El Semanario de las Señoritas Mejicanas. Mettre à profit la presse européenne pour créer un magazine mexicain. Lectures pour les femmes au XIXe siècle.
Table des matières
LAURA SUÁREZ DE LA TORRE
Para las mujeres desaplicadas a quienes su desgracia
y educación han hecho adquirir ideas equivocadas de las cosas,
un libro es el objeto que más tedio les infunde,
y la lectura una ocupación enfadosa, cansada, e irresistible.
Las infelices bostezan oyendo leer a cualquiera,
se entristecen a la vista de un impreso o de una biblioteca.
Semanario de las Señoritas Mejicanas1
Les magazines dits littéraires sont une expression de la vie culturelle du Mexique au XIXe siècle. Leurs pages sont la vitrine, entre autres informations d’intérêt sans égal, d’une noble aspiration de la société mexicaine : l’importance de mettre le savoir à la disposition des jeunes filles. Le projet éditorial lancé par Vicente García Torres en 1841, appelé Semanario de las Señoritas Mejicanas (Magazine hebdomadaire des demoiselles mexicaines) est le fruit d’un véritable effort pour mettre entre les mains des lecteurs une publication innovante et utile avec une variété de sujets littéraires, scientifiques et artistiques destinés à l’éducation des femmes. Son objectif était de proposer à travers ses pages un bagage culturel leur permettant d’acquérir des connaissances afin, par exemple, de tenir une conversation intéressante ou de servir à l’éducation de leurs futurs enfants, qui seront aussi les futurs citoyens du pays.
L’intensification de la circulation du matériel culturel en Europe au XIXe siècle, grâce au développement des communications (et notamment des chemins de fer) et grâce, aussi, au progrès des techniques d’impression (avec de nouvelles presses et la lithographie, par exemple), qui a eu un impact direct sur les tirages, toujours plus importants, et l’augmentation de la population alphabétisée, a bien sûr eu des répercussions au Mexique, où les publications européennes faisaient traditionnellement partie du panorama culturel. Certaines publications imprimées espagnoles, françaises et anglaises étaient amplement connues en Amérique et ont inspiré des projets d’édition locaux, comme, au Mexique, le Semanario de las Señoritas Mejicanas.
Pour leur élaboration, ils avaient comme modèle les références des publications féminines en vogue en France depuis le XVIIIe siècle, ainsi que les magazines anglais. En outre, de nombreux textes ont été transcrits à partir de la presse espagnole ; d’autres textes (articles, pensées, essais, récits ou romans) ont été traduits en espagnol ou librement adaptés à partir d’œuvres publiées en France, en Angleterre, en Italie et même en actuelle Allemagne, étant donné que dans la première moitié du XIXe siècle, les droits d’auteur n’étaient pas réglementés.
C’est par le biais de l’analyse du Semanario de las Señoritas Mejicanas que je prétends dans cet article mettre en lumière l’omniprésence et l’importance acquises par les imprimés étrangers, transcrits ou traduits, qui ont été empruntés pour donner naissance à ce projet éditorial mexicain des années 1840.
La forte concurrence qui régnait parmi les imprimeurs-éditeurs a suscité le lancement constant de projets d’édition innovants soumis à l’acceptation du public. C’est ce dernier qui a, en fin de compte, défini les normes de différenciation des contenus en fonction des différents lecteurs cibles : le grand public, les femmes, les enfants et les artisans, par exemple. Bien que le magazine analysé ici s’adresse plus particulièrement aux femmes, il aspire également à atteindre « la table d’un père de famille ou la librairie sélective d’un homme de Lettres2 ». Après tout, ce sont des hommes qui ont été chargés de les concevoir et de décider de leur contenu
afin de mettre à la portée des demoiselles mexicaines les connaissances utiles et agréables des sciences, de la littérature et des arts, afin de mettre dans leurs mains, en quelques années, grâce à la collection des volumes du Semanario, une modeste bibliothèque où elles pourraient acquérir à peu de frais la somme des savoirs les plus nécessaires à leur état divers et à leur situation dans la société3.
