Le « genre » du potin dans la presse jaune au Québec : l’exemple de L’Œil en coulisse (1952)
Table des matières
RACHEL NADON
Apparue à la fin du XIXe siècle en référence aux journaux des Américains William Hearst et Joseph Pulitzer1, connus pour leurs méthodes journalistiques peu orthodoxes, l’étiquette « journal jaune » est une appellation peu glorieuse pour désigner les journaux qui, entre autres choses, décrivent le crime de manière sensationnaliste. Au Canada, à partir des années 1940, des journaux jaunes, dont certains tiennent en partie des pulps américains2, font leur apparition dans les kiosques des grandes villes, en même temps que toute une production fasciculaire sérielle pareillement centrée sur le crime, l’enquête et l’amour3. Le sexe et la sexualité, hétérosexuelle et homosexuelle4, sont aussi l’objet de toute une partie des journaux jaunes, qui en traitent à travers des articles sur le crime ou sur les célébrités. Au Québec, les années 1950 sont, pour Will Straw, l’âge d’or de ces journaux à sensation, placés à l’enseigne de la presse de divertissement. Pour Straw, « in their heightened attention to a culture marked by real or alleged transgressions of moral standards, these publications participated in a distinct construction of a new Québecois modernity5 ».
Dans les années 1950, les autorités publiques, dont les propos sont rapportés dans les journaux, résument souvent la pratique des journaux jaunes aux potins, qui rendraient publics les petits événements « illicites » du nightlife montréalais6 ou qui discuteraient d’informations « distordues » sur des personnes connues7. Mi-échos, mi-canard8, le potin, dans ces journaux, apparaît comme un genre en soi, dont la pratique, à mi-chemin entre publicité et médisance, est encadrée à la fois par la loi (libelle diffamatoire) et par une communauté locale dont elle reflète et nourrit les tiraillements et les intérêts. Dans cet article, j’aimerais explorer cette hypothèse du potin comme genre important de l’économie médiatique des journaux jaunes des années 1950, en ce qu’il montre les limites (en redéfinition) entre l’intime et le politique. Dans un premier temps, j’établirai quelques caractéristiques des journaux jaunes québécois des années 1950, avant de discuter, de manière exploratoire, du genre du potin dans L’Œil en coulisse. Celui-ci, tout comme Ici Montréal, est fondé en 1952, année marquant l’arrivée officielle de la télévision au Québec9, qu’ils précèdent de quelques mois. L’année 1952 est également charnière, puisqu’elle consacre l’arrivée sur le marché francophone des premiers journaux jaunes, qui « se multiplient ensuite très vite10 ».
Les journaux jaunes : éléments de définition et de contexte
Dans une étude du « journalisme québécois d’expression française », paru en 1966 (et qui préfigure leur somme sur La presse québécoise des origines à nos jours), Jean Hamelin et André Beaulieu affirment que les journaux jaunes, qu’ils distinguent des journaux judiciaires et humoristiques, « s’adressent à l’imagination déréglée par des illustrations suggestives. Écrites dans une langue pauvre et vulgaire, ces feuilles n’offrent aucun intérêt11 ». Les deux chercheurs rejouent dans cet article la distinction, vive dans les années 1950 et 1960, entre journaux jaunes, qui feraient un usage illégitime du support du journal, support qui aurait une visée démocratique et civilisationnelle, et les journaux dits « gris », les quotidiens « respectables ». Hebdomadaires vendus 10 sous, les journaux jaunes, qui font 16, 24 ou 32 pages, se spécialisent dans les nouvelles locales (voire communautaires) des grandes villes, et s’opposent à un journalisme dit « sérieux », axé sur la politique et les nouvelles internationales. Le « jaunisme » est également la couleur d’un registre, d’un mode de traitement sensationnaliste de l’information d’ascendance étatsunienne (yellow press) et d’une matérialité distinctive (format in-quarto, fréquente bichromie rouge et noir). En tant que support, le journal jaune induit un pacte de lecture spécifique, qui tient en partie de ce que Yoan Vérilhac et Amélie Chabrier nomment un « pacte de consentement à la contradiction12 » (entre les faits et la fiction, le vrai et le faux), qui concerne in fine tous les espaces, rédactionnels ou fictionnels, du journal à sensation13. Ces journaux à sensation font aussi, on s’en doute bien, une large place aux photos qui investissent la une et la quatrième de couverture, et permettent d’attirer l’attention du lectorat, peu importe l’emplacement du périodique dans le kiosque à journaux. Le jaune serait ainsi la couleur de ce qui serait mauvais : le contenu tout comme la qualité du papier (qui jaunit vite). Au Québec, les journaux jaunes ont d’ailleurs fait l’objet de différentes campagnes politiques, légales et religieuses, qui visaient à interdire leur production et leur circulation dans les années 1950et 196014.
