Les multiples vies de l’assassinat de la femme Renault: reconfigurations narratives, redynamisations médiatiques
Table des matières
NICOLAS GAUTHIER
Le procès lié à l’assassinat de la dame Renault, qu’on a aussi appelé le « drame de la rue du Temple » ou le « crime de la rue du Temple », a animé la presse parisienne en mars 1839. On ne saurait s’en étonner : s’y rattachent à divers degrés quarante-six inculpés, douze accusés, quinze vols, un meurtre crapuleux, un sordide triangle amoureux et une panoplie de criminels des bas-fonds. L’événement a tout pour séduire journaux et lecteurs. Sans surprise, on en trouve aussi trace dans la fiction. Ainsi, Eugène Sue s’en serait inspiré pour créer le Maître d’École, le Chourineur, Tortillard et Fleur-de-Marie dans ses Mystères de Paris (Journal des débats, 19 juin 1842 au 15 octobre 1843). Ce sont cependant d’autres « vies littéraires » de ce crime qui nous retiendront ici.
Pour préparer notre étude de différentes narrativisations et médiatisations de cet assassinat, rappelons avec Dominique Kalifa qu’une « affaire, pour les hommes et les femmes du XIXe siècle, c’est d’abord une histoire criminelle, un procès, une cause, grande ou petite, célèbre ou pas1 », dont une partie de la séduction repose sur le fait que « le crime résiste à la compréhension, […] porte en lui une énigme, diffuse autour de lui une profonde opacité [quant aux ‘‘] mystères’’ de la personnalité criminelle2 ». C’est sur cette « opacité » que se fondent les récits que nous aborderons. L’affaire prend de multiples formes médiatiques, alors que des quotidiens en usent pour se livrer à des expérimentations sur la littérarité et le matériau judiciaire. Ainsi, de 1838 à 1869, la presse donne vie à cette affaire, puis la reconfigure et la redynamise à plusieurs reprises.
Présences médiatiques de l’affaire de la rue du Temple
Réduit à sa plus simple expression, le drame de la rue du Temple est le meurtre de la femme d’un marchand de fournitures de lit durant un vol. Son corps, frappé de « blessures [au couteau], plusieurs au ventre et à la gorge, une à la tempe droite, pénétrant jusque dans la bouche, et six à la partie postérieure du cou3 », est trouvé par sa fille, qui croise les assassins lors de leur fuite. Ces repris de justice, Jean-Victor Soufflard et Louis-Simon Lesage, font partie d’une bande dont quatre autres membres participent directement à ce crime : Alphonse-André Micaud, Jeanne Lesage, dit la veuve Vollard, son fils Fifi et Eugénie Alliette, impliquée dans un triangle amoureux avec Soufflard et Micaud (ce dernier, après avoir été l’amant d’Alliette, a été délaissé et est maintenant avide de vengeance). Malgré les manœuvres des assassins, qui abandonnent leurs redingotes, modifient leur apparence chez un barbier et se terrent dans des logements discrets, ces criminels sont arrêtés grâce à des indicateurs, des souricières et des filatures policières. Voilà le canevas du drame, exposé lors du procès en mars 1839.
Dans un article éclairant consacré aux « itinéraires des causes célèbres », Amélie Chabrier expose que ce drame a été raconté dans « trois supports (article du journal quotidien, cause célèbre en recueil, puis roman)4 ». Dans notre optique, il convient d’y voir des étapes pour insister sur son inscription dans la presse. La première, la couverture par les journaux de l’enquête en juin 1838, appartient explicitement à cet univers, tout comme la seconde, c’est-à-dire la couverture du procès en mars 1839. Pour sa part, la troisième étape, celle de la « cause célèbre », n’est pas inscrite d’emblée dans la presse : la synthèse du drame qu’offre Armand Fouquier paraît en 1858 dans son recueil Causes célèbres de tous les peuples, sous la forme d’un fascicule intitulé « Soufflard et Lesage ». Cependant, divers fascicules de ce recueil ont trouvé leur chemin dans la presse, notamment dans Le Figaro en 1866 et 675. De plus, cette synthèse a nourri la quatrième étape, les récits La Bande de la belle Alliette, que publie Eugène Chavette dans Le Gaulois du 25 mai au 3 juillet 1869, et L’Assassinat de la rue du Temple que Constant Guéroult publie dans La Petite Presse, du 2 juin au 16 octobre 1869. Cette dernière étape est donc elle aussi inscrite dans la presse.
Reconfigurations narratives
Médiatiquement, le meurtre de la dame Renault naît le 6 juin 1838 : Le Droit et La Gazette des Tribunaux lui consacrent un article substantiel, Le Siècle un entrefilet. La nouvelle est reprise le 7 juin dans Le Constitutionnel, le Journal des débats et Le Siècle et, le 8, dans La Presse. Hormis Le Siècle, les journaux récupèrent, tel quel ou légèrement modifié, le texte du Droit. Jusqu’au 15 juin, les articles se multiplient6, les quotidiens politiques se nourrissant des journaux judiciaires. Durant les trois semaines suivantes, l’affaire est mentionnée hebdomadairement, au gré de pistes ou d’arrestations qui y sont liées, à tort ou à raison. À partir de juillet, sa présence médiatique devient plus épisodique : elle réapparaît les 8 et 9 août avec une arrestation, les 27 et 28 août après des aveux, le 20 septembre lors d’une confrontation de suspects à des témoins, le 11 octobre en raison de nouvelles révélations. Cette première étape, au déploiement irrégulier, n’est cependant que peu utile pour nous, comme l’illustre le cas de Louis Soumagnac.