Le Semanario para Señoritas Mejicanas n’était pas, au départ, destiné à être un « objet de spéculation lucrative » ; il s’est cependant vite transformé en un véritable bestseller, ce qui n’était pas une tâche facile à l’époque, avec trois volumes au total et des bénéfices assez conséquents pour l’imprimeur. Les deux premiers volumes dépassaient chacun les 400 pages ; le troisième en avait 350. Le premier volume comptait plus de 850 abonnés, ce qui témoigne de sa bonne réception parmi le public mexicain. Les pages présentaient une composition typographique assez simple : à deux colonnes, enrichies par les diverses lithographies qui accompagnaient les textes et sur papier ordinaire. Dans certains numéros, on observe que les typographes ont même jugé nécessaire de compacter les lignes afin de pouvoir loger tout le texte sur la page, ce qui montre l’intérêt de couvrir le contenu plutôt que l’esthétique des pages. L’idée était de reproduire d’une certaine manière une publication étrangère pour les femmes et, en même temps, de produire une édition spécifiquement conçue pour un public féminin mexicain.
Pour la composition des numéros hebdomadaires, les éditeurs ont dû faire appel à différentes stratégies, en commençant bien sûr par la récupération de matériel intéressant susceptible de répondre aux objectifs qu’ils s’étaient fixés dans l’introduction. On peut supposer que les éditeurs, un groupe d’hommes lettrés, étaient familiarisés avec diverses publications européennes qu’ils ont mises à profit pour leur nouveau projet d’édition. Des textes ont été tirés de ces dernières pour alimenter les pages du Semanario.
Ils ont donc dû combiner des transcriptions de textes glanées dans des revues espagnoles, des traductions, principalement de l’anglais et du français, et recueillir de façon plus ou moins systématique les contributions des éditeurs ou des écrivains qui cherchaient un moyen de faire connaître leur production littéraire.
Le Semanario visait à jouer un rôle actif dans la civilisation de la nation mexicaine à vingt ans de son Indépendance et, pour ce faire, l’équipe de rédaction s’est naturellement tournée vers l’Europe et ses publications. Le point de départ est sans aucun doute leur compréhension du fait que « l’un des plus sûrs moyens de conquérir le bonheur social et de valoriser […] l’existence morale des femmes et de développer leur talent et leur raison4 », c’est-à-dire de faire en sorte qu’elles ne soient plus considérées comme des ignorantes et qu’elles soient elles aussi un facteur de progrès pour la société.
Le magazine visait à « susciter l’amour de la lecture, le goût de l’éducation, le désir de la connaissance et l’illumination de nos aimables compatriotes, un cadeau pour lequel nous ne négligerons aucune tâche ni aucun sacrifice ». Pour ce faire, les éditeurs livraient chaque semaine trois feuilles de papier remplies de matériels instructifs et divertissants, capables de procurer aux demoiselles des informations destinées à augmenter leur bagage culturel et, en même temps, à les amuser. Le fascicule comprenait également deux lithographies, le tout pour le prix très modique d’une peseta, en parfaite syntonie avec son but principal d’attirer le public.
Tout lancement d’un nouveau projet implique, à l’époque comme aujourd’hui, pour les éditeurs d’avoir à leur disposition une collection de matériels pouvant être intégrés facilement dans la publication. Parmi les références étrangères, on peut citer, entre autres, Madame Aragon et son Journal des femmes, dont l’idéologie renforçait l’idée de la nécessité d’éduquer les femmes, tout au moins les femmes appartenant à une certaine classe sociale, celles qui savaient lire et avaient les moyens d’acheter. Ainsi, l’imprimeur-éditeur du Semanario cherchait à « encourager le goût de la lecture, le goût de l’instruction, le désir du savoir et des lumières de nos aimables compatriotes…5 ».