Fig. 1 : Les journaux jaunes utilisent différentes stratégies pour attirer l’attention des acheteurs et des acheteuses potentielles. (Ici Montréal, vol. 6, no 24, 16 novembre 1957.) Source : Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BAnQ)
Sur le plan politique, les journaux jaunes des années 1950 reprennent un discours populiste (dont l’articulation politique « gauche/droite » ne va pas de soi au Québec) qui se développe dès les années 1920 et 1930 autour d’une critique des « puissants » et d’une « défense des faibles15 », termes dont la définition elle-même est assez mouvante. Plusieurs de ces journaux ont des titres et des intitulés qui insistent sur une critique des apparences : ce qui est caché par les puissants (et aurait intérêt à le rester) est la vérité, ce que le journal jaune cherche à dévoiler. Ici Montréal propose par exemple « Les Secrets du Tout-Québec ». Dans le premier numéro, on peut lire que ce journal est « au service du lecteur. Ici Montréal est un journal entièrement libre. Son but premier est de dévoiler la vérité et de révéler les faits réels et cachés16 ». Le journal Tabou « donne les noms et les faits », Montréal Confidentiel se dit « Au service de la vérité ». Quant à L’Œil en coulisse, il se présente comme « le petit journal indépendant au service de la vérité » et affirme dans tous ses numéros être « libre de toute attache et de tout lien gênant ». Dans le numéro 21, on peut même lire que « L’Œil en coulisse est libre de toute influence politique, de toute clique de privilégiés ou de suborneurs qui entravent la marche de la presse libre au pays de Québec17 ». Les journaux jaunes cultivent, à l’image des feuilletons mafieux et policiers qu’ils publient parfois, une paranoïa qui n’est certes pas nouvelle : l’information des grands médias ne servirait pas l’intérêt public, les « puissants » tireraient les ficelles de ce monde. Cette position à la fois défensive (« combattre » pour une certaine information libre et vraie) et offensive (« dévoiler » les faits cachés en dépit de cette force obscurantiste) se traduit par une rhétorique de service public qui construit le lectorat en participant actif. Le lectorat est par exemple invité à faire parvenir « ses récriminations » à Ici Montréal, qui se fera « un plaisir et un devoir d’en faire écho18 » ou à envoyer sa « meilleure information » exclusive à L’Œil en coulisse (et ainsi courir la chance de gagner 10 $). Le « regard », évoqué par de nombreux titres de journaux jaunes dont L’Œil en coulisse, est celui, inquisiteur, du journal, mais aussi celui du lectorat, dont les yeux deviennent le prolongement de ceux du périodique.
L’Œil en coulisse : un modèle américain?
Publié de février 1952 à 195519 (date estimée), L’Œil en coulisse est, sauf erreur, un des premiers journaux jaunes francophones, avec Ici Montréal, à proposer presque exclusivement des potins. Un périodique comme Police Journal, publié de 1942 à 1954, n’en publie aucun; il se concentre plutôt sur le crime, et mélange différents formats de textes fictifs et des éditoriaux d’actualité20. Le petit journal L’Œil en coulisse est publié par André Lecompte, qui gravite autour de la Librairie Henri Tranquille, dont on peut voir des publicités en couverture de certains numéros.
Fig. 2 : La Librairie Henri Tranquille, un lieu culturel central de la fin des années 1940 et des années 1950, achète de la publicité à L’Œil en coulisse (ici, le no 21). Source : BAnQ
Fig. 3 : Le no 25 de L’Œil en coulisse. Source : BAnQ
Cette librairie, qui ouvre ses portes en 1948, est un lieu important de rencontre pour les « jeunes » artistes, poètes et écrivains dont plusieurs sont issus de l’avant-garde de l’époque. de l’avant-garde de l’époque. Personnalité d’apparence querelleuse21, Lecompte travaille pour de nombreux hebdomadaires dits « de divertissement » de l’époque. À partir de 1955, Lecompte fait aussi dans la chanson satirique d’actualités avec des confrères-journalistes, dont Jean Morin, le rédacteur en chef d’un autre journal jaune, Allô Police. Le projet des Scribes22 connaît un grand succès, éclairant la fonction « publique » singulière de ces personnes, à la fois journalistes et chansonniers, recensant les potins du monde nocturne (spectacle, cabarets, etc.) tout en s’y inscrivant, publiant des articles critiques sur les « privilégiés et les suborneurs », et poursuivant ce travail dans la chanson comique. Pour la petite histoire, Lecompte, après avoir travaillé pour plusieurs hebdomadaires de Pierre Péladeau, sera le premier chroniqueur judiciaire du quotidien Le Journal de Montréal, lancé en 196423, qui reprend le format tabloïd des journaux jaunes.
Avant de lancer sa propre publication, André Lecompte s’occupe d’abord de la critique artistique (surtout théâtrale et cinématographique) de l’hebdomadaire le Petit Journal à partir du 23 janvier 1944. Il inaugure sa « rubrique » « L’Œil en coulisse » le 7 mars 1948. Sur deux colonnes et demie, elle ouvre la section « cinéma » du Petit Journal avec des potins, mais aussi des anecdotes ou des histoires drôles.
