Les journalistes : identités et modernités

Un feuilleton-nouvelle dans la médiasphère du XIXe siècle : « Cour criminelle de l'île Maurice » (1840), de L'Audience au Petit Journal, en passant par Le Canadien et le reste du monde

Table des matières

JEAN-LUC BUARD

Introduction

Le départ de cette réflexion vient d’une observation, appuyée sur un constat méthodologique. Depuis environ dix ans, avec la mise en ligne massive de contenus numérisés (livres et périodiques, surtout journaux), nous avons complètement changé de paradigme de recherche. Ces nouvelles pratiques doivent s'accompagner d'une réflexion théorique sur ces objets nouveaux, les journaux numérisés, qui offrent au chercheur la possibilité de manipuler des corpus dont il n'a pas l'habitude, de très grands corpus hétérogènes, voire polyglottes. L’analyse de ces corpus relève davantage d’une approche « communicationnelle », mais l’histoire littéraire a tout à gagner à s’élargir de ces avancées et pourrait en sortir bouleversée.

La première phase de numérisation s'est opérée par une mise en ligne en mode image (Gallica première version ou Le Canadien). Puis sous l’impulsion du service « Google Books » (2004), mais aussi d’autres bases publiques ou privées (qui sont, pour la plupart, référencées sur le site de Médias 191), la mise en ligne interrogeable plein texte (par OCR) s’est accélérée. Gallica est d’ailleurs passé, dans une seconde phase, à ce mode de numérisation. Il existe aujourd’hui d’innombrables ressources numérisées, selon des modalités distinctes, ce qui implique des méthodes de recherche différentes.

Précisons le cadre général de cette recherche : une approche du fait littéraire dans la presse au XIXe siècle, autour du feuilleton et de la variété, pris avant 1842, ce qui nécessite 1) un réexamen des origines de phénomènes médiatiques que nous connaissons bien aujourd’hui pour les voir à l’œuvre tous les jours, mais dont l’ancienneté nous est masquée par le brouillage technologique, et 2) une réévaluation de ce que l’on croit bien connaître quant aux prémices du feuilleton-roman et du roman-feuilleton (car ce basculement forme une véritable problématique) considéré par rapport à un existant laissé jusque-là de côté, le « feuilleton-nouvelle »2.

On constate (et on doit souligner) que dans la période 1836-1842 et au-delà, le feuilleton n’est pas le roman-feuilleton. On rappellera aussi que le journal du XIXe siècle est un espace de narration généralisée, qui s’exprime par la forme brève. De surcroît, de nombreux journaux, surtout locaux, ou ceux de petit format, n’ont pas d’espace-feuilleton mais seulement des variétés. Les formes narratives brèves se répartissent à la fois dans les colonnes de variétés et dans le feuilleton, selon les titres et les périodes. Parmi les variétés (parfois appelées « Mélanges »), il faut distinguer les variétés de voyage, les souvenirs historiques, les comptes rendus bibliographiques, les variétés judiciaires, les chroniques littéraires, ainsi que les variétés-nouvelles ou variétés-fictions, déclarées ou non. Les faits divers et les tribunaux forment déjà des catégories séparées de « variétés ».

On retrouve ces catégories dans le feuilleton de bas de page, où l’on distingue les feuilletons-chroniques (théâtre, sciences, beaux-arts, littérature, histoire, etc.), le feuilleton-variété (voyages, souvenirs), le feuilleton-nouvelle. Ainsi, la fiction peut se retrouver soit dans différentes catégories de variétés soit, de plus en plus, dans le feuilleton. Toutes ces formes brèves s’opposent au « feuilleton-roman », un véritable intrus dans le champ du journal et une anomalie dans le paysage médiatique, général et international – une spécificité française qui ne sera pas adoptée d’emblée. La presse et le journal n’ont pas vocation, à l’origine, à publier des romans. Pourquoi cette alchimie s’est-elle opérée, petit à petit, jusqu’à devenir un nouveau modèle économique pour la presse française, nous ne l’examinerons pas ici.

Le « feuilleton-nouvelle »

Nous nous proposons de revenir en amont du phénomène du roman-feuilleton, c’est-à-dire à un moment où il est disputé par d’autres contenus et où il ne s’est pas encore imposé, ce qui permet d’étudier les mouvements qui s’opèrent dans le journal et dans l’espace-feuilleton (la « case-feuilleton », dit Marie-Ève Thérenty3) durant la période 1837-1841 où les choses évoluent. C’est en somme l’objet de notre thèse4. Le roman n’est alors pas la forme dominante du feuilleton. Quand on se place dans cette optique, en amont, avec une vision prospective (et non avec une vision rétrospective qui est la nôtre habituellement, considérant que le roman-feuilleton « a gagné la bataille »), on a l’impression de vivre une uchronie, c’est-à-dire une histoire alternative, en se demandant par exemple ce qui se serait passé si le roman-feuilleton ne s’était pas imposé.

Comment les choses se présentent-elles dans la période préroman feuilletonesque ? Pour le savoir, nous avons étudié le journal Le Canadien, que l’on pourrait qualifier de médiatiquement « marginal », par rapport à la centralité de la culture française qu’il reflète, mais qui est central pour le Québec (voir l’ouvrage de Micheline Cambron et de son équipe qui proposent une lecture « utopique » du Canadien, c’est-à-dire comme espace de mise en scène d’un imaginaire utopique – critique sociale, poésie subversive, opposition politique au pouvoir britannique dominant, lecture fort originale pour un journal et qui fonctionne très bien5). Le rapport relatif entre le marginal et le central n’est pas problématique de ce point de vue, car on verra que n’importe quel média-journal, aussi secondaire puisse-t-il paraître par rapport à une autre aire d’influence culturelle (c’est le cas de tout journal « local »), reçoit, en permanence, – de par sa nature de médium –, des flux communicationnels lointains dont il se fait l’écho à son tour pour son public immédiat, et pour nous, la postérité, en tant qu’archive. L’ensemble de ces médias formera ce qu’on se proposera d’appeler une « sphère médiatique » (ou médiasphère) dont tout le contenu est interconnecté.

En 1837-1841, c’est naturellement la forme courte qui domine la presse, selon une logique formelle sur laquelle il n’est pas besoin de s’étendre, où l’espace (et le temps) est mesuré au plus juste, économiquement. En effet, les journaux de ce temps sont de petit format in-quarto (et non in-folio comme à la fin du siècle) et n’ont que quatre pages.

Cette forme courte est celle du feuilleton parisien, qui en est l’incarnation initiale. Le feuilleton-nouvelle constitue, en effet, dans ce cadre, une particularité française. Les journaux en publient tous régulièrement, et de plus en plus, chaque jour, complets en une livraison, écrits par des auteurs professionnels réguliers, certains appointés par les journaux comme journalistes. Dans d'autres cas, le journal achète le texte (par exemple 50 francs l’article) et gère les éventuelles reproductions subséquentes (ou ne les gère pas, en cas de piratage).