La poésie, la morale, les sciences, les arts, la musique, l’histoire et l’histoire sacrée sont ainsi devenus le socle des connaissances propres au sexe féminin. Lorsque les éditeurs affirment qu’ils souhaitent « leur faire concevoir des idées tellement extravagantes qu’elles se croiront très vite prêtes à se présenter aux postes vacants de nos chaires, aptes à occuper un siège au parlement et à débattre avec le plus érudit de nos avocats ou de nos littérateurs6 », le sens de cette phrase présente deux possibilités interprétatives : soit elles seront capables, en positif, de se mesurer aux hommes et d’en être applaudies, soit, d’une façon certes plus négative, la crainte existe qu’elles deviennent si compétentes qu’elles pourraient concurrencer et supplanter les hommes.
Il ne faut pas perdre de vue que l’objectif de ce projet éditorial était à la fois de pérenniser le rôle des femmes au foyer en tant qu’épouses et mères et en même temps de tirer profit des changements dans l’air du temps et de faire progresser leur éducation. Les contenus n’étaient en règle générale ni naïfs ni simplistes. Les lectrices de cet hebdomadaire devaient idéalement posséder un certain niveau d’éducation, puisque, dans certains cas, les textes faisaient référence à des auteurs, des personnages ou des œuvres qu’elles étaient censées connaître7. En d’autres occasions, ce sont les traducteurs qui les ont soutenues, en replaçant la lecture ou le personnage dans son contexte, en parlant déjà de l’intrigue de l’œuvre, comme ce fut le cas pour les portraits de femmes qui ont été inclus.
Les emprunts de matériels de provenance étrangère ont permis d’enrichir et d’offrir au contenu la variété considérée nécessaire. Ainsi, l’éditeur et son équipe de rédaction ont puisé dans des sources variées, parfois dans la presse, parfois des livres. À cette époque, en Angleterre, en France et en Espagne, on trouvait de nombreux magazines et beaucoup d’ouvrages à caractère édifiant pour les femmes, ce qui a permis d’élargir les choix possibles de thèmes, d’auteurs, de réflexions, etc. À cela s’ajoute le fait que les emprunts ne concernaient pas seulement les textes proposés, mais également les lithographies, qui ont joué un rôle essentiel dans les fascicules et ont rendu possible le positionnement du magazine « en accord avec les progrès du siècle, de la même façon que l’insertion d’estampes a caractérisé beaucoup de publications européennes », d’où les références ont été prises, pour leur reproduction dans les ateliers mexicains8. Les imprimés les plus cotisés, les plus modernes, incluaient des gravures et des lithographies. Les imprimeurs-éditeurs mexicains ont pris soin de se les procurer et les ateliers lithographiques se sont chargés de les reproduire dans leur version mexicaine. En ce qui concerne le Semanario de las Señoritas Mejicanas, les tirages ont été réalisés par l’atelier de lithographie d’Hipolito Salazar, situé au numéro 4 de la Rue de La Palma9.
La circulation des publications étrangères au Mexique était une réalité indéniable. Les annonces dans la presse, les librairies appartenant à des étrangers, les citations constantes d’œuvres et d’auteurs étrangers dans les imprimés, les nombreux voyageurs, ainsi qu’une législation exempte de droits d’importation sur les publications, ont sans aucun doute favorisé l’entrée et la circulation d’ouvrages provenant d’Europe au Mexique. Les imprimeurs-éditeurs eux-mêmes en parlent pour leurs nouveaux projets :
El Penny Magazine de Londres y el Magasin Pittoresque de París y otros muchos periódicos de este género que se publican en Europa y los Estados Unidos de América han llamado más particularmente la atención del público, tanto por la sencillez, claridad y concisión con que los artículos están redactados, como por lo bajo del precio y los grabados que los adornan. Imitando en cuanto nos sea dable y aun ampliando el plan que siguen los mencionados periódicos será nuestra principal mira popularizar la instrucción y, al mismo tiempo, proporcionar a los lectores algunos ratos de inocente recreo10.
