Presses anciennes et modernes à l'ère du numérique

Félix Fénéon: Nouvelles en trois lignes ou canulars médiatiques ? Une rubrique du journal Le Matin (1906) au crible de la presse numérisée (ou non)

Table des matières

JEAN-LUC BUARD

Les journaux numérisés sont des outils particulièrement utiles pour traquer des énoncés canularesques et leur propagation. Encore faut-il pouvoir identifier correctement ceux-ci comme mystificateurs ?

Ce problème était évoqué dans une précédente recherche, publiée sous le titre Culture médiatique et presse numérisée, qui se basait sur un exemple de prolifération trouvé dans les feuilletons-nouvelles des années 1840 (et le cas particulier du conteur-journaliste Marie Aycard) : on y constatait qu’un texte fictionnel peut, à l’occasion, par exemple lors d’une reproduction distante (journal francophone éloigné, traduction en langue étrangère), être présenté ou lu comme un fait divers et inversement1. Dans une étude sur les serpents de mer des journaux et notamment le running gag du « serpent de mer du Constitutionnel », parue en 2021, cette question du canular médiatique et de la mystification journalistique est étudiée à partir d’un exemple célèbre, qui semble désormais avoir trouvé une solution satisfaisante (c’est-à-dire qu’il a été possible de localiser et de désigner la source dudit canular, dans quel numéro, à quelle date apparaissent des serpents de mer dans le Constitutionnel), sans pour autant épuiser ce sujet interminable2.

Les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon (1861-1944), parues dans Le Matin en 1906, sont un exemple différent d’énoncé médiatique proliférant. Dans une préface pour une édition intégrale des Contes du Matin 1910-1914 d’Henri Barbusse3, parue en 2021, Jean-Paul Morel formule l’hypothèse que les faits divers et, notamment ces Nouvelles en trois lignes du Matin, ont pu alimenter l’inspiration parfois défaillante des conteurs de presse, du Matin ou d’autres journaux, y occupant la rubrique des contes quotidiens4.

Cette remarque incidente incite à aller voir de plus près ces fameuses Nouvelles en trois lignes tant reproduites depuis une trentaine d’années et à se poser la question : est-ce qu’un chercheur s’est occupé de leurs sources, et d’autre part est-ce que leurs énoncés sont localisables dans Le Matin ? Est-ce que ce type d’approche a déjà fait l’objet d’une enquête ?

En fait, de manière surprenante, personne ou presque n’a mené de recherche là-dessus. C’est du moins ce qui semble transparaître dans un premier temps. Toutefois, après vérification, on découvre que quelqu’un (Jean-Pierre Arthur Bernard, universitaire grenoblois et romancier) a publié en 2018 chez Cent Pages, une édition partiellement datée des Nouvelles en trois lignes5, chose remarquable passée un peu inaperçue, pour une raison assez prosaïque, semble-t-il : il s’agit d’une deuxième édition (revue et augmentée) d’un livre paru en 2009 (sans aucune datation des Nouvelles) à qui fut en son temps accordé une attention critique correcte, ce qui ne fut plus guère le cas en 2018, alors que cette nouvelle édition apportait des éléments nouveaux, voire inédits, comme on le verra.

Mais reprenons depuis le début.

Une célébrité immense

Qui n’a lu ou du moins qui ne connaît les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon ? Critique d’art, gérant de revue, rédacteur en chef, anarchiste, marchand d’art, journaliste, traducteur, éditeur, collectionneur d’art moderne et d’art premier, c’est un personnage clé de son temps.

La célébrité de ses Nouvelles en trois lignes est grande aujourd’hui. Elles sont le principal titre de gloire accordé par la postérité à un auteur qui ne voulait sinon rien écrire, du moins rien signer et entendait surtout vouer cette production journalistique alimentaire à l’oubli.

En effet, après la cessation de parution en 1903 de La Revue blanche dont il était rédacteur en chef, on assure que Fénéon fut employé par le Figaro6, d’où, en 1906, par relation, il passe au Matin, où il choisit de se charger d’une rubrique anonyme et anecdotique de la page 3 de « Dernière heure » : les « Nouvelles en trois lignes », qui existent depuis 19037 dans Le Matin, enregistrent en cet espace réduit un certain nombre de faits divers pour lesquels il n’est pas jugé utile d’offrir plus ample développement, mais que le journal imprime par souci d’exhaustivité.

Du moins le suppose-t-on, car l’infinie diversité des faits, divers ou non, locaux, régionaux, étrangers, dépasse la capacité qu’a le journal à les absorber tous, dans le nombre de pages limité qui est le sien, ordinairement six pages.

Les « Nouvelles en trois lignes » sont ce qu’on a appelé par la suite, avec condescendance dans la presse, une rubrique de « chiens écrasés ». En 1906, il n’est presque jamais question de canins, écrasés ou non (quelques « chiens enragés » ici et là), dans ce type de brèves où les accidents impliquent davantage des équidés. Ce serait plutôt une rubrique de « chevaux emballés ». En revanche, on y trouve en abondance des gens : écrasés, asphyxiés, brûlés, tamponnés, assassinés, étranglés, noyés, assommés, ébouillantés, satyrisés, syncopés, intoxiqués et accidentés de toutes les manières possibles.

Certaines régions sont mieux représentées que d’autres dans l’ensemble de ces faits innombrables. En dehors de Paris, les grandes villes ont elles aussi leur lot d’accidents quotidiens, mais Le Matin, journal parisien, ne s’en fait guère l’écho. Cette rubrique résulte donc d’un choix éditorial draconien, voire stratégique. Lesquels privilégier tous les jours ? Nous ne ferons pas ici une analyse typologique des faits retenus, ce qui nous entraînerait trop loin.

C’est cette rubrique un peu dérisoire, ou du moins fastidieuse à remplir, que Fénéon choisit d’investir au printemps 1906, de manière consciencieuse, avant de jeter l’éponge à la fin de l’année. Au cours de près de neuf mois, il parvient à lui insuffler une inspiration neuve, unique, surprenante, féroce, profitant de cet espace contraint pour faire éclater les cadres, y injectant un esprit subversif inimitable.

Car il faut bien reconnaître que durant ses deux premières années d’existence, cette rubrique est bien terne, sa rédaction banale, et son contenu sans grand intérêt ni créativité aucune. De cela, Fénéon va faire un chef-d’œuvre d’invention, de cynisme et de drôlerie, qui sera immédiatement perçu comme tel par les contemporains et dont l’écho retentira encore faiblement dans les années 20 et 30 dans la mémoire de la presse.

Cet écho sera amplifié par leur publication posthume en 1948 par Jean Paulhan dans un volume des Œuvres de Félix Fénéon chez Gallimard, réédité en 19918 : la réputation des Nouvelles en trois lignes s’installe et grandit à travers les comptes-rendus du livre dans la presse et les revues.

Les premiers chroniqueurs qui, amusés, découvrent ces Nouvelles en trois lignes dans les années 40-60, ne peuvent s’empêcher d’en citer des échantillons, et cette tendance ne cessera plus. Quasiment tous les comptes-rendus des futures éditions seront illustrés d’extraits, d’ailleurs assez souvent les mêmes, participant ainsi de leur diffusion. La présente étude n’échappera pas à cette règle.

Cependant, durant 40 ans, jusqu’en 1990, cette réputation demeure quelque peu confidentielle, soutenue toutefois par la parution des Œuvres plus que complètes de Joan Halperin chez Droz en 19709. Une édition de plus large diffusion, rééditée trois fois, paraîtra en 1990 chez Macula, par Patrick et Roman Lasowski, qui, pour la première fois, numérote les Nouvelles en trois lignes de 1 à 121010. On verra ensuite des éditions populaires au « Petit Mercure » en 1997-9811, puis au Livre de poche12, des sélections illustrées, des rééditions. À partir de 2009, leur nombre explosera. On compte aujourd’hui vingt éditions (ou sélections) de langue française — douze comprenant plus ou moins les 1210 nouvelles et huit sélections ou extraits, dont plusieurs illustrées (la première illustrée est celle des Éditions André Sauret en 1975, par Roland Topor), sans compter une foule de reproductions et citations dans des articles, livres, anthologies, manuels d’écriture, romans, etc. —, et des traductions dans au moins neuf langues (allemand, anglais, italien, néerlandais, espagnol, catalan, portugais [deux fois traduit, au Portugal et au Brésil], suédois, danois), réparties en une quinzaine de volumes à l’étranger. La plupart se basent sur l’édition Macula, plus ou moins traduite en intégralité. Se distingue du lot l’édition espagnole (2011), qui se base sur la sélection Paulhan13.

Parallèlement, dans les années 2000, les Nouvelles en trois lignes de Fénéon se répandent sur la toile, et leur reproduction se fait littéralement virale : étant très courtes, elles sont très faciles à reproduire partout et à tout instant, et cette tendance s’accentuera lorsque le réseau social Twitter sera créé. Les brèves de Fénéon vont y fleurir derechef, dans la mesure où l’on s’aperçoit que cet auteur est, peut-être, un précurseur de cette forme courte. En effet, les Nouvelles en trois lignes comprennent moins de 140 signes14.

De ce fait, les Nouvelles en trois lignes offrent un sujet idéal pour qui voudrait analyser la viralité d’un certain type d’énoncé court, basé sur une blague apparente, un jeu de mots, ou des thématiques relevant de l’humour noir ou du gag, voire de la critique sociale. Elles sont d’autant plus légitimes dans cette perspective qu’elles furent écrites il y a plus d’un siècle, en 1906, pour la page de « Dernière heure » du Matin, où elles constituent un vaste corpus de faits divers résumés en trois lignes, bénéficiant depuis lors d’une antériorité et d’une autorité éditoriale relative (appuyée sur celle de Paulhan). Or, le journal Le Matin est numérisé à la fois sur Gallica et sur Retronews et il est donc tentant d’aller voir dans l’année 1906 comment sont présentées, à l’origine, ces brèves, dont on ne nous donne à peu près jamais les dates de première parution, en dehors de la tentative de 2018.