Fig. 4 : « L’Œil en coulisse » est d’abord une chronique publiée dans le Petit journal. On peut voir ici la rubrique du 6 mars 1949, qui présente une illustration du poète Jean Cocteau (3e colonne). Source : BAnQ
Elle est ponctuée de petites illustrations qui sont en dialogue direct avec ces microrécits qui n’affichent pas nécessairement un intérêt pour la vraisemblance ou même l’originalité, mais qui visent bien davantage l’éclat de rire, le divertissement : « Le poète et cinéaste Jean Cocteau reçoit, paraît-il, tellement d’invitations pour des cocktails qu’il en est à se demander si les gens ne croient pas que Cocteau est le pluriel de cocktail24! » Ce mot d’esprit, dont Lecompte n’est pas l’auteur, est ici repris dans l’espace de la chronique, présentant celle-ci comme un lieu de reprise et de redite, où le plaisir recherché rappelle en partie celui créé par la sérialité stéréotypique25.
En 1952, Lecompte « transfère » sa chronique « L’Œil en coulisse » à La Patrie, mentionnant au passage qu’elle serait « recherchée par une moyenne de 600 000 lecteurs26 ». Il n’y publie que deux fois (3 et 10 février 1952), avant de « délocaliser » sa rubrique pour en faire un petit hebdomadaire en fascicule (11x17 cm) pour la première année27; il adopte un format tabloïd à la fin de l’année 1953. Avec son éditorial d’actualités, son « drame de la semaine28 » et ses potins, il se présente comme une sorte de mélange entre Police Journal (« ancêtre » des journaux jaunes) et les romans en fascicules de l’époque par son format et sa couverture colorée (comme IXE-13, l’as des espions canadiens ou le journal de blagues Fou rire29).
Fig. 5 : L’Œil en coulisse adopte un format similaire au roman en fascicules de l’époque, comme les très populaires Aventures étranges de l’agent IXE-13, publiées par les Éditions Police-Journal (ici, le no 191, 1952). Source : Comic Book +
Contrairement à tous les journaux jaunes cités depuis le début de cet article, l’éditeur de L’Œil en coulisse est bien connu et son nom est publié sur la une : « par André Lecompte ». Ce passage de la colonne à la « revue à sensations », qui met en avant la personne (son nom, son visage) qui recueille les informations me semble assez unique au début des années 1950 au Québec.
Fig. 6 : Le visage et le nom d’André Lecompte apparaissent dans le titre de la publication, à l’image du titre de sa chronique (L’Œil en coulisse, no 8, 12 avril 1952). Source : BAnQ
Fig. 7 : quatrième de couverture du même numéro.
On retrouve le même principe du côté de Sheilah Graham, chroniqueuse mondaine d’Hollywood très en vue de ces années, qui est à la fois columnist et publie de petits « encarts » à son nom30. À l’image même du « genre » du potin, Graham incarne « the domestic and the glamourous, the scandalous and the moralizing—contradictions that formed the crux of dominant ’50s ideologies31 ». Comme Graham, mais à une échelle beaucoup plus modeste (incomparable sur le plan des tirages), Lecompte met en avant son nom comme garantie de la primeur des informations, comme marqueur d’autorité, mais aussi comme image de marque. Dans L’Œil en coulisse, en 1952, le potin joue des registres communautaires (ou « domestique ») et moralisateurs, tout en étant plus « médisant » que « scandaleux ». Il témoigne, comme on le verra, de négociations, au sein même du journal, entre vie privée et espace public.
Le « genre » du potin
Le passage du journal hebdomadaire (Le Petit journal, La Patrie) à la petite revue en fascicule semble avoir autorisé la publication d’informations plus franches et plus diversifiées, et une segmentation plus claire entre les « genres » (éditorial, potin, feuilleton, « courrier du Sans-Cœur », caricatures), autrement rassemblés pêle-mêle dans l’espace de la rubrique. À l'inverse de ce que je pensais au départ, les potins de L’Œil en coulisse (mais aussi des autres journaux jaunes) ne portent pas uniquement sur les vedettes de la radio et de la « nouvelle » télévision locales : les coulisses du titre sont autant celles du théâtre, des journaux, de l’édition que du conseil de ville. Contrairement à certains journaux jaunes qui portent sur le monde du spectacle, L’Œil en coulisse ne s’adresse pas d’entrée de jeu aux touristes en quête de divertissements pour adultes32. L’organisation générale de L’Œil en coulisse, tout comme Ici Montréal, est somme toute assez plastique au fil des livraisons, mais les potins constituent le cœur constant de la publication.
Regroupés sous le titre « ŒILLADES », les potins font en général trois à cinq lignes, mais peuvent être un peu plus longs. Participant de ce que Marie-Ève Thérenty et Guillaume Pinson nomment « la civilisation du minuscule33 », les potins tiennent rarement du « scandale », plus souvent de l’anecdote, ce que Guillaume Pinson nomme « la version mondaine du fait divers ». Dans l’anecdote, dit-il, « c’est la parole qui est l’événement » :
Tout se passe donc comme si le savoir ultime de l’anecdote était un savoir oral, échangé de bouche en bouche, ce qui pose la question du rapport qui peut exister entre la conversation et le texte du journal. Car l’anecdote est bien souvent un texte imprimé qui cherche à produire l’illusion de la parole vive34.