Le 14 juin, La Gazette des Tribunaux – suivie le 15 par Le Constitutionnel, le Journal des débats et Le Siècle – annonce l’arrestation de Louis Soumagnac, un des inculpés du procès de Lacenaire en 1836, qui serait maintenant lié au meurtre de la rue du Temple. Puis, le 6 juillet, ces mêmes journaux annoncent sa libération après la validation de son alibi. Le Droit l’évoque aussi, mais en rappelant qu’il a été « arrêté sur une dénonciation anonyme écrite dans les communs de l’hôtel Boufflers7 » et en notant ne pas avoir rapporté l’arrestation, ne pas s’être laissé prendre à cette fausse piste. L’exemple montre que les articles sur l’enquête policière, marquée par des erreurs, des impasses, des informations dissimulées au public, et les suppositions émises dans les journaux ne fournissent pas un récit cohérent. Ainsi, le 11 octobre, Le Constitutionnel consacre un entrefilet à Soufflard et Lesage pour le crime de la rue du Temple et, immédiatement après, quelques lignes à Micaud et Alliette pour une autre affaire, sans associer les deux textes, alors que ces individus seront ensuite indissociablement liés au meurtre. La couverture de l’enquête offre donc des informations éparses se recoupant partiellement, mais pas encore un récit solide.
Le procès tenu du 8 au 19 mars 1839 a trouvé une place ponctuelle dans la presse régionale8, régulière en pages 2 ou 3 dans les grands quotidiens parisiens (La Presse, Le Siècle, Le Constitutionnel, le Journal des débats) et, bien sûr, privilégiée dans la presse judiciaire (La Gazette des tribunaux et Le Droit). Cette dernière offre des articles annonçant le procès et rappelant ce qui est connu de l’affaire dès le 28 février, puis une description quotidienne minutieuse des débats à la cour d’assises dès le 9 mars, généralement en première page9. Tout en relatant le procès (les témoignages, les preuves, la comparution des témoins et des accusés), ces journaux figent le récit du meurtre, établissant les faits quant à la victime, aux criminels, aux événements, etc. C’est alors que se met en place la première configuration narrative stable du crime de la rue du Temple.
Ce canevas initial met en évidence deux éléments. D’une part, les journaux insistent sur la bande de criminels de bas étage : les assassins sont individualisés, mais exemplifient surtout une criminalité des bas-fonds sauvage et menaçante. D’autre part, l’enquête est posée comme une démarche rigoureuse, méthodique, scientifique. Le Droit décrit le travail des enquêteurs, retranscrit des témoignages techniques arides et reproduit des documents (des observations pour déterminer si les lésions des suspects découlent d’une lutte avec la victime10, des relevés effectués en examinant le corps de celle-ci), sans négliger les descriptions minutieuses des blessures sanguinolentes. Ce récit du drame de la rue du Temple en est un de confrontation entre les autorités, qui enquêtent rigoureusement, et la criminalité associée aux « classes dangereuses11 ».
Vingt ans plus tard, Fouquier reconfigure ce récit en repoussant les démarches de l’enquête en périphérie, en en soulignant moins la rigueur et en omettant divers éléments et documents. Présentant un fait historique, son fascicule est marqué par un effort de synthèse et une distance temporelle qui tranche avec la proximité de la couverture du procès par les journaux, laquelle donnait à voir des criminels menaçant la société de leurs abonnés. Fouquier reconfigure aussi ce que l’on sait du crime : il réorganise la bande, fait de Soufflard son cerveau et met de l’avant le triangle amoureux impliquant Alliette, « la figure la plus curieuse peut-être de cette ténébreuse association12 ». Il change significativement la perspective des récits des journaux de 1839, faisant des acteurs du drame un personnel romanesque (il identifie un criminel dominant et instaure des tensions amoureuses et décisionnelles entre les individus). Il arrive à donner l’impression d’offrir un nouvel accès privilégié aux dynamiques de la bande, de nous permettre de la voir de l’intérieur.
La plongée dans les rouages de l’association criminelle se poursuit avec l’étape suivante où la version de Fouquier est à son tour reconfigurée. Dans La Bande de la belle Alliette, c’est le personnage éponyme, devenue une femme fatale, qui, sous la plume de Chavette, est le cerveau du groupe et en organise les opérations. Dans L’Assassinat de la rue du Temple, Constant Guéroult transforme plutôt Fifi, un gamin parisien débrouillard et voleur de bas-étage, en criminel exceptionnel, qui sauve sa bande et déjoue les efforts de la police13. Ces changements éloignent encore davantage ces récits de celui de 1839. De plus, les forces de l’ordre sont mises au premier plan. Chez Chavette, le lecteur suit l’enquête du policier Lécureuil, qui parvient à capturer les coupables ; chez Guéroult, il observe celle de Milord14, policier intelligent, courageux, doué pour le combat, maître du déguisement, bref surhomme feuilletonesque, qui donne même son titre à la seconde partie du récit (« La revanche de Milord »). Chavette et Guéroult participent ainsi à la revalorisation, en termes de respectabilité sociale et de rôle dans l’intrigue, du personnage de policier sous le Second Empire. Pensons au Jackal des Mohicans de Paris de Dumas (1854-1859), au Javert des Misérables d’Hugo (1862) ou au Lecoq de Gaboriau (dès L’Affaire Lerouge, 1865).