Un journal se distingue particulièrement, car il mise sur le feuilleton-nouvelle, et non sur le feuilleton-roman. C’est le Courrier français. Dans ce titre officie une équipe de chroniqueurs emmenés par Eugène Guinot, Marie Aycard et Louis Lurine. Leurs œuvres remportent du succès et sont remarquées. Comme le droit d’auteur est embryonnaire et peu respecté dans la presse, où l’usage de l’emprunt non rétribué est général, leurs articles sont reproduits par un grand nombre d’autres périodiques en tous genres, en France et à l’étranger, un peu partout, y compris en traductions en diverses langues (il faut comprendre que traduire une nouvelle est très facile et rapide, ce qui n’est pas le cas d’un roman). Le nom de l’auteur n’est pas toujours précisé. Mais tout type de contenu est susceptible d’être reproduit – pas seulement le feuilleton-nouvelle. Lorsqu’un journal reproduit l’article d’un autre journal, il se crée un lien objectif, soit direct (la source est citée) soit latent (la source n’est pas citée) ou encore indirect (la source est un journal reproducteur intermédiaire identifiable). Seule la numérisation plein texte permet de retrouver aisément le lien entre une source et une reproduction.

Dans les faits, la reproduction est démultipliée si l’article le mérite. Une nouvelle sensationnelle est susceptible d’être reproduite dans un grand nombre de périodiques, en tout lieu et parfois avec un décalage de plusieurs années. Nous avons étudié plusieurs dizaines de cas avant d’en choisir un pour cet exposé. Soulignons que ce que nous décrivons n’a pas un caractère d’exception : de nombreux autres récits possèdent un profil similaire à celui dont il sera question ici, qui est simplement pris comme exemple représentatif.

Un point de méthodologie : pour que la recherche soit efficace, il convient toujours de croiser les sources. À l’examen du Canadien, nous avons ajouté celui du Chambers’s Journal, publié à Édimbourg, repéré comme étant un réceptacle propice à l’objet de cette étude, dans l'aire anglophone.

Le Canadien en 1840 et l’histoire de Clodomir Frénois

Nous partons donc, non pas du bord de la sphère médiatique (une sphère n’ayant pas de bord), mais d’une des marges culturelles de la francophonie, le journal Le Canadien. Celui-ci étant numérisé en mode image6, la méthode de recherche traditionnelle du « dépouillement » page par page et numéro par numéro s’applique ici, et on relève tout ce qu’on trouve. On peut ainsi collecter une foule de références intéressantes (environ deux cents articles littéraires d’origine française, dans l’intervalle considéré : 1837-1841) qui sont le tissu médiatique et culturel de la période, tout ce qui bruisse et résonne en un moment donné, par exemple les nouvelles d’Eugène Guinot, de Marie Aycard et de Louis Lurine cités précédemment. Beaucoup de choses proviennent des journaux parisiens ou nord-américains.

Une première observation s’impose : Le Canadien est un journal publié sans grands moyens trois fois par semaine (deux numéros de deux pages, un de quatre). Il est représentatif d'une catégorie de « petit journal » local où il n’y a pas de rez-de-chaussée et pas du tout de feuilleton avant le milieu des années 1840. Les feuilletons-nouvelles parisiens qui y sont reproduits occupent généralement les premières colonnes de la première page. Lorsqu’il a quatre pages, la première est remplie d’annonces et le feuilleton-nouvelle est publié à la suite ou en page 2.

Prenons le cas d'un récit intitulé « Cour criminelle de l’île Maurice », paru (sous la rubrique « Tribunaux ») dans Le Canadien, le 19 octobre 1840, avec en sous-titre programmatique : « Suicide d’un négociant ruiné – Funérailles [avec une coquille] – Apparition – Arrestation du voleur – Le mort vivant – Aveux et condamnation de l’accusé ». Ce texte judiciaire curieux a comme acteur ou héros un certain Clodomir Frénois, colon français que l’on a trouvé mort chez lui, méconnaissable, le contenu de son coffre dévalisé. Son comptable a disparu et revient quelque temps plus tard, sans qu’aucune charge ne puisse être retenue contre lui, mais il est arrêté comme suspect. Cependant Frénois réapparaît lui aussi peu après secrètement et, six mois après, lors du procès, confond le coupable, qui croit à un revenant et avoue, sous l’emprise de la terreur (nous sommes dans une île où la superstition règne, avec des histoires de morts-vivants, semble nous dire l'auteur anonyme). Tout s’explique de manière rocambolesque, avec substitution de corps, faux suicide, etc. C’est un texte qui joue sur l’ambiguïté et l’illusion, le faux semblant. Le mort est vivant, l’innocent est coupable, l’apparence est trompeuse. Il n'y a pas vraiment de morale à cette histoire bizarre et mélodramatique, qui recycle des procédés du conte gothique ou d'horreur. L'astuce et la raison triomphent des forces obscures de l'injustice et de la superstition, mais il leur faut du temps et une part de hasard. L'auteur entend frapper le lecteur par une série de scènes macabres, sinistres et mystérieuses avec dénouement judiciaire. Transposé au théâtre, cela ferait un excellent spectacle de Grand-Guignol.

En lisant l'histoire extraordinaire de Clodomir Frénois dans Le Canadien, on se demande quel est le statut de ce récit. Pourquoi se trouve-t-il ici et d’où vient-il ? Quel est son degré de véracité ? Est-ce un compte rendu d’audience réel ? Ou une nouvelle, une fiction habile, une invention ? Qui en est l’auteur, quelle est la source ?

La rédaction du Canadien nous dit qu’il vient du journal parisien Le Temps (premier du nom, paru de 1829 à 1842). En consultant ce journal (qui n’est pas numérisé), on découvre en effet le récit, paru le 24 juin 1840. Ce journal à son tour donne sa source, qui est L’Audience, un journal judiciaire concurrent à la fois de la Gazette des tribunaux et du Droit, œuvrant dans le même créneau. L’Audience, créé par Polydore Millaud, est dirigé par le facétieux Léo Lespès, le futur Timothée Trimm du Petit Journal7, qui, à l’évidence, connaît l’auteur anonyme du récit, qui n'est sans doute nul autre que lui-même, sans que cela puisse être prouvé8.

Une variété judiciaire de L’Audience (1840)

La recherche dans L'Audience amène la découverte de la date de publication initiale (22 juin 1840) de l’aventure de Clodomir Frénois et une précision supplémentaire, le nom du président du tribunal de l'île Maurice, M. Hallam. Ce nom laisse supposer une source locale, par exemple un journal de l’île Maurice qui aurait relaté le procès. C’est impossible à vérifier, et probablement inutile. La documentation disponible ne mentionne rien de tel et ignore M. Hallam.