Pour illustrer ces emprunts, analysons le premier volume du Semanario de las Señoritas Mejicanas, dans lequel nous trouvons un total de 35 articles traduits ou transcrits de la presse européenne. Parmi ces publications empruntées, 10 indiquent explicitement qu’elles ont été traduites, 20 ont été transcrites à partir d’imprimés espagnols et 5 autres peuvent être considérées comme des traductions parce qu’elles fournissent quelques indices, comme lorsqu’elles mentionnent que le texte est « traduit des vers de la femme de Lord Byron à sa fille et à son amie » ou lorsqu’elles désignent les auteurs Madame Bawr et Emilio de Girardin ; ou lorsqu’elles font simplement référence à « des femmes ». On trouve également « des fragments tirés des œuvres de Labruyère pour le Semanario » signés par L. J. A. (Lino José Alcorta) ou traduits de l’italien.
Quelles étaient les sources étrangères dans lesquelles les imprimeurs-éditeurs mexicains puisaient leur inspiration? Comme le montre le tableau suivant (tableau 1), on trouvait des sources dans des publications telles que l’Observatorio Pintoresco11, la Shakespeare Gallery12, le Journal des femmes13, la Galería de las mujeres de Walter Scott14, le Semanario Pintoresco Español15, le livre Arte de conservar la hermosura16, la Galería inglesa, la revue El Español17, L’Ermite de la Chaussée d’Antin18, le Museo de las familias19, le journal El Tiempo et le Génie du Christianisme de Chateaubriand.
Titre de la publication |
Numéro de l’article |
Année de publication |
Langue originale |
Auteur |
Observatorio Pintoresco |
1 |
1837 |
Espagnol |
|
Galería de mujeres de Shakespeare [Charles Heath, The Shakespeare Gallery, London, Charles Tilt, 1837] |
3 |
[1840] |
Anglais |
Charles Heath |
Diario de las mujeres de París |
2 |
Madame Aragon |
||
Galería de las mujeres de Walter Scott, [Paris Marchand, Ambroise Dupont, Rittner et Goupil, 1839] |
2 |
Paris, 1840 |
Français |
Alexander Dumas et Frédéric Soulié |
Semanario Pintoresco Español |
11 |
1837 |
Espagnol |
|
Arte de conservar la hermosura [Madrid, Imprenta de Boix, 1837] |
1 |
1837 |
Espagnol |
N*** |
Galería inglesa |
2 |
|||
Imitación del Estudiante |
2 |
|||
El Español de Madrid |
1 |
Madrid, juillet 1836 |
Espagnol |
|
Museo de las familias o Revista universal de Barcelona |
2 |
Barcelone, janvier 1840 |
Espagnol |
|
El Tiempo |
1 |
Espagnol |
||
Sans mentionner la provenance |
7 |
Anglais, français, italien, allemand |
Étienne de Jouy, Friedrich Gottlieb Klopstock |
Tableau 1. Emprunts à des publications d’origine européenne
Il ressort clairement de ce tableau que la traduction était pratiquée, mais pas forcément privilégiée. L’accès relativement simple aux publications espagnoles favorisait d’une certaine façon les emprunts et la transcription dans les pages du Semanario. La traduction supposait bien sûr un effort plus important et, par conséquent, la présence de publications originales en espagnol est prédominante. La traduction a toutefois permis de jeter un regard neuf sur la littérature étrangère. Il faut cependant observer que ceux qui ont traduit les publications n’ont pas, dans la plupart des cas, signé leur travail. Nous savons que Vicente García Torres lui-même ainsi que Lino José Alcorta ont effectué des traductions. Il faut aussi noter que la date de publication en Europe de certains articles indique qu’il s’agissait de travaux récents, ce qui témoigne sans aucun doute de l’intérêt de l’imprimeur-éditeur pour l’innovation.
La sélection des textes étrangers correspond aux lectures que les éditeurs avaient eux-mêmes faites. Ils prenaient dans les différents magazines étrangers les articles qu’ils jugeaient utiles pour les jeunes femmes. Des matières comme les beaux-arts, les sciences, la religion, la morale, l’économie domestique, l’histoire et la littérature (poésie, romans), entre autres contenus, déterminent le fond culturel auquel elles devraient avoir accès et, sur cette base, les éditeurs se sont fixé comme mission de trouver des matériaux mexicains et étrangers qui les aident à atteindre cet objectif.