Ainsi, les reconfigurations de ces récits touchent les événements entourant le meurtre, les péripéties menant aux arrestations et le rôle des acteurs criminels et policiers. Chavette et Guéroult créent des héros qui incarnent un antagonisme entre des personnages, lequel remplace l’affrontement diffus entre criminalité et société dessiné dans le récit de 1839. Ce sont des « procédés typiques de la fiction à base historique [:] la ‘‘torsion’’ des protagonistes, des lieux et des événements advenus pour en faire des personnages, des décors et une intrigue15 ». Ce travail, entamé dès 1839, culmine chez Chavette et Guéroult, qui installent de plain-pied le canevas dans le paradigme feuilletonesque, ce qui explique que ces récits aient trouvé leur place dans l’histoire du roman judiciaire et du roman policier. Cependant, on ne saurait les cantonner à celle-ci : il s’impose de réinsérer La Bande de la belle Alliette et L’Assassinat de la rue du Temple dans les pages des journaux, au sein des écosystèmes médiatiques où ils ont vu le jour.
Les premiers pas d’une rubrique
À l’examen de la publication dans la presse des œuvres de Chavette et Guéroult, on constate que les catégoriser comme romans-feuilletons serait réducteur, voire inexact et contre-productif. Pour s’en convaincre, une plongée dans ces quotidiens s’impose. Remarquons d’abord que, lorsque débutent La Bande de la belle Alliette et L’Assassinat de la rue du Temple, chaque journal publie déjà un roman de Ponson du Terrail : La Messe noire dans Le Gaulois (1 avril au 9 juillet 1869) et Démolitions de Paris dans La Petite Presse (21 février au 12 juin 1869), qui fait partie des aventures de Rocambole16. Plus généralement, Le Gaulois offre un roman-feuilleton débutant en page 2 et La Petite Presse en publie un en pages 1 et 2 et un second en page 3. Le récit de Guéroult paraît ainsi dans un journal où la fiction est davantage mise en évidence et il pouvait être reçu comme un troisième roman-feuilleton, bien que plusieurs nuances s’imposent.
Le Gaulois et La Petite Presse mettent en place une « énonciation éditoriale17 » jouant sur plusieurs tableaux, profitant d’une situation que Richard Saint-Gelais décrit ainsi :
la distinction entre discours fictionnels et non fictionnels se pose à hauteur de cadre énonciatif global [et] la négociation de ce cadre lors du parcours effectif de textes spécifiques est sujette à d’innombrables complications imposées par les frontières historiquement (et génériquement) mouvantes des stratégies discursives18.
Ici, ce « cadre énonciatif » – toujours « très fragile19 », selon Françoise Lavocat, parce qu’il « dépend […] d’un savoir partagé [qui] peut ne pas faire consensus20 » – est travaillé de tensions qui semblent contradictoires. Celles-ci apparaissent à l’examen des composantes de ce cadre : les signatures, les publicités annonçant les récits et la catégorisation de ceux-ci au sein d’une rubrique.
La signature de Guéroult est nouvelle dans les pages de La Petite Presse, même s’il a déjà beaucoup publié ailleurs21, surtout des romans, alors que le pseudonyme « E. d’Herbinville » (utilisé pour La Bande de la belle Alliette) est familier aux lecteurs du Gaulois, qui l’ont rencontré au bas de chroniques judiciaires. Il importe peu de déterminer s’il était transparent : Chavette signait aussi régulièrement de son nom des chroniques en première page du Gaulois. En d’autres mots, le nom et le pseudonyme étaient associés à des textes relevant de la chronique ou du journalisme. Ainsi, du point de vue de la signature, La Bande de la belle Alliette se présente comme un « produit de la maison », pas nécessairement fictionnel, rédigé par un collaborateur régulier, alors que L’Assassinat de la rue du Temple est le fait d’un romancier extérieur et expérimenté.
Du côté des publicités annonçant ces œuvres, Le Gaulois se montre sobre et cohérent, signalant la parution de La Bande de la belle Alliette à partir du 20 mai et, le 24, décrivant l’œuvre comme « une cause judiciaire du plus vif intérêt22 ». Cependant, à propos de L’Assassinat de la rue du Temple, La Petite Presse annonce le 26 mai un « drame judiciaire [mis] en scène de la manière la plus dramatique, la plus émouvante, par Constant Guéroult23 », tout en évoquant des « souvenirs » et les « annales ». Même tension entre faits et fiction le 1er juin : est évoquée la « population sinistre et ténébreuse qui grouille au fond des souterrains de la Babylone moderne [que] Guéroult a su peindre avec une effrayante fidélité dans sa nouvelle création24 ». La description conviendrait à ravir à un roman-feuilleton. Ainsi, Le Gaulois annonce de manière consistante une cause célèbre alors que, comme avec la signature, La Petite Presse inclut davantage de signaux liés à la fiction.