Or, cette « parole vive » des journaux jaunes n’est pas celle de la mondanité, mais d’une conversation « ordinaire », familière, pas tout à fait encore une rumeur, les objets étant parfois aussi banals qu’une information sur l’ouverture prochaine du « camp Vierge du Sourire à Chambly Bassin35 ». La « mondanité » du potin semble ainsi cadrée et produite par un régime de la célébrité qui n’est pas celui du « vedettariat », mais de la publicité.
Cette information « ordinaire » dessine les contours d’une communauté dont elle suppose et produit les intérêts, et reproduit la polyphonie. Dans l’édition du 3 mai 1952, L’Œil en coulisse écrit par exemple que : « L’affaire d’un nouveau poste de radio à Montréal est en bonne voie de réalisation. Impossible de publier plus de détails pour le moment, afin de ne pas nuire aux organisateurs. À plus tard36. » Le potin se présente ici également comme « sans origine », asseyant comme l’affirme Pinson l’autorité du journal dans le relais de cette petite information. Publicisant en même temps que produisant l’information « en tant » qu’information, l’énonciation reproduit une scénographie de la rencontre habituelle, celle du café ou du coin de rue, en terminant sur une expression très conversationnelle, « à plus tard ».
Les potins publiés dans L’Œil en coulisse en 1952 se situent souvent à mi-chemin entre une nouvelle d’actualité et un fait divers sans embrayeurs temporels et spatiaux (pratique courante dans les journaux jaunes) : les référents des potins sont parfois clairs, parfois non, selon la teneur de l’information publiée. Les potins des éditions de 1952 que j’ai dépouillés sont cependant plus « intrusifs » lorsqu’ils concernent le monde politique que les artistes, dont on critique l’apparence, la voix, les émissions, mais peu les mauvaises conduites.
Un gouverneur de la Société Radio-Canada a été vu saoul-mort, au cours d’une récente réception, à Montréal37.
Le potin exploite une rhétorique de l’allusion qui crée une communauté de « gens-qui-savent » (ceux qui sont au courant des détails de « cette récente réception »), suscite une « volonté de savoir », nourrit une complicité avec le lectorat qu’il constitue en communauté. L’utilisation de déterminants génériques/généraux comme « un » (un gouverneur, une réception) est contrebalancée par les référents réels (Radio-Canada, Montréal), ce qui crée un effet de vraisemblance que cautionne aussi le stéréotype des soirées arrosées des gens haut placés.
Fait intéressant, ce petit potin, qui exploite un travers d’un cadre en vue de la société d’État, est suivi d’une « note de la rédaction » qui fait retour sur ledit potin.
N.D.L.R. Nous profitons de l’occasion pour faire une mise au point qui s’impose. Quelques lecteurs nous ont reproché, fort aimablement d’ailleurs, de ne pas apporter assez de précisions dans certains potins que nous publions ici. Comme, par exemple, dans le potin ci-dessus, le nom du « gouverneur » est omis. C’est regrettable, mais nous ne pouvons le publier. Il existe chez nous des lois qu’il faut incontestablement respecter. L’Œil en Coulisse, plus que toute autre publication locale, tient à dire TOUTE LA VÉRITÉ tout en restant, autant que possible, dans les limites de la légalité. Que les lecteurs nous fassent donc confiance. Chaque fois qu’il nous est possible de PRÉCISER, nous y allons carrément. Ceux qui nous lisent régulièrement en savent quelque chose38.
La « mise au point » de la rédaction fait allusion aux « lois qu’il faut incontestablement respecter ». Ces limites légales du potin, essentiellement le libelle diffamatoire, font de l’omission une pratique centrale du « genre » (« le nom du gouverneur est omis »), tout en réaffirmant l’autorité du journal, fondé sur la « précision » et la « vérité » (deux termes écrits en majuscules). La Note évoque ainsi, à tort ou à raison, le caractère risqué de la pratique du potin, que le lectorat peut vivre par l’entremise de la lecture. L’insistance sur la « vérité » est toutefois paradoxale. Le pacte de lecture se fonde sur une confiance mutuelle dans la « vraisemblance » de l’information, dans la « primeur » de la source et dans le discernement de l’auteur dont le jugement serait orienté vers le bien commun. Or, du fait de sa publication dans un journal jaune, le potin n’est vrai que conditionnellement à sa vérification en « hors-texte » auquel il fait signe, il est vrai d’une vérité qu’on aimerait croire réelle, ce qui constitue tout le plaisir de sa lecture. Le potin, figure de la répétition (à l’image des chansons qui ponctuent les pages d’Ici Montréal par exemple), peut refaire surface dans les pages du journal39, être relayé, confirmé ou réfuté par d’autres publications de même type. Les sections « Publications » ou « Journaux » permettent à ce titre, entre autres choses, de reconstituer l’écosystème des journaux à potins.