Les illustrations qui accompagnent certains textes mettent en lumière l’autre facette des emprunts à des publications européennes. Les portraits reflètent les qualités et les vices, les extases et les douceurs qui pouvaient caractériser les femmes, avec leur « amour enthousiaste », leur « fin tragique », avec leur « fidélité », leur « tendresse maternelle », leur « héroïsme », leur « douceur », leur « résignation », voire leur « égoïsme ». Quoi de mieux que d’emprunter à deux grands écrivains anglais, William Shakespeare et Walter Scott, la caractérisation de femmes telles que Juliette, Laura et Antonia, Miranda, Celia et Rosalinda, qui correspondent aux protagonistes de Roméo et Juliette, As You Like It et La Tempête de Shakespeare, tandis que Rebecca et Flora Mac Ivor de Scott sont tirées de ses pièces Ivanhoe et Waverly, respectivement.
On trouve également dans les pages du magazine d’autres illustrations consacrées à l’art, notamment des reproductions de tableaux d’artistes notables tels que « L’adoration des rois » de Diego Velázquez ou « Portrait d’une dame anglaise » d’Angelo Bronzino ; d’autres montrent, par exemple, les protagonistes du roman de Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, ou s’intéressent aux costumes du carnaval. Les emprunts iconographiques à des estampes européennes sont 42 au total, ce qui démontre bien l’intérêt pour la production lithographique dans les ateliers du Mexique. La plupart des plaques du Semanario ont été réalisées à l’atelier appelé La Litografía de La Palma No 4, mentionné un peu plus haut, dont nous savons qu’elle appartenait à Hipólito Salazar.
La principale caractéristique du magazine hebdomadaire Semanario de las Señoritas Mejicanas est sans aucun doute son originalité, comme le révèle le matériel qu’il met à la disposition de ses lecteurs. D’une part, les textes écrits par les Mexicains étaient inédits ; d’autre part, les textes traduits ou transcrits étaient présentés aux yeux des femmes mexicaines comme des nouveautés. Les matériels sélectionnés ont cherché à attirer l’attention des lectrices et ont visé à leur offrir une nouvelle orientation dans leur éducation, avec de nouvelles connaissances pour leur instruction et, en même temps, un respect de leurs valeurs traditionnelles.
Il convient de rappeler que les premiers calendriers (Calendario de las Señoritas Megicanas, 1837-1843) de Galván peuvent être considérés comme un précurseur de l’imprimé destiné aux jeunes femmes mexicaines. Cependant, leur contenu assez exigu était davantage destiné au divertissement qu’à l’instruction. Comprenant des poèmes, des biographies, des romans, des informations utiles et curieuses et une importante section consacrée à la mode, ces calendriers ont montré un nouveau sentier à exploiter pour l’industrie éditoriale, bien qu’ils n’aient pas beaucoup contribué à l’instruction des femmes.
Les éditeurs du Semanario de las Señoritas Mejicanas possédaient un large bagage culturel qui leur permettait de puiser dans les publications étrangères au profit du projet éditorial de Vicente García Torres. Ils ont avant tout cherché à proposer des articles qui contribueraient à l’intelligence et à l’instruction des lectrices. Les publications qui peuplent les pages du Semanario s’attachent à introduire une vision différente des femmes, les considérant non seulement comme belles et vertueuses, mais aussi comme des compagnes intelligentes des hommes, qu’elles accusent de ne pas leur avoir donné leur place en mettant trop en évidence leur beauté au détriment de leurs autres qualités.
Notes
1 « Pour les femmes peu studieuses, à qui le manque de grâce naturelle et l’éducation ont fait acquérir des idées faussées des choses, un livre est l’objet qui leur provoque le plus d’ennui, et la lecture un passe-temps désagréable, fatigant et insupportable. Les malheureuses bâillent en écoutant quelqu’un qui lit, et sont attristées à la vue d’un livre imprimé ou d’une bibliothèque ». Semanario de las Señoritas Mejicanas, t. i. Méjico : Imprenta de Vicente G. Torres, 1841, p. 302. La traduction de l’article, fait par Laurette Godinas.