La reproduction du Temps, journal sérieux, a un autre intérêt, elle est précédée d’un avertissement de la rédaction :

« Nous empruntons à un journal le compte-rendu qui suit, et qui ressemble en beaucoup de point à une œuvre de pure invention. On comprendra que nous ne pouvons en garantir l’authenticité, bien que nous le livrions avec confiance à nos lecteurs, d’autant plus qu’il est susceptible de les amuser un instant. »

Tout est dit. Point final ? Pas du tout.

Quel que soit le statut réel de ce texte déclaré d'emblée fiction par Le Temps (le premier à reproduire l’article, deux jours après sa parution), il va se répandre et se transformer par son introduction dans la sphère médiatique, et y acquérir une valeur de vérité et d’exemplarité qui aidera considérablement à sa diffusion.

Nous sommes en présence d’un de ces articles relevant d’une rubrique de « Tribunaux étrangers » auxquels Amélie Chabrier a consacré un long développement de sa thèse9, un genre au statut intermédiaire oscillant entre le compte rendu d'audience et la fiction. Ces histoires sont suspectes, car exagérées, sinon extraordinaires. Elles proviennent souvent des journaux judiciaires parisiens qu’on vient de citer, la Gazette des tribunaux, Le Droit, L’Audience. Pourquoi ces journaux s’amusent-ils à publier de tels récits ? Disons que nous touchons ici à un rôle essentiel de la presse, qui a, entre autres missions, non seulement celle d’informer ou de discuter de sujets politiques, mais, de plus en plus, de distraire et aussi de créer de la circulation de contenu, et donc de produire du matériau apte à circuler. Ici, L'Audience fait dans la surenchère par rapport à ses concurrents.

Le Temps a vu juste : il s’agissait « d’amuser un instant » le lecteur. Or, cet instant va se prolonger pendant un demi-siècle et même plus ! Voyons cela.

L’exemple pris est assez simple et sa diffusion assez facile à suivre, car nous avons affaire, comme souvent dans ce type d’article, à un hapax médiatique (le hapax est le mot-clé idéal, à fonction unique). Nous utilisons ce terme d’« hapax » dans un sens particulier : le nom du personnage Clodomir Frénois est un « hapax », ne renvoyant à rien d’autre qu’à lui-même et à son histoire, et il est son propre référent. En utilisant cet hapax comme « citation-clé », on peut vérifier son « bon fonctionnement » en remarquant qu’il est « clos » : Clodomir Frénois est un personnage imaginaire, qui n’est cité nulle part hors d’un récit qui ne donne d'ailleurs lieu à aucun commentaire ; cet hapax a de plus disparu durant le XXe siècle. Nous rouvrons donc ici un hapax fermé. Une recherche plus fine dans la numérisphère nous a cependant permis de découvrir qu'une chercheuse était tombée sur ce récit de Clodomir Frénois en 2014, mais sans en comprendre, semble-t-il, la fonction ni l’origine10.

Une diffusion exponentielle dans le monde entier

En l’occurrence nous avons affaire à un « canard » (ou canular), une histoire fausse, souvent absurde ou rocambolesque, qui se fait passer pour vraie. Celle-ci va se mettre à tourner en boucle dans la presse mondiale (dans la sphère médiatique). D’innombrables journaux vont la reproduire inlassablement, partout, la traduire, la recopier ou la résumer. Nous avons entrepris un inventaire de ces versions. Lors de la réunion des premiers éléments de cette recherche, en 2014, nous avions dans notre dossier « Clodomir » une soixantaine de versions, ce qui paraissait être un bel échantillon pour notre futur exposé. Nous étions cependant loin du compte puisque, reprenant cet examen plus systématiquement pour notre présentation au Congrès Médias 19 de juin 2015, nous avons pu recenser 175 reproductions en toutes langues, de tous lieux, la plupart (95 %) accessibles dans des journaux numérisés. Pour la mise au point de cet article (octobre 2015), nous avons pu ajouter quinze nouvelles occurrences, portant leur total dans un premier temps à 190, et en novembre, ce nombre s’est élevé à 208, provisoirement, par adjonction de dix-huit nouvelles références !

Les traductions en allemand arrivent, nombreuses, dès août 1840 (au moins dix journaux et trois versions11). Il y en aura d’autres ensuite, que l'on peut répartir en familles, selon le changement de titre, à la fois dans les journaux allemands et autrichiens. Une traduction hongroise survient le 10 septembre12 et, deux jours après, une version anglaise dans le Chambers’s Edinburgh Journal, sur laquelle nous allons revenir, car elle sera la source de la propagation énorme du récit dans l’aire anglophone13. Elles sont suivies d’une traduction au Brésil (28 sept.14), de la version québécoise du Canadien (19 oct.), de la première parution américaine dans le Sun de New York (5 déc.15), puis de la première version néerlandaise le 17 décembre (il y aura plusieurs versions dans cette langue également, y compris deux reproductions au Surinam). Les traductions dans d’autres langues (italienne, serbe, suédoise, finlandaise) sont plus tardives et démarrent à partir d’une seconde vague de diffusion du texte, en 1863. Celui-ci se répand dans tous les pays d'Europe (y compris la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Irlande, le Luxembourg, la Suisse). Aux États-Unis, le récit circule largement (après le Sun de New York, on le lit dans le Boston Weekly Messenger16, puis en 1849 dans le Spirit of the Times de Batavia [New York]17 ou dans le Dollar Newspaper de Philadelphie18, etc. – les journaux populaires américains que l’on découvre ici sont littéralement remplis de fictions françaises reproduites gratuitement et ils reproduisent également des contes d’Edgar Poe.

La plupart du temps, la source créditée est le Chambers’s Journal, qui joue le rôle d’un intermédiaire culturel fondamental, d’une passerelle entre la culture française/parisienne et le monde anglo-saxon – ce journal agit ici comme une caution crédibilisant le récit, traduit sous le titre ambivalent de « Modern Romance of Real Life », insistant sur ces différents éléments, « Modern » donc nouveau, « Romance » promesse d’une narration agréable, « Real Life » concernant la vie réelle, la « vraie vie ». Avec ce titre, le Chambers’s Journal semble maintenir (à dessein ?) l’ambiguïté du statut d’un récit présenté comme un « roman de la vie réelle ». Cette triple garantie assurera sa fulgurante diffusion anglophone. Mais les journaux américains reproducteurs préféreront publier le récit sous un titre plus sensationnel, « The Dead Alive » (« Le mort vivant »). Plus tard (mais pas avant 1864, alors que le récit disparaît des aires francophones et germanophones), le texte circulera en Nouvelle-Zélande19 et en Australie20 jusqu’en 1886. Bizarrement, nous ne trouvons aucune traduction en espagnol, et une seule en portugais, issue du Brésil, seule occurrence sud-américaine connue pour le moment.