Alors que les journaux dits sérieux dénoncent le caractère « obscène » ou « pornographique » des journaux jaunes, force est de constater que les potins qui concernent des personnes réelles touchent, dans L’Œil en coulisse, rarement à la sexualité. En 1952, on écrit que « Jean Joncas (CKVL) se vante tellement fort, en public, d’avoir “possédé” une certaine artiste de la radio qu’il pourrait bien faire face à une poursuite judiciaire un de ces jours. Grand faiseur40… » Le potin concerne moins la relation entre Joncas et « une certaine artiste de la radio » que l’attitude inutilement vantarde de Joncas. Contrairement à la NDRL précédente, qui explique les limites judiciaires de la publication de potin, ici l’énonciation montre une intégration et une performance de cette limite discursive (le risque de la poursuite judiciaire), en tant que norme sociale qui encadre les objets touchant à la « vie privée », à l’intimité des personnes connues.
Le journal agit ainsi comme « texte-relais », pour reprendre l’expression de Pinson, en véhiculant certaines valeurs et informations, mais aussi en publicisant en détail, sous couvert de « bavardage », les lieux illicites de divertissements nocturnes :
Il y a un présumé blind pig à l’angle des rues Sherbrooke et Cadillac. Le tenancier serait un ancien propriétaire de club de nuit de la métropole41.
Il y a donc beaucoup d’activité au Club Social de LaSalle au 4974 est, Notre-Dame. On y joue aux dames, sans doute42?...
Ces potins précis semblent constituer l’énonciateur du potin en enquêteur ou du moins en passant bien informé et attentif. À l’image de ce que Pinson et Thérenty soulignent à propos des microrécits, soit l’idée que l’attention aux détails participe d’un imaginaire policier, le journal jaune, dans son traitement des divertissements pour adultes, exploite pareillement à la fois une « culture de la nuit urbaine43 » fascinante et une publicité des détails de la vie privée. Ces potins entrent en échos avec le feuilleton (commencé en 1953) de L’Œil en coulisse, « Je suis une buveuse de champagne44 », qui met en scène les « confessions » d’une jeune travailleuse du sexe de Montréal dans les maisons closes du centre-ville. Les « confessions » sont pour ainsi dire le pendant ouvertement fictif des « potins », supposant tous deux une situation d’énonciation analogue, le potin impliquant une information confiée à une autre personne. Les « coulisses » où se promène « l’œil » varient ainsi beaucoup, rejouant de différentes manières la mise en scène de la « vue » (donc de l’expérience) et l’objet du dévoilement.
Enfin, si le journal d’André Lecompte cherche à faire sensation, il arrive qu’il fasse plutôt scandale. En 1952, Lecompte passe par exemple une nuit en prison « pour avoir publié dans son journal L’Œil en coulisse une caricature qui, au dire de la police des mœurs, aurait été jugée scandaleuse45 ». Lecompte se serait présenté six fois en audience pour voir la plainte rejetée par le juge Willie Proulx (de la Cour des sessions de la paix de Montréal), qui a jugé l’image anodine46. L’éditeur de L’Œil semble créer également un « scandale littéraire » en 1953. Lecompte aurait dû « tuer la une » de son journal à la suite de pressions du milieu littéraire de la famille du poète Sylvain Garneau. La une originale de la livraison du 17 octobre 1953 (no 80) aurait annoncé que « [Sylvain] Garneau a été “assassiné” ». Poète prometteur, Garneau s’est suicidé au début du mois. Dans son journal, Lecompte aurait accusé la « bohème montréalaise » (qu’il fréquente) d’avoir « assassiné » moralement le poète Sylvain Garneau, préfigurant en cela l’énoncé polémique de Jean Le Moyne à propos de St-Denys-Garneau. Dans ce cas-ci, c’est moins l’événement qui fait scandale, que la une du journal elle-même, qui fait l’objet d’un long article dans un autre journal jaune, Crime et Châtiment, en 1955. « Échotier » depuis 1948, Lecompte semble naviguer entre le journalisme jaune et le milieu littéraire de l’époque, montrant que les lignes de partage entre une culture dite « populaire » et dite « légitime » ne sont peut-être pas aussi franches ou aussi opérantes qu’on peut le penser.
Fig. 8 : Le journal Crime et Châtiment revient, en 1955 (vol. 11, no 14, 17 septembre 1955, p. 4), sur un « scandale » qu’aurait créé, au sein du milieu littéraire, L’Œil en coulisse en 1953.
En conclusion, L’Œil en coulisse, un des premiers journaux à potins publiés au Québec en français, est en vérité un journal assez hybride. Si les autorités politiques et religieuses de ces années dénoncent le contenu de ces « feuilles obscènes », force est de constater que ces critiques concernent peut-être moins les potins qu’une pratique journalistique qui joue aux limites du vraisemblable et du fictif, et qui teste les limites de ce qui est perçu comme « privé ». À ce titre, à la nouvelle du lancement de L’Œil en coulisse, H. P. (sans doute Huguette Proulx) souhaite une longue vie à cette « petite revue à sensations », tout en souhaitant que L’Œil en coulisse « veille à respecter la vie intime des gens47 », ce que ne feront pas toujours les journaux jaunes. Bien que les hebdomadaires de divertissement publient des sections à potins, le « journal jaune » qui s’y dédie fait l’objet d’un jugement plus vif. En mettant en avant la « vérité » et un attachement « aux noms et aux faits », ces journaux font état d’une méfiance envers un discours d’autorité qui n’est pas sans lien avec le contexte social de l’époque (corruption politique et policière, fortes activités des groupes criminels en ville, etc.). Un journal jaune comme L’Œil en coulisse met en scène une parole démocratique, multiple, ouvertement critique, par son énonciation, sa forme et son support, d’un certain usage du journal. Par sa rhétorique de l’allusion, par une manière à la fois générale et détaillée de cadrer l’information, par sa façon d'exploiter des stéréotypes, des microrécits et une oralité familière, le potin est une sorte de « petite annonce » de l’ordinaire. Il offre en ce sens une matière très riche pour l’histoire culturelle. Les objets du potin, au début des années 1950, concernent tous les aspects de la vie culturelle, y compris la littérature, dont ils recensent les conflits, les interrogations courantes. Certains potins, dans L’Œil en coulisse, donnent également accès à une expérience concrète, appréciative ou non, d’écoute de la radio, de lecture de romans, de visionnement d’émissions de télévision, de publicités très précises, qu’il faudrait recenser pour mieux réfléchir aux usages de la culture.