Qui dit canular dit texte viral. C’est un des fondements du genre : le canular est un énoncé fait pour être diffusé. De fait, dans le système médiatique de leur temps, les Nouvelles en trois lignes sont des brèves faites pour être reproduites par d’autres journaux, ce qui est le cas en effet, notamment dans un journal d’Angers, Le Petit Courrier, ou le Journal de l’automobile, qui en reproduisent un grand nombre, chaque jour. Mais c’est aussi le cas d’autres journaux, certains avec un recul marqué et une distance notable, comme L’Univers, qui intitule sa rubrique de reproduction de ces brèves « Les perles du Matin », manière de dire qu’il n’est pas dupe de leur valeur. Ce n’est pas le seul organe à adopter cette attitude (La Liberté, Le Mot d’ordre, La Justice, etc., aiment à en citer de temps en temps).

Il y a donc, dès l’origine, deux types de reproduction : une qui relève de la simple transmission d’une information supposée vraie et vérifiable, l’autre qui introduit une distance ironique, mettant en doute la validité des énoncés.

Datations et variantes

Et pourtant, actuellement, cette renommée internationale et cette réputation de maîtrise stylistique ne reposent pas sur un corpus bien défini, établi, colligé. En particulier, leur historicité n’est jamais questionnée, autrement dit quelle est l’histoire qui se trouve derrière chaque Nouvelle en trois lignes ?

Tout d’abord, ces brèves sont parues du 28 avril au 12 décembre 1906, du moins pour la partie réunie par Paulhan en 1948. Cette datation n’avait jamais encore été indiquée avant qu’un chercheur opiniâtre, Arthur Bernard, ne s’en avise et fasse le nécessaire, cela en 2018, pour cette nouvelle édition de ces Nouvelles en trois lignes, que l’on a citée, celle de Cent Pages, à recommander pour cette raison de préférence aux autres, mais qui se base elle aussi sur le classement Macula.

Faire le nécessaire, c’est aller voir dans Gallica, mais aussi éventuellement ailleurs. Naïvement, on peut penser que tout cela serait facile, quoique fastidieux : retrouver la première parution de 1210 énoncés dans une rubrique de page 3 tous les jours demande un peu de patience et d’organisation. On crée un tableau, on entre les données de date, de pagination (pour l’édition Paulhan), les variantes, on reclasse par ordre chronologique, et le tour est joué.

Rapidement, on s’aperçoit que non seulement c’est fastidieux, mais problématique, car si les textes sont republiés dans un grand désordre, par Paulhan et par Joan Halperin, il y en a un certain nombre qu’on n’arrive pas à trouver dans le Matin, via Retronews ou Gallica, environ 200. Arthur Bernard a eu l’idée d’aller voir le microfilm du Matin et s’est aperçu que, certains jours, la rubrique des « Nouvelles en trois lignes » et même la page 3 de « Dernière heure » sont différentes de celle accessible sur Gallica. La collection du Matin qui a été numérisée par Gallica n’est en effet pas la même que celle qui fut jadis microfilmée. La BNF possède donc deux collections aux exemplaires différents. Pas tous les jours : à certaines dates, les pages 3 sont identiques, mais les différences ne sont pas annoncées par le journal, par exemple sous la forme d’une mention de deuxième édition ou de destination, tous les exemplaires portant : « Paris et départements » et, sous le titre, « Derniers télégrammes de la nuit ». Les indications « Édition de Paris » ou « Quatrième édition », apparaissent à partir de 1915 et la mention d’une édition de 5 heures (avec le fameux double macaron noir « 5 H » encadrant le titre) figure en tête pour la première fois le 5 décembre 1920, au-dessus d’un petit baromètre, apparu, lui, à gauche, le 10 septembre 1919.

Consultant le microfilm, Arthur Bernard a pu ainsi localiser d’autres brèves. Mais cela ne suffit pas. Il reste encore plus d’une centaine de textes non localisés dans ces deux collections. Pour progresser, il faut recourir à d’autres sources et méthodes que nous exposerons ci-après.

Néanmoins, à force de tâtonnements et de rapprochements, on parvient à situer au moins approximativement l’ensemble des nouvelles de 1948, et en ajoutant les reproductions rencontrées dans les articles, livres ou blogues, on obtient des statistiques de fréquences de reproductions.

On a dit que Halperin, dans ses réagencements, avait escamoté dix Nouvelles en trois lignes, ce qui a réduit leur diffusion sans l’empêcher, car des anthologistes ont pu se baser sur l’édition Paulhan qui les contient. On en verra quelques exemples ci-après.

La rubrique des « Nouvelles en trois lignes »

Une précision avant de poursuivre, contrairement à ce qui est dit ici ou là, et on l’a déjà noté plus haut, Fénéon n’est pas le créateur de la rubrique, qui existe depuis deux ans dans Le Matin avant son arrivée : pourquoi reprend-il cette rubrique dont la finalité semble absurde ou futile, résumer des faits divers de manière aussi elliptique ? C’est sans doute le défi qui le séduit, qui promet un terrain d’expérience rédactionnel intéressant. Il semble avoir évalué le potentiel burlesque, voire explosif de cette forme brève et de cette rubrique, qu’il a choisies de préférence à toute autres, sans doute par son insignifiance même et parce qu’il avait déjà pratiqué ce type d’exercice dans les journaux anarchistes des années 1890. C’est pour lui une façon de retour à un exercice familier et apprécié.

Deuxième précision : on n’en a peut-être pas une idée très claire aujourd’hui, mais les journaux de cette époque sont remplis de faits divers cocasses ou dramatiques. Il y en a des pages entières tous les jours, plus ou moins développés, venant de partout, de la région parisienne, des départements, de l’étranger. Les lecteurs en sont inondés. Une partie d’entre eux sont anecdotiques, ou purement locaux, mais les journaux nationaux leur donnent aussi une plus large audience. Peut-être le Matin a-t-il voulu réguler cette inflation des faits divers en créant, en 1903, cette rubrique des Nouvelles en trois lignes. Mais il y a aussi sans doute d’autres raisons.

Troisième précision : le Matin est en quelque sorte l’inventeur d’une formule, le fait divers résumé en une phrase brève de trois lignes. Le genre de la brève n’est pas neuf en soi, mais il est porté à un degré systématique par le journal, pour des raisons diverses : on a dit que c’était du journalisme américain, alliant rapidité et efficacité. C’est d’abord une rubrique bouche-trou, dont la taille est modulable et malléable selon les jours, de zéro à trente nouvelles. C’est une rubrique aussi qui est rédigée dans l’urgence. En principe, mais pas toujours, Le Matin est le premier informé par ses « fils spéciaux » d’un certain nombre de faits divers, et le premier à en informer ses lecteurs. Du fait de cette urgence, il arrive que certaines de ces brèves soient mal informées, ou comportent des variantes avec les mêmes échos parus dans d’autres journaux. Parfois, Le Matin lui-même rectifie sa brève dans une seconde édition. Enfin, c’est une rubrique de lecture rapide, réunissant en principe des faits secondaires, qui ne méritent pas un développement plus important. Ce n’est pas toujours le cas, le fait divers pouvant subir un développement dans le journal tout en étant consigné dans les Nouvelles en trois lignes. Donc, malgré son caractère anodin, voire futile, c’est une rubrique assez complexe à analyser.

Fénéon pensait-il pouvoir œuvrer discrètement dans son coin de rubrique, à l’abri des regards ? Quoiqu’il en soit, il est dénoncé dès le 12 mai 1906 dans le Gil Blas, à dessein, peut-être.

Liebig journalistique

Un de nos confrères a inventé un nouveau jeu d’esprit… Il condense les nouvelles en trois lignes, à l’image des gens pressés. Cela donne des résultats inouïs, d’un cocasse ineffable. Exemples : “Muni d’une queue de rat et illusoirement chargé de grès fin, un cylindre de fer-blanc a été trouvé rue de l’Ouest.” “En se le grattant avec un revolver à détente trop douce, M. Ed. B… s’est enlevé le bout du nez au commissariat Vivienne.”, “Des tapageurs, au Kremlin-Bicêtre, ont nuitamment brûlé en effigie un ecclésiastique et secoué la porte du presbytère”, “Si tu travailles demain, je t’éreinte, dit le bon gréviste J. D. ... de Clichy à son fils, un jaune. Sur quoi, celui-ci le poignarda.” Ces choses exquises ne sont pas signées. Chacun, cependant, reconnaîtra leur auteur ; c’est un humoriste qui s’y connaît, M. Félix Fénéon.

Sur ces quatre exemples, tous parus le 10 mai dans Le Matin et attribués à Fénéon par le Gil Blas, seuls les deux premiers sont repris en 1948 dans le recueil des Nouvelles en trois lignes (n° 83 et 84 du classement Macula15). Ce n’est qu’un des problèmes d’une longue série, qui nous amène à nous demander comment ce recueil a été établi.

Établissement du texte ?

Tout d’abord, l’édition princeps des Nouvelles en trois lignes posthume (1948), reconnue à contrecœur par l’auteur, est réputée avoir été établie sur un cahier de coupures du Matin fabriqué par Mme Fénéon. Ce document n’est pas disponible, il n’est pas localisé, ni dans les archives Paulhan de l’Imec ni dans les archives de Joan Halperin (à l’Imec aussi)16, éditrice de la deuxième édition des Nouvelles en trois lignes, en 1970, chez Droz dans le volume II des Œuvres plus que complètes.

Celle-ci va bouleverser l’ordre proposé par Paulhan, reflet supposé d’un cahier inaccessible. Or, c’est cette édition Halperin, et son désordre induit, qui est prise comme base par Patrick et Roman Lasowski en 1990 pour leur édition Macula, où ils numérotent les Nouvelles de 1 à 1210, en reprenant strictement l’ordre arbitraire introduit par Joan Halperin. Or, on l’a dit, il en manque déjà une dizaine, car dans l’édition Paulhan, il y a bien 1220 Nouvelles en trois lignes, et Joan Halperin le rappelle dans sa biographie17.

Il s’ensuit que presque tous les éditeurs depuis 1990 reproduisent une séquence de Nouvelles en trois lignes figée dans cette numérotation, qui provient d’une réorganisation aléatoire de Joan Halperin pour son édition des Œuvres plus que complètes.