Le récit est reproduit par vagues successives, massivement en 1840-1841 (42 versions recensées), puis en 1849-50 (23 versions), entre 1853 et 1857 (16 versions) et surtout entre 1863 et 1867 (apogée de sa diffusion mondiale, avec plus de 93 versions), puis encore en 1872-1873 (6 versions), puis de loin en loin (1878, 1886, 1890 : 4 versions). On compte encore une quinzaine de parutions jusqu'en 1904-1910 en Finlande21 – diffusion inattendue, tardive et excentrée dont les raisons nous échappent. Statistiquement, cela donne 17 versions néerlandaises, 29 versions françaises, 35 versions allemandes, 107 versions anglaises (71 aux États-Unis, 9 en Grande-Bretagne, 10 en Irlande, 8 en Australie, 9 en Nouvelle-Zélande), 16 versions en suédois et en finnois, et une version reprise dans quatre autres langues.

Un des éléments déclencheurs du rebond de 1863 provient de l’aire culturelle française, avec la reproduction du récit dans Le Petit Journal, que le tandem Millaud-Lespès (celui de L’Audience) vient de créer en début d’année et qui se nourrit beaucoup, à ses débuts, des feuilletons et variétés extraits des archives de journaux. Millaud et Lespès réitèrent leur coup de 1840, délibérément et avec un succès encore plus grand. Le texte reparaît le 5 octobre 1863, en variété de page 3, sous la mention « Souvenirs judiciaires22 » (à la première page figure la chronique habituelle de Timothée Trimm), et il ne tarde pas à être reproduit par les grands journaux parisiens et régionaux : d’abord par le Phare de la Loire (lequel sert de source pour une foule de journaux locaux) dès le 12 octobre, suivi de près par Le Siècle (14 oct.)23, Le Constitutionnel (15 oct.)24, Le Temps (le second du nom, même jour25), puis par des hebdomadaires tels le Monde illustré (24 oct.)26 ou même L'Illustration (en voiture balai, 21 nov. 186327, avec un petit commentaire ironique – voir annexe). Durant ce seul mois d’octobre, le texte est reproduit 34 fois et jusque dans quatre journaux le même jour durant trois jours d'affilée (les 18, 19 et 20 octobre28) et dans cinq langues29. Cette convergence médiatique est remarquable. On peut imaginer la réaction de joie, la jubilation du tandem Millaud et Lespès et de leur entourage devant ce succès, ce triomphe, car ils se trouvent au cœur d’un tourbillon médiatique dont ils constatent du reste l’ampleur tous les jours et qui ne se limite pas seulement à l’impact du récit de Clodomir Frénois. Dans quelle mesure celui-ci est-il disproportionné ? Il nous est difficile de le dire faute de termes de comparaison suffisants avec d’autres contenus à large circulation30. Le journaliste vit et existe aussi pour observer, parfois ébahi (peut-être blasé), le monde imaginaire qu’il créé par sa plume, pour constater l’impact de ses productions, surtout si ce sont des « fariboles extraordinaires ».

On note que l’aire anglophone nord-américaine offre un espace de circulation autonome au récit, avec huit versions entre 1861 et 1863, antérieures à sa reprise par Le Petit Journal. L’aventure de Clodomir Frénois est en quelque sorte devenue partie intégrante du patrimoine médiatique de la médiasphère des États-Unis, où elle est reproduite jusqu’en 1872.

La médiasphère comme espace de circulation à cartographier

Depuis, le nom de Clodomir Frénois est retombé dans l'oubli le plus complet : dès 1864 en français et en allemand ; en 1886 en anglais ; en 1890 en néerlandais (sous réserve de découvertes ultérieures). C'est pourquoi la double traduction tardive et isolée en suédois et en finnois nous paraît inexplicable et incongrue au vu de la documentation réunie. Nous ne pouvons pas comprendre comment, quinze ans après la dernière version néerlandaise, vingt ans après l'ultime parution aux antipodes, quarante ans après ses dernières reproductions françaises ou allemandes, ce récit anecdotique qui a fait le tour des médias durant un demi-siècle peut resurgir dans cette marge linguistique et géographique européenne qu'est la Finlande, sous domination suédoise au début du XXe siècle. Par quel canal, par quel cheminement est passé le texte pour arriver jusque-là, quelle est la raison de ce choix éditorial, où les traducteurs ont-ils bien pu repêcher ce vieux canard de presse ? Force est d'admettre que nous ne connaissons pas la cartographie complète de la diffusion de notre texte.

Quoi qu'il en soit, plus personne n'a cité ce nom depuis 1910, ni n’a reproduit son histoire, ni n’a commenté celle-ci (jusqu’en 2014), cet hapax médiatique s’étant dès lors refermé. Quelles que soient les conditions actuelles de la numérisation des journaux, l'état des collections subsistantes, les manques, lacunes et destructions, ce qui survit et qui a été numérisé offre un résultat néanmoins significatif, grandement varié, représentatif du mode de diffusion de notre récit, de sa durée de diffusion, de sa répartition géographique.

Nous avons ici un exemple d'« effet médiatique » caractéristique. Le récit tourne en boucle dans les médias, il s’éteint ici pour renaître ailleurs, sans cesse. Sa crédibilité s’alimente de cette circulation et de la caution de la source initiale, soit un journal judiciaire parisien, soit un journal reproducteur important, garant de son sérieux et de sa véracité (tel le Chambers's Journal). Car il n'y a pas que des journaux locaux en manque de copie pour le reproduire, mais aussi des titres de référence, comme on a vu que cela avait été le cas en 1863. La numérisation des journaux met ce phénomène particulièrement en évidence, leur contenu étant rendu accessible par mots-clés. On pourrait se demander si les médias d’aujourd’hui et Internet font autre chose et s’ils fonctionnent autrement.

Supposons que l’ensemble des médias-journaux forme une « sphère » imaginaire, une sphère médiatique, agrégeant la totalité du continuum médiatique. Cette médiasphère est virtuelle, mais appuyée sur des éléments matériels, dont certaines traces ont pu disparaître ou sont inconnues. Une sphère est, par définition, une figure parfaite. C’est pour cela qu’elle est imaginaire, car notre matériau ne sera jamais qu’une reconstitution approximative de ce qui a existé, à la fois simultané et évolutif, totalité qu’il sera toujours impossible de reconstituer, car nos archives sont irrémédiablement lacunaires. Cependant la numérisation permet de pallier cette situation et de remonter vers cet horizon idéal de la sphère médiatique originelle, qui est tel un « big bang » inatteignable. Nous pouvons avoir, désormais, une idée beaucoup plus précise d’une diffusion exponentielle d’un énoncé-récit (disons « quelconque », car ce type d’enquête est possible sur des centaines d’autres énoncés-récits) et de ce qu’implique une telle diffusion. On peut ainsi définir un sous-ensemble composé de tous les journaux ayant établi un lien de reproduction entre eux au regard de notre récit et étudier la dynamique de ce sous-ensemble dans ses différentes composantes spatiales, temporelles et linguistiques, comme nous l'avons fait.