2 En espagnol dans l’original : « la mesa de un padre de familia o en la selecta librería de algún literato ». Semanario de las Señoritas Mejicanas, t. i. Méjico : Imprenta de Vicente G. Torres, 1841, p. 468.
3 En espagnol dans l’original : « poner al alcance de las señoritas mexicanas los conocimientos útiles y amenos de las ciencias, las letras y las artes, a fin de procurarles dentro de algunos años en los tomos del Semanario, una modesta biblioteca donde puedan adquirir a poca costa la suma de conocimientos más necesarios a su diverso estado y situación en la sociedad ». Semanario de las Señoritas Mejicanas, t. i. Méjico : Imprenta de Vicente G. Torres, 1841, p. 470.
4 En espagnol dans l’original : « uno de los medios más seguros para adquirir la felicidad social es engrandecer […] la existencia moral de la mujer y desarrollar su talento y su razón ». Semanario de las Señoritas Mejicanas, t. i. Méjico : Imprenta de Vicente G. Torres, 1841, p. 108.
5 En espagnol dans l’original : « fomentar la afición a la lectura, el gusto a la instrucción, el deseo del saber y la ilustración de nuestras amables compatriotas ». “Introducción”, Semanario de las Señoritas Mejicanas, t. i. Méjico: Imprenta de Vicente G. Torres, 1841, p. IV.
6 En espagnol dans l’original : « hacerlas concebir ideas tan exageradas, que muy pronto se creerán expeditas para presentar oposición en las vacantes de nuestras cátedras; aptas para ocupar un asiento en nuestros congresos, y tenérselas con el más erudito de nuestros abogados o nuestros literatos ». Semanario de las Señoritas Mejicanas, t. i. Méjico : Imprenta de Vicente G. Torres, 1841, p. 14.
7 Une citation au hasard : « Des groupes dignes de Virgile lorsqu’il dressa le portrait de son Andromaque dans son exile de Thrace, des fonds clairs tels que ceux que propose Raphaël, dans ces horizons d’Idumée, la réminiscence classique dans tout ce qu’elle a d’immortel » (en espagnol dans le texte : « Grupos dignos de Virgilio al pintar su Andrómaca en el destierro de Thracia [sic], fondos claros como los de Rafael, en esos horizontes de Idumea, la reminiscencia clásica en lo que tiene de inmortal »). Semanario de las Señoritas Mejicanas, t. i. Méjico : Imprenta de Vicente G. Torres, 1841, p. 139.
8 En espagnol dans l’original : « en la línea de los progresos del siglo, pues la inserción de estampas caracterizaba a muchas de las publicaciones europeas ». Mijares Cervantes, M. T. (2015). La construcción del imaginario femenino en el acto de enunciación del Semanario de las Señoritas Mejicanas. México: Bonilla Artigas Editores/Instituto Tecnológico de Estudios Superiores de Monterrey/Conacyt, p. 185.
9 Aguilar Ochoa, A. (2007). « Los inicios de la litografía en México: el período oscuro (1827-1837) ». Anales del Instituto de Investigaciones Estéticas, 29 (90), 65-100.
10 Je traduis : « Le Penny Magazine de Londres et le Magasin Pittoresque de Paris, et beaucoup d’autres périodiques de ce genre publiés en Europe et aux États-Unis d’Amérique, ont plus particulièrement attiré l’attention du public, tant par la simplicité, la clarté et la concision avec lesquelles les articles sont écrits, que par leur bas prix et les gravures qui les ornent. En imitant autant que possible, et même en étendant le plan suivi par les périodiques susmentionnés, notre but principal sera de vulgariser l’instruction et, en même temps, d’offrir aux lecteurs quelques moments de récréation innocente », dans « Almacén Universal. Artículos de Historia, Geografía, Viajes, Literatura y Variedades. Prospecto », La Hesperia, 29 de marzo de 1840, p. 4.