Mais que cette numérotation ou cette organisation soient arbitraires n’est pas le plus grave. Il est utile de référencer les brèves pour s’y reporter. Le fait d’oublier des textes est déjà plus contestable. Celui aussi d’attendre trente ans pour tenter de dater ces brèves dans le Matin trahit une approche pour le moins cavalière de ce matériau très apprécié, peut-être parce que multiples sont les problèmes pour y parvenir.

Méthode

Car, lorsqu’on s’essaie à retrouver les 1220 ou même 1210 Nouvelles en trois lignes dans Le Matin, on se heurte à des difficultés, puisque, on l’a vu, il en reste une centaine sans localisation certaine, après pointage de Gallica et du microfilm.

De plus, quand on feuillette le Matin, jour après jour, d’avril à décembre 1906, on découvre d’autres textes tout à fait dans la note fénéonesque, sardoniques, ironiques et dont on se demande pourquoi ils ne figurent pas dans le recueil des Nouvelles en trois lignes, tels les deux du 10 mai citées précédemment par le Gil Blas, le 12 mai 1906.

Ces inconvénients avaient déjà été soulevés par un commentateur, en 1999, Wolfgang Asholt, dans son article de la Revue d’Histoire littéraire de la France, qui offre une des rares critiques des éditions existantes des Nouvelles en trois lignes. Il signale la possibilité de les remettre en contexte, et cite des brèves non reprises dans les éditions18.

Résumons : pas de manuscrit bien entendu, pas de cahier de coupures du Matin, 10 % du corpus qu’on ne trouve pas dans la source, datation problématique, historicité non questionnée, et un nombre indéterminé d’autres brèves non recueillies. Comment ces anomalies peuvent-elles être acceptées à propos d’un corpus aussi réputé que celui de ces Nouvelles en trois lignes ?

Pour tenter de résoudre ces difficultés, il faut recourir à une méthode radicale, et d’abord accéder à de nouvelles collections du Matin, aux fins de contrôle et vérification des données. Celle de l’Arsenal, qui dispose d’une collection papier, s’offre à nous19. Et là, ô surprise, on découvre encore des variantes de la page 3 de « Dernière heure » ! Et l’on peut surtout poursuivre la datation des Nouvelles en trois lignes (toutefois, la parution d’une soixantaine de brèves n’est toujours pas localisée dans ces trois collections du Matin disponibles).

En bref, il peut exister jusqu’à trois variantes, trois éditions de la page 3 le même jour et cette particularité n’est jamais annoncée par le journal lui-même. Pis, ces variantes sont distribuées aléatoirement dans les trois collections, qui ne sont pas homogènes.

C’est ce que nous enseigne la consultation d’une quatrième collection papier, conservée au Fonds Lovenjoul de l’Institut de France20. Cette collection résultant de l’abonnement de ce collectionneur au Matin, offre encore une répartition différente des variantes entre les trois éditions de la page 3, similaire à une autre tel jour et différente un autre jour. Il semble n’exister aucune cohérence dans cette distribution entre ces quatre collections. Cette collection permet cependant d’améliorer la datation, sans parvenir à résoudre tous les cas. Le tableau final résultant distingue les jours précis pour lesquels il nous manque une édition du Matin, par exemple les jours où nos quatre collections offrent la même page 3.

Nous avons pu consulter enfin une cinquième collection, privée, du moins pour le deuxième trimestre de 1906 pour constater que, là encore, la distribution des variantes (si elle se rapproche de celle constatée dans l’exemplaire Lovenjoul) ne se recoupait avec aucune des quatre autres collections.

Sans entrer dans le détail fastidieux de ces distributions, nous ne pouvons qu’enregistrer cet état de fait, sans apercevoir aucune explication. Il en résulte que l’établissement d’une édition scientifique des Nouvelles en trois lignes présente de sérieuses difficultés, d’autant que l’on peut établir que la sélection Paulhan ne propose, au mieux, qu’un tiers de l’ensemble de celles publiées.

Pour toutes ces raisons, la méthode de travail retenue fut de reprendre le dossier dans l’ordre et depuis le départ, de s’atteler au reclassement général de toutes les brèves figurant dans les trois éditions et les quatre ou cinq collections du Matin depuis le 1er avril21 jusqu’à décembre 1906, jour par jour, et en renumérotant l’ensemble des énoncés obtenus chronologiquement. Ce travail minutieux est en cours d’achèvement et laisse espérer que le corps final avoisine ou dépasse les 4000 Nouvelles en trois lignes — à comparer avec les 1220 de Paulhan.

Pour établir ce chiffre, nous avons mené l’expérience suivante : relever toutes les Nouvelles en trois lignes du 2e trimestre 1906 (avril à juin) dans les cinq collections disponibles. Nous avons pu ainsi dater toutes les nouvelles de l’édition Paulhan (certaines ne figurant que dans la cinquième collection, absente des bibliothèques). On ne peut garantir avoir relevé toutes les nouvelles ayant paru dans toutes les éditions possibles, certaines pouvant encore être absentes de ces cinq collections, donc il resterait quelques variantes inconnues. Néanmoins, nous aboutissons à un total de 1479 nouvelles, soit 290 figurant dans l’édition Paulhan, 112 ajoutées par Arthur Bernard en 2018 et 1087 inédites. On ne pourra pas reconduire de manière exhaustive cette expérience pour le deuxième semestre 1906, sans recourir à des collections supplémentaires, car l’examen comparatif jour après jour des quatre éditions du Matin disponibles montre que pour un certain nombre de dates, entre août et décembre, il nous manque une édition de la page 3, ce qui empêche de localiser formellement toutes les brèves de l’édition Paulhan. Leurs datations sont néanmoins possibles approximativement22.

Enfin, ce travail de reclassement permet de faire des observations curieuses. Ainsi, on voit que, à plusieurs reprises, Fénéon réécrit certaines Nouvelles le même jour, d’une édition à la suivante. Il existe donc pour quelques-unes d’entre elles deux versions, l’une corrigeant l’autre. On met alors le doigt sur un aspect important de leur composition : l’urgence et la temporalité, et la possibilité de rectifier une première rédaction jugée défectueuse.

On constate aussi de multiples différences dans les faits rapportés, les lieux, les patronymes, entre telle Nouvelle en trois lignes et le fait divers qui paraît lui correspondre. Du reste, les journaux ne sont pas toujours d’accord entre eux sur ces mêmes éléments. Ces points nécessitent de nombreuses vérifications là aussi très minutieuses.

Exemples

Pour étayer nos propos, voyons quelques exemples, tirés des observations précédentes. Parmi les dix Nouvelles en trois lignes écartées à partir de 1970 puis 1990, on lit, dans l’édition de 194823, ces deux nouvelles qui devraient se placer après la n°610, de l’édition Macula numérotée :

[ex. 1 = 610a] Boulevard de La Villette, Maurice Debeurre, 7 ans, a été coupé en deux par un tramway. Le wattman n’y est pour rien.

Voici un fait divers grand-guignolesque, présent dans la sélection illustrée par Topor et dans celle de Régine Detambel au Mercure de France, laquelle se base sur l’édition Paulhan et non sur celle de Macula où il est absent.

Précisons que la dernière phrase, qui peut passer pour une remarque désinvolte tendant vers l’humour noir, est aussi un bref résumé des faits tels qu’ils sont décrits dans les articles plus détaillés rapportant l’accident.

Ce fait divers tragique (paru le 10 septembre) a eu un certain retentissement dans de nombreux journaux, qui lui consacrent des articles24, avec des détails décrivant les divers morceaux du corps du pauvre enfant réunis dans un drap. Parmi des versions plus ou moins divergentes, tel article (celui du Paris, 11/9) assure que c’était par jeu que les enfants s’élançaient devant le tramway. Le plus jeune imitant ses aînés plus agiles y est resté. Une version un peu différente de l’accident fit la une du Petit Journal du 10.

Deuxième exemple (même jour), plaisant cette fois, de nouvelle manquante à Macula, avec sa pointe savoureuse (toujours après 610, donc 610b) :

[ex. 2 = 610b] « Épinal : trois jours de prison à Tourdias, pour port illégal de l’Étoile noire du Bénin. C’est payer peu des joies bien vives. » (Dép. Part.)

« C’est payer peu des joies bien vives » : quelle formule extraordinairement ironique, avec sa pointe subtilement antimilitariste, anticoloniale et anti-décoration. Du pur Fénéon que les amateurs sauront apprécier.

Cette brève est intéressante en ce qu’elle est une des seules à avoir été reprise dans les articles consacrés à Fénéon dans l’entre-deux-guerres, vingt ans avant ses Œuvres chez Gallimard. On la trouve dans un article de La Presse/La Patrie du 6 septembre 1926. Elle figure aussi dans la sélection illustrée par Topor et dans des articles d’après-guerre25. Mais elle n’est reprise dans aucune des éditions modernes basées sur le classement Macula. De manière amusante, cependant, elle est à nouveau sélectionnée par Arthur Bernard en 2018 à titre de « nouvelle » Nouvelle.

À présent, voici quelques exemples rapprochés des faits divers qui les ont inspirés. Voici un vrai début de roman policier, la nouvelle n° 511 :

[ex. 3 = 511] Bras liés et le dos chargé de pierres énormes, le cadavre d’un sexagénaire a été trouvé dans les sablières de Draveil.

On ne trouve pas du tout cette nouvelle dans Le Matin, du moins dans les quatre collections disponibles qui donnent la même édition de la page 3, mais on peut la dater du 10 août, ce fait divers (le cadavre de Draveil) ayant fait l’objet de plusieurs articles entre le 10 et le 12 août 1906. Voici par exemple celui du Radical :

Des ouvriers ont trouvé dans une carrière, à Draveil, un cadavre en partie recouvert de grosses pierres. Le parquet de Corbeil s’est transporté à Draveil et s’est efforcé d’établir l’identité du mort, qui paraît être un homme de soixante ans, et les causes de sa mort. Il n’y est point parvenu. On ne sait si on se trouve en présence d’un accident causé par un éboulement ou d’un crime.