Certes, si le point commun entre tous ces journaux se limitait à la reproduction de ce seul article, cette observation n’aurait que peu de valeur. Or cette sphère médiatique agglomère un très grand nombre de reproductions de diverses provenances, qui se renouvellent tous les jours, partout et en tous sens. Cette médiasphère ainsi définie est une structure matérialisant l’ensemble des échanges, contacts et relations, de quelque nature qu’ils soient, révélés par les liens de reproduction du récit de Clodomir Frénois ou corroborés par tout autre matériau reproduit.

Dès qu’il existe plusieurs médias en des lieux distincts, ils communiquent et établissent des connexions, et ainsi s’amorce un début de réseau et d’échange. Tout contenu propice produit cet échange. Quelle que soit la valeur intrinsèque du contenu, celui-ci est amené à circuler. Plus il est exemplaire ou extraordinaire, mieux il circule. Cette circulation est effective : même si on ne la voit pas, on doit la supposer par définition. Si on n’a pas accès à un médium donné, on peut être sûr que son contenu est potentiellement reproductible, qu’il a été reproduit ou qu’il est une reproduction. Autrement dit, il n’existe pas de journal (de médium) isolé dans la médiasphère. Ils sont tous interconnectés et font circuler du contenu d’un lieu à l’autre, selon des modalités complexes reposant sur des choix rédactionnels, idéologiques, esthétiques ou économiques.

Bien entendu, il y a des contenus qui ne circulent pas ou qui circulent peu, car les journaux font un tri sévère. Nous ne disons pas que tout le contenu d’un périodique circule obligatoirement et indistinctement, mais qu’il existe un contenu circulant par sa nature même, d’où l’intérêt de l’étude des contenus qui circulent le mieux, ceux conçus pour circuler, tels les canards. Notons à ce propos qu’un texte considéré à l’origine comme une pure fiction peut devenir un canard lorsque son objectif initial est détourné par reproduction ou qu’il a un statut ambigu.

Cette observation explique l’extrême porosité générique des contenus circulant à grande échelle. Une variété de page 3 se transforme aisément en feuilleton-nouvelle de rez-de-chaussée et regagne ensuite sa place à la page de variétés selon les journaux et les époques. Dans beaucoup de cas, ce contenu devient un canard qui barbote d’un média à l’autre.

L’un des obstacles à cette prise en considération aujourd’hui numérique reste l’approche souvent rebutante des résultats numérisés, qui le sont parfois de manière défectueuse (dans notre recherche, il arrive par exemple que les mots « Clodomir » ou « Frénois » ne soient pas reconnus par l’OCR ; il faut donc procéder par triangulation, avec d’autres mots). Mais la masse d’archives numérisées, qui s’accroît, permet en partie de pallier ce problème, ainsi que le choix judicieux et multiple de mots-clés ou de citations-clés. Nous devons avouer néanmoins que la lecture des corpus numérisés relève d’une opération de déchiffrage parfois laborieuse, mais que les résultats en valent la peine puisqu’ils mettent au jour la dynamique de cette sphère médiatique.

Ces observations et cette méthodologie nous amènent à proposer de revoir la notion de médiasphère, employée ici libéralement, et qui a été introduite, à l’ère prénumérique, à la fois par Régis Debray en 199131 et par John Hartley en 199632. Afin de mettre à jour la théorie de Régis Debray, Louise Merzeau avait proposé en 2005 de nommer hypersphère l'ensemble des contenus numérisés (textes, sons, images, vidéos). Si l'on s'en tient aux médias-journaux (numérisés ou non), on note qu'ils forment une sphère médiatique spécifique, dont les codes, les lois et l’organisation relèvent de notions bien connues en sciences de l’information et de la communication et en critique littéraire (sources, reproduction, citation, glose, emprunt, dissémination, adaptation, liens de contenu, etc.). La numérisation des médias-journaux révèle qu’ils forment, dès leur origine, un réseau interactif, ce que la circulation de contenus en tous genres, en toutes langues, en tous lieux permet de matérialiser. Ce qui circule le mieux ? L’histoire tragique, la nouvelle extraordinaire, deux formes d’exempla depuis la nuit des temps, indépendamment de leur valeur de vérité qui n’entre pas en ligne de compte et que ni le rédacteur ni le lecteur ne peuvent contrôler – paradoxalement –, la valeur des sources étant relative. Cette situation, ici mise en évidence dans la presse de 1840 ou de 1863, se retrouve à d’autres époques, sous diverses formes. La reconstitution ou la mise au jour de ces réseaux sémantiques et communicationnels est une tâche qui permettrait d’améliorer la connaissance du fonctionnement médiatique comme phénomène global d’échange entre les hommes.

Conclusion

Qu'avons-nous amorcé avec cette recherche et cette réflexion ? Il nous semble que cela constitue une méthode permettant de mesurer la popularité, par diffusion, d'un texte court ou d'un feuilleton. Cette méthode s’avère d'une grande précision et elle est universelle. Elle offre à l'analyse une foule de données spatiales et temporelles, des titres de périodiques qui peuvent à leur tour faire l'objet d'analyses plus poussées. Elle permet des croisements multiples, des découvertes, des vérifications et des comparaisons. Cette approche, qui n'était pas possible avant l'ère numérique, permet une quantification véritable d'une diffusion, à toutes les échelles, locale ou internationale. La « popularité » d'un récit acquiert, pour la première fois, un sens mesurable objectivement33. On s'aperçoit que les profils des textes populaires ne sont pas forcément ceux auxquels on s'attend, qu’il en surgit qui ont été complètement oubliés, mais qui eurent une vogue immense en leur temps. Le nom de l'auteur n'est pas la donnée la plus significative, mais en premier lieu la qualité de son texte. Ces observations proposent un renversement de perspective pour envisager la notion de « popularité » d'un récit à succès ou plus généralement d'un énoncé, d'une narration de fiction ou non, mesurée par sa diffusion réelle et comparée à la diffusion d’autres contenus observée dans le réseau médiatique.

Deuxième remarque. Dans la sphère médiatique, il n'y a pas de journaux secondaires. Tous sont en effet porteurs de sens, d'informations et de contenus à valeur ajoutée. Le journal le plus marginal peut être un révélateur aujourd'hui essentiel sur sa période de production. En ce sens, le journal Le Canadien est un journal à la fois marginal et essentiel, d’autant plus qu’il est numérisé, ce qui le rend plus visible et accessible. Ce journal existe aux marges de la francophonie, de surcroît dans une ambiance d'hostilité linguistique. La population de ses lecteurs est peu nombreuse. On ne dispose pas de chiffres de son tirage pour la période, mais en 1892 celui-ci était de 3000 exemplaires. Dans cet environnement, il offre un miroir exceptionnel de la culture parisienne, diffractée à des milliers de kilomètres de là, grâce au tri rédactionnel opéré par son rédacteur en chef, Étienne Parent.