Loin encore d’une pratique attachée aux scandales des célébrités, les potins se présentent, en 1952, comme une manière spécifique de s’informer, rapide et discontinue, mais présentée par L’Œil en coulisse comme aussi complète et riche que la lecture d’un « journal de 72 pages48 ». Alors que L’Œil en coulisse semble cesser de paraître en 1954 ou 1955, Ici Montréal, lancé en 1952 est publié jusqu’en 1966. Alors que le journal de Lecompte reste peut-être conservateur dans le traitement de ses objets, Ici Montréal investit progressivement un intérêt fort pour les histoires sexuelles. Dès 1954, en plus des « secteurs d’activités » habituels (affaires, politique, sport, radio, journal, littérature), les potins portent sur les « Rackets et Profiteurs », la « Police » et la « Sexualité ». Cette dernière section concernant principalement les personnes homosexuelles aperçues en ville ainsi que les nouvelles des maisons closes incluant les tarifs et les enjeux touchant le travail du sexe. Corpus foisonnant, la presse jaune apparaît comme un réservoir de pratiques d’écriture et de lecture essentielles à l’histoire des imprimés et à l’histoire culturelle québécoise des années 1950 et 1960.
Notes
1 Pour une histoire de la Yellow Press étatsunienne, voir : W. Joseph Campbell, Yellow Journalism. Puncturing the Myths, Defining the Legacies, Westport (Connecticut), Praeger, 2001, p. 26. Voir aussi Daniel Cohen, Yellow Journalism. Scandal, Sensationalism and Gossip in the Media, Brookfield (Connecticut), Twenty-First Century Books, 2000 et David R. Spencer, The Yellow Journalism. The Press and America’s Emergence as a World Power, Evanston (Illinois), Northwestern University Press, 2007.
2 Pour Will Straw, « a number of magazines published at the beginning of the decade [1940] bore a close resemblance to the American pulp magazines ». Il souligne que, contrairement aux États-Unis, ces magazines vont être publiés au moins jusqu’à la fin des années 1940. (« Nota Roja and Journaux Jaunes. Popular Crime Periodicals in Quebec and Mexico », dans Graciela Martinez-Zalce, Will Straw et Susana Vargas [dir.], Aprehendiendo al delincuente : Crimen y medios en América del norte, Mexico City, CISAN/UNAM/Media@McGill, 2011, p. 59).
3 Je pense ici aux romans en fascicules comme IXE-13, l’as des espions canadiens, Montréal Détective ou même Diane la belle aventurière. Pour une analyse de cette production, voir entre autres Guy Bouchard et coll. (dir.), Le phénomène IXE-13, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, 1984; Sylvie Provost, « Avez-vous déjà lu IXE-13, Albert Brien, Guy Verchères…? », Études littéraires, vol. 15, no 2, août 1982, p. 133-164; Marie-Pier Luneau et Jean-Philippe Warren, L’amour comme un roman. Le roman sentimental au Québec d’hier à aujourd’hui, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Socius », 2022.
4 Line Chamberland et Ross Higgins, « Mixed Message: Gays and Lesbians in Montreal Yellow Papers in the 1950s », dans Ian McKay (dir.), The Challenge of Modernity: A Reader on Post-Confederation Canada, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1992, p. 421–438.
5 Will Straw, « Canada : The Québécois journaux jaunes (yellow papers) », Print Culture and Urban Sensationalism [en ligne], consulté le 26 octobre 2022, URL : https://willstraw.com/the-quebecois-journaux-jaunes-yellow-papers/.
6 Ces journaux constituent une source d’informations importante sur toutes les activités qui constituent le nigthlife urbain de ces années (barbottes, maisons closes, débits de boissons variés, cabarets, spectacles d’artistes). Voir les travaux de Viviane Namaste : Imprimés interdits, Québec, Éditions du Septentrion, 2017 et C’était du spectacle! L’histoire des artistes transsexuelles à Montréal, 1955-1985, Montréal/Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2005.
7 Dès les années 1940 et jusqu’à la fin des années 1960, les autorités religieuses et plusieurs personnalités politiques, comme le maire de Montréal Jean Drapeau, pourfendent la presse jaune en raison, notamment, des informations inexactes qu’elle publierait. Pour une étude détaillée des campagnes contre la presse jaune et de ses discours, voir Namaste, Imprimés interdits, op. cit.