Les récits de Chavette et Guéroult paraissent en haut de page, dans des rubriques intitulées respectivement « Causes célèbres25 » et « Drames judiciaires ». Même en tenant compte de l’abondante présence de la fiction en haut de page dans la presse de l’époque, cet emplacement et ces appellations annoncent une certaine mise à distance du monde feuilletonesque. Les catégoriser dans ces rubriques situe les œuvres dans un rapport complexe et ambigu à la fiction, mais aussi aux grands thèmes du journal, à ses sujets incontournables (la politique, intérieure et extérieure, l’économie, le judiciaire), et donc aux autres types de textes (chronique, roman-feuilleton, etc.).
Les œuvres de Chavette et Guéroult instaurent un changement : Le Gaulois et La Petite Presse n’avaient jamais auparavant publié une cause célèbre d’une telle ampleur, s’en tenant à des comptes rendus de procès et à des faits divers. Avec ces récits inaugurant les rubriques « Causes judiciaires » (formule qui remplace « Causes célèbres ») et « Drames judiciaires », les quotidiens s’essaient à une pratique déjà utilisée ailleurs ; les résultats sont probants, l’expérience répétée. Dans Le Gaulois, se succèdent Les Assassins du 113, également signé d’Herbinville (6 au 31 juillet 1869 ; 25 épisodes), et L’Auberge de la Croix-verte, signé Jules Flarry (13 août au 9 octobre 1869 ; 46 épisodes)26. Le lecteur de La Petite Presse, après L’Assassinat de la rue du Temple, plonge dans Le Tigre-Roi du 17 octobre au 10 décembre 1869 (48 épisodes), puis dans 30 ans de la vie d’un condamné, du 10 février au 1er mai 1870 (73 épisodes), tous deux signés par Pierre Zaccone.
Dans Le Gaulois, on insiste d’abord sur la continuité : Les Assassins du 113 paraît dans la rubrique « Causes judiciaires » et tant la signature (d’Herbinville) que la publicité placent le récit et la rubrique dans la succession du texte de Chavette : cette « nouvelle cause célèbre [est] appelée certainement à continuer l’éclatant succès de la Belle Alliette27 ». Certains glissements surgissent toutefois avec L’Auberge de la Croix-Verte, qui n’est pas chapeauté par ce titre de rubrique, mais qui y est inscrit par la rédaction, qui l’annonce comme faisant « suite à notre série de CAUSES JUDICIAIRES ». De plus, le nom de Flarry n’était pas aussi fréquent dans les pages du Gaulois que celui d’Herbinville. La continuité revendiquée initialement s’étiole donc quelque peu.
Du côté de La Petite Presse, les deux récits sont placés dans la rubrique « Drames judiciaires », à laquelle la signature pourrait s’opposer, puisque Zaccone avait déjà à son crédit une longue liste de romans – les publicités insistent d’ailleurs sur sa renommée de romancier. On note aussi un flottement dans les catégorisations : Le Tigre-roi est décrit comme un « récit », une « œuvre essentiellement dramatique » et un « souvenir judiciaire28 », tandis que 30 ans est présenté comme un « roman », un « roman judiciaire » et un « drame judiciaire29 ». Si, à l’époque, ces termes pouvaient parfois être interchangés, ils n’en marquent pas moins ici une certaine ambiguïté. Les annonces évoquent aussi le travail de recherche ou d’organisation de documents par Zaccone, pour le situer dans l’enquête (correspondance liée à la recherche, présence au procès), alors que l’inclusion d’un « prologue » dans chaque récit convie peut-être davantage au domaine fictionnel.
Bref, La Petite Presse et Le Gaulois envoient des signaux contradictoires, illustrant une forme de « l’hybridation des communications fictionnelles et documentaires30 » qu’a étudiée Olivier Caïra, qui l’associe, du côté littéraire, au roman historique31. Le titre de rubrique semble parfois en porte-à-faux avec les récits, surtout à mesure que leur intrigue progresse en jouant la carte feuilletonesque. Ce titre agit comme une version inversée du mécanisme hollywoodien visant à protéger les studios des poursuites en annonçant que « Toute ressemblance avec des personnes ou des événements réels est ininentionnelle32 ». Ce mécanisme s’est établi dans un contexte où « [e]ntre l’exploitation commerciale d’un fait divers et la volonté des studios d’agir derrière le voile défensif de la fiction, la tension est parfois maximale33 ». Cette tension est aussi celle dans laquelle sont publiés les récits qui nous occupent. Cependant, ici, les poursuites n’étant pas une menace, au lieu d’affirmer une fictionnalité et une ressemblance « inintentionnelle », la rubrique pose une documentarité et une ressemblance intentionnelle pour bénéficier de la notoriété d’une affaire réelle. Dans les deux cas, le mécanisme (la phrase hollywoodienne et le titre de rubrique) dédouane et libère le récit qui combine ensuite sans restriction documentarité et fictionnalité.