De même, chaque journal local, ou marginal, est un témoin essentiel qui reflète (en plus de la culture locale) une culture centrale et la diffuse, d’où l’intérêt de numériser les journaux y compris ceux considérés a priori comme « secondaires », car par définition on ignore totalement ce qu’ils peuvent receler comme richesse de contenu. Tous ces journaux constituent des fenêtres donnant aujourd'hui accès à cette culture centrale (ici parisienne), pléthorique, protéiforme et confuse et, pour ces raisons, difficile d'approche. Ce qui fut populaire dans cette culture est révélé dans ses marges proches ou lointaines, locales ou internationales. Tel nous semble être l'enseignement à tirer de cette recherche.

Il importe peu de constater l’évidence selon laquelle un feuilleton-nouvelle ou une variété est un contenu infime par rapport à un médium-journal. L’essentiel réside dans ce que cet infime révèle du réseau qui le transporte et de la macrostructure où il circule, définie comme la médiasphère. Aussi insignifiant soit-il, ce contenu anecdotique et fallacieux permet de dévoiler le fonctionnement et la structure de l’univers médiatique dans son ensemble, lequel s’avère cohérent à ses différentes échelles, locale ou internationale. Cet infime agit comme le révélateur d’une dimension culturelle inconnue de cette médiasphère et la montre globalement interconnectée, que ce soit en 1840 ou en 1863. La médiasphère fonctionne en effet sur une « culture de la reproduction » généralisée, mise en évidence par Meredith McGill34. C’est là un de ses traits structurels essentiels et on le voit toujours à l’œuvre aujourd’hui dans les réseaux de communication.

En fait, nous nous sommes servi du Canadien, du Chambers’s Journal ou de tout autre titre comme d’une « grille de lecture » médiatique du monde. Cette méthode permet incidemment de juger de l’influence et du rayonnement de tel ou tel journal.

Dans cette sphère médiatique, le contenu se répète en écho, d’un journal à l’autre, soit par saturation de l'espace médiatique, soit par vagues successives, soit par rebond imprévisible. La diffusion d’un contenu exceptionnel peut en effet être immédiate, longtemps différée, ou peut dessiner une longue traîne médiatique.

Ce contenu ne forme-t-il pas en somme la substance médiatique, c'est-à-dire un contenu exportable, reproductible et consommable par le plus grand nombre, donc une unité de communication essentielle, qui n’est ni de l’information, ni une opinion, mais un fait de communication pure, fait divers, « canard » ou canular, donc un divertissement ? Ces unités sont extrêmement populaires par leur diffusion. Ce sont des anecdotes, des contes, des narrations offrant un lien inactuel et intemporel entre les hommes, les contrées, les communautés, fondé sur la distraction collective, l’amusement et une expérience existentielle partagée (quoique imaginaire ?).

Il n’y a pas que des fariboles extraordinaires – heureusement – dans l’univers médiatique, mais les journaux en sont véritablement remplis, et tous les journaux, de toutes les époques. Déjà au XVIIIe siècle, on retrouve des récits bizarres dans la presse. Au XIXe siècle, ils se multiplient35. En fait, la « faribole extraordinaire » est aussi vieille que le langage, elle répond à une nécessité de communication, elle appartient à l’ordre de la logosphère (a beau mentir qui vient de loin), celle-ci étant la première composante de la médiasphère selon Debray.

On sait que le canard a été signalé par Balzac36  et Nerval37, que le canard et la mystification ont leurs encyclopédistes38, qui en ont décrit les principales variétés, espèces et familles, mais il semblerait qu’elles soient bien plus nombreuses et diversifiées que ce que l’on pouvait supposer. Leur inventaire dans la presse n’a jamais réellement été tenté, faute de moyens. Ces moyens, la presse numérisée nous les met à disposition.

De fait, un tel exemple permet, en quelque sorte, « d’étalonner » les bases de données existantes, de tester leur fiabilité, leurs ressources, de voir les problèmes rencontrés dans leur utilisation et de partir à l’exploration de la sphère médiatique, une entité cumulative éminemment complexe des journaux numérisés qui s'offre comme terrain de recherche illimité.

(Université de Paris XIII)

Médiagraphie sur la diffusion de l’histoire de Clodomir Frénois

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Bibliothèque municipale d’Orléans, Aurelia. Bibliothèque numérique d’Orléans, [en ligne]. http://aurelia.orleans.fr

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Autres pays d’Europe

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Annexe I. Transcription de l’article de L’Illustration du 21 novembre 1863 résumant l’histoire de Clodomir Frénois

« Un jour, dans la capitale de l'île Maurice, le bruit se répand qu'un négociant, nommé Clodomir Frénois, s'est brûlé la cervelle : à côté du cadavre on a trouvé un billet sur lequel étaient tracées les lignes suivantes : « Un fripon m'enlève 25,000 livres sterling (625,000 fr.) ; je suis ruiné et déshonoré, je meurs. » À quelque temps de là reparaît dans l'île un nommé Moon, ancien commis de Clodomir Frénois, qu'on n'avait pas vu depuis le terrible événement : ce Moon raconte que le prétendu vol de 25,000 livres est une fable inventée par son patron pour cacher les détournements dont il s'était rendu coupable. Cependant, comme les choses ne sont pas parfaitement claires, on arrête Moon. Devant la cour celui-ci persiste dans son dire : « Je le répéterais, ajoute-t-il, devant le cadavre de Clodomir Frénois. » À ce moment, une porte s'ouvre ; un homme paraît : c'est Clodomir Frénois.

Il ne s'était donc pas brûlé la cervelle ? Non. Il en avait eu le projet bien arrêté, mais pendant qu'il se préparait, le gardien du cimetière avait apporté dans la chambre un cadavre destiné au neveu du négociant, jeune étudiant en médecine. La vue de ce cadavre avait fait réfléchir Clodomir ; après avoir réfléchi, il s'était décidé à brûler la cervelle au mort, à le laisser enterrer sous son nom et à partir pour la France sur les traces de son voleur, qui n'était autre que Moon, lequel a été condamné à la détention perpétuelle.

Et penser que j'ai manqué l'occasion de vous raconter tous ces procès-là !  Enfin, ce qui est perdu est perdu. »

Chronique « Gazette du Palais », signée Henrys, dans L'Illustration, vol. 42, n° 1082 (21 nov. 1863), p. 350.

Annexe II. Diffusion de l’histoire de Clodomir Frénois (208 réf., 1840-1910)

29 françaises (dont 8 francophones : trois belges, une à Guernesey, une au Québec, deux en Suisse, une au Luxembourg), 17 néerlandaises (dont deux belges flamandes, une à Java et 2 au Surinam), 35 allemandes (dont 10 Autriche-Hongrie, 1 Luxembourg, 1 US), 107 anglaises (dont 9 en Grande-Bretagne, 10 en Irlande, 8 en Australie, 9 en Nouvelle-Zélande, 71 US), une hongroise, une italienne, 3 suédoises (en Finlande), 13 finlandaises, une serbe, une brésilienne.