8 Suivant le « Petit lexique des formes journalistiques », Études françaises, vol. 44, no 3, 2008, p. 13-22.
9 Si des tests sont effectués à l’été 1952, le lancement officiel de la télévision est le 6 septembre 1952. Le journal de Lecompte est lancé le 23 février 1952, et Ici Montréal, le 21 juin 1952. Ils constituent vraisemblablement les premiers du genre publiés en français au Québec.
10 Ensuite, « on compte au moins 21 nouvelles feuilles du genre entre 1954 et 1958 » (André Beaulieu et Jean Hamelin, « Avant-propos », La presse québécoise des origines à nos jours. Tome IX : 1955-1963, Québec, Presses de l’Université Laval, 1989, p. 10). Ce modeste nombre est sans doute bien loin de la réalité.
11 André Beaulieu et Jean Hamelin, « Aperçu du journalisme québécois d’expression française », Recherches sociographiques, vol. 7, no 3, 1966, p. 344.
12 Amélie Chabrier et Yoan Vérilhac, « Quel pacte de lecture pour l’information divertissante? », Belphégor, vol. 19, no 1, 2021, paragr. 25.
13 Voir aussi, à ce propos, Matthieu Letourneux, « Sérialité générique, modes de consommation et question de vérité. Le cas de Détective », Criminocorpus, no 12, 2018, https://doi.org/10.4000/criminocorpus.4886.
14 Viviane Namaste, Imprimés interdits, op. cit.
15 Il s’agit d’une paraphrase du slogan de La Presse, un quotidien perçu comme « jaune » au début du XXe siècle, mais qui acquiert ensuite une respectabilité certaine. Il s’agit également du titre d’un projet de ma co-superviseure de stage postdoctoral, Marie-Pier Luneau.
16 S. a, « Au service du lecteur », Ici Montréal, vol. 1, no 1, 14 juin 1952, p. 15. Quelques années plus tard, le journal se fait justicier : le journal est publié « le lundi de chaque semaine par Distribution Express Ldt. Son but est de révéler au grand public tout ce que les grands journaux qui sont à la solde des puissantes organisations financières lui cachent ou n’osent pas lui dire. » (s. a., « Ici Montréal », Ici Montréal, no 271, 17 août 1957, p. 2.)
17 S. a., « L’Œil en coulisse », no 21, s. d., p. 10.
18 S. a, « Au service du lecteur », op. cit., p. 15.
19 André Lecompte cède la direction de L’Œil en coulisse à Bernard Turcot, qui souhaiterait en faire « un journal d’information plutôt qu’un journal à potins » (s. a., « En flirtant dans les studios et les coulisses », Radiomonde et Télémonde, 11 septembre 1954, p. 15.) André Lecompte y conserve toutefois une chronique « Œillades » et continue d’être le propriétaire de la publication. Il déclare faillite, en tant qu’éditeur, en février 1956. On peut donc penser que le journal a été publié jusqu’en 1954 ou 1955.
20 À plusieurs égards, il ne peut être considéré comme un journal jaune. Pour une étude partielle de Police Journal, voir : Jonathan Livernois et Rachel Nadon, « Un même ennemi? IXE-13, l’as des espions canadiens et l’Œuvre des tracts : analyse croisée des pratiques fasciculaires et des stéréotypes anticommunistes (1940-1950) », Mens, vol. 21, no 2, printemps 2021, p. 39-62.
21 En 1950, il participe, avec l’écrivain Jean-Jules Richard, à un procès-spectacle en riposte à l’« arrestation » de la sculpture de Robert Roussil. En 1960, Lecompte est accusé de libelle diffamatoire par Pierre DesMarais, de la Ligue d’action civique; il sera reconnu coupable en 1963 (« Amendes de 800 $ à un hebdo et à un journaliste », Le Droit, 14 décembre 1963, p. 2). En 1960, il est aussi mêlé à une histoire de faux enregistrements et de revolvers qui implique Serge Brousseau et le parti de l’Union nationale.
22 Le collectif Les Scribes rassemble plusieurs journalistes, qui se produisent à la boîte à chanson Le Scribe : outre Jean Morin et André Lecompte, on compte André Rufiange (pilier du futur Journal de Montréal également), Jacques Normand, Maurice Desjardins et Clément Fluet. « De toute manière “Le Scribe” (le nom a été trouvé par Maurice Desjardins) sera la boîte des journalistes. Dirigée par des journalistes, animée par des journalistes, la boîte sera fondée dans le but de se moquer tout haut de tous et de chacun. La satire, la raillerie, la parodie, le mot qui frappe juste, l’expression mordante et impitoyable seront les colonnes de ce temple de la mise en boîte » (Clément Fluet, « “Le Scribe” sera la boîte de la vraie mise en boîte! », Radiomonde et Télémonde, 29 octobre1955, p. 3). Les murs sont décorés par des caricatures de Berthio et de Normand Hudon, et un rideau de satin jaune rappelle la salle de théâtre, sans être « un symbole pour le journalisme jaune si répandu… », précise-t-on. (Huguette, « Cinq “scribouilleurs” vont ouvrir “Le Scribe”, première véritable boîte à chanson de notre époque », Radiomonde et Télémonde, 12 novembre 1955, p. 5.)