Nous évoquions précédemment des Nouvelles non reprises par Paulhan. Voici un exemple typiquement fénéonesque, le 9 octobre :

[ex. 4] L’ami de Mlle Malheur a tiré sur elle trois balles. Équitable, il s’est logé les trois autres dans la tête, 38 rue Lepic.

Ce fait divers (meurtre et suicide) a fait le tour de tous les journaux, qui parlent de scène sanglante, de tragédie, du drame de la rue Lepic, etc. Eh bien aucun des journaux n’est d’accord sur le nom de la victime, tantôt nommée Maleure, ou Maleuve ou Malèvre ou Maleun ou même Malheur26. Bien entendu, le facétieux Fénéon a retenu cette dernière graphie, qui remplit son office fatal au bon endroit, dans ses Nouvelles en trois lignes.

Une interpolation avérée de Paulhan

Ces variations onomastiques sur le nom des protagonistes amènent à se poser une question : Jean Paulhan est-il intervenu dans le texte de Fénéon qu’il édite ? L’édition Cent Pages relève des coquilles sur les noms propres ou autres. Mais le cas le plus frappant est ce fameux accident de billard dont aurait été victime un certain Abel Bonnard.

[ex. 5 = 79] M. Abel Bonnard, de Villeneuve-Saint-Georges, qui jouait au billard, s’est crevé l’œil gauche en tombant sur sa queue.

Découverte par Arthur Bernard (photo à l’appui), la version initiale est parue dans l’édition du Matin microfilmée du 24 mai : la malheureuse victime n’est pas du tout Abel Bonnard, mais un certain Félix Dénoyer, habitant Villeneuve–Saint-Denis et non Villeneuve-Saint-Georges, et son « horrible accident » a fait l’objet d’articles détaillés dans plusieurs journaux, soit parisiens, soit locaux du département de l’Aube.

Le nom d’Abel Bonnard apparaît seulement à partir de l’article de Paulhan dans Confluences en 194327, FF ou le critique, repris en volume séparé en 1945 puis en préface aux Œuvres en 1948, et ensuite partout (c’est l’une des Nouvelles les plus diffusées28). Abel Bonnard étant ministre de l’Éducation nationale en 1943, il est clair que c’est une modification facétieuse de Paulhan. D’ailleurs Fénéon s’étonne de voir ce nom dans cette brève et il l’écrit dans un courrier adressé à Jean Paulhan, en décembre 1943, dès la parution de Confluence, disant que dans la dactylographie de l’article qu’il avait lu au préalable, ce nom n’apparaissait pas29.

Cela nous amène à supposer que son recueil pourrait contenir d’autres facéties de ce genre, relevant du canular, c’est-à-dire d’un énoncé blagueur glissé en contrebande. Il est évidemment tentant de s’amuser impunément à rajouter une ou deux brèves inventées, ni vu ni connu. Mais, à vrai dire, Jean Paulhan n’abuse pas du procédé. On en citera quelques exemples suspects, mais indécidables.

Quels canulars en trois lignes ?

De son côté, pour Fénéon, on peut poser comme hypothèse de travail qu’il ne s’agit pas, volontairement, de fabriquer des informations fausses. Le matériau de départ semble toujours une dépêche réelle, généralement anodine, parfois insolite ou extravagante, et dès lors transformée par une rédaction plaisante et blagueuse, par une écriture qui recherche, dès que possible, l’effet et le gag. Cependant, dans certains cas, surtout pour celles dont on ne trouve pas trace dans Le Matin et qui, après enquête, ne renvoient pas à un fait divers identifiable, on pourrait soupçonner le rédacteur d’avoir inséré une pièce de son invention. C’est difficile à prouver, car certains faits divers sont tellement insignifiants qu’on ne les trouve rapportés que dans un seul journal local, du moins dans les titres actuellement numérisés.

Dans d’autres cas, la brève est trop vague, elle ne cite aucun nom, rien qui permette d’identifier le fait décrit, et ce qui est raconté ressemble trop à une blague ou à une facétie pour être un authentique fait divers, ou bien les noms cités ne renvoient à aucune affaire précise.

Par exemple, la n° 722 daté du 29 septembre :

[ex. 6 = 722] Congédié mardi par son patron, le 13-ans Godillot, de Bagnolet, n’aura pas osé reparaître au logis. Enfant, rentre : on t’y attend.

Le Matin attendra quatre jours, du mardi 25 au samedi 29 pour lancer cet appel, qui ressemble à une annonce de recherche, concernant un enfant disparu ? Or on ne trouve nulle autre trace d’une telle disparition ni à Bagnolet ni concernant un enfant de 13 ans, nommé Godillot, en septembre 190630.

Cela paraît assez curieux et ce sentiment est renforcé par le caractère bizarre de la rédaction, ce cri inhabituel dans les Nouvelles en trois lignes. On peut soupçonner une mystification, qui serait un chef-d’œuvre d’invention, mais il est difficile de le prouver.

Idem, pour la Nouvelle 623, du 12 septembre :

[ex. 7 = 623] C’est au cochonnet que l’apoplexie a terrassé M. André, 75 ans, de Levallois. Sa boule roulait encore qu’il n’était déjà plus.

Cet énoncé étonnant, admirablement composé, semble être fait pour être déclamé.

Rien ne permet de raccrocher cette brève à un fait divers identifiable, en septembre 1906, concernant un M. André, à Levallois, joueur de boules pris de congestion. Soit le fait est tellement anecdotique qu’il est purement local, dans un journal non numérisé, soit ce serait un autre chef-d’œuvre d’invention de la part du facétieux rédacteur.

Le doute subsiste, car a priori Fénéon n’invente rien, sauf exception à démontrer, car nombre de Nouvelles en trois lignes invraisemblables sont confirmées par les faits divers concordants d’autres journaux.

De plus, pour avoir fréquenté ces nouvelles brèves et reconstitué leur déroulement chronologique, nous en venons à considérer que Fénéon est probablement l’auteur de toutes ou quasiment toutes les dépêches en trois lignes du Matin de la période, même si elles ne sont pas toutes rédigées dans cette intention frondeuse et blagueuse. Certaines sont parfaitement plates et transcrivent simplement l’information de base. Et, du reste, le recueil de Paulhan en contient plusieurs dans ce genre. Faut-il supposer l’existence de plusieurs rédacteurs en dehors de Fénéon à la même période, du moins pour les faits divers français — et qui rédigeait les faits divers étrangers absents de l’édition Paulhan, à une seule exception près ? À ce stade de l’enquête, on ne peut se prononcer.

Mais dès que le fait divers devient insolite, l’esprit acéré du rédacteur se met en marche et entreprend de pondérer la rédaction pour lui imprimer un effet comique, pour en souligner l’humour noir et le hasard ironique, le destin cruel et fatal.

Plusieurs procédés sont utilisés pour cela, qui ont été décortiqués par les commentateurs31. Par exemple le télescopage de plusieurs faits divers sans rapport, qui donnent un effet de rapprochement ou de condensation accentuant le caractère répétitif, voire absurde, de ces événements, qui tombent tous les jours au fil des dépêches. Ou bien des saillies plaisantes comme la Nouvelle 912, sans aucune parution repérée dans le Matin :

[ex. 8 = 912] Comme aux temps mythologiques, un bouc a assailli une bergère de Saint-Laurent, dans le lit du Var, où elle paissait ses bêtes. (Dép. Part.)

Cela semble trop beau pour être vrai : l’absence de parution repérée dans Le Matin, est déjà suspecte, mais celle du nom des protagonistes ne diminue pas la suspicion selon laquelle nous serions en présence d’une fabrication postérieure, d’autant qu’on s’aperçoit que cette brève est signalée, avant la parution du recueil Paulhan, dans un article de Carrefour, en 1948, écrit par René Delange32, ami de Paulhan et ancien directeur de Comoedia. Tout cela réuni permet de subodorer une blague de journaliste entre Delange et Paulhan, sur un thème récurrent dans les Nouvelles.

Le doute subsiste là aussi, la prudence est de mise, on ne peut pas affirmer absolument qu’il s’agit d’une interpolation, même si on ne parvient pas à identifier le fait divers correspondant.

À titre de contre-exemple, voici la Nouvelle 1033, qu’on pourrait croire être une belle mystification, car on ne la trouve pas dans Le Matin en ligne, et elle est parue dans le même article de Delange de Carrefour, octobre 1948 :

[ex. 9 = 1033] Derrière un cercueil, Mangin, de Verdun, cheminait. Il n’atteignit pas, ce jour-là, le cimetière. La mort le surprit en route. (Dép. part.)

Cet énoncé paraît trop beau pour être vrai, une fois de plus. Si l’on ouvre le Petit Larousse (plutôt que Wikipedia), on lit :

Charles Mangin, général français né à Sarrebourg (1866-1925). Membre de la commission Congo-Nil en 1898. Il prit une part décisive à la victoire de Verdun (1916) et aux offensives de 1918.

Mangin, Verdun, cimetière, on se dit : voilà qui pourrait être une autre interpolation de Paulhan. Eh bien, non, pas du tout !

Il se trouve que… comment le croire ? Par quelle coïncidence invraisemblable cette Nouvelle en trois lignes se trouve publiée dans une édition du Matin datée du…, du…, ce n’est pas une erreur : du 11 novembre ! 11 novembre 190633 !

Alors là, excusez du peu : c’est le chercheur qui est mystifié ! Par quel hasard fatal, inexplicable, une brève rapprochant ces mots, Mangin, Verdun, cimetière, est publiée ce jour-là, 11 novembre ?

Cette thématique du cercueil et de la mort, si appropriée et pertinente ici a posteriori, semble être entrée en résonance avec un événement historique survenu douze ans plus tard, en 1918, mais c’est une illusion rétrospective, due à un improbable télescopage subjectif.

Là non plus, on ne trouve pas (pas encore) de fait divers qui corresponde à cette Nouvelle en trois lignes, d’un Mangin pris d’apoplexie funéraire dans la région de Verdun en novembre 1906… Un tel fait serait, du reste, par nature, assez anecdotique, quoique singulier.