Mots-clés : Clodomir Frénois John Moon William Burnett

Aucune reproduction en 1840 dans le Voleur / Le Cabinet de lecture, L’Écho de la Halle aux blés, L’Estafette, Le Moniteur parisien, Le Courrier français.

Annexe III. Bandeaux de journaux

Notes

1  Et que l’on pourra compléter au fur et à mesure : voir les bases de la European Library, Aurelia (Journal du Loiret), Normannia (journaux normands), les journaux de Roubaix, de Toulouse, etc., la base Chronicling America (fédérée par la Bibliothèque du Congrès, journaux des États-Unis), Newspaperarchive (énorme base mais payante), Fulton History (journaux de l’État de New York ; gérée par un particulier, Tom Tryniski, qui, à lui seul, a monté une base trois fois plus grosse que celle du Congrès !) ; les journaux néerlandais, etc.

2  Cette expression, attestée à l’époque (par exemple dans « Les femmes auteurs renvoyées au pot-au-feu », par X, Y, Z, Feuilleton de La Phalange, 22 janvier 1841 ou dans « Considérations sur le journalisme quotidien », par E. de La Bédollière, Les Beaux-arts, L. Curmer, 1844, vol. 3, livraison 82, p. 205-211) a été employée par René Guise dans plusieurs articles en 1964-66 (sur Balzac ou Gobineau) puis dans sa thèse, Le Roman-feuilleton, 1830-1848 : la naissance d'un genre, (voir le plan détaillé et la deuxième partie) et dans « Introduction générale », dans Le Phénomène du roman-feuilleton, 1828-1848 : la crise de croissance du roman, thèse de doctorat, Université Nancy 2, 1974, f. cii. Mais l’auteur n’aborde pas en détail cette « ère du feuilleton-nouvelle ».

3  Marie-Ève Thérenty, « Poétique historique du support et énonciation éditoriale : la case feuilleton au XIXe siècle », Communication & langages, vol. 166, décembre 2010, p. 3-19. Dans son article « De la rubrique au genre, le feuilleton dans le quotidien (1800-1835) » (Au bonheur du feuilleton, Créaphis, 2007, p. 67-80), Marie-Ève Thérenty signale s’être inspirée de la « case textuelle », formule que Pascal Durand utilise dans son article « La ″culture médiatique″ au XIXe siècle, essai de définition-périodisation », Quaderni, vol. 39, n° 1, 1999, p. 29-40.

4  Jean-Luc Buard, À l’ombre du roman-feuilleton, Marie Aycard et la circulation internationale du feuilleton-nouvelle parisien et de la variété autour de 1840, thèse de doctorat, Université de Paris XIII, 2015.

5  Micheline Cambron (dir.), Le Journal Le Canadien : littérature, espace public et utopie, 1836-1845, Québec, Fides, 1999.

6  Numérisé et accessible en ligne : Bibliothèque et archives nationales du Québec, Périodiques. Le Canadien (1806-1909), [en ligne]. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1907147

7  Pierre-Robert Leclercq, Les Destins extraordinaires de Timothée Trimm et de son Petit Journal, Paris, Anne Carrière, 2011.

8  Lors du Congrès Médias 19 (juin 2015), nous avons évoqué ce point avec Amélie Chabrier, qui connaît bien L’Audience pour l’avoir étudié dans le cadre de sa thèse (voir note suivante), et elle incline à penser que Lespès pourrait en être l’auteur.

9  Amélie Chabrier, Les Genres du prétoire : chronique judiciaire et littérature au XIXe siècle, volume 1, thèse de doctorat, Université Paul Valéry – Montpellier III, 2013, [en ligne]. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00942986/document

10  Dans « Buried Alive ? Fear of Failure in Antebellum America » (The Journal of American Culture, vol. 37 n° 3, p. 299–313, September 2014), Carolyn J. Lawes découvre ce récit au cours de ses recherches dans le journal non numérisé National Aegis (Worcester, Massachusetts) et elle en donne un résumé en l'incorporant dans son corpus de textes sur les enterrements prématurés, en renvoyant à Edgar Poe comme source d'inspiration de l'auteur inconnu, dont elle ne soupçonne pas qu'il est français et que, de ce fait, Poe ne peut avoir aucune influence sur lui, en 1840.

11  Par exemple « Der Auserstandene » (« Le Ressuscité »), dans Frankfurter Konversationsblatt : Belletristische Beilage (Frankfurt), 3 août 1840, n° 213, p. 850-52, [en ligne]. https://books.google.fr/books?id=mFBEAAAAcAAJ  Le même texte paraît dans le Bayerische Landbote (München), dans Der Sammler. Ein Unterhaltungsblatt für alle Stände (Wien) et dans Der Adler: Allgemeine Welt-und National-Chronik (Wien ; paru sous le titre « Miszellen ») le 8 août, dans Gemeinnützige Blätter zur Belehrung und Unterhaltung (Ofen [Budapest]) le 13 août, dans Der Sammler. Beilage zur Augsburger Abendzeitung. Ein Blatt zur Unterhaltung und Belehrung (Augsburg) vers le 15 août, etc.

12  Sans titre], Regelo (Pest), 10 sept. 1840, p. 593-94, [en ligne]. https://dea.lib.unideb.hu/dea/bitstream/handle/2437/158887/REGE_1840_8_2_073.pdf

13  « Modern Romance of Real Life », Chambers's Edimburgh Journal (Edimburgh), 12 sept. 1840, n° 450, p. 266-267, [en ligne]. https://books.google.fr/books?id=d7MaAQAAMAAJ&pg=PA266 ou https://books.google.fr/books?id=ImQiAQAAMAAJ&pg=PA266 [Source du récit non indiquée : « a foreign newspaper »...]

14  « Tribunaes estrangeiros. Tribunal criminal da ilha Mauricia », Diario do Rio de Janeiro, 28 sept. 1840, [en ligne]. http://memoria.bn.br/pdf/094170/per094170_1840_00216.pdf [Source du récit indiquée : Le Lemps (sic)]

15  « The Dead Alive. A  Romance of Real Life », The Sun (New York), 5 déc. 1840, p. 1-2, [en ligne]. http://www.fultonhistory.com/Newspaper%209/New%20York%20NY%20Sun/New%20York%20NY%20Sun%201840%20Sep-Dec%20%20Grayscale/New%20York%20NY%20Sun%201840%20Sep-Dec%20%20Grayscale%20-%200352.pdf [Notons que l’OCR ne reconnaît pas le mot « Clodomir ».]