23 Sur le plan matériel, Le Journal de Montréal s’inscrit en ligne directe avec les premiers journaux jaunes à potins comme Ici Montréal et Allô Police.
24 André Lecompte, « L’œil en coulisse », Le Petit Journal, 6 mars 1949, p. 61.
25 Matthieu Letourneux, Fictions à la chaîne : littératures sérielles et culture médiatique, Paris, coll. « Seuil », 2017.
26 André Lecompte, « L’œil en coulisse », La Patrie, 3 février 1952, p. 63.
27 Radiomonde annonce rapidement le lancement de L’Œil (s. a., « En flirtant dans les studios et les coulisses », 16 février 1952, p. 6).
28 Celui-ci est écrit par Henri Poulin, qui publie également dans Le Petit journal.
29 À ce sujet, voir mon article : « Pour une histoire culturelle de la presse jaune : liberté de presse, censure et humour au Québec dans les années 1950 », dans Mathilde Barraband, Anne-Marie Duquette et Marie-Odile Richard (dir.), (Dé) limiter la littérature et l’art. Usages et usinages de la liberté d’expression, Laboratoire L’Art en procès [en ligne], 2022, p. 112-144.
30 Ces petites publications sont publicisées comme des « one-off “specials”—Sheilah Graham Hollywood Yearbook, Sheilah Graham’s Hollywood Romances—for Dell Publishing, using her brand to encourage fan magazine readers to purchase material that had clearly simply being repackaged in “special” form. » (Ann Helen Petersen, « The Gossip Industry: Producing and Distributing Star Images, Celebrity Gossip, and Entertainment News, 1910–2010 », thèse, University of Texas at Austin, mai 2011, p. 85.) Graham intervient également régulièrement à la télévision et la radio à partir de 1949 (idem.) Pour Petersen, Graham reste « a Hollywood columnist in the traditional style, cultivating relationships with stars and regularly moralizing on the pages of the fan magazine » (Ibid., p. 86.).
31 Ibid., p. 85.
32 Il y a bien une section « Montréal la nuit », qui publie des potins liés aux cabarets par exemple. Cela dit, la segmentation par « domaine » (télévision, radio, sport, etc.) est abandonnée quelque part entre le numéro 8 et le numéro 21. Dès lors, tous se retrouvent sans distinction dans l’espace principal de la revue.
33 Marie-Ève Thérenty et Guillaume Pinson, « Le minuscule, trait de civilisation médiatique », Études françaises, vol. 44, no 3, 2008, p. 7.
34 Guillaume Pinson, « Rumeurs et anecdotes : imaginer la mondanité dans la presse, vers 1900 », Tangence, no 80, hiver 2006, p. 91.
35 S. a., « Œillades », L’Œil en coulisse, no 11, 3 mai 1952, p. 7.
36 Ibid., p. 8.
37 S. a., « Œillades », L’Œil en coulisse, no 11, 3 mai 1952, p. 8.
38 Ibid.
39 « Si jamais on annonce officiellement que Huguette Lemay est en France, Le Petit journal se souviendra-t-il que L’Œil en coulisse l’avait aussi “scoopé” sur cette nouvelle, il y a deux mois…? » (S. a., « Œillades », L’Œil en coulisse, no 8, 12 avril 1952, p. 6.)
40 S. a., « Œillades », L’Œil en coulisse, no 8, 12 avril 1952, p. 15.
41 S. a, « Œillades », L’Œil en coulisse, no 25, 30 août 1952, p. 6.
42 Ibid., p. 12.
43 Will Straw a bien montré comment les journaux jaunes, puis les hebdomadaires culturels, construisent la nuit comme l’espace de la culture et parfois aussi de l’expérience de la transgression. Voir : « Media and the Urban Night », Articulo : Journal of Urban Research, no 11, 2015, URL : https://journals.openedition.org/articulo/3098.
44 Le feuilleton est présenté comme un « récit [publié] dans le seul but d’attirer l’attention du public et des autorités sur la grande détresse des filles de joie et l’urgence de mettre un frein aux activités de ceux qui les exploitent » (« Je suis une buveuse de champagne », L’Œil en coulisse, no 78, 12 octobre 1953, p. 14-15.)
45 La P’tite du populo, « de-ci, deçà… par-ci, par-là…, couci-couça… », Radiomonde, 16 août 1952, p. 7.
46 Ses propos sont rapportés dans un article du Devoir : « Je me demande comment on peut traîner un citoyen en correctionnelle pour une pareille baliverne? Juste quelques coups de crayon… » (s. a., « Plainte rejetée contre A. Lecompte », Le Devoir, 11 décembre 1952, p. 5.)
47 H. P., « Deux journalistes deviennent directeurs de publications, André Lecompte et Yves Jasmin », Radiomonde, 1er mars 1952, p. 9.
48 Quatrième de couverture, L’Œil en coulisse, no 28, s. d.