On doit convenir que le génie créateur de Fénéon a extrait cette brève d’une obscure source (« dépêche particulière », dit le journal) et que son esprit frondeur, anarchiste absolu, lui a fait se rencontrer — hasard objectif de la machine à coudre sur la table de dissection —, un thème d’humour noir absurde, certes bien venu ici, sur une résonance antimilitariste totalement imprévue…

Dernier exemple, savoureux, la Nouvelle 689 du 23 septembre :

[ex. 10 = 689] Le valet Silot installa, à Neuilly, chez son maître absent une femme amusante, puis disparut, emportant tout, sauf elle.

La « femme amusante » et le « emportant tout, sauf elle » sont évidemment irrésistibles. C’est un fait divers authentique, dont on trouve trace dans la presse, mais par contre, qui est ce valet Silot ? Mystère. Pas trace de lui dans les journaux qui relatent cette « Aventure bien parisienne », comme le Radical, qui parle d’un certain Eugène Viston, employé chez un artiste peintre de Neuilly, rue Borghèse (le nom du valet est corroboré par L’Éclair, mais sans citer la rue)34, ou bien du « bon valet de chambre », pour la Petite République, qui le nomme Urbain F…35. Pour L’Écho de Paris, le nom du domestique indélicat est Jean Brodu36, et pour La Lanterne, il se nomme Pierre Baptiste37. Le commissaire de police de Neuilly est nommé M. Simart par le Radical et Simard par L’Écho de Paris. Il est connu et régulièrement cité sous ces deux orthographes dans les journaux. Quant au peintre, il est soit anonyme (X… pour L’Éclair), soit nommé R. S… (Écho de Paris), soit R…. (Lanterne)38 et la « femme amusante » se nomme soit Léa, demi-mondaine à particule (Éclair), soit Elise Gramont, 22 ans (alias Elisa de Grammont, Radical), soit une couturière de 18 ans (Petite République). Ce type de divergences (simultanément ici pour un même événement), que l’on observe à propos d’autres faits divers, laissent perplexe et interrogent sur la fiabilité de ces articles de presse.

Si le cas de Mlle Malheur relève d’une simple coquille, variable au gré des journaux, celui du valet Silot est plus problématique. Contrairement aux « feuilletons-nouvelles » d’un Marie Aycard ou autres, où les patronymes sont des mots-clés potentiels, ici, les noms propres ne semblent plus rien signifier, étant interchangeables au gré des rédacteurs et des journaux. Si l’on suppose que, à l’origine de ces articles, il existe réellement un cambriolage audacieux ayant fait l’objet d’un dépôt de plainte auprès du commissariat de Neuilly, cet état de fait pose la question générale de la finalité de ces comptes-rendus de faits divers. Ils ne servent nullement à désigner des individus identifiables, mais à décrire des situations insolites, cocasses, distrayantes, dont les protagonistes sont rendus anonymes ou dissimulés sous des noms d’emprunt. Cela questionne leur véracité relative et n’explique guère l’apparition du nom de Silot dans cette brève. Le mystère du nom de ce personnage reste entier, et c’est loin d’être la seule Nouvelle en trois lignes présentant ce type de difficulté.

Face à tant de divergences, seule la fiction peut apporter une réponse. C’est celle des conteurs et des feuilletonistes qui s’emparent à l’occasion de ce matériau pour en tirer une inspiration, comme le suggère Jean-Paul Morel dans la préface aux contes de Barbusse citée ci-dessus. Ainsi, le valet Silot, sous ses identités multiples, pourrait être une incarnation du fameux Arsène Lupin, créé par Maurice Leblanc en 1905, dont les méthodes semblent directement à l’œuvre dans ce fait divers extraordinaire. La réponse fictionnalisée et feuilletonesque du romancier permettrait alors de donner un sens et une interprétation à un récit plurivoque, même si cette dernière peut être ambiguë ou truquée. Pour décider de cette question, une alternative serait de pouvoir remonter aux sources initiales, c’est-à-dire aux dépêches d’agences ou aux éventuelles mains-courantes déposées dans les commissariats par les victimes et qui ont servi aux rédacteurs.

Au bout de plusieurs mois, Fénéon semble fatigué de ce labeur exténuant, du moins si l’on en croit un second article de Gil Blas, le 22 décembre 1906, disant :

En trois lignes

Inventeur parfois grandiose, souvent abscons d’une rubrique qui nous fut souvent une délectation, M. Félix Fénéon quitte le Matin. Ce littérateur original et de talent avait réalisé dans ce journal de vrais tours de force. Un peu las de toujours jouer la difficulté, il s’en va. Les amateurs de l’ironie littéraire — et aussi les déchiffreurs de rébus — le regretteront.

Autrement dit, en 1906, non seulement les Nouvelles en trois lignes sont reproduites par d’autres journaux ou revues, à titre de « perles », mais l’auteur en est désigné par deux fois aux aficionados et lecteurs du Gil Blas.

Pourtant, le départ de Fénéon ne modifie pas franchement le style de la rubrique. Fénéon semble avoir fait école. Le style qu’il a insufflé aux « Nouvelles en trois lignes » est maintenu par ses successeurs, comme en témoigne le choix de brèves opéré par Arthur Bernard dans son édition de 2018, entre fin décembre 1906 et mars 1907. Et ce style sera désormais celui que certains journaux adopteront par la suite pour traiter des faits divers en général.

Conclusion

Les Nouvelles en trois lignes sont un matériau fascinant, qui transforme en canular (ou en blague) des faits divers souvent sordides ou triviaux. Mais attention aux sources auxquelles nous n’avons pas accès, faute de numérisation de presse suffisamment poussée, le chercheur peut être facilement mystifié lui-même, on l’a vu.

Retronews est un outil surpuissant qui permet de traquer des mots sur une chronologie longue ou brève, avec une finesse inégalée, mais aussi avec des lacunes, des erreurs d’occurrences et d’OCR.

Ces brefs faits divers souvent tragiques, rédigés de manière facétieuse, basculant dans l’humour noir, produisent des énoncés qui vont devenir viraux, non seulement dans l’espace médiatique (livres, presse, revues, et ensuite internet), mais dans l’espace culturel tout entier, devenant un phénomène de société. Si le rédacteur n’a pas, en général, l’intention de tromper sciemment son lecteur au sujet des faits rapportés, s’il n’y a point de mystification avérée (malgré, parfois, les erreurs et approximations figurant dans la brièveté de ces énoncés, et sous les réserves diverses que l’on a énoncées, de cas non identifiables), leur rédaction et leur style si particulier les transforment aisément sinon en canulars, du moins en blague, ayant pour fonction de divertir, en premier lieu leur propre rédacteur, et ensuite les lecteurs immédiats et futurs (quoique ces derniers n’étaient pas pris en compte dans l’équation initiale). Ce sont d’abord des exercices de réécriture, de condensation, d’invention stylistique avant d’être, parfois, rarement, des créations d’anecdotes : il y a innovation stylistique plutôt qu’invention littéraire, bien qu’on ne puisse exclure que, soit Fénéon dès l’origine, soit Paulhan ensuite, se soient amusés à glisser dans cette masse des fariboles indécelables au premier abord.

Par la vertu d’une réputation qui a grandi au fil des années, à travers un bouche-à-oreille culturel dont se fait l’écho une viralité avérée dès les années 40 à 60, les énoncés en trois lignes de Félix Fénéon ont acquis un statut inattendu dans l’univers médiatique, surtout aujourd’hui où leurs multiples reprises sur les blogues, sites, tweets et réseaux sociaux leur confèrent une large autonomie référentielle.

Cependant, ne serait-il pas utile, à un certain moment, de revenir aux sources et de vérifier d’où proviennent ces récits, quand sont-ils parus et quelle matière ils condensent ?

S’il n’y a pas invention factuelle, parfois juste un changement de nom ou une coquille, c’est que les récits sources contiennent déjà en eux-mêmes des aspects extraordinaires ou du moins bizarres, qui seront condensés et synthétisés par le génial rédacteur.

Cela amène à s’intéresser aux faits divers initiaux et à établir des comparaisons entre les récits, celui en trois lignes renvoyant à un pré-texte plus développé et parfois contradictoire dans les sources, les protagonistes et les incidents. Or, lorsqu’on parvient à rapprocher ces nouvelles de faits divers qui semblent leur correspondre, on constate parfois des divergences assez étranges et inexplicables entre les deux, jetant un doute sur leur caractère objectif. On en est amené à se demander si néanmoins une part d’invention, difficile à mesurer, n’intervient pas à un stade de la rédaction de ces faits divers et des brèves de Fénéon.

La Nouvelle en trois lignes prend alors une résonance singulière qu’éclairent ces rapprochements et ces comparaisons. La dimension sociale initiale des brèves de Fénéon reprend quelque peu ses droits, leur condition de production aussi, sous des contraintes très fortes d’espace et de temporalité.

L’essence canularesque et l’écriture joyeuse expriment dès lors une part de cette pression de l’écriture contrainte, qui se libère dans l’effet de style, les jeux de mots et de langage et le gag final souvent recherché par le rédacteur.

Annexe

Examen d’une Nouvelle en trois lignes parmi les plus reproduites

(Sources, bibliographie et diffusion)

Dans Le Matin, 24 mai 1906 (édition microfilmée, BNF), comme le remarque Arthur Bernard qui en reproduit le texte en 2018 dans son édition des Nouvelles nouvelles en trois lignes, on lit cette Nouvelle en trois lignes :

M. Félix Dénoyer, de Villeneuve–Saint-Denis, qui jouait au billard, s’est crevé l’œil gauche en tombant sur sa queue.

Ce fait divers est détaillé dans deux articles disponibles en ligne :

– « Coulommiers », L’Événement, 24 mai 1906, idem, Le Peuple français, 25 mai, https://www.retronews.fr/journal/l-evenement-1872-1956/24-mai-1906/1787/3604761/3

M. Félix Denoyer, 56 ans, aubergiste à Villeneuve–Saint-Denis, est tombé la face en avant sur l’extrémité d’une queue de billard qu’il tenait à la main. Le malheureux qui a eu l’œil gauche arraché a été dirigé sur l’hospice des Quinze-Vingt.