11 Publication d’origine madrilène, fondée par Ángel Gálvez et Basilio Sebastián Castellanos. Contient aussi bien des articles sur les beaux-arts que sur l’histoire, avec entre autres des biographies, les sciences naturelles, la critique littéraire ou la critique d’art, des informations liées à l’actualité et de belles lithographies. Plusieurs générations se réunissent autour de cette publication qui présente une tendance franche au romanticisme modéré. Vid. Alonso Seoane, M. J. Descripción de la publicación Observatorio Pintoresco (1837), disponible sur https://www.cervantesvirtual.com/portales/literatura_y_periodismo_del_romanticismo/revista_observatorio_pintoresco/ (dernière visite le 10 mai 2022).
12 Heath, Ch. (ca. 1837). The Shakespeare Gallery. London : Charles Tilt.
13 Journal des femmes 1832-1837. Je ne suis pas sûre que ce journal a été la source des articles sur Madame Aragon ; les exemplaires de la Bibliothèque Nationale de France ne sont malheureusement pas encore sur Gallica.
14 « Flora Mac Ivor » et « Rebecca » in Galerie des femmes. Quarante-deux portraits accompagnés chacun d’un portrait littéraire. Paris : Marchant, A. Dupont, Rittner et Croupil, 1839. Dans le Semanario, les éditeurs consignent l’année de l’édition de Paris, 1840, p. 6-9 et 14-16. Le texte du portrait de Flora Mac Ivor est d’Alexandre Dumas ; celui de Rebecca de Frédéric Soulié.
15 Madrid : Imprenta de don Tomás Jordán, 1836-1857. Il s’agit d’un magazine plutôt romantique, d’origine madrilène, qui est resté longtemps dans les goûts du public ; il était lié à l’auteur Ramón de Mesonero y Romanos et présentait une large gamme de sujets et beaucoup d’illustrations. Outre Mesonero, on y trouve comme collaborateur les auteurs espagnols Salvador Bermúdez de Castro et Enrique Gil y Carrasco entre autres. Le magazine brille par la qualité littéraire de ses contributions. Vid. https://www.cervantesvirtual.com/portales/literatura_y_periodismo_del_romanticismo/obra/semanario-pintoresco-espanol/ (dernière visite le 10 mai 2022).
16 N***. (1837). Abdeker o las intrigas del Serrallo y Arte de conservar la hermosura. Madrid : Imprenta de Boix.
17 Revue publiée à Madrid entre 1835 et 1848 et fondée par Andrés Borrego. De tendance libérale modérée, elle a comme caractéristique principale qu’elle a insufflé « un air frais au journalisme grâce à ses innovations matérielles, techniques et intellectuelles, avec un type de journalisme inspiré par le journal londonien The Times et en même temps un intérêt réel pour les problèmes sociaux ». Parmi ses collaborateurs on retrouve José Zorrilla, Mariano José de Larra, Francisco Navarro Villoslada, José de Espronceda, Donoso Cortés. Vid. http://hemerotecadigital.bne.es/details.vm?q=id:0003463458&lang=es (dernière visite le 11 mai 2022).
18 Étienne de Jouy, librettiste français et auteur du livret de Guillaume Tell de Giacomo Rossini et de La Vestal de Gaspar Spontini, est connu aussi en tant qu’auteur des petits tableaux de mœurs réunis dans le volume L’Ermite de Chaussée d’Antin.
19 Magazine illustré de Barcelone, fondé et dirigé par Antoni Bergnes, qui l’imprimait chez lui. Il est inspiré des revues anglaises et françaises de l’époque ; son titre est la traduction littérale de Le Musée des Familles, duquel il traduit beaucoup d’articles. Avec un objectif de vulgarisation, ses contenus sont liés aux sciences physique et naturelle, la médecine, l’économie, la politique, le commerce et l’agriculture, la philosophie morale, la religion, l’éducation parmi d’autres. Vid. http://hemerotecadigital.bne.es/details.vm?q=id:0004179699&lang=es (dernière visite le 14 de mai 2022).