L’ambiguïté qui caractérise ces œuvres résulte des « recadrages » liés aux multiples « vies » ou « étapes » du canevas34, mais surtout d’un travail de « fabrication » (les journaux « font croire au caractère documentaire d’un message, en multipliant les indices de ‘‘documentarité’’35 ») qui crée une tension avec les « ‘‘indices de fictionnalité’’ intratextuels36 » repérés plus haut. L’enjeu n’est pas ici d’évoquer d’éventuelles « erreurs » de catégorisation – à notre avis, la lecture invite rapidement à les corriger –, mais plutôt de discerner l’espace particulier que Le Gaulois et La Petite Presse instaurent dans leurs pages avec ces œuvres, d’une manière neuve pour eux (mais pas exceptionnelle pour les journaux de l’époque). En d’autres mots, ces « vies » de l’affaire de la rue du Temple donnent à voir comment ces quotidiens profitent de « l’intérêt et [de] la plasticité du matériau judiciaire37 » ; ces récits agissent ainsi comme révélateurs d’un phénomène plus vaste.
Des réseaux d’expérimentations
Convoquons ici deux récits qui n’ont pas encore été mentionnés, mais qui permettent de faire émerger d’autres éléments saillants de la présence des œuvres de Chavette et Guéroult dans Le Gaulois et La Petite Presse. Aucun de ces deux textes n’a été publié dans les rubriques étudiées dans la section précédente ; cependant, tous deux pourraient, voire doivent, y être associés, association que ne proposent qu’informellement les journaux.
Le premier est L’Affaire de la Roncière que publie Le Gaulois (2 novembre au 12 décembre 1869 ; 31 épisodes) et qui est signé par Jules Flarry, l’auteur de L’Auberge de la Croix-verte, dont la publication s’est conclue en octobre. Il est annoncé ainsi : « [a]u moment où une affaire, qui a passionné tout Paris en 1834 et 1835, s’impose de nouveau à l’attention publique, il nous paraît intéressant de remettre sous les yeux de nos lecteurs les débats de ce terrible procès38 ». Cette introduction conviendrait bien à une « cause judiciaire ». La rédaction relate « cette intéressante affaire qui est redevenue toute d’actualité39 », d’abord au rez-de-chaussée, en feuilleton, puis, dès le 6 novembre, en haut de page, à la suite de nouvelles rapportant des événements parisiens ou français : « L’importance que prend la publication de L’Affaire de la Roncière nous engage à lui donner une autre place que celle que nous lui avons consacrée jusqu’ici. Nos lecteurs en trouveront la suite après le CE QUI SE PASSE40 ». Ce choix cadre avec l’objectif suivant :
Le jury a prononcé, la chose est indiscutable, mais cependant l’enquête est toujours ouverte devant l’opinion publique, et après lecture du dossier même de cette affaire, si intéressante dans ses moindres détails, peut-être l’impression laissée dans la conscience des lecteurs sera-t-elle pour la plupart une véritable révélation41.
Il s’agit ici d’influencer l’opinion publique en allant à l’encontre du verdict, sous-entendant qu’il y a eu erreur judiciaire. Reproduisant des « pièces à conviction », comme des lettres manuscrites, Le Gaulois se positionne face à d’autres quotidiens. Le 21 novembre, il republie une note de La Réforme qui l’accusait indirectement de revisiter les faits selon sa ligne éditoriale et politique. Le Gaulois s’en défend : « Nous croyons – fermement – qu’un homme, dont le nom n’a qu’une importance secondaire dans le débat, a été victime d’une erreur judiciaire. Nous croyons que la conscience publique est intéressée au redressement de cette erreur, si tant est qu’elle existe42 ». Cette passe d’armes entre les journaux s’ajoute au cadre pragmatique d’un récit dont la narration annonce une certaine fictionnalité, mais que Le Gaulois situe en régime documentaire.
De son côté, La Petite Presse débute le 6 juillet la publication d’Une erreur judiciaire. Les deux forçats de Bannalec. Signé Amédée Blondeau, le récit paraît dans le rez-de-chaussée jusqu’au 2 septembre, en parallèle à celui de Guéroult (en haut de page, dans les « Drames judiciaires »). Le 3 juillet, une note de la rédaction annonce « la publication de ce procès », permise par le retour à Paris de l’auteur « rapportant avec lui les renseignements les plus précieux et les plus intimes sur l’émouvante affaire des deux forçats de Bannalec43 ». Puis, La Petite Presse reproduit les 4 et 5 juillet, au rez-de-chaussée, le « rapport lu à la cour de cassation le 11 juin dernier44 », tel que l’a publié La Gazette des tribunaux. Bien qu’il paraisse dans l’espace du roman-feuilleton et non dans la rubrique décrite plus haut, le récit est cadré pragmatiquement comme un « drame judiciaire ».
Dans sa première partie, Une erreur judiciaire relate moins l’affaire – un vol donnant lieu à une enquête menant à l’arrestation de deux suspects condamnés ensuite aux travaux forcés – que l’enquête de Blondeau. Celui-ci rapporte ses efforts pour obtenir des documents retenus par les autorités, détaille son voyage sur les lieux du drame, reproduit des lettres des individus impliqués et retranscrit des entretiens avec les témoins. Il s’agit du récit d’une enquête journalistique – et non policière – dont le sujet relève du créneau « drame judiciaire ». Dans sa seconde partie, le récit bascule dans le roman de la victime et détaille les affres des familles des deux condamnés. Le ton et le propos relèvent du roman-feuilleton, malgré l’affirmation que sont décrites les conséquences d’une affaire réelle. Le cadre pragmatique est maintenu, mais le propos a changé : le journaliste s’efface presque complètement, laissant la place au témoignage de l’épouse d’un condamné, qui apparaît non comme interlocutrice de Blondeau, mais comme narratrice intra-homodiégétique.