– « Horrible accident », Le Petit Troyen, 25 mai 1906, https://www.retronews.fr/journal/le-petit-troyen/25-mai-1906/331/1412679/3 — Idem, L’Écho nogentais, 27 mai 1906, L’Écho de l’arrondissement de Bar-sur-Aube, 7 juin 1906

M. Dénoyer, marchand de vins à Villeneuve–Saint-Denis (Marne), bien sympathiquement connu dans la région, vient d’être victime d’un affreux accident.

L’autre soir, un ami qu’il n’avait pas vu depuis longtemps vint lui rendre visite. Tout au plaisir de cette heureuse rencontre, M. Dénoyer, qui venait de terminer une partie de billard, jonglait avec la queue grâce à laquelle la victoire lui était restée.

À un certain moment, l’instrument lui échappant des mains, le commerçant se baissa instinctivement, avec rapidité, pour le rattraper. Mais la queue s’étant arcboutée par le talon contre un des pieds du billard, l’infortune M. Dénoyer se lança violemment sur le petit bout qui était resté tourné vers lui.

Atteint par la pointe à la commissure de l’œil, l’aubergiste ressentit une douleur atroce, en même temps qu’une abondante hémorragie se produisit. Sa femme, accourue pour éponger le sang, demeura frappée de stupeur en trouvant, au milieu de la mare qui rougissait le sol, le globe de l’œil qui avait été complètement arraché de l’orbite !

Le malheureux commerçant, après avoir été pansé provisoirement, se fit conduire aussitôt dans un hôpital parisien.

Interpolation de Jean Paulhan en 1943

M. Abel Bonnard, de Villeneuve-Saint-Georges, qui jouait au billard, s’est crevé l’œil gauche en tombant sur sa queue.

– Jean Paulhan, « F. F. ou Le critique », Confluences n° 23, nov. 1943, p. 564.

Félix Fénéon réagit à cette interpolation :

– Dans une lettre à Paulhan (du 3/12/1943), suite à la lecture de l’article de Confluences, Fénéon s’étonne que la victime de l’accident de billard s’appelle Abel Bonnard. « C’est bien fait ! Aux dernières nouvelles, celles de Confluences, j’apprends (page 564, dernière ligne du ch. VI) que l’accident de billard est arrivé à l’académicien Abel Bonnard. Le texte dactylographié ne précisait pas. » Il s’ensuit que l’interpolation commise par Paulhan se situe entre la version dactylographiée et la version publiée. Lettre publiée dans Jean Paulhan à travers ses peintres : Exposition Grand Palais, 1er février-15 avril 1974, éd. André Berne-Joffroy, Galeries nationales du Grand Palais, Éditions des musées nationaux, 1974, p. 68 et dans Jean Paulhan, F.F., ou, Le critique, Ed. Claire Paulhan, 1998, p. 94, puis dans Félix Fénéon et Jean Paulhan, Correspondance 1917-1944, Ed. Claire Paulhan, oct. 2019.

Texte interpolé recueilli dans :

– Félix Fénéon, Œuvres, éd. Jean Paulhan, Paris, Gallimard, 1948 et 1991, p. 308.

– Félix Fénéon, Œuvres plus que complètes, II, éd. Joan Halperin, Genève, Droz, 1970, p. 602.

– Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, éd. Patrick et Roman Wald Lasowski, Paris, Macula, 1990, n° 79.

– Et dans la plupart des éditions suivantes de ce recueil, y compris celles traduites.

Plus de 70 reproductions (liste non limitative, surtout pour celles en ligne) :

– Roger Giron, « Félix Fénéon à l’Académie Mallarmé », Istanbul, 14 juin 1944 (Gallica).

– Jean Paulhan, F. F. ou le critique, Gallimard, 1945, p. 60.

– René Delange, « Les faits divers de Félix Fénéon », Carrefour, 13 octobre 1948, p. 7.

– Jean Paulhan, préface à Félix Fénéon, Œuvres, Gallimard, 1948, p. 33 (dans la réédition de la préface en 1998, aux Eds. Claire Paulhan, on cite une lettre de Fénéon au sujet de Bonnard, p. 94).

– Guy Sylvestre, « Félix Fénéon », Le Droit (Ottawa), 22 janvier 1949, p. 2, https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4058659

– « Palinure présente le prix Fénéon : Ici l’on re…pêche », Combat, 9 janvier 1951, p. 7.

– Georges Besson, « En souvenir du très singulier Félix Fénéon », Les Lettres françaises n° 504, 18 février 1954, p. 9.

– Francis Jourdain, « Du côté de la Revue blanche », Europe : revue littéraire mensuelle n° 113-114, avril-mai 1955 (spécial Jules Verne), p. 165 (extrait).

– « Dictionnaire de la conversation », Le Crapouillot, n° 32, 1956, p. 67.

– Henri Perruchot, « Ce très étrange Félix Fénéon », La Revue de Paris, février 1966, p. 36.

– Henri Perruchot, La vie de Seurat, Paris, Hachette, 1966, p. 234.

– Dans Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, [lithographies de] Topor, Monaco, Sauret, 1975, p. 33.

– Pascal Pia, « Laissés pour compte. Félix Fénéon », Discordance n° 1, avril-juin 1978, p. 91.

– Florence Delay, Petites formes en prose après Edison, Hachette, 1987, p. 85.

– Félix Fénéon, Lettres à Francis Vielé-Griffin (1890-1913) et documents annexes, éd. Henry de Paysac, Du Lérot, 1990, p. 56, note 1.

– Patrick et Roman Wald Lasowski, Préface à Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, Macula, 1990, p. 15.

– (Trad. allemande) Dans la préface de Jean Paulhan à Félix Fénéon, 1111 Elfhundertelf wahre Geschichten. Aus dem Französischen von Hans Thill, Frankfurt am Main, Eichborn, 1992 et 1993, p. 28.

– (Trad. allemande) Dans la postface de Patrick et Roman Wald Lasowski à Félix Fénéon, 1111 Elfhundertelf wahre Geschichten. Aus d. Franz. von Hans Thill, Frankfurt am Main, Eichborn, 1992 et 1993, p. 201.

– Nicole Bilous, « Journalisme ou littérature ? Les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon », Mélanges André Daspre, 1993, p. 223.

– Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, choix et préface de Régine Detambel, Mercure de France, 1997, p. 12.

– Hélène Védrine, préface à Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes et autres textes courts, Librairie générale française, 1998 (Le livre de poche. Biblio ; 3298). p. 12.

– Anne-Marie Braud, « Un esprit des mots… Les Nouvelles en trois lignes, de Félix Fénéon », Essaim, vol. 1, De la communauté issue de l’enseignement de Lacan, 1998, p. 202.

– Jean-Didier Wagneur, Fénéon : « Nouvelles en trois lignes ». Le Livre de poche-Biblio, 252 pp., 36 F. Libération, publié le 27 juillet 1998 à 6h40, https://www.liberation.fr/cahier-special/1998/07/27/un-ete-98-un-poche-par-jour-le-roi-feneonfelix-feneon-nouvelles-en-trois-lignes-le-livre-de-poche-bi_242429/

– Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes : extraits, ill Pascale Boillot, Paris, Impr. Recto-verso, [1999], (p. 32).

– Joël Prévôt, « Comptes-rendus insolites », La Face cachée de la douceur angevine: mémoire d'un sapeur-pompier angevin, Ed. Cheminements, 2000, p. 107 (Cite un rapport d’intervention facétieux résumant en encadré 15 nouvelles de Fénéon sans le nom de l’auteur).

– Florence Delay, Petites formes en prose après Edison, suivies d’un Éloge de la vie brève, Fayard, 2001, p. 90.

– Pierre Germa, Nouveau dictionnaire des citations, Vuibert, 2002, p. 104.

– Claude Gagnière, « Félix Fénéon », Des sourires et des hommes, Mots & Cie, 2003, p. 71.

– Ben Schott, Les Miscellanées de Mr. Schott, Éditions Allia, 2005, p. 54.

– André Rollin, « De petits riens essentiels » (compte-rendu de Ben Schott), Le Canard enchaîné, octobre 2005, PDF en ligne, https://www.editions-allia.com » note_4980_pdf

– Olivier Houdart, Sylvie Prioul, La Ponctuation, ou, L’art d’accommoder les textes, Seuil, 2006, p. 30.

– (Trad. néerlandaise) Ger Groot, « Fait divers », De groene Amsterdammer, Nr. 47, 23 november 2007.

– (Trad. anglaise, Luc Sante) 22 janv. 2008, « She Fled Across The Fields », John Train's The Broadside, http://www.johntrainbroadside.com/felix-feneon-faits-divers/

– Didier Daeninckx, Petit éloge des faits divers, Gallimard, 2008, p. 16.

– Patrice Delbourg, Les Jongleurs de mots : de François Villon à Raymond Devos, Écriture, 2008.

– (Trad. néerlandaise) Ger Groot, « Gemengde berichten. De Nouvelles en trois lignes van Félix Fénéon », Raster, v2008 n122 (2008) : 39-43.

– Ger Groot, « Faits divers. Les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon », Alkemie (Timisoara) n° 2, nov. 2008, Le fragmentaire, p. 41.

– Michel Perdrial le 25 novembre 2009, http://le-journal-de-michel-perdrial.eklablog.com/le-journal-de-michel-perdrial-c25486472/130

– Jean-Loup Chiflet, « Fénéon », Dictionnaire amoureux de l’Humour, Plon, 2010.

– Hédi Kaddour, Les Pierres qui montent : notes et croquis de l’année 2008, Gallimard, 2010, p. 49.

– Marc Mentré, « Style : six leçons du professeur Kaddour », 8 février 2010, https://themediatrend.com/style-six-lecons-du-professeur-kaddour/amp

– Eric Poindron, « Des nouvelles, mais en trois lignes ! » 29 juin 2011, https://curiosaetc.wordpress.com/2011/06/29/des-nouvelles-mais-en-trois-lignes/

– Gilles Guilleron, écrire pour les Nuls, ed8, 19 janv. 2012, p. 373.

– Didier Daeninckx, Passages d’enfer, Denoël, 2012, p. 36.

– Lou de Libellus, 11 novembre 2013, Compte-rendu de l’édition Cent Pages, 2009, http://libellus.over-blog.com/article-felix-feneon-nouvelles-en-trois-lignes-celui-qui-silence-121056221.html

– Patrick et Roman Wald Lasowski, préface à Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, Macula, 2014, p. 22.