16  « The Dead Alive. A  Romance of Real Life », The Boston Weekly Magazine: Devoted to Moral and Entertaining Literature, Science, and the Fine Arts, 19 déc. 1840, vol. III, n° 14, p. 109-110, [en ligne]. https://books.google.fr/books?id=mn9HAQAAMAAJ

17  « The Dead Alive. A Thrilling Sketch », Spirit of The Times (Batavia, New York), 23 oct. 1849, [en ligne]. http://www.fultonhistory.com/Newspaper%2010/Batavia%20NY%20Spirit%20Of%20The%20Times/Batavia%20NY%20Spirit%20Of%20The%20Times%201848-1851%20Grayscale/Batavia%20NY%20Spirit%20Of%20The%20Times%201848-1851%20Grayscale%20-%200292.pdf

18  « The Dead Alive », Dollar Newspaper (Philadelphia), 19 déc. 1849, p. 4, [en ligne]. http://www.fultonhistory.com/Newspapers%2023/Philadelphia%20PA%20Dollar%20Newspaper/Philadelphia%20PA%20Dollar%20Newspaper%201840-1842/Philadelphia%20PA%20Dollar%20Newspaper%201840-1842%20-%200204.pdf

19  À partir du 23 février 1864, journaux néo-zélandais disponibles en ligne : Bibliothèque nationale de Nouvelle-Zélande et Gouvernement de la Nouvelle-Zélande, Papers Past, [en ligne]. http://paperspast.natlib.govt.nz

20  À partir du 12 mai 1864, journaux australiens disponibles en ligne : Bibliothèque nationale d’Australie, Trove, [en ligne]. http://trove.nla.gov.au

21  Seize parutions dans la presse finlandaise (1863, 1904-1905, 1909-1910), dont cinq en suédois et onze en finlandais, accessibles en ligne : Bibliothèque nationale de Finlande, DIGI - Kansalliskirjaston digitoidut aineistot, [en ligne]. http://digi.kansalliskirjasto.fi/sanomalehti/

22  Numérisé et accessible en ligne sur Bibliothèque nationale de France, Gallica, [en ligne]. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5883604/f3.item.zoom [Voir aussi à cette adresse : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5883604.r=clodomir%20frenois]

23  D'après le Phare de la Loire ! Journal Le Siècle : numérisé et accessible en ligne sur Bibliothèque nationale de France, Gallica, [en ligne]. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k728156d/f3.item.zoom

24  Numérisé et accessible en ligne sur Bibliothèque nationale de France, Gallica, [en ligne]. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k673338q/f2.item.zoom

25  Numérisé et accessible en ligne sur Bibliothèque nationale de France, Gallica, [en ligne]. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k221808n/f3.item.zoom [Voir aussi à cette adresse : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k221808n/f3.zoom.r=Clodomir%20Frenois%20.langFR]

26  Numérisé et accessible en ligne sur Bibliothèque nationale de France, Gallica, [en ligne]. https://books.google.fr/books?id=c4kDuw6JmWgC&pg=PA266 [Voir aussi à cette adresse : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6221105z.r=clodomir%20frenois]

27  Numérisé et accessible en ligne sur Google Books, L’Illustration : journal universel, vol. 42, [en ligne]. https://books.google.fr/books?id=j81LAAAAcAAJ&pg=PA350

28  Voir tableau en annexe.

29  Voir tableau en annexe.

30  Dans notre thèse (Buard, 2015, op. cit.), nous faisons état de plusieurs feuilletons-nouvelles de Marie Aycard diffusés dans 80, 100 et jusque dans près de 220 journaux (« L’écu de cent sous »), record provisoire. Nous tenons pour certain que l’auteur est conscient de ce phénomène, même s’il est incapable d’en mesure l’ampleur exacte.

31  Régis Debray, Cours de médiologie générale, Gallimard (Bibliothèque des idées), 1991.

32  John Hartley, Popular reality: Journalism, modernity, popular culture, London, Arnold, 1996.

33  C’est le sens et les conclusions des recherches menées par Ryan Cordell dans les corpus de presse, qui recoupent et complètent nos observations. Voir Ryan Cordell, « Viral Textuality in Nineteenth-Century U.S. Newspaper Exchanges », dans Veronica Alfano et Andrew Stauffer (éd.), Virtual Victorians, New York, Palgrave MacMillan, 2015, p. 29-56.

34  Meredith L. McGill, American literature and the culture of reprinting, 1834-1853, Philadelphia, University of Pennsylvania Press (Material Texts), 2003.

35  On découvre par exemple dans le journal musical Le Ménestrel le canular du chien mélomane qui aboie aux fausses notes (1836). Le « moon hoax » de 1835 est un cas à part, d’une ampleur historique. Il y a aussi l’histoire de la jambe de bois (datée de 1811 : un homme se fait couper une jambe par un chirurgien pour épouser une jeune unijambiste de toute beauté), celle de l’arbre anthropophage qui a donné naissance à une variété infinie de végétaux mangeurs d’hommes, tous plus absurdes les uns que les autres (mais quel imaginaire cela a développé pour le cinéma, la BD et les jeux vidéo, aujourd’hui !). Nous avons encore l’histoire des deux condamnés à mort qui s’entretuent dans une prison haïtienne (une histoire horrible qui fut diffusée en feuille volante, mais qui provient d’un journal de 1832 et qui a eu un succès inouï), etc.

36  Honoré de Balzac, « Monographie de la Presse Parisienne », dans La Grande ville : nouveau tableau de Paris, comique, critique et philosophique, vol. 2, Paris, Maresq, 1843-44, p. 129-208 [voir canard, p. 145-46], [en ligne]. https://books.google.fr/books?id=OocGAAAAQAAJ [Réédition : Monographie de la Presse Parisienne, précédée de l’Histoire véridique du canard par Gérard de Nerval, Paris, Pauvert (Libertés, 15), 1965.]

37  Gérard de Nerval, « Histoire véridique du canard » [oct. 1844], dans Le Diable à Paris, Paris et les Parisiens, Paris, Hetzel, 1868, p. 121-127, [en ligne]. https://books.google.fr/books?id=0Wy2PIwoQhAC&pg=PA195

38  François Caradec et Noël Arnaud (éd.), Encyclopédie des farces et attrapes et des mystifications, Paris, Pauvert, 1964.

Pour citer ce document

Jean-Luc Buard, « Un feuilleton-nouvelle dans la médiasphère du XIXe siècle : « Cour criminelle de l'île Maurice » (1840), de L'Audience au Petit Journal, en passant par Le Canadien et le reste du monde », Les journalistes : identités et modernités, actes du premier congrès Médias 19 (Paris, 8-12 juin 2015). Sous la direction de Guillaume Pinson et Marie-Ève Thérenty Médias 19 [En ligne], Mise à jour le : , URL: https://www.medias19.org/publications/les-journalistes-identites-et-modernites/un-feuilleton-nouvelle-dans-la-mediasphere-du-xixe-siecle-cour-criminelle-de-lile-maurice-1840-de-laudience-au-petit-journal-en-passant-par-le-canadien-et-le-reste-du-monde