Ces deux textes – L’Affaire de la Roncière et Une erreur judiciaire – constituent des points d’orgue pour deux processus à l’œuvre dans Le Gaulois et dans La Petite Presse et auxquels les récits de Chavette et Guéroult (et les récits parus dans les rubriques qu’ils ont inaugurées) participent. Le premier est la mise en avant d’une indépendance journalistique face aux pouvoirs judiciaires : ici, les quotidiens sont mis en scène comme source d’une vérité cachée, rendue visible grâce au travail du signataire. Cela est évident lorsque Blondeau décrit son propre travail, sans compter que La Petite Presse reproduit des échanges entre lui et la rédaction à propos de l’enquête. Cette mise en avant émerge aussi avec L’Affaire de la Roncière, qui annonce ne pas s’en tenir au verdict officiel, ou avec les publicités du Tigre-roi, où la rédaction insiste sur la connaissance de première main du criminel éponyme que possède Zaccone et reproduit des traces de son enquête (contact avec des témoins, lettres de protagonistes, etc.).
On repère ici, dans une certaine mesure, les stratégies de légitimation relevées par Olivier Isaac dans les enquêtes journalistiques sur l’affaire Troppmann en septembre 1869 : faire des allusions réflexives à la pratique, référer aux responsables de l’instruction judiciaire et « être réactif aux faits et se dépeindre en serviteur d’une vérité que l’enquête est à même de mettre au jour45 ». Même s’il s’agit de « causes célèbres » (donc, normalement, résolues), en prenant l’angle de l’erreur judiciaire et du retour dans l’actualité, les signataires se montrent ici « réactifs », affirmant ajuster la publication au progrès d’une enquête. D’ailleurs, le récit de Guéroult et L’Auberge de la Croix-verte paraissent durant l’affaire Troppmann, dans laquelle Le Gaulois s’est aussi particulièrement impliqué, dépêchant des journalistes et offrant des textes ensuite repris par Le Petit Journal46. Plus qu’une « hypothétique scène médiatique originelle47 », cette affaire est un « lieu privilégié d’investigation pour s’adonner à une archéologie de notre appareillage médiatique contemporain48 ». Dans Le Gaulois et La Petite Presse, elle se greffe en fait à des expérimentations déjà bien en cours sur la mise en scène de l’enquête et du judiciaire.
Isaac note aussi que, toujours durant l’affaire Troppmann, « les envoyés des journaux sont à la fois reporters et enquêteurs49 » : ils rapportent les faits, mais travaillent aussi à (r)établir ces faits. De même pour Blondeau, qui enquête pour aider à réparer une erreur judiciaire. Le 13 mars 1869, il avait déjà publié dans La Petite Presse une enquête documentaire où il désamorçait un canard circulant alors et liant un meurtre récent à un crime commis au même endroit en 1646. Blondeau relate ses recherches pour établir que le meurtre plus ancien n’a pas eu lieu à la date et à l’endroit mentionnés. De même, sans parler « d’envoyés sur le terrain », divers signataires des textes abordés ici travaillent à rapprocher les rôles de feuilletoniste et d’enquêteur. Herbinville signe La Bande de la belle Alliette et Les Assassins du 113, mais, selon ses propres dires, est parfois dépêché dans divers tribunaux pour couvrir des procès. Pierre Zaccone est feuilletoniste, mais la publication de ses récits évoqués ici est annoncée comme étant soumise aux développements de son travail d’enquêteur (récolte de documents, collaborations avec diverses sources).
Ainsi, dans ces récits (« Causes célèbres/judiciaires », « Drames judiciaires », L’Affaire de la Roncière et Une erreur), le signataire est à la fois feuilletoniste, chroniqueur judiciaire et journaliste d’enquête. Abordés en volume, La Bande de la belle Alliette et L’Assassinat de la rue du Temple semblent échapper à cette tension. Cependant, réinsérés dans l’écosystème du journal, où ils ont inauguré ces fameuses rubriques, ce n’est pas le cas. Nous l’avons observé, ils remodèlent profondément un fait divers : les coupables, les forces de l’ordre et même le processus judiciaire y sont éclairés autrement. Ces textes prennent aussi leurs distances face à ce dernier, même si ce n’est pas aussi explicite que dans L’Affaire de la Roncière ou Une erreur judiciaire.
Passons au second processus, intrinsèquement lié au premier : les signataires s’imposent comme la source de récits vrais fictionnalisés et de récits fictionnels présentés comme vrais. Chaque récit combine, sans les distinguer, des passages relevant de ces catégories, dont nous exacerbons ici la différence et l’étanchéité pour les besoins de l’analyse. Se dessine un « jeu conscient et explicite avec les règles, dans une sorte de deuxième degré de la lecture50 ». Le Gaulois et La Petite Presse utilisent ces noms de rubrique et les segments annonçant les œuvres pour guider et calibrer la lecture du journal en offrant un cadre pragmatique qui évacue l’enjeu de la fiction.