– Michel F. Côté, « Affaire classée », esse arts + opinions n° 81, printemps 2014, p. 128-129, https://www.erudit.org/fr/revues/esse/2014-n81-esse01363/71655ac.pdf

– Etienne Dumont, « Quand Fénéon donnait des nouvelles en trois lignes », 30 mars 2014, https://www.bilan.ch/opinions/etienne-dumont/livre_quand_feneon_donnait_des_nouvelles_en_trois_lignes_

– Michel Santo, 1er juin 2014, « L’actualité selon Félix Fénéon ! À se tordre… » Contre-Regards (11 nouvelles), https://contre-regard.com/lactualite-selon-felix-feneon-a-se-tordre/

– Jean-Jacques Nuel (source Mercure de France, reproduit la liste de M. Santo), https://www.paperblog.fr/489211/nouvelles-en-trois-lignes-de-felix-feneon/

– Gilles Jobin (sans date), http://www.gilles-jobin.org/citations/?P=f&au=142

– Henri Landroit, « Félix Fénéon, un précurseur de twitter ? » Francophonie vivante (Bruxelles), sept.-déc. 2014, p. 105.

– (Trad. néerlandaise) Flor Vandekerckhove, « De faits divers van Félix Fénéon », 28 Fev 2016, http://florsnieuweblog.blogspot.com/2016/02/de-faits-divers-van-felix-feneon.html

– Cristina Alvares, Micronouvelles. Des nouvelles en trois lignes à la twittérature, Sarrebruck, Éditions universitaires européennes, 2016, p. 22.

– Soulaf Hassan, La Pratique des ateliers d’écriture créative en classe de FLE comme formation à la compétence linguistique, interculturelle et esthétique : le texte littéraire au sein du projet didactique, Linguistique. COMUE Université Côte d’Azur (2015 - 2019), thèse, 2016, p. 298 et annexe p. 105.

– Dans Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, ill. Philippe Hélénon, Fata Morgana, 2017, p. 11.

– (Trad. allemande) Michael Homberg, » Augenblicksbilder. Kurznachrichten und die Tradition der faits divers bei Kleist, Fénéon und Kluge«, In: Michael Gamper und Ruth Mayer (Hg.), Kurz & knapp. Zur Mediengeschichte kleiner Formen vom 17. Jahrhundert bis zur Gegenwart, 2017, p. 129.

– L’antre de Myfanwi, 25 nov. 2017, https://lantredemyfanwi.wordpress.com/2017/11/25/les-formats-courts-une-litterature-simpliste/

– Patrick Avrane, Les Faits divers, Presses Universitaires de France, 2018, p. 26.

– Dans Félix Fénéon, Pourtant, elle respire encore, Espaces & Signes, 2018, p. 13.

– Arthur Bernard, postface à Nouvelles nouvelles en trois lignes, Ed. Cent pages, 2018 (Cosaques), p. xxix (signale la correction Bonnard/Dénoyer et Saint-Georges/Saint-Denis et cite une lettre de Fénéon du 3/12/1943 à ce propos, d’après FF ou le critique de Paulhan, 1998, p. 94). Réédite pour la première fois conjointement le texte original de 1906 (avec un fac-similé de la page du Matin du 24 mai, extrait du microfilm de la BNF) et l’interpolation de 1943.

– Compte-rendu de l’édition précédente avec commentaires sur Abel Bonnard, https://librairie-auxmotstordus.fr/livre/14565074-nouvelles-nouvelles-en-trois-lignes-felix-feneon-cent-pages

– Patrick Deville, L’Étrange fraternité des lecteurs solitaires, Seuil, 2019, p. 10.

– Fabrice Gargnault, “Pêches miraculeuses”, Lire n° 476, juin 2019, p. 46.

– Didier Daeninckx, Le Roman noir de l’histoire, Verdier, 2019 (omnibus rééditant Passages d’enfer).

– Sébastien Bailly, Le Meilleur de l’humour noir, Fayard/Mille et une nuits, 16 juin 2021.

– (Sans date) https://www.dicocitations.com/auteur/1778/Felix_Feneon.php

– (Sans date) https://citations.ouest-france.fr/citation-felix-feneon/m-abel-bonnard-villeneuve-saint-georges-jouait-120133.html

– Antoine Gavory, Le Goût de l’esprit français, Mercure de France, 2020, p. 97.

– Alexandre Blaineau, 25 avril 2021, https://twitter.com/AlBlaineau/status/1386295069817323524

– Alain Vaillant, « Brèves pour rire », Le Monde à la une : une histoire de la presse par ses rubriques, dir. Marie-Ève Thérenty et Sylvain Venayre, Anamosa, 2021, p. 228-235 (p. 234).

– Paul Rassat, “Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes”, 29 novembre 2021, https://talpa-mag.fr/felix-feneon-nouvelles-en-trois-lignes/

– Jean-Luc Buard, “Félix Fénéon ou le canular (médiatique) en trois lignes ?”, communication au congrès international Médias 19— Numapresse, BNF, 2 juin 2022.

– Chaque jour une Nouvelle, n° 23, 2 août 2022 (n° 1 le 11 juillet, n° 56, le 3 septembre), https://lesjours.fr/obsessions/nouvelles-trois-lignes/ep23-bonnard-billard/

Quelques exemples de traductions

– (Trad. néerlandaise) « Abel Bonnard uit Villeneuve-Saint-Georges zijn linkeroog verloren toen hij in zijn queue viel », Ger Groot, « Fait divers », De groene Amsterdammer, Nr. 47, 23 november 2007

– (Trad. anglaise, Luc Sante) 22 janv. 2008 — « M. Abel Bonnard, of Villeneuve-Saint-Georges, who was playing billiards, put out his left eye falling on his cue », « She Fled Across The Fields », John Train's The Broadside, http://www.johntrainbroadside.com/felix-feneon-faits-divers/

– (Trad. anglaise, Luc Sante) 5/7/2011, https://musicclipoftheday.com/tag/ted-harvey/

– (Trad. espagnole) “El señor Abel Bonnard, vecino de Villeneuve-Saint-Georges, que estaba jugando al billar, se sacó el ojo izquierdo al caer sobre el taco”, https://www.epdlp.com/texto.php?id2=5809

– (Trad. allemande) Extrait de In drei Zeilen, 123 Dramolette, (trad.) Jürgen Ritte, Zurich, Diaphanes, 2018. “Monsieur Abel Bonnard au Villeneuve-Saint-Georges hat sich beim Billardspiel mit seinem Queue das linke Auge ausgestochen”, 11/4/2017, https://www.diaphanes.de/blog/abt-1-felix-feneon-4600

Notes

1 Jean-Luc Buard, Culture médiatique et presse numérisée : Médiasphère des feuilletons-nouvelles de Marie Aycard (1794-1859), Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2019.

2 Jean-Luc Buard, « Le « serpent de mer du Constitutionnel », « cet admirable et immortel canard ». Examen d’un running gag médiatique », Dalhousie French Studies n°118, 2021, Infox, fake news et « nouvelles faulses » : perspectives historiques (XVe-XXe siècles), dir. Vittorio Frigerio et Vincent Masse.

3 Henri Barbusse, Contes du Matin 1910-1914, préface de Jean-Paul Morel, postface, bibliographie et documents par Jean-Luc Buard, Paris, Archives et documents presse et feuilletons (ADPF)/Mi Li Ré Mi, 2021.

4 Voir la communication sur la rubrique des contes quotidiens de Leïla de Vicente (Université Paul-Valéry Montpellier 3 et Université Laval), « Règlements de contes : les conditions de publication du récit bref dans les journaux du premier XXe siècle », Congrès international Médias 19 Numapresse, Presses anciennes et modernes à l’ère du numérique, séance du lundi 30 mai 2022.

5 Félix Fénéon et Arthur Bernard (éd.), Nouvelles nouvelles en trois lignes, [Grenoble], Éditions Cent pages, 2018, (non paginé [ca 440] p.), ill., oblong 11 x 17 cm (Cosaques). Préface : « F. F. suite et sans fin ? » (Arthur Bernard, p. vii-xxiv). Postface (propre à l’édition de 2018) : « Nouvelles vagues, F. F. & Co. », p. xxvii-xxxi. Cette nouvelle édition ajoute environ 400 Nouvelles en trois lignes imprimées dans les marges inférieures de chaque page, portant leur total à plus de 1600. Une centaine de ces « Nouvelles nouvelles » sont antérieures à l’intervention de Fénéon (avant avril 1906) ou postérieures à celle-ci (après décembre 1906 et jusqu’en mars 1907). Le titre de la première édition de 2009 est simplement Nouvelles en trois lignes.

6 Le Figaro dispose en sa page 4 d’une rubrique de nouvelles brèves (pas toujours en trois lignes), intitulée « Figaro-ci Figaro-là ». Pour nos échanges autour de Fénéon, je remercie M. Philippe Oriol, coresponsable d’une future nouvelle édition des Œuvres de Félix Fénéon, à paraître aux Éditions du Sandre.

7 Du mardi 6 octobre 1903 (selon l’article « Nouvelles en trois lignes » de Wikipedia) au jeudi 25 novembre 1937, en devenant très irrégulière dans les derniers temps, mais toujours en page 3.

8 Félix Fénéon, Œuvres, préface de Jean Paulhan, Paris, Gallimard, nov. 1948, 478 p. (Les Mœurs, p. 305 : Nouvelles en trois lignes, p. 307-434). Première édition, format 18,5 x 12 cm. Réédité par Gallimard en 1991 dans un format légèrement plus grand (20,5 x 14 cm), ISBN 2-07-022367-1 (cette réédition de 1991 n’a pas été déposée à la BNF). Ce volume comprend 1220 nouvelles non numérotées.

9 Félix Fénéon, Œuvres plus que complètes, édition Joan U. Halperin, Genève, Librairie Droz, juillet 1970, LXVII-1087 p.-[23] p. de pl. Tome 2, note p. [510 et 972]. Dans cette édition, la distribution des Nouvelles en trois lignes est très éclatée et s’opère ainsi : sur 60 pages réparties deux par deux entre les pages 528-29 et 870-871, suivies de 55 pages en continu p. 973-1027. Ce remaniement, qui a entraîné l’oubli de 10 textes, est validé dans l’édition Macula, qui ne comprend donc plus que 1210 textes (voir note suivante).

