine de Géraux. Leur regard n’a rien perdu de sa mâle fierté, et grandis par la lutte, ils semblent, comme les vieux géants de la Gaule, sourire au danger30.
Dans d’autres versions de 1890, le jeune Ismaël a disparu, mais Froment-Coste prend tout de même la parole, dans une variation de quelques mots sur la réplique que lui avait écrite Alexandre Dumas.
Cependant, nos troupes luttent avec un stoïque courage, un contre vingt. Le commandant Froment-Coste a fait former le carré ; il n'a pas d'illusion sur l'issue du combat « Si c'est ici, dit-il, que nous devons périr, montrons à l'ennemi comment les Français savent mourir fièrement31 ».
La variation est plus générale ici : elle implique « les Français » plutôt qu’un « on » indéfini ; Froment-Coste est censé la prononcer de lui-même, sans qu’elle soit une réponse. Le regret du jeune Ismaël s’efface au profit d’un patriotisme de bon aloi pour les années 1890. Deux textes concurrents engendrent donc des récits : l’un utilise la présence d’un jeune soldat, l’autre se focalise uniquement sur la parole héroïque de Froment-Coste, parole qui subit les variations liées à l’époque. Le 23 janvier 1891 enfin, dans la lancée commémorative initiée en 1890, Le Courrier de Tlemcen entreprend la publication d’un récit de la bataille à la forte valeur testimoniale. Dans la rubrique des « variétés » paraît un texte présenté ainsi, et qui sera publié sur plusieurs numéros, en une :
« Combat de Sidi-Brahim et défense héroïque du Marabout (Septembre 1845) », par J.-L. Pègues, Chevalier de la Légion d'honneur, ancien sergent-fourrier au 8e bataillon de chasseurs à pied (l’un des survivants de la garnison de Djemâa-Ghazaouat, Nemours). Nommé sergent à la 7e Cie, le 21 septembre 1845. Blessé d’un coup de feu dans le ravin des Ouled-Ziri, près Nemours, le 23 septembre 1845, lors du sauvetage des débris du combat de Sidi-Brahim32.
Le jeune Ismaël, s’il est bien présent, a changé : la « marque de regret » que décrit Dumas devient une émotion devant « cet infernal baptême de feu » exprimée au discours direct ; le « jeune chasseur » est un « jeune volontaire » et il est passé de 21 à 19 ans. La réponse de Froment-Coste varie elle aussi : alors que le narrateur chez Dumas soulignait l’empathie du commandant pour son soldat, le « témoignage » de Pègues se limite au discours direct, là aussi, beaucoup plus sec.
Un jeune volontaire, du nom de Ismaël, ému par cet infernal baptême de feu et les cris sauvages d’une multitude de cavaliers enivrés par un premier succès, s’écrie :
Nous sommes tous perdus ! Nous allons tous mourir !
Le commandant l’a entendu et lui dit :
Quel âge as-tu, mon garçon ?
DIX-NEUF ANS.
Eh bien ! tu as vingt ans à souffrir de moins que moi ; du courage et du sang froid ! Si c’est ici que nous devons périr, montrons à l’ennemi comment les Français savent mourir fièrement et en braves33 !
La réponse devenue patriotique de Froment-Coste a été intégrée au récit premier ; la nuance de Dumas écrivant « un seul [homme] donna, non pas un signe de crainte, mais une marque de regret » devient une peur devant les « cris sauvages d’une multitude de cavaliers enivrés par un premier succès » : le cadre se modifie et l’action se patriotise en une quarantaine d’années, probablement influencée par l’atmosphère de revanche qui prévaut sous la Troisième République. Les ennemis sont également orientalisés, bien plus que dans les années 1840 (pour ce segment du moins, car certaines anecdotes portant sur des têtes coupées assuraient un autre ancrage orientaliste au récit). L’anecdote du jeune Ismaël a été transformée par l’équilibre entre la narration et le discours direct : c’est donc sur ces points du récit que se focalise une viralité épique qui devient commémoration. Enfin, dans un recueil de souvenirs de 1910, le même épisode est en revanche repris mot pour mot du Véloce, à l’exception de la fin : ce n’est plus l’adjudant Thomas qui parle, et il ne dit pas la même chose. C’est le capitaine Burgard qui se retrouve gratifié d’une parole historique qui n’existait pas chez Dumas, preuve de la célébrité qu’il est en train de gagner : « Mes enfants, dit le capitaine Burgard en prenant le commandement de la compagnie, apprêtons-nous à faire comme lui34 ».
Conclusion
Quelques évolutions de l’épisode ont donc abouti à des impasses ; d’autres ont circulé en variant selon les époques. D’autres épisodes du Véloce peuvent se prêter à une telle étude, riche d’enseignements sur la circulation des récits de guerres coloniales et leur progressive mémorialisation – d’autres paroles historiques, reprises ensuite dans des poèmes officiels, des recueils de témoignages, des extraits de « littérature de geôle ». Mais on peut aussi, en guise de conclusion, mentionner un texte étrange, véritable curiosité dans la lecture des articles et des œuvres bon marché qui ont construit la légende de Sidi Brahim : en 1895, un certain Dénonville publie dans La Revue Mame un récit appelé « Récits militaires. Pacard et Bernier35 ». Dans ce périodique pensé pour les familles chrétiennes, l’auteur envisage l’action par le biais de deux chasseurs du 8e, Pacard et Bernier, simples soldats qui se détestent mais meurent dans les bras l’un de l’autre après plusieurs échanges gouailleurs. Courby de Cognord y fait une apparition sous le nom de Coquord (il deviendra Cognard en 1897, dans le recueil), qui harangue ses hommes avant de se rendre compte qu’ils sont presque tous morts ; le colonel Montagnac meurt sans pouvoir appeler à l’aide : éclaboussant de sang ceux qui l’entourent, il écrit une requête à Froment-Coste ; et surtout, on y trouve l’expression « comme un vieux mur », qui signale l’origine probablement médiatique du récit – par le biais de ce premier témoignage publié le 10 octobre 1845 et que nous avons mentionné plus haut. Ce même texte est repris en 1897, quand un certain de Brizay publie des Contes de l’épée chez Mame36. On y lit dans le désordre les histoires du chevalier Bayard, de Jeanne d’Arc, de Behanzin roi du Dahomey, d’autres encore : dans cette brochure patriotique et profondément militariste, le Français est insouciant mais courageux, gouailleur et audacieux… et on y trouve, dans cette optique, le texte de Dénonville37. Or l’auteur, s’il précise bien que sa source est le Moniteur universel (notamment celui du 28 octobre 1845, qui concerne le rapport de Courby de Cognord) ne prend pas la peine de préciser quand il cite Dumas : des guillemets introductifs signalent un changement de parole dans ce texte écrit à la première personne pour les épisodes du combat, mais sans plus. On y reconnaît pourtant, mot pour mot, l’épisode du jeune Ismaël38 ; mais un passage sur la mort du colonel Montagnac39 est celui qui sera repris en 1910 et ne correspond pas au texte de Dumas40.
« Jetons donc une page de plus à ce vent qui roulait les feuilles de la sibylle de Cumes, et qui emporte toute chose humaine vers l'obscurité, le néant et l'oubli41 » : les paroles de Dumas, parce qu’elles promettaient l’oubli à la bataille de Sidi Brahim dans un style poétique et anticisant, ont précisément eu l’effet inverse. Il ne s’est pas agi ici de jouer à un jeu des sept erreurs, si complexe soit-il : les variations dans les mises en récit valent pour leur portée, pour leur inscription dans la transformation progressive d’une actualité en un monument. D’autres faits de guerre ont accédé à une renommée équivalente ou supérieure ; mais Alexandre Dumas a joué dans cette monumentalisation de l’événement un rôle fondamental, comme on le voit par le rebond des textes des années 1860-187042. Plus largement, la présence de l’événement dans la presse quotidienne de la Belle Époque va dans le sens d’une appropriation qui dépasse ce qu’on serait tenté d’appeler une littérature militaire. Replacer le récit de Dumas dans une économie littéraire qui est celle de l’idéologie coloniale permet d’ouvrir des perspectives nouvelles – tout comme son plagiat opéré par le supplément littéraire du Figaro. Ce qui apparaît ici, c’est aussi l’idée que les discours coloniaux au sens large reposent sur un nombre de textes et, plus encore, sur un nombre de syntagmes limités. Enfin, il faut noter que la viralité se propage de nos jours par d’autres moyens : la bataille de Sidi-Brahim appartient aux événements militaires et médiatiques dont les contours apparaissent aussi par le biais de nombreux sites internet amateurs, pourvoyeurs de sources inattendues. L’étrange polyphonie initiale, faite de rapports, de lettres et de témoignages oraux construit un réseau viral qui continue à développer ses ramifications actuelles sur le réseau internet.
Notes
1 Jean Sarrailh, « Le Voyage en Espagne d'Alexandre Dumas père », Bulletin Hispanique, t. 30, n°4, 1928, p. 289-327.
2 Alexandre Dumas, Le Véloce, Paris, Vve Dondey-Dupré, 1855, p. 424.
3 Nom donné aux soldats de l’infanterie légère, créée en 1837 par le duc d’Orléans, jusqu’en 1848. La dénomination même signale donc que le récit est ancien. Un chasseur d’Orléans, « Combat de Sidi Brahim », 22 juin 1879.
4 Voir André Thiéblemont, « Comment comprendre la commémoration de combats sacrificiels ? », Armée de terre | « Inflexions », 2017/2, n° 35, p. 143-156. URL : https://www.cairn.info/revue-inflexions-2017-2-page-143.htm. Consulté le 4 mars 2020.
5 https://gallica.bnf.fr/html/und/enregistrements-sonores/la-sidi-brahim?mode=desktop. Consulté le 4 mars 2020.
6 Le Constitutionnel, 10 octobre 1845.
7 Ibid.
8 Le Constitutionnel, 10 octobre 1845. Nous soulignons.
9 Liste non exhaustive des ouvrages reprenant l’expression : Les Campagnes d'Afrique. Récits populaires et anecdotiques, par Léonce André, 1868. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6358906c/f304.image ; La conquête de l'Algérie par Amédée Hennequin, Paris, C. Douniol, 1857 ; L'Algérie, par Mlle Clara Filleul de Pétigny, Tours, R. Pornin, 1846. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5788326n/f273.image ; Le combat de Sidi-Brahim et le sergent Lavayssière (23, 24, 25 septembre 1845) : 8e bataillon de chasseurs à pied, Amiens, 1883. Avec l’anecdote du jeune Ismaël. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6576240d/f19.image ; La Revue des ambassades et des questions diplomatiques et coloniales, [directeur Henry Lémery], Paris, août 1939. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6463744b.
10 La Presse, 17 octobre 1845. L’Écho d’Oran aurait publié le rapport du caporal le 4 octobre.
11 La lettre de Courby de Cognord mentionne une première missive sans doute perdue.
12 La Démocratie pacifique, 28 octobre 1845.
13 Alexandre Dumas, Le Véloce, Paris, Vve Dondey-Dupré, 1855, p. 352.
14 Maurice de Bongrain, Les Captifs de la deïra d’Abd-el-Kader. Sidi-Brahim et Sidi-Moussa. 1845 – 1846. Souvenirs de la vie militaire en Afrique, Lille / Paris, L. Lefort, 1864.
15 Ibid., p. X-XII.
16 D’après la BNF, négociant à Anvers né en 1833.
17 Émile Lefèvre, La Revue de Sedan, Sedan, Laroche-Jacob, 1866, p. 18.
18 Ibid., p. 19 : « Le nom du roi de Sparte qui succomba avec trois cents Grecs en défendant l'entrée de sa patrie contre les Perses, a traversé les siècles entouré d'une auréole de gloire et protégé par le respect des générations ; celui du colonel français qui se fit tuer dans les défilés des Traras, avec un plus grand nombre de braves pour arrêter l'invasion de l'ennemi, obtiendra une aussi belle page dans l'histoire et aura autant de droit à l'admiration de la postérité ».
19 Le Charivari, « Le Geôlier littéraire », 4 septembre 1847.
20 Ernest Alby, Histoire des prisonniers français en Afrique depuis 1847, t. 2, Paris, Olivier, 1847. Alby est en effet assez différent, par son écriture en série, d’un auteur comme le capitaine Schmitz, auteur d’une Histoire des derniers prisonniers français faits par Abd-el-Kader en 1845, Paris, 1852.
21 Un chasseur d’Orléans, « Combat de Sidi Brahim », 22 juin 1879.
22 Le Figaro, 13 juillet 1879.
23 Louise Colet, Le Marabout de Sidi-Brahim. Poème dédié à l’armée par Mme Louise Colet, suivi de la chanson des soldats d’Afrique, Paris, Aubert, 1845, p. 3-4.
24 Tout comme certains romanciers contemporains signalent dans leurs romans les paroles « sublimes » de leurs personnages".
25 Aude Déruelle, « Le cas du personnage historique », L’Année balzacienne, 2005, n° 6, p. 103.
26 Paul Azan, Carnet de la Sabretache, « Trois héros de Sidi Brahim », Paris, Leroy, 1912.
27 Jacques-Louis Pègues, Souvenirs militaires algériens. Combat de Sidi-Brahim et défense héroïque du marabout, septembre 1845, Alger, Baldachino-Macon-Viguier, 1887.
28 Alexandre Dumas, Le Véloce, Paris, Vve Dondey-Dupré, 1855, p. 355.
29 Émile Lefèvre, La Revue de Sedan, Sedan, Laroche-Jacob, 1866, p. 18.
30 « Sidi-Brahim », L’Indépendant de Mascara, 13 mars 1887.
31 La Lanterne, 19 août 1890 ; Le Matin, 22 septembre 1890.
32 Le Courrier de Tlemcen, 23 janvier 1891. Le texte est paru en recueil en 1887 : Jacques-Louis Pègues, Souvenirs militaires algériens. Combat de Sidi-Brahim et défense héroïque du marabout, septembre 1845, Alger, Baldachino-Macon-Viguier, 1887.
33 J.-L. Pègues, Le Courrier de Tlemcen, 30 janvier 1891.
34 Nos soldats. La France militaire au XIXe siècle. Récits de témoins oculaires, Lille, Saint-Joseph, 1910, p. 17.
35 Dénonville, « Récits militaires. Pacard et Bernier », La Revue Mame, 20 janvier 1895, p. 249-252, illustrations de Giraudat. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5323291q/f2.item.
36 Henry de Brizay, Contes de l’épée, Tours, Mame, 1897.
37 Ibid., p. 121-128.
38 Maurice de Bongrain, Les Captifs de la deïra d’Abd-el-Kader. Sidi-Brahim et Sidi-Moussa. 1845 – 1846. Souvenirs de la vie militaire en Afrique, Lille / Paris, L. Lefort, 1864, p. 32.
39 Ibid., p. 29.
40 Nos soldats. La France militaire au XIXe siècle. Récits de témoins oculaires, Lille, Saint-Joseph, 1910, p. 14.
41 Alexandre Dumas, Le Véloce, Paris, Vve Dondey-Dupré, 1855, p. 353.
42 André Thiéblemont, « Comment comprendre la commémoration de combats sacrificiels ? », Armée de terre. « Inflexions », 2017/2, n° 35, p. 143-156. Il cite en ouverture trois batailles : Sidi Brahim, Camerone, Bazeilles.