Sans forcer la comparaison, ces journaux créent un espace où, comme celui qu’étudient Amélie Chabrier et Yoan Vérilhac dans Détective, s’établit « un pacte de lecture d’indifférence », où, « précisément, [le] lecteur ‘‘s’en fiche’’, [où est suspendu le] souci même de la référentialité51 ». Il s’agit de nourrir les pages avec du contenu combinant roman-feuilleton, chronique et fait divers, de proposer des personnages (et non des protagonistes) et une intrigue (et non des événements) en profitant du potentiel de séduction de « l’événement qui a vraiment eu lieu ». Dans Le Gaulois et La Petite Presse se développe un réseau de récits où éléments factuels et fictionnels circulent librement entre des lieux du journal où le cadrage pragmatique qui annonce un régime documentaire ou un régime fictionnel ne repose plus sur les mêmes balises. Ces textes mettent en place un espace « judiciaire » différent du compte rendu de procès, des nouvelles concernant des crimes, du roman-feuilleton, etc. Il s’agit ainsi d’une facette de ce que « l’ensemble de l’espace du journal […] subit l’influence de l’imaginaire de l’enquête judiciaire52 », phénomène que l’on voit à l’œuvre dans La Bande de la belle Alliette et L’Assassinat de la rue du Temple.
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Formulé dans la presse en 1839, le canevas du récit du crime de la rue du Temple a été reconfiguré narrativement à plusieurs reprises. Fouquier, Chavette et Guéroult l’ont tous repris et chacun l’a inscrit un peu plus dans le paradigme feuilletonesque, sans pour autant dissocier ces récits « feuilletonisés » de nouvelles rapportant des faits réels. Dès 1838 et 1839, la place attribuée par les journaux à cette affaire révèle un positionnement face au judiciaire et au fait divers : couverture clairsemée de La Presse, qui maintient une certaine distance, couverture détaillée et enthousiaste du Constitutionnel et du Siècle, couverture expérimentée du Droit, qui évite les pièges où tombent ses concurrents. Trente ans plus tard, les choses ne sont pas différentes avec les œuvres de Chavette et de Guéroult, qui nourrissent Le Gaulois et La Petite Presse, mais, ce faisant, qui participent aussi à établir l’identité de ces quotidiens, identité toujours (ré)affirmée avec chaque publication, « la cohérence de la communication médiatique [tenant] à la stabilité pérenne de ses structures (périodicité, sérialité, collectivité, technicité, etc.)53 ». À leur manière, c’est bien à cette stabilité qu’œuvrent les récits formant la quatrième vie de l’assassinat de la dame Renault. Inextricablement lié à la presse, en 1839 comme en 1869, ce drame est donc bien une « affaire », mais aussi, inéluctablement, une « affaire de presse ».
Notes
1 Dominique Kalifa, « Qu’est-ce qu’une affaire au XIXe siècle ? », dans Luc Boltanski, Élisabeth Claverie, Nicolas Offenstadt et Stéphane Van Damme (dir.), Affaires, scandales et grandes causes : de Socrate à Pinochet, Paris, Stock, 2007, p. 198.
2 Ibid., p. 199.
3 Le Droit, journal général des tribunaux, 28 février 1839, p. 1, col. 2.
4 Amélie Chabrier, « De la chronique au feuilleton judiciaire : itinéraires des ‘‘causes célèbres’’ », COnTEXTES, n° 11 (2012), para. 24. Mis en ligne le 16 mai 2012 ; consulté le 16 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/contextes/5312.
5 L’Affaire Fualdès (28 novembre 1866 au 13 janvier 1867) et La première machine infernale (22 au 27 mars 1867).
6 On trouve ainsi des articles consacrés à ce crime les 6 et 8 juin dans Le Droit, les 6, 8, 9 et 14 dans La Gazette des Tribunaux, les 7, 9, 10, 15, 24 et 25 dans Le Constitutionnel, les 7, 10 et 15 dans le Journal des débats, les 7, 11, 13, 15 et 19 dans Le Siècle. La Presse semble faire bande à part en ne publiant que la reproduction du texte du Droit le 8.
7 Le Droit, 6 juillet 1838, p. 4, col. 2.
8 Par exemple, on en trouve mention dans le Journal politique et littéraire de Toulouse et Haute-Garonne le 23 mars 1839 (p. 2, col. 3 ; URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5362814s/f2.item). Diverses publications ne relevant pas des grands journaux politiques l’évoquent aussi, par exemple L’Ami de la religion le 21 mars 1839 (n° 3100, p. 556-557 ; URL : https://www.google.ca/books/edition/L_Ami_de_la_religion/qpo8AAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=0).
9 Dans le cas du Droit, l’assassinat de la rue du Temple apparaît en page 1 du 9 au 20 mars 1839, sauf le 17.
10 « Le 9 juin, il fut examiné par des médecins qui constatèrent à la première phalange du pouce droit un peu en dehors, une coupure de 5 à 8 lignes de longueur, recouverte d’une croûte assez épaisse ; cette coupure était très voisine de l’époque de la cicatrisation, et paraissait dater d’une quinzaine de jours » (Le Droit, 28 février 1839, p. 1, col. 3).
11 Cette présence dans les journaux témoigne du passage du « crime pittoresque, exceptionnel [au crime] quotidien, anonyme, obscur » (Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris, pendant la première moitié du XIXe siècle, Paris, Perrin, 2002 [1958], p. 47).
12 Armand Fouquier, « Soufflard et Lesage », dans Causes célèbres de tous les peuples, Paris, Lebrun et cie éditeurs, 1858, p. 3.
13 D’ailleurs, en 1876, Guéroult revient à ce personnage dans un roman intitulé Les Exploits de Fifi Vollard.
14 Fouquier a mentionné un policier nommé « Milon » dans son fascicule ; cependant, celui-ci est cantonné à un rôle mineur dans l’enquête (p. 8).
15 Olivier Caïra, Définir la fiction. Du roman au jeu d'échecs, Paris, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, « En temps et lieux », 2011, p. 155.
16 D’ailleurs, Guéroult, dont le Fifi Vollard ressemble au Rocambole tel qu’il apparaît pour la première fois dans L’Héritage mystérieux (1857), a trouvé une place dans l’histoire littéraire en publiant dans La Petite Presse, à partir de notes laissées par Ponson, de nouvelles aventures du héros de celui-ci : Le Retour de Rocambole (19 novembre 1875 au 25 mai 1876) et Les nouveaux exploits de Rocambole (13 décembre 1876 au 13 juin 1877).
17 Emmanuël Souchier, « L’image du texte pour une théorie de l’énonciation éditoriale », Les Cahiers de médiologie, 1998/2 (N° 6), p. 137-145. DOI : https://doi.org/10.3917/cdm.006.0137. URL : https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-mediologie-1998-2-page-137.htm (consulté le 13 octobre 2022).
18 Richard Saint-Gelais, « L’effet de non-fiction : fragments d’une enquête », Fabula / Les colloques, L’effet de fiction (2001), para. 7, URL : http://www.fabula.org/colloques/document7663.php, consulté le 5 juin 2022.
19 Françoise Lavocat, « Immersion fictionnelle, médias et croyance », Recherches, n° 72 (« Fiction et réel »), 2020, p. 13 (Lavocat parle plutôt de « cadre pragmatique »).
20 Ibid.
21 Par exemple sa « série-fleuve [consacrée] aux bas-fonds de Paris » (Elsa de Lavergne, La Naissance du roman policier français. Du Second Empire à la Première Guerre mondiale, Paris, Classiques Garnier, « Études littéraires du XXe et XXIe siècles », 2009, p. 322) entre 1854 et 1867 [Les Vautours de Paris (1854, avec Foudras), Les Étrangleurs de Paris (1859, avec Paul de Couder), Les Abîmes de Paris (1865) et Les Damnés de Paris (1867)].
22 Le Gaulois, 24 mai 1869, p. 1, col. 1.
23 La Petite Presse, 26 mai 1869, p. 3, col. 4.
24 La Petite Presse, 1er juin 1869, p. 2, col. 4.
25 Ce titre coiffe le récit jusqu’au 9 juin ; il disparaît ensuite et n’est pas remplacé au cours de la publication.
26 Le Gaulois, 11 août 1869, p. 2, col. 5.
27 Le Gaulois, 4 juillet 1869, p. 2, col. 4.
28 Respectivement les 12 et 16 octobre, le 16 octobre et les 13 et 15 octobre 1869.
29 Respectivement les 7, 8 et 9 février 1870.
30 Olivier Caïra, op. cit., p. 110.
31 Ibid.
32 Ibid., p. 155.
33 Ibid., p. 153.
34 « Une même œuvre peut, particulièrement si l’on tente de la suivre sur une temporalité longue, connaître des changements de statut pragmatique » (ibid., p. 90).
35 Ibid., p. 90.
36 Richard Saint-Gelais, loc. cit., para. 27.
37 Dominique Kalifa, « La chronique judiciaire », dans Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant, La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Nouveau monde éditions, 2011, p. 1002.
38 Le Gaulois, 1er novembre 1869, p. 1, col. 1.
39 Ibid.
40 Le Gaulois, 6 novembre 1869, p. 1, col. 1.
41 Le Gaulois, 1er novembre 1869, p. 1, col. 1.
42 Le Gaulois, 21 novembre 1869, p. 3, col. 2.
43 La Petite Presse, 3 juillet 1869, p. 3, col. 3.
44 La Petite Presse, 4 juillet 1869, p. 3, col. 1.
45 Olivier Isaac, « Les enquêtes balbutiantes des journalistes durant l’affaire Troppmann », dans Jean-Claude Farcy, Dominique Kalifa et Jean-Noël Luc, L’Enquête judiciaire en Europe au XIXe siècle, Paris, Créaphis, 2007, respectivement p. 235, 236 et 238.
46 Ibid., p. 233-234.
47 Ibid., p. 239.
48 Ibid.
49 Ibid., p. 238.
50 Sarah Mombert, « La fiction », dans Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant, La Civilisation du journal, op.cit., p. 825.
51 Amélie Chabrier et Yoan Vérilhac, « Quel pacte de lecture pour l’information divertissante ? », Belphégor [En ligne], 19-1 | 2021, mis en ligne le 26 juin 2021, consulté le 6 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/belphegor/3860 ; DOI : https://doi.org/10.4000/belphegor.3860, respectivement paragraphes 28 et 12.
52 Olivier Isaac, loc. cit., p. 238.
53 Amélie Chabrier et Yoan Vérilhac, loc. cit., para. 33.