10 Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, éd. présentée par Patrick et Roman Wald Lasowski ; ill. par Félix Vallotton, Macula, déc. 1990, 183 p. Préface : « Celui qui silence », p. 5-32. Note sur cette édition, p. 34, avec une page (p. 35) de fac-similé du 30/7/1906 (qui ne se trouve pas dans Gallica, reprise de Daniel Grojnowski, « Félix Fénéon ou l'art de la dépêche », Critique, n°524-525, janvier-février 1991, p. 95-102) ; rééd. en 2002 et 2014, avec d’autres couvertures. Cette édition valide le déclassement/reclassement de l’édition Droz en le numérotant de 1 à 1210.

11 Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, choix et préface de Régine Detambel, Mercure de France, août 1997, 59 p. (298 nouvelles), Nouvelles en trois lignes, volume II, choix et préface de Régine Detambel, Mercure de France, sept. 1998, 91 p. (399 nouvelles), les deux tomes réédités en un volume, Mercure de France, 2015 (choix de 697 nouvelles), préface : « F. F. ou le fait divers ». Depuis 1990, Régine Detambel est la seule à revenir au choix de Paulhan et à ne pas se baser sur le choix des éditions Macula.

12 Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes et autres textes courts, présentation et notes par Hélène Védrine, Librairie générale française, juin 1998, 251 p. (Le livre de poche. Biblio n°3298).

13 Felix Feneon, Novelas en tres lineas, traduccion de Lluis Maria Todo, Introduccion de Antonio Jiménez Morato, Madrid, Editorial Impedimenta, 2011, 215 p. (traduit 1214 nouvelles sur 1220).

14 Maître Antoine Béguin, « Félix Fénéon et les tweets », en ligne, 28 sept. 2009 (15 nouvelles reproduites), https://blogavocat.fr/space/antoine.beguin/content/felix-feneon-et-les-tweets._0fd321ce-3c40-4452-9143-fe6d440a19bf Voir aussi Henri Landroit, « Félix Fénéon, un précurseur de twitter ? », Francophonie vivante (Bruxelles), sept.-déc. 2014, p. 105 ; Fabian Goppelsröder, « Tweets avant la lettre ? Félix Fénéon’s Novels in Three Lines », Zeitschrift für französische Sprache und Literatur ZFSL (Wiesbaden), CXXVIII, 2018-19, p. 166-186, et résumé en français et anglais, fac-similé de la page « Dernière heure » du 4 juillet 1906.

15 Félix Fénéon, Œuvres, op. cit., 1948, p. 308.

16 Informations que nous a confirmées Claire Paulhan.

17 Joan U. Halperin, Félix Fénéon, art et anarchie dans le Paris fin de siècle, traduit de l’anglais par Dominique Aury avec la collab. de Nada Rougier, Gallimard, janvier 1991, p. 385 (édition originale anglaise, 1988).

18 Wolfgang Asholt, « Entre esthétique anarchiste et esthétique d'avant-garde: Félix Fénéon et les formes brèves », Revue d'Histoire littéraire de la France, 99e année, n°3, Anarchisme et Création Littéraire (mai-juin 1999), p. 499-513, en ligne sur Gallica (notamment p. 509-512).

19 Je remercie le personnel de la Bibliothèque de l’Arsenal pour m’avoir accordé communication exceptionnelle de certains volumes hors d’usage.

20 Je remercie le personnel de la Bibliothèque de l’Institut de France, et notamment son directeur Yann Sordet, pour m’avoir permis la consultation de cette collection du Matin.

21 Le choix de cette date permet de déterminer un net infléchissement de la rédaction de ces faits divers entre le 1er et le 28 avril, et de dater par comparaison et évaluation le début des interventions de Fénéon, sans toutefois pouvoir inférer une éventuelle prise en charge antérieure de la rubrique.

22 A titre indicatif, nous avons compilé 1257 nouvelles de juillet à septembre 1906, trimestre où il nous manque une deuxième édition du Matin pour environ une dizaine de journées. La période d’octobre à décembre est en cours de vérification.

23 Félix Fénéon, Œuvres, op. cit., p. 372.

24 « Horrible accident », Radical, 10/9/1906 ; « Un enfant de sept ans coupé en deux par un tramway », Petit Journal, 10/9, La Croix, 11/9 ; Opinion nationale, 11/9, Evénement, 11/9, Union nationale, 12/9.

25 André Wurmser, « Félix Fénéon, homme d’hier », Les Lettres françaises, 3 février 1949, p. 2 (rééd. dans Jean Paulhan, F. F. ou Le critique, Claire Paulhan, 1998, p. 169). Louis Gabriel-Robinet, « L’homme moderne est-il informé ? », Les Annales conferencia : journal de l'Université des annales, volume 61, nouvelle série n°42, avril 1954, p. 36.

26 « Scène sanglante rue Lepic », Petit Journal, 9/10, « Meurtre et suicide rue Lepic », Radical, 9/10, « Une tragédie rue Lepic, La Patrie, 10/10, « La vengeance d'un amant », La Presse, 10/10, « Le drame de la rue Lepic », 10/10/1906.

27 Jean Paulhan, « F. F. ou Le critique », Confluences n°23, nov. 1943 (première apparition du nom d’Abel Bonnard, tout à fait en fin de paragraphe).

28 Au moins soixante-dix reproductions. Voir Annexe.

29 Dans une lettre à Paulhan (du 3/12/1943), suite à la lecture de l’article de Confluences, Fénéon s’étonne que la victime de l’accident de billard s’appelle Abel Bonnard. A juste titre ! « C'est bien fait ! Aux dernières nouvelles, celles de Confluences, j'apprends (page 564, dernière ligne du ch. VI) que l'accident de billard est arrivé à l'académicien Abel Bonnard. Le texte dactylographié ne précisait pas. » On découvre que l’interpolation commise par Paulhan se situe entre la version dactylographiée et la version publiée. Lettre publiée dans Jean Paulhan à travers ses peintres: Exposition Grand Palais, 1er février-15 avril 1974, éd. André Berne-Joffroy, Galeries nationales du Grand Palais, Éditions des musées nationaux, 1974, p. 68 et dans Jean Paulhan, F. F., ou, Le critique, Ed. Claire Paulhan, 1998, p. 94, puis dans Félix Fénéon et Jean Paulhan, Correspondance 1917-1944, Ed. Claire Paulhan, oct. 2019.

30 Retronews (mais aussi Gallica) permet une telle finesse dans le choix des critères de recherche dans son corpus.

31 Quelques analyses : Eileen M. Baldeshwick, « Félix Fénéon and the minimal story », Critique, Studies in Modern Fiction, 14, 1972, p. 63-75. Nicole Bilous, « Journalisme ou littérature ? Les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon », Mélanges André Daspre, Association des publications de la Faculté des lettres, Université de Nice-Sophia Antipolis, 1993, 325 p. (Publications de la Faculté des Lettres de Nice n°15, Nice, 1993, p. 207-226). Jean-Pierre Bertrand, « Par fil spécial : à propos de Félix Fénéon », Romantisme, no 97, 1997, p. 103-112, https://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1997_num_27_97_3241

32 René Delange, « Les faits divers de Félix Fénéon », Carrefour, 13 octobre 1948, p. 7. Cite 38 Nouvelles en trois lignes, https://www.retronews.fr/journal/carrefour-la-semaine-en-france-et-dans-le-monde/13-octobre-1948/1685/3104923/7

33 Edition du Matin du 11 novembre 1906, conservée dans la collection de l’Arsenal.

34 « Aventure bien parisienne », Le Radical, 23 sept. 1906, https://www.retronews.fr/journal/le-radical-1881-1931/23-septembre-1906/795/2537019/4 (reproduit dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, 24 sept.). Le nom d’Eugène Viston est corroboré dans un autre compte-rendu, celui de L’Eclair, 23 sept. 1906 (le peintre est nommé X...), https://www.retronews.fr/journal/l-eclair/23-septembre-1906/2539/3252269/3

35 « Le bon valet de chambre », La Petite République, 23 sept. 1906, https://www.retronews.fr/journal/la-petite-republique/23-septembre-1906/667/1647051/2

36 L’Echo de Paris, 23 sept, https://www.retronews.fr/journal/l-echo-de-paris-1884-1938/23-septembre-1906/120/615267/4

37 La Lanterne, 25 sept. 1906, https://www.retronews.fr/journal/la-lanterne-1877-1928/25-septembre-1906/62/1024745/3

38 La consultation des recensements disponibles pour la ville de Neuilly (ceux de 1901 et 1911) ne permet pas d’identifier ce peintre (https://archives.hauts-de-seine.fr). En 1901, les professions ne sont pas indiquées et l’on ne trouve pas de personnes aux initiales R. S. dans la rue. En 1911, plusieurs artistes peintres sont mentionnés dans la rue Borghèse, dont un peintre espagnol d’origine cubaine, né en 1868, le comte Rodolfo de Mallen, au n°33 ; au n°39, vit l’artiste peintre Léopoldine Villoteau, née en 1852 (au n°19 en 1901) ; au n°41, Antony Werner, né en 1875 à Genève, et sa famille ; au n°104, Sidonie Dupont, née en 1850 ; au n°121, Charles Duvent et sa famille.

Pour citer ce document

Jean-Luc Buard, « Félix Fénéon: Nouvelles en trois lignes ou canulars médiatiques ? Une rubrique du journal Le Matin (1906) au crible de la presse numérisée (ou non) », Presses anciennes et modernes à l'ère du numérique, actes du congrès Médias 19 - Numapresse (Paris, 30 mai-3 juin 2022), sous la direction de Guillaume Pinson et Marie-Eve Thérenty Médias 19 [En ligne], Dossier publié en 2024, Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/presses-anciennes-et-modernes-lere-du-numerique/felix-feneon-nouvelles-en-trois-lignes-ou-canulars-mediatiques-une-rubrique-du-journal-le-matin-1906-au-crible-de-la-presse-numerisee